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Suite et enfin fin de mon intégrale Revisionnage de NB Ceylan (il ne me restera plus que Nuages de Mai - l'un de mes favoris - à revoir) avec son premier long et son premier court (seul court, d'ailleurs, il est tout de suite passé au long ensuite). Ses deux seuls films en noir et blanc également et les deux au récit le plus lâché, poétique, évanescent, dites ça comme vous le voulez, un sens du cadre déjà impressionnant, on sent le photographe, et pour Kasaba un hommage / lien direct au Miroir de Tarkovski. Ces deux films sont très beaux mais c'est vraiment avec le suivant que Ceylan s'impose comme ce qu'il est toujours aujourd'hui, l'un des plus grands cinéastes vivants.
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Je commence une intégrale Pierre Clémenti avec je crois ces trois premiers films et le moins qu'on puisse dire est qu'il est un cinéaste au moins aussi insaisissable qu'il l'était en tant qu'acteur. Son cinéma est un journal intime extrêmement libre, qui part dans tous les sens, basé sur les utopies communautaires des 60's, l'engagement politique (mais 68 semble être au centre de tout) et un esprit famille / liberté du corps / jouissance absolue permanent, mêlé avec un amour de la musique et de la musique live, tout cela monté de manière souvent épileptique, tellement saccadé que ça défonce littéralement les yeux, ça chante, ça hurle, ça récite des poèmes ou des textes politiques par dessus tout ça, c'est terriblement inventif, plein de drogues, ultra libre, aussi passionnant que fatiguant, une sorte de Jonas Mekas sous acide.
Les derniers jours d'un camp de garnison militaire à Madagascar, plusieurs années après la décolonisation mais juste avant que les militaires français ne quittent définitivement l'île. Campillo s'intéresse uniquement à la petite histoire, et se concentre sur quelques familles, quelques enfants surtout, dont un petit héros, fan de Fantômette, autour duquel tout le film tournera et qui est sans doute un portrait un creux de l'auteur. J'ignore d'ailleurs s'il a vécu enfant dans ces conditions, mais la naissance du sentiment homosexuel dans le film semble renvoyer à ce qu'il y a de personnel dans son oeuvre. On s'ennuie pas mal dans le film, car j'ai l'impression qu'il n'y a pas de sujet mais juste un décorum de posé, et des personnages qui évoluent dedans, qui s'emmerdent et qui transmettent ce sentiment au spectateur. D'ailleurs il est impossible de dire ce qui se passe dans le film en quelques mots, une fois le décor posé. Il y a quand même une petite nostalgie colonialiste qui se dégage de l'ensemble, que le cinéaste rattrape par un final très politique qui débarque sans crier gare comme un chien dans un jeu de quilles (le côté on se donne bonne conscience). Bon je me suis pas mal ennuyé, mais en même temps, je trouve le film plastiquement magnifique, l'image est très belle, j'ai été sidéré par Nadia Tereszkiewicz que je n'avais pas reconnue mais qui est bouleversante dans le film, et bizarrement il m'en reste pas mal d'images quelques jours après. Notamment la partie fantasmée sur Fantômette (le gamin imagine qu'il est Fantômette dans des scènes oniriques) : je les trouvais inutiles et trop longues, trop fréquentes, mais elles apportent une poésie mélancolique à l'ensemble plutôt bien vue.
J'en parlerai plus tard quand le film sortira officiellement (je l'espère, ils recherchent un distrib) et je n'ai vu qu'une copie de travail (manque étalonnage, montage son, mixage) mais c'était émouvant pour moi de voir en salle un film adapté d'une bande dessinée de Hubert et Paul Burckel dont je suis l'éditeur. Un premier film, avec un tout petit budget et un vrai côté DIY, plein de défauts et de choses belles mêlées.
J'en attendais beaucoup, et malheureusement le dernier Podalydès est un tout petit Podalydès. Le pitch était énorme, mais le fait que les héros soient des agents immobiliers fait que chaque séquence est un peu vu comme un petit court métrage et hop on enchaine sur le suivant. Mais pourtant, le cinéaste arrive à créer du liant et le tout finit par prendre forme. C'est une forme touchante, modeste et pleine de trucs qui ne fonctionnent pas, un film pas si drôle que ce que ça promet d'ailleurs, mais il dégage quand même quelque chose de très attachant, et un burlesque minimaliste qui m'a beaucoup rappelé le cinéma de Luc Moullet.
Court métrage du critique Jacky Goldberg avec gros casting, ambiance américaine et parodie de tous ceux qui s'adonnent à la théorie du complot en permanence. Le film finit avec une ouverture fantastico-abstraite qui m'a fait le mettre dans le sillage d'un Under The Silver Lake (toutes proportions gardées évidemment).
Un slasher de seconde zone tout à fait dispensable.
Le dernier Fitoussi est comme tous les autres films de Fitoussi. Si on le prend comme un film d'auteur, c'est hyper décevant, ce n'est jamais génial, et on y voit tous les défauts, de scénario, de réactions improbables de personnages dans des situations données etc., et on se dit quel gâchis de voir un mec qui a du talent ne jamais parvenir à réussir un film. Mais si on le prend comme une pure comédie de divertissement, un peu comme les films qui remplissaient les salles dans les 80's, types Francis Veber, les grands duo comiques à la Depardieu / Richard par exemple, et bien ce cinéma-là, et ce film-là en particulier, remplissent leur rôle, en le faisant d'ailleurs plutôt intelligemment. Bref, ce n'est pas un bon film, mais c'est très agréable un dimanche soir.