Le Centre de Visionnage : Films et débats

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yhi
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La transition Léa Seydoux : Belle épine -> La belle et la bête -> La bête
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sokol
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yhi a écrit :
mar. 13 févr. 2024 20:37
La transition Léa Seydoux : Belle épine -> La belle et la bête -> La bête
Sur tes pas, meme si ça concerne un autre film (j'ai une idée, il faut que je l'écrive quand même :D ) : "Pauvres créatures" c'est "Dogville" pour les nuls, non ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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Dernière nouvelle du front de “La zone d’intérêt” : le dernier podccast d’Emmanuel Burdeau en deux parties qui, comme il dit lui-même "ce sont les deux épisodes les plus accomplis de ce podcast à ce jour"

Le premier est dores et déjà disponible, notamment ici : https://shows.acast.com/speculations-by ... e-dinteret

Le deuxième le sera la semaine prochaine.

Excellente analyse (le gars a revu les 4 films du cinéaste). Et au final, à propos de la Zone c´est : non.
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groil_groil
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De l'impossibilité de vivre une histoire d'amour, où l'histoire d'un couple impossible à travers trois époques, par le prisme du voyage dans le temps. Bonello est un cinéaste que j'ai souvent / toujours eu du mal à aimer, disons que j'aime ses références, je suis certain qu'on serait potes dans la vie, mais son cinéma est toujours tiraillé entre le récit classique et l'expérimentation et qu'il n'ose jamais faire de choix tranchés, se plaçant dans une sorte d'entre deux qui ne me satisfait jamais. Bizarrement, quand il fait des vrais choix (narratif avec L'Appolonide ou St Laurent, expérimental avec Tirésia), c'est là qu'il me plait. Franchement celui-ci est assez chiant, j'ai failli me barrer plein de fois durant le film, mais j'ai tenu pour savoir où ça allait... En même temps j'ai bien fait car c'est la dernière partie la plus intéressante, même si beaucoup trop sous influence Lynch (la maison de Lost Highway, les tentures rouges de Twin Peaks, le cri final de Laura Palmer dans la saison 3). Plus généralement j'en ai ras le bol de ces cinéastes français qui passent leur temps à citer Lynch comme des gros cochons mais n'en offrant au mieux qu'une vulgaire parodie. Comme si être un cinéaste indépendant devait absolument passer par des citations maladroites de Lynch... Fatigant... Je ne rejette pas en bloc le film car malgré tout je sens une ambition de départ assez forte mais qu'elle est complètement foutue en l'air par peur de faire un film trop lisible. Le résultat ressemble malheureusement à ce que j'appelle un "film avance sur recette", c'est-à-dire qui ne se soucie absolument pas de la réception publique. MAIS, il y a un gros "mais", c'est la sublime Léa Seydoux, actrice que j'adore depuis ses débuts, sans doute la meilleure de sa génération et qui livre ici l'une de ses plus belles performances ever.

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On se doutait bien même avant de voir le film que le Daaaaaali ! de Dupieux ne serait pas une biographie du peintre, mais un film de Dupieux pur jus. C'est le cas, et c'est pour cela que c'est réussi, et, en même temps, c'est un film qui dit beaucoup sur Dali. C'est sans doute le film le plus expérimental du cinéaste, la forme est sans cesse brisée, et c'est fait dans la joie, avec un esprit ludique permanent. Dupieux est le cinéaste actuel le plus influencé par Buñuel, c'est valable pour toute son oeuvre, mais ce film-là est le plus buñuelien de toute son oeuvre, c'en est flagrant de partout, et notamment dans ce qui régit la structure (d'apparence déstructurée du récit), à savoir le rêve dans le rêve dans le rêve... du curé, qui est tout droit sorti d'un film de Buñuel. ça pourrait être étouffant si Dupieux était prisonnier de sa référence, mais ce n'est plus le cas comme ça a pu l'être par le passé (le raté Réalité par exemple qui est lui complètement dépendant de ses références à un point que c'en est gênant). Bref, je trouve super que son film le plus buñuelien soit son film sur Dali, ça met tout en perspective, et crée beaucoup de possibles. Quant au fait de faire jouer Dali par 6 acteurs différents, c'est marrant et un peu gratuit, mais pas gênant. Lellouche est catastrophique (il a tout le temps l'air de se demander pourquoi il a été casté pour ce rôle et son imitation du peintre est pathétique) et les deux meilleurs sont Cohen et Baer, tous les deux parfaits, habités, hilarants. Ah, et Anaïs Demoustier est, comme souvent, mais particulièrement ici, sursublimissime.
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B-Lyndon
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groil_groil a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:31
Le résultat ressemble malheureusement à ce que j'appelle un "film avance sur recette", c'est-à-dire qui ne se soucie absolument pas de la réception publique.
J'ai pas vu le film, mais qu'est-ce que tu dis là ? Ca veut dire quoi "se soucier de la réception publique" ? Est-ce que ce n'est pas cette façon de voir les choses qui fait que les films français sont pour la plupart plat et ternes, voulant plaire au lieu d'aller au bout d'un geste ? C'est d'ailleurs exactement ce que tu dis du film plus haut : il a des ambitions radicales mais n'ose pas y aller totalement.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:31
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De l'impossibilité de vivre une histoire d'amour, où l'histoire d'un couple impossible à travers trois époques, par le prisme du voyage dans le temps. Bonello est un cinéaste que j'ai souvent / toujours eu du mal à aimer, disons que j'aime ses références, je suis certain qu'on serait potes dans la vie, mais son cinéma est toujours tiraillé entre le récit classique et l'expérimentation et qu'il n'ose jamais faire de choix tranchés, se plaçant dans une sorte d'entre deux qui ne me satisfait jamais. Bizarrement, quand il fait des vrais choix (narratif avec L'Appolonide ou St Laurent, expérimental avec Tirésia), c'est là qu'il me plait. Franchement celui-ci est assez chiant, j'ai failli me barrer plein de fois durant le film, mais j'ai tenu pour savoir où ça allait... En même temps j'ai bien fait car c'est la dernière partie la plus intéressante, même si beaucoup trop sous influence Lynch (la maison de Lost Highway, les tentures rouges de Twin Peaks, le cri final de Laura Palmer dans la saison 3). Plus généralement j'en ai ras le bol de ces cinéastes français qui passent leur temps à citer Lynch comme des gros cochons mais n'en offrant au mieux qu'une vulgaire parodie. Comme si être un cinéaste indépendant devait absolument passer par des citations maladroites de Lynch... Fatigant... Je ne rejette pas en bloc le film car malgré tout je sens une ambition de départ assez forte mais qu'elle est complètement foutue en l'air par peur de faire un film trop lisible. Le résultat ressemble malheureusement à ce que j'appelle un "film avance sur recette", c'est-à-dire qui ne se soucie absolument pas de la réception publique. MAIS, il y a un gros "mais", c'est la sublime Léa Seydoux, actrice que j'adore depuis ses débuts, sans doute la meilleure de sa génération et qui livre ici l'une de ses plus belles performances ever.

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On se doutait bien même avant de voir le film que le Daaaaaali ! de Dupieux ne serait pas une biographie du peintre, mais un film de Dupieux pur jus. C'est le cas, et c'est pour cela que c'est réussi, et, en même temps, c'est un film qui dit beaucoup sur Dali. C'est sans doute le film le plus expérimental du cinéaste, la forme est sans cesse brisée, et c'est fait dans la joie, avec un esprit ludique permanent. Dupieux est le cinéaste actuel le plus influencé par Buñuel, c'est valable pour toute son oeuvre, mais ce film-là est le plus buñuelien de toute son oeuvre, c'en est flagrant de partout, et notamment dans ce qui régit la structure (d'apparence déstructurée du récit), à savoir le rêve dans le rêve dans le rêve... du curé, qui est tout droit sorti d'un film de Buñuel. ça pourrait être étouffant si Dupieux était prisonnier de sa référence, mais ce n'est plus le cas comme ça a pu l'être par le passé (le raté Réalité par exemple qui est lui complètement dépendant de ses références à un point que c'en est gênant). Bref, je trouve super que son film le plus buñuelien soit son film sur Dali, ça met tout en perspective, et crée beaucoup de possibles. Quant au fait de faire jouer Dali par 6 acteurs différents, c'est marrant et un peu gratuit, mais pas gênant. Lellouche est catastrophique (il a tout le temps l'air de se demander pourquoi il a été casté pour ce rôle et son imitation du peintre est pathétique) et les deux meilleurs sont Cohen et Baer, tous les deux parfaits, habités, hilarants. Ah, et Anaïs Demoustier est, comme souvent, mais particulièrement ici, sursublimissime.



Ah tu m'as re-hypé sur Daaaaaali, dont je n'entendais jusqu'à présent que du mal.
Après, je devrais me méfier, car on est particulièrement pas d'accord sur ce début d'année ciné ! (La Bête et May December sont mes deux grands films marquants, Priscilla et Zone d'Intérêt mes déceptions. :D )
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groil_groil
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B-Lyndon a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:59
groil_groil a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:31
Le résultat ressemble malheureusement à ce que j'appelle un "film avance sur recette", c'est-à-dire qui ne se soucie absolument pas de la réception publique.
J'ai pas vu le film, mais qu'est-ce que tu dis là ? Ca veut dire quoi "se soucier de la réception publique" ? Est-ce que ce n'est pas cette façon de voir les choses qui fait que les films français sont pour la plupart plat et ternes, voulant plaire au lieu d'aller au bout d'un geste ? C'est d'ailleurs exactement ce que tu dis du film plus haut : il a des ambitions radicales mais n'ose pas y aller totalement.
Qu'on me comprenne bien (ce n'est pas le cas avec toi, preuve que j'ai mal exprimer le truc) : ce que je veux dire c'est qu'il a la tentation de faire un film expérimental, mais comme il a (je le suppose, j'en sais rien en vrai) l'avance sur recette, il n'arrive pas à aller au bout de son geste. Et ça fait ce résultat bâtard qui ne convient à personne et qui n'existe qu'en France, car l'avance sur recette permet cela.
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 13:11
groil_groil a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:31
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De l'impossibilité de vivre une histoire d'amour, où l'histoire d'un couple impossible à travers trois époques, par le prisme du voyage dans le temps. Bonello est un cinéaste que j'ai souvent / toujours eu du mal à aimer, disons que j'aime ses références, je suis certain qu'on serait potes dans la vie, mais son cinéma est toujours tiraillé entre le récit classique et l'expérimentation et qu'il n'ose jamais faire de choix tranchés, se plaçant dans une sorte d'entre deux qui ne me satisfait jamais. Bizarrement, quand il fait des vrais choix (narratif avec L'Appolonide ou St Laurent, expérimental avec Tirésia), c'est là qu'il me plait. Franchement celui-ci est assez chiant, j'ai failli me barrer plein de fois durant le film, mais j'ai tenu pour savoir où ça allait... En même temps j'ai bien fait car c'est la dernière partie la plus intéressante, même si beaucoup trop sous influence Lynch (la maison de Lost Highway, les tentures rouges de Twin Peaks, le cri final de Laura Palmer dans la saison 3). Plus généralement j'en ai ras le bol de ces cinéastes français qui passent leur temps à citer Lynch comme des gros cochons mais n'en offrant au mieux qu'une vulgaire parodie. Comme si être un cinéaste indépendant devait absolument passer par des citations maladroites de Lynch... Fatigant... Je ne rejette pas en bloc le film car malgré tout je sens une ambition de départ assez forte mais qu'elle est complètement foutue en l'air par peur de faire un film trop lisible. Le résultat ressemble malheureusement à ce que j'appelle un "film avance sur recette", c'est-à-dire qui ne se soucie absolument pas de la réception publique. MAIS, il y a un gros "mais", c'est la sublime Léa Seydoux, actrice que j'adore depuis ses débuts, sans doute la meilleure de sa génération et qui livre ici l'une de ses plus belles performances ever.

Image

On se doutait bien même avant de voir le film que le Daaaaaali ! de Dupieux ne serait pas une biographie du peintre, mais un film de Dupieux pur jus. C'est le cas, et c'est pour cela que c'est réussi, et, en même temps, c'est un film qui dit beaucoup sur Dali. C'est sans doute le film le plus expérimental du cinéaste, la forme est sans cesse brisée, et c'est fait dans la joie, avec un esprit ludique permanent. Dupieux est le cinéaste actuel le plus influencé par Buñuel, c'est valable pour toute son oeuvre, mais ce film-là est le plus buñuelien de toute son oeuvre, c'en est flagrant de partout, et notamment dans ce qui régit la structure (d'apparence déstructurée du récit), à savoir le rêve dans le rêve dans le rêve... du curé, qui est tout droit sorti d'un film de Buñuel. ça pourrait être étouffant si Dupieux était prisonnier de sa référence, mais ce n'est plus le cas comme ça a pu l'être par le passé (le raté Réalité par exemple qui est lui complètement dépendant de ses références à un point que c'en est gênant). Bref, je trouve super que son film le plus buñuelien soit son film sur Dali, ça met tout en perspective, et crée beaucoup de possibles. Quant au fait de faire jouer Dali par 6 acteurs différents, c'est marrant et un peu gratuit, mais pas gênant. Lellouche est catastrophique (il a tout le temps l'air de se demander pourquoi il a été casté pour ce rôle et son imitation du peintre est pathétique) et les deux meilleurs sont Cohen et Baer, tous les deux parfaits, habités, hilarants. Ah, et Anaïs Demoustier est, comme souvent, mais particulièrement ici, sursublimissime.

on va bien finir par tomber d'accord sur un film :D

Ah tu m'as re-hypé sur Daaaaaali, dont je n'entendais jusqu'à présent que du mal.
Après, je devrais me méfier, car on est particulièrement pas d'accord sur ce début d'année ciné ! (La Bête et May December sont mes deux grands films marquants, Priscilla et Zone d'Intérêt mes déceptions. :D )
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B-Lyndon
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groil_groil a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 14:52
B-Lyndon a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:59
groil_groil a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 12:31
Le résultat ressemble malheureusement à ce que j'appelle un "film avance sur recette", c'est-à-dire qui ne se soucie absolument pas de la réception publique.
J'ai pas vu le film, mais qu'est-ce que tu dis là ? Ca veut dire quoi "se soucier de la réception publique" ? Est-ce que ce n'est pas cette façon de voir les choses qui fait que les films français sont pour la plupart plat et ternes, voulant plaire au lieu d'aller au bout d'un geste ? C'est d'ailleurs exactement ce que tu dis du film plus haut : il a des ambitions radicales mais n'ose pas y aller totalement.
Qu'on me comprenne bien (ce n'est pas le cas avec toi, preuve que j'ai mal exprimer le truc) : ce que je veux dire c'est qu'il a la tentation de faire un film expérimental, mais comme il a (je le suppose, j'en sais rien en vrai) l'avance sur recette, il n'arrive pas à aller au bout de son geste. Et ça fait ce résultat bâtard qui ne convient à personne et qui n'existe qu'en France, car l'avance sur recette permet cela.
:jap: :jap:
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cyborg
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La sortie, fin 2023, de The Human Surge 3 (ne cherchez pas le 2, il n'y en a pas) m'a donné l'occasion de resonger à Eduardo Williams dont la découverte du travail - en plein début du covid - m'avait ébouriffé. J'ai notamment revu son court "Parsi" que je trouve toujours aussi puissant et qui contient l'une des images contemporaines qui me semble la plus essentielle à la problématisation de notre imaginaire contemporain (la main du "caméraman" filmé par la caméra sans que pour autant le dispositif de filmage ne soit visible, car enlevé-généré par l'image digitale, me semble-t-il).
Tout cela m'a donné envie de voir son long-métrage, The Human Surge. Les puissantes impressions de déjà-vues, suivi d'une consultation de mes notes, ont fini par me le confirmer : je l'avais déjà vu. Mais je ne m'en souvenais pas.
Si je serais moins dithyrambique qu'à l'époque, je continue à trouver le film admirable et passionnant. Par son exploration de nos images contemporaines et de leurs circulations, par sa fluidité, par ses jeux d'échelles, par sa conjugaison des mondes digitaux et des mondes naturels, par son ancrage dans le "global south" sans naïveté néanmoins de sa dépendance à l'imaginaire techno-capitaliste dans lequel il s'inscrit (la fin dans l'usine). Je citais à l'époque Apichatpong et Lisandro Alonso dans mon texte. Si les références restent valables, je songe néanmoins désormais plutôt à un Gus Van Sant-période expé (qui aurait volontairement déréglé sa steady-cam) lié à un Reygadas (et à sa tentative de faire se superposer des mondes depuis Post-Tenebra Lux, et plus encore Nuestro Tiempo). Et bien sur à toute l'historie du cinéma expérimental, tendance structurelle : et si The Human Surge était avant tout l'héritier de Snow, dans un Wavelength où l'image d'océan ne serait plus la finalité mais un point de basculement, mais une porte vers un autre monde, un autre dispositif ?
Ah qu'il me tarde de trouver le moyen de voir le "3ème volet"...


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Bang Bang - Andrea Tonacci - 1971 - Brésil

L'onomatopée du titre nous avait pourtant prévenu : si le signe, la représentation conceptuelle de la chose est présente, la chose est néanmoins absente.
C'est ça, Bang Bang : il y a "tout d'un film" et pourtant il n'y en a pas un. Du moins pas au sens traditionnel du terme.
Un homme erre entre ville et campagne, entre building et pampa, entre appartement et rue. Un gang semble le poursuivre, composé d'une grosse dame et d'un aveugle féru de pistolet. Il y a aussi un magicien, une jeune fille, un masque de singe, beaucoup d'autres choses. Rien ne fait sens, rien ne s'ajuste comme il faut. Les scènes s'enchainent ou se répètent. Les motifs réapparaissant progressivement finissent par donner un semblant de sens, malgré eux et malgré nous.
Si tout débute comme un mauvais film de fin d'étude dont on se demande pourquoi l'étudiant à décidé de finir son cursus, l'entêtement et l’opiniâtreté du réalisateur fini par captiver l'attention. Tout donne l'impression qu'il a volontairement gardé les mauvais rush, ou qu'il n'aurait filmé que le making-of. Mieux encore, qu'il n'aurait gardé que les mauvais rush du making-off, tout est trop long, trop absurde, trop à côté de lui même. Et pourtant, les signes sont là, et on comprend peu à peu que le film est une parodie, une attaque frontale, du cinéma en vogue au Brésil à l'époque (le cinéma novo) et plus encore à ses références, Nouvelle Vague en tête ou Nouvel Hollywood. Surtout quelques plans magnifiques (dans leurs plasticités, dans leurs mouvements d'appareil) finissent par convaincre que nous ne sommes pas face à un grand n'importe quoi, mais qu'ici l'expérimentation, la liberté, la défiance envers l'illusion supposé de son médium est plus forte que tout.
Rarement il m'aura été donné de voir un objet si particulier, si unique. Bang bang a été de plus l'occasion de découvrir l'existence du mouvement du "cinéma marginal" sévissant dans le Brésil des 70s dont la radicalité n'aura que peu permis de voyager jusqu'à nous. Raison de plus pour essayer de voir d'autres films de ses auteurs.

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Les 3 heures du Prince de New-York ne sont pas vraiment parmis les meilleures de la copieuse filmographie de Sydney Lumet. C'est regrettable car le sujet était en or et la cinématographie est brillante, Lumet captant avec magnifiquement les corps, les espaces, les ambiances.
Le film pèche malheureusement sur deux points principaux. Son scénario tout d'abord, qui malgré sa durée extensible, semble aller toujours soit trop vite soit trop lentement. Ainsi le basculement vers la "rédemption" du personnage principale arrive beaucoup trop tôt sans que l'on ne le connaisse, ce qui n'aide pas à rendre la suite palpitante. Plus tard ses motivations sont répétés à foison, sans pour autant être approfondies ni crédibilisées. Il en va de même avec ses collègues ou les hésitations des fédéraux, qui semblent toujours superficielles. Deuxième point : Treat William, l'acteur principal, n'est pas un grand acteur, se laissant dévorer par son sur-jeu approximatif finissant par le rendre écœurant : un comble.
Dernier point, de ma propre faute : avoir lu juste avant le visionnage que De Palma devait à l'origine réaliser le film, avec Travolta en acteur principal. Si William est assurément un Travolta de 3ème catégorie, on ne peut que se prendre régulièrement à réver de ce que nous aurait fait De Palma de ce flic à la frontière de la schizophrénie, dévoré par sa recherche d' "une" vérité, la duplicité de son environnement, les bandes d'enregistrements infinies etc, lui qui excelle tant sur l’ambiguïté du double... Bref, Lumet est ici trop propre et appliqué face à son sujet, que de plus il n'oriente pas suffisamment, pour livrer un film intéressant.
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yhi
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cyborg a écrit :
jeu. 15 févr. 2024 16:11
Ah qu'il me tarde de trouver le moyen de voir le "3ème volet"...
Alors il se trouve que j'ai vu le 3 mais pas le premier :D
S'il y a un cinéaste duquel je devrais le rapprocher (en se basant sur cette unique film, j'avais vu un court aussi, mais peu de rapprochement), ça serait Bi Gan je pense (plutôt version Kaili blues).
C'est un film qui me reste pas mal en tête, mais sur le moment j'avais trouvé ça assez ennuyeux bien que délirant formellement. Peut être aussi que c'est le genre d'objets qu'il vaut mieux découvrir en salle que chez soi.
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sokol
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et

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Voir sur grand écran deux grands films de Godard et mourir. C'est fait.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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yhi a écrit :
mar. 6 févr. 2024 21:42
Quant à la fin, elle me semble fonctionner en miroir. Comme on ne peut nous montrer le contrechamp de Hoss
Tant que j'y pense : justement, s'il y a un seul film où le contrechamp était indispensable, c'est bien celui-ci car sinon, on regarde pendant 2 heures une famille à laquelle on souhaite la mort dès la première minutes (au moins, c'est mon cas) et c'est tout. Ou comme disait Burdeau dans son podcast en citant Deleuze, "on ne peut faire de l'art qu'avec du CONTRE" : on ne peut montrer pendant 2h une famille nazi et... c'est tout. C'est de la folie, ce n'est pas de l'art.
yhi a écrit :
mar. 6 févr. 2024 21:42
on finit par lui montrer, à lui, notre propre contrechamp, celui que nous connaissons aujourd'hui. A l'horreur du contrechamp de, et créé, par Hoss, nous lui opposons la banalité (le ménage dans un musée) de notre contrechamp actuel. Une tentative d'estocade finale pour faire tomber de son piédestal auto-dressé un homme qui se croyait grand mais qui se découvre vide.
Pourquoi on doit s'"occuper" de Hoss, ça ne va pas la tête ? Si durant le film on avait déjà un contrechamp, à la fin, il suffisait juste de montrer cela (ça a eu lieu le 16 avril 1947 à Auschwitz. iI y a été pendu :

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Kit
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le palmarès de la 77ème cérémonie des BAFTA hier soir
https://fr.wikipedia.org/wiki/77e_c%C3% ... ilm_Awards
Vosg'patt de cœur
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Kit a écrit :
lun. 19 févr. 2024 22:38
le palmarès de la 77ème cérémonie des BAFTA hier soir
https://fr.wikipedia.org/wiki/77e_c%C3% ... ilm_Awards
merci

digne d'un palmarès british :lol:
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Question pour tout le monde : dans quel film est utilisée cette musique (de 00:50 à la 2:20 minute ) : https://www.youtube.com/watch?v=2HIdFaB7pJc

j'en raffole
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sokol a écrit :
mar. 20 févr. 2024 13:47
Question pour tout le monde : dans quel film est utilisée cette musique (de 00:50 à la 2:20 minute ) : https://www.youtube.com/watch?v=2HIdFaB7pJc

j'en raffole
ou là, le debut (avec le cœur des enfants) : https://www.youtube.com/watch?v=jml39FZ4yns
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sokol a écrit :
mar. 20 févr. 2024 13:47
Question pour tout le monde : dans quel film est utilisée cette musique (de 00:50 à la 2:20 minute ) : https://www.youtube.com/watch?v=2HIdFaB7pJc

j'en raffole
Je ne sais pas si l'extrait est utilisé dans un film ou non, mais quand j'étais ado, j'ai beaucoup écouté un morceau (connu) de rap US des années 90 qui le samplait :
https://www.youtube.com/watch?v=A1__YOnQwDE
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Next a écrit :
mar. 20 févr. 2024 14:39
sokol a écrit :
mar. 20 févr. 2024 13:47
Question pour tout le monde : dans quel film est utilisée cette musique (de 00:50 à la 2:20 minute ) : https://www.youtube.com/watch?v=2HIdFaB7pJc

j'en raffole
Je ne sais pas si l'extrait est utilisé dans un film ou non, mais quand j'étais ado, j'ai beaucoup écouté un morceau (connu) de rap US des années 90 qui le samplait :
https://www.youtube.com/watch?v=A1__YOnQwDE
Merci, mais je connaissais ça. C'est le problème d'ailleurs : dès qu'on fait une recherche sur internet, un bataillon de site qui répertorie cette chanson sort :D

Cela dit, je suis convaincu d'avoir entendu ce magnifique air d'opéra de Borodine dans un film
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Mr-Orange
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sokol a écrit :
mar. 20 févr. 2024 14:57
Next a écrit :
mar. 20 févr. 2024 14:39
sokol a écrit :
mar. 20 févr. 2024 13:47
Question pour tout le monde : dans quel film est utilisée cette musique (de 00:50 à la 2:20 minute ) : https://www.youtube.com/watch?v=2HIdFaB7pJc

j'en raffole
Je ne sais pas si l'extrait est utilisé dans un film ou non, mais quand j'étais ado, j'ai beaucoup écouté un morceau (connu) de rap US des années 90 qui le samplait :
https://www.youtube.com/watch?v=A1__YOnQwDE
Merci, mais je connaissais ça. C'est le problème d'ailleurs : dès qu'on fait une recherche sur internet, un bataillon de site qui répertorie cette chanson sort :D

Cela dit, je suis convaincu d'avoir entendu ce magnifique air d'opéra de Borodine dans un film
On entend un extrait de ces danses à la radio dans Peggy Sue s'est mariée, mais je ne sais plus si c'est le passage exact de la vidéo.

J'insiste bien sur mon dernier bout de phrase, puisque je crois me souvenir que tu détestes ce film ; je ne voudrais pas que tu le revoies en entier pour l'unique motif d'espérer retrouver cette musique, quoique ça ne serait pas mal que tu le réévalues. :D
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Mr-Orange a écrit :
mar. 20 févr. 2024 17:14

J'insiste bien sur mon dernier bout de phrase, puisque je crois me souvenir que tu détestes ce film ; je ne voudrais pas que tu le revoies en entier pour l'unique motif d'espérer retrouver cette musique, quoique ça ne serait pas mal que tu le réévalues. :D
Ah non, j’aime bien ce film !!

Mais je ne pense pas qu’il s’agit de celui-ci… , je pense que c’est plutôt un film d’auteur européen que je cherche (mais ce n’est pas grave du tout).

Merci tout de même
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Venant de Sokol, j'imagine que ça vient du film de Minnelli ! :) ;)
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sokol a écrit :
mar. 20 févr. 2024 13:47
Question pour tout le monde : dans quel film est utilisée cette musique (de 00:50 à la 2:20 minute ) : https://www.youtube.com/watch?v=2HIdFaB7pJc

j'en raffole
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yhi a écrit :
mar. 20 févr. 2024 22:44
La réponse ici peut être ? https://www.senscritique.com/liste/les_ ... 776?page=1
Merci !! Je ne savais pas que ça existe ce genre de truc sur senscritique !! :love:
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Kit a écrit :
mar. 20 févr. 2024 23:36
Elle n'est pas terrible cette reprise car, la musique en question est tellement slave (toute la mélancolie de ce monde y est !) que ça ne fonctionne pas quand elle est chantée par un anglo-saxon... :blase:
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JanosValuska a écrit :
mar. 20 févr. 2024 22:57
Venant de Sokol, j'imagine que ça vient du film de Minnelli ! :) ;)
merci, mais je n'ai pas vu ce film de Minelli
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
mer. 21 févr. 2024 11:17
JanosValuska a écrit :
mar. 20 févr. 2024 22:57
Venant de Sokol, j'imagine que ça vient du film de Minnelli ! :) ;)
merci, mais je n'ai pas vu ce film de Minelli
Ok. Quand j'entends parler de Minnelli je pense à toi. Peut-être pas autant que lorsque j'entends parler de Godard, mais quand même :D
J'espère que tu as trouvé ton bonheur dans la liste senscritique postée par yhi.
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sokol a écrit :
mer. 14 févr. 2024 20:23
Dernière nouvelle du front de “La zone d’intérêt” : le dernier podccast d’Emmanuel Burdeau en deux parties qui, comme il dit lui-même "ce sont les deux épisodes les plus accomplis de ce podcast à ce jour"

Le premier est dores et déjà disponible, notamment ici : https://shows.acast.com/speculations-by ... e-dinteret

Le deuxième le sera la semaine prochaine.

Excellente analyse (le gars a revu les 4 films du cinéaste). Et au final, à propos de la Zone c´est : non.
Intéressant le (demi) podcast de Burdeau, en effet, j'attends la suite.
Mais je préfère ce qu'en dit Begaudeau, ici :
https://soundcloud.com/la-gene-occasion ... e-dinteret

Il me semble que ça parle davantage mise en scène.
Plus je pense au film, plus je le trouve passionnant. Pas impossible que j'y retourne.
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sokol a écrit :
mer. 21 févr. 2024 10:32
Kit a écrit :
mar. 20 févr. 2024 23:36
Elle n'est pas terrible cette reprise car, la musique en question est tellement slave (toute la mélancolie de ce monde y est !) que ça ne fonctionne pas quand elle est chantée par un anglo-saxon... :blase:
ce n'était pas pour que tu aimes ou pas mais peut-être que le titre Stranger in paradise peut t'aiguiller vers ce que tu cherches
Modifié en dernier par Kit le mer. 21 févr. 2024 15:20, modifié 1 fois.
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JanosValuska a écrit :
mer. 21 févr. 2024 12:41

Intéressant le (demi) podcast de Burdeau, en effet, j'attends la suite.
Mais je préfère ce qu'en dit Begaudeau, ici :
https://soundcloud.com/la-gene-occasion ... e-dinteret
Je l'avais déjà écouté. A mon opinion, il se force à défendre le film car :

Bégaudeau défend corps et aime, depuis un bon moment déjà, ce cinéma qu'il appelle froid (Haneke, Lanthimos, Östlund, Michael Franco - pour ce dernier il dit qu'il est carrément le plus grand cinéaste au monde pour le moment :sarcastic: : il faut le faire !). Il a même trouvé un nom à ce cinéma : ce serait un cinéma scientifique (puisque clinique). Il le dit quand il parle du dernier Lanthimos. Qu'est ce qu'on n'aurait pas entendu quoi, à condition qu'il défende ces cinéastes.

C'est son délire depuis quelques temps mais je pense que ça vient du fait qu'aux Cahiers (où il y était il y a quelques années déjà), ça fait un bon moment qu'on rejette, très justement, ce cinéma. Mais on dirait que, pour se distinguer, il a trouvé cette 'brèche' d'originalité (on s'est bien engueulé ou plutôt il m'a bien engueulé sur ce sujet sur un autre réseau social mais cela n'a pas d'importance). Je ne vois pas d'autres raisons de son délire.

Puisque tu as adoré "La zone d’intérêt", c'est très simple : tous les défenseurs du film insistent sur le travail soi-disant génialissime sur le son qui serait le contrechamp de la maison or, très justement, Bégaudeau dit que cela ne l’intéresse point ! (perso, je trouve que le travaille sur le son est d'une prétention sans nom et surtout vaniteux mais ça aussi est un autre sujet). Donc non, le film n'a pas de contrechamp. Que reste-il, à part de regarder pendant deux heures une famille ordurière à laquelle, une fois de plus, on lui souhaite une mort atroce dès la première minute ?? Du bla-bla "cinéphilique" :(

Par contre, je trouve qu'il parle magistralement bien des mauvais films ou des films problématiques style "Napoléon", "Le règne animal", "Avatar, La voie de l'eau", "The Batman" la série "En thérapie" etc. Là, il excelle
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Pour Bégaudeau, c’est pareil pour moi : je ne le trouve jamais aussi passionnant que lorsqu’il parle d’un film qu’il n’a pas aimé (je retiendrais ses podcasts de Tenet et des Misérables perso). :D

Là j’arrive à aller au bout systématiquement (même si je ne suis pas toujours d’accord).

J’ai aussi écouté le podcast de 3h00 qu’il avait fait sur le cinéma de Nakache et Toledano. Je pensais au début en voir un court extrait (15-20 minutes) et le mec a réussi à me faire aller au bout ! :ouch: :lol:

Assez édifiant ce qu’il en a dit d’ailleurs (il reparle de la série En Thérapie). Sous couvert de faire du cinéma social (ce qui les emmerde au fond), les deux larrons font exprès d’esquiver leur sujet pour proposer un cinéma de droite bien bourgeois et réactionnaire / policier (et ça date bien avant Le Sens de la fête). A ce titre, leur dernier en date serait le paroxysme de cette idéologie qu’ils défendent (quelqu’un l’a vu ? :D ).

En revanche, je le trouve aussi un peu / beaucoup moins intéressant lorsqu’il parle d’un film qu’il a aimé (seule exception : son podcast de La Gêne Occasionnée sur Le Garçon et le Héron, j’étais curieux de le voir analyser un film d’animation - un Miyazaki qui plus est - et j’ai pas été déçu).

La j’ai lancé le podcast sur La Zone d’Interet, je suis d’accord, on sent qu’il galère un peu. Au bout d’une demi-heure (le podcast dure 1h30), j’en ai déjà eu marre… :lol:
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sokol
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Kahled a écrit :
mer. 21 févr. 2024 16:14
Pour Bégaudeau, c’est pareil pour moi : je ne le trouve jamais aussi passionnant que lorsqu’il parle d’un film qu’il n’a pas aimé (je retiendrais ses podcasts de Tenet et des Misérables perso). :D

Là j’arrive à aller au bout systématiquement (même si je ne suis pas toujours d’accord).

J’ai aussi écouté le podcast de 3h00 qu’il avait fait sur le cinéma de Nakache et Toledano. Je pensais au début en voir un court extrait (15-20 minutes) et le mec a réussi à me faire aller au bout ! :ouch: :lol:

Assez édifiant ce qu’il en a dit d’ailleurs (il reparle de la série En Thérapie). Sous couvert de faire du cinéma social (ce qui les emmerde au fond), les deux larrons font exprès d’esquiver leur sujet pour proposer un cinéma de droite bien bourgeois et réactionnaire / policier (et ça date bien avant Le Sens de la fête). A ce titre, leur dernier en date serait le paroxysme de cette idéologie qu’ils défendent (quelqu’un l’a vu ? :D ).

En revanche, je le trouve aussi un peu / beaucoup moins intéressant lorsqu’il parle d’un film qu’il a aimé (seule exception : son podcast de La Gêne Occasionnée sur Le Garçon et le Héron, j’étais curieux de le voir analyser un film d’animation - un Miyazaki qui plus est - et j’ai pas été déçu).

La j’ai lancé le podcast sur La Zone d’Interet, je suis d’accord, on sent qu’il galère un peu. Au bout d’une demi-heure (le podcast dure 1h30), j’en ai déjà eu marre… :lol:
:jap: :jap: :jap:

ps: c'est où le podcast sur le cinéma de Nakache et Toledano? Ca doit être sur youtube (et pas sur La gêne occasionnée) , non ?
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sokol a écrit :
mer. 21 févr. 2024 16:57
Kahled a écrit :
mer. 21 févr. 2024 16:14
Pour Bégaudeau, c’est pareil pour moi : je ne le trouve jamais aussi passionnant que lorsqu’il parle d’un film qu’il n’a pas aimé (je retiendrais ses podcasts de Tenet et des Misérables perso). :D

Là j’arrive à aller au bout systématiquement (même si je ne suis pas toujours d’accord).

J’ai aussi écouté le podcast de 3h00 qu’il avait fait sur le cinéma de Nakache et Toledano. Je pensais au début en voir un court extrait (15-20 minutes) et le mec a réussi à me faire aller au bout ! :ouch: :lol:

Assez édifiant ce qu’il en a dit d’ailleurs (il reparle de la série En Thérapie). Sous couvert de faire du cinéma social (ce qui les emmerde au fond), les deux larrons font exprès d’esquiver leur sujet pour proposer un cinéma de droite bien bourgeois et réactionnaire / policier (et ça date bien avant Le Sens de la fête). A ce titre, leur dernier en date serait le paroxysme de cette idéologie qu’ils défendent (quelqu’un l’a vu ? :D ).

En revanche, je le trouve aussi un peu / beaucoup moins intéressant lorsqu’il parle d’un film qu’il a aimé (seule exception : son podcast de La Gêne Occasionnée sur Le Garçon et le Héron, j’étais curieux de le voir analyser un film d’animation - un Miyazaki qui plus est - et j’ai pas été déçu).

La j’ai lancé le podcast sur La Zone d’Interet, je suis d’accord, on sent qu’il galère un peu. Au bout d’une demi-heure (le podcast dure 1h30), j’en ai déjà eu marre… :lol:
:jap: :jap: :jap:

ps: c'est où le podcast sur le cinéma de Nakache et Toledano? Ca doit être sur youtube (et pas sur La gêne occasionnée) , non ?
Ici : https://m.youtube.com/watch?v=aN-ewMOcukE

;)
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Kahled a écrit :
mer. 21 févr. 2024 16:14
La j’ai lancé le podcast sur La Zone d’intérêt, je suis d’accord, on sent qu’il galère un peu.
En plus, je pense qu'il le sait (il rame, comme il aime bien dire à son interlocuteur :D) . Car, comme rarement, il a pris la peine de me répondre (assez ironiquement et bien suffisant) sur le réseau social en question. Mais comme je disais, il s'est tellement "engagé" à cette défense de ces cinéastes "froids" (qu'on aurait tous tort de ne pas les adorer) qu'il n'arrive pas faire "marche arrière". Pourtant, c'est quelqu'un qui n'aime pas Kubrick (et il argumente vraiment bien) or, ces cinéastes sont tous ses p'tits enfants, d’une manière ou d'une autre
Modifié en dernier par sokol le mer. 21 févr. 2024 17:06, modifié 3 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Kahled a écrit :
mer. 21 févr. 2024 17:00

Ici : https://m.youtube.com/watch?v=aN-ewMOcukE

;)
ah voilà, j'en étais sur

merci :love2:

ps: Microciné a excellé à propos de Godard, à l'occasion de sa mort. De brillantissimes émissions !!
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sokol a écrit :
mer. 21 févr. 2024 17:03
Kahled a écrit :
mer. 21 févr. 2024 16:14
La j’ai lancé le podcast sur La Zone d’intérêt, je suis d’accord, on sent qu’il galère un peu.
En plus, je pense qu'il le sait (il rame, comme il aime bien dire à son interlocuteur :D) . Car, comme rarement, il a pris la peine de me répondre (assez ironiquement et bien suffisant) sur le réseau social en question. Mais comme je disais, il s'est tellement "engagé" à cette défense de ces cinéastes "froids" (qu'on aurait tous tort de ne pas les adorer) qu'il n'arrive pas faire "marche arrière". Pourtant, c'est quelqu'un qui n'aime pas Kubrick (et il argumente vraiment bien) or, ces cinéastes sont tous ses p'tits enfants, d’une manière ou d'une autre
J’imagine qu’il a défendu Pauvres Créatures du coup ? :D
Je n’ai toujours pas eu le courage d’aller le voir malgré les critiques globalement dithyrambiques.
Sans le détester, The Lobster m’avait pas mal immunisé vis-à-vis du cinéma de ce mec… :crazy:
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Kahled a écrit :
mer. 21 févr. 2024 20:13


J’imagine qu’il a défendu Pauvres Créatures du coup ? :D
Il le défend grave (diraient les jeunes d'aujourd'hui :D ). C'est là qu'il parle de cinéma scientifique :roll: :poop: (l’approche de ces cinéastes seraient scientifique).

Mais une fois de plus : quand il parle de films qu'il n'a pas aimé, alors là, c'est extraordinaire
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Absolument pas d'accord :D

Bon déjà de mon côté je trouve Bégaudeau plus intéressant depuis qu'il n'est plus aux Cahiers. Enfin façon de parler car ça fait longtemps.
Il me semble qu'à l'époque, justement, il défendait une ligne éditoriale mais pas vraiment ce qui le passionnait, lui.
Il a toujours aimé le cinéma d'Haneke, donc la cassure s'est sans doute joué là-dessus.
Oui on peut considérer que les Lanthimos ou Ostlund en sont ses héritiers, donc rien d'étonnant à ce qu'il les défende.

Ceci étant dit, il ne défend pas du tout Pauvres créatures. Il défend le film de Lanthimos qu'il y a dedans, mais il voit surtout le film produit et joué par Emma Stone, donc pour reprendre ses mots, c'est clairement pour lui le plus mauvais film du grec. Je pense tout l'inverse, car je ne supporte pas Lanthimos habituellement, donc pauvres créatures m'intéresse en tant que film hybride. Comme ça peut être le cas chez d'autres cinéastes en forme hybride dès qu'ils font tourner des stars : Von Trier, avec Nymphomaniac par exemple (auquel j'ai beaucoup pensé devant le dernier Lanthimos).

Concernant le fait que Begaudeau serait plus intéressant lorsqu'il défonce des films, pas d'accord non plus. Je le trouve même assez besogneux et ennuyeux quand il évoque des films qui en théorie ne sont pas pour lui. Catastrophique sur Avatar et The Fabelmans par exemple. Plus intéressant quand il égratigne des classiques américains style Shining (évidemment car il n'aime pas Kubrick) ou Heat, sans doute car il a le recul, c'est plus simple.

Moi là où je le trouve le plus fort c'est quand il parle de films très tranchés, politiquement et formellement. Quand il s'attaque à Sophie Letourneur, Albert Serra ou Apichatpong Weerasethakul. Là il excelle , je trouve.
Après, j'ai toujours du mal à piger pourquoi il défend ces merdres de Délépine & Kervern, enfin c'est pas très grave.

Et sinon je trouve pas du tout qu'il rame sur La zone d'intérêt, histoire de revenir au sujet principal :D Il m'avait même jamais paru aussi limpide, sincère et passionnant depuis son podcast sur La montagne, de Thomas Salvador ou son interview à propos de Désordres, de Cyril Schaublin.

Bref on sera pas d'accord. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des podcasts ciné qui me passionne autant que les siens. "Sortie de secours", parfois, mais ça manque un peu de fond et de temps.
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JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46
Absolument pas d'accord :D

Bon déjà de mon côté je trouve Bégaudeau plus intéressant depuis qu'il n'est plus aux Cahiers. Enfin façon de parler car ça fait longtemps.
Il me semble qu'à l'époque, justement, il défendait une ligne éditoriale mais pas vraiment ce qui le passionnait, lui.
Il a toujours aimé le cinéma d'Haneke, donc la cassure s'est sans doute joué là-dessus.
Oui on peut considérer que les Lanthimos ou Ostlund en sont ses héritiers, donc rien d'étonnant à ce qu'il les défende.

Ceci étant dit, il ne défend pas du tout Pauvres créatures. Il défend le film de Lanthimos qu'il y a dedans, mais il voit surtout le film produit et joué par Emma Stone, donc pour reprendre ses mots, c'est clairement pour lui le plus mauvais film du grec. Je pense tout l'inverse, car je ne supporte pas Lanthimos habituellement, donc pauvres créatures m'intéresse en tant que film hybride. Comme ça peut être le cas chez d'autres cinéastes en forme hybride dès qu'ils font tourner des stars : Von Trier, avec Nymphomaniac par exemple (auquel j'ai beaucoup pensé devant le dernier Lanthimos).

Concernant le fait que Begaudeau serait plus intéressant lorsqu'il défonce des films, pas d'accord non plus. Je le trouve même assez besogneux et ennuyeux quand il évoque des films qui en théorie ne sont pas pour lui. Catastrophique sur Avatar et The Fabelmans par exemple. Plus intéressant quand il égratigne des classiques américains style Shining (évidemment car il n'aime pas Kubrick) ou Heat, sans doute car il a le recul, c'est plus simple.

Moi là où je le trouve le plus fort c'est quand il parle de films très tranchés, politiquement et formellement. Quand il s'attaque à Sophie Letourneur, Albert Serra ou Apichatpong Weerasethakul. Là il excelle , je trouve.
Après, j'ai toujours du mal à piger pourquoi il défend ces merdres de Délépine & Kervern, enfin c'est pas très grave.

Et sinon je trouve pas du tout qu'il rame sur La zone d'intérêt, histoire de revenir au sujet principal :D Il m'avait même jamais paru aussi limpide, sincère et passionnant depuis son podcast sur La montagne, de Thomas Salvador ou son interview à propos de Désordres, de Cyril Schaublin.

Bref on sera pas d'accord. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des podcasts ciné qui me passionne autant que les siens. "Sortie de secours", parfois, mais ça manque un peu de fond et de temps.


:jap: :jap: :jap:

Je voulais répondre à leur échange, mais tu viens de le faire avec brio, je souscris à tout ce que tu dis.
Juste, je n'aime pas la zone d'intérêt. Mais qu'importe, j'ai trouvé l'avis de Bégaudeau très intéressant à écouter.

De base, j'ai toujours préféré lire ou écouter les avis positifs. Evidemment, la critique négative a un rôle essentiel, mais j'adore bien plus quand quelqu'un de passionné parle de ce qui le passionne. Bégaudeau ne fait pas figure d'exception. Même : encore moins ! Vu que la seule chose que j'ai à reprocher à cet homme brillant est son côté prétentieux et suffisant, ça se voit beaucoup plus quand il fait preuve de mépris. Après, bien sûr, il y a des exceptions. On a tous cité son podcast sur Shining, qui est super intéressant, je suis d'accord (alors que c'est un de mes films préférés). Je compte aussi aller écouter son intervention sur Toledano & Nakache qui a été posté. Je les déteste, je me doute de ce qu'il va en dire, et je me délecte d'avance. Mais par exemple, j'ai déjà écouté son excellente intervention dans la même émission sur Desplechin, dont il ne tarie pas d'éloges, et je sais d'avance que je le préfère sur ce genre de sujet !
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JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46
Bref on sera pas d'accord. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des podcasts ciné qui me passionne autant que les siens. "Sortie de secours", parfois, mais ça manque un peu de fond et de temps.
Celui de Burdeau est vraiment d'un autre standing :jap: : bien plus posé, bien plus travaillé par le doute cinéphilique, bien bien moins suffisant (de toute façon, il me tarde son nouveau livre sur Daney : ça va être quelque chose)
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 12:30
JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46
Absolument pas d'accord :D

Bon déjà de mon côté je trouve Bégaudeau plus intéressant depuis qu'il n'est plus aux Cahiers. Enfin façon de parler car ça fait longtemps.
Il me semble qu'à l'époque, justement, il défendait une ligne éditoriale mais pas vraiment ce qui le passionnait, lui.
Il a toujours aimé le cinéma d'Haneke, donc la cassure s'est sans doute joué là-dessus.
Oui on peut considérer que les Lanthimos ou Ostlund en sont ses héritiers, donc rien d'étonnant à ce qu'il les défende.

Ceci étant dit, il ne défend pas du tout Pauvres créatures. Il défend le film de Lanthimos qu'il y a dedans, mais il voit surtout le film produit et joué par Emma Stone, donc pour reprendre ses mots, c'est clairement pour lui le plus mauvais film du grec. Je pense tout l'inverse, car je ne supporte pas Lanthimos habituellement, donc pauvres créatures m'intéresse en tant que film hybride. Comme ça peut être le cas chez d'autres cinéastes en forme hybride dès qu'ils font tourner des stars : Von Trier, avec Nymphomaniac par exemple (auquel j'ai beaucoup pensé devant le dernier Lanthimos).

Concernant le fait que Begaudeau serait plus intéressant lorsqu'il défonce des films, pas d'accord non plus. Je le trouve même assez besogneux et ennuyeux quand il évoque des films qui en théorie ne sont pas pour lui. Catastrophique sur Avatar et The Fabelmans par exemple. Plus intéressant quand il égratigne des classiques américains style Shining (évidemment car il n'aime pas Kubrick) ou Heat, sans doute car il a le recul, c'est plus simple.

Moi là où je le trouve le plus fort c'est quand il parle de films très tranchés, politiquement et formellement. Quand il s'attaque à Sophie Letourneur, Albert Serra ou Apichatpong Weerasethakul. Là il excelle , je trouve.
Après, j'ai toujours du mal à piger pourquoi il défend ces merdres de Délépine & Kervern, enfin c'est pas très grave.

Et sinon je trouve pas du tout qu'il rame sur La zone d'intérêt, histoire de revenir au sujet principal :D Il m'avait même jamais paru aussi limpide, sincère et passionnant depuis son podcast sur La montagne, de Thomas Salvador ou son interview à propos de Désordres, de Cyril Schaublin.

Bref on sera pas d'accord. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des podcasts ciné qui me passionne autant que les siens. "Sortie de secours", parfois, mais ça manque un peu de fond et de temps.


:jap: :jap: :jap:

Je voulais répondre à leur échange, mais tu viens de le faire avec brio, je souscris à tout ce que tu dis.
Juste, je n'aime pas la zone d'intérêt. Mais qu'importe, j'ai trouvé l'avis de Bégaudeau très intéressant à écouter.

De base, j'ai toujours préféré lire ou écouter les avis positifs. Evidemment, la critique négative a un rôle essentiel, mais j'adore bien plus quand quelqu'un de passionné parle de ce qui le passionne. Bégaudeau ne fait pas figure d'exception. Même : encore moins ! Vu que la seule chose que j'ai à reprocher à cet homme brillant est son côté prétentieux et suffisant, ça se voit beaucoup plus quand il fait preuve de mépris. Après, bien sûr, il y a des exceptions. On a tous cité son podcast sur Shining, qui est super intéressant, je suis d'accord (alors que c'est un de mes films préférés). Je compte aussi aller écouter son intervention sur Toledano & Nakache qui a été posté. Je les déteste, je me doute de ce qu'il va en dire, et je me délecte d'avance. Mais par exemple, j'ai déjà écouté son excellente intervention dans la même émission sur Desplechin, dont il ne tarie pas d'éloges, et je sais d'avance que je le préfère sur ce genre de sujet !
:jap:

Je suis d'accord sur la dimension prétentieuse qui peut investir son argumentaire sitôt qu'il est à charge.
Il est tellement brillant que souvent ça passe, évidemment, mais je le trouve toujours plus fort quand il se pose en défenseur.
Évidemment d'accord sur son podcast Shining, qui est un de mes films préférés aussi, comme quoi, c'est pas antinomique.
Pas écouté celui sur Toledano & Nakache, mais déjà son avis sur la série En thérapie était passionnant : J'avais eu la sensation qu'il avait mis les mots adéquats sur ce que j'avais ressenti devant.
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JanosValuska
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sokol a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 14:03
JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46
Bref on sera pas d'accord. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des podcasts ciné qui me passionne autant que les siens. "Sortie de secours", parfois, mais ça manque un peu de fond et de temps.
Celui de Burdeau est vraiment d'un autre standing :jap: : bien plus posé, bien plus travaillé par le doute cinéphilique, bien bien moins suffisant (de toute façon, il me tarde son nouveau livre sur Daney : ça va être quelque chose)
Je n'ai écouté que celui-ci, sur tes conseils.
J'essaierai de rattraper les précédents, à l'occasion.
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 12:30
De base, j'ai toujours préféré lire ou écouter les avis positifs.
Je passe mon temps à dire : les films sont fait pour être aimé ! Mais à mon opinion, comme c'est quelqu'un de 'nerveux', ça lui va plus quand il casse les films donc qand il parle des films

Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 12:30
Vu que la seule chose que j'ai à reprocher à cet homme brillant est son côté prétentieux et suffisant, ça se voit beaucoup plus quand il fait preuve de mépris.
je suis intimement convaincu que cela vient du fait que ça le fait chier de faire son podcast (et pas seulement) gratuitement. mais bon, si cela l’emmerde, qu'il arrête (tout en sachant que cela lui fait de la pub)
Modifié en dernier par sokol le jeu. 22 févr. 2024 15:23, modifié 1 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 14:59
Je n'ai écouté que celui-ci, sur tes conseils.
J'essaierai de rattraper les précédents, à l'occasion.
la deuxième partie est posté hier ;)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 15:11

je suis intimement convaincu que cela vient du fait que ça le fait chier de faire son podcast (et pas seulement) gratuitement. mais bon, si cela l’emmerde, qu'il arrête (tout en sachant que cela lui fait de la pub)

Alors là, je pense que tu as tort !
Bien sûr, ce n'est qu'une conviction, là aussi. Mais vu qu'il n'hésite jamais à accepter de participer à plein de podcasts, parfois très amateurs, sur le cinéma ou la politique, l'argent n'est pas sa motivation première. D'un côté, ça montre une ouverture d'esprit et une envie de discuter avec pleins de gens différents, de l'autre c'est probablement lié au fait qu'il adore qu'on l'adore, et faire ce genre d'exercice gonfle l'égo.
Donc je suis à peu près certain que ce podcast est, au contraire, un terrain de kiff énorme pour lui ! :D
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Tyra
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JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46

Concernant le fait que Begaudeau serait plus intéressant lorsqu'il défonce des films, pas d'accord non plus. Je le trouve même assez besogneux et ennuyeux quand il évoque des films qui en théorie ne sont pas pour lui. Catastrophique sur Avatar et The Fabelmans par exemple. Plus intéressant quand il égratigne des classiques américains style Shining (évidemment car il n'aime pas Kubrick) ou Heat, sans doute car il a le recul, c'est plus simple.
Bon Dieu mais c'est l'inverse ! :D

De toute façon concernant Kubrick, Bégaudeau est tout simplement dépassé par plus matérialiste que lui, ce qui le laisse sur le carreau. Ce qui me permet d'apporter un peu de mon grain de sel au débat : si Bégaudeau aime Haneke, Oslundt, ou Lanthimos, c'est parce que ces derniers sont, contrairement à Kubrick, des moralistes, qui demandent constamment au spectateur de se positionner sur les situations qu'ils voient, de se projeter (que ferais je à la place de ce type ?), qui jouent sur leur inconfort, leur mauvaise conscience. Considérations qui n'existent pas il me semble chez Kubrick, chez qui le libre arbitre et donc la morale n'existent pas. D'où le fait que FB se trouve démuni devant Kubrick qu'il trouve pontifiant (et en choisissant de parler de Shinning, il choisit sciemment le film le plus caricaturable) , alors qu'il s'agit d'un cinéaste profondément humain.

Mais je prends beaucoup de plaisir à écouter les podcast de Bégaudeau, parce qu'il fait penser. Avec ou contre lui, finalement c'est secondaire.
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Tyra a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 21:18
JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46

Concernant le fait que Begaudeau serait plus intéressant lorsqu'il défonce des films, pas d'accord non plus. Je le trouve même assez besogneux et ennuyeux quand il évoque des films qui en théorie ne sont pas pour lui. Catastrophique sur Avatar et The Fabelmans par exemple. Plus intéressant quand il égratigne des classiques américains style Shining (évidemment car il n'aime pas Kubrick) ou Heat, sans doute car il a le recul, c'est plus simple.
Bon Dieu mais c'est l'inverse ! :D

De toute façon concernant Kubrick, Bégaudeau est tout simplement dépassé par plus matérialiste que lui, ce qui le laisse sur le carreau. Ce qui me permet d'apporter un peu de mon grain de sel au débat : si Bégaudeau aime Haneke, Oslundt, ou Lanthimos, c'est parce que ces derniers sont, contrairement à Kubrick, des moralistes, qui demandent constamment au spectateur de se positionner sur les situations qu'ils voient, de se projeter (que ferais je à la place de ce type ?), qui jouent sur leur inconfort, leur mauvaise conscience. Considérations qui n'existent pas il me semble chez Kubrick, chez qui le libre arbitre et donc la morale n'existent pas. D'où le fait que FB se trouve démuni devant Kubrick qu'il trouve pontifiant (et en choisissant de parler de Shinning, il choisit sciemment le film le plus caricaturable) , alors qu'il s'agit d'un cinéaste profondément humain.

Mais je prends beaucoup de plaisir à écouter les podcast de Bégaudeau, parce qu'il fait penser. Avec ou contre lui, finalement c'est secondaire.
Pas faux (sur Kubrick) :D Je serais curieux de l'entendre longuement sur un autre que Shining, tiens.
En tout cas, on sera au moins d'accord sur ta dernière phrase.
Pareil, il peut m'agacer aussi ici ou là. Mais qu'importe, il fait penser, oui, c'est l'essentiel.
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cyborg
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Le lointain souvenir, il y a près de 10 ans, d'Under The Skin, baudruche branchée, me faisait aller voir La Zone d'Intérêt en trainant des pieds... Hélas.

Ce n'est une surprise pour personne, La Zone d'Intérêt se construit sur la base conceptuelle d'un hors-champs gigantesque.

En réaction à ce qui ne peut être montré (les camps et donc la Shoah par l'angle de la fiction, dans un respect de l'esprit Lanzmannien), Glazer invente un système de mise en scène globalisant et unifiant. Accolée à un camp de la mort, une maison est ainsi truffée de caméras et micros tous dissimulés dans le décor, les acteurs ne connaissant pas nécessairement (soit disant) les moments ou angles de leurs performances qui seront utilisés par le réalisateur. Bien que discrète, cette approche "real-TV" est néanmoins sensible, tout particulièrement au niveau des raccords espaces/mouvements, dont les enchainements d'une précision et fluidité extrême sont inimaginable dans une mise en scène traditionnelle.

La réponse de Glazer à ce qui "ne peut être représenté" est ainsi la conception d'un système de captation totale, pour ne pas dire autoritaire, qui ne laisserait aucune place au non-vu, au non perçu. L'idée est donc : si l'on ne peut montrer directement "le mal", peut-être pourrons nous le comprendre d'avantage en traquant au plus proche, tel des animaux en cage, les moindres faits et gestes de ceux en étant à l'origine.

Le concept du réalisateur n'est cependant pas tenu tout au long de son film, tout comme son "hors-champ" n'est que partiel. Ainsi les camps apparaissent en "creux" (le son), en "détails" (bouts de bâtiment, fumée etc), en "porosités" (la déportée violée, les ossements dans la rivière, l'engrais-cendre...), tandis que certaines scènes rompent totalement avec son dispositif, tel les multiples travelling latéraux très travaillés où lors de la dernière partie du film durant laquelle Hoss part de chez lui et côtoie les dignitaires nazis et les rouages administratifs du 3ème Reich.

La question qui ressort donc du film, et qui en réalité taraude tout film basé sur un concept, est : Glazer aurait-il du en rester strictement à son protocole de départ, ou a-t-il bien fait de le rompre ?

Mon angle de réponse à cette interrogation ne se base pas sur une question de mise en scène, mais sur une question scénaristique : suivre Hoss dans les "bureaux nazis" était-il un choix judicieux ? A mon sens : non. En effet Hoss est le seul personnage principal qui ne vit pas totalement dans le hors-champs de la maisonnée mais sait absolument ce qu'il se passe à l'intérieur du camp, en étant même "l'architecte". Le choix de le suivre dans "les bureaux", me semble ainsi particulièrement étrange et ouvrant sur un hors-champs d'une dimension nouvelle et fort peu à propos avec celui sur lequel se base l’œuvre. En effet en déplaçant Hoss vers les décisions administratives, celui-ci ne se retrouve soudainement plus que comme un pion à l'intérieur d'un système immense et qui "le dépasse". Oui, Glazer nous montre que Hoss est peut-être encore plus fou que nous ne l'imaginions (il se sert d'un diner de gala pour imaginer comment gazer encore plus efficacement, tandis que même ses collègues semblent le craindre) mais en avions nous véritablement besoin ? En exagérant, nous pourrions PRESQUE dire qu'en procédant à cet élargissement dévoilant la mécanique administrative nazi, Hoss se retrouve dédouané de ses agissements à une échelle individuelle, montré désormais comme simple partie d'un tout immense. C'est la question du mal "étatique" contre le mal "individuel" qui apparait ici, faisant considérablement dévier les prémisses du film.

A l'inverse, ce qui constituait le socle du film, autour des questions du non-vu, du déni, de scotomisations névrotiques, de rapports psychosomatiques, d'égoïsme petit bourgeois etc etc et qui auraient pu prendre une ampleur folle en restant à l'intérieur de la maison au plus proche de ses habitants (la mère étant, à mon sens, largement sous exploitée) finit mollement laissé sur le bord du chemin. A cette faiblesse de choix et ce positionnement approximatif, Glazer semblent répondre avec une foule d'effets lourdingues, tant sonores que visuels (les 3 écrans monochromes rouge, noir, blanc, les scènes de rêves etc...) cherchant à nous confirmer le sérieux arty de son projet.

Une seule scène me semble au final véritablement notable - et bouleversante - à l'intérieur de la maison familial des Hoss, autour d'un personnage lui aussi sous-exploité, la grand mère/mère de Mme Hoss, seul personnage du film faisant preuve d'une évolution morale. Tout l'enjeu de La Zone d'Intéret tient ici en quelques plans : sa réalisation de l'horreur du camps par les flammes en émanant (que nous spectateur ne voyons qu'indirectement par leur reflet sur une vitre se superposant à son visage) puis sa désertion du "paradis" familial et sa lettre laissée à sa fille. Lettre dont sa fille s'empresse de se débarrasser en la jetant dans... le poêle de la maison avant de se venger en menaçant de mort sa bonne. Enchainement d'actions d'une violence absolue, génie de concision d'effets, d'actions-réactions, d'échelles, toute la problématique du film me semble pouvoir tenir en ces quelques instants de cinéma. Car, oui, La Zone d’Intérêt, n'en aurait peut-être été que meilleure ramassée sur une trentaine de minutes.

Enfin, dernier point d'importance et dernier point du film également : le soudain passage au présent, sur un mode documentaire, dans le mémorial d'Auschwitz. Glazer ne nous montre cependant pas n'importe quels endroits du mémorial mais bien les vitrines derrière lesquels sont disposés les vêtements des condamnés, et plus précisément encore les vitrines en train d'être consciencieusement astiquées par des hommes et femmes de ménage.

Il n'est pas anodin que le réalisateur se concentre sur l'objet même des vitrines qui sont des outils de vision, des modes de présentations normalisés, des modes de préservations et de constructions de l'Histoire. Ce ne sont pas des vêtements des déportés dont on prend soin à l'image, mais bien leur contexte et les vitres permettant leurs présentations. Nous retrouvons donc ici une problématique de "point de vue" et de "mise en scène" qui constituait le départ du film même, rejoué dans une dimension nouvelle.

Je crains néanmoins que m'avancer sur ce terrain ne serait que trop flatter le fantoche Glazer qui n'a peut-être voulu par ce choix de "saut temporel" qu'asséner un grand coup supplémentaire au double discours que porte son film : le drame qui se joue dans La Zone d'Intérêt n'est autre que celui que nous vivons de façon contemporaine. Car oui, notre société, elle aussi, vit dans le dénis de son propre hors champs, dans un monde atomisé, sur une planète remplie d'usines dissimulées de l'autre côté du globe, détruisant à vitesse grand V son environnement (les scènes de la rivière et du terreau-cendre, venant témoigner de la dimension "écologique" porté par le film). Si le film respecte à tout prix la "non-fictionnalisation" de l'horreur nazi, il fini néanmoins par poser une autre question, d'un type nouveau : pouvons nous convoquer l'atrocité de l'imaginaire de la Shoah pour condamner des problèmes contemporains en tout points différents ? Voilà une question à laquelle j'aurais bien voulu voir répondre Lanzmann...
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 18:41
de l'autre c'est probablement lié au fait qu'il adore qu'on l'adore, et faire ce genre d'exercice gonfle l'égo.
Oui, mais c’est dans ce sens que je le disais : ça le gonfle qu’il fasse ça gratuitement pour des gens ‘qui ne le méritent pas’
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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