Le Centre de Visionnage : Films et débats

Discutez de vos récentes expériences cinématographiques et complétez vos Tops annuels !
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

groil_groil a écrit :
dim. 9 mai 2021 16:31
Image

En fait je me rends compte que plus que Welles c'est Shakespeare qui me fait chier. Je trouve ça insupportable. Mais le Macbeth de Welles n'est pas si mal, il simplifie admirablement le scénario pour en proposer une version assez limpide, et l'image est belle, il y a des moments très beaux, habités, comme les scènes avec les harpies. Je crois que c'est la première fois que je m'intéresse un minimum l'histoire de Macbeth d'ailleurs, même si je me suis globalement fait chier et que c'est loin d'être le versant de l'oeuvre de Welles
Son Othello est encore mieux que celui-ci je trouve. Un superbe exercice de style expressionniste.
Avatar du membre
B-Lyndon
Messages : 615
Enregistré le : sam. 10 oct. 2020 09:31

Shakespeare te fait chier ???
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@groil_groil : je hais Vérités et mensonges ! c'est fou l'adoration qui entoure ce film
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

B-Lyndon a écrit :
dim. 9 mai 2021 19:37
Shakespeare te fait chier ???
oui, depuis toujours, et je l'ai lu hein ! :D
I like your hair.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

asketoner a écrit :
dim. 9 mai 2021 19:48
@groil_groil : je hais Vérités et mensonges ! c'est fou l'adoration qui entoure ce film
Dans mes bras ! :D
mais tu lui as quand même mis 5 sur SC, c'est beaucoup trop hein :D
I like your hair.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Kahled a écrit :
dim. 9 mai 2021 18:23
groil_groil a écrit :
dim. 9 mai 2021 16:31
Image

En fait je me rends compte que plus que Welles c'est Shakespeare qui me fait chier. Je trouve ça insupportable. Mais le Macbeth de Welles n'est pas si mal, il simplifie admirablement le scénario pour en proposer une version assez limpide, et l'image est belle, il y a des moments très beaux, habités, comme les scènes avec les harpies. Je crois que c'est la première fois que je m'intéresse un minimum l'histoire de Macbeth d'ailleurs, même si je me suis globalement fait chier et que c'est loin d'être le versant de l'oeuvre de Welles
Son Othello est encore mieux que celui-ci je trouve. Un superbe exercice de style expressionniste.
je l'ai vu et je m'y étais grave emmerdé. Ceci dit, il est superbe visuellement en effet. je lui redonnerai sa chance
I like your hair.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

groil_groil a écrit :
lun. 10 mai 2021 09:36
asketoner a écrit :
dim. 9 mai 2021 19:48
@groil_groil : je hais Vérités et mensonges ! c'est fou l'adoration qui entoure ce film
Dans mes bras ! :D
mais tu lui as quand même mis 5 sur SC, c'est beaucoup trop hein :D
:lol: :lol: j'ai aussitôt regardé (5 sur SC, 4 sur RYM) et je me suis dit il faut que je le baisse ! :D
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

asketoner a écrit :
lun. 10 mai 2021 09:51
groil_groil a écrit :
lun. 10 mai 2021 09:36
asketoner a écrit :
dim. 9 mai 2021 19:48
@groil_groil : je hais Vérités et mensonges ! c'est fou l'adoration qui entoure ce film
Dans mes bras ! :D
mais tu lui as quand même mis 5 sur SC, c'est beaucoup trop hein :D
:lol: :lol: j'ai aussitôt regardé (5 sur SC, 4 sur RYM) et je me suis dit il faut que je le baisse ! :D
mais oui enfin !
I like your hair.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Revu avec un plaisir énorme cette merveille absolue de péplum, l'un des chefs-d'oeuvre du genre haut la main.
Sujet formidable (l'arrivée du christianisme dans Rome, 30 ans après la mort du Christ), scénario ultra limpide et toujours fluide dans sa narration, scènes d'anthologie (Rome incendiée par Néron), personnages magnifiques (le héros Chef d'armée Romain et sa longue conversion au catholicisme, le cruel Néron magnifiquement interprété par Peter Ustinov qui est fabuleux de folie...), une débauche hallucinante de reconstitutions avec des milliers de figurants et des décors totalement inimaginables aujoud'hui, et une mise en scène géniale et tenue de bout en bout par Mervin LeRoy qui prouve une fois de plus et quel que soit le genre qu'il fut l'un des grands d'Hollywood, et on ne le dit pas assez.
I like your hair.
Avatar du membre
cyborg
Messages : 285
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

@asketoner : vas tu écrire un mot sur Merry-Go-Round ? L'ayant vu récemment je serais curieux de te lire ;)
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

cyborg a écrit :
lun. 10 mai 2021 16:17
@asketoner : vas tu écrire un mot sur Merry-Go-Round ? L'ayant vu récemment je serais curieux de te lire ;)
@cyborg : Je n'ai pas grand chose à en dire, je le voyais pour revoir Hermine surtout, alors bien sûr ça m'a plu. Je ne comprends pas exactement son rôle, mais j'aime le fait qu'elle apparaisse, parfois au milieu d'une conversation entre Schneider et Dallessandro, sans raison, pure interruption...
Je crois que c'est un film sur le retour du refoulé : deux soeurs vivant libres depuis la disparition de leur père, mais le père reparaît et tout se casse la gueule. Il suffit de dire "père" pour que toute la liberté acquise s'effondre.
Et je trouve que Rivette sait vraiment filmer un lieu. La lumière est très belle, les couleurs sont splendides, chaque maison a une âme, rien n'est cohérent géographiquement et pourtant l'ensemble forme un monde.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Et ce que j'aime aussi, c'est qu'entre le beau jeune homme et la belle jeune femme, Rivette ne filme pas l'ambiguïté. L'enquête vaut pour toute sexualité. La soeur de Schneider permet de détourner l'attente du spectateur habitué à ce que les gens qui courent dans la même direction se tiennent la main à un moment ou un autre. C'est très fort, je crois, comme geste, de ne jamais les faire s'embrasser (alors que tout est là pour ça).
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Sous l'impulsion de son nouveau petit ami - qui devient son maquereau - une jeune femme devient prostituée, et va vivre un enfer dont elle peine à s'extirper. J'avais vu ce film ado, à la télé, avec mes parents, et c'est dingue de se dire qu'un film pareil passait en prime time sur une chaine nationale et que c'était de fait un programme familial. Car le film est atrocement dur, et noir, sans espoir. C'est un très beau film, qui évoque parfois le Belle de Jour de Buñuel, mais dans une plongée plus réaliste et plus sordide du milieu de la prostitution parisien. Miou-Miou est magnifique, et donne beaucoup d'elle-même, ça ne doit pas être une partie de plaisir de tourner ça. C'est inspiré du récit réel d'une fille qui a vécu ça, qui en a tiré un livre, adapté ici, et dont elle coécrit le scénario avec Duval. Le fait que ce soit un récit réel justifiant qu'on fasse un film pareil, on pourrait y voir sinon une sorte de complaisance malsaine, qui vole en éclat avec la véracité du propos. Duval qui se donne le rôle du petit ami-maquereau dans le film, ça en dit long sur ce qu'il pense du métier de cinéaste.Très beau film, mais vraiment pas facile à supporter tant l'ensemble est désespéré. Très belle réédition bluray de Tamasa. Et pour la petite anecdote, le film est coproduit par Aldo Lado.
I like your hair.
Avatar du membre
teklow13
Messages : 1404
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 19:14

:hello:

coucou les ptits loups, bon je n'écris plus depuis 1856 mais je vais tenter de m'y remettre un peu plus souvent, même si je n'ai plus l'inspiration d'avant

Vu 2 merveilles ces derniers jours :

Image

On est dans un petit village du Périgord. Paul célibataire endurci est employé municipal et passionné de chasse à la palombe. Il passe la plupart de son temps en haut de la palombière qu’il a construit au milieu de la forêt. Davantage à observer le vol des oiseaux plutôt que les chasser.
Claire est la nouvelle institutrice du village, elle vient d’arriver. Paul va en tomber amoureux.
C’est le premier film que je vois de Jean-Pierre Denis est c’est une vraie belle découverte. Ce film est un petit bijou.
Ce qui est très beau, c’est que le cinéaste perce son cadre un peu rêche de percées romantiques. Mais qui ne sont jamais des élans lyriques, plutôt de petites touches, des regards et surtout une libération succincte et ponctuelle de la parole, de sentiments à peine dévoilés, avec pudeur, qui deviennent alors proprement bouleversants.
Le cadre est formidablement exposé, en peu de scènes on comprend tout de ce lieu, de ce village. Tout existe, les personnages annexes (le père de Jean, sa sœur qui va se marier, le amis de Paul,…), les décors, les évènements (un bar, une fête de village,…). Il y a une approche documentaire que l’on peut retrouver chez Olmi.
Et au milieu de ce cadre il y a Paul et Claire.
Tout est doux dans ce film, la mise en scène de Denis est caressante, bienveillante malgré toute la sècheresse que l’on ressent au premier abord, il aime et suit tous ses personnages jusqu’au bout.
Et puis il y a une idée formidable. Paul s’occupe donc d’une palombière, il élève des palombes qui vont servir de leurre pour attirer les palombes sauvages. Celle-ci, l’appât, a la patte attachée à un fil. Paul est cette palombe attachée, il est fixé au sol, ancré dans ce terroir. Il est né ici et ne pourra jamais en partir, comme son père, comme ses amis, sa vie est ici. Claire est une palombe sauvage. Elle n’est pas ancrée au sol, elle vole, elle est libre. Elle traverse le cadre. Ponctuellement elle va être attirée par la palombe au sol, mais elle repartira vers d’autres cieux. Elle est de passage.
Tout repose sur cette idée magnifique et mélancolique. Paul observe les palombes en plein ciel dessinant des nuages gracieux.

Image

Une nuit, au Liban, le docteur Walter est réveillé dans sa résidence de Tripoli pour qu’il examine une femme souffrante, madame Bortak. Sans l’ausculter, il la dirige vers l’hôpital et apprend le lendemain qu’elle est décédée.
Œil pour œil est un film qui semble à part dans la filmographie d’André Cayatte.
Il aborde toujours la psychologie de l’homme, sa culpabilité, ses remords, mais il filme ça un peu autrement. Il y a toujours l’institution (ici la médecine) qui est mise en avant et qui est interrogée, mais surtout il y a l’homme et ses faiblesses.
Cayatte filme un peu différemment et Cayatte filme ailleurs, au Liban (surtout à Almeria en Espagne où seront tournés plus tard la plupart des westerns italiens), au milieu de villages perdus au bout du monde et des étendues désertiques.

C’est un film très en avance œil pour œil, il anticipe ce que sera le cinéma d’Antonioni, digère celui d’Hitchcock, et lorsque l’on voit le film, qui semble pourtant très méconnu, on est frappé par les similitudes que l’on trouvera plus tard dans plusieurs grands films (Profession : Reporter, Le bon, la brute et le truand, Gerry,…).

Le film est d’une modernité et d’une audace narrative dingues pour l’époque, film tourné en 56.
On suit donc un docteur s’enfoncer peu à peu dans le cadre et se perdre au fin fond du désert libanais.
Le docteur est incarné par l’autrichien Curd Jürgens qui apporte à lui-seul une vraie étrangeté, par sa voix, son corps, sa façon de se mouvoir, se s’exprimer, qui détonnent au sein de l’environnement dans lequel il évolue.
A côté il y a la bonhommie non moins étrange et singulière de Folco Lulli qui l’accompagne une partie du chemin.
Le film démarre comme du Hitchcock pour basculer dans un road movie existentiel à travers des paysages arides admirablement filmés. On sent la chaleur, la soif, la sueur, la poussière.

En plein milieu il y a une scène géniale, les deux hommes qui se suivent, pour une raison que je ne dévoile pas, ont quitté à pied un village perdu pour tenter de rejoindre la ville la plus proche.
Ils prennent alors un raccourci pour rejoindre l’immense désert, un téléphérique rustique qui permet de relier 2 montagnes.
Cette traversée est le point de bascule narratif. Les deux hommes passent littéralement de l’autre côté, dans un autre espace-temps cauchemardesque, un lieu d’outre-tombe.
Ce qui est fou, c’est que la scène a été reproduit quasiment à l’identique dans le dernier film de Big Gan, Un grand voyage vers la nuit.
Œil pour œil c’est également un grand voyage vers la nuit, le long voyage d’un homme vers la mort, seul face à lui-même.

Inutile d’y aller par quatre chemins, c’est ma plus belle découverte cinématographique de ces derniers mois, c’est absolument génial.
Merci Groil pour la découverte :love2:
Modifié en dernier par teklow13 le mar. 11 mai 2021 16:16, modifié 1 fois.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

@teklow13

Merci pour ces deux beaux textes.
Super content de te voir écrire de nouveau.

Et que dire, si ce n'est mon émotion, sur tes mots concernant le chef-d'oeuvre de Cayatte. Film immense, cher à mon coeur, et que personne ne connait. et avec lequel je te bassine depuis des lustres c'est vrai :D
I like your hair.
Avatar du membre
teklow13
Messages : 1404
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 19:14

groil_groil a écrit :
mar. 11 mai 2021 16:14
@teklow13

Merci pour ces deux beaux textes.
Super content de te voir écrire de nouveau.

Et que dire, si ce n'est mon émotion, sur tes mots concernant le chef-d'oeuvre de Cayatte. Film immense, cher à mon coeur, et que personne ne connait. et avec lequel je te bassine depuis des lustres c'est vrai :D
merci de m'avoir bassiné avec Cayatte, je me régale en ce moment :love2: :love2: :love2:
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

teklow13 a écrit :
mar. 11 mai 2021 16:15
groil_groil a écrit :
mar. 11 mai 2021 16:14
@teklow13

Merci pour ces deux beaux textes.
Super content de te voir écrire de nouveau.

Et que dire, si ce n'est mon émotion, sur tes mots concernant le chef-d'oeuvre de Cayatte. Film immense, cher à mon coeur, et que personne ne connait. et avec lequel je te bassine depuis des lustres c'est vrai :D
merci de m'avoir bassiné avec Cayatte, je me régale en ce moment :love2: :love2: :love2:
:love2: :love2: :love2: :love2: :love2:
I like your hair.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@teklow13 : je suis trop content que tu te remettes à écrire ici !


Pour ma part, j'ai revu :

Image

In the mood for love, Wong Kar-Waï

Toujours très beau, très simple.
L'intrigue échappe au banal adultère par le fait que les deux protagonistes sont deux cocus qui ne se remettent pas de ne pas être autant aimés qu'ils le pensaient de leurs conjoints respectifs. Et c'est en rejouant l'adultère de leurs conjoints (pour le comprendre, ou l'encaisser) que le leur advient presque par mégarde.

& puis :

Image

Il était un père, Yasujiro Ozu, 1942

La beauté du film tient à ses ellipses incessantes, qui créent une forme de glissement temporel vertigineux et totalement mélancolique. Mais je trouve que le film pâtit aussi de sa vitesse, peinant à donner à ses personnages plus qu'une fonction.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

asketoner a écrit :
mar. 11 mai 2021 20:29

Il était un père, Yasujiro Ozu, 1942

La beauté du film tient à ses ellipses incessantes, qui créent une forme de glissement temporel vertigineux et totalement mélancolique. Mais je trouve que le film pâtit aussi de sa vitesse, peinant à donner à ses personnages plus qu'une fonction.
Ah, tu ne l'avais jamais vu (il était sorti en copie neuve au ciné dans les années 2000).

As tu vu "Le fils unique" (1936), son premier film parlant ? A mon avis, c'est avec lui qu'Ozu commence à devenir ozuien , "Il était un père" étant un aboutissement
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Oui je l'avais vu, le fils unique. J'ai prévu de voir Gosses de Tokyo aussi, que je ne connais pas.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

La Nuit fantastique, Marcel L'Herbier, 1942

Pas très passionnant (un peu charmant quand même), et puis soudain un vieux serveur tout en longueur porte un plateau vers une table où des gens parlent à l'envers... Lynch est venu piocher là de quoi nourrir Twin Peaks.
Avatar du membre
cyborg
Messages : 285
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

@asketoner oui je m'imaginais bien que c'était pour Hermine. Tiens d'ailleurs je l'ai croisé dans un petit rôle, à moitié par hasard, dans un film dont je vais parler plus bas

@teklow13 : cool que tu écrives ici à nouveau !



Ces derniers temps pour ma part :


Image

Le Mystère Kumiko - Chris Marker

Malheureusement encore un film du bas de tableau de Marker. Il est tellement amoureux/fasciné par sa rencontre qu'il en oublie totalement de faire du cinéma, de filmer les jeux olympiques, la société japonaise. Tout devient illustratif et banal, sans grand intérêt.
J'en viens à me demander si Marker n'a tout simplement pas un problème avec la représentation de l'amour à l'écran car c'est aussi le cas dans Level 5 dans lequel les passages avec Catherine Belkhodja sont insupportables. La question se prolonge avec l'amitié puisque Mémoires pour Simone (sur Signoret) et La Solitude du Chanteur de Fond (sur Montand) sont aussi parmi ses films les plus faibles. Si Marker est un cinéaste immense, ce n'est néanmoins ni un cinéaste de l'intime ni un cinéaste des sentiments.

Image


Memory Exercises - Paz Encina

Memory Exercises est presque l'antithèse cinématographique du premier film de Paz Encina, Hamaca Paraguya. Les longs plans fixes d'un vieux couples discutant du retour de leur fils à la guerre ont été remplacés par de longs plans mobiles dans la nature ou quelques intérieurs, traversés par quelques enfants jouant ou errant. En off, des témoignages de femmes et d'hommes sur la dictature du Paraguay et les multiples traumatismes vécus durant cette période. Si les deux films sont fondamentalement différents, leurs esprits sont très proches, mêlant souffrance intimes et nationales, territoires et souvenirs. Le résultat est assez beau mais manque peut-être d'un peu de contextualisation pour ceux - comme moi - qui ignorent tout ou presque de la dictature de ce pays. A moins qu'Encina ne vise de la sorte une universalité de son discours sur le barbarisme des dictatures... possiblement.

Image

Das Kino Und der Tot - Harmut Bitomski - 1988

Même format d'exercice que dans les précédents Bitosmki vu : dans une salle remplie d'ouvrages, d'écrans, de photogrammes, le cinéaste disserte sur la représentation de la mort au cinéma. Une variation d'un système bien rodé qui ne se remet aucunement en question.

Image

Mirror of Illusion - Kumar Shahani - 1972

Ma découverte émerveillé du cinéma de Mani Kaul m'a donné envie de voir d'autres oeuvres de ce qu'on nomme le "cinéma parallèle", sorte de nouvelle vague indienne. Et donc fait avec ce "Miror of Illusion", décrivant la vie quotidienne au sein d'une grande maison bourgeoise et la place inconfortable de leur fille coincée entre modernité et tradition. Malheureusement c'est la douche froide, le style semble s'inspirer totalement de la modernité européenne mais pour n'en rien faire de particulier, ressemblant très vite à une copie sans âme.

Image

Mon coeur est rouge - Michèle Rosier - 1977

Un film comme seules la décennie 70 à pu en réaliser. On y suit les errances à travers Paris d'une jeune femme censée mener un travail d'enquête sur l'utilisation du maquillage chez les femmes. Mais très très vite la trame se délite, les scènes de vie s'enchainent sans raisons apparentes et le film se transforme en porte parole féministe, laissant place à une discussion sur la maternité et se conclue sur une grande fête célébrant les artistes femmes et raillant les grands esprits masculins de l'Histoire. Pas spécialement abouti artistiquement ou cinématographiquement, Mon coeur est rouge reste néanmoins une belle curiosité pour saisir l'esprit et les problématique d'une époque. Quand je songe à Le Chaud Lapin de Pascal Thomas vu il y a peu et paru 3 ans plus tôt, la dissension entre les deux faces d'une même époque semble incroyable.

Image

The cinema and the wind and photography - Hartmut Bitomski - 1992

Encore la même variatio, une heure de Bitomski au milieu de ses écrans et de ses images, dans une mise en scène très construite, permettant à l'auteur de disserter cette fois sur la forme documentaire au cinéma. Toujours de bonnes idées et pistes de réflexion, mais une certaine lassitude de par la répéition du procédé pour ma part. Je n'ai toujours pas vu Numéro Deux de Godard, mais cela me semble être la référence essentielle et incontournable de tout ces travaux de Bitomski.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

@cyborg Moi aussi je n'aime pas trop "Le Mystère Kumiko" mais je n'ai jamais vu "Level 5" (même si je vois très bien comment il est fait) : il n'est pas terrible ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
cyborg
Messages : 285
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

@sokol : non, dans mon souvenir Level 5 est bon, ou du moins contient de belles choses (souvenir un peu lointain) mais est plombé par les apparitions récurrentes d'une actrice qui commente les scènes, en roue libre totale. Il s'agit de Catherine Belkhodja et j'avais écris dans mon texte d'alors que la seule explication qui pouvait expliquer ces scènes aussi embarrassante était une liaison... bref, de l'amour quoi. Et j'ai appris tout récemment que Catherine Belkhodja était en effet la dernière compagne de Marker... cqfd.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@cyborg : j'adore Koumiko et j'aime énormément Level Five précisément pour leur manière de traiter de l'amour. (Mais je suis d'accord sur La solitude du chanteur de fond.) Comme quoi...
Avatar du membre
cyborg
Messages : 285
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

@asketoner ha tiens, c'est drôle ça ;)

Si jamais tu veux voir "mon coeur est rouge"/Hermine (mais que quelques minutes) il est en libre accès sur viméo, d'ailleurs ;)

J'ai encore vu un Grémillon hier soir qui m'a épaté (Lumière d'été). J'ai le souvenir que tu en avais vu un ou deux récemment mais je ne retrouve pas tes textes ici que j'aurais voulu relire. C'était encore sur l'ancien forum ?
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Expérience fabuleuse pour un fan de Lynch, et qui plus est pour un fan de Twin Peaks, voir le fan edit, à savoir le film dans lequel ont été rajoutées par un fan habile du montage (on ne se rend absolument pas compte que ce n'est pas officiel, et la copie montée est celle du bluray hd, donc c'est sublime visuellement), toutes les scènes coupées récemment rééxumées et connues sous le nom générique de "The Missing Pieces". C'est à dire qu'en l'état le film dure maintenant 3h30 pleines. Et c'est gigantesque, merveilleux, c'est la version la plus complète et la plus satisfaisante de voir le film de Lynch quand on l'aime. Car je ne conseillerais pas de découvrir le film avec cette version, elle est trop longue, pleine de ramifications, un néophyte pourrait s'y perdre, et la version cinéma est splendide. En revanche, si l'on est fan, c'est indispensable. D'ailleurs, le montage est tellement bien fait que même si on connait bien le film, on s'amuse au début à identifier les plans provenant des Missing Pieces, mais très vite on oublie de le faire, on ne les distingue plus et on se laisse porter par ces 3h30 de cauchemar absolu et merveilleux.

Image

Une variation de la Boum au début des 50's dans un environnement communiste. La chose la plus étonnante étant sans nul doute d'y retrouver Jac Berrocal dans un petit rôle de... trompettiste !

Image

J'ai acheté plusieurs films de la Hammer, par envie de faire un petit cycle pour mieux connaitre la firme. Disons que j'espère que ça va vite s'améliorer.

Image

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu envie de le revoir. J'ai trouvé ça plutôt bien, bien aimé, c'est bien construit, on sent une maitrise du récit et de ses effets. Mais, en revanche, un revisionnage n'apporte strictement rien de plus. Disons que je me souvenais des scènes une fois qu'elles commençaient mais qu'elles s'empilaient jusqu'à la dernière sans jamais m'apporter quelque chose de nouveau. Sinon j'ai été étonné de voir que l'écriture concise et dont les scènes se coupent juste avant le climax, a inspiré l'écriture des séries télé contemporaines. Ce n'est bien sûr pas la seule inspiration, mais les séries télé de ces 10 dernières années sont écrites selon une méthode à l'oeuvre ici et qu'on ne voyait pas beaucoup avant, qui consiste souvent à faire beaucoup d'effets d'annonce.

Image

J'ai mon neveu à la maison et je lui ai proposé de choisir le film. Choix parfait, ça m'a permis d'enfin voir ce grand classique, Palme d'Or à Cannes, 5 millions d'entrées en France à sa sortie (ça semble dingue d'imaginer cela aujourd'hui), superbe mélodrame à la belle mise en scène, que j'ai préféré à celle de Soy Cuba que je trouve trop osentatoire.
I like your hair.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@cyborg : je l'ai aussi, mon nom est rouge, mais merci ! ;)


sinon, pour ma part :

Image

Gosses de Tokyo, Yasujiro Ozu, 1932

J'ai trouvé ça très émouvant. Les enfants occupent ici une place centrale. Ozu les mettra peu à peu de côté au fur et à mesure des films (à part Bonjour, si je me souviens bien, qui les replace au centre), mais ce sera la même enfance exactement, celle qui conteste et aime tout à la fois.

Image

Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l'été, Lina Wertmüller, 1972

Difficilement supportable. Les acteurs crient, le personnage féminin est roué de coups tout au long du film (et présenté vraiment comme la dernière des abruties), le rapport de classe est tellement schématisé qu'il en devient pénible. C'est joli parce que ça se passe au bord de la mer Méditerranée, donc il y a des bleus très intenses, mais bon, ça va...

Image

La Vie d'O'Haru, femme galante, Kenji Mizoguchi, 1952

Je ne l'avais jamais vu, c'est un film très dur, on dirait un peu l'ancêtre des Dardenne, le destin accable le personnage féminin qui pourtant tient bon, affrontant tout ce qui vient. La succession a priori romanesque des époques et des situations crée quelque chose de très cinématographique au contraire, en montrant que quelque soit l'agencement, une femme comme O'Haru ne peut pas se sortir de sa condition, étant donné les structures sociales et morales qui la contiennent. La vision du monde de Mizoguchi est très sombre : c'est celle-ci qui lui permet d'accompagner son personnage principal jusqu'au bout, sans donner l'impression de le sadiser.

Image

Les Indomptables (The Lusty men), Nicholas Ray, 1952

Pur génie. Nicholas Ray est un cinéaste inégal, dont les réussites tiennent à sa fougue évidente. Ici, elle resplendit. Le scénario est pire que grossier, et pourtant, à partir de cette pâte informe, Ray parvient à livrer plusieurs portraits d'une grande complexité. Même les femmes, accablées par le sexisme qui les entoure, ont une existence très intense. Le cinéaste a clairement une idée de ce qu'est la vie, et il essaie de toutes ses forces de la traduire dans cette histoire simplette de triangle amoureux et de rodéo... Le rodéo agit d'ailleurs comme une métaphore de l'existence assez géniale : quelques secousses qui nous brisent, puis plusieurs années pour tenter de comprendre pourquoi on boite. Ray n'en fait pas une critique du spectacle (il n'est pas situationniste), mais bien ce que c'est, un lieu d'exultation à la fois ridicule et touchant, où se rencontrent ceux qui ne veulent pas vivre la vie qu'on a dessinée pour eux, ceux qui essaient de toucher à quelque chose de plus que le commun : il n'y a pas de vanité sans idéal (et vice-versa). Ce film m'a beaucoup ému pour cette raison.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

asketoner a écrit :
lun. 17 mai 2021 21:54


Les Indomptables (The Lusty men), Nicholas Ray, 1952

Pur génie.
Je l'adore celui-ci aussi.

Question un peu anodin : si tu dois choisir entre Ray et Fuller (nés la même année !) , tous les deux un peu inégaux, lequel tu choisirais ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@sokol : Ray sans hésitation ! Je trouve Fuller plus lourd (mais j'ai vu moins de films de lui). Nicholas Ray a une intensité très spéciale, je trouve.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

asketoner a écrit :
mar. 18 mai 2021 16:05
@sokol : Ray sans hésitation ! Je trouve Fuller plus lourd (mais j'ai vu moins de films de lui). Nicholas Ray a une intensité très spéciale, je trouve.
Oui, pareil. Cela dit, Fuller a fait 1 ou 2 films qui me restent pour l’éternité, car soit très personnel (Au delà de la gloire - The red Big One) soit d'anthologie (Le port de la drogue - Pickup on South Street).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
Tyra
Messages : 1362
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 16:59

Du coup j'ai créé le top Nicholas Ray à coté.
Avatar du membre
cyborg
Messages : 285
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

@sokol : je crois que j'ai vu beaucoup moins de Fuller mais je pense que je répondrais Ray sans hésiter. Je ne pourrais pas dire pourquoi mais il me semble plus audacieux. Et même son dernier long "We can't go home again", une expérimentation avec ses étudiants m'a laissé un fort souvenir.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

Hyènes, Djibril Diop Mambéty, 1993

Assez typique du cinéma d'auteur international des années 90, somptueusement produit, plein d'idées, mais un peu lourd aussi. Je crois que le rapport à la pièce de Dürrenmatt est ce qui plombe le film. Touki Bouki, le premier film du cinéaste, est bien plus libre, simple et extravagant que ce grand machin plein de couleurs où le moindre déplacement semble avoir été chorégraphié par Pina Bausch.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

cyborg a écrit :
mer. 19 mai 2021 10:05
Et même son dernier long "We can't go home again", une expérimentation avec ses étudiants m'a laissé un fort souvenir.
Comme quoi : j'ai checké la liste de ses films et je me suis dit, il y a une petite heure, que je n'ai jamais vu celui-ci et que j'aimerais bien le voir un jour
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

asketoner a écrit :
mer. 19 mai 2021 10:57
. Touki Bouki, le premier film du cinéaste, est bien plus libre, simple et extravagant que ce grand machin plein de couleurs où le moindre déplacement semble avoir été chorégraphié par Pina Bausch.
Mince, tu m'as bien refroidi : j'aime beaucoup Touki Bouki et celui-ci je comptais le voir un de ces jours (même si quelque chose me disait que celui-ci est moins bien... ).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@sokol : ah mais c'est drôle, j'étais persuadé que tu l'avais vu et aimé !
pour tout te dire, j'attendais la mention finale : "produit par Paulo Branco".
Avatar du membre
B-Lyndon
Messages : 615
Enregistré le : sam. 10 oct. 2020 09:31

asketoner a écrit :
mer. 19 mai 2021 14:36
@sokol : ah mais c'est drôle, j'étais persuadé que tu l'avais vu et aimé !
pour tout te dire, j'attendais la mention finale : "produit par Paulo Branco".
Tu m'as fait beaucoup rire avec Paulo Branco ! Qu'est-ce que tu lui reproche ? (moi aussi j'ai du mal avec ce qu'il fait mais j'ai jamais eu trop d'arguments pour défendre cette idée, à part qu'on dirait que les grands auteurs européens travaillaient avec lui pour s'euthanasier et que c'est Branco qui tenait l'aiguille pour la dernière piqure)
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

@B-Lyndon : Tu le dis très bien toi-même, c'est l'euthanasie. Il faudrait nuancer, parce que Branco a produit de grands films et sans doute sans lui le cinéma d'auteur européen n'aurait pas connu cet essor étonnant dans les années 90. Et d'ailleurs c'est avec ses films, notamment, que j'ai commencé à m'intéresser au cinéma. Mais il a favorisé, je crois une certaine grandiloquence, et il a imposé une certaine idée de la culture (encore une fois, je me répète souvent ici à ce sujet, mais c'est un peu avec lui que les cinéastes qui n'avaient pas besoin de la littérature se sont mis à devoir adapter Proust ou je ne sais quoi...). C'est un peu l'effet Jack Lang sur le théâtre public : à la fois génial, mais manquant de remise en question, et instituant de ce fait une nouvelle norme, plus riche que la précédente, mais tout aussi pénible.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

Drunk, Thomas Vinterberg, 2020

A l'ennui et la dépression, Vinterberg oppose l'alcool et le cool, sans que jamais la question du sens de la vie ne vienne ébranler les personnages reclus dans les normes qui les façonnent. (La Scandinavie, dans la lignée nord-américaine, a inventé la crise sans la remise en question.)
La dramaturgie globale du film est si précise et calculée qu'elle finit par annuler le sentiment de désinvolture (voire de vacuité) au sein des scènes, toutes expédiées. L'ensemble donne l'impression d'un ramassis d'idées (certaines bonnes, d'autres pourries) que rien ne vient approfondir, jamais.
Sympa, le retour en salles. :D
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Salut les amis !
ça fait longtemps !
je n'arrête pas de courir en ce moment... et je vois moins de films.
voici les derniers en date :

Image

Magnifique et édifiant biopic de l'actrice hollywoodienne Frances Farmer dont le destin et la vie furent broyées à grands coups d'electrochocs et de lobotomie, enfermée dans un hopital psychiatrique parce que son entourage la croyait, à tort, folle. Où comment une vie peut-être anéantie par une simple décision d'autrui totalement arbitraire. Plus le film avance et meilleur il est, la fin étant d'une noirceur insondable. Jessica Lange y est sublime.

Image

Revu ce beau thriller psychologique sur fond de conspiration. Le film est en fait très proche de Polanski, ou du Pendule de Foucault d'Eco, ou la paranoïa et le présuposition du complot deviennent les acteurs principaux.

Image

J'ai beaucoup aimé le dernier Dupieux, c'est l'un de ses meilleurs films et il m'a beaucoup fait penser à Steak, son premier et meilleur film.

Image

Mel Brooks s'amuse à parodier Hitchcock (essentiellement Vertigo et Psycho). Il parait que l'intéressé avait vu et aimé le film. A découvrir aujourd'hui c'est un humour terriblement daté, souvent ringard, parfois consternant, mais toujours terriblement attachant, car on sent que c'est en permanence fait avec sincérité et un côté bon enfant qui fait qu'on pardonne même les trucs les plus nuls.
I like your hair.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

La Femme des sables, Hiroshi Teshigahara, 1964

Heureusement, j'avais oublié que Le Visage d'un autre, qui m'avait bien énervé, était aussi un film de Teshigahara. Et je ne m'en suis pas aperçu : il faut dire que Teshigahara a des manières, mais aucun style. Tant mieux, sinon je n'aurais pas voulu voir cette Femme des Sables, film étonnant pour son récit (tiré d'un roman de Kobo Abe que je ne connais pas, et qui fait penser à la fois à Oh les beaux jours de Beckett et aux Saisons de Maurice Pons) : un homme se promène dans les dunes à la recherche d'un insecte, tombe dans un trou où vit une femme à moitié ensablée, et essaie d'en sortir. Si le film s'enlise progressivement (il manque de personnalité), la première heure, alternant plans d'ensemble et gros plans (littéralité, métaphore et abstraction, avec les insectes et les lignes des dunes, le sable s'effondrant dans les falaises, les grains collés sur les peaux moites, mêlés aux poils et à la chair), pose un cadre solide, fascinant. Et rappelle ainsi que le cinéma est d'abord une affaire de territoire et d'arpentage. En somme, il suffit d'un lieu et de deux êtres humains, et un film prend corps. On ressort du film de Teshigahara en ayant l'impression de mieux savoir ce qu'est une dune, et comment on pourrait y vivre...
(Parfois un seul être humain suffit, mais alors il faut qu'il soit suffisamment double. Ou alors aucun être humain, mais quand même un derrière la caméra, comme James Benning.)

Par ailleurs j'ai vu deux films de Cecilia Mangini, dont la voix-off est écrite par Pasolini.
Un premier sur des pleureuses des Pouilles, très intéressant,
et un deuxième, merveilleux, sur des enfants qui se baignent : dix minutes géniales, où la question du territoire est poussée à l'extrême : voilà tout ce qu'on peut faire quand on a dix ans et qu'il y a une flaque quelque part.
(Les deux sont trouvables en ligne.)

Image

La Canta delle marane, Cecilia Mangini, 1961

Image

Stendali, Cecilia Mangini, 1960
Avatar du membre
Tyra
Messages : 1362
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 16:59

J'avais écrit des textes sur Michel-Ange, Mandibules, et A L'abordage qui se sont perdus par la tentative de connexion. Je suis dégouté. :sweat:

Bref, les trois films sont très très biens.
Avatar du membre
cyborg
Messages : 285
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

Ha tiens, @asketoner : j'ai justement vu 9 courts de Mangini tout récemment, tous super et tous en très bonne qualité. Voix-off de Pasolini et musique de Egisto Macchi s'il vous plait !

Il se trouve que je les ai upé pour une amie, voici un lien pour les récupérer encore quelques jours https://fromsmash.com/5OwIkxBopX-ct

Bon j'ai eu du mal avec les pleureuses mais j'ai adoré les jeux d'enfants dans la mare...
Avatar du membre
Tyra
Messages : 1362
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 16:59

Tyra a écrit :
mar. 25 mai 2021 13:04
J'avais écrit des textes sur Michel-Ange, Mandibules, et A L'abordage qui se sont perdus par la tentative de connexion. Je suis dégouté. :sweat:

Bref, les trois films sont très très biens.
Bon, vite fait :

Image
On pouvait craindre la lourdeur inhérente à ce type de reconstitutions, entre docu-fiction poussif et laideur du numérique. Il n'en est rien, c'est un très beau film.
J'avais oublié que Konchalovsky était coscénariste de Andrei Roublev. C'est en effet un film jumeau, l'histoire encore une fois d'un artiste contraint de transiger (ou pas) avec son temps, ses violences, ses puissants. Puissants qui ici le tiennent sous sa coupe, se disputent son art, jusqu'à le mettre au pied du mur, contraint de s'impliquer malgré lui dans des luttes de pouvoir.
A l'épisode de la cloche succède l'épisode du bloc de marbre monumental à transporter, et le film se termine là encore sur des images des œuvres de l'artiste, peu exposées pendant le reste du film. Mais ici nulle révélation, illumination ou libération, Michel-Ange ne retrouvant le chemin de la création que par la contrainte et la menace, et par la mort terrible de jeunes mariés, sacrifiés par les commanditaires.
Michel-Ange ne se libèrera jamais du dilemme qu'il énonce durant le film : à quoi bon créer le beau et le sublime, pour d'ignobles tyrans qui ne le méritent pas ?


Image
Encore une fois j'aime beaucoup, car dans la meilleure veine de l'auteur, l'ode à l'idiotie, à l'imbécile heureux. Et le tout sans cynisme, avec une vraie sincérité. Dupieux se met toujours au service de ses comédiens, qui ne sont jamais écrasés par les concepts de ses films.

Image
Le meilleur Brac depuis Un Monde sans femme. Ici la recherche du naturalisme, la tentative de saisir quelque chose de la vie, marche véritablement , c'était pas forcément le cas dans ses précédents (ça reste un cinéma fragile, ça passe ou ça casse, entre l'état de grâce et l'insignifiance). Je regrette juste la fin, où il aurait été plus juste de ne pas "consommer" l'attirance entre la mère et Chérif.
Édouard Sulpice, vraie révélation, touchant, très drôle.


Image
Honnête film. Mais terriblement illustratif, chaque scène n'étant là que pour signifier la lente progression de l'emprise du coach. Elles ne dépassent jamais ce qu'elles ont à raconter, et les personnages ne dépassent jamais leur fonction scénaristique (c'est le contraire du Brac en fait).
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

En 1958, dans l'état de Virginie, il est impossible pour un blanc d'épouser une noire, et vice versa. C'est pourtant ce que désirent Richard et Mildred qui vont se marier à Washington, juste à la frontière, où c'est autorisé, la ségrégation raciale ayant été abolie à des époques différentes en fonction des Etats. De retour chez eux, ils sont arrêtés par la police et condamnés à 25 ans de prison. Leur seul manière d'y échapper et de plaider coupable, et, au choix, de divorcer ou de quitter l'Etat. Ils choisissent la seconde solution, mais lorsque Mildred tombe enceinte de son premier enfant (elle en aura trois) elle revient accoucher en Virginie puisque la mère de Richard est sage-femme. Ils sont de nouveau arrêtés, et c'est à ce moment-là que des avocats d'ampleur nationale (même si pas toujours compétents) vont s'emparer de leur cas, en espérant aller jusqu'à la Cour Suprème (fait rare), avec le but ultime de faire changer la loi. C'est évidemment inspiré d'une histoire vraie (nous sommes à Hollywood) et Jeff Nichols pousse le degré de réalisme très loin (il va jusqu'à reproduire en images toutes les photographies connues du couple, et les acteurs sont choisis en fonction de leur ressemblance physique à un degré confondant), mais ce réalisme n'étouffe jamais le film, et ne l'empêche pas de se déployer, il est juste là pour poser un terreau crédible. Et je pense aussi que lorsqu'on souhaite, en tant que créateur, dénoncer une injustice pareille, il est nécessaire de s'inspirer au mieux de la réalité pour la démonter avec encore plus de force. Et donc, j'ai trouvé le film très beau, très émouvant, et très digne. J'adore la manière dont Nichols refuse le sensationnalisme et parvient malgré tout à générer de l'émotion. Son personnage, Richard, taiseux tirant la gueule, est tout le temps inquiet, normal vu la situation. Il passe donc son temps à regarder derrière lui, persuadé qu'un danger va venir lui éclater la gueule. Une voiture, un bagarreur, un membre du KKK, un raciste, le danger peut venir de partout vu sa situation. L'acteur passe donc son temps à regarder derrière lui. Nichols créet une tension magnifique avec cela, et génère un climat de paranoïa omniprésent, sauf que le danger ne vient jamais de ce qu'on redoute. Le seul danger c'est l'Etat, et ses lois racistes. Pas besoin d'autre chose, l'ennemi est suffisant, est suffisamment difficile à abattre. Ce détail est à l'image du film (quand un de leurs enfants se fait renverser par une voiture, il n'est ni mort, ni gravement blessé, mais seulement avec quelques égratignures, car Nichols ne souhaite pas se tromper d'ennemis). Sa mise en scène est comme à son accoutumé, lente, contemplative, poétique, et colle parfaitement au sujet. Son film le plus réussi après Mud.

Image

Quelle merveille... Le plus beau film de Brac depuis Un Monde sans Femmes... Qu'est-ce que ça fait du bien de voir un film si positif, lumineux, et surtout avec une si haute estime de ce qu'est le cinéma et de ce dont il est capable. La construction dramatique, d'apparence anodine est parfaitement maitrisée et le film monte en intensité de manière permanente, sans que le sourire béat et permanent ne quitte jamais notre visage. C'est lumineux, et c'est si réussi car Brac fait montre d'un amour immense pour chacun de ses personnages, et la vérité est là, il faut aimer ces personnages et aimer les filmer, c'est la clef de tout.
I like your hair.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

Mandibules, Quentin Dupieux, 2021

Dupieux aime ce qui est irrécupérable. On propose 500 balles à un type qui en a besoin, le type trouve une grosse mouche et oublie tout. La seule beauté est incorruptible. Pas tout à fait Boudu (son anarchisme est plus gaffeur, moins construit), tout porte le héros à dormir par terre, malgré les lits qu'on lui propose. C'est depuis le sol qu'il rêve. Il imite parfois le comportement des autres par faim ou par complaisance, mais sans jamais s'attacher. Si la caravane brûle, il regrette d'abord le repas qui a provoqué le départ du feu. L'amitié échappe à la société : elle est pure perte, pur rêve. Echec ou réussite ne la concernent pas. Et même quand ça marche, finalement contre toute attente, ce n'est pas si important.
Avatar du membre
Kit
Messages : 6419
Enregistré le : dim. 6 sept. 2020 23:51
Localisation : où est né William Wyler

Image

J'ai mon neveu à la maison et je lui ai proposé de choisir le film. Choix parfait, ça m'a permis d'enfin voir ce grand classique, Palme d'Or à Cannes, 5 millions d'entrées en France à sa sortie (ça semble dingue d'imaginer cela aujourd'hui), superbe mélodrame à la belle mise en scène, que j'ai préféré à celle de Soy Cuba que je trouve trop osentatoire.
un film que j'ai découvert tout jeune il y a environ 50 ans et qui reste un des mes films préférés. anecdote les oiseaux étaient en fait des grues, mais "Quand passent les grues" les gens auraient vu autre chose que des oiseaux ou des engins de chantiers
Vosg'patt de cœur
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Kit a écrit :
mer. 26 mai 2021 10:56
Image

J'ai mon neveu à la maison et je lui ai proposé de choisir le film. Choix parfait, ça m'a permis d'enfin voir ce grand classique, Palme d'Or à Cannes, 5 millions d'entrées en France à sa sortie (ça semble dingue d'imaginer cela aujourd'hui), superbe mélodrame à la belle mise en scène, que j'ai préféré à celle de Soy Cuba que je trouve trop osentatoire.
un film que j'ai découvert tout jeune il y a environ 50 ans et qui reste un des mes films préférés. anecdote les oiseaux étaient en fait des grues, mais "Quand passent les grues" les gens auraient vu autre chose que des oiseaux ou des engins de chantiers
:lol: :lol: :lol:
I like your hair.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Bon, vous savez ce que je pense d'Audiard, hein, et celui-ci étant considéré par les gens qui aiment son cinéma (il y en a encore d'ailleurs ?) comme un de ses films les moins bons, je trainais les pieds pour le voir. Eh bien, j'aurais dû savoir que les gens qui aiment Audiard se plantent même sur son cinéma à lui car c'est, et d'assez loin, l'un de ses meilleurs films, pas loin derrière ce qui reste sa seule réussite, à savoir Sur mes Lèvres. Alors il y a malheureusement toujours les affreux tics du même : sursexualisation du corps masculin dans l'adversité, violence gratuite et spectaculaire, goût pour les corps mutilés, les personnages en souffrance sur lesquels on appuie bien sur les plaies pour les voir souffrir, exploitation animale (faire de son héroïne une dresseuse d'orques en dit long...), et horrible chantage à l'émotion sur la probable mort d'un enfant (dieu merci, le gamin s'en sort). Ca fait beaucoup non ? Mais malgré ça le film est plutôt correct car ses deux personnages sont très beaux, et surtout très bien interprétés, Cotillard, notamment est excellente, et Schoenaerts, que je devais voir jouer pour la première fois, est plutôt crédible dans un rôle d'écorché bourru à la Gourmet. Plutôt une bonne surprise, donc, car on croit en cette rencontre, en ce couple improbable dont les parties pansent leurs plaies et se reconstruisent au contact de l'autre. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le film reprend quasiment à l'identique la situation de départ de Sur mes Lèvres : soit une histoire d'amour entre un paria/écorché vif et une handicapée. Il devrait faire ça à chaque fois, ça lui réussit plutôt.

Image

Un polar espagnol de serial killer, où deux flics tendance carpe et lapin se lancent à la recherche d'un violeur et assassin de femmes âgées. Malgré un côté un peu trop provoc fait volontairement pour choquer, c'est plutôt un bon film de genre, dans le sillage de Seven ou Zodiac (sans les copier non plus) mais transposé à Madrid.
I like your hair.
Répondre