Le Centre de Visionnage : Films et débats

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Tyra
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groil_groil a écrit :
ven. 17 sept. 2021 09:27
Salut les amis,
j'espère que vous allez bien.
je n'ai absolument pas le temps d'écrire sur les films que je vois, et encore moins d'aller au cinéma, ça me déprime, il y a des tas de choses à voir en ce moment.
Pas le temps non plus de mon coté, tellement de choses à gérer en cette rentrée. :roll:

J'espère avoir plus de temps pour les moi d'octobre et novembre, où de belles sorties s'annoncent.
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asketoner
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Le Genou d'Ahed, Nadav Lapid

Si j'avais dix-huit ans et que je voulais devenir cinéaste, ce serait Nadav Lapid, mon modèle d'aujourd'hui (et pas Hamaguchi par exemple). Ce serait Nadav Lapid, parce que Le Genou d'Ahed est un film qui transgresse toutes les lois implicites, qui ne cesse de réinventer le cinéma, de détruire la syntaxe habituelle et d'en former une autre, plus neuve, plus énervée, vivante. Même le récit du Genou d'Ahed est neuf ; il n'existe pas immédiatement, mais quand il éclôt finalement, c'est d'une richesse, d'une force, d'une imagination folle. Nadav Lapid est un cinéaste qui s'autorise à rêver à ce que le cinéma pourrait être, et ça se voit.
Et pourtant, dans le même mouvement, il s'avère que Le Genou d'Ahed, non content d'être plein d'une colère révolutionnaire, est aussi très réactionnaire. Son sexisme est une aberration. Son narcissisme est purulent. Et il confine à la manipulation, à la fin du film, après la magnifique scène de signature du contrat, lorsqu'il joue avec le vrai, le faux, et le destin de son héroïne, et les larmes de son héros, que le montage soudain complaisant (alors qu'il virevoltait sans concession) ne veut pas couper. Comme s'il fallait, à la toute fin, ne montrer qu'une seule souffrance. Montrer comme la souffrance n'appartient qu'à un seul (et à un double du cinéaste, de préférence) homme. Ne pas en laisser un morceau aux autres. C'est triste, c'est presque pervers. Je comprends l'idée : jeter un trouble définitif, ne pas répondre, ne pas résoudre, dire qu'on ne peut rien résoudre, rien sauver, jamais. Mais les larmes, si elles ne sauvent pas, cherchent à racheter quelqu'un - on n'est pas dupes. Et la lettre à la mère qui suit est de trop, et le héros qui a passé tout son temps à prouver qu'il n'était pas un héros pour qu'on puisse penser qu'il en est un cesse d'être intéressant, ou même complexe : il devient juste aléatoire, plein de dénis trop visibles, en-deçà de la forme prodigieuse du film, qui n'était peut-être, après tout, malgré toute l'énergie qu'elle nous a donnée, qu'un prodige de plus. (Et finalement, Hamaguchi, avec son scénario lourdaud, ses ficelles, son classicisme tranquille, s'avère bien plus en prise directe avec l'époque et ses bouleversements que Lapid, perdu dans ses hommages à sa mère et sa quête d'un reflet exact de lui-même.)
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asketoner
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Dune, Denis Villeneuve

Denis Villeneuve a greenwashé le blockbuster. La preuve, il y a une souris trop mignonne qui survit au milieu du désert, "et si une si petite souris peut survivre, t'inquiète, les humains aussi". Voilà tout ce dont je me souviens. Le reste était vraiment trop anecdotique, bidon, fumeux. Disons que le film aurait pu être celui de la relation entre une mère et son fils, mais Villeneuve esquive le sujet, achoppant sur le vague embarras au moment où l'un et l'autre doivent se mettre à poil pour changer de tenue en plein milieu du désert. Regards embarrassés, lourds de sens ("mon fils a grandi, mazette"), aussitôt fuis par le récit qui cherche seulement à justifier la présence de Hans Zimmer en bande-son. Le cinéaste fait sauter des hélicoptères, brûler des villes, tuer des personnages au petit bonheur la chance : on ne connaissait même pas leur nom, on ne sait plus qui les poursuit, ni pourquoi, ni vers où ils allaient. Inapte à saisir les enjeux de sa monture, il les colore d'une seule et même teinte, fade, triste, déjà périmée. Parfois, le blanc-gris-beige majoritaire vire au rose, ou bien au jaune. Mais aucune couleur ne peut en accueillir une autre. Si le rose est là, le jaune disparaît. Le cinéaste a fait un film bichrome, ce n'était pas forcément moins cher, mais c'était sans doute plus facile. Le film de Lynch est bien meilleur.
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sokol
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A propos du dernier Dumont, je me disais récemment :

puisque les héroïnes des deux films sont aliénées par leur travail : si on aime "Toni Erdmann", on ne peut aimer "France".
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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L'Institutrice, Nadav Lapid

Ce film est excellent, peut-être moins inventif que Synonymes et Le Genou d'Ahed, et formellement un peu moins fou - mais au moins, il tient son propos d'un bout à l'autre, il préserve l'ambiguïté inaliénable de son récit, l'ambivalence de chaque personnage, sans céder au simplisme, ni à l'arrogance. Dans un film de Lapid, tout personnage qui bascule définitivement d'un côté ou de l'autre de la morale est perdu. L'enjeu de son cinéma, c'est de toujours les faire tenir sur un fil, et de beaucoup agiter le fil pour voir comment ils s'en sortent.
C'est aussi un cinéma qui construit des pièges. Chaque film est un piège moral, une énigme posée en travers du chemin des spectateurs. Ici, que penser de cet enfant qui "a" des poèmes ? Que penser de sa nounou qui les lui vole ? De son père qui les refuse ? De son institutrice faisant tout pour qu'il en produise plus ? Voilà les trois destins du poème (de ce poème que nous portons en nous) dans la société néo-libérale : exploité (comme une ressource, jusqu'à l'épuisement, comme la poule aux oeufs d'or), nié (le poème est contre-indiqué pour réussir vraiment), détourné (pillé, volé). A ce que nous avons de beau en nous, il ne peut arriver que le pire. Et les trois destins du poème ont beau s'opposer les uns aux autres, ils n'agissent jamais pour le poème, mais pour eux-mêmes. Le poème est sans allié. L'enfance est condamnée à finir.
Le propos est très dur, le film ménage d'ailleurs quelques scènes éprouvantes, à la limite de la perversité (l'enfant, la chaise et la fenêtre ouverte : un classique hanekien, évité de justesse). Et parfois il est maladroit (quand l'enfant dit ses poèmes sur scène, la séquence est très bancale, elle manque de logique, elle n'est que l'exécution d'un programme). Mais tout tient grâce à ces moments inouïs où Nadav Lapid met en scène la naissance du poème dans le corps de l'enfant. Dans ces moments où l'enfant fait obstinément de courts allers-retours, uniquement obsédé par le fait de dire ce qui vient, presque sans émotion, et où le monde autour de lui s'organise pour recueillir sa parole qui autrement se perdrait dans la gratuité de l'instant, Lapid prouve qu'il n'est pas seulement cynique, et donne à sa blessure (à la blessure de son film) une profondeur réelle, passionnante.
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groil_groil
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<3
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groil_groil
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Hello.
j'aime beaucoup L'institutrice.

quelques mots de films en retard, pardon d'avance pour cette brièveté et la piètre qualité de ce que j'en dis, je n'ai pas de temps, et si je ne le fais pas je ne le ferai jamais.

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Je l'avais déjà vu et bizarrement je ne m'en souvenais quasi pas. C'est un film totalement dépendant de son époque (début des 2000), un peu comme les Soderbergh, où l'on sent que les cinéastes tentent quelque chose avec les nouveaux moyens d'enregistrer l'image qui leur procurent des nouveaux moyens de narration, mais ils ignorent encore lesquels du coup ça patine pas mal. Le film est tantôt agaçant (souvent), tantôt réussi, les histoires sur des écrivains ratés donnent souvent des choses intéressantes, et j'apprécie ici qu'il n'aille pas piquer le roman du petit jeune pour le publier sous son nom, poncif du genre...

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Un western qui se veut parodique et humoristique, alors qu'on sait que le mélange des genres et Hollywood ça fait deux. C'est assez chiant, et très long. N'est pas Billy Wilder qui veut.

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Une claque et haut-la-main une de mes découvertes de l'année. On dirait un scénar de Chabrol filmé par Duras. Le responsable de cette mise en scène magistrale et de ce casting parfait, assistant réal de Truffaut, Melville, acteur chez Truffaut, Bellon, Molinaro, réalisateur de seulement trois films. Celui-ci est son dernier, il se suicide juste après, à 42 ans, et on comprend rapidement tout ce qu'il met de personnel dans cette histoire d'amour aussi tragique qu'absolue.

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Début d'une intégrale chronologique d'Almodovar. J'avais déjà quasi tout vu, sauf quelques premiers, dont celui-ci. J'ai lu qu'il avait fait un film amateur avant icelui, mais Pepi... l'est tout autant, c'est bricolé avec trois bouts de ficelles, du vrai DIY, foutraque et mal branlé, extrêmement vulgaire et choquant, ou fait pour, mais emporté par une vraie énergie liée à la désormais célèbre Movida, qui n'est aujourd'hui plus qu'un cliché, mais dont on sent l'émulation ici.

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L'un de ses nombreux courts qui ont précédé la réalisation de son premier long, Salome adapte le mythe de la danse de la jeune femme devant Hérode. Inspiré visuellement par la trilogie de la vie de Pasolini, ce court n'est pas d'un grand intérêt si ce n'est que d'observer les premiers pas du cinéaste.

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Un re-re-re-visionnage de ce classique familial, cette fois-ci pour le montrer à notre fils, qui n'a que très moyennement apprécié.

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C'est hallucinant car, grand fan de De Palma, je n'avais jamais vu le Hawks. Et c'est un film génial, très en avance, quasi le film définitif sur le genre gangsters. Et c'est fabuleux de voir ce qu'en a fait De Palma. C'est totalement autre chose, tout en étant incroyablement fidèle. Le dialogue entre les deux films est omniprésent et souvent vertigineux.

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Un peu plus pro dans l'image que le précédent, mais c'est toujours le gros bordel. En fait, je me rends compte que le cinéma d'Almodovar n'est pas si drôle que ça, et qu'il est bien souvent plus cruel que dans mon souvenir. Celui-ci étant particulièrement corsé. Il y a chez lui du Todd Solondz, voire du Cronenberg, plus que du comique-troupier.

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Celui-ci je le revois peu de temps après l'avoir découvert, et je l'apprécie d'avantage, les vertus d'une intégrale. C'est le film de couvents de bonnes sœurs ultime, ultra trash, qui plus est pour un Espagnol, et autrement plus fin et plus dérangeant que l'erotic-chic et fadasse du père Verhoeven.

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Ca se veut un mix entre Funny Games (j'exagère) et La Corde, mais c'est complètement raté. Et tu le sais dès le départ que c'est raté car ces deux jeunes gens assassinent par hasard une femme, pour aborder des questions de libre-arbitre, de pensées nietzschéennes et de philosophie de bac à sable, mais le film commence quand la jeune femme a déjà été tuée, donc ce qui suit n'est que bavardage (et malheureusement pas mise en scène, ce qui est le cas de La Corde mais la leçon a mal été retenue).

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Extraordinaire et fascinant documentaire consacré à Throbbing Gristle, groupe inventeur de la musique dite "industrielle", et à mon sens l'un des trois ou quatre plus importants de la musique du 20ème siècle, ainsi qu'à COUM, collectif qui précédait TG et qui s'inspirait du jusque-boutisme radical des actionnistes viennois mêlé à la radicalité et au DIY d'un punk qui n'existait pas encore. Le film est vraiment assez complet, même si un fan comme moi n'apprend pas grand chose, et même si c'est surtout Cosey qui a la parole (et tant mieux hein !). P-Orrdige est aussi très présent même si mort depuis, et Carter ne s'exprime pas (comme d'hab) et Sleazy est mort avant que le film ne soit lancé. Bref, ce n'est pas du niveau du film consacré aux Swans, mais c'est sans doute le second plus beau documentaire musical de ces dernières années.

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ça y est les marques sont trouvées et le style Almodovar est posé. Ce film, très beau plastiquement, pas loin d'un Wenders 70's en couleurs, est d'ailleurs une vraie réussite.

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Oscillant en permanence entre documentaire et fiction, ce long film roumain de 2h30 imagine les déboires d'une jeune metteuse en scène qui tente de monter un spectacle vivant sur le tragique et sanglant massacre d'Odessa. Le film met un peu trop de temps à se mettre en place et à trouver son rythme, mais l'intérêt est grandissant.

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Le meilleur Almodovar de sa première partie de carrière (qui pour moi en compte 3). Tout est bien : mise en scène, photo, acteurs, scénario, thématique, noirceur profonde, c'est un film à réhabiliter à grande échelle (déjà en commençant par l'éditer car c'est l'un des deux seuls à n'être pas disponible à ce jour).

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J'ai un peu moins aimé celui-ci, sans doute parce qu'il me touche moins, mais c'est un film impeccable en terme de mise en scène, et super beau plastiquement. Mais disons que j'y vois déjà les prémices des tiques de ses moins bons films (ceux entre sa période 2 et 3).

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J'ai toujours peur des Gabin tardifs, mais celui-ci est une réussite, sans bavardage, sans cabotinage, c'est plutôt un polar sec et nerveux qui évite les tunnels de dialogues, privilégiant les scènes d'actions nerveuses et silencieuses inspirées de Melville ou qui inspireront le Corneau du début.

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C'est doublement nul. Déjà parce que ce n'est pas vraiment l'histoire des Supremes, mais c'en est lointainement inspiré, du coup ça n'a aucun intérêt, et ensuite car c'est l'adaptation d'une comédie musicale de Broadway, donc le film n'est qu'un prétexte à placer toutes les deux minutes des chansons sirupeuses et surinterprétées.

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Film facho, non, pas du tout, mais film réussi, non plus. C'est un "Engrenages" du pauvre, souvent mal joué et mal mis en scène. Les seules bonnes scènes sont les scènes de tension dans la cité, celles-ci sont efficaces, mais n'empêchent pas le film d'être instantanément oublié. Dans le genre, Les Misérables est plus convaincant.

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L'histoire de l'avocat chargé d'indemniser, pour le compte de l'état, les milliers de victimes du 11 septembre, afin d'éviter des procès de particulier contre les USA. Il y a tout pour faire un beau film à thèse comme Spotlight, Erin Brokovich ou Dark Waters, mais malheureusement ça ne prend jamais et on s'ennuie souvent. Ce n'est pas insupportable, mais ça manque de corps, de tripes, et de narration cinématographique. En fait c'est un film-anniversaire, pensé pour les 20 ans du drame, et l'ensemble est beaucoup trop respectueux et protocolaire, voulant donner la parole à chacun... ce qui plombe le projet. Keaton et Tucci sont néanmoins formidables.

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Remake plutôt bien vu d'un grand classique du cinéma d'horreur 80's par une jeune protégée de Jordan Peele qui produit et écrit le scénario. C'est logique et bien vu que Peele soit là, puisque le croquemitaine du film est black, et Peele ne distribue ses rôles qu'à des acteurs noirs (ou quasi) sans pour autant transformer le méchant en blanc, il n'en est pas là. Autre finesse, plus que d'un remake ou d'un reboot, c'est une suite du film initial, dont l'intrigue est citée à plusieurs reprises. J'ai bien aimé car j'aime le genre, mais le film n'est pas transcendant non plus et plutôt anecdotique, l'original étant nettement plus percutant, ça m'a d'ailleurs donner envie de le revoir.
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groil_groil a écrit :
mer. 22 sept. 2021 15:21
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Oscillant en permanence entre documentaire et fiction, ce long film roumain de 2h30 imagine les déboires d'une jeune metteuse en scène qui tente de monter un spectacle vivant sur le tragique et sanglant massacre d'Odessa. Le film met un peu trop de temps à se mettre en place et à trouver son rythme, mais l'intérêt est grandissant.
Pour moi, le cinéma n'est pas fait pour avoir comme personnages centrales les nations (les peuples, las pays). C'est un peu comme le fait que le cinéma n'est pas fait pour raconter la vie, du début à la fin, d'une personne (ou alors bonjour les perruques et les déguisements).
Pourtant, il y a des exceptions mais pour cela, il faut trouver des astuces. Ce film en est le cas car il a le génie de proposer une mise en abyme entre théâtre, cinéma, images d'archives et musée: si c'était seulement un de ces procédé, le film s'écroulerait or, on les utilisant tour à tour, il devient "total", comme un peuple, une nation, un pays.

Je l'avais adoré car, au cinéma, j'avais le temps de ne pas me 'prendre la tête' en attendant "sa mise en place" (la première partie est pur Godardienne donc ses défauts sont automatiquement ses qualités). A la télé, je reconnais, ça peut être un peu différent.
J'aimerais bien le revoir : de toute façon, je l'avais mis dans la catégorie "Je les reverrais bien un jour" mais je ne craint rien: sachant à quoi je dois m'attendre, je ne peux que admirer le "petit cinéma" qui est admirable, en attendant le grand spectacle de la fin (inoubliable !). A nos jour, quel film règle à ce point, sans une once de cynisme, les comptes avec le pays d'où il vient ?? Peut être, "Aferim" (une farce ironique historique qui renvoie à l'histoire actuelle de la Roumanie), mais... c'est du même auteur !
:)
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groil_groil a écrit :
mer. 22 sept. 2021 15:21
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Une claque et haut-la-main une de mes découvertes de l'année. On dirait un scénar de Chabrol filmé par Duras. Le responsable de cette mise en scène magistrale et de ce casting parfait, assistant réal de Truffaut, Melville, acteur chez Truffaut, Bellon, Molinaro, réalisateur de seulement trois films. Celui-ci est son dernier, il se suicide juste après, à 42 ans, et on comprend rapidement tout ce qu'il met de personnel dans cette histoire d'amour aussi tragique qu'absolue.
Là, je suis jaloux : je n'ai jamais entendu parlé de ce cinéaste ! Je viens de voir son profile wiki et j'aimerais bien découvrir ses 3 films !!
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sokol a écrit :
jeu. 23 sept. 2021 11:10
groil_groil a écrit :
mer. 22 sept. 2021 15:21
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Une claque et haut-la-main une de mes découvertes de l'année. On dirait un scénar de Chabrol filmé par Duras. Le responsable de cette mise en scène magistrale et de ce casting parfait, assistant réal de Truffaut, Melville, acteur chez Truffaut, Bellon, Molinaro, réalisateur de seulement trois films. Celui-ci est son dernier, il se suicide juste après, à 42 ans, et on comprend rapidement tout ce qu'il met de personnel dans cette histoire d'amour aussi tragique qu'absolue.
Là, je suis jaloux : je n'ai jamais entendu parlé de ce cinéaste ! Je viens de voir son profile wiki et j'aimerais bien découvrir ses 3 films !!
Celui-ci vient tout juste de sortir en bluray donc fonce, tu ne le regretteras pas !
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Avant hier j'ai re(re) vu "L'humanité" de Bruno Dumont.
Ça faisait un petit moment (presque une dizaine d'année) que je ne l'avais pas vu.

En quelque sorte, c'est LE film qui avait révélé ma cinéphilie (on peut dire que, jusque là, j'ignorais, pour ne pas dire je n'aimais pas, le cinéma).
C'est dire.
Donc, je l'ai regardé plus que 'tranquillement' et j'étais très surpris d'avoir versé des larmes, exactement au moment de la scène sur la photo (une des 2-3 dernières scènes du film).

Reste toujours le mystère de la toute dernière : les menottes que Pharaon a aux mains dans le plan final. Mais maintenant, j'ai une petite idée : puisque selon Dumont chaque homme est un peu responsable du péché des autres, Pharaon met lui-même les menottes pour se voir dans la position de Joseph.
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sokol a écrit :
jeu. 23 sept. 2021 12:30
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Avant hier j'ai re(re) vu "L'humanité" de Bruno Dumont.
Ça faisait un petit moment (presque une dizaine d'année) que je ne l'avais pas vu.

En quelque sorte, c'est LE film qui avait révélé ma cinéphilie (on peut dire que, jusque là, j'ignorais, pour ne pas dire je n'aimais pas, le cinéma).
C'est dire.
Donc, je l'ai regardé plus que 'tranquillement' et j'étais très surpris d'avoir versé des larmes, exactement au moment de la scène sur la photo (une des 2-3 dernières scènes du film).

Reste toujours le mystère de la toute dernière : les menottes que Pharaon a aux mains dans le plan final. Mais maintenant, j'ai une petite idée : puisque selon Dumont chaque homme est un peu responsable du péché des autres, Pharaon met lui-même les menottes pour se voir dans la position de Joseph.
j'ai la même interprétation de la fin. Il prend pour lui les péchés des autres : la vie de Jésus.
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groil_groil a écrit :
jeu. 23 sept. 2021 12:44
j'ai la même interprétation de la fin. Il prend pour lui les péchés des autres : la vie de Jésus.
C'est cela : la monstruosité fait partie de l'humanité donc, il faut "faire avec".

Deux trois chose supplémentaires :
C'est aussi un film sur le cul, ou plus précisément, sur la chatte.
Je m'explique : dans la langue française, pour le sexe, on dit : "du cul". Or, dans ma langue maternelle, on dit : "de la chatte" (probablement, elle est un peu moins 'raffinée', mois élégante que la langue française) : elle désigne directement "l'origine du monde" que Dumont filme si magistralement à deux reprise : la première, c'est le vagin violé de la gamine, la deuxième (et donc, on y est), la chatte de Domino. C'est exactement dans ce sens que je dis qu'il s'agit d'un film sur la chatte (et pas "le cul", au sens "le sexe").

Cela dit, je pense que les films "sur la chatte" sont extrêmement difficiles (beaucoup plus difficiles que les films sur le sexe - "Fire walk with me", par exemple) mais Dumont était un génie (c'est plus qu'une évidence) et il s'en sort haut la main : "L'humanité" est une merveille, mais une tuerie aussi. Et une énigme également. Du coup, je suis encore et encore plus convaincu qu'il aurait du s’arrêter à faire du cinéma (je sais, c'est injuste et insupportable ce que je dis) mais c'est ça l'art, c'est un truc injuste et insupportable car, évident (qui vien de l’indo-européen veid (voir).

Prendre encore une claque, 22 ans après, du même film, il faut le faire...
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asketoner
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Notturno, Gianfranco Rosi

Un peu dégueu. (Et un peu chiant, en prime.)
Syndrome assez courant : traverser le Moyen-Orient, mélanger les images, et dire : quel chaos !
Gianfranco Rosi, dans son film sur Lampedusa, parvenait à faire émerger des figures autour desquelles ses images s'organisaient ; ici, c'est le safari des zones de guerre, on voit un peu de tout, un enfant soldat qui vend ses services sur le bord de la route, des Yézidis, des prisonniers, des enfants traumatisés dans une école, des fous qui répètent une pièce de théâtre, des femmes soldats, une mère qui pleure en écoutant dans le noir des messages de sa fille assassinée...
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asketoner a écrit :
sam. 18 sept. 2021 22:39
Le Genou d'Ahed, Nadav Lapid

Et la lettre à la mère qui suit est de trop
Je te l'accorde : j'ai pas aimé la toute fin. Le film termine avec les larmes, point barre. Par contre, ce n'est pas que "des larmes' en fait : elles sont filmées d'une telle manière qu'elles ne rachètent pas notre héros (de surcroit, la vérité est de son coté), j'en suis sur. C'est plutot des "no answer", des "no exit" (comme tu le dis toi-même d'ailleurs) : nous sommes tous dans la même merde.
asketoner a écrit :
sam. 18 sept. 2021 22:39
Et finalement, Hamaguchi, avec son scénario lourdaud, ses ficelles, son classicisme tranquille, s'avère bien plus en prise directe avec l'époque et ses bouleversements que Lapid
Là je ne suis pas d'accord. Si tu accepte que le dernier Hamaguchi est bien plus ficelé, pourquoi il serait plus en prise directe avec l’époque ? A cause de la toute dernière scène du Genou d'Ahed ? Ça serait injuste car si on va par là, Hamaguchi mais aussi Carax (on n'en parle pas du dernier Dumont !!) essayent de clore leurs films à 3-4 reprises or l’israélien clos son film très rapidement et avec un geste bien plus honnête ("no exit pour tout le monde"). Et si je cite Carax c'est parce que j'ai pensé à toi : au fond, "Le genou d'Ahed" et "Annette" c'est le même film (c'est le rapport des doubles respectifs de ces deux cinéastes avec : le premier, le rapport avec son pays ou plus exactement, sa patrie (du latin patria, dérivé de pater (père); le deuxième, avec sa géniture (père/fille). Donc, au fond, ils parlent de la même chose, ils sont comparables. Et bien, perso, je suis plutot du coté de Lapid. Ou comme tu le dis, je te cite :
Nadav Lapid est un cinéaste qui s'autorise à rêver à ce que le cinéma pourrait être, et ça se voit.
Très justement, tu n'avais pas écris cela à propos du dernier Carax ;) Pourquoi ? Parce que, je te cite une dernière fois,
Le genou d'Ahed est un film qui transgresse toutes les lois implicites, qui ne cesse de réinventer le cinéma, de détruire la syntaxe habituelle et d'en former une autre, plus neuve, plus énervée, vivante.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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asketoner
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"Nous sommes tous dans la même merde"

Oui, c'est ce que dit le film. Et il est très courageux sur la question de la merde, mais pas sur celle du nous.
Le nous, il l'esquive. Il n'y a pas d'autre dans le film de Lapid. C'est en ça que je le trouve presque réactionnaire. L'autre est seulement celui qui fait signer le papier.
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sokol
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asketoner a écrit :
sam. 25 sept. 2021 00:55
Le nous, il l'esquive. Il n'y a pas d'autre dans le film de Lapid.
Je vois ce que tu veux dire mais, si je ne me trompe pas, ‘l’autre’ c’est le contraire du ‘je’ et comme il n’y a pas de ‘je’ (mais juste ‘nous’) dans le film, c’est normal qu’il n’y a pas ‘l’autre’.
C’est un film sur la nation, la patrie, donc il y a que : nous
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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yhi
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sokol a écrit :
jeu. 23 sept. 2021 10:44
A nos jour, quel film règle à ce point, sans une once de cynisme, les comptes avec le pays d'où il vient ??
Je viens de voir son dernier, récompensé à Berlin. Alors j'avais beaucoup aimé Peu importe si... et là on change de ton pour aller vers la comédie frontale en mode rentre dedans (avec mauvais jeu de mot), ultra acide :lol: C'est toujours aussi excellent en tout cas. La Roumanie en prend pour son grade comme jamais.
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yhi
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Et entre temps d'ailleurs j'avais pu voir Uppercase print grâce à Mubi, qui était pas mal du tout non plus et encore très différent dans les partis pris de mise en scène.

J'espère que sa récompense en festival permettra à ses films d'être mieux distribués en France parce que déjà Peu importe si... avait eu assez peu de salles, et j'attends toujours de pouvoir voir Coeurs cicatrisés...
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sokol
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yhi a écrit :
dim. 26 sept. 2021 22:54
Et entre temps d'ailleurs j'avais pu voir Uppercase print grâce à Mubi, qui était pas mal du tout non plus et encore très différent dans les partis pris de mise en scène.

J'espère que sa récompense en festival permettra à ses films d'être mieux distribués en France parce que déjà Peu importe si... avait eu assez peu de salles, et j'attends toujours de pouvoir voir Coeurs cicatrisés...
Je vais voir «Uppercase print » alors ! Je ne connaissais pas son existence (merci beaucoup pour le signalement !!). Ça m’intéresse vraiment. Tout comme je ne savais pas qu’il avait fait un autre film entre « Aferim » et « Peu m’importe… ». Merci encore

ps: Radu Jude est un cinéaste très très intéressant : chacun de ses nouveaux films et encore et encore plus intéressant (passionnent…) que le précédent, au moins, jusqu’au «Peu m’importe… ». C'est rare !!
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Tyra
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Peut être qu'il aurait fallut ne pas choisir, en définitive, entre les deux "versions" de la réalité (à la Mulholland Drive) ? Ne pas trancher, laisser les deux visions possibles jusqu'au bout, nous laisser choisir, nous, spectateur.... Ou ne pas choisir.
Peut être qu'on arrive aussi au bout de ces systèmes là, ces récits qui entremêlent fantasme et réalité, maintes fois rebattus au cinéma ou en littérature.
Mais ça ne m'empêche pas d'aimer beaucoup le film, qui est très fort, qui me reste vraiment en tête. Et puis, le deuil au cinéma c'est vraiment une tarte à la crème, ça ne marche, pour moi, jamais vraiment. Il faut biaiser, ruser pour que ça donne quelque chose de fort (Vertigo, un de mes films préférés, est bien un film de deuil après tout). Serre moi fort fait partie de ces rares films sur le deuil à me toucher vraiment, à me faire sentir physiquement le manque.
On parle d'un film très théorique ou cérébral, c'est amusant parce que pour moi c'est l'inverse, c'est le film d'Amalric (et je ne suis pas fou de son cinéma) le plus sensoriel, le plus direct, à fleur de peau.
Et puis, j'aime aussi ce Comminges hivernal et pluvieux, la tristesse de Saint-Gaudens tellement bien dépeinte. Ici Amalric fait mieux que les Larrieu pour rendre l'atmosphère de cette région.
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Tyra
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Première fois que je suis complètement convaincu par un Nadav Lapid. Mais ce n'est vraiment pas facile de parler de ce film, difficile à prendre quel que soit le bout. Dans Synonyme, je butais constamment sur ce procédés de l'énervement perpétuel, de l'éructation face caméra. Est-il possible de faire tout un film sur la détestation viscérale de son pays (ou de sa politique, mais contester la politique d'Israël, c'est contester aussi un pays en quelque sorte) ?
Et bien dans le Genou d'Ahed, peut-être que oui. J'y trouve une distance qu'il n'y avait pas dans le film précédent, j'arrive à y trouver ma place. Une distance idéale entre le personnage contestataire et la situation contestée. En tant que Français aussi, c'est forcément plus facile dans ce lieu vierge de tout repaire que dans le Paris de Synonyme.
Le personnage principal est mystérieux, c'est un double du cinéaste évident, et Nadav Lapid parle de lui dans les Cahiers comme d'un salaud, ce qu'il finit en effet par devenir. Le film est finalement moins donneur de leçon que prévu, où Lapid ne s'épargne pas non plus, et où il se pose la question de la colère, comment l'utiliser sans se laisser déborder et devenir un salaud à son tour ("Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi" etc).
Je pense à Kiarostami, dans cette manière de s'incarner par un double qui vient à la rencontre de son pays et de ses habitants. Et aussi beaucoup à Elia Suleiman dans cette manière de conjurer une impuissance par des sketchs, des scénettes autonomes de qualités inégales. Mais c'est le geste général qui l'emporte.
Le film tient aussi par son incroyable tension sexuelle entre Y et Yahalom, point d'incandescence rarement vu ailleurs, qui rend chaque échange violement érotique, comme si les deux étaient tour à tour à deux doigts de se battre ou de s'embrasser, rendant l'explosion finale plus forte encore. Les deux acteurs sont d'ailleurs géniaux.

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Modifié en dernier par Tyra le lun. 27 sept. 2021 13:06, modifié 1 fois.
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cyborg
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Découverte de films plus anciens de Hamaguchi. Asako me confirme la filiation directe de son cinéma avec la modernité européenne, tant dans ses références (Antonioni notamment) que sa thématique (le double). Plus qu'une relecture ce film en semble vraiment comme une "mise à jour" en prise avec les problématiques et réalités de la société contemporaine. Le tout est très bien mené et fait avec finesse, mais j'y vois du même coup un auteur qui n'affirme pas encore pleinement son identité. Je ne boude néanmoins pas mon plaisir.


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Andréa Arnold quitte son Angleterre natale pour organiser une longue virée au plus profond des Etats-Unis. American Honey suit un groupe de jeunes paumés voyageant en van à travers tous les états américains pour faire du porte à porte d'arnaque, sous l'égide d'une boss menant d'une main de fer son petit business et sa petite troupe. Arnold s'appesantit particulièrement sur le personnage de Star et son histoire d'amour avec Jake un autre garçon du groupe, tous deux incarnés par les deux acteurs épatants que son Sasha Lane et Shia LeBeouf. 


Plongé suffocante de plus de 2h40 dans laquelle les road-trips du Nouvel Hollywood sont contaminés par les premiers films de Larry Clark. Ici chaque bouffée d’espoir est inlassablement étouffée. L’horizon ne semble plus exister ni même être une option possible. A ce titre Arnold joue beaucoup l’existence de l’individualité contre celle du groupe. Les décrochages rythmiques (et plastiques, souvent très beau) qu’elle s’autorise avec ses deux héros finissent par sembler irrémédiablement viciés par la chape aliénante du groupe, de la société, des déterminismes. Si les lucioles s’allument lors d’un dernier plan plein de nature et de sensualité, c’est pour mieux se retrouver engloutis par le fond noir du générique, symbole sans doute involontaire semblant résumer l’esprit du film.


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Soleil Ô, premier film de Med Hondo, découvert par hasard fin 2019 me laisse un fort souvenir entre expérimentation plastique et violent réquisitoire contre le colonialisme en racontant l’arrivée d’un jeune africain dans la France métropolitaine des années 60. Son deuxième film - serpent de mer de La Loupe première du nom- était présenté dans une très rare version longue (2h40) à la Cinematek de Bruxelles cette semaine.
Les expérimentations formelles passent plus ou moins à la trappe et Med Hondo construit son film comme un enchainement de scènettes allant de la fiction comique au documentaire, de la leçon filmée à l’animation. Le résultat est très didactique, mais de façon extrêmement volontaire puisque Hondo envisage le cinéma comme outil d’éducation des masses, et d’émancipation des classes populaire en les sensibilisant à la pensée politique d’extrême gauche. Le résultat est donc très disparate (qu’a été gardé dans la version d’1h40 qui a circulé en salle à l’époque ?) pour ne pas dire foutraque car ratissant le plus largement possible. Il m’en restera surtout les images d’entretiens, au milieu du film, avec les travailleurs immigrés nous présentant leurs misérables conditions de vies quotidiennes…. des images invisibles à l’époque et toujours aujourd’hui. C’est bien pour ce type d’archives et de documents incroyables que réside l’intérêt de cinéma militant, du cinéma tract, et non pas dans la recherche d’un quelconque perfectionnement cinématographique.

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Etrangement le premier film de Dumont ne fait pas tant de l’oeil à ses pères (Pialat ?) et contemporains (Dardenne ?) qu’au genre du western, les chevaux transformés en mobylettes, le far-west en Nord-Pas-De-Calais et la chasse aux indiens en chasses à l’arabe. Plastiquement superbe, La Vie de Jésus est un film incroyable, âpre mais humain, empathjque mais pas miséreux, et surtout terriblement franc et droit dans ce qu’il met en scène, la médiocrité d’un quotidien reclu sur lui même, tout en faisant confiance en l'intelligence du spectateur.


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Invité à une table ronde nommé « Politique du Sauvetage » j’ai eu envie de revoir Sauve qui peut (la vie). Bon ça va être un peu dur de lâcher Godard en ref’ durant la discussion mais très heureux d’avoir revu ce film.

J’avais oublié à quel point il était rude, tant envers lui même (Godard se donnant clairement un rôle de connard) que dans sa vision des rapports humains et créatifs en général. Si sa problématique du montage a toujours été incarné chez lui par la figure du couple, jamais elle n’aura été aussi froide et rude, envisageant toutes les relations (amoureuses, sexuelles, professionnels, travailleuses, cinématographiques) sous l’angle mécanique du travail et de l’argent déshumanisant. De retour au cinéma après quasiment 10 ans d’expérimentations télévisuelles (et peu de temps après les passionnants Six fois deux / Sur et sous la communication et Tour/Détour de France par Deux Enfants) la désillusion de Godard vers le grand écran semble terriblement cruelle.

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Bon, franchement 2h45 pour un film qui fini sur la phrase « This is only the beginning », merci bien. Je ne suis pas très client des spaces-opéras et de toutes oeuvres à base de mondes immersifs, mais j’étais tout de même curieux (j’avoue tout : on m’a invité), surtout pour en voir la comparaison avec le film de Lynch, diantrement raté mais au combien plus réjouissant par son ratage même. Le film de Villeneuve est on ne peut plus sérieux, cérémonieux, pesant. Il vise la légèreté mais flirte avec l’esthétique publicitaire. On n’est jamais bien sur de qui se bat avec qui ni pourquoi, malgré mes tentatives de rester attentif et l’approche très bavarde, didactique, choisie par le réalisateur. Malgré tout les prises de risque sont minimes et culminent avec le piètre Thimoté Chalamet : quoi de mieux qu’un acteur avec la parfaite tronche d’un prince pour jouer le rôle d’un prince. Tout est dit. 


Si le contexte géopolitique de l’ouvrage semble un peu daté dans son époque (épice = pétrole, Dune = moyen-orient), sa question écologique aurait pu rendre son adaptation pertinente en 2020, mais même cet aspect est bien léger. Sans doute sera t’il creusé durant les 6 prochaines heures (ils vont bien nous faire une trilogie à minima, non ?) mais ça sera probablement sans moi.
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sokol
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Tyra a écrit :
lun. 27 sept. 2021 13:03

Je pense à Kiarostami
Pareil ! C'est un film Godardien (la rapidité du geste cinématographique, la rage, le coté mal-aimable, le couple même !), mais fait par un oriental (donc, un Kiarostamien).
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Narval
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Le Genou d'Ahed - Nadav Lapid
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Sec comme son paysage désertique, parfois extatique dans sa captation des sensations (pensé à Grandrieux), mais jamais redondant pour autant, Lapid fait fort. J'aime le parti pris d'être en phase totale avec le personnage principal (depuis ses sensations physiques jusqu'à ses errements mentaux) mais cela amène à un petit problème concernant la posture que se donne l'auteur dans ce film : il écrase tout le reste (corps comme discours), et il écrase tant et si bien que j'ai l'impression de voir deux personnes tout du long du film (la caméra qui joue avec Yahalom/nous et Y/Lapid qui se joue des autres).
Aussi, j'avoue être peu convaincu par la tournure que prend le film sur sa toute fin (avec ce piège qui se ressert sur Yahalom) et sa "résolution" à l'aide de la sœur qui débarque. C'est bizarre pour un film si fort et emporté de se permettre une telle conclusion. Allez, on rentre au bercail.
Les passages musicaux ne me dérangent pas, mais j'y ai plus vu une posture de cinéaste contemporain (car aujourd'hui tout film doit contenir au moins 1 séquence "décalée" avec une chanson utilisée à contre-emploi et des amateurs qui dansent face caméra). Exception à cela : cette superbe scène où Y se retrouve devant un groupe de reprises dont une brève chanson ravivera le souvenir de sa mère, (la seule chanson en hébreu bien sûr). Ma plus grosse réserve allant à la séquence avec les soldats (puis leur équivalent féminins) qui était par contre bien gênante et dispensable.
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Narval a écrit :
mar. 28 sept. 2021 00:08
Allez, on rentre au bercail.
Où tu veux aller ? C'est "sans issue" (le héros principal a bien essayé d'aller en France, dans "Synonymes". il est rentré chez lui à la fin). Même se suicider ne sert à rien : le cinéaste aurait pu le faire plein de fois (d'ailleurs, même au premier degré, il est célèbre l'adage juif : "nous n'avons nulle part d'autre où aller").
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Dune de Denis Villeneuve

Il y a toujours eu du vide chez Villeneuve. Cette manière de concevoir l'espace comme si n'existait plus rien d'autre que des courbes de paysage, des visages figés, une architecture de lieux qui paraissent inhabités, c'est ce qui fait sa particularité parmi les réalisateurs hollywoodiens. Particularité d'autant plus curieuse qu'on aurait tendance à croire qu'un blockbuster se doit d'être rempli vu le pognon que ça coûte. Mais c'est la première fois que les dialogues, les personnages, et même les touches d'humour sont à ce point creux. Mention spéciale au personnage de Thimotée Chalamet qui ressemble à une jolie coquille qu'on trimballe par-ci par-là en espérant qu'elle ne se brise pas. Alors est-ce une volonté pour révéler les vrais personnages principaux - les seuls en vérité - qui sont le désert et ce ver géant en forme de phallus/anus/trou noir ? Peut-être bien, mais je pense que Villeneuve a surtout voulu faire un film populaire en empruntant les codes d'usage, sauf que presque tout tombe à l'eau (ou dans le sable). Enfin, ça fait encore un film bizarre, étrangement lié à son sujet, intéressant pour ça malgré tout. Mais les critiques plutôt élogieuses, c'est ce qui m'intrigue le plus : ce n'est pas tant qu'elles soient élogieuses que cette façon d'analyser ce qui n'est pas.
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Narval
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sokol a écrit :
mar. 28 sept. 2021 09:25
Narval a écrit :
mar. 28 sept. 2021 00:08
Allez, on rentre au bercail.
Où tu veux aller ? C'est "sans issue" (le héros principal a bien essayé d'aller en France, dans "Synonymes". il est rentré chez lui à la fin). Même se suicider ne sert à rien : le cinéaste aurait pu le faire plein de fois (d'ailleurs, même au premier degré, il est célèbre l'adage juif : "nous n'avons nulle part d'autre où aller").
Ailleurs. En fait, je trouvais que cet "ailleurs" était présent au début du film, il était plein de promesses et d'à côté, l'ailleurs pouvait exister. La fin du film est programmatique, c'est pour cela que je dirais qu'elle m'a déçue, même si elle n'est pas" mauvaise" ou "incohérente" ou que le parcours du personnage ne soit pas "logique". La fin n'apporte qu'un sentiment de facilité (son exécution un peu brutale y est aussi pour beaucoup).
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sokol
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Narval a écrit :
mar. 28 sept. 2021 23:36
Ailleurs.
il n'y a pas d’ailleurs. Yoav l'avait bien tenté dans "Synonymes" (il a bien essayé de vivre en France), puis il est rentré chez lui (où il s’appelle - hasard ? , Y.).

Tu le dis toi-même : la fin n'est pas incohérente (ou que le parcours du personnage ne soit pas "logique"). Le ressenti de chacun de nous c'est une autre affaire mais le ailleurs, c'est évident qu'il n'existe pas.
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Tamponn Destartinn
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Villeneuve a la réputation de faire du cinéma froid, mais il n'empêche qu'il a su m'intéresser à l'histoire d'amour entre un androide et une intelligence artificielle dans Blade Runner 2049, ou à rendre émouvant des extraterrestres non-anthropomorphique qui ne s'expriment qu'en symboles dans Premier Contact... Alors comment a-t-il pu rendre aussi désincarnée une histoire de famille humaine au destin tragique et aux relations complexes (le personnage de la mère, sur le papier, c'est quelque chose) ? Surtout quand le programme est d'adapter que la première moitié d'un bouquin en 2h40 de film. C'est le mal actuel des blockbusters hollywoodiens qui se prennent pour des séries, mais ça devrait normalement au moins enlever le sentiment de survoler sur son sujet.
Mais non, Villeneuve est cette fois à la hauteur de sa réputation de cinéaste froid, comme c'était le cas pour Sicario, déjà une belle coquille vide. Et pour Dune, même la coquille j'ai envie de la critiquer. Ces grands décors vides, l'absence de transpiration... Je ne trouve pas cet univers vivant et palpable. Ca c'est le gros péché de Villeneuve. (qui propose tout de même certaines séquences mille fois au dessus de la quasi totalité des blockbusters de ces 10 dernières années, donc je ne lui crache pas à la gueule à 100% pour autant, mais quel dommage...)


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On est d'accord que ça pourrait s'appeler aussi "Les chevilles de Nadav", non ?
Je n'arrive pas à savoir à quel point le cinéaste a conscience que son personnage/double est détestable. Je vous ai lu là dessus, on est d'accord que c'est volontairement mal aimable, mais la vraie question derrière pour moi est de cautionner ou pas ce mec, qu'importe si la cause de son propos est juste ou sa mise en scène brillante.
A noter que c'est mon premier film de Lapid. Faut que je mate les autres
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 30 sept. 2021 13:03

Je n'arrive pas à savoir à quel point le cinéaste a conscience que son personnage/double est détestable. Je vous ai lu là dessus, on est d'accord que c'est volontairement mal aimable
Perso, je ne pense pas que le personnage est mal-aimable, voir détestable. Pas du tout même. C'est le film qui est mal-aimable et rugueux (mais aussi enthousiasmant !) : c'est totalement différent
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
jeu. 30 sept. 2021 13:49
Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 30 sept. 2021 13:03

Je n'arrive pas à savoir à quel point le cinéaste a conscience que son personnage/double est détestable. Je vous ai lu là dessus, on est d'accord que c'est volontairement mal aimable
Perso, je ne pense pas que le personnage est mal-aimable, voir détestable. Pas du tout même. C'est le film qui est mal-aimable et rugueux (mais aussi enthousiasmant !) : c'est totalement différent
Il pue l'arrogance et la suffisance, qu'importe s'il a raison sur le fond. Le mec, c'est Juan Branco :D
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 30 sept. 2021 15:59

Il pue l'arrogance et la suffisance
Comme quoi ! Je le trouvais juste très triste et en rage. Donc très touchant (et attachant)
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B-Lyndon
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Nadav est un gros con pervers, et c'est un mec qui a déjà passé des soirées avec lui qui vous parle :D
Quoi qu'il en soit je suis sur que son film est grand
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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B-Lyndon a écrit :
ven. 1 oct. 2021 15:48
Nadav est un gros con pervers, et c'est un mec qui a déjà passé des soirées avec lui qui vous parle :D
Quoi qu'il en soit je suis sur que son film est grand
Con, je sais ce que c’est. Mais je ne vois pas ce que tu entends par pervers
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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B-Lyndon a écrit :
ven. 1 oct. 2021 15:48
Nadav est un gros con pervers, et c'est un mec qui a déjà passé des soirées avec lui qui vous parle :D

Quelle surprise ! :D
len'
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Le sommet des dieux de Patrick Imbert

Adaptation du manga fleuve dessiné par Jiro Taniguchi, que j'avais déjà beaucoup aimé, je m'attendais à quelque chose de plutôt classique et agréable à suivre à défaut d'être original. C'est ça, mais c'est autre chose aussi. Je sais pas si c'est l'effet Dune, mais quelle bouffée d'oxygène de retrouver des personnages vivants, et une construction millimétrée qui n'oublie pas de laisser une vague sensation de liberté entre les interstices. L'animation met en valeur des détails tel que l'équipement (aussi fragile que ceux qui les manipulent) des alpinistes, et la simplicité du trait n'a d'égal que l'émotion qu'elle procure. Je n'ai pas arrêté de me demander quel film en séquences réelles magnifiait aussi bien les montagnes, sans trouver. Cette symbiose entre humain et montagne, il n'y a peut-être que le dessin pour l'exprimer pleinement. Arrivé au sommet, ils deviennent de plus en plus épurés, les couleurs s'effacent : on se retrouve dans la peau du héros en manque d'oxygène et avec cette sensation d'accomplissement dans une solitude sans horizon.
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Narval
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len' a écrit :
mar. 5 oct. 2021 12:49
Le sommet des dieux de Patrick Imbert

Adaptation du manga fleuve dessiné par Jiro Taniguchi, que j'avais déjà beaucoup aimé, je m'attendais à quelque chose de plutôt classique et agréable à suivre à défaut d'être original. C'est ça, mais c'est autre chose aussi. Je sais pas si c'est l'effet Dune, mais quelle bouffée d'oxygène de retrouver des personnages vivants, et une construction millimétrée qui n'oublie pas de laisser une vague sensation de liberté entre les interstices. L'animation met en valeur des détails tel que l'équipement (aussi fragile que ceux qui les manipulent) des alpinistes, et la simplicité du trait n'a d'égal que l'émotion qu'elle procure. Je n'ai pas arrêté de me demander quel film en séquences réelles magnifiait aussi bien les montagnes, sans trouver. Cette symbiose entre humain et montagne, il n'y a peut-être que le dessin pour l'exprimer pleinement. Arrivé au sommet, ils deviennent de plus en plus épurés, les couleurs s'effacent : on se retrouve dans la peau du héros en manque d'oxygène et avec cette sensation d'accomplissement dans une solitude sans horizon.
Pas mieux :jap:
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yhi
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J'ai été impressionné aussi. Les bandes annonces m'avaient fait un peu peur. Je craignais que le passage à une ligne plus claire (pour faciliter l'animation) traduise aussi un passage à une ligne un peu trop claire dans le récit et dans la vision de la montagne (je n'ai pas lu ni le bouquin ni le manga). Mais au final, le récit est très dense mais très précis avec ces multiples destins imbriqués et le restitution de la montagne est parfaite entre alternance des plans plus ou moins larges et des séquences plus ou moins sous tension. Et le vertige donné par la folie de ces hommes touche à celui donné par les meilleurs documentaires sur le sujet comme L'épopée de l'Everest ou Gasherbrum.
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sokol
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@groil_groil :hello:

J'ai vu récemment "'Café Society" de Woody Allen. J'ai bien aimé mais il y a une question qui me taraude : pourquoi Jesse Eisenberg, l'acteur principal mime et imite Allen durant tout le film ?? Je comprend bien pourquoi dans "Rifkin's festival"' le personnage principal fait cela (d'ailleurs, on en a parlé ici : étant un film assez autobiographique et, comme Woody ne peut jouer son propre rôle, Wallace Shawn s'est mis dans sa peau).
Mais là, je ne comprend pas trop le jeu de Jesse Eisenberg...
:sarcastic:
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sokol a écrit :
mer. 6 oct. 2021 11:46
@groil_groil :hello:

J'ai vu récemment "'Café Society" de Woody Allen. J'ai bien aimé mais il y a une question qui me taraude : pourquoi Jesse Eisenberg, l'acteur principal mime et imite Allen durant tout le film ?? Je comprend bien pourquoi dans "Rifkin's festival"' le personnage principal fait cela (d'ailleurs, on en a parlé ici : étant un film assez autobiographique et, comme Woody ne peut jouer son propre rôle, Wallace Shawn s'est mis dans sa peau).
Mais là, je ne comprend pas trop le jeu de Jesse Eisenberg...
:sarcastic:
T'as une idée ?

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Salut Sokol.
Je pense simplement que ce jeune homme est un Woody Allen fantasmé, celui que Woody Allen aurait aimé être à cette époque-là dans cet univers-là.
Donc il a du demander à Eisenberg de jouer comme lui, d'ailleurs il n'a pas un style de jeu tant éloigné que ça, du coup ça a dû être facile de se mettre d'accord.
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sokol
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groil_groil a écrit :
mer. 6 oct. 2021 17:33
Salut Sokol.
Je pense simplement que ce jeune homme est un Woody Allen fantasmé, celui que Woody Allen aurait aimé être à cette époque-là dans cet univers-là.
Donc il a du demander à Eisenberg de jouer comme lui, d'ailleurs il n'a pas un style de jeu tant éloigné que ça, du coup ça a dû être facile de se mettre d'accord.
D’accord. Cela dit, je ne vois pas des masses l'utilité d'une telle démarche mais bon, ce n'est pas gênant non plus (dans le sens: un spectateur lambda qui ne connais pas Woody Allen, on va dire, en tant qu'acteur, ne verra pas la différence donc, aucun intérêt en fait).
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Jean-Marie Straub
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groil_groil
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Le film qui ouvre la seconde période du cinéaste, sa meilleure, celle des grands mélodrames. Tout est en place, le film est une sorte de carte de visite du cinéma du cinéaste, même s'il est loin d'être le plus passionnant.

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Bon film mais j'en attendais plus de la part du cinéaste de Spotlight. Disons que ce qui est le plus intéressant ici c'est la déterritorialisation de l'acteur Matt Damon dans un cadre de cinéma français et celle du cinéma Hollywoodien également. Du coup, on ne voit pas le personnage de Camille Cottin rencontrer un personnage américain, mais on voit Camille Cottin l'actrice ne plus en pouvoir d'être face à Matt Damon et elle le joue très bien, et c'est le plus intéressant du film, comme de voir Marseille filmée par un cinéaste Hollywoodien. Sinon la trame est pas mal mais bourrée d'incohérences à chaque plan et c'est vite fatigant. Le plus énervant du film, c'est sa fin : le personnage n'est pas jugé moralement par le cinéaste, alors qu'il vient d'accomplir un acte immonde. Attention, je ne demande pas à ce que le personnage finisse en prison, je me fous du contenu scénaristique, mais que le cinéaste ait un regard moral, et celui-ci est absent, ce qui est regrettable. Autre bémol majeur à la fin, mais dur à évoquer sans spoiler, sur un personnage central (le coupable) qui disparait sans qu'on ait la moindre explication...

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Regardable, mais sans plus; gâché par des effets spéciaux numériques et une mise en scène trop tape-à-l'oeil.

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Re, re, revu, et constate que la mythologie prend parfois la place de la mise en scène.

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Excellent revisionnage, et même si là aussi la morale est absente, c'est volontairement assumé par le cinéaste, dont l'univers est ici parfaitement maitrisé, mettant au centre de tous les points de convergence une Victoria Abril sublime, et sublimée.

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J'en avais un souvenir plus que moyen, et en fait, c'est excellent.

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La troupe d'acteurs de la Comédie Française, dirigée par Christophe Honoré himself, décide, à cause du covid et des potentielles fermetures de salles à venir, de ne plus jouer la pièce qu'ils sont en train de répéter, Guermantes, inspirée de la Recherche du Temps Perdu de Proust, mais le metteur en scène les persuade tout de même de poursuivre les répétitions. Chacun joue son propre rôle et la caméra est embarquée nuit et jour dans le théâtre de Marigny, suivant les acteurs et le cinéaste aussi bien pendant le travail que pendant les moments de pause, les soirées ou les nuits. C'est pourtant tout sauf un film documentaire, mais un film écrit, s'inspirant d'une situation réelle. Je l'ai vu pour le détester et le critiquer, mais je suis le premier étonné à avoir trouvé ça super bien, car, malgré des côtés agaçants, il y a une justesse permanente dans la mise en scène et dans le jeu d'acteurs, jouant en permanence de la confusion entre fiction et réalité d'une manière très réussie.

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Je n'en avais plus que de rares souvenirs, et c'est une belle grosse claque, film magistral, qui emporte tout sur son passage. Et je pense qu'aucun acteur majeur d'aujourd'hui n'accepterait en France de jouer un rôle aussi noir.

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Celui-ci je l'avais déjà revu l'an dernier alors voilà ce que j'en disais : Pour Kika, je crois être un des rares à défendre ce film, je l'avais adoré à sa sortie (les Cahiers aussi je me souviens) et je ne l'avais pas revu depuis. Et bien c'est un film que je continue à défendre après ce revisionnage. Almodovar le réalise après Talons Aiguilles et il ouvre ce qui est pour moi la plus grande période du réal puisque suivent ensuite la Fleur de mon Secret, En Chair et en Os, Tout sur ma mère et Parle avec Elle, les cinq étant pour moi ses 5 meilleurs films, il est amusant de constater qu'il les a réalisés d'affilée. Ce que j'adore dans Kika, outre sa critique acerbe de la télé poubelle (à l'époque ça avait du sens), c'est que ce film est la synthèse parfaite de sa première période tout en annonçant la seconde. Il est son film le plus coloré (le plus Desigual© ? ), le plus sous empreinte Movida, l'un des plus sexuels (jusqu'à cette gênante scène de viol qui dure 5mn chrono mais qu'Almodovar à l'intelligence de faire basculer immédiatement dans le grand-guignol afin de la déréaliser (sinon elle fut insoutenable), et en même temps il amorce à fond la veine mélodramatique qui sera l'élément principal des films à venir (à commencer par celui qui suit, La Fleur de mon Secret, qui est son film Sirkien). Ce film est donc super intéressant comme film-pilier, film-bascule, mais il est tout aussi jouissif au premier degré, notamment grâce au jeu de ses actrices. On dit souvent, tout le temps, ça des films d'Almodovar, mais c'est particulièrement vrai ici, elles sont toutes extraordinaires.

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L'aventure d'un jeune ingénieur qui réalise un tunnel sous-terrain reliant l'Europe et l'Amérique, et des ouvriers qui accomplissent ce travail titanesque. Le film est plaisant mais malheureusement pas à la hauteur de son sujet.

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Je suis désormais bien à l'aise dans la meilleure période du réal, et ce revisionnage confirme que La Fleur de mon Secret est bien l'un de mes films préférés d'Almodovar. C'est sans doute son plus triste, c'est un film profondément mélancolique et je pense qu'il met en valeur toute la mélancolie présente dans l'ensemble de l'oeuvre. Je le vois un peu comme je vois Jackie Brown dans l'oeuvre de Tarantino.

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Un très beau mélodrame italien des 50's qui suit l'évolution d'un quartier populaire et de ses habitants lors de la montée du fascisme au milieu des années 20.
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sokol
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groil_groil a écrit :
jeu. 7 oct. 2021 13:22
mais je suis le premier étonné à avoir trouvé ça super bien
Et voilà ! il me fallait juste une avis supplémentaire pour aller le voir : j'étais 97% sur que c'est bien et j'avais bien envie d'aller le voir ! (et donc, j'y vais ce week-end )

ps: à mon humble avis (même si je n'ai pas vu tous ses films), Honoré est un très bon cinéaste, à une seule et unique condition : quand il sait littéralement de quoi il parle (Homme au bain, Plaire, aimer et courir vite, Ma mère ). Le reste...
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groil_groil
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sokol a écrit :
jeu. 7 oct. 2021 13:56
groil_groil a écrit :
jeu. 7 oct. 2021 13:22
mais je suis le premier étonné à avoir trouvé ça super bien
Et voilà ! il me fallait juste une avis supplémentaire pour aller le voir : j'étais 97% sur que c'est bien et j'avais bien envie d'aller le voir ! (et donc, j'y vais ce week-end )

ps: à mon humble avis (même si je n'ai pas vu tous ses films), Honoré est un très bon cinéaste, à une seule et unique condition : quand il sait littéralement de quoi il parle (Homme au bain, Plaire, aimer et courir vite, Ma mère ). Le reste...
Tu as tout dit.
Quand il fait son truffaut germanopratin c'est atroce, mais dès qu'il parle de lui ça fait mouche.
Et là, il parle de lui, et il se met en scène !
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asketoner
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Guermantes, Christophe Honoré

Il y a deux mouvements dans le film, deux flux qui s'emmêlent. Le premier concerne la question du théâtre, et plus généralement de l'art quand l'art est un métier. Christophe Honoré, en retraçant quelques jours dans la vie de la troupe de la Comédie Française qui vient d'apprendre que l'un des spectacles sur lesquels elle travaillait serait probablement annulé, se demande ce que devient l'art sans l'événement. Le théâtre, sans la représentation, comment se diffuse-t-il, quelles fins trouve-t-il, quelles issues, quelles expressions ? Le cinéaste filme d'abord la scène, puis les coulisses, les ateliers, la nuit, la rue, la porte en fond de scène qui s'ouvre sur le parc, le dîner dans le parc, la nuit au théâtre, l'hôtel dont il est question dans le texte, la manière dont le théâtre catalyse la vie des comédiens, mais aussi dont il les protège de trop comprendre ce qui se trame dans la vie. La réalité vole en éclats, littéralement : grâce au théâtre, il ne reste de la réalité que des bribes, de fragiles percées. On voit bien à quel point les comédiens sont dévorés par le théâtre, tout autant qu'ils le dévorent. Ils sont chez eux (c'est aussi lié au statut très particulier des comédiens de la Comédie Française, qui embauchent les metteurs en scène avec lesquels ils veulent travailler, alors que la plupart du temps c'est l'inverse qui se produit), et c'est une façon de ne jamais être chez eux. Ils sont eux-mêmes absolument, et jamais vraiment. Le paradoxe est là, parfaitement filmé.
L'autre mouvement est plutôt une inquiétude, qui traverse plusieurs scènes du film. Le confinement a eu lieu quelques jours après la cérémonie des Césars, et l'on voit bien que les questions amoureuses (que pose aussi l'adaptation de Proust sur laquelle la troupe travaille) sont désormais inséparables des questions de pouvoir. Honoré ne l'oublie pas, mais ne va pas non plus dans le sens de la pure morale (ou plutôt du moralisme pur). Il reste très attaché à l'ambiguïté, mais surtout, je crois, à un certain vertige, un indécidable à l'origine de toute relation. Ainsi, le jeune homme pris pour un prostitué devient-il l'objet d'un débat entre deux hommes qui ne lui demandent jamais ce qu'il en est directement, comme s'il était plus intéressant de douter de l'amour que de l'éprouver réellement, et comme si la morale était l'un des nouveaux ressorts du libertinage. De même, le soir, on entend l'un des comédiens chanter une chanson bizarre sur des amants qui se sont rencontrés devant un film de Polanski duquel ils ont débattu toute la nuit, chanson de Yves Simon, qui existe réellement ("Le Film de Polanski"), et qu'on ne peut plus entendre du tout de la même manière aujourd'hui qu'à l'époque. Pour autant, aucun clin d'oeil supplémentaire ne vient appuyer l'effet de double-archive, aucun commentaire de la part des personnages. Et c'est un peu déstabilisant, mais beau aussi, de voir qu'on finit par ne rien penser d'une telle chanson, simplement l'écouter, et se dire que le temps a passé. En matière de sentiments, on pourrait d'ailleurs reprocher à Honoré une certaine frigidité (dès qu'on atteint le début d'une émotion, on s'arrête - c'est tout le problème de son cinéma qui s'engage peu sur les pistes qu'il propose), mais il la met en scène lui-même en se filmant au lit avec l'un des comédiens, qui voudrait bien passer toute la nuit avec lui alors que le metteur en scène lui demande de partir. Et le comédien (un jeune homme), de lire une lettre de Proust tellement à propos qu'elle finira par convaincre le metteur en scène de le garder auprès de lui. On pourrait parler de déni, il y a sans doute une part de ça, une manière de "remettre les pendules sexuelles à l'heure" par un quinquagénaire bien en place, mais je crois que c'est surtout une volonté de renverser légèrement les perspectives pour approfondir un peu le sujet. La relation la plus belle est sans doute celle de la comédienne qui n'arrête pas de dessiner dans son carnet un autre comédien. Le carnet est dévoilé, le désir (l'obsession) mis sur la table, et considéré comme dégoûtant. Puis le temps passe, et le comédien demande à la dessinatrice si elle veut bien le dessiner quand même, nu près de la fontaine du petit parc, car le désir de l'autre est sans doute une horreur, mais il nous plaît aussi, et nous porte vers une forme de beauté inattendue.
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groil_groil a écrit :
jeu. 7 oct. 2021 13:22
il y a une justesse permanente dans la mise en scène et dans le jeu d'acteurs, jouant en permanence de la confusion entre fiction et réalité d'une manière très réussie.
Entièrement d'accord, et non seulement c'est juste et réussi mais c'est aussi très beau, cette confusion, j'ai trouvé. (Je veux dire par là que ce n'est pas juste tordu, ou pour faire joli. On voit le plaisir qu'il y a à laisser se confondre l'un et l'autre.)
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à propos du "Genou d'Ahed", je constate que Cinéclub de Caen voit vraiment très juste :
"Les plans-séquences du film sont parfois virevoltants mais ce sont surtout les enchaînements des plans qui surprennent toujours. Si la porte se referme sur Y et Yahalom, c'est pour mieux voir la fenêtre dont le rideau, tiré de l’intérieur, va dégager par son reflet le contre-champ sur le désert. Plans de plus en plus serrés sur le couple vu dans l'arrière-plan du mur ocre de la maison. Vision apaisée de lui enfant sur le porte-vélo de sa mère puis passage de nouveau de celle-ci dans le fond du plan où il écoute les musiciens amateurs. Surimpression rouge du générique de son film quand Y a annoncé pouvoir être Lucifer".
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Revisionnage qui confirme que c'est pour moi le chef-d'oeuvre du cinéaste. Film magnifique, à entrées multiples, qui montre un cinéaste encore plus à l'aise que d'habitude en terme de mise en scène, notamment parce qu'il laisse son décorum habituel au vestiaire. C'est en effet son film le plus sombre, ou l'un d'eux, et le fait qu'il cite Buñuel en profondeur, chose qu'il n'a jamais faite auparavant, et qui plus est l'un des plus beaux Buñuel, La Vie Criminelle d'Archibald de la Cruz, et qu'il y fasse tourner Angela Molina, actrice du dernier Buñuel, est un double aveu sur ce qu'Almodovar souhaite faire ici. Ce film m'évoque parfois jusqu'à De Palma tant sa mise en scène est ample, complexe et limpide à la fois. A noter que Pénélope Cruz joue (un petit rôle) pour la première fois chez le cinéaste, on sait sur quoi cela va déboucher...

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Un océan de vide. Le Discours, ou Parler pour ne rien dire.

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Honte à moi, mais je dois avouer que je n'ai pas lu la bande dessinée Château de sable de Pierre Oscar Lévy et Frederik Peeters, et j'ignore comment elle est arrivée entre les mains de Oui-Oui, en tout cas, chapeau au directeur des droits audiovisuels d'Atrabile, le mec est balèze. Je vais donc juger le film sans pouvoir le comparer à la bande dessinée, sans savoir si c'est fidèle ou pas, mais ça on s'en fout. En cas d'adaptation, le seul truc qui compte c'est que ça donne un bon film au final. Et là, ce n'est malheureusement pas le cas. Ce n'est pas encore ce coup-ci que Oui-Oui va faire un bon film malheureusement, même si c'est il est vrai un peu moins neuneu que d'habitude. Disons que le pitch est intéressant sur le papier, mais que ça ne passe absolument pas une fois que c'est mis en scène, puisque nous sommes confrontés à un festival d'incohérence. Il n'y a pas une scène qui tienne debout et tout peut se démonter en un revers de main (flemme de le faire, vous comprendrez...) C'est aussi incohérent qu'un épisode de Lost, dans le sens où je suis prêt à croire à n'importe quoi à partir du moment où c'est bien amené et que les incohérences ne me sautent pas aux yeux en permanence. Bref, un film ne se résume pas à un pitch.

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Un film italien de la fin des 40's assez médiocre et qui ne prend absolument pas en compte ce qui bouleverse esthétiquement le cinéma du pays à ce moment-là, le néoréalisme. Deux choses notables, Vittorio de Sica en est l'acteur principal et il en aurait tourné plusieurs séquences - celles avec les enfants - sans être crédité; et Comencini a tourné un remake du film (que je n'ai pas vu) en 1984.
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