Au début on s'y perd, on s'y agace, et puis le spectateur finit par se faire son chemin dans ce faux film de procès suivant un homme qui, pour sauver sa peau, a choisi de dénoncer tous les membres influents de la mafia, mettant au jour une galerie de guignols et de pauvres types comme rarement un film sur la mafia avait oser nous montrer, et c'est tout le sel de ce beau film tardif du maitre Bellocchio.
A cause de son titre, j'ai toujours cru, à tort, que ce film proposait une vision quelque peu bouffonne de la Guerre du Vietnam, un peu comme celle de Good Morning Vietnam par exemple. En effet il n'en est rien, c'est un vrai et beau film de guerre, à rapprocher des films de Walsh ou d'Antony Mann et qui se glisse haut la main au milieu d'un Outrages ou d'un Platoon, comme l'un des grands films sur le Vietnam des 80's.
J'en gardais le souvenir d'un petit Duvivier, c'est le cas, le film n'est pas passionnant hormis pour la figure de Gabin et le côté couleur locale de certains décors et quelques figurants, qui font vrai, mais qui sont malheureusement filmés comme des indigènes.
Plus le temps passe et plus je me dis que Mia Hansen Love ne retrouvera jamais la grâce de ses trois premiers films, et ce, même si ce dernier est réussi. Ce qu'il y a de génial dans ce film c'est avant tout Léa Seydoux, qui n'a jamais été aussi juste et aussi belle (c'est dingue comme elle semble être réelle dans ce film, on a l'impression de la connaitre, et fou aussi comme les cheveux courts lui vont bien), Pascal Greggory, lui aussi merveilleux et papa universitaire qui perd la boule, et le traitement de la question de la maladie, qui est juste et émouvant, avec toujours la bonne distance. Ce qui est moins bon, c'est tout ce qui tourne autour du personnage joué par Melvil Poupaud, je n'y crois jamais. Le personnage en lui-même n'est pas bien dessiné, les répliques des deux amants sonnent faux, parfois c'en est même vraiment gênant, et je ferais là-dessus le même reproche qu'au dernier film de Mouret : si c'est pour ignorer à ce point l'existence de l'épouse (le néant total) ce n'est pas la peine de créer un personnage qui est soi-disant marié. Et gros point fort final : le film se termine sur une sublime chanson de Bill Fay.
Une jeune musicienne tente de remettre en scène une ancienne star de la musique (un profil à la Brigitte Fontaine) en enregistrant un nouvel album en duo mais cette dernière meurt dès le début de la collaboration. Elle va tenter de finaliser l'album seule, mais elle a besoin de retrouver l'ayant-droit, un petit neveu loulou et opportuniste, placeur sur les marchés. Les liens entre ces deux personnages que tout oppose va constituer le fil d'un film que je n'étais pas loin d'aimer mais qui pêche à cause de la musique. Il y en a tout le temps, normal vu le sujet, mais elle a été confiée à des compositeurs / paroliers qui n'ont absolument pas le niveau et qui créent une soupe inodore à laquelle il est impossible d'adhérer, nous faisant ainsi nous priver de la quasi-totalité des émotions que souhaite provoquer le film.
Pour son dernier film, le russe Kalatozov cède aux sirènes très en vogue à l'époque de la superproduction internationale, italo-russo-anglo-saxone pour un film ambitieux, aidé par le score de Morricone plutôt habile mais assez pompier, sur un sujet qui lui correspond plutôt (la recherche des survivants d'un accident de zeppelin en plein Antarctique), mais qui devient à cause de cet excès de gigantisme, forcément impersonnel.
Zéro pointé pour cette adaptation d'une nouvelle de Stephen King étirée jusqu'à la rupture pour remplir un long métrage, mais qui ne le remplit que de vide, de non-sens, et d'un mauvais goût aussi absolu que racoleur, jouant sur le lacrymal à répétition quant à la mort d'une fillette. Odieux.
Kalatozov encore, mais ici 100% russe et nettement plus convaincant, sur l'errance de 4 géologues perdus en pleine Sibérie alors qu'ils recherchent une mine de diamants. Le film propose presque une vision anticipée et naturaliste du Stalker de Tarkovski (il l'a forcément) et réussi tant dans ses personnages que dans la mise en scène magnifique d'une nature aussi grandiose que dangereuse. Sans doute mon Kalatozov préféré.
Odieux nanar fin de carrière de Rob Reiner mettant en scène un vieillard grincheux et à destination d'un public du 3ème qui l'est sans doute tout autant.
J'avoue avoir râlé quand j'ai vu les frères Dardenne recevoir encore un Prix au dernier Festival de Cannes, mais franchement celui-ci est sans doute leur plus mérité, et ce film est l'un de leurs plus beaux. Film direct, sans transition, ultra frontal, il met en scène deux gamins, réfugiés illégaux du Bénin qui tentent de survivre en Belgique. Le plus jeune a pu avoir des papiers, l'ainée n'en a pas. Sa quête effrénée pour en avoir sera le centre du film, tout comme ce qui causera sa perte. Les Dardenne démontent un système mais jamais tomber dans le discursif, et montrent uniquement par la mise en scène l'absurdité d'une société. Le film est d'une noirceur phénoménale qui m'a retourné le ventre, et surtout il ne s'embarrasse d'aucune psychologie. Ce sont juste des actes, des actions, qui nous sont montrés comme une matière vivante et abrasive. Il y a quelque chose de L'Argent de Bresson là-dedans, dans le sens où les Dardenne montre l'impuissance de l'être humain dans un système établi, qui forcément, va le broyer. C'est un film sans espoir, mais en même temps d'où surgissent deux des personnages les plus lumineux de leur oeuvre, ces deux enfants qui se font passer pour frère et soeur afin de ne pas être séparés, mais surtout pour encore avoir quelqu'un à aimer dans un monde où l'amour a disparu. Et c'est justement cet amour qui sera leur perte. J'en suis sorti terrassé, y pense continuellement depuis, un de mes plus gros chocs de l'année, assurément.
Après la mort accidentelle de son épouse, Julien Lepers est recontacté par cette dernière en direct du trépas et via les ondes radio et télé. Elle lui annonce des morts à venir, et Julien va tenter de les entraver tout en essayant de communiquer au max avec sa femme. L'idée est marrante et aurait pu donner lieu à un bon thriller paranormal du dimanche soir mais l'ensemble part trop vite en wtf pour susciter le moindre intérêt.
J'avoue l'avoir vu avec beaucoup d'a priori, mais in fine le film m'a plutôt plu, et marqué. Déjà la durée de 2h40 qui m'effrayait ne se sent pas, et il est assez facile d'accepter que le cinéaste ne propose pas un film biographique, mais une rêverie autour du personnage de Marilyn (ce qui est assez chiant, car on passe une partie de son temps sur wikipédia à vérifier si ceci est vrai ou si ceci est faux). Mais j'ai fini par me prendre au jeu et par être ému par ce portrait assez expérimental d'une part, mais surtout très simple et déchirant de l'autre. Dominik fait vraiment de Marilyn une victime, terrorisée toute sa vie par le fait de ne pas avoir eu d'enfant (la fausse couche comme leitmotiv est assez éprouvant), mais surtout d'avoir dû subir toute la violence des hommes et la violence d'une industrie et d'un siècle tout entier qui la désigna comme la victime idéale. En cela, le film aurait pu, dû, s'appeler La Passion de Marilyn.
Revu cette merveille avec toujours autant de plaisir pour la montrer à mon gamin, même si je ne me souvenais pas que l'humour y était souvent assez trash et en dessous de la ceinture...
C'est du cinéma de droite décomplexée, catho, réac, militaire friendly, une sorte de tract parfait pour la NRA, qui considère tout étranger (et qui plus est s'il vient du Moyen Orient) comme un métèque, mais malgré cela, j'ai trouvé des qualités au film. Notamment parce que j'étais persuadé que le père partait en Irak recherché son fils disparu, mais pas du tout, il ne quitte pas son bled, et sa quête est très vite introspective, lui permettant seulement de faire son deuil impossible. En cela, le traitement est assez habile, parce que la mise en scène n'est jamais trop à la recherche de l'effet et préfère se poser, on dirait presque du Wenders parfois, pour respirer au rythme de ses personnages meurtris.
Moi qui disais pis que pendre de Villeneuve, j'avais découvert cette merveille absolue l'an dernier et m'étais pris une claque monumentale. Revu seulement un an plus tard, le film est toujours aussi fort, magistral, à la bonne distance. C'est un des thrillers de psychopathes les plus haletants vus dans ma vie, mais le film soulève en plus une question essentielle et perturbante, celle de savoir jusqu'où on est prêt pour retrouver sa fille enlevée. Le film dit que oui, on est prêt à devenir un monstre pour cela, et il ne glorifie pas cette action bien au contraire, mais nous laisse face à ça avec une grande intelligence et beaucoup de subtilité.
Toute la promo de ce film méconnu de 1983 laissant penser qu'il s'agissait d'un film de zombie alors que pas du tout, c'est un slasher, mais un slasher bancal, atypique, qui ressemble parfois à Re-Animator, parfois à du De Palma. On frôle en permanence la série Z, mais le film avance avec franchise, sans se soucier de sa réception, et finit par convaincre lors d'un finish aussi grandiose que grand-guignol. Belle découverte de cinéma bis.
Fabuleux documentaire au rythme si effréné qu'il en devient presque fatigant, consacré à la boite de prod CANNON qui dans les 80's devient la plus grosse machine à nanars de tous les temps, fabriquant à la chaine des films de consommation avec Charles Bronson, Sylvester Stallone, Chuck Norris, Dolph Lungren ou JC Van Hamme, et en mettant du cul partout et tout le temps. Fondée par deux israéliens aussi cinéphiles qu'opportunistes, la Canon tenta ensuite de se racheter une bonne conduite en signant de grands artistes comme Cassavetes, Schroeder, Schatzberg, Kontchalovsky, Frankenheimer ou même Godard (King Lear, ce sont eux !), la firme finit par imploser par soucis de mauvaise gestion et d'égo démesuré. Ce doc assez complet et survolté est totalement réjouissant, nous replongeant dans l'époque comme si on l'avait vécue.
I like your hair.