Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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asketoner a écrit :
dim. 9 juil. 2023 11:40
J'en suis venu à douter des intentions de la cinéaste, mais c'est certainement plus complexe que ça : je pense en fait que les intentions du film sont bonnes, mais que son procédé est nul
C'est les pires films qu'ils soient. En Albanie par exemple, le peu de films qui se font actuellement sont exactement comme celui-ci.
Je pense que la fameuse "mais aujourd’hui, je partage avec le reste du monde cette préférence pour un mauvais film américain à un mauvais film bulgare" (Godard) résume encore et toujours cela.

C'est terrible le cinéma. Te-rri-ble

ps: Petite question : les deux jeunes filles sur affiches, c'est elles qui partent faire le djihad ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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sokol a écrit :
lun. 10 juil. 2023 09:54


ps: Petite question : les deux jeunes filles sur affiches, c'est elles qui partent faire le djihad ?
Non, ce sont les deux petites soeurs qui sont restées
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asketoner
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Ici : https://www.radiofrance.fr/francecultur ... me-9903656
un entretien très intéressant avec Caroline Champetier, directrice de la photo pour les cinéastes qu'on aime.
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asketoner
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Vers un avenir radieux, Nanni Moretti

Dans les histoires de Nanni Moretti, tout se tisse, se rencontre, se redouble et se détourne. Ainsi, dans Vers un avenir radieux, coexistent sans hiérarchie :
la vie familiale du cinéaste
le film qu'il est en train de tourner
l'histoire réelle à laquelle ce film se réfère
la production qui permet au film de se tourner
le film qu'un autre cinéaste est en train de tourner grâce à la production de sa femme
& le film qu'il aurait peut-être préféré faire, c'est-à-dire un film d'amour avec plein de chansons italiennes, sans doute une version transalpine de Lola de Jacques Demy.
Et tout cela se télescope avec allégresse et mélancolie, comme si rien n'était tout à fait le réel, comme si la présence totale, à soi, aux autres, au monde et à l'histoire vécue ne pouvait pas être atteinte, parce qu'il faut sans cesse changer de scène, changer de niveau de réalité.
Il y a un plan comme ça, assez superbe, où Moretti, soudain, interrompt le tournage de son film, décrète la journée de travail terminée, et marche à travers les décors vides, comme un fantôme, ou comme un humain en retard d'une ou deux heures sur sa propre vie.

L'émotion que j'ai ressentie face au film tient surtout à la remise en question finale : pour Moretti, il s'agit enfin de ne pas se soumettre à l'Histoire telle qu'elle a été, de la réécrire avec des si contre tous ses principes, et de remettre ainsi le rêve, l'espoir et l'intelligence au coeur de la politique, donc du temps, pour sortir du fatalisme (magnifique idée de ces gens qui s'enthousiasment pour le suicide à la fin du film en train de se faire, et de cet acteur qui était sûr qu'un jour Moretti tournerait quelque chose où le personnage principal en viendrait là, ce qui permet au cinéaste de reconsidérer son désir et ce qu'il recouvre). Et raconter l'Histoire telle qu'elle n'a pas eu lieu est une très belle façon de voir enfin ce qui a manqué (un peu d'amour, sans doute ; et d'avoir écouté les femmes, peut-être, et toutes les dissidences).
Le film est néanmoins légèrement déséquilibré : tous les personnages sont interrompus très abruptement, sauf celui de Nanni Moretti qui a tout le temps du monde pour exposer pourquoi il déteste les mules que porte la comédienne principale de son film. A mon sens, il manque une remise en question qui aille aussi jusqu'à l'équilibre des places et des figures. (Les scènes chez le psy, par exemple, sont assez mauvaises, conventionnelles. L'idée de l'appartement loué 6 mois avant la rupture est bien plus géniale, mais elle ne donne lieu qu'à une seule scène.)
J'ai bien conscience que c'est précisément cette place de l'homme qu'on a toujours écouté avec respect et crainte que le film tente de mettre à mal, et que donc il fallait représenter cette place, mais je sens une légère complaisance, comme s'il restait encore trop de traces de cette passion de l'autorité.
On a toujours comparé Nanni Moretti à Woody Allen, mais on peut aussi penser à Elia Suleiman comme grand cinéaste de l'autofiction, dont la position m'a toujours semblé juste et précise. Ce n'est pas une question de narcissisme, car Elia Suleiman est quasiment de chacun des plans de ses films. Mais il n'en profite jamais pour discourir. Tandis que Moretti continue de vouloir nous faire subir son caractère (alors même qu'il parle de plus en plus lentement et que sa verve a quelque chose, désormais, d'un peu visqueux). C'est peut-être que Elia Suleiman ne filme pas seulement ses remises en question, mais aussi son impuissance.
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 10 juil. 2023 10:08
Ici : https://www.radiofrance.fr/francecultur ... me-9903656
un entretien très intéressant avec Caroline Champetier, directrice de la photo pour les cinéastes qu'on aime.
:jap: :jap: :jap:

Déjà le titre : "Je suis beaucoup plus faite par mon époque que par moi-même".
C'est ce que je dis tout le temps : C'est l'histoire qui fait l'homme et non pas l'homme qui fait l'histoire
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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asketoner a écrit :
dim. 9 juil. 2023 11:40
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Les Filles d'Olfa, Kaouther Ben Hania

J'ai tenté de tenir le plus longtemps possible face à ce que le film propose, mais c'était vraiment difficile. On se retrouve face à une femme souriante, visiblement contente d'être filmée, dont deux des quatre filles sont parties en Lybie pour le djihad. La réalisatrice propose d'entremêler les témoignages et le récit d'enfance des deux filles restantes, à des scènes de leur vie rejouées, parfois par des actrices professionnelles, parfois par les personnes réelles. On est quelque part entre la thérapie familiale et le confessionnal de télé-réalité où l'émotion est tout de suite surlignée par de la musique, des gros plans, et des répliques telles que "je préférerais qu'on arrête". Il y a énormément de violence dans le film (la mère bat ses filles avec ferveur, l'avoue et sourit), mais aucune façon de l'encadrer, de la soutenir cinématographiquement, sinon en la changeant en information venant nourrir le profil psychologique du personnage. J'en suis venu à douter des intentions de la cinéaste, mais c'est certainement plus complexe que ça : je pense en fait que les intentions du film sont bonnes, mais que son procédé est nul, parce qu'il renonce à tout positionnement esthétique, donc moral, et cherche seulement à appliquer ses tout petits principes sans s'éveiller lui-même face à ce qu'il rencontre. Les personnes filmées n'apprennent rien au film. Elles apportent leur histoire, et le film les traite comme il aurait traité n'importe quoi. Il n'y a pas de regard, il n'y a pas de rencontre : il n'y a pas de cinéma.


Après Toute la beauté et le sang versé, c'est le deuxième film sorti en salle que j'ai adoré cette année que tu qualifie de "non cinéma" :D
Et alors, autant le Laura Poitras a un petit côté reportage télé dans sa forme, qui fait que je comprends le reproche (sans être d'accord), autant dans Les Filles d'Olfa, je trouve le dispositif mis en place tellement innovant, en tout cas assez inédit, ce qui est rare de nos jours au cinéma, que dire "il n'y a pas de cinéma", ça m'interroge. Evidement, tu peux ne pas aimer, trouver que ce dispositif est un impasse, voire même est dégueulasse, mais ce n'est pas la même chose que dire pour le 2nd documentaire fort de l'année "il n'y a pas de cinéma". Ca m'oblige à poser des questions basiques et chiantes, mais 1er degré : du coup, c'est quoi "le cinéma" ?
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 10 juil. 2023 11:10

Dans les histoires de Nanni Moretti, tout se tisse, se rencontre, se redouble et se détourne. Ainsi, dans Vers un avenir radieux, coexistent sans hiérarchie :
1. la vie familiale du cinéaste
2. le film qu'il est en train de tourner
3. l'histoire réelle à laquelle ce film se réfère
4. la production qui permet au film de se tourner
5. le film qu'un autre cinéaste est en train de tourner grâce à la production de sa femme
6. le film qu'il aurait peut-être préféré faire, c'est-à-dire un film d'amour avec plein de chansons italiennes, sans doute une version transalpine de Lola de Jacques Demy.
C'est marrant car pas plus loin que ce matin j'ai lu un commentaire de E. Péhau (je ne sais pas trop qui c'est, excuse) sur son mur fb où entre autres il dit (je me permets de le citer) :
Moretti négocie avec une grande virtuosité le "jeu" entre différents niveau de fiction et de temporalité :
1. le récit du tournage de "Vers l'avenir radieux" qui charpente le film,
2. les extraits de ce "film dans le film" qui raconte un passé collectif,
3. le récit du tournage d'un film rival,
4. les plans de cet autre "film dans le film" qui ne cherche qu'à rivaliser en horreur et en banalité avec l'actualité,
5. le récit encore plus fragmentaire et aléatoire du tournage rêvé du film que Giovanni, son personnage, aurait réellement besoin de faire, les plans de ce "film dans le fim" qui raconte plutôt le passé conjugal de Giovanni,
6. et le récit du délitement de la cellule familiale en parallèle du délitement du premier film, et le récit des efforts antinomiques du personnage de Margherita But pour sauver deux films tout en se sauvant de leur couple).
Perso, je n'ai pas vu tous ses 'films' (c'est moi qui a mis des chiffres dans les 2 citations ci-dessus; et je ne suis pas trop capable à vérifier si vous avez vu les mêmes films, même si leur nombre est identique !) mais, comme parfois (et ici, c'est le cas !!) Moretti filme comme Kieslowski (ce n'est pas moi qui le dit mais Péhau, et je pense qu'il a vraiment raison !!), cela m'avait bien empêché de les voir car, du coup, on voit, par exemple la scénographie et les costumes (du film dans le film) et pas forcement lui (le film dans le film). Mais attention : ce n'est ni la scénographie ni les costumes qui me gênent ! Loin s'en faut ! C'est la façon comment les scènes sont filmé (à la Kieslowski quoi !!) qui m’empêche. Du coup, je ne les ai pas trop vu les différents niveau de fiction et de temporalité (je cite toujours) car c'est du Kieslowski (que je vomis). Et voilà, en écrivant ça, cela me met en colère contre le film et j'ai envie de le détester.

Les scènes chez le psy, par exemple, sont assez mauvaises
Non, soyons honnête, elle ne sont pas assez mauvaises, elles sont immondes (normalement, quand je vois ça dans une salle de cinéma je fous le camp :D )
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asketoner a écrit :
lun. 10 juil. 2023 10:06

Non, ce sont les deux petites soeurs qui sont restées
OUi bien sur, les belles restent, les moches sont parties c'est ça ? :D
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
lun. 10 juil. 2023 13:04
asketoner a écrit :
lun. 10 juil. 2023 10:06

Non, ce sont les deux petites soeurs qui sont restées
OUi bien sur, les belles restent, les moches sont parties c'est ça ? :D

:roll: :roll: :roll: :roll: :roll: :roll:

Vraiment, juste, qu'est-ce qui t'amène à écrire ça, en ayant aucune idée dans quoi tu t'engouffres ?
Je ne comprends même pas ce que tu cherches à sous entendre.

On va répondre 1er degré : on ne voit jamais vraiment le visage des deux soeurs qui se sont enfuies, ça fait parti du dispositif. Mais il est dit et répété que l'une des soeurs ainées parties était particulièrement belle.
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 14:06

Je ne comprends même pas ce que tu cherches à sous entendre.
J'entends que le cinéma est une histoire de beauté (dis moi une actrice moche - soyons franc).

ps: je la trouve un peu trop photogénique l’affiche, c'est tout
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 14:06
Vraiment, juste, qu'est-ce qui t'amène à écrire ça, en ayant aucune idée dans quoi tu t'engouffres ?
Juste un truc : quand un cinéaste traite un sujet si ultra délicat, il a vraiment l’intérêt de faire le plus sobre possible. Or, ne se reste que l'utilisation à la louche de la musique (que @asketoner évoque) me fait dire qu'il s'agit d'un (mauvais) "film bulgare"
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Tamponn Destartinn
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La musique, pour être honnête, je ne m'en souviens plus. Elle ne m'a donc pas marqué, mais même, j'aurais cru qu'il y en avait peu.
(j'ai vu le film y a 2 mois, je précise)
Alors c'est con à dire, mais j'y suis allé avec la personne la plus anti-"musique qui appuie" au Cinéma, vraiment elle en parle tout le temps et ça peut lui gâcher un film très rapidement, et elle n'en a pas parlé à la sortie (comme moi, elle aime le film)
Donc ça me surprend qu'il y en ait à ce point là.


Mais bon, c'est pas tant le sujet.
Pars du principe que c'est un mauvais film bulgare si ça tu en as envie, mais le procès d'intention du physique des jeunes femmes sur l'affiche, pour un documentaire ? T'as vraiment pas besoin d'aller t'abaisser à ça pour critiquer.
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 15:24
pour un documentaire ?
Mais c'est un doc ??? :ouch: :ouch: :ouch:
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c'est bon, j'ai lu sur Critikat :
Sorte de docufiction à mi-chemin entre le re-enactment et le making of, le film de Kaouther Ben Hania
Les Filles d’Olfa n’évite finalement pas le piège du documentaire trop riche en entretiens face-caméra et alourdi d’une bande-son larmoyante.
https://www.critikat.com/actualite-cine ... s-dolfa-2/
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sokol a écrit :
lun. 10 juil. 2023 15:34
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 15:24
pour un documentaire ?
Mais c'est un doc ??? :ouch: :ouch: :ouch:
Mais m'enfin !! Est-ce ma demande d'arrêter de sortir des piques sur un film dont on ne sait rien te parait maintenant légitime ? :D :lol: :lol:
Alors je n'ai pas lu l'article que tu as posté, mais les mots clés que je perçois me semblent juste.
C'est un docu (les personnes sur l'affiche sont les vraies personnes), mais avec une part de fiction (des actrices jouent le rôle des soeurs ainées qui sont parties + une actrice joue le rôle de la mère dans certains passages), mais ces scènes de fictions sont extrêmement rares, on a beaucoup plus des scènes de discussions entre les actrices et les personnes concernées, et de fait c'est plus un making of et donc un documentaire jusqu'au bout.
(moi je dirais aussi une "reconstitution", comme la police qui reconstitue une scène de crime, mais une reconstitution sur plusieurs années et pas que juste avant, pour vraiment comprendre comment on en est arrivé là.)
C'est donc un documentaire avec un dispositif unique en son genre, pensé pour la spécificité du sujet et des personnes concernées.
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cyborg
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sokol a écrit :
lun. 10 juil. 2023 15:06
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 14:06

Je ne comprends même pas ce que tu cherches à sous entendre.
J'entends que le cinéma est une histoire de beauté (dis moi une actrice moche - soyons franc).

ps: je la trouve un peu trop photogénique l’affiche, c'est tout
Yolande Moreau.


Désolé Yolande.
Vive la Belgique.
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asketoner
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 12:15
asketoner a écrit :
dim. 9 juil. 2023 11:40
Image

Les Filles d'Olfa, Kaouther Ben Hania

J'ai tenté de tenir le plus longtemps possible face à ce que le film propose, mais c'était vraiment difficile. On se retrouve face à une femme souriante, visiblement contente d'être filmée, dont deux des quatre filles sont parties en Lybie pour le djihad. La réalisatrice propose d'entremêler les témoignages et le récit d'enfance des deux filles restantes, à des scènes de leur vie rejouées, parfois par des actrices professionnelles, parfois par les personnes réelles. On est quelque part entre la thérapie familiale et le confessionnal de télé-réalité où l'émotion est tout de suite surlignée par de la musique, des gros plans, et des répliques telles que "je préférerais qu'on arrête". Il y a énormément de violence dans le film (la mère bat ses filles avec ferveur, l'avoue et sourit), mais aucune façon de l'encadrer, de la soutenir cinématographiquement, sinon en la changeant en information venant nourrir le profil psychologique du personnage. J'en suis venu à douter des intentions de la cinéaste, mais c'est certainement plus complexe que ça : je pense en fait que les intentions du film sont bonnes, mais que son procédé est nul, parce qu'il renonce à tout positionnement esthétique, donc moral, et cherche seulement à appliquer ses tout petits principes sans s'éveiller lui-même face à ce qu'il rencontre. Les personnes filmées n'apprennent rien au film. Elles apportent leur histoire, et le film les traite comme il aurait traité n'importe quoi. Il n'y a pas de regard, il n'y a pas de rencontre : il n'y a pas de cinéma.


Après Toute la beauté et le sang versé, c'est le deuxième film sorti en salle que j'ai adoré cette année que tu qualifie de "non cinéma" :D
Et alors, autant le Laura Poitras a un petit côté reportage télé dans sa forme, qui fait que je comprends le reproche (sans être d'accord), autant dans Les Filles d'Olfa, je trouve le dispositif mis en place tellement innovant, en tout cas assez inédit, ce qui est rare de nos jours au cinéma, que dire "il n'y a pas de cinéma", ça m'interroge. Evidement, tu peux ne pas aimer, trouver que ce dispositif est un impasse, voire même est dégueulasse, mais ce n'est pas la même chose que dire pour le 2nd documentaire fort de l'année "il n'y a pas de cinéma". Ca m'oblige à poser des questions basiques et chiantes, mais 1er degré : du coup, c'est quoi "le cinéma" ?
:lol:

Je ne pense pas qu'un dispositif soit du cinéma. La réalisatrice prend un sujet et lui applique une méthode, un traitement peut-être un peu plus chic que les reportages à la télé mais le résultat est le même : je sors de là plus ou moins informé et c'est tout, je ne découvre rien.
Par ailleurs, je ne pense vraiment pas que faire rejouer à une mère la violence qu'elle a infligé à ses filles soit une chose digne, ni pour la mère ni pour les filles.
Les techniques utilisées sont celles du psychodrame, très contestables (il y a des scènes géniales dans Twin Peaks à ce sujet-là), et de la télé-réalité, avec les fameux moments émotionnellement trop intenses, annoncés dès le début du film, c'est-à-dire un peu forcés, où on reste des plombes sur un visage en larmes jusqu'à ce qu'il dise stop parce que personne ne l'aurait compris de soi-même.

(Donc le cinéma, ce serait tout ce qui viendrait à l'encontre de la tendance au dispositif, au système, à la banalisation... :D )
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cyborg a écrit :
lun. 10 juil. 2023 19:43
Yolande Moreau.
Oui,la mère. Les filles non (mais je ne savais pas que c'est un documentaire)
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asketoner a écrit :
mar. 11 juil. 2023 09:40
je ne pense vraiment pas que faire rejouer à une mère la violence qu'elle a infligé à ses filles soit une chose digne
Meme si dans un autre contexte, cette histoire de dispositif me fait penser à "Iranien" de Mehran Tamadon (2014) durant lequel le réalisateur (athée) réussi à convaincre quatre mollahs, partisans de la République Islamique d’Iran, de venir habiter et discuter avec lui pendant deux jours dans sa maison secondaire pas très loin de Téhéran. Et là, pendant presque 2h, les mollahs se foutent royalement de sa gueule COMME EN 36 ! :lol:
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sokol a écrit :
mar. 11 juil. 2023 10:27
asketoner a écrit :
mar. 11 juil. 2023 09:40
je ne pense vraiment pas que faire rejouer à une mère la violence qu'elle a infligé à ses filles soit une chose digne
Meme si dans un autre contexte, cette histoire de dispositif me fait penser à "Iranien" de Mehran Tamadon (2014) durant lequel le réalisateur (athée) réussi à convaincre quatre mollahs, partisans de la République Islamique d’Iran, de venir habiter et discuter avec lui pendant deux jours dans sa maison secondaire pas très loin de Téhéran. Et là, pendant presque 2h, les mollahs se foutent royalement de sa gueule COMME EN 36 ! :lol:
Ah mais je ne suis pas contre les dispositifs, mais si le cinéma c'est seulement appliquer un dispositif à un sujet, ça ne vaut pas le coup.
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asketoner
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sokol a écrit :
lun. 10 juil. 2023 13:03
asketoner a écrit :
lun. 10 juil. 2023 11:10

Dans les histoires de Nanni Moretti, tout se tisse, se rencontre, se redouble et se détourne. Ainsi, dans Vers un avenir radieux, coexistent sans hiérarchie :
1. la vie familiale du cinéaste
2. le film qu'il est en train de tourner
3. l'histoire réelle à laquelle ce film se réfère
4. la production qui permet au film de se tourner
5. le film qu'un autre cinéaste est en train de tourner grâce à la production de sa femme
6. le film qu'il aurait peut-être préféré faire, c'est-à-dire un film d'amour avec plein de chansons italiennes, sans doute une version transalpine de Lola de Jacques Demy.
C'est marrant car pas plus loin que ce matin j'ai lu un commentaire de E. Péhau (je ne sais pas trop qui c'est, excuse) sur son mur fb où entre autres il dit (je me permets de le citer) :
Moretti négocie avec une grande virtuosité le "jeu" entre différents niveau de fiction et de temporalité :
1. le récit du tournage de "Vers l'avenir radieux" qui charpente le film,
2. les extraits de ce "film dans le film" qui raconte un passé collectif,
3. le récit du tournage d'un film rival,
4. les plans de cet autre "film dans le film" qui ne cherche qu'à rivaliser en horreur et en banalité avec l'actualité,
5. le récit encore plus fragmentaire et aléatoire du tournage rêvé du film que Giovanni, son personnage, aurait réellement besoin de faire, les plans de ce "film dans le fim" qui raconte plutôt le passé conjugal de Giovanni,
6. et le récit du délitement de la cellule familiale en parallèle du délitement du premier film, et le récit des efforts antinomiques du personnage de Margherita But pour sauver deux films tout en se sauvant de leur couple).
Perso, je n'ai pas vu tous ses 'films' (c'est moi qui a mis des chiffres dans les 2 citations ci-dessus; et je ne suis pas trop capable à vérifier si vous avez vu les mêmes films, même si leur nombre est identique !) mais, comme parfois (et ici, c'est le cas !!) Moretti filme comme Kieslowski (ce n'est pas moi qui le dit mais Péhau, et je pense qu'il a vraiment raison !!), cela m'avait bien empêché de les voir car, du coup, on voit, par exemple la scénographie et les costumes (du film dans le film) et pas forcement lui (le film dans le film). Mais attention : ce n'est ni la scénographie ni les costumes qui me gênent ! Loin s'en faut ! C'est la façon comment les scènes sont filmé (à la Kieslowski quoi !!) qui m’empêche. Du coup, je ne les ai pas trop vu les différents niveau de fiction et de temporalité (je cite toujours) car c'est du Kieslowski (que je vomis). Et voilà, en écrivant ça, cela me met en colère contre le film et j'ai envie de le détester.

Les scènes chez le psy, par exemple, sont assez mauvaises
Non, soyons honnête, elle ne sont pas assez mauvaises, elles sont immondes (normalement, quand je vois ça dans une salle de cinéma je fous le camp :D )
Oui pour Kieslowski, de la même façon qu'appeler Scorsese pour lui demander des conseils éthiques en termes de représentation de la violence au cinéma, je ne suis pas du tout d'accord avec ça.

A propos des scènes du psy, ce matin je pensais : Moretti ne pouvait pas faire mieux pour ridiculiser le désir d'émancipation de son épouse que de l'envoyer chez un psy caricatural et incompétent...
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Tamponn Destartinn
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asketoner a écrit :
mar. 11 juil. 2023 09:40
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 10 juil. 2023 12:15
asketoner a écrit :
dim. 9 juil. 2023 11:40
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Les Filles d'Olfa, Kaouther Ben Hania

J'ai tenté de tenir le plus longtemps possible face à ce que le film propose, mais c'était vraiment difficile. On se retrouve face à une femme souriante, visiblement contente d'être filmée, dont deux des quatre filles sont parties en Lybie pour le djihad. La réalisatrice propose d'entremêler les témoignages et le récit d'enfance des deux filles restantes, à des scènes de leur vie rejouées, parfois par des actrices professionnelles, parfois par les personnes réelles. On est quelque part entre la thérapie familiale et le confessionnal de télé-réalité où l'émotion est tout de suite surlignée par de la musique, des gros plans, et des répliques telles que "je préférerais qu'on arrête". Il y a énormément de violence dans le film (la mère bat ses filles avec ferveur, l'avoue et sourit), mais aucune façon de l'encadrer, de la soutenir cinématographiquement, sinon en la changeant en information venant nourrir le profil psychologique du personnage. J'en suis venu à douter des intentions de la cinéaste, mais c'est certainement plus complexe que ça : je pense en fait que les intentions du film sont bonnes, mais que son procédé est nul, parce qu'il renonce à tout positionnement esthétique, donc moral, et cherche seulement à appliquer ses tout petits principes sans s'éveiller lui-même face à ce qu'il rencontre. Les personnes filmées n'apprennent rien au film. Elles apportent leur histoire, et le film les traite comme il aurait traité n'importe quoi. Il n'y a pas de regard, il n'y a pas de rencontre : il n'y a pas de cinéma.


Après Toute la beauté et le sang versé, c'est le deuxième film sorti en salle que j'ai adoré cette année que tu qualifie de "non cinéma" :D
Et alors, autant le Laura Poitras a un petit côté reportage télé dans sa forme, qui fait que je comprends le reproche (sans être d'accord), autant dans Les Filles d'Olfa, je trouve le dispositif mis en place tellement innovant, en tout cas assez inédit, ce qui est rare de nos jours au cinéma, que dire "il n'y a pas de cinéma", ça m'interroge. Evidement, tu peux ne pas aimer, trouver que ce dispositif est un impasse, voire même est dégueulasse, mais ce n'est pas la même chose que dire pour le 2nd documentaire fort de l'année "il n'y a pas de cinéma". Ca m'oblige à poser des questions basiques et chiantes, mais 1er degré : du coup, c'est quoi "le cinéma" ?
:lol:

Je ne pense pas qu'un dispositif soit du cinéma. La réalisatrice prend un sujet et lui applique une méthode, un traitement peut-être un peu plus chic que les reportages à la télé mais le résultat est le même : je sors de là plus ou moins informé et c'est tout, je ne découvre rien.
Par ailleurs, je ne pense vraiment pas que faire rejouer à une mère la violence qu'elle a infligé à ses filles soit une chose digne, ni pour la mère ni pour les filles.
Les techniques utilisées sont celles du psychodrame, très contestables (il y a des scènes géniales dans Twin Peaks à ce sujet-là), et de la télé-réalité, avec les fameux moments émotionnellement trop intenses, annoncés dès le début du film, c'est-à-dire un peu forcés, où on reste des plombes sur un visage en larmes jusqu'à ce qu'il dise stop parce que personne ne l'aurait compris de soi-même.

(Donc le cinéma, ce serait tout ce qui viendrait à l'encontre de la tendance au dispositif, au système, à la banalisation... :D )


Merci sincèrement d'avoir réussi à sortir quelque chose de cette question chiante :D
Même si ça confirme à quel point on est en désaccord sur ce film.

Je pense que le dispositif est particulièrement pensé pour ce que le film a envie de raconter, et qu'il permet d'aller bien au delà de l'information.
Les situations que cela créé permettent déjà de mettre en lumière la complexité de cette histoire. Y compris cette scène où la mère rejoue sa violence, amenant ce dialogue fort et rare avec ses filles et aussi avec l'actrice qui la joue (ce qui ajoute à la lutte des valeurs une lutte des classes). Olfa n'est ni une sainte victime, ni le bourreau, je la trouve fascinante, sans besoin de la célébrer. Aussi, t'as l'impression que ce film permet aux deux jeunes filles de s'ouvrir, de prendre conscience de certaines choses, mais si elles sont déjà bien plus conscientes que leur mère. Rien que ça, c'est très beau, et absolument pas voyeuristes dans le sens où elles ont clairement besoin de s'exprimer et que ce film est leur meilleur moyen de le faire. Mais au delà de ça, ce qui nait de tout cela, c'est une radioscopie très pointue et précise d'une époque, venant du point de vue de personnes concernées, où le présent actuel a autant d'importance de cette dite époque dans ce que ça raconte, où la grande histoire côtoie l'intime, un parler vrai qu'on ne retrouvera jamais dans un reportage classique, et qui fait aussi que ce dispositif va bien au delà du "chic". La pure information est le dernier truc qui m'intéresse dans ce film. On sait tout d'avance, ce qui importe c'est ce qu'il y a derrière ces informations, où là pour le coup ça s'avère parfois assez surprenant.
Bref, peut être qu'un dispositif n'est pas du cinéma, mais sans contredire cette affirmation, le dispositif de ce film est le point de départ d'un geste de cinéma assez inédit. Mal géré, ça aurait été une catastrophe. Le fait d'être constamment sur le fil sans jamais se casser la gueule, du moins selon moi, rend le film aussi précieux qu'impressionnant.
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sokol
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asketoner a écrit :
mar. 11 juil. 2023 15:51


Ah mais je ne suis pas contre les dispositifs, mais si le cinéma c'est seulement appliquer un dispositif à un sujet, ça ne vaut pas le coup.
101% d'accord
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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Après First Reformed et The Card Counter, ce troisième volet de la nouvelle ère Paul Schrader souffre un peu du syndrome "la même chose, en moins bien".
Pour l'instant ça reste bien, mais je crains la lassitude pour la suite. Je n'espère pas pour autant que Schrader abandonne sa figure d'homme blanc d'âge mûr au passé honteux en quête de rédemption, vu qu'il semble ne savoir que réussir cela (enfin je crois, je suis loin d'avoir tout vu).
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Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 12 juil. 2023 00:14
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Après First Reformed et The Card Counter, ce troisième volet de la nouvelle ère Paul Schrader souffre un peu du syndrome "la même chose, en moins bien".
Pour l'instant ça reste bien, mais je crains la lassitude pour la suite. Je n'espère pas pour autant que Schrader abandonne sa figure d'homme blanc d'âge mûr au passé honteux en quête de rédemption, vu qu'il semble ne savoir que réussir cela (enfin je crois, je suis loin d'avoir tout vu).
c'est parfaitement ça anéfé :jap:
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Welfare, Frederick Wiseman, 1973

Je n'avais encore jamais vu de Wiseman des débuts, et j'avoue que j'avais du mal à comprendre l'enthousiasme que son cinéma suscite.
Maintenant je vois bien mieux. A priori c'est simple : le sujet de Welfare (quelques journées dans un centre d'aides sociales à New York) est passionnant, alors que la vie sous contrôle des habitants de la petite ville de Monrovia, Indiana, m'a soûlée.
Mais c'est peut-être encore autre chose, qui rejoint ce dont on parlait avec @Tamponn Destartinn : pour Welfare, Wiseman trouve le dispositif idéal, l'écoute et l'observation. Or je ne suis pas certain que l'écoute et l'observation, à Monrovia, soient essentielles. Je pense qu'il vaudrait mieux un cri, ou quelqu'un qui secoue l'ordre des choses. Ecouter des gens dont le métier est d'écouter, c'est faire vivre ce qui a lieu dans un centre d'aides sociales ; mais personne n'écoute personne à Monrovia, alors à quoi bon ? En fait, Wiseman a appliqué son dispositif, et traité son sujet. Or je pense qu'un sujet , dès lors qu'on se contente de le traiter, devient un objet. Il meurt, et le cinéma avec. Welfare est un film vivant, Monrovia est mortifère. Ou, pour le dire autrement : Welfare est du cinéma, Monrovia est son souvenir.
Une chose cependant : j'ai beaucoup aimé Welfare, mais pourquoi le film dure-t-il trois heures ? A mon avis ce n'est pas du tout nécessaire. Ce n'est pas non plus insoutenable, mais je pense que le film ne fait rien de particulier de sa durée, sinon l'imposer, comme plus tard Wiseman imposera son dispositif à tout ce qui traîne.
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Ah, je viens de m'apercevoir qu'en fait j'ai vu Titicut Follies, le tout premier Wiseman, mais je ne m'en souviens plus du tout :sweat:
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asketoner a écrit :
mer. 12 juil. 2023 09:49

Welfare, Frederick Wiseman, 1973
J’aimerais bien aller le voir (et je peux). Tu crois que je vais aimer ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
mer. 12 juil. 2023 21:12
asketoner a écrit :
mer. 12 juil. 2023 09:49

Welfare, Frederick Wiseman, 1973
J’aimerais bien aller le voir (et je peux). Tu crois que je vais aimer ?
Oui je pense ;)
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Fifi, Jeanne Aslan & Paul Saintillan

Le film tombe dans beaucoup de pièges, mais les déjoue souvent deux ou trois scènes plus loin, ce qui crée, à la fin, une épaisseur.
Je pense que j'aurai oublié Fifi la semaine prochaine, mais je l'ai regardé sans déplaisir, grâce à l'actrice principale notamment, dont le jeu est très intense et permet même de supporter celui de son partenaire, pourtant pénible.
Une question toutefois : après trente minutes de film, un dialogue nous donne l'âge de Fifi : 15 ans. L'actrice qui l'interprète n'a clairement pas cet âge. Sachant que tout le récit se fonde sur la question de l'âge, de la différence d'âge entre les deux personnages (l'un majeur, l'autre mineure), pourquoi n'avoir pas voulu la donner à voir ?
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Tamponn Destartinn
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asketoner a écrit :
sam. 15 juil. 2023 10:18
Une question toutefois : après trente minutes de film, un dialogue nous donne l'âge de Fifi : 15 ans. L'actrice qui l'interprète n'a clairement pas cet âge. Sachant que tout le récit se fonde sur la question de l'âge, de la différence d'âge entre les deux personnages (l'un majeur, l'autre mineure), pourquoi n'avoir pas voulu la donner à voir ?
La DDASS complique fortement les choses pour tout mineur de moins de 16 ans (pas plus de 4h de tournage par jour + bien d'autres trucs)
Donc 15 ans en vrai, c'est toujours chiant et ça donne envie de tricher.
Ceci étant dit : Céleste a 20 ans et non 16 :D
Le fait qu'elle ait déjà eu un succès (En thérapie), a peut être permis de rassurer les financiers.
Car les films "coming of age" se plantent tous fortement au box office, en ce moment, en France. Le genre est dans une sale situation. Et beaucoup en concluent que l'absence de casting connu que ça implique dans le(s) rôle(s) principal(aux) fait parti du problème.
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Tamponn Destartinn a écrit :
dim. 16 juil. 2023 00:08
asketoner a écrit :
sam. 15 juil. 2023 10:18
Une question toutefois : après trente minutes de film, un dialogue nous donne l'âge de Fifi : 15 ans. L'actrice qui l'interprète n'a clairement pas cet âge. Sachant que tout le récit se fonde sur la question de l'âge, de la différence d'âge entre les deux personnages (l'un majeur, l'autre mineure), pourquoi n'avoir pas voulu la donner à voir ?
La DDASS complique fortement les choses pour tout mineur de moins de 16 ans (pas plus de 4h de tournage par jour + bien d'autres trucs)
Donc 15 ans en vrai, c'est toujours chiant et ça donne envie de tricher.
Ceci étant dit : Céleste a 20 ans et non 16 :D
Le fait qu'elle ait déjà eu un succès (En thérapie), a peut être permis de rassurer les financiers.
Car les films "coming of age" se plantent tous fortement au box office, en ce moment, en France. Le genre est dans une sale situation. Et beaucoup en concluent que l'absence de casting connu que ça implique dans le(s) rôle(s) principal(aux) fait parti du problème.
Merci pour l'explication ! :jap:

A mon avis la stratégie est assez mauvaise, parce que la beauté de ces films sur l'adolescence, parfois, tient au fait qu'on voit de jeunes comédiens et comédiennes grandir et affirmer quelque chose au fur et à mesure du film. Dans Fifi, on est très clairement face à une professionnelle talentueuse mais pas concernée directement par ce qu'elle joue.

Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec les enfants d'Irène Jacob ou de Vincent Lindon partout...
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Breaking the waves, Lars von Trier

Je l'ai revu hier, et je pense que je ne l'avais pas vu depuis très longtemps... (En tout cas pas depuis qu'on connaît les accusations de Björk et d'autres femmes à l'encontre du réalisateur, ce qui change considérablement la donne.)

Personne ne coupe les scènes comme Lars von Trier. On a l'impression que tout ce qu'on voit a été arraché au réel. Et pour autant l'intensité est telle qu'on n'a jamais l'impression d'être en surface de ce qui se passe.
Pour moi le plus beau est au début, quand le cinéaste se contente de montrer l'amour fou, des choses assez primaires, la peur de la séparation, la promesse, le manque. La forme est si exaltée que tout nous parvient, même ce qui est extrêmement simple. Ensuite, le film se complexifie.
D'abord il y a cette scène où Jan prend un coup de tuyau sur le crâne. On la voit venir depuis longtemps, alors Lars von Trier s'ingénie à la détourner pour créer quand même une surprise. (D'abord c'est Jean-Marc Barr qui est assommé, Jan s'occupe de lui, Barr reprend connaissance, Jan se relève et le tuyau métallique vient le percuter par derrière. C'est très long, et ça n'enlève rien à l'impression d'arbitraire, au contraire. On a plutôt l'impression que le cinéaste a joué à détourner notre attention.)
Et ensuite, il y a la gradation dans la frénésie sexuelle à laquelle Beth est condamnée si elle veut sauver Jan. C'est très long, complaisant, beaucoup trop maîtrisé finalement, trop écrit et organisé. Or la forme du film ne soutient pas vraiment cette organisation. (Et finalement, Lars von Trier a choisi de renoncer, progressivement, à cette forme si particulière qu'il avait inventée, ce cinéma arraché, couru, suspendu (par moments on dirait que la caméra est autour du cou d'un chien), halluciné, pour aller vers un classicisme plus net, qui lui permet de soutenir tous ses effets de narration, son désir d'orchestrer le malaise.)
Mais ce que je trouve encore magnifique malgré tout, c'est la façon dont le sens du film est absolument suspendu, articulé à cette question de la croyance et du pouvoir. Tous les dialogues de Beth avec Dieu en ventriloque sont merveilleux, mais le plus beau moment est celui où Dieu, pour une fois, ne lui répond pas. Beth ne perd pas la foi : elle perd le pouvoir que sa foi lui confère (et qui est bien le seul pouvoir qui lui est octroyé dans la société abominable où elle vit). Là, dans ce vouloir-croire (et vouloir croire à l'encontre des croyances du monde ; vouloir croire au point de montrer que personne ne croit vraiment dans ce monde, sinon le monde ne serait pas aussi désespérant), Lars von Trier saisit quelque chose de très grand, très pur et enfantin, qui donne au film toute son émotion, et qui lui permet de faire sonner les cloches célestes à la fin sans que ça ne paraisse forcé une seule seconde. L'outrance réelle est là, à mon avis, et pas dans la surenchère d'un récit tout tracé. (Or je crois que Lars Von Trier a fini par obéir, progressivement, à ses scénarios, c'est-à-dire à conformer son cinéma à ses histoires, ses idées et ses fantasmes.)
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sokol
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@Tamponn Destartinn
@asketoner
Les amis, la DDASS n’existe plus. C’est la DDCS qui la remplace, depuis quelques temps d’ailleurs
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner a écrit :
dim. 16 juil. 2023 11:36
J’ai très envie de revoir ses films aussi. Il y a également une rétrospective actuellement chez moi
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
dim. 16 juil. 2023 14:29
asketoner a écrit :
dim. 16 juil. 2023 11:36
J’ai très envie de revoir ses films aussi. Il y a également une rétrospective actuellement chez moi
C'est très intéressant de les revoir, je trouve. De sortir de la chronologie.
En fait, je m'aperçois que je me suis un peu forcé à aimer ses films après Dancer in the dark, alors que ce qui m'a intéressé fondamentalement dans son cinéma, c'était la période Breaking the Waves / Les Idiots / L'hôpital et ses fantômes et c'est tout... (J'aimais bien Medea aussi, qui est plus ancien.)
Mais Manderlay, Le Direktor ou Nymphomaniac, je les ai aimés à défaut d'autre chose.

(J'irai quand même revoir Manderlay pour en avoir le coeur net...)
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Narval
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Avec LVT c'est période Gainsbourg ou rien :D :love:
Bon je plaisante, j'aime beaucoup ses essais formalistes des débuts aussi (la trilogie de l'Europe c'est quelque chose).
La période que tu sembles plus apprécier c'est celle qui m'a le moins marquée. En fait si tu me demandes je ne me souviendrais d'aucun plan de Breaking the waves, à part ceux qui délimitent les chapitres. Idem pour l'Hôpital et ses fantômes que j'ai totalement oublié. Les idiots y'a bien des situations mais c'est plus un grand flou qu'autre chose, à revoir.
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Kit
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Narval a écrit :
dim. 16 juil. 2023 16:31
Avec LVT c'est période Gainsbourg ou rien :D :love:
Bon je plaisante, j'aime beaucoup ses essais formalistes des débuts aussi (la trilogie de l'Europe c'est quelque chose).
La période que tu sembles plus apprécier c'est celle qui m'a le moins marquée. En fait si tu me demandes je ne me souviendrais d'aucun plan de Breaking the waves, à part ceux qui délimitent les chapitres. Idem pour l'Hôpital et ses fantômes que j'ai totalement oublié. Les idiots y'a bien des situations mais c'est plus un grand flou qu'autre chose, à revoir.
en parlant de Gainsbourg, décès de Jane Birkin à 76 ans :(
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jane_Birkin
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B-Lyndon
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Vers un avenir radieux, Nanni Moretti, 2023.


J'aime que Moretti se filme comme l'exact contraire de quelqu'un qui serait hyper dans le coup. Après tout, je ne le reprochais pas à Godard, qui dans ses derniers films continuait à bourdonner à notre oreille comme une abeille fatiguée, tousser, s'écrouler et chanter "ardent espoir" d'une voix d'outre-tombe. L'important, c'est la vie et l'énergie des films. Et Moretti retrouve ici ce ton que j'aime tellement chez lui, et cette construction à la fois très joueuse et sophistiquée des films, que je trouve vraiment unique : cette fluidité de la circulation des motifs, comme une tête sur-consciente qui tape sur un mur pour libérer ce qu'elle contient. Cette conscience qui bute contre le monde, qui n'a que faire des vraisemblances, du réalisme plat, du discours politique. Il y a des moments bouleversants, comme lorsque Giovanni se passe la corde autour du cou, décrète la fin de la journée en ne tournant pas cette scène, et s'échappe dans le décor. Matérialisation d'un désir, profondément politique : repousser les murs, élargir le visible. Exactement ce que le film fait, tout en ayant l'honnêteté de reconnaitre qu'à partir d'un certain âge, d'un certain nombre d'accomplissements artistiques qu'on traîne derrière soi comme une fierté mais aussi comme un boulet, ce visible ne peut s'élargir qu'autour de soi, à partir de soi. Mais Moretti cherche, il y a une réponse sublime : la parade, où tout le monde est là, toute la famille de cinéma. Ce monde inventé ne parle que de soi, mais il est rempli, et peut-être constitue t-il un peuple. J'entends beaucoup de cinéphiles de mon âge balayer le film d'un revers de main de ce simple mot : "boomer". Ca me rend triste à un niveau inexprimable. Peut-être que j'arrive au moment, dans ma vie, où je dois reprendre à mon compte la phrase de Michel Poiccard : "J'aime bien les vieux, effectivement...". Car, au fond, bien sur que Moretti est dans le film le seul qui a raison, tout le temps. Mais je crois que c'est précisément ce qu'il interroge : avoir raison, certes, mais comment faire exister sa raison dans le monde, alors que précisément le monde nous échappe ? Giovanni comprend tout, peut-être cela veut dire qu'il ne comprend rien, parce qu'il y a une seule chose qu'il ne comprend pas : précisément qu'on ne le comprenne pas. A partir du moment où l'on ne peut comprendre qu'on ne soit pas compris, qu'est-ce qu'on comprend vraiment ? Je songe à ce moment où il reste dans le champ alors qu'il vient de lancer Action, que la caméra zoome sur ses yeux, et que Franco Battiato commence à chanter, puis que tout le monde se met à danser avec lui. Seules les chansons nous permettent d'avoir raison ensemble. Mais il faut bien que la chanson s'arrête, comme dans Lola de Jacques Demy, et alors la mort peut se montrer. La chanson est passée toutefois en nous. C'est beaucoup, c'est peu, c'est un répit.
Modifié en dernier par B-Lyndon le lun. 17 juil. 2023 10:58, modifié 1 fois.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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B-Lyndon a écrit :
lun. 17 juil. 2023 10:40
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Vers un avenir radieux, Nanni Moretti, 2023.


J'aime que Moretti se filme comme l'exact contraire de quelqu'un qui serait hyper dans le coup. Après tout, je ne le reprochais pas à Godard, qui dans ses derniers films continuait à bourdonner à notre oreille comme une abeille fatiguée, tousser, s'écrouler et chanter "ardent espoir" d'une voix d'outre-tombe. L'important, c'est la vie et l'énergie des films. Et Moretti retrouve ici ce ton que j'aime tellement chez lui, et cette construction à la fois très joueuse et sophistiquée des films, que je trouve vraiment unique : cette fluidité de la circulation des motifs, comme une tête sur-consciente qui tape sur un mur pour libérer ce qu'elle contient. Cette conscience qui bute contre le monde, qui n'a que faire des vraisemblances, du réalisme plat, du discours politique. Il y a des moments bouleversants, comme lorsque Giovanni se passe la corde autour du cou, décrète la fin de la journée en ne tournant pas cette scène, et s'échappe dans le décor. Matérialisation d'un désir, profondément politique : repousser les murs, élargir le visible. Exactement ce que le film fait, tout en ayant l'honnêteté de reconnaitre qu'à partir d'un certain âge, d'un certain nombre d'accomplissements artistiques qu'on traîne derrière soi comme une fierté mais aussi comme un boulet, ce visible ne peut s'élargir qu'autour de soi, à partir de soi. Mais Moretti cherche, il y a une réponse sublime : la parade, où tout le monde est là, toute la famille de cinéma. Ce monde inventé ne parle que de soi, mais il est rempli, et peut-être constitue t-il un peuple. Je vois beaucoup de cinéphiles de mon âge balayer le film d'un revers de main de ce simple mot : "boomer". Ca me rend triste à un niveau inexprimable. Peut-être que j'arrive au moment, dans ma vie, où je dois reprendre à mon compte la phrase de Michel Poiccard : "J'aime bien les vieux, effectivement...". Car, au fond, bien sur que Moretti est dans le film le seul qui a raison, tout le temps. Mais je crois que c'est précisément ce qu'il interroge : avoir raison, certes, mais comment faire exister sa raison dans le monde, alors que précisément le monde nous échappe ? Giovanni comprend tout, peut-être cela veut dire qu'il ne comprend rien, parce qu'il y a une seule chose qu'il ne comprend pas : précisément qu'on ne le comprenne pas. A partir du moment où l'on ne peut comprendre qu'on ne soit pas compris, qu'est-ce qu'on comprend vraiment ? Je songe à ce moment où il reste dans le champ alors qu'il vient de lancer Action, que la caméra zoome sur ses yeux, et que Franco Battiato commence à chanter, puis que tout le monde se met à danser avec lui. Seules les chansons nous permettent d'avoir raison ensemble. Mais il faut bien que la chanson s'arrête, comme dans Lola de Jacques Demy, et alors la mort peut se montrer. La chanson est passée toutefois en nous. C'est beaucoup, c'est peu, c'est un répit.

:love2: :love: :jap: Magnifique !
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groil_groil a écrit :
lun. 17 juil. 2023 10:48

:love2: :love: :jap: Magnifique !

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(en ce moment j'écoute à chaque trajet en bus une lettre issue de l'abécédaire de Deleuze, et en allant voir le film il y a un passage qui a fait en moi un très bel écho. c'est un passage où Deleuze attaque la psychanalyse, en disant quelque chose comme : "on ne délire jamais sur papa, maman. on délire sur le monde, sur les ancêtres, sur les peuples". preuve supplémentaire de l'honnêteté et l'acuité de Nanni Moretti : quand Giovanni engueule une actrice embrasse son partenaire en disant "c'est une scène d'amour, on s'en fout de la politique", comme si la lutte politique n'était qu'une excroissance des "petites affaires privées" (toujours Deleuze) des gens, je vois une prise de position dans le sens de ce que dit Deleuze. pourtant, dans le film, il y a des gens sur un divan, une femme qui voudrait quitter son mari, des problèmes de couple. tout ça s'entrechoque, est juxtaposé, pour voir ce que ça fait, et pour la simple et bonne raison que tout cela exsite. que rien ne s'annule. que c'est peut-être ça la politique. on délire le monde, on délire les peuples, on délire l'amour, papa, maman (Giovanni s'en remet beaucoup à sa mère notamment). tout coexiste. il y a du mouvement. ça circule !! je veux pas être aigre, mais dans ma génération, peu ont encore cette honnêteté)
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((autre chose sur le Moretti : j'ai lu quelque part que la réécriture historique finale pouvait évoquer les derniers Tarantino. pourquoi pas. mais qu'est-ce qui me déplait autant chez Tarantino, et que j'ai adoré ici ? qu'est-ce qui, chez l'un, m'évoque une fuite hors de la réalité, et dans l'autre, une vraie proposition politique? la réponse est peut-être à chercher du côté de la scène de tournage du plan d'exécution du jeune réalisateur. à la fin, Moretti parle d'un autre film, qu'il aime (j'ai oublié le nom), où la séquence montre à quel point "c'est dur de tuer un homme, c'est un effort". c'est la même chose avec cette fin : pour tourner cette utopie, Moretti a besoin de souffrir, que sa femme le quitte, que son producteur le trahisse, que ses acteurs n'y comprennent rien, que son film s'arrête, de s'identifier à son héros suicidaire, et se passer, d'abord, littéralement la corde au cou. c'est dur, c'est un effort de croire que les choses auraient pu, du être différentes. ça coûte (de l'argent, de l'énergie). chez Tarantino, il suffit de passer la Manson Family au lance-flammes et le monde va mieux.))
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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sokol
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B-Lyndon a écrit :
lun. 17 juil. 2023 11:05
(en ce moment j'écoute à chaque trajet en bus une lettre issue de l'abécédaire de Deleuze,
Je faisais ça, dans de circonstances identiques, il y a 10-15 ans :D
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
lun. 17 juil. 2023 12:30
B-Lyndon a écrit :
lun. 17 juil. 2023 11:05
(en ce moment j'écoute à chaque trajet en bus une lettre issue de l'abécédaire de Deleuze,
Je faisais ça, dans de circonstances identiques, il y a 10-15 ans :D
peut-être que dans 15 ans je me serai mis à la muscu et je parlerai avec un accent albanais :D
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Burdeau :
La thèse de l'embourgeoisement me paraît toutefois trop facile, trop évidente.

Ce cinéma était méchant, il n'est plus que pop. Il était aigu, il est devenu moelleux. Il ne sait même plus être injuste ou caricatural (cf. la scène Netflix)
Moretti n'est pas vieux pourtant ; à son âge, Oliveira recommençait à peine
En ce qui me concerne, je ne pense pas que Moretti est devenu vieux ou qu'il s'est embourgeoisé. Il a juste plus de fric donc il fait des champ-contrechamp, il loue des animaux pour son film etc etc. Le cinéma est le résultat d'une mode de production, un produit économique issu d'une filière de production, de sa conception jusqu'à sa consommation, qu'on le veuille ou pas
Modifié en dernier par sokol le lun. 17 juil. 2023 13:00, modifié 2 fois.
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B-Lyndon a écrit :
lun. 17 juil. 2023 12:33
peut-être que dans 15 ans je me serai mis à la muscu et je parlerai avec un accent albanais
:lol: :lol:

détrompe-toi : tout le monde me dit que j'ai un accent de québécois :D

ps: l'accent albanais n'existe pas, tout comme n'existe pas une cuisine albanaise : greco-turco-balkaniko... (salade macédonienne quoi ) oui, mais parler d'accent ou de cuisine de chacun des pays des Balkans... . Mais bon, faut pas trop dire ça car ça déclenche une nouvelle guerre :D
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sokol a écrit :
lun. 17 juil. 2023 12:41
B-Lyndon a écrit :
lun. 17 juil. 2023 11:27
j'ai lu quelque part que la réécriture historique finale pouvait évoquer les derniers Tarantino.
qui a dit ça ?

B-Lyndon a écrit :
lun. 17 juil. 2023 11:27
mais qu'est-ce qui me déplait autant chez Tarantino, et que j'ai adoré ici ?
ecoutes Burdeau alors, https://www.youtube.com/watch?v=ynV76-BZw34 , peut être il te réconciliera avec :D (je n'ai pas encore eu le temps de l'écouter)
Tiens, lui, il n'a pas aimé le dernier Moretti

Son petit texte :

À PROPOS D'UN DÉSARROI

Ces derniers jours j'ai vu (ou revu), hormis " L'Innocent ", " Mon Crime " d'Ozon, " Cet obscur objet de la femme de chambre " et " Le Journal d'un désir " de Bunuel, " Made in Germany and USA " de Thome, ainsi que (je suis zidien) " L'Aile ou la cuisse ".
Plus tôt dans la time-line je suis allé voir " VERS UN AVENIR RADIEUX ".
De nature, je suis morettien. Morettissimien ? Oui.
Il y a deux ans, j'avais aimé " Tre Piani ". J'étais à contre-courant. Au début du 1er podcast " Spéculations by So Film ", j'ai essayé d'expliquer pourquoi j'ai aimé ce film, pourquoi je l'ai trouvé, lui, réellement dur.
Je crois pouvoir dire, quant à " L'Avenir radieux ", que j'ai souffert. Souffert de trouver ce film adéquat à ce à quoi quelques images, des articles survolés, un peu de radio m'avaient préparé. Découvrir un film et vérifier un savoir ne devraient pas être une même expérience.
Dans le nouveau Morettino, il y a tout ce qu'on aime chez lui. Les chaussures ; le Parti Communiste Italien (dont N.M. ne fut jamais membre, juste sympathisant) ; les chansons ; le nom Budavari ; les desserts ; les ballades dans Rome ; la natation.
Les gelati ; les girations ; les giries.
Et plus encore cette générosité narrative, cet excès d'histoires qui procède, paradoxalement, d'une impossibilité à raconter, c'est-à-dire à vraiment raconter une chose ; donc il en raconte plusieurs, allant de l'une à l'autre. Il série les problèmes parce que faire le tri lui est impossible.
Tout cela pourtant (avec des exceptions : le dialogue amoureux ventriloqué, par exemple, encore que) comme boboïsé, vieillot, ringardisé.
Au début du 1er podcast " Spéculations by So Film ", je me suis élevé contre l'idée qu'on puisse soudain trouver un cinéaste vieux, passé de l'autre côté. J'ai défendu la fidélité aux auteurs. Là j'ai été pris à mon propre piège.
Car la diction trop lente de Moretti (à qui j'ai trouvé un faux air d'Herzog), ses colères qui n'en sont plus, ses coups de fil à des amis célèbres (heureusement que Scorsese est sur messagerie !), l'italien maladroit d'Amalric, tout cela m'a paru faux.
Fait par quelqu'un qui, sur le tard, serait pris par la velléité de faire du Moretti.
La procession finale, avec les acteurs venus de ce film et des précédents, a ses beautés, et elle aussi a sa place dans un cinéma qui a toujours fonctionné comme une ronde, un défilé, mais je suis obligé de reconnaître que l'ombre du musée Grévin s'y profile trop. La thèse de l'embourgeoisement me paraît toutefois trop facile, trop évidente.
Ce cinéma était méchant, il n'est plus que pop. Il était aigu, il est devenu moelleux. Il ne sait même plus être injuste ou caricatural (cf. la scène Netflix)
Moretti n'est pas vieux pourtant ; à son âge, Oliveira recommençait à peine.

Je ne sais pas trop quoi répondre à Burdeau. C'est une affaire sensation, j'ai l'impression. Et peut-être, encore une fois, une question de perception : je n'ai pas été contemporain des plus grands Moretti, donc probablement que mon attente n'est pas la même. Par contre, il faudrait que je revois Tre Piani. je crois que je me suis bien gouré sur le film.

Sur Tarantino, j'aime, hein. Mais pas cette partie là de son cinéma, que je trouve trop puérile, bien-pensante...
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groil_groil
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Plutôt qu'un Spielberg qui n'en a plus envie, je suis ravi de voir Mangold, soit l'un des meilleurs cinéastes de divertissement hollywoodien de son temps, s'emparer du mythe Indiana Jones pour lui redonner ses lettres de noblesse au moment de tirer sa révérence. D'ailleurs, Spielberg disait avoir tourné l'Arche Perdue car il n'arrivait pas à acheter les droits de Tintin, même s'il l'a tourné en fin de carrière. Là, Mangold fait du pur Spielberg car il fait du pur Tintin. Je crois que rarement, à part L'Homme de Rio, je n'ai vu un film qui fasse aussi Tintin que celui-ci. ça bouge tout le temps, ça voyage tout le temps, c'est ludique et érudit en même temps. Comme chaque épisode de Jones, il y a du fantastique, mais juste ce qu'il faut, Mangold évitant parfaitement la bascule dans le n'importe quoi. Beaucoup d'humour aussi (notamment anti-Allemand, quel pied :D ), et surtout une scène d'ouverture phénoménale qui pour moi définit d'emblée le film : elle prouve qu'il est possible de rajeunir Ford via effets spéciaux (le perso ressemble beaucoup au Tintin de Spielberg d'ailleurs) pour préserver le mythe Indy intact pour finalement ne pas suivre cette piste. On peut le faire, donc on ne le fait pas, et c'est Indy vieillissant et courbaturé, ne comprenant rien aux Beatles et à la révolution hippie qui est mis en scène. Et pourtant, ce personnage n'a rien d'un vieux con qui ne comprend pas son époque, il est au contraire un homme qui souhaite rétablir l'équilibre du monde via son prisme personnel. En cela il est très proche du personnage de Nanni Moretti dans son dernier film, ce sont les deux mêmes, et il est amusant de constater que les deux films sont sortis le même jour; ça dit beaucoup de notre temps.

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Un des plus beaux Eastwood de la dernière période, et un des plus mal aimés aussi (heureusement, les Cahiers l'avaient défendu !) Il y a des invraisemblances de scénario et un personnage mal aimable mais peu importe, et le film tend à dire qu'on s'en fout, et n'a, il me semble, qu'un seul but : faire éclater la vérité (et par là-même sauver la vie d'un homme). En cela le film d'Eastwood me semble être un vrai film engagé, voire militant, tendant à dire, comme Rossellini ou Rouch l'ont dit avant lui, que le seul but du cinéma est d''être l'art de la vérité. Et, il y a l'une des plus belles scènes du cinéma d'Eastwood dans ce film, celle de la visite du zoo en accéléré avec sa fille, qui évoque bien évidemment celle de la visite du Louvre en trois minutes dans Bande à Part de Godard, et qui se solde par un accident (de poussette), car là aussi ça semble être une déclaration : si on veut que les choses soient bien faites, il ne faut pas les faire trop vite.

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Je le prenais pour un Wilder mineur, mais en fait c'est vachement bien. Et plus que le personnage de Marlène Dietrich, c'est celui de Jean Arthur qui m'a vraiment ému, qui se révèle au fil du film, opérant une révolution totale. Je crois qu'il ne m'en manque plus qu'un et j'aurais vu tout Wilder.

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J'ai emmené mon fils voir Indiana Jones, et logiquement j'ai emmené ma fille voir Miraculous, sa marotte du moment, arrivée on ne sait comment, mais elle ne jure que par ça. La seule réjouissance là-dedans, c'est que c'est une production internationale mais à l'origine française, et que le cinéaste a aussi écrit le scénario la musique et les chansons. Même si on peut trouver (beaucoup) à redire à chacune de ces fonctions, au moins c'est un projet personnel, et une création française qui cartonne dans le monde, c'est suffisamment rare pour être apprécié.

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Je ne l'avais pas revu depuis des lustres et la nouvelle copie éditée par Le Chat qui Fume est une occasion idéale de se confronter à ce grand film, d'un cinéaste incroyablement audacieux, expérimental et punk dans l'âme, mais que la presse française a eu tôt fait de cataloguer comme un maniériste pompier, culpabilisant presque les gens d'aimer ce cinéma-là, qui est pourtant beaucoup plus dérangeant, novateur et risqué que le souvenir qu'on peut en garder.

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Je n'avais pas trop aimé la première fois, mais je crois que j'étais passé à côté. C'est un grand Gabin (un de ses plus beaux rôles), un grand Grangier (y en a plein pourtant) et un grand film tout court. Le sujet du film est magnifique, puisque Gabin joue le rôle d'un des hommes les plus puissants de La Rochelle, et voit sa femme s'enfuir quelques jours avec un amour de jeunesse. Il devient le cocu, le puissant que tout le monde se complait à conspuer puisqu'il est diminué. Mais Gabin fait fi de tout cela, puisque la seule chose qui l'intéresse c'est de retrouver sa femme, et plutôt que la désavouer, admet qu'il est responsable de sa fuite, et qu'il n'a sans doute pas su l'aimer comme il faut. C'est un point de vue incroyablement moderne, et un grand film sur le pardon.

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J'adore Henry King, mais voici l'un de ses plus mauvais films, une comédie musicale veillotte, poussiéreuse et rance, au fond assez immonde et avec des personnages soit dégueulasses soit complètement cruches, dans un relent constant de misogynie ambiante. Le film emprunte le schéma du Ciel peut Attendre, mais il en est malheureusement tout l'opposé.

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Une femme revient en Corse où elle a vécu pour la première fois depuis 15 ans. Ses deux filles n'en ont aucun souvenir. La femme vient pour travailler comme femme de ménage d'une famille aisée. Pendant ce temps, les deux filles profitent d'un été en apparence idyllique tout en enquêtant sur leur propre passé. Leur père, Corse mort il y a 15 ans d'un accident de voiture, et leur grand-mère, que leur mère leur a toujours été annoncée comme morte, deviennent le centre de leurs préoccupations, au beau milieu d'idylles amoureuses qui sont à cet âge-là ce qu'il y a de plus important. Le film m'a bouleversé, j'en ai été ému tout du long, j'ai trouvé l'ensemble d'une grande justesse, et, c'est pour moi le truc le plus important, d'un équilibre parfait. Le film pourrait partir dans des directions contradictoires, mais la mise en scène de Corsini lui donne un équilibre incroyable, entre gravité et légèreté, entre drame et comédie, entre nuits et jours plein de soleil; bref je suis sorti du cinéma enchanté, bercé par la sublime chanson de Léonie Pernet "Les Chants de Maldoror" qui est au centre du film.

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Ceylan est devenu au fil des films l'un des plus grands cinéastes de notre époque, et son dernier opus long de 3h17 ne vient pas déroger à la règle. Il s'éloigne de plus en plus du formalisme qu'on a pu lui reprocher à une époque (c'était déjà le cas dans Le Poirier Sauvage, son précédent) pour aller au cœur des choses, ou plutôt au cœur des individus. Dans une intrigue pas si éloignée que ça de La Tâche de Philip Roth ou même de La Chasse de Thomas Vinterberg, Ceylan déjoue tout de suite les attentes : Oui, un professeur est accusé à tort par de jeunes adolescentes, mais non le cinéaste n'utilisera pas cet argument pour bâtir un suspense insoutenable qui va peu à peu emprisonner le personnage et le spectateur. Non, le spectateur sait le personnage innocent et cela suffit. D'ailleurs c'est un film qui déjoue formidablement les attentes. Il s'appelle Les Herbes Sèches, mais tout le film se passe dans la neige, les herbes sont recouvertes pendant 3h15 et on ne les voit que lors des deux dernières minutes, juste avant un plan de la jeune fille d'où tout est parti et qui se retourne pour nous fixer. Tout ça dit beaucoup de choses sur les apparences et sur la question de la vérité, de qui la détient, et de qui détient la parole. Car le film est aussi un film sur la parole, sans doute celui de Ceylan où les personnages parlent le plus, et le plus librement. Tout en aimant le film, j'y ai vu sur le coup quelque facilité, mais plus le temps passe et plus le film travaille en moi et me livre sa nature.

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Très beau court de Greenaway, que je revoyais, construit comme un éphéméride ou un jeu d'enfant, autour de l'alphabet et de la maison. Aussi ludique que pertinent, et qui lui donnera sans doute plus tard l'idée du magnifique Drowning by Numbers.

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Insight: Zandra Rhodes

Documentaire de Greenaway sur une célèbre couturière anglaise excentrique. Le cinéaste déjoue les pièges du genre et livre un doc tout à fait personnel.

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Avec mon fils, toujours, et confirmation que ce deuxième volet est beaucoup ludique, inventif et réjouissant que le 1er.

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J'en attendais pas mal, mais c'est un véritable calvaire, un film de son temps, bien odieux, qui part du principe qu'il est plus intelligent que son spectateur. Et un film de son temps, qui s'interdit de filmer les choses sous peur qu'on lui reproche ce qu'on reprochera à son héroïne. Un cinéma que j'exècre.
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groil_groil a écrit :
lun. 17 juil. 2023 15:21
TARR

J'en attendais pas mal, mais c'est un véritable calvaire, un film de son temps, bien odieux, qui part du principe qu'il est plus intelligent que son spectateur. Et un film de son temps, qui s'interdit de filmer les choses sous peur qu'on lui reproche ce qu'on reprochera à son héroïne. Un cinéma que j'exècre.
Je l'ai échappé belle. Pourtant, j'ai failli le voir :D
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