Le Centre de Visionnage : Films et débats

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cyborg
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@groil_groil : cool qu'Astrakan fasse l'unanimité ici !


Quelques films vus en cette fin de mois de juillet :


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3ème et dernier film de Jean-François Stevenin, Mischka cultive avec peut-être un peu trop d'assurance l'étrangeté qui composait Double-Messieurs et surtout Passe Montagne, perdant à l'occasion la séduisante fragilité qui constituait le style du réalisateur. Qu'importe, après un début dont le chaos semble un peu trop calculé, le film retrouve une réjouissante énergie.
Et si c'était Pierrot le fou le parangon des road-movies à la française ? Le début de Michka, tout en scène de conduite, jump-cuts, Yves Afonso (ce bebel du pauvre) et portrait en monochrome jaune y fait quelque peu songer, avant que tout déraille durant une longue dérive à travers la France où se compose une famille de fortune au grès des rencontres et des ententes. Bien que datant de 2002, Michka sonne totalement 70s sans pour autant paraitre vieillot ou daté : la joie, la simplicité, le plaisir d'être ensemble et de vivre de réjouissantes aventures suffisent à tout emporter. Ceci sans tomber pour autant dans la naïveté ou la mièvrerie, les personnages sont entiers, ne cachent ni leurs joies ni leurs peines, prenant soin les uns des autres. Malgré leurs différences, ils sont tous égaux, même Johnny Halliday qui apparait au détour d'un champ et d'une tournée... C'est enfin à un autre cinéaste que l'on fini par penser : Guiraudie. La géographie déstructuré de Rester Vertical se combine ici à la famille d'accointances de Viens Je t'emmène pour affirmer le besoin et le plaisir d'être ensemble, quoi qu'il arrive. Et c'est peut-être ici que se construit une famille cachée de cinéastes et d'artistes, dont les parentés se dessinent dans le traitement de leurs personnages, dans la simplicité de l'univers du quotidien, dans leur regards vers les marges de la France, tant humaines que géographiques.


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La redécouverte récente du travail de Michael Roemer aura permis d'exhumer ce chef-d'oeuvre qu'est Nothing But a Man. Drame sur le dur quotidien de la communauté afro-américaine dans le sud des Etats-Unis durant les années 60, le film décrit les mécanismes de l'intolérance, de la pauvreté et de l'exclusion à travers la vie de Duff Anderson, un ouvrier construisant des lignes de chemin de fer. Ambitieux et intransigeant, Duff devra faire face au racisme dévorant de la société américaine mais aussi de sa propre communauté. Bien qu'accablant, le film de Roemer ne verse pourtant jamais dans la facilité ou la caricature, dépeignant ses personnages avec leurs forces et leurs travers. Dernière surprise en finissant le film : Roemer n'est pas lui même afro-américain, mais un juif-allemand ayant subit la montée du nazisme dans son enfance... des nombreuses scènes ou contextes pourraient en effet se retrouver dans un milieu ou l'autre, le propos du film dépassant ainsi largement ce et ceux qu'il représente.


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The North Calotte - Peter Nestler - 1993

Nestler est le documentariste sans effet par excellence. The North Calotte est dédié à ses confrères et amis Straub & Huillet, ce qui n'est aucunement une surprise. On retrouve chez eux la même rigueur, le même regard droit et sans concession, cette même façon de tout filmer sur un pied d'égalité. Également ce même regard féroce envers la modernité et le mal qu'elle à pu faire à la nature, aux animaux, aux hommes.
Chez Nestler les choses ne sont pas simplement les unes à côtés des autres, mais aussi devant et derrière les autres, dessus et dessous les autres. Bref : elles existent ensemble et elles forment un tout, un monde interdépendant. Et l'on comprend cela par la seule force des images, de leur montage, sans voix-off et sans remarque didactique. L'intelligence cinématographique de tout son travail est immense : son travail est exigeant mais généreux dans sa pensée.
The North Calotte s'intéresse à l'Europe du Nord et à l'impact puissant causé par l'industrialisation et l'exploitation minière (les strates minières/géologique sont une figure centrale de son cinéma). Entre ces observations des paysages et des territoires on rencontre des animaux, des cultures traditionnelles, des écoliers, des survivants de la WW2... ils sont tous là devant nous et nous parle d'eux et du monde, ils nous parlent d'eux et de nous et du monde tel qu'il s'est construit dans la deuxième moitié du XXème siècle, implacablement sans l'Homme qu'il prétendait pourtant servir. Ce film, tout comme l'oeuvre entière de Nestler, est essentiel, incontournable.

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"Nuage", "singe", "poirier", "herbes"... autant d’occurrences à la nature qui composent les titres de la filmographie de Ceylan. L'autre partie de ses titres (ou bout de titres) sont "climat" "hiver", "mai" (= printemps), "sauvage", "sèches"... des mots plutôt liés à des conditions d'existence qui qualifient ou influencent la nature.
Ceylan n'est pourtant pas un cinéaste qui s'intéresse en premier lieu à la nature, mais bien plutôt à la "nature humaine". Et à ce qui compose et influence cette nature humaine : l'environnement humain et la société. La nature est plus généralement pour lui un décor, un arrière fond que l'on subit ou auquel on s'adapte. L'hiver et la neige (que l'on à déjà vu plusieurs fois chez Ceylan) jouent ici l'effacement, faisant disparaitre le paysage, l'abstrayant pour mieux en faire ressortir les silhouettes qui le traverse. Mais permettant aussi d'y observer les traces et les marques qu'elles laissent sur leurs passages. Ceylan, comme toujours, construit son film sur des relations, petites, banales, l'importance que chacun s'accorde à lui même et aux autres pour exister et/ou faire exister les autres au sein de ses désirs frustrés ou de son apathie emmitouflante, et comment chacun s'influence ou non en fonction de son histoire, de sa sensibilité, de son âge.

Le film narre le quotidien d'un jeune prof d'art plastique photographe à ses heures (n’oublions pas que Ceylan est à l'origine photographe, et que les images apparaissant à l'images sont avant tout les siennes, traçant un lien direct entre lui et son personnage, tout comme c'était le cas dans Uzak) dont le grand sujet semble être les portraits. A cette façon de faire vient répondre celui de la jeune femme qui est quant à elle dessinatrice et dont le sujet favori est aussi le portrait (cf la scène d'observation de son appartement). Deux techniques, deux façons de faire et donc deux façons de voir. Mais Les Herbes Sèches n'est au final pas tant un film sur "comment sont vues les choses" que sur "ce qui est laissé être vu ou pas", sur ce que l'on donne à voir ou non. J'en veux pour preuve le motif de la porte qui apparait sans cesse dans le film, soit par des plans filmés à travers des portes entrouvertes, soit parce qu'un personnage demande à la fermer ou à l'ouvrir durant la scène.

Si le film est confectionné avec une grande intelligence et ses dialogues écrit avec une finesse précieuse, je ne peux malheureusement m'empêcher de m'y ennuyer poliment. J'y vois beaucoup trop de sérieux, et plus encore l'envie d'y faire du "grand Cinéma" voulant dresser une somme de la nature humaine (si l'influence russe est présente dans le film elle est pour moi bien plus dans ses références littéraires que chez Tarkoski comme le dit souvent Sokol). Et quand, enfin, Ceylan veut se mettre à distance de son sujet, il le fait de la manière la plus pénible -et attendu, en 2020- en cassant le 4ème mur, un choix venant encore plus me désintéresser du film. Seule porte de sortie que j'aimerais voir Ceylan explorer dans un prochain long métrage : ses personnages d'enfants et sa façon très singulière de les faire exister (notamment la scène de don, souligné par Asketoner) qui mériteraient largement la place d'un sujet central.


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Barbie - le film : Chronique ordinaire du capitalisme tardif

Une mode de ces dernières décennies pour le cinéma hollywoodien n'est plus l'adaptation d'une œuvre ou d'un univers fictionnel mais celui de l'adaptation pure et simple d'une marque. J'en veux pour preuve l'exercice réalisé pour une attraction (les Pirate des Caraïbes ou la Maison Hantée de Disneyland), un mode de communication numérique ("Emoji Movie" en 2017) ou encore de simple jouets et figurines tel que le film d'animations Les Trolls, ceux Action Man et donc désormais la poupée la plus célèbre du monde : Barbie.

A la différence des exemples cités précédemment, Barbie se paye le luxe immense d'investir dans l’attirail cinématographique au grand complet. Le film réussit ainsi l'exploit d'attirer les foules par son matraquage marketing (salle comble à ma séance) mais aussi de susciter l’émoi et l'interrogation cinéphilique en réunissant une jeune réalisatrice côté dans le 7ème art us indé (bien que ses films furent plus que médiocre), Noah Baumbach en co-scénariste, les acteurs têtes d'affiche du cinéma comique américain des années 2000 (Will Ferrel, Michael Cera notamment)... mais aussi du cinéma mondial, avec Ryan Gossling, sublimant ici même son traditionnel jeu d'endive en incarnant une figurine en plastique. Et il faut avouer que, cinématographiquement parlant, le film tient plutôt la route, trouvant dans ses chorégraphies et reconstitutions grandeurs natures des décors Barbie un point d'admiration non feint, atteignant des choses que nous n'avions plus vu depuis l'alliance Jerry Lewis/Frank Tashlin.

A la différence une fois encore des premiers exemples, Barbie "ose" une chose détonante : faire son auto-critique. Le film a donc été annoncé comme "féministe" et véhiculant censément un discours émancipatoire pour toutes les petites filles du monde. Si je dois bien avouer avoir été surpris que cette ligne ne soit pas un lointain arrière-fond mais bien abordé longuement au premier degré (le mot patriarcat est répété à tors et à travers et même mis dans la bouche d'une fillette, tandis que le climax scénaristique du film repose sur une vaste vague de sororité, faisant friser le film avec de l'entrisme teinte bubble-gum) c'est avant tout pour mieux retomber sur ses pattes et que rien ne bouge. L'esprit du capitalisme l'a bien compris depuis longtemps : l'intégration de son autocritique et la satire contrôlé de sa propre image est la meilleure façon de rendre les alternatives caduques et de perdurer. Et les clichés de continuer de circuler à la pelle tout en prenant bien soin d'éviter tout autre discours critique qui auraient été tout aussi cruciaux : désir, consommation, hétéronormativité etc etc... Coup de génie final : faire apparaitre la créatrice de la poupée Barbie et lui donner une aura divine afin de lui faire répéter ses valeurs d'origines à Barbie... qu'elle s'empressera alors de faire perdurer. Jamais la phrase Guépardesque "Il faut que tout change pour que rien ne change" n'aura été aussi bien illustré.
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groil_groil
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Que je n'avais étonnamment jamais vu. Très bon premier film, rien à dire, il y a en germe tout ce qui fera ensuite de James Gray l'un des plus grands cinéastes contemporains. Quelques tics de débutant, mais rien de gênant. Et surtout, c'est dingue de voir comment le cinéaste a déjà toutes ses thématiques essentielles, et y sera fidèle. Son dernier film, Armaggedon Time, bien que pas son meilleur, est le plus fidèle à son coup d'essai.

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Déjà vu plein de fois, mais lui aussi, à l'instar de Mississippi Burning, est devenu un classique du KKK movie, avec cette fois la sublime Debra Winger en agent infiltré dans un groupuscule qui, en menant son enquête pour démanteler le réseau qui se prépare à des attaques terroristes, tombe amoureuse du leader en jouant trop bien son rôle. Costa Gavras parvient à réaliser un film 100% américain (ce qui n'est pas une mince affaire quand on est un cinéaste européen (post âge d'or j'entends). Le film n'est pas sans défauts, notamment scénaristiques, des enchainement parfois un peu rapides, grossiers, mais ça passe sans souci car le principal intérêt du film est de nous dépeindre une communauté, tous ces gens qui ont viré à l'extrême de l'extrême et de nous montrer comment ils sont arrivés là. Sans leur trouver d'excuse, CG dépeint des gens simples, qui n'ont en fait trouver que cela comme solution à leur malheur profond.

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De la bonne série B, voire Z, avec des zombies maquillés au paintbrush, mais j'ai pioncé devant, à revoir donc.

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La fille d'un agent fédéral est tuée par un trafiquant de drogue. Comme sa hiérarchie refuse de remonter la filière, le type monte un réseau avec les parents d'autres victimes comme lui, et remontent la filière de la drogue jusqu'aux parrains, de riches bourgeois français, à Marseille, afin de se venger et tous les exécuter un à un. Le film s'inspire pas mal de French Connection (les parrains de la drogue US sont forcément marseillais), et sa construction rappelle aussi bien Munich que la bande dessinée de Bilal et Christin Les Phalanges de l'Ordre Noir, où comment une bande de quidams s'associent pour aller rendre la justice. Furie est un bon cinéaste de seconde division d'Hollywood, mais son film tarde trop dans sa mise en place. 1h30 pour monter le bouzin c'est beaucoup trop long, et c'est bien évidemment la dernière demi-heure qui est la plus réussie.

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Comédie d'espionnage de Comencini complètement ratée. A éviter.

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Avec le fils donc. On l'avait prévenu qu'il était assez flippant pour un enfant. Il a flippé, mais aussi beaucoup ri, et a priori je crois que c'est des trois qu'il a vus, son préféré pour le moment.
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asketoner
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@cyborg :

C’est très juste cette question de la neige qui fait disparaître le paysage et apparaître les humains : tout fait signe sur cette étendue blanche.

Par rapport à l’espoir que tu formules à la fin de ton texte, il y a cette scène merveilleuse de Kasaba (je crois) où Ceylan filme quelques minutes d’un cours où les enfants baillent, une mouche vole et quelqu’un arrive en retard. C’est sublime.
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groil_groil
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Pauline est formatrice dans un centre de prévention routière pour récupérer des points de permis. La nuit, masquée et au volant d'une Subaru volée à sa collègue, elle assassine un maximum de chauffards, dont ceux rencontrés le jour. Elle essaie ainsi de faire le deuil de, et de venger son compagnon mort dans un accident de voiture à la suite d'un refus de priorité. Le nouveau film de Jonathan Barré (réalisateur attitré du Palma Show), après le réussi Les Vedettes, est une comédie grinçante, esthétiquement marquée, entre Drive et Quentin Dupieux disons. Le film n'est pas sans incohérences et grosses ficelles, mais tout passe toujours sans problème, car l'humour omniprésent et un gentil côté salle gosse l'emportent à chaque fois. Je n'ai jamais vu le Palma Show à la TV, mais j'aime bien cette bande, qu'on retrouve au complet ici, au cinéma. Ils sont drôles, jouant avec les frontières de la bêtise, mais l'on sent l'intelligence derrière, c'est plutôt rare et ça fait plaisir.
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cyborg
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@asketoner : j'ai cru voir que Kasaba ressortait en salle en ce moment. Si je croise la route d'une copie je tâcherai de le voir !
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Tamponn Destartinn
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(étrange comme les deux affiches officielles du film cache qu'il se passe à 98% sous la neige. Pas vendeur en été ?)

Enfin ! Enfin je retrouve le Ceylan que j'ai aimé dans les années 2000. Je ne me suis pas ennuyé une seconde devant ce film, à l'inverse d'Il était une fois en Anatolie et Le Poirier sauvage (pas vu sa palme Winter Sleep bizarrement. Je dois y remédier). Difficile pour moi d'expliquer la différence. Je vais passer les prochains jours à essayer de déchiffrer cela.

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C'est une pub pour installer au mieux dans l'esprit des gens le rebranding de Mattel (Barbie n'est plus ringarde et hors du coup car Barbie est féministe)
C'est très bien fait, avec de vraies prises de risques (payantes) que j'imagine assez rares dans le monde de la pub, mais ça reste de la pub.
Et rien à voir avec Lego le film, par exemple, car la marque n'avait pas besoin du film pour redorer son image.
Maintenant que j'ai dit cela, ça reste le meilleur film de Greta Grewig. Mais vu que ces deux précédents étaient plutôt nuls, ce n'est pas non plus le compliment du siècle. Disons que j'aime vraiment bien la DA (terme très peu cinématographique, c'est sûr...) et je reconnais avoir sincèrement ri à plusieurs moments. En revanche, le film perd son autre qualité dans le dernier tiers, à savoir son rythme. Jusqu'à ces multiples fins à rallonge.


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Film surprise dont on aurait pu se passer, tant il n'a rien à ajouter d'autre que son pitch de départ déjà bien court. C'est particulièrement chiant les films d'un heure qui sont en fait des courts métrages étirés et non pas des longs métrages efficaces. Comme Venez voir sortie aussi cette année.


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Paradoxe : HSS fait toujours le même film, mais pourtant mon avis sur chacun d'entre eux est très fluctuant.
C'est non pour cette fois. Après deux gros oui.
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groil_groil
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Un genre tout à fait original, et je crois ne comportant qu'un seul film à son actif : le Maigret Spaghetti. Soit pas loin (du tout) du nanar.
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asketoner
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Sabotage, Daniel Goldhaber

Le film passe son temps à expliquer. Mais il échoue à montrer quoi que ce soit. C'est simple : les personnages n'ont rien à faire dans les plans. Le moindre de leur geste est condamné à justifier le scénario (ils posent une bombe sur un pipeline ; chacun a ses raisons : Règle du Jeu mal digérée, ou digérée un peu trop vite par un scénario américain abominable où les répliques sont toujours positives, toujours destinées au spectateur (qui doit avoir besoin d'être consolé de la violence du monde par le film qu'il va voir), et jamais vraiment dites, vécues, ni adressées aux autres personnages : i love you, you did the right thing, you're a good person, thank you, i'll miss you, you're important to me, etc...)

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Mental, Kazuhiro Soda, 2008

Un autre film de Kazuhiro Soda, où l'on voit le professeur Yamamoto en fonction, recevant des patients dans un centre public qui est aussi un lieu de vie. L'attention du cinéaste est très belle, son insistance aussi, le temps qu'il prend avec chaque personne, la façon dont il considère chacune. Et ce qu'il cherche m'enthousiasme : Soda vise toujours la tendresse, sinon l'amour, même à l'endroit le plus aride (et sans rien cacher de l'aridité).
Ce film est peut-être un peu moins fort que ceux qui suivront (Inland Sea, Professeur Yamamoto, Peace), parce que le lieu existe moins, il est un peu plus banal, un peu trop clos. En voyant le film, je me disais : c'est étrange, on n'a pas la moindre idée du genre de ville où ça se situe (s'il fait froid, si c'est une ville du Sud, si c'est une ville moyenne...). A la fin, il y a un plan où un patient sort pour téléphoner, et on voit que la nuit est en train de tomber, alors que l'horloge indique 17h30, pourtant tout le monde est en t-shirt. Je me suis dit que ce plan survenait trop tard. (Evidemment c'est l'idée du film que de montrer à quel point ce lieu est un refuge pour les patients psychotiques, qui viennent ici même sans avoir rendez-vous avec le psychiatre. Mais quelque chose manque un peu.)
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Tamponn Destartinn
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:hello:

Dites, je n'arrête pas de repenser aux Herbes Sèches, et j'ai deux questions pour vous :

- Pour moi, le personnage principal est une représentation parfaite d'une certaine médiocrité chez l'homme instruit, c'est un antihéros qui plus est antipathique. Sauf qu'on n'est pas chez Östlund et que donc le film ne le martèle pas lourdement (d'ailleurs, c'est intéressant que ce dernier lui donne le prix du rôle féminin et pas un autre...). De fait : est-ce que tout le monde voit la chose comme moi, ou bien il y en a qui défende le personnage principal ?
- Le brisage du 4ème mur, pour vous quel est son but ? C'est la seule décision de mise en scène que je ne comprends pas (mais du coup, elle m'obsède)
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Tamponn Destartinn
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C'est du pur Nolan dans le texte, toujours le même style, les mêmes qualités, les mêmes défauts... et cette fois, ça penche côté positif (car pour moi, c'est la chose qui fluctue le plus d'un film à l'autre : mon avis dessus !)
L'aspect biopic a dû servir de garde fou. Pas de concept à la mords-moi-le-nœud chiant à expliquer, il se focalise sur une réalité historique et scientifique, la met à sa sauce, et la vulgarisation prend, un peu comme pour Interstellar. Alors il est toujours nul pour certains trucs, comme par exemple raconter une histoire d'amour et/ou filmer l'intimité. Le fait qu'Oppenheimer était apparemment un homme à femmes a d'ailleurs bien emmerd.é Nolan, qui se contente du strict minimum sur le sujet et c'est assez drôle de le voir essayer. Ceci étant dit, le sens du spectacle permanent sur un sujet aussi austère fonctionne à plein tube. Fasciné notamment par le travail de la musique, qui ne s'arrête jamais. Ce n'est pas du Hans Zimmer cette fois, mais le nouveau fait du très bon boulot, je me demande même si ce n'est pas ce que je vais retenir le plus, comme pour Inception (j'assume, la BO d'Inception est géniale, idem pour Interstellar)
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 3 août 2023 12:48
:hello:

Dites, je n'arrête pas de repenser aux Herbes Sèches, et j'ai deux questions pour vous :

- Pour moi, le personnage principal est une représentation parfaite d'une certaine médiocrité chez l'homme instruit, c'est un antihéros qui plus est antipathique. Sauf qu'on n'est pas chez Östlund et que donc le film ne le martèle pas lourdement (d'ailleurs, c'est intéressant que ce dernier lui donne le prix du rôle féminin et pas un autre...). De fait : est-ce que tout le monde voit la chose comme moi, ou bien il y en a qui défende le personnage principal ?
- Le brisage du 4ème mur, pour vous quel est son but ? C'est la seule décision de mise en scène que je ne comprends pas (mais du coup, elle m'obsède)
Perso, je pense que le personnage principal n’est ni à défendre ni à descendre : il est comme il est.

- Quant au brisage du quatrième mur : ce n’est ni la meilleure scène ni la pire du film. S’il ne l’avait pas mis, perso, je ne l’aurait pas regretté. À propos, on a eu un petit débat avec @cyborg, je ne sais pas si tu l’as regardé un peu. Toujours selon moi, une fois de plus, cette scène n’est ni à la défendre ni à la descendre
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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@Tamponn Destartinn : comme Sokol, je pense que le personnage est simplement normal. Mais comme tu le dis : médiocrement. Tandis que la jeune femme est normale elle aussi (elle finit par s’éprendre du plus fourbe), mais héroïquement.
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yhi
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J'ose espérer que votre vie "normale" est quand même moins placée sous le signe de la médiocrité et de la fourberie.
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Tamponn Destartinn
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yhi a écrit :
ven. 4 août 2023 10:02
J'ose espérer que votre vie "normale" est quand même moins placée sous le signe de la médiocrité et de la fourberie.
:D :D

Merci pour ces réponses, je les trouve intéressante, même si ça m'interroge beaucoup sur la notion assez floue et fourre-tout de "normal". D'ailleurs, ta réponse ask est particulièrement aiguillante, parce que je veux bien qualifier l'homme et la femme chacun comme étant "normal", et en même temps quelle différence il y en a entre les deux ! Etre tristement normal et héroïquement normal, ça couvre un spectre déjà très large !

Pour revenir à des cinéastes comme Ostlund, qui adorent prendre des médiocres comme personnages principaux pour mieux les humilier en leur mettant leur nez dans leur merde, qu'est-ce qui fait que Ceylan fait à la fois pareil et l'inverse ? Très simplement, Ceylan ne cherche jamais à se placer en tant que juge, il observe sans délectation. Non ?
Et ce que je trouve fort là dedans, c'est que personnellement, ça m'a amené à trouver particulièrement antipathique le personnage des Herbes Sèches, bien plus que ceux d'Ostlund qui juste m'indiffèrent (à de rares occasions en empathie quand il réussit son coup). Bien évidemment, c'est aussi cela qui le rend fascinant, tout comme le film en lui-même.


@sokol : pas vu ton echange avec cyborg sur le 4e mur, non. J'ai vu que cyb a détesté ça dans sa critique, mais pas votre échange. c'est où ?
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asketoner
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Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 4 août 2023 15:33

Pour revenir à des cinéastes comme Ostlund, qui adorent prendre des médiocres comme personnages principaux pour mieux les humilier en leur mettant leur nez dans leur merde, qu'est-ce qui fait que Ceylan fait à la fois pareil et l'inverse ? Très simplement, Ceylan ne cherche jamais à se placer en tant que juge, il observe sans délectation. Non ?
Et ce que je trouve fort là dedans, c'est que personnellement, ça m'a amené à trouver particulièrement antipathique le personnage des Herbes Sèches, bien plus que ceux d'Ostlund qui juste m'indiffèrent (à de rares occasions en empathie quand il réussit son coup). Bien évidemment, c'est aussi cela qui le rend fascinant, tout comme le film en lui-même.
Mais oui, je trouve aussi. Le spectateur est vivant face aux films de Ceylan, il se positionne, il considère les faits, il voit toutes les forces à l'oeuvre.

Je dis normal pour dire relevant de la norme.
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Tamponn Destartinn
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asketoner a écrit :
ven. 4 août 2023 16:54
Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 4 août 2023 15:33

Pour revenir à des cinéastes comme Ostlund, qui adorent prendre des médiocres comme personnages principaux pour mieux les humilier en leur mettant leur nez dans leur merde, qu'est-ce qui fait que Ceylan fait à la fois pareil et l'inverse ? Très simplement, Ceylan ne cherche jamais à se placer en tant que juge, il observe sans délectation. Non ?
Et ce que je trouve fort là dedans, c'est que personnellement, ça m'a amené à trouver particulièrement antipathique le personnage des Herbes Sèches, bien plus que ceux d'Ostlund qui juste m'indiffèrent (à de rares occasions en empathie quand il réussit son coup). Bien évidemment, c'est aussi cela qui le rend fascinant, tout comme le film en lui-même.
Mais oui, je trouve aussi. Le spectateur est vivant face aux films de Ceylan, il se positionne, il considère les faits, il voit toutes les forces à l'oeuvre.

Je dis normal pour dire relevant de la norme.
:jap: :jap:
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 3 août 2023 12:48
:hello:

Dites, je n'arrête pas de repenser aux Herbes Sèches, et j'ai deux questions pour vous :

- Le brisage du 4ème mur, pour vous quel est son but ? C'est la seule décision de mise en scène que je ne comprends pas (mais du coup, elle m'obsède)
j'ai répondu ça l'autre jour : Je trouve ça merveilleux moi, cette séquence de décrochage, pas gratuit du tout, et je trouve ça passionnant de savoir qu'il en avait tourné trois pour n'en garder qu'une. Une fois ça suffit, on a compris ce qu'il voulait dire. Et pour moi ça a beaucoup de sens, sur la vérité des images, et la façon dont on les interprète. Qui croire après ça ? La jeune fille ? Le professeur ? On croyait au film, à ce qui nous était raconté, et d'un coup on nous ramène au réel, on est au cinéma. Je trouve que cette scène permet de penser à la question du consentement, de l'agression de manière plus théorique, l'affect de côté, qu'elle nous aide à réfléchir en somme.
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En 1964, André Cayatte sort de manière simultanée nommés Jean-Marc et La Vie Conjugale et Françoise et la Vie Conjugale. Ces deux films racontent la vie d'un couple, de leur rencontre jusqu'à leur rupture, avec une approche totalement inédite, et novatrice : le premier film raconte cette histoire du point de vue de l'homme, le second du point de vue de la femme. Enfin il n'y a ni premier ni second car les deux films sont à l'affiche le même jour, le 31 janvier 1964, et c'est le spectateur qui choisissait d'aller voir en premier celui qu'il désirait, les films étant conçus pour être vus dans l'ordre que l'on souhaite. C'était la première fois qu'une expérience pareille fut proposée en salle (l'autre exemple auquel ce double film fait évidemment penser est le Smoking / No Smoking d'Alain Resnais mais leur caractère expérimentale fait que le double point de vue proposé par Cayatte reste unique). Voilà pour le concept. Au niveau des films, maintenant, c'est assez amusant de voir que l'ensemble fait tout de même penser beaucoup à la Nouvelle Vague, on est en pleine période, et que la Nouvelle Vague conchiait Cayatte, qui n'avait vraiment rien à leur envier. Que ces querelles de chapelle paraissent ridicules désormais. Les deux films sont excellents, parmi ce que Cayatte a fait de mieux je pense, et le truc le plus étonnant c'est de constater que le cinéaste n'utilise pas un seul plan commun sur les deux films. Alors qu'ils racontent la même histoire, c'est un véritable tour de force d'avoir pensé deux longs métrages, se déroulant souvent aux mêmes endroits sur des séquences identiques sans jamais utiliser un plan commun. Le travail préparatoire des films a dû être immense. Les deux acteurs sont Marie-José Nat, qui est super, mais meilleure dans le film Françoise de manière assez nette, comme si on lui avait demandé de sous-jouer dans l'autre, et Jacques Charrier (alors époux de Brigitte Bardot) qui est malheureusement un assez mauvais acteur, aux expressions plus que limitées. Mais bien dirigé, il fait le boulot, et ils sont secondés par une armée de seconds rôles assez brillants : Michel Subor, qui sort du Petit Soldat, Giani Esposito, Jacques Monod, Macha Méril... Si l'ensemble est vraiment très stimulant, je dois tout de même reconnaitre que le film nommé Jean-Marc ou la Vie Conjugale est meilleur que son pendant féminin. La raison : c'est celui qui s'attache le plus à la vie de leur couple (bien que centré sur le mec bien sûr) et je pense que si je l'avais vu en second, je n'aurais pas eu en découvrant Françoise en premier une vision globale des enjeux qui se tenaient dans la double oeuvre. Je pense donc, quoiqu'en dise Cayatte ou le carton d'introduction un peu lourdingue imposé par la prod ou les exploitants, que le film Françoise est tout de même un peu dépendant du Jean-Marc et qu'il est mieux pour l'appréhension globale de la double oeuvre, de commencer par Jean-Marc. Mais tout de même, quelle ambition chez ce cinéaste génial, l'un des plus grands de son époque et toujours, malgré pas mal de rééditions récentes et une tentative de réhabilitation acharnée par ses admirateurs dont je fais partie, encore incroyablement sous-estimé.

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A peu près le centième revisionnage, mais avec les enfants (le grand l'avait déjà vu) qui se sont bidonnés.
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
sam. 5 août 2023 08:49
Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 3 août 2023 12:48
:hello:

Dites, je n'arrête pas de repenser aux Herbes Sèches, et j'ai deux questions pour vous :

- Le brisage du 4ème mur, pour vous quel est son but ? C'est la seule décision de mise en scène que je ne comprends pas (mais du coup, elle m'obsède)
j'ai répondu ça l'autre jour : Je trouve ça merveilleux moi, cette séquence de décrochage, pas gratuit du tout, et je trouve ça passionnant de savoir qu'il en avait tourné trois pour n'en garder qu'une. Une fois ça suffit, on a compris ce qu'il voulait dire. Et pour moi ça a beaucoup de sens, sur la vérité des images, et la façon dont on les interprète. Qui croire après ça ? La jeune fille ? Le professeur ? On croyait au film, à ce qui nous était raconté, et d'un coup on nous ramène au réel, on est au cinéma. Je trouve que cette scène permet de penser à la question du consentement, de l'agression de manière plus théorique, l'affect de côté, qu'elle nous aide à réfléchir en somme.


Ok, bien vu :jap:
Je crois que ce qui me dérange vraiment, c'est que j'ai l'impression d'avoir déjà trop vu cet "effet" récemment.
Par exemple, le remake série HBO de Scènes de la vie conjugale, qui est un bon exemple d'un projet qui veut faire auteur, plus qu'il ne l'est vraiment.
De fait, j'ai eu du mal sur le moment à y voir autre chose qu'un effet de mode, ce qui n'est absolument pas le cas du reste du film.
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Tamponn Destartinn
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(et quand tu dis l'autre jour, c'est ici ? avec ce qu'a répondu sokol aussi, j'ai l'impression d'avoir loupé une page du forum, mais je la trouve pas :D )
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 5 août 2023 10:07
(et quand tu dis l'autre jour, c'est ici ? avec ce qu'a répondu sokol aussi, j'ai l'impression d'avoir loupé une page du forum, mais je la trouve pas :D )
oui c'est ici, page d'avant ;)
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groil_groil
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Seul à Paris pendant l'été, alors que sa femme et ses enfants sont en vacances à Concarneau, un employé de la Samaritaine tombe fou amoureux d'une jeune et belle anglaise de passage, et se fait passer pour peintre afin de la séduire. Très beau film de Granier-Deferre qui capte la ville de Paris comme on pensait seuls les cinéastes de la Nouvelle Vague capables de le faire à cette époque. La ville est vraiment le troisième personnage principal du film, magnifiée à chaque plan dans sa solitude estivale. Le film est une sorte de relecture à la française de Sept Ans de Réflexion, mais avec beaucoup plus d'extérieurs que le film de Wilder, se déroulant quasiment tout le temps en appartement. C'est super bien, mais on regrette beaucoup, surtout 24 heures après avoir vu La Vie Conjugale de Cayatte, un exemple en la matière, que le point de vue de l'épouse ne soit jamais vu, entendu, traité. D'autant qu'on la découvre enfin sur la dernière scène du film, et qu'elle a l'air d'une femme tout à fait admirable, avec qui le protagoniste a tout pour être heureux en ménage (et pas du tout la mégère que le film peut laisser entendre). L'envie d'ailleurs du personnage semble du coup moins intense que ce que le film montre, et c'est un peu dommage d'écarter ainsi cet élément important. Mouret faisait la même chose dans son dernier film, preuve que ça ne dérange pas grand monde, et que le truc passe les ans, mais perso ça m'a toujours déranger au cinéma de voir qu'un personnage est tout simplement écarté pour faciliter la construction du film. Bon c'est symptomatique de l'époque, on est en 1966, et le plaisir de l'homme, qui a tous les droits, passe avant tout. Mais ça n'enlève pourtant pas mon enthousiasme face à la découverte de ce beau film.
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asketoner
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Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares, Radu Jude, 2018

C'est très bon, très fin : le cinéaste déploie réellement son idée de départ jusqu'à atteindre une certaine complexité morale. C'est peut-être un film sur la façon dont on peut encore se parler, malgré nos rapports défaillants à la vérité. Qu'est-ce qu'on peut encore se dire quand on ne veut plus rien entendre ?

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Tropic, Edouard Salier

Beaucoup trop de temps passé à tenter de persuader le spectateur que le film a du style. Ce qu'il raconte, par contre, n'est pas très clair. Un peu de tout, mais mal.

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Yannick, Quentin Dupieux

Il s'agit donc d'échapper au boulevard. Comment ? Par le stand-up, peut-être ; puis par la parodie. Ca n'ouvre pas un champ esthétique très large. Et finalement, Dupieux fait quand même un film coincé dans un théâtre, et le spectateur se retrouve à regarder du très mauvais boulevard filmé avec mépris. A mon sens, c'est une impasse.

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The Wastetown, Ahmad Bahrami

On dirait un film d'Antonioni (ça faisait longtemps que personne n'essayait de faire du Antonioni, et je dois dire que ça me manquait presque). Une femme parcourt une casse où l'on broie les voitures à la recherche de son fils, qu'elle n'a pas vu depuis 8 ans. Trois hommes, trois rencontres : et à chaque fois on se rapproche un peu plus de l'énorme machine aplatisseuse, et d'un désespoir que rien ne viendra résoudre.
Le cinéaste va au bout de ce qu'il propose, jusqu'à imposer une fin qui pourrait être ridicule et qui ne l'est pas. Il esquive un ou deux problèmes, s'autorise quelques raccourcis, mais ça tient. L'unité de lieu (comme dans La Pointe courte de Varda ou Ce vieux rêve qui bouge de Guiraudie : des lieux ouverts mais où l'on reste) joue vraiment en faveur du film.
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
sam. 5 août 2023 10:13
Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 5 août 2023 10:07
(et quand tu dis l'autre jour, c'est ici ? avec ce qu'a répondu sokol aussi, j'ai l'impression d'avoir loupé une page du forum, mais je la trouve pas :D )
oui c'est ici, page d'avant ;)
Bon sang, je ne sais pas ce que j'ai branlé, y a en effet déjà toutes les réponses à mes questions sur cette page :D
J'ai tout rattrapé, merci !
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit :
dim. 6 août 2023 11:04
groil_groil a écrit :
sam. 5 août 2023 10:13
Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 5 août 2023 10:07
(et quand tu dis l'autre jour, c'est ici ? avec ce qu'a répondu sokol aussi, j'ai l'impression d'avoir loupé une page du forum, mais je la trouve pas :D )
oui c'est ici, page d'avant ;)
Bon sang, je ne sais pas ce que j'ai branlé, y a en effet déjà toutes les réponses à mes questions sur cette page :D
J'ai tout rattrapé, merci !
:lol: :love2:
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groil_groil
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En vacances, en famille, pour la Xème fois, et confirmation ultime qu'il s'agit bien, et de très loin, du meilleur opus de la série. Le plus intelligent, le plus fin, le mieux mis en scène, le plus émouvant.
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De nos jours, Hong Sang-Soo

Hong Sang-Soo tresse deux histoires entre elles sans les faire se rejoindre, sinon par une série de signes : la pâte de piment, la guitare, les demandes de gens plus jeunes qui veulent devenir comédiens, etc... , se faisant écho comme les fantômes d'un troisième film qu'on ne verra pas, où les deux personnages principaux, l'actrice et le poète, se sont peut-être rencontrés. Peut-être : le film distribue les indices, mais n'affirme rien. Il pourrait aussi bien s'agir de correspondances étranges, de télépathie sans le moindre passé commun.
On voit deux histoires, et on s'en raconte une troisième. Pour ma part, j'ai vu deux personnages au plus fort de leur crise (elle ne veut plus jouer, il doit arrêter de boire) se rencontrer un soir, par hasard, et se sauver la vie, comme par enchantement. Et puis se séparer après avoir pris des décisions importantes (pour lui, arrêter vraiment de boire et de fumer ; pour elle, quitter Séoul quelques temps).
Malheureusement, je trouve que Hong Sang-Soo ne rend pas très bien compte de cette "vie nouvelle" à laquelle ses personnages aspirent. Il me semble qu'il ridiculise un peu tout le monde : la femme qui a cent cinquante chaussures et qui se roule par terre quand elle perd son chat, la nièce qui n'arrive pas à savoir ce qu'elle veut vraiment, le jeune comédien qui pose des questions idiotes, la jeune cinéaste qui tremble d'admiration pour le vieux poète. Les personnages secondaires sont ternes. Et les deux principaux ne valent pas beaucoup mieux, énonçant des vérités générales avec une certaine suffisance, à l'attention de leurs admirateurs.
En fait, j'ai l'impression que le film fantôme (celui de la rencontre entre l'actrice et le poète) neutralise et absorbe les deux autres, comme si deux pages d'un livre étaient entraînées dans le pli entre elles. Le présent du film semble dévitalisé, immatériel. Par moments, il y a un charme, notamment quand ce défaut d'intensité donne la mesure de l'état de convalescence des personnages (la fin, quand le poète laisse partir ses deux admirateurs et se retrouve plus seul que jamais, de nouveau confronté à son goût pour l'alcool, est assez poignante), mais il n'y a pas de mystère : tout est un peu mécanique, figé, sans surgissement.
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Narval
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Ce soir je vais voir Quand les vagues se retirent au Reflet à 19h20, je suis rentré sur paris pour le voir car Lav présente le film. Si certains sont aussi intéressés ça sera avec plaisir de vous y croiser.
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groil_groil
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Revisonnage d'un classique, qui il faut bien le dire est sublimé par la musique extraordinaire d'un Morricone en grande forme, mais dans lequel j'y ai vu ce coup-ci pas mal de défauts. Disons que comme toujours chez Boisset, c'est un film très programmatique, limite démonstratif. La démonstration est belle, mais on a parfois l'impression que Boisset a sous les yeux un schéma, qui va d'un point A à un point B, en passant ce coup-ci par pas mal d'embûches, car le scénario réserve quelques retournements de situations importants, mais que Boisset se contente de suivre ce schéma de manière un peu trop froide et analytique. J'ai aussi été assez gêné par le personnage de Ventura (acteur que j'adore pourtant) mais je n'y pas cru; disons qu'il n'est pas crédible en agent dormant et que les réactions de son personnage sont souvent plutôt celles d'un béotien plutôt que d'un agent aguerri. On a l'impression qu'il découvre le monde retors de l'espionnage en même temps que nous, qu'il n'a aucune expérience et que ses réactions ne sont pas bonnes.

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Film d'espionnage américain classique, qui essaie de faire à la fois un peu du Katryn Bigelow et du Jason Bourne, mais qui se perd un peu trop vite dans le cinéma d'action.
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groil_groil
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Génie de Rouben Mamoulian, l'un des secrets les mieux gardés du grand Hollywood, avec ce film génial, au scénario de film noir assez classique mais quand même (nous ne sommes qu'en 1931 !) mais qui se démarque surtout par son extraordinaire mise en scène (notamment pour tout ce qui est ellipses et enchainement entre deux séquences, déployant une inventivité assez dingue pour l'époque).

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Excellent premier film, qui manque peut-être un peu de tension parfois mais qui est vraiment très bien tenu, et dialogué, et qui se distingue notamment à la fois par son naturel et par son excellent trio d'acteurs. On les connaissait tous les trois mais ils fonctionnent superbement ensemble, et Raphaël Quenard est vraiment un acteur dingue, et il me donne encore plus envie de découvrir Yannick, le denier Dupieux, dont il joue le 1er rôle.
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Une jeune femme est chargée par les parents d'un jeune homme trop sage de le déniaiser avant son entrée en Fac. Comédie américaine grivoise comme je pensais qu'on ne faisait plus, Le Challenge échoue en s'essayant à un humour vulgaire qu'elle aimerait voir apparenté au style (déjà tellement dépassé) d'un Judd Apatow, mais sans en avoir la finesse cachée ni le style. Qui plus est le scénario est bourré de tant d'invraisemblances qu'on ne peut pas y croire deux minutes. Ne reste donc que le charme fou de Jennifer Lawrence, actrice excellente, mais là aussi on tombe de haut, en découvrant qu'à seulement 32 ans, la superstar, actrice la mieux payée d'Hollywood, a elle aussi eu recours à la chirurgie esthétique à outrance, alors qu'elle était si belle, se transformant, comme quasiment toutes les stars de son niveau, à une énième relecture du masque de Scream. L'horreur, oui, en effet.
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groil_groil a écrit :
ven. 11 août 2023 07:52
il me donne encore plus envie de découvrir Yannick, le denier Dupieux, dont il joue le 1er rôle.
Génial dans un film autant génial
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Top5 des cinéastes en activité qui tournent des films de plus en plus légers (et du coup, de plus en plus beaux) :
1. Radu Jude
2. Hong Sang-soo
3. Quentin Dupieux
4. Sophie Letourneur
5. Jonas Trueba
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Bonne nouvelle de Radu Jude :
Le festival de Locarno (Suisse) commence à peine − la 76e édition a lieu du 2 au 12 août − qu’un rire féroce a retenti dans les salles de l’élégante cité bordée par le lac Majeur. Décapeur de l’époque, le cinéaste Radu Jude a encore frappé, avec un film de collages godardien, Do Not Expect Too Much From the End of the World (N’attendez pas trop de la fin du monde), porté par une fascinante actrice de théâtre, Ilinca Manolache.
https://www.lemonde.fr/culture/article/ ... -%5Bios%5D

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En salle le 28 septembre :hot:
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Quand les vagues se retirent - Lav Diaz
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Quand les vagues se retirent aurait dû être un film très différent. Le contexte sanitaire et politique (avec la pandémie qui a fait beaucoup de mal au pays) ainsi qu'une éruption volcanique majeure a coupé le tournage à deux reprises, pour des périodes si longues que Lav s'est résolu à découper son film en trois parties (dont la 2ème était à Locarno il y a peu). Chaque film est indépendant et raconte une variation d'une même histoire, il n'y a pas d'ordre à priori, la simple constante étant qu'ils suivent un même protagoniste. Ce héros tragique, dans la lignée des personnages chers à Lav, a été tiraillé par les lois de l'ordre et de sa propre morale. En effet, Lav part du contexte sanglant de l'éradication de la drogue lancée par Dutertre depuis le début de son mandat en 2016. C'est un sujet qu'on a retrouvé dans d'autres films philippins comme chez Mendoza (Alpha, the Right to Kill), mais qui est plutôt traité au cœur de l'action, avant ou pendant les interventions. Ici, le cinéaste s'empare du traumatisme d'avoir participé à ses excursions punitives pour faire le récit de deux géants pourris de l'intérieur. L'un, Hermes, qui a participé à tuer les drogués par centaines, et considéré comme le meilleur élément de sa génération, et l'autre, son mentor, qu'il a fait emprisonné suite aux révélations de ses comportements crapuleux.
Patiemment - mais avec pas mal d'ellipses bien amenée, Lav tend une toile entre ces deux personnages, les montre sous leurs jours les plus contradictoires (la dimension littéraire de son cinéma est très présente ici encore une fois), jusqu'à les faire se confronter pour un face à face des plus mythologiques. Ainsi deux spatialités s'entrechoquent, à priori irréconciliables. D'un côté, il y a le retour au pays pour l'ancien flic autrefois vénéré par ses collègues, maintenant un paria suite à ses exploitions de violence contre sa femme et ses collègues. C'est un monde de pénitence et de fatalisme. Il revient sur ses terres natales, mais tout a changé, tout est pourri, inondé et malade. De l'autre, il y a son mentor qui sort de prison et goûte de nouveau aux plaisirs terrestres après avoir été si longtemps enfermé et endoctriné. Ce personnage, dans la lignée du dictateur psychopathe de Halte (2019) est carrément dingue mais c'est particulièrement intéressant ici car sa folie s’exprime de façons très différentes : c'est le monde du fanatisme et de la solitude où la transe de ses danses effrénées, ses conversions forcées, ses sautes de bonté et de perversion se mêlent. Tout est là, dans des excès très théâtraux (renforcées par les plans séquences fixes toujours aussi forts).
Ces deux mondes, ces deux monstres, ils sont inoubliables - très chargés certes -, mais la belle idée est de les désacraliser tout du long en tant sûr de pouvoir rester constamment à hauteur humaine. L'un est atteint de psoriasis, l'autre est un petit mafieux déguisé en flic qui alterne entre des figures paternalistes héritées de son fanatisme et ses crises de rage stériles. A priori irréconciliables, les deux destins sont liés par des lieux sordides près des quais, les bars à prostitués et les accès de danse qu'ils s'autorisent dans des sessions vraiment impressionnantes. Plus que jamais, la durée des séquences permet à chaque scène de partir parfois très loin et il faut vraiment voir ces passages à la fois délirants, gênants et chaleureux où les acteurs se livrent devant un public imaginaire. Chacun son tour, ils se provoquent pour leur plus grand plaisir, dans un monde qui ne les regarde plus que comme des animaux fous.
Le face à face final, dans une simplicité toute habituelle au cinéaste est principalement composé d'un plan fixe où la juxtaposition de deux tâches blanches dans un noir très profond tourne rapidement à la fascination. C'est juste la vision des docks vers les 5h du matin, avec deux pauvres acteurs, leurs corps totalement perdus, bientôt illuminés de façon comique par une faute de continuité où les lumières de l'aube arrivent tout à coup. Lav ne s’embarrasse pas avec ce genre de détails, et fidèle à lui-même, aucune musique extradiégétique ni pirouette sonore ne viendra changer le cour des choses. C'est la cruelle et grotesque fin de deux sacs à merde, tantôt ritualisée, tantôt rabaissée à sa plus nue vérité, ni plus ni moins.
Point technique : le film est tourné avec une caméra 16mm très sensible aux lumières, en hommage aux films noirs des 70's. En découle une surabondance des plans nocturnes (comme pour Halte), et le retour de son chef op' attitré pour les films très sombres. Ainsi, les nuits sont très belles et profondes, alors que les scènes tournées en lumière naturelle sont granuleuses voire un peu floues (comme sur le photogramme plus haut). Près de la mer, avec la houle et l'eau, j'imagine que ça a dû joué, mais il en résulte parfois des plans qui donnent l'impression de voir un film des années 20, j'ai trouvé ça magnifique et inattendu. Au contraire, l'hommage au film noir me paraît un peu facile (avec les hôtels lugubres bien lugubres et les prostituées bien bécasses), mais c'est plus un prétexte qu'autre chose, le film raconte autre chose (il suffit de voir comment est amené la rencontre entre les deux hommes - par des sms tous plus absurdes les uns que les autres, les moments les plus drôles du film au passage).
Bref, hâte de voir les prochains volets de cette saga et aussi les mille autres projets qu'il a commencé. Lav, tu es le plus grand et c'est tout. J'y laisse ma cinéphilie.

Yannick - Quentin Dupieux
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Bon, point musical.
Dans Fumer fait tousser (son précédent donc), Dupieux reprenait plusieurs pistes du très bon album Plantasia de Mort Garson, j'avais trouvé ça un peu gratuit et pas approprié. Ici, il utilise plusieurs musiques de la compositrice éthiopienne Tsegué-Maryam Guebrou. Je trouve que ça instaure un climat beaucoup plus intéressant au film, plus tendu et fertile en termes de jeux - notamment sur la fin du film mais j'y reviendrai. Pour commencer je dois juste parler d'une coïncidence très perturbante. La semaine dernière, j'ai pu voir dans une ferme bio partagée et complètement perdue en pleine brousse tourangelle (faut le faire) un concert dédié à cette pianiste-compositrice-nonne au parcours inhabituel. Le concert n'étais pas très marquant et la musique un peu répétitive, même au sein d'un morceau, mais le parcours de la compositrice est remarquable. Morte il y a quelques mois, Tsegué Maryam a eu plusieurs écoles musicales (Ethiopie, Suisse puis Isräel) et mêlait classique (main gauche, pas très intéressante) et jazz et blues (main droite, très libre) avec un max d'appogiatures. Le style est très reconnaissable. Pendant le film, ça me titillait parfois. J'avais pas fait le rapprochement tout de suite mais au générique j'étais soufflé. Les musiques étaient bien toutes d'elles et en plus enregistrées avec ses propres interprétations (elle n'indiquait pas les rythmes sur ses retranscriptions). Du coup je me retrouve à avoir entendu les mêmes musiques deux fois dans des contextes tellement différents. C'était très troublant. Ici par dessus le marché, j'aime bien comment les touches graves répétées au piano viennent ponctuer l'écriture de Yannick, il y a quelque chose qui touche à une vraie beauté à ces moments.
Bref, le film. J'avais très peur parce que le film reposait sur un postulat très réduit et que syndrome du court métrage étiré existe. Ses derniers étaient aussi décevants (toujours de bonnes idées mais jamais des films pertinents dans leurs ensembles, juste des scènes juxtaposées avec des gags). Ici, Yannick qui est tourné en 6 jours et en espace quasi clos est déjà bien plus abouti et creusé que ses 3 derniers (Mandibules, Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser). Je trouve les changements de pouvoirs entre les différentes instances du théâtre (public qui est d'habitude inattaquable, comédiens qui sont la cible facile et preneur d'otage qui est aussi insupportable que touchant) vraiment bien vues, avec ces passages où le public se révèle peu à peu en miroir de Yannick, tout ça donne vraiment du souffle au film pourtant très ténu. On retrouve quelques gags absurdes (l’imprimante, le mot de passe) mais ce n'est pas asséné maladroitement. C'est aussi plus fin, parce Raphaël Quenard tient vraiment un "beau rôle" complexe qui lui va très bien (et le film repose entièrement sur lui, soyons honnêtes). C'est aussi moins gratuit que ses précédents (le fil rouge de Fumer fait tousser avec la menace du super méchant tombait complètement à l'eau, les gadgets ainsi que le passage clipesque de Incroyable mais vrai aussi). Bref, c'est déjà bien plus intéressant, mais je ne sais pas si je suis aussi transporté que j'aurais dû l'être vu le sujet qui m'intéresse beaucoup (je suis très fidèle au théâtre depuis mon enfance). Plusieurs aspects importants sont occultés. La scène qui est un espace sacré et hautement riche en symboliques, tous ses franchissements sont un peu évités. J'aime beaucoup ce plan en plongée où l'on voit Yannick écrire sur scène, la perspective fait que l'on a l'impression de voir les acteurs comme des marionnette dans un théâtre de l'absurde. Mais de l'écriture, Dupieux ne fait pas grand chose. Je m'explique : quelles sont les différences entre les deux pièces qui sont jouées durant le film (la mauvaise et celle de Yannick) ? A part les soucis de typo et d'orthographes (que l'on fait tous au premier jet) je ne vois pas ce qui les distingue. Ce sont des parodies de boulevard, toutes les deux. Il y a des choses comme cela qui font que le film manque de réellement percer sur une vérité pour moi. L'arrivée de la police, l'intervention du gardien... ces petites interventions scénaristiques pratiques pour ne pas aller au bout d'une scène je trouve ça forcément un peu facile aussi. Dans la même idée, j'aurais vu une fin plus forte, plus honnête aussi (pourquoi pas le suicide du dit Yannick après sa création ?).
Modifié en dernier par Narval le jeu. 17 août 2023 21:29, modifié 2 fois.
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yhi
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du très bon album Plantasia de Mort Garson
Il se trouve que j'ai découvert cet album pas plus tard que tout à l'heure. Sans avoir fait le lien avec Fumer fait tousser.
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yhi
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Ce sont des parodies de boulevard, toutes les deux. Il y a des choses comme cela qui font que le film manque de réellement percer sur une vérité pour moi. L'arrivée de la police, l'intervention du gardien... ces petites interventions scénaristiques pratiques pour ne pas aller au bout d'une scène je trouve ça forcément un peu facile aussi.
Pour moi c'est justement l'interruption qui permet de percer une vérité, ou au moins de la questionner. Les deux pièces ont l'air aussi nulles l'une que l'autre. Mais la différence c'est que quand Yannick interrompt la première, on est plutôt soulagé. Quand la police interrompt la seconde, on en aurait bien pris un peu plus quand même.

Sinon, ça fait plaisir de te lire à nouveau, ça faisait longtemps !
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Narval
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yhi a écrit :
jeu. 17 août 2023 18:25
Ce sont des parodies de boulevard, toutes les deux. Il y a des choses comme cela qui font que le film manque de réellement percer sur une vérité pour moi. L'arrivée de la police, l'intervention du gardien... ces petites interventions scénaristiques pratiques pour ne pas aller au bout d'une scène je trouve ça forcément un peu facile aussi.
Pour moi c'est justement l'interruption qui permet de percer une vérité, ou au moins de la questionner. Les deux pièces ont l'air aussi nulles l'une que l'autre. Mais la différence c'est que quand Yannick interrompt la première, on est plutôt soulagé. Quand la police interrompt la seconde, on en aurait bien pris un peu plus quand même.

Sinon, ça fait plaisir de te lire à nouveau, ça faisait longtemps !
Comme quoi les coïncidences avec Dupieux se multiplient ! C'est peut-être son côté monomaniaque à utiliser les musiques d'un seul artiste pour chaque film - quand il réalise pas la BO (ce qui me manque un peu j'avoue).

Effectivement, mais j'avoue que la première j'aurais été curieux de voir la suite quand même parce que pour moi ce n'était pas non plus affreux (pour avoir vu des pièces d'amis comédiens il y a des choses tellement plus gênantes qu'on va voir parfois pour faire plaisir/accompagner... qui parfois font intervenir des soucis techniques (entrées ratées, pb de musique) et humains (trous de mémoire, comédien qui part en cacahuète pour meubler...). J'avoue que j'aurais bien aimé qu'il creuse plus ce côté très mauvaise pièce dont on se sent otage. Faire surjouer ses comédiens comme ça c'est pas tout. Il y a tellement plus de choses à aller chercher -notamment les coulisses comme le suggérait Akestoner.

Oui c'est la cata j'ai presque rien vu depuis des mois mais je vais pouvoir me rattraper un peu et essayer d'écrire ! :D en tout cas je passe toujours ici pour vous lire on change pas les bonnes habitudes.
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Tyra
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Narval a écrit :
jeu. 17 août 2023 21:24


Effectivement, mais j'avoue que la première j'aurais été curieux de voir la suite quand même parce que pour moi ce n'était pas non plus affreux
Bon sang, qu'y avait-il dans ce satané frigo ? :fou:
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Tyra
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De retour de vacances, pendant lesquelles j'ai pu voir quelques sorties...

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D'assez loin le Ceylan que j'ai préféré jusque là (je ne suis pas, comme beaucoup ici, un grand admirateur du cinéaste). Et pourtant je n'aime qu'un peu. C'est comme s'il y avait deux histoires (ou "arc narratif comme on dit aujourd'hui) étanches l'une par rapport à l'autre dans ce film : la relation ambiguë entre le prof et son élève d'une part, la relation triangulaire entre les deux colocs et la femme d'autre part. Si j'aime le film c'est clairement grâce à cette deuxième histoire, qui prend corps dans la deuxième moitié du film. La fameuse scène meta, je trouve qu'elle marche plutôt, car le trouble qu'elle provoque vient aussi du moment où elle survient : juste avant la première relation sexuelle du prof avec la femme, faisant écho à cet état d'esprit un peu "hors de soi-même" que peut avoir un homme à ce moment fatidique. :D
Pour ce qui est de l'autre histoire, je ne vois toujours pas où Ceylan a voulu en venir. Le prof abuse clairement de son autorité, de son aura, pour entretenir une relation de séduction avec son élève. Pourtant, à la fin, pendant cette fameuse voix of tant discutée que je trouve ratée, le personnage nous cherche une justification métaphysique, nous dit qu'il a entrevu quelque chose de mystique chez elle, faisant porter je ne sais quel espoir dans cette petite fille, portant à elle seule sa foi en l'existence, sa force de vivre. Une justification que je trouve bancale, me laissant totalement sur le bord de la route. L'impression d'un retour d'un cinéma existentialiste à la Tarkovki/Bergman/Antonioni, en bien moins fort et plus bavard, dépassé.
Et puis, niveau écriture et mise en scène, Ceylan a aussi parfois la main lourde. La scène dont vous parlez par exemple, avec la petite fille "laide" qui n'est pas regardée par le prof, je trouve ça tellement appuyé, tellement surligné... C'est peut être ça mon problème avec Ceylan, l'alternance de scènes tantôt trop subtiles (qui m'échappent), tantôt trop didactiques...

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Timing de sortie assez remarquable, en pleine grève des scénaristes à Hollywood (le tournage de la suite du film en est d'ailleurs affecté) et leurs inquiétudes face la généralisation de l'intelligence artificielle pour l'écriture des scénarios. D'où la réjouissance de voir notre Ethan Hunt manipulé par une IA vampirique qui anticipe les réactions des personnages, tentant de prendre le contrôle du monde, et donc, par un jeu méta très réussi, le contrôle du film. Passé une première demi-heure introductive assez peu excitante, le film devient absolument réjouissant, notamment parce qu'il prend le temps (parfois trop, 2h45) de construire des scènes, presque autonomes entre elles, qui constituent chacune un lieu (Aéroport d'Abu Dahbi, Rome, Venise, Orient Express), un enjeu, un type d'action, exploitant à chaque fois à fond son concept ludique. Comme souvent, s'il faut choisir un blockbuster une fois dans l'année, c'est le Mission Impossible qu'il faut voir.

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L'horizon indépassable du cinéma de Nolan, exposé au grand jour dans ce film : débiter de l'info au kilomètre, le plus rapidement possible en un temps donné, dans le but non-avoué de perdre le spectateur dans ce déluge inutile de complexité (car au final, lorsqu'on reconstitue le puzzle à la fin, tout n'était pas si compliqué) pour mieux le rendre captif, l'empêcher de penser. Jamais Nolan ne construit une scène, jamais, c'est un pur film de montage (en cela il peut intéresser certains, mais selon moi c'est un mauvais film de montage). La seule scène un peu construite sur la longueur, c'est la fameuses explosion de la bombe lors du premier essai, comme s'il n'y avait que la pyrotechnie qui méritait un peu d'attention et de cinéma. Et autant Nolan est pingre pour nous donner les bonnes infos au bon moment pour comprendre les enjeux politiques et les personnages qui y prennent part, autant il a la main lourde concernant la psychologie de son personnage principal, illustrée à grands renforts d'effets synthétiques abstraits (lorsqu'il s'agit d'évoquer son génie), ou de visions de mauvais goût de corps calcinés par la bombe d'Hiroshima (lorsqu'il s'agit d'évoquer sa mauvaise conscience).
Bref, je préfère encore prendre le peu de vertige ludique qu'il y a dans ses thrillers conceptuels plutôt que ce portrait et cette histoire complètement phagocytée par l'incapacité de son auteur à nous donner autre chose que du dialogue didactique, le cinéma doit être autre chose que ça.
Reste le corps maigre et étrange de Cillian Murphy, qui ici imprime bien la pellicule.
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asketoner
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Les Meutes, Kamal Lazraq

J'aime beaucoup les films qui se déroulent en une nuit, j'ai toujours l'impression de plonger avec les personnages, d'entrer à la fois dans un monde et un temps, et il y a cette promesse du jour à venir, c'est-à-dire d'un irrémédiable, un lendemain à partir duquel tout aura changé. Les Meutes joue ce jeu-là, plutôt très bien dans sa première heure, longue dérive d'un jeune homme pris dans la lâcheté de son père (j'ai pensé au Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan). Il y a quelques moments très poétiques et pleins d'effroi, comme celui où les deux protagonistes tentent de creuser un trou dans une oliveraie, puis rejoignent une station-service désaffectée où vit un homme qui de temps en temps monte sur le toit. Tout est très bon jusqu'à ce que le scénario revienne en force, pour acculer les personnages face aux décisions qu'ils doivent prendre. Mais le cinéaste est à suivre.

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On dirait la planète Mars, Stéphane Lafleur

Bonne comédie mélancolique sur une petite troupe d'êtres humains dont le travail est de faire comme s'ils étaient des astronautes envoyés sur Mars alors qu'ils sont dans le désert. Difficile de vivre sans prétendre être autre que soi-même et ailleurs qu'à sa place, mais difficile aussi de se satisfaire de ce à quoi l'on prétend. Le film est très moral, assez sévère par moments, et il s'empare plutôt brillamment des méthodes contemporaines de management et de communication. Toutes les conversations finissent par cette même phrase : "je suis content qu'on ait eu cette discussion". Manière aussi de mettre fin à ce qui risquerait de déborder.

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The Eternal Daughter, Joanna Hogg

Une heure trente de tapisseries vintage, de mimiques affolées et de musiques vaguement glauques. La machine à brouillard a été bien rentabilisée. Joanna Hogg filme une histoire de fantôme courue d'avance.
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BoBleMexicain
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PTI AIR de Ramzy l acteur en plus vieux
j ai été voir si c etait pas lui ..
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asketoner
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BoBleMexicain a écrit :
sam. 19 août 2023 16:50

PTI AIR de Ramzy l acteur en plus vieux
j ai été voir si c etait pas lui ..
Non, ce sont des comédiens non professionnels ;)
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groil_groil
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Si c'est évidemment le moins bon des cinq, ce film ne mérite pourtant pas les quolibets qu'il reçoit régulièrement, venus généralement des gens ne supportant pas qu'on touche à l'unité de la trilogie d'origine, et qui plus est, est beaucoup mieux à chaque revoyure. Le film n'est pas exempt de défauts non plus, et la première heure, vraiment excellente, est très supérieure à la seconde, malheureusement.
Maintenant que j'ai tout revu après le 5, un top mis à jour s'impose :
1. La Dernière Croisade
2. L'Arche Perdue
3. Le Cadran de la Destinée
4. Le Temple Maudit
5. Le Royaume du Crâne de Cristal

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Les Maitres, un film italien méconnu, d'un cinéaste italien méconnu en France, Luigi Zampa, déniché par le Chat qui Fume, et qui s'avère excellentissime, sorte de film politique à l'ambiance ultra plombée, se déroulant dans un bled de Sicile ultra inquiétant, à la photo quasi blanche, écrasée par le soleil et la poussière. Une sorte de parabole entre rêverie et politique, avec une géniale Jennifer O'Neill, qui te reste en mémoire bien plus que le gros de la production de ce genre.

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L'histoire d'un berger des montagnes de Sardaigne, poursuivi par la police car confondu avec un criminel, et qui, pour s'en sortir, devra le devenir. Sublime premier long métrage de Vittorio de Seta, cinéaste ayant toujours brisé la frontière entre documentaire et fiction, qui ici tourne un film inspiré du néo-réalisme, avec des comédiens qui sont d'authentiques bergers des montagnes, et qui sublime l'ensemble par son sens du cadre et de la photo déjà présents dans ses films purement documentaires. Une vraie merveille dénichée cette fois-ci par Carlotta.

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Marronnier annuel, vu cette fois à huit, avec des amis italiens, accompagné de sous-titres pour les enfants, qui découvraient et De Funès et Coluche mais qui se sont autant marrés que les miens, c'est dire la puissance du cinéma comique français de cette époque.

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Après Jugé Coupable, j'ai eu envie de revoir Créance de Sang, pas revu depuis sa sortie salle, et dont je ne gardais un souvenir que très moyen. Et c'est le cas, c'est un film vraiment mineur, et on le doit en grande partie au scénario, donc au livre de Michael Connelly adapté, écrivain surestimé dont les ouvrages, après une mise en place souvent séduisante, s'avèrent décevants dans leur résolution. C'est le cas ici où, après une mise en place intéressante, le film s'achève dans une résolution schématique et pataude. On garde la figure de Eastwood en flic vieillissant qui fait un infarctus dans la première scène en courant après le serial killer, puis qui ensuite court avec le coeur d'une femme qu'on n'a pas le temps de connaitre, mais qui hante le film de sa présence. Idée magnifique, mais malheureusement la relation amoureuse avec la soeur de la femme en question est ratée (notamment parce que l'actrice est très mauvaise).
I like your hair.
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asketoner
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Fermer les yeux, Victor Erice

C'est du cinéma de fiction, qui joue à fond de sa puissance en créant des images (l'hospice au bord de la plage, la caravane du traducteur-pécheur-cinéaste retiré du monde, la partie de football avec le soleil,...) , et qui pourtant n'est pas du tout à côté de la plaque pour ce qui est de l'existence : les scènes sont très vivantes, les personnages ont des relations qui transforment les archétypes en quelque chose de bien plus sensible et profond.
Je dirais que c'est un film où tout tombe toujours à côté, comme pour cet homme qui a disparu et qui veut toujours se tenir à côté de ses chaussures plutôt que dedans. C'est par la fiction, et par l'autre, que quelque chose de l'être se révèle. Je sens que le film est nourri de littérature hispanophone : La Calligraphie des rêves de Juan Marsé apparaît dans le film, mais il y a aussi, sans citation directe, un peu de Bolano et de Arlt, et plus généralement une certaine façon de s'emparer de la fiction comme un lieu à la fois de détournement et de rencontre avec soi. D'ailleurs les gros plans m'ont semblé extraordinaires, comme si personne n'avait encore filmé un visage depuis cette distance exactement, comme si l'être humain ne pouvait jamais être saisi ni dans les détails ni dans son ensemble, mais plutôt dans ses débordements.
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sokol
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asketoner a écrit :
dim. 6 août 2023 10:49

Yannick, Quentin Dupieux

Il s'agit donc d'échapper au boulevard. Comment ? Par le stand-up, peut-être ; puis par la parodie. Ca n'ouvre pas un champ esthétique très large. Et finalement, Dupieux fait quand même un film coincé dans un théâtre, et le spectateur se retrouve à regarder du très mauvais boulevard filmé avec mépris. A mon sens, c'est une impasse.
Je me souvenais pas que tu l’avais déjà vu (j’ai failli te demander il y a 2 jours pourquoi tu parlais du film sans le voir). Là, je viens de lire ce que tu as écrit.

Une fois de plus, je ne crois pas que c’est un film sur le théâtre (le stand up, la parodie etc etc). Ce n’est qu’un prétexte (même si, si on le voit comme tel, on në peut être que déçu).

Pour moi c’est un film sur la peur (comment expliquer autrement le fait que, cette histoire dans un théâtre dure 3-4 heures et personne parmi les spectateurs, tous munis d’un portable, ne contacte la police ?? Détail important : même celui qui fait ça, le fait en quittant physiquement la salle et pas depuis son téléphone, ce qui montre à quel point ils croient ce que dit Yannick («si vous essayez d’appeler la police… » bla bla bla).
Les petites ‘interviews’ des spectateurs sont le dehors du film donc il y a bel et bien un dehors, ce qui confirme une fois de plus que ce n’est pas un film sur le théâtre de boulevard (et son contrechamp qui serait le stand-upcomedian et la parodie mais un olm sur notre époque (et particulièrement l’homme post-moderne du XXI siècle)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
dim. 20 août 2023 10:56

Je me souvenais pas que tu l’avais déjà vu (j’ai failli te demander il y a 2 jours pourquoi tu parlais du film sans le voir). Là, je viens de lire ce que tu as écrit.

Une fois de plus, je ne crois pas que c’est un film sur le théâtre (le stand up, la parodie etc etc). Ce n’est qu’un prétexte (même si, si on le voit comme tel, on në peut être que déçu).

Pour moi c’est un film sur la peur (comment expliquer autrement le fait que, cette histoire dans un théâtre dure 3-4 heures et personne parmi les spectateurs, tous munis d’un portable, ne contacte la police ?? Détail important : même celui qui fait ça, le fait en quittant physiquement la salle et pas depuis son téléphone, ce qui montre à quel point ils croient ce que dit Yannick («si vous essayez d’appeler la police… » bla bla bla).
Les petites ‘interviews’ des spectateurs sont le dehors du film donc il y a bel et bien un dehors, ce qui confirme une fois de plus que ce n’est pas un film sur le théâtre de boulevard (et son contrechamp qui serait le stand-upcomedian et la parodie mais un olm sur notre époque (et particulièrement l’homme post-moderne du XXI siècle)
Oui, mais le réel du film est vraiment trop au service de la métaphore, circonscrit à l'état de "prétexte" comme tu l'écris, pour m'intéresser d'une part (je ne vois pas comment on peut s'en foutre à ce point, en fait : dans ce cas pourquoi ne pas écrire une maxime ?), et d'autre part pour déployer un peu cette question de la peur et de la fascination face à la prétendue violence de l'autre.
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asketoner a écrit :
dim. 20 août 2023 11:35
: dans ce cas pourquoi ne pas écrire une maxime ?
Il y a que Godard qui a réussi à faire ça (et faire du cinéma en même temps : d’ailleurs lui meme était un film, plutôt qu’un cinéaste).
Pas tout le monde s’appelle JLG
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sokol a écrit :
dim. 20 août 2023 11:49
asketoner a écrit :
dim. 20 août 2023 11:35
: dans ce cas pourquoi ne pas écrire une maxime ?
Pas tout le monde s’appelle JLG
si, moi :D
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La Voix humaine, Pedro Almodovar, 2020

La frontière entre cinéma et publicité est franchie. Ca fait pitié.

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Strange way of life, Pedro Almodovar

A 73 ans, faire tout un film pour filmer le cul d'un acteur à la mode...
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