Le Centre de Visionnage : Films et débats

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asketoner
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cyborg a écrit :
sam. 29 oct. 2022 13:37
Les amis, j'aurais besoin de votre aide !

Pour un projet radiophonique à venir, je cherche de nombreuses scènes de fêtes dans des films.
Il faut que la musique y soit "diégétique" : venir de la scène (tout en étant plutôt entrainante) + dans l'idéal que l'on y entende les bruits de la fête elle même (bruit de danse, d'objet, même quelques bribes de conversations...).
Si vous avez quelques idées ou même liste en tête, ça m'aiderait beaucoup !
Merci à vous ! :love:
je pense à :

Damnation de Bela Tarr
Beau travail de Claire Denis
Le Pornographe de Bonello
Les Fiancés de Olmi (ou bien c'est L'emploi, je ne sais plus)
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cyborg
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@Mr-Orange : bien vu pour la fin de Travolta & Moi, ça fonctionne !

@asketoner : merci ! J'avais en effet déjà extrait la fin de Beau Travail (avec l'incroyable danse de Denis Lavant !) et jeté un œil à Il Posto de Olmi car j"avais souvenir d'une grande scène de fête : elle est bien mais ne fonctionne que moyennement pour moi je crois, je la garde néanmoins en tête !

Je vais jeter un oeil aux deux autres !
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JanosValuska
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cyborg a écrit :
sam. 29 oct. 2022 13:37
Les amis, j'aurais besoin de votre aide !

Pour un projet radiophonique à venir, je cherche de nombreuses scènes de fêtes dans des films.
Il faut que la musique y soit "diégétique" : venir de la scène (tout en étant plutôt entrainante) + dans l'idéal que l'on y entende les bruits de la fête elle même (bruit de danse, d'objet, même quelques bribes de conversations...).
Si vous avez quelques idées ou même liste en tête, ça m'aiderait beaucoup !
Merci à vous ! :love:
:hello:
Je pense à la scène de boite de nuit, dans Mektoub, my love.
Une autre scène de danse, plus intime, cette fois durant un anniversaire, dans A bout de course.
Tu peux trouver beaucoup de choses dans The Party, aussi, je crois.
La soirée dansante dans Les nuits de la pleine lune.
La courte scène sur Can't take my eyes off you, dans Voyage au bout de l'enfer : combo scène de billard et danse.
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Kit
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Jour de fête 1949 de et avec Jacques Tati ?
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Tamponn Destartinn
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cyborg a écrit :
sam. 29 oct. 2022 13:37
Les amis, j'aurais besoin de votre aide !

Pour un projet radiophonique à venir, je cherche de nombreuses scènes de fêtes dans des films.
Il faut que la musique y soit "diégétique" : venir de la scène (tout en étant plutôt entrainante) + dans l'idéal que l'on y entende les bruits de la fête elle même (bruit de danse, d'objet, même quelques bribes de conversations...).
Si vous avez quelques idées ou même liste en tête, ça m'aiderait beaucoup !
Merci à vous ! :love:

Je pense aux scènes de discothèques dans les James Gray comme Two Lovers ou La nuit nous appartient
La soirée du nouvel an au début de Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) de Desplechin, peut être.
Ya moyen que tu aies ça dans Versailles Rive Gauche de Podalydès, aussi (m'en souviens plus bien, mais tout le film se passe dans un appartement ou progressivement des gens s'incrustent et y improvisent une fête)
Je suis sûr qu'il y a ça dans Assayas bonne période (genre Irma Vep, le film)
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cyborg
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Merci pour vos suggestions !
Je vais explorer et survoler tout ces films, je suis sur que certains passages conviendront !

Je suis en plein dedans donc si d'autres idées vous viennent ou que je vous voyez un film qui contient une telle scène n'hésitez pas ces jours-ci ;)
Encore merci.
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yhi
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Si les scènes de danse de manière plus générale conviennent, tu devrais pouvoir trouver ton bonheur dans des films comme Dirty dancing ou La fièvre du samedi soir aussi, mais je ne sais plus à quel point la musique reste intradiégétique.
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B-Lyndon
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cyborg a écrit :
dim. 30 oct. 2022 17:26

Question complémentaire : j'ai souvenir de quelqu'un qui disait ici que si un réalisateur savait mettre en scène/filmer une bonne scène de fête, alors c'était un bon réalisateur... J'ai rêvé, ou non ? C'est la citation de qqn connu ou juste une idée partagé ici ? Instinctivement je m"adresserai à @sokol car je le vois bien dire un tel truc, mais si qqn d'autre à une idée je suis preneur :D

C'est ce bon vieux Sokol, qui citait Catherine Breillat (j'en suis sûr de sûr de sûr car cette phrase avait été un énorme choc pour moi que j'ai consigné dans un petit cahier d'écolier :D )
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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B-Lyndon
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cyborg a écrit :
mer. 2 nov. 2022 12:09
Merci pour vos suggestions !
Je vais explorer et survoler tout ces films, je suis sur que certains passages conviendront !

Je suis en plein dedans donc si d'autres idées vous viennent ou que je vous voyez un film qui contient une telle scène n'hésitez pas ces jours-ci ;)
Encore merci.
J'allais aussi te citer Le Pornographe (très belle scène de danse abstraite de Jérémy Regnier sur les Rita Mitsouko) et Travolta et moi (la scène de fête la plus incroyable de tous les temps - y'en a d'ailleurs d'autres très belles dans la collection de Chantal Poupaud, notamment dans Portrait d'une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles d'Akerman, sur James Brown !) (le film est sur youtube)

Sinon j'ai pensé à d'autres films avec des scènes de fêtes un peu particulières :

Les Nuits Blanches de Luchino Visconti
(James Gray en a fait un remake dans la scène de pétage de plomb sur Moby dans Two Lovers, c'est tout aussi beau ici)

It must be heaven de Elia Suleiman
(je pense à la toute fin, où ES rentre chez lui en Palestine, tout triste, il se commande un verre au bar dans une boite et regarde des jeunes danser devant lui, c'est un champ-contrechamp tout simple et bouleversant, et puis, noir, et cette dédicace : to palestine)

La Plaisir de Max Ophuls
(la scène, maintes fois reprise par Godard, dans le dernier segment du film où l'homme au masque danse et virevolte avant de tomber, écrasé par la lourdeur de son masque)

La Graine et le Mulet de Abdel Kechiche
(la géniale scène de danse du ventre de Hafsia Herzi pour faire patienter les gens dans le restau, une splendeur - il existe une version longue de scène scène qui constitue le court-métrage Sueur du même Kechiche)

Le Garçu de Maurice Pialat
(une scène de fête super bizarre où Depardieu et Rocheteau sont assis et discutent en regardant leurs compagnes danser, Pialat filme la scène de manière très froide, presque ethnographiquement, c'est assez incroyable et étonnant chez lui)

Maine-Océan de Jacques Rozier
(no comment, la scène de danse dans le bar sur "Je suis le roi de la Samba", inoubliable :D )
https://www.youtube.com/watch?v=JnCrk6cc9y0


Enfin, la scène de "fête" la plus étrange de tous les temps ou en tout cas celle qui m'a le plus marqué, dans un film argentin très peu connu que j'avais vu il y a quelques années au Festival des 3 continents, Pajarito Gomez de Rodolfo Kuhn. C'est un film qui raconte l'histoire d'un jeune un peu simplet qu'on transforme malgré lui en star nationale de la chanson - on lui écrit une vie, un style musical, des relations amoureuses. C'est un film drôle, cruel, à la mise en scène soufflante de modernité et politiquement impressionnant sur la société du spectacle. Et ça se termine par une scène incroyable : Pajarito est mort, il git dans son cercueil au milieu d'une foule d'admiratrices, et tout d'un coup on passe son tube insupportable dans les enceintes et tout le monde se met à danser et délirer autour de son corps. Et puis, la fille à qui on l'avait destiné, qui elle ne danse pas, se met à hurler, pousser un cri atroce, et le film se termine. Pour une création radio, ça peut avoir de la gueule :D

la scène est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=wvXXNT-wosc
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B-Lyndon
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Bon, et puis, évidemment...

Image

"Quiconque n'aura pas vu Yveline Cery danser un cha-cha-cha les yeux dans la caméra ne pourra plus se permettre de parler de cinéma sur la Croisette."

:love2: :love2: :love2: :love2:
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cyborg
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@yhi : non j'évite les films trop orientés vers la danse directement, ainsi que les comédies musicales. Je cherche plutôt des scènes de fêtes apparaissant dans des films, ou des gens se laissent aller à la détente et à quelques pas de danse, que ce soit chez eux ou dans un bar, un club... ;)

@B-Lyndon Ha !!! J'avais raison c'est donc bien @sokol qui nous avais dit ça !!! Parfait ! Mais comment retrouver un tel dire de Catherine Breillat ?! Tu as une référence plus précise ? Ca serait génial...

Et merci pour ta liste aussi. J'avais déjà le Akerman du "Portrait d'une jeune fille...", bien vu !
De même j'avais aussi la magnifique scène du Elia Suleiman, d'une grande importance pour moi et qui a eu son effet maximal à l'époque car je l'ai vu en étant en Palestine et j'ai conclu le texte que je rédigeais la bas en parlant de l'espoir porté par la danse... Bref !

Excellente idée que Maine-Océan, comment avais-je pu oublier une scène qui m'a tant ému ! Je vais absolument essayer de l'inclure dans mon projet :D
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B-Lyndon
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cyborg a écrit :
jeu. 3 nov. 2022 11:42
@yhi : non j'évite les films trop orientés vers la danse directement, ainsi que les comédies musicales. Je cherche plutôt des scènes de fêtes apparaissant dans des films, ou des gens se laissent aller à la détente et à quelques pas de danse, que ce soit chez eux ou dans un bar, un club... ;)

@B-Lyndon Ha !!! J'avais raison c'est donc bien @sokol qui nous avais dit ça !!! Parfait ! Mais comment retrouver un tel dire de Catherine Breillat ?! Tu as une référence plus précise ? Ca serait génial...

Et merci pour ta liste aussi. J'avais déjà le Akerman du "Portrait d'une jeune fille...", bien vu !
De même j'avais aussi la magnifique scène du Elia Suleiman, d'une grande importance pour moi et qui a eu son effet maximal à l'époque car je l'ai vu en étant en Palestine et j'ai conclu le texte que je rédigeais la bas en parlant de l'espoir porté par la danse... Bref !

Excellente idée que Maine-Océan, comment avais-je pu oublier une scène qui m'a tant ému ! Je vais absolument essayer de l'inclure dans mon projet :D
Pareil La Septième Obssession m'avait commandé un texte sur le film et j'avais tout anglé sur cette scène, sublime :love2:
D'ailleurs je crois que tous les Suleiman se terminent sur une danse, ou alors sur une musique de fête. C'est comme ça qu'il filme l'espoir, je trouve ça très beau.
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B-Lyndon
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Et aucune idée pour Breillat, sokol a l'air d'avoir oublié aussi donc on saura jamais :D
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cyborg
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Entre ces recherches de danse, j'ai pu voir ces derniers temps :

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Description d'un combat - Chris Marker

Marker, grand réalisateur de films de voyages tant dans l'espace (Sibérie, Japon...) que le temps (La Jetée, Level 5...) s'arrête en 1960 en Israel, pays alors tout juste né. Si Marker y filme comme personne les particularités locales, il s'arrête également quelques temps dans les kibboutz, formes d'organisations sociales alors révolutionnaires. C'est exactement ce que pouvait alors incarner la jeune Israel : un espoir d'une autre forme d'Etat et de vie.
En retour il est particulièrement surprenant que Marker ne reporte qu'à la toute fin, et de façon très succincte, le "problème arabe" et la coexistence de communautés sur le même territoire. Si le problème n'était pas aussi extrême et intolérable qu'il l'est devenu jusqu'à nos jours, il était déjà en germe... Ce dont Marker avait conscience (puisqu'il le mentionne) mais dont il semble plutôt embarrassé qu'autre chose (puisqu'il le contourne). Il semble que Marker ait taché d’empêcher la circulation et la diffusion de son film dès la fin des années 60, Israël ayant alors déjà largement perdu de son éclat, et le réalisateur ayant sans doute pris conscience du problème du point de vue déployé par son ouvrage. Description d'un combat est donc un bon film, un bon Marker, mais qui nécessite de nos jours une importante recontextualisation et mise en perspective historique...


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Al primo soffio di vento - Franco Piavoli

Attendez, c'est à ca que vous (Asketoner, Sokol, pardon pour la mention directe :D ) compariez Michelangelo Frammartino et, pire encore, Artavazd Pelechian ?! J'avais déjà mes doutes en regardant Voci nel tempo, mais c'est ici absolument certain : le regard de Piavoli sur le monde est vraiment problématique. Non pas seulement bourgeois mais franchement réac, voir carrément douteux dans la représentation des personnes noires. Dans Al Primo Soffio di vento, on ne sort jamais vraiment de sa grande demeure, on s'y endors et on profite de la douce brise. Si on sort on n'y comprend rien du tout et on ne fait rien qu'à s’égarer et se perdre. On ne fait donc rien de son temps et les seuls qui travaillent ce sont les employés de la ferme, noirs bien évidemment et dont un savant effet de montage viendra comparer le langage avec le meuglement des vaches. D'ailleurs un peu plus tard on finira par observer ces quelques employés à la jumelle, pendant qu'ils dansent et batifolent naïvement au bord d'une rivière... J'oubliais la scène de rêve ou l'on imagine ces mêmes personnes lisant des livres, ou la scène de télévision sur laquelle apparait une pin-up (contre champ sur un visage qui se met à sourire), puis apparaissent des enfants africains filmés absolument n’importe comment (contre-champs, la lumière à changé et le visage tire franchement la gueule). Vraiment, ce n'est pas possible... j'ai fini le film en accéléré, voyant mes idées se confirmer les unes après les autres. J'avais déjà des doutes dès "Voix dans le temps", qui se confirment ici... J'avais encore un Piavoli sous le coude (La planète bleu) mais ça sera sans moi, et de lui je ne retiendrais que "Le Retour" dont la mise en scène d'un mythe antique avait au moins une forme audacieuse.

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Sikkim - Satyajit Ray - 1971

Détour du grand Satyajit Ray par le documentaire pour immortaliser le Népal. Il y met en avant la richesse de la flore et des paysages, mais surtout de sa complexité culturelle avec la cohabitation de nombreuses cultures et vagues d'immigrations. La dernière partie du film est consacrée à une grande fête religieuse dont les danses et les costumes sont absolument extraordinaires, valant à eux seul le visionnage d'une heure.

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Les enfants de Golias - Clément Schneider - 2013

Découverte d'un des premiers courts de Clément Schneider, dont le long métrage "Un violent désir de bonheur" m'avait particulièrement enthousiasmé.
Ici déjà un film d'époque & de moine : un jeune moine s'enfuit de son monastère pour découvrir le monde et se retrouve mêlé à des "goliards", sorte de saltimbanque-clercs itinérants, et à la rude réalité du temps séculier. Très belle maitrise de la mise en scène, par un réalisateur qui croit tout à fait à la force de ses images et de sa narration. On l'aurait presque vu transformé en long métrage (ce qu'est presque "Un violent..." d'une certaine façon) et quoi qu'il en soit annonciateur de beaux films à venir.

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La lettre inachevée - Mikhail Kalatozov

S'ouvrant sur un acte manqué (l'oublie d'envoyer une lettre à l'être aimé) qui se transformera en pulsion de (sur)vie, La lettre inachevée est une incroyable aventure entre 5 protagonistes : 4 collègues et la nature. La mise en scène est incroyablement palpitante, plastiquement superbe, au point qu'on se demande comment Kalatozov à réussi à filmer de cette façon son oeuvre ? Groil tu citais Stalker, mais j'avais plus en tête L'Enfance d'Ivan en regardant le film, couplé à l'audace des Chevaux de Feu de Paradjanov, deux films qui lui sont pourtant postérieurs !


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Surprenant David Robert Mitchell qui aborde en seulement 3 films (pour l'instant) 3 univers totalement différents, et pourtant toujours avec une certaine réussite. The Myth of the American Sleepover est un peu l'anti-American Pie parfait, remisant au placard la lourdeur des teen movies contemporains. Choisissant l'unité de temps (une nuit de fin d'été, proche de la rentrée) et de lieu (une banlieue américaine moyenne, dont les parents semblent s'être évaporés), The Myth... met en scène de jeunes corps à l’orée de leur vie d'adulte dont les envies, désirs, futurs et (déjà) nostalgies se croisent et s'émeuvent mutuellement. Pudique sans être prude, le film est une très belle variation sur cet age éphémère que l'on traverse sans s'en rendre compte mais dont chaque souvenirs compterons toujours un peu plus que les suivants.
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Narval
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Pour les scènes de fêtes, c'est bête parce que ce qui me vient tout de suite en tête ce sont des films muets, les années 20-30 qui ont des scènes de fête géniales, mais du coup ça ne correspond pas forcément à ce que tu cherches vu qu'il n'y a rien niveau sons d'ambiance ?

Après il y a les cinéastes soviétiques qui me viennent à l'esprit :
Rien que dans le Guerre et paix de Bondartchouk y'a bien une scène de bal/fête par partie (d'ailleurs Godard a repris des travelings de certaines de ces scènes de bal dans Son livre d'images).
Celle-là où un mec bourré fait un discours : https://youtu.be/bIij-KQ0jYU?t=973
Un bal peu de temps après : https://youtu.be/bIij-KQ0jYU?t=1872
Dans Soy cuba y'a aussi plusieurs scènes incroyables :
https://youtu.be/lt-RbV8KiC0?t=354
Dans les Chevaux de feu de Paradjanov (cinéaste de la fête aussi), y'a cette scène où la caméra est folle :
https://youtu.be/uLZe3muQfss?t=3047

La danse est un élément super récurent chez Jia Zhang-ke,
Dans Montains may depart : https://youtu.be/QiQ7vjz4ftE?t=22
Dans Ash is purest white : https://youtu.be/OFvn5L31eaQ?t=2
Pas mal de scènes chez Abel Gance et notamment dans la Vénus aveugle :
https://youtu.be/qH_ToZsSjmM?t=2
Certaines scènes chez Rivette notamment dans Duelle :
https://youtu.be/fbGUHoqNPPY?t=297
La scène d'intro de La folie Almayer :
https://youtu.be/W8BiMKidFOc?t=104
De nombreuses scènes de fête chez Greenaway mais pas trouvé en ligne...
Une grosse partie du film Boogie Nights forcément :
https://youtu.be/JFX-qfYbHKg?t=34
Dans Berceuse pour un sombre mystère il y a une scène assez longue (désolé pas trouvé d'extraits sur youtube) :
https://archive.org/details/a-lullaby-t ... stery-2016 (la scène commence à 6h15 de film)
Beaucoup de scènes chez Bela Tarr, mais Akestoner en a déjà parlé (Damnation est un cas d'école pour ça je pense)

En extra :

- Une scène de cocktail dans La pierre philosophale de Satiajit Ray (désolé pour la mauvaise qualité)
https://youtu.be/O8m9lYzQYro?t=167
- J'adore cette scène de Black Coal (C'est pas une scène de fête mais ça danse) :
https://youtu.be/44eGuMnvySE
- Scène très connue dans Bande à part (mais musique extra-diégétique) :
https://youtu.be/O4TYQkkAvk8?t=1
- La scène finale (et le générique) de Inland Empire qui sortent de nulle part (mais extra-diégétique) :
https://youtu.be/mxG5-MlEurI?t=34
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cyborg
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@Narval : wow, merci aussi à toi ! Avec même les extraits correspondants, tu es super fort ! Je vais explorer cela également bien sur !
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sokol
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B-Lyndon a écrit :
jeu. 3 nov. 2022 10:10

C'est ce bon vieux Sokol, qui citait Catherine Breillat (j'en suis sûr de sûr de sûr car cette phrase avait été un énorme choc pour moi que j'ai consigné dans un petit cahier d'écolier :D )
Wow, bravo !! Ça y est, ça me revient et c’est absolument vrai : elle disait ça sur France Culture à propos de la scène de la boîte de nuit dans “Collateral” de Michael Mann.

https://youtu.be/MlFwTw0Z6nM

B r a v o !! 🫡
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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@sokol : top. Je viens de retrouver un "Hors-Champs" avec Catherine Breillat en 2014 sur France Culture, je vais m'écouter ça...!
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Tamponn Destartinn
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Sans Filtre

Oui, bon. Sokol n'a pas tort quand il dit que le film n'est pas dégueulasse (je dirais plutôt "pas si dégueulasse"). Il est juste inoffensif, n'enfonçant que des portes ouvertes durant 2h30.
Ca m'attriste parce que j'avais vraiment adoré Snow Therapy. Même si j'ai peur de le revoir maintenant, je me dis que la différence est qu'Östlund aimait son personnage principal, malgré sa lâcheté qui le caractérisait au point d'en être l'élément déclencheur du film. Comme pour les suivants, mais la différence est qu'il n'aime plus personne. Même, celui qu'il aime un peu plus que les autres n'est pas son personnage le plus Östlundien (le manequin) mais plutôt le riche russe, qui lui au moins n'est pas hypocrite. D'ailleurs, la fameuse lutte des classes du film se résume un peu à ça : les deux vrais camps séparés sont les hypocrites (nombreux) et les gens honnêtes sur eux mêmes. Par exemple, la rencontre entre le capitaliste russe et le communiste américain est déséquilibrée pour cette raison : l'américain communiste précise, quand le russe s'amuse de cela, qu'ils sont dans un bateau de luxe (dont il est le capitaine). A partir de là, il est une imposture, contrairement au russe (et ce n'est pas l'international en fond sonore dans sa cabine qui va rééquilibrer la chose). Dans le même genre, pourquoi dans la partie 3 les deux représentants du prolétariat sont deux inconnus absents de la partie 2 ? Il y a une raison, à vrai dire : parce que ça symbolise leur invisibilité en temps normal. Sauf que du même coup, le jeu de comparaison avant/après est là aussi déséquilibré. Le film ne fait que ça : rater ses métaphores pourtant faciles, un peu par hypocrisie (lui aussi !) et parce qu'il veut trop faire. Trop de situations qui s'annulent entre elles, là où Snow Therapy n'en avait qu'une seule, mais qu'elle tendait jusqu'au bout avec bien plus d'intelligence.
(Trois balles et un mars qu'Östlund souffre d'un des pires syndromes du cinéaste à succès : il n'a plus de producteur qui ose lui dire "non" ou "stop")


Et sinon, la plateforme des César est ouverte !!
Il n'y a pas encore tant de films, mais j'ai vu ça :

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A plein temps
Tendu, j'en pouvais plus à la moitié du film. Mais c'est fait pour et c'est bien fait. Pas un chef d'oeuvre, mais un film qui réussit ce qu'il entreprend.

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Tout le monde aime jeanne
J'ai cru que ce serait une comédie romantique un peu concon, mais en fait c'est surtout un film sur le deuil et la dépression. C'est bien. Le seul truc, c'est qu'il y a un épisode de BoJack Horseman qui a exactement le même principe (représenter la voix interne d'un dépressif via du dessin animé) (oui, BoJack est déjà un dessin animé en soi, mais un autre style de dessin, bref) et qui fait mieux. Ca minimise l'impression.

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Incroyable mais vrai
Du Dupieux typique : un bon concept, des acteurs qui s'éclatent et des scènes très drôles, mais ça respire aussi la flemme, la fin bâclée le prouvant bien. Cela dit, c'est peut être un de mes préférés, après le Daim et Steak. Parce que le concept est vraiment cool et que le côté bâclé (les trois clips d'affilée) ne l'empêche pas de le tenir jusqu'au bout, étrangement.

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En roue libre
Ce n'est pas que c'est honteux, c'est juste que c'est méga osef sur 20.
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Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 4 nov. 2022 00:00

Et sinon, la plateforme des César est ouverte !!
BALANCE tes CODES :D
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@Tamponn Destartinn
En fait, au fond, c’est très simple : la première moitié de «Sans titre » est bonne, voir tres bonne. La deuxième (voir, les deux dernier chapitres)… mauvais. Autrement dit, le film, au fils du temps devient de plus en plus mauvais quoi

ps: je ne savais pas ce que c’est BoJack Horseman. J’ai fait une recherche Google pour savoir
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sokol a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:01

ps: je ne savais pas ce que c’est BoJack Horseman. J’ai fait une recherche Google pour savoir
Je crois que c’est la série qui représente le mieux l’époque dans laquelle on vit aujourd’hui, avec toute sa complexité et sa médiocrité (et c’est bien sûr une qualité).

Par contre, je ne me rappelais pas de l’épisode en question, j’ai dû faire une recherche Google aussi. :saint:
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sokol
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Je crève d’envie de voir « Bowling Saturne » de Patricia Mazuy mais il ne passe pas chez moi (même pas chez un des 3 UGC de Bordeaux !! :ouch: ).

Allez le voir à ma place, ça me fera plaisir (sérieux !!). On se connaît tellement entre nous maintenant (on est si peu nombreux mais si soudé) qu’on peut se permettre ce genre de demande
:)
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sokol a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:12
Je crève d’envie de voir « Bowling Saturne » de Patricia Mazuy mais il ne passe pas chez moi (même pas chez un des 3 UGC de Bordeaux !! :ouch: ).

Allez le voir à ma place, ça me fera plaisir (sérieux !!). On se connaît tellement entre nous maintenant (on est si peu nombreux mais si soudé) qu’on peut se permettre ce genre de demande
:)
Ç’aurait été avec plaisir mais… il ne passe pas chez moi non plus ! :p
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sokol
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Kahled a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:11

Je crois que c’est la série qui représente le mieux l’époque dans laquelle on vit aujourd’hui, avec toute sa complexité et sa médiocrité (et c’est bien sûr une qualité).
Oui mais :
1. C’est une série :(
2. Un dessin animé :( :(

🤓
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sokol a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:15
Kahled a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:11

Je crois que c’est la série qui représente le mieux l’époque dans laquelle on vit aujourd’hui, avec toute sa complexité et sa médiocrité (et c’est bien sûr une qualité).
Oui mais :
1. C’est une série :(
2. Un dessin animé :( :(

🤓
:D :D :D
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sokol
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Kahled a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:15

Ç’aurait été avec plaisir mais… il ne passe pas chez moi non plus ! :p
Eh merde… .
Donc il y a vraiment un problème avec sa diffusion.

Cela ne présage rien de bon pour la suite de la carrière de Mazuy.
Eh merde x 2
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sokol a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:12
Je crève d’envie de voir « Bowling Saturne » de Patricia Mazuy mais il ne passe pas chez moi (même pas chez un des 3 UGC de Bordeaux !! :ouch: ).

Allez le voir à ma place, ça me fera plaisir (sérieux !!). On se connaît tellement entre nous maintenant (on est si peu nombreux mais si soudé) qu’on peut se permettre ce genre de demande
:)
j'ai prévu et j'en crève d'envie (ça et RMN) mais malheureusement je suis tellement occupé que je n'ai pas le temps d'aller au ciné depuis un mois genre.
j'ai une fenêtre de tir mardi prochain, je choisirai l'un des deux, mais vu ton message, j'irai voir le Mazuy en priorité ;)
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yhi
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sokol a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:12
Je crève d’envie de voir « Bowling Saturne » de Patricia Mazuy
Je ne connais pas ses travaux précédents (à part Paul Sanchez), mais j'ai trouvé le film assez raté. C'est un thriller qui à quelques saillies près (un éclairage chic, une violence crue) aurait eu sa place à la télé que ça ne m'aurait pas choqué. Au final, lire son interview dans les Cahiers apporte plus que de voir le film.
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sokol a écrit :
ven. 4 nov. 2022 14:15
2. Un dessin animé :( :(
Dessin animé c'est un terme du siècle dernier non ?

Je ne comprends toujours pas comment des cinéphiles peuvent encore dédaigner l'animation alors que les possibilités du médium ouvrent des gouffres de possibilités et de créativité qui sont sans commune mesure avec la prise de vue réelle.
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yhi a écrit :
ven. 4 nov. 2022 16:14

Je ne connais pas ses travaux précédents (à part Paul Sanchez), mais j'ai trouvé le film assez raté.
En principe, cela ne me gênerait pas.
Par contre, je ne peux lire son interview car j’ai pas vu le film
Modifié en dernier par sokol le ven. 4 nov. 2022 18:52, modifié 1 fois.
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yhi a écrit :
ven. 4 nov. 2022 16:16

Dessin animé c'est un terme du siècle dernier non ?

Je ne comprends toujours pas comment des cinéphiles peuvent encore dédaigner l'animation alors que les possibilités du médium ouvrent des gouffres de possibilités et de créativité qui sont sans commune mesure avec la prise de vue réelle.
Je me suis déjà expliqué plusieurs fois. Il y a que le résultat de la technique du stop-motion (animation en volume) qui me convainc (Île aux chiens, Coraline etc). Ça a à voir au réalisme de Bazin (mais on va pas refaire le monde encore et encore )
:p
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groil_groil a écrit :
ven. 4 nov. 2022 15:33

j'ai prévu et j'en crève d'envie (ça et RMN) mais malheureusement je suis tellement occupé que je n'ai pas le temps d'aller au ciné depuis un mois genre.
j'ai une fenêtre de tir mardi prochain, je choisirai l'un des deux, mais vu ton message, j'irai voir le Mazuy en priorité ;)
De surcroît, Mungiu fera pendant des années et des années des films, aucun doute dessus (il a déjà trouvé le ‘filon’ pour trouver des producteurs quoi), le temps le prouvera ce que je dis.
Pas sûr pour Mazuy
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
ven. 4 nov. 2022 09:47
Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 4 nov. 2022 00:00

Et sinon, la plateforme des César est ouverte !!
BALANCE tes CODES :D

Ce ne sont pas mes codes, ce sont ceux de ma meuf, déso !
Je suis comme vous, moi, un simple mortel qui ne vote pas aux Cesar :D


Et pour @sokol, l'intro de l'épisode de BoJack Horseman dont je parlais : http://www.youtube.com/watch?v=3P4_E3GhUv8
Pas sûr que ça te parle là comme ça, à froid et sans sous titres, mais c'est pour moi la force d'une série : après des épisodes fabriqués selon des codes établis, pouvoir changer le point de vue (ici l'apparition d'une voix off) le temps d'un autre épisode, pour soudainement révéler autrement l'intériorité d'un personnage que tu pensais connaitre déjà par coeur.
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Tamponn Destartinn
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BOWLING SATURNE

(JE SPOILE QUELQUE PEU)
Figurez vous que c'est mon premier Patricia Mazuy. Ca peut sonner étonnant pour quelqu'un d'aussi longtemps présent sur ce forum, vu comment minimum deux de ses films (Travolta et moi, Paul Sanchez est revenu) y ont été si célébrés. Ca arrive. Je finirai bien par les rattraper un jour, j'espère proche.

Notamment parce que ce Bowling Saturne est déjà très bien. Au premier abord, il a pourtant un peu la gueule d'un film bateau, qui raconte rien de très nouveau. Un tueur de femmes, on suit aussi bien son point de vue que celui du flic alcoolo qui enquête sur lui et en devient dingue. Bon. Premier élément intéressant à relever : ça fait penser au didactique La Nuit du 12, ce film policier qui lui aussi cause du féminicide tout en suivant le point de vue de deux hommes. Je trouvais le film très bête, et associais cela au fait qu'il était écrit et réalisé par deux hommes. Je le pense d'autant plus quand je vois ce que fait Patricia Mazuy avec le même point de départ. Déjà, elle filme le féminicide. Une seule fois, mais frontalement, où aucun détail ne nous est épargné. Et rien que cela fait la différence. Cette scène, terrible, est une leçon de mise en scène, notamment sur l'épineuse question de comment mettre en scène la violence sans détour ni fétichisme. La réalisation, le découpage surtout, est méticuleuse, s'en est chirurgical, sans pour autant paraitre clinique. Son autre sujet, la masculinité toxique, est aussi très intelligemment traité. A travers deux points de vue, le tueur et le flic, qu'elle relie par la figure paternelle -un chasseur, fatalement absent mais pourtant présent partout -, le prédateur ultime. Mazuy arrive à filmer le tueur sans nous le rendre empathique, mais sans non plus en faire une bête figure du mal sans émotion. C'est un incel et il est traité tel quel. Le cadeau d'arrêter de le suivre une fois le premier meurtre fini, à 1/3 du film, est une autre preuve d'intelligence : "je vous ai tout montrer, j'arrête là avant que la fascination pour cet abruti vous gagne". Le flic est peut-être plus empathique, mais pourtant tout aussi responsable du maintien du patriarcat. Il est l'allié de la masculinité toxique en fermant les yeux sur elle, alors qu'il est persuadé d'être allié de la cause féministe. Tout ce que je dis là me semble particulièrement malin parce que ce n'est pas du tout surligné (contrairement à La Nuit du 12). C'est là si on gratte. Avant toutes choses, on retient la mise en scène, impressionnante sans être tape à l'oeil. Le personnage féminin principal est super intéressant sur le papier aussi, très bien écrite, bonne idée d'en faire une militante animaliste plutôt que féministe, ça évite de nouveau le "trop dit", tout en étant tout de même très clair (son existence dérange les hommes, encore plus le fait qu'elle n'ait pas peur d'eux). Dans les faits, je déplore juste qu'elle ne soit pas aussi mise en avant que les deux autres personnages principaux.

Bref. C'est bieng.



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EO

J'aurais adoré l'adorer. C'est plus compliqué que cela.
J'adore les scènes avec l'âne seul (ou quasi seul). Avec son unique point de vue. Y en a beaucoup surtout dans la première moitié du film (le regard sur les chevaux ou la course dans la forêt, principalement). Pourtant, dès le départ, j'ai senti une gêne : les humains sont aussi là, et quand ils sont là, on les regarde de leur point de vue, pas celui de l'âne. Ca rend l'intérêt du film moindre. Il aurait fallu être plus jusqu'au boutisme. Et cela, d'autant plus que Skolimowski semble avoir beaucoup de mal à filmer des interactions humaines, désormais ! C'était déjà bien visible avec son précédent que tout le monde a oublié, le très mauvais Onze Minutes. Si on va plus loin, Essential Killing ou même Quatre nuits avec Anna étaient réussis car leur dispositifs permettaient de filmer un homme seul, dans son animalité la plus totale, et donc ils évitaient de révéler le pot aux roses. Bref, EO déçoit progressivement, de plus en plus, tant l'âne perd du temps d'antenne au profit de tout et n'importe quoi, jusqu'à Isabelle Huppert en roue libre. C'est dommage. D'autant que formellement parlant, Skolimowski fait régulièrement des choses incroyables. La musique aussi est géniale.


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PETER VON KANT

Je connais très mal le cinéma de Fassbender (c'est dimanche confession, décidément)
Qu'importe, je sais que ce film est une merde doublé d'une honte. Déjà, c'est du théâtre filmé inintéressant au possible. Mais aussi, comment est-ce qu'on peut rendre hommage au cinéma de quelqu'un tout en lui crachant à la gueule comme ça ? Ca me rappelle Le Redoutable d'Hazzanvicius sur Godard, où il en faisait un abruti social sans jamais contrebalancer avec son génie au travail. Ozon est un faquin.
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groil_groil
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A mi-chemin entre comédie romantique et comédie dramatique, le film trouve toujours le bon ton et la bon distance, pour émouvoir, amuser, sans jamais racoler. Symptomatique d'une époque où le cinéma français savait simplement, mais justement, dresser des portraits avec soin et attention, cette vie de couple attachante est juste et réussie. A noter, c'est assez rare, que le héros joué par Thierry Lhermitte est dans le film auteur de bande dessinée (ses planches vues à l'écran sont en fait dessinées par André Juillard) et qu'il est absolument savoureux pour quelqu'un évoluant dans le métier de voir ce monde dépeint avec justesse et précision (notamment lors du balbutiant Festival d'Angoulême (qui s'appelle encore Convention d'Angoulême) de 1981.

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La longue lutte d'un homme d'affaires américain condamné en Chine pour un meurtre qu'il n'a pas commis, car victime d'une machination, afin de prouver son innocence, aidé en cela par une avocate chinoise (évidemment mignonne) commise d'office, qui va peu à peu prendre fait et cause pour le beau Richard. ça se regarde, notamment parce que c'est tourné en Chine, mais le film ne sort malheureusement pas des clichés qu'on est en droit d'appréhender.

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Je commence ici une intégrale Kinuyo Kanata, et ne peut que remercier Carlotta de nous faire découvrir une cinéaste de cette valeur. Comment a-t-on pu passer à côté toutes ces années ? Ce premier film de 1953 est déjà incroyablement brillant, et sublimement mis en scène, est digne par exemple d'un Brève Rencontre, version nippone. Magnifique en tous points !

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Un jeune part en enfer chercher sa petite amie qui a été enlevée par "the cop from hell". L'Enfer du film ressemble à une version humoristique et déjantée de Mad Max, un peu comme l'est le film d'ailleurs, amusant, original, mais un peu trop branquignol pour séduire vraiment et sortir du pastiche un peu boutonneux.

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C'était le soir du ciné-club avec notre fils de 8 ans, on lui a proposé une sélection de 3 / 4 films qu'il a décliné en nous disant : y a un Truffaut que je voudrais voir, c'est Les 400 Coups. Nous n'allions pas nous faire prier. J'ai eu un plaisir fou à le revoir, je le connais par coeur, mais ça faisait longtemps, mais mon gamin aussi. C'est dingue et en même temps super rassurant de voir qu'un gosse de 2022 peut ressentir des émotions fortes devant le destin du petit Antoine Doisnel de 1959.

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Un giallo assez séduisant même s'il n'est pas très bien joué, même si les scènes d'action sont catastrophiques et même si le scénario et sa chute sont aussi clichés que ridicules. Mais malgré tout ça, le film tient plutôt bien la route, et c'est de toute évidence grâce au travail de mise en scène d'Ercoli.

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Tanaka change de registre pour son second film en réalisant une comédie romantique d'après un scénario que lui confie Ozu, sur trois soeurs vivant chez leur père, et les histoires amoureuses. C'est charmant, mais pas du niveau du film qui précède ni de celui qui suit.

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Inspirée de la vie réelle d'une poétesse japonaise morte à 31 ans, Tanaka filme pour son troisième long-métrage le destin d'une femme mal mariée, qui ose le divorce pour élever ses deux enfants seule, tout en accomplissant un job alimentaire et son œuvre de poétesse. Atteinte très jeune d'un cancer du sein, la jeune femme va lutter en vain contre la maladie qui va l'emporter, et emporter le film vers un final absolument bouleversant, déchirant, tout en étant magnifique. Jamais dans le cinéma japonais, et je pense dans le cinéma international de l'époque on avait osé filmer une femme avec autant d'audace, de vérité et de liberté. C'est une oeuvre sublime, totalement en avance sur son temps, et franchement l'une de mes grandes découvertes de ces dernières années.

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Toujours pas redescendu de ses trips hallucinogènes de Easy Rider (un film que je n'aime pas du tout), Dennis Hopper part au Pérou réaliser un film expérimental (et visiblement sous substances encore plus corrosives pour le cerveau) inspiré des avant-gardes européennes de l'époque. Sauf que je trouve que ça ne marche pas du tout, et j'ai vraiment l'impression la plus part du temps qu'il fait n'importe quoi en se disant que ça fera sens au montage. Plus l'impression d'un caprice d'acteur en quête de reconnaissance d'auteur qu'un film accompli et abouti.
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Tyra
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Il existe dans le cinéma de MHL une frontière extrêmement fine et poreuse, entre le plat, l'insignifiant, et le lumineux, le vrai. Si ses deux derniers films m'avaient ennuyé par leur platitude, ici j'ai complètement marché. Peut être son meilleur film, même si évidement ça reste un cinéma modeste, sans ambition formelle surlignée. Et puis, contrairement à beaucoup de spectateurs qui semblent préférer le traitement de la maladie du père, j'ai bien marché devant cette relation Seydoux / Poupaud (très biens tous les deux), avec un très beau premier baiser, un des plus beaux vu depuis longtemps, décrivant bien les hésitations inhérentes à ces moments.
Après, je suis toujours frustré par un truc dans le cinéma de MHL, c'est qu'à chaque fois qu'il est question de la vie et du travail d'un intellectuel, on ne sait rien de son œuvre, de ce qu'il a écrit, ce qu'il a pensé, ce n'est jamais un sujet. Ici, on sait juste qu'il est germanophile et germanophone. Un Rohmer par exemple aurait articulé son film et son histoire autour des pensées ou des discours formulés par cet ancien professeur. Ici ça manque vraiment.

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+ 1 pour le très beau titre, salopé par cette ignoble traduction française.
Je prends Bégaudeau au mot dans son podcast qui défend le film. Il apprécie ce cinéma de "mise en situation" et déplore qu'il manque de ce cinéma là en France. Ok. Mais le problème chez Oslund, et ça vaut pour ce film comme pour ses précédents, c'est que ces mises en situations, ces dispositifs, ne donnent pas grand chose, ne déploient pas grand chose, ne créent pas grand chose. Ni rire, ni dégout, plutôt de l'attente de quelque chose qui ne viendra pas. Alors, on reste, ce n'est pas forcément ennuyeux, mais ça reste assez vain. Bégaudeau défend le film en tant que marxiste, mais même comme cela, si le film ne fait que mettre en application des théorèmes, on reste dans une observation clinique, une démonstration (par exemple cette lutte de pouvoir dans le couple au restaurant, autour des rôles genrés, scène pas mal vue, mais inaboutie). Je me disais qu'on voit assez peu le milieu de la mode et du mannequina de cette manière au cinéma, c'est dommage de ne pas creuser davantage cette première partie.

De retour de vacance, par manque de temps et de possibilités, je me suis rabattu là dessus :
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Et déclare tout haut que ceci n'est pas du cinéma. Ce cinéma clippesque/publicitaire post Malick commence à faire beaucoup de mal, avec ces plans éthéré, ces courtes focales (vous ne verrez dans ce film, pas d'environnement, pas de liens entre les choses ou entre les gens, tout étant isolé dans le cadre), ces musiques élégiaques qui nappent toutes les scènes... Scènes qui d'ailleurs n'excitent pas, le cinéaste (qui n'en est pas un) se trouvant incapable de les faire durer plus d'une minute, se contentant de platitudes illustratives pleines de joliesses. Ca se veut progressiste, mais pas de sexualité à l'horizon, la relation entre ces deux jeunes pré-ados, lorsqu'elle est sensée exister, se résumant à des niaiseries angéliques. Je ne parlerai pas du drame qui arrive à mi-parcours, absolument pas justifié par ce que la première partie a su nous montrer (ou échoué à nous montrer).
Et dire que ça tape le grand prix à Cannes...
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sokol
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Je voulais toucher un mot car non seulement je ne l'avais jamais vu (le seul Pialat qui me restait) mais parce qu'il y a deux trois trucs à dire.

Bon, de toute évidence, Godard et Pialat sont les seuls cinéastes français des années 80 (ou plutôt fin '70 puis '80) qui ont vraiment des idées cinématographiques (qui cachent, bien évidement, un aspect autobiographique chez les deux, mais ça c'est un autre sujet).

Cela dit, leur différence n'était pas seulement coté forme, comme on aurait pu très facilement pensé : le premier, anti-naturaliste, le deuxième, autant naturaliste (ou 'naturaliste' car le terme est problématique) mais inévitablement cote fond (voici une illustration supplémentaire qui confirme que la forme c'est le fond et vice versa).

Précisément : dans "Le garçu", Pialat, comme il doit filmer un gamin de 4 ans (son propre fils d'ailleurs) et cela n'est pas facile du tout, il coupe quand le gamin ne veut plus jouer. Or Godard, en bon cinéaste, coupe quand "il faut" couper. Cela veut dire que, Pialat, croit dur comme le fer que, compter sur la permanence des acteurs (et par conséquent, sur le scénario) et primordial. Godard croit 'simplement' à l'intuition.
On peut me dire : mais Godard n'a jamais filmé un enfant ! Faux, non seulement qu'il a filmé plein dans ses 'documentaires' et dans son "Numéro deux" mais "Adieu au langage" n'est que son "Garçu" (le chien à la place du gosse). Donc non, ce n'est pas une histoire de forme (l'un, anti-naturaliste, l'autre oui) mais de fond (qui filmer ? comment filmer ? quand couper ? pourquoi couper ?) etc etc.

Sinon, qu'est ce qu'on voit dans "Le garçu" ? On voit un père qui parle tout le temps de son travail : "j'ai beaucoup de travail" - dit-il à la logeur du temps mais, non seulement qu'on ne le voit pas au travail (bien sur, filmer le travail ne vend pas),mais on ne sait même pas ce qu'il fait comme travail !

Conclusion (encore et toujours) : oui, c'était bien Pialat, c’était un des rares cinéastes des années '80 qui avaient vraiment des idées cinématographiques mais, pas si bien que ça utilisées...
:(
@B-Lyndon je pense que ton affection particulaire pour lui vient de là : tu sens qu'il a des idées.
Modifié en dernier par sokol le lun. 7 nov. 2022 17:09, modifié 3 fois.
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Tyra a écrit :
lun. 7 nov. 2022 15:00
Bégaudeau défend le film en tant que marxiste, mais même comme cela, si le film ne fait que mettre en application des théorèmes, on reste dans une observation clinique, une démonstration (par exemple cette lutte de pouvoir dans le couple au restaurant, autour des rôles genrés, scène pas mal vue, mais inaboutie).
C'est ce que je lui ai dit mais il m'a engueulé comme un poisson pourri (étant sincère, je lui avais avoué que, à ce moment là, je ne l'avais pas encore vu le film)
:D
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Tyra a écrit :
lun. 7 nov. 2022 15:00
Et déclare tout haut que ceci n'est pas du cinéma.
Je me suis littéralement juré de ne pas aller le voir. Et lui faire un anti-pub au maximum possible (déjà, 3 personnes m'ont demandé si j'allais voir LE film de l'année, donc, celui-ci !! :cry: )
Tyra a écrit :
lun. 7 nov. 2022 15:00
Je ne parlerai pas du drame qui arrive à mi-parcours, absolument pas justifié par ce que la première partie a su nous montrer (ou échoué à nous montrer).
si si, dis-le, mets des SPOILER mais dis le. Ça m'amuse presque :lol:
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groil_groil a écrit :
lun. 7 nov. 2022 12:06

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La longue lutte d'un homme d'affaires américain condamné en Chine pour un meurtre qu'il n'a pas commis, car victime d'une machination, afin de prouver son innocence, aidé en cela par une avocate chinoise (évidemment mignonne) commise d'office, qui va peu à peu prendre fait et cause pour le beau Richard. ça se regarde, notamment parce que c'est tourné en Chine, mais le film ne sort malheureusement pas des clichés qu'on est en droit d'appréhender.
Hello !

Vu le film il y a quelques temps et il me semble avoir lu que la très grande majorité du film n’a pas du tout été tournée en Chine (seulement quelques plans ont été tournés sur place) mais dans les studios de tournages hollywoodiens en Californie !

Apparemment, ils n’ont pas eu les autorisations (ce qui parait logique a posteriori quand on sait le sujet du film) et ils ont reconstitué le plus gros des décors. Ça m’avait bluffé parce qu’à l’écran j’avais vraiment cru aussi que ça avait été tourné dans de vrais décors en Chine.
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Kahled a écrit :
lun. 7 nov. 2022 17:12
groil_groil a écrit :
lun. 7 nov. 2022 12:06

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La longue lutte d'un homme d'affaires américain condamné en Chine pour un meurtre qu'il n'a pas commis, car victime d'une machination, afin de prouver son innocence, aidé en cela par une avocate chinoise (évidemment mignonne) commise d'office, qui va peu à peu prendre fait et cause pour le beau Richard. ça se regarde, notamment parce que c'est tourné en Chine, mais le film ne sort malheureusement pas des clichés qu'on est en droit d'appréhender.
Hello !

Vu le film il y a quelques temps et il me semble avoir lu que la très grande majorité du film n’a pas du tout été tournée en Chine (seulement quelques plans ont été tournés sur place) mais dans les studios de tournages hollywoodiens en Californie !

Apparemment, ils n’ont pas eu les autorisations (ce qui parait logique a posteriori quand on sait le sujet du film) et ils ont reconstitué le plus gros des décors. Ça m’avait bluffé parce qu’à l’écran j’avais vraiment cru aussi que ça avait été tourné dans de vrais décors en Chine.
ah merci,
pour les intérieurs je me doutais bien, mais les extérieurs sont trompeurs, dans le bon sens du terme, en effet !
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Je n'irais aussi loin que Tyra. Ce n'est pas que ce n'est pas du cinéma, en revanche ce n'est pas le cinéma qui me parle. Déjà, il y a un côté très scénario à pattes. Beaucoup de passages obligés et prévisibles. Par exemple, j'avais deviné quelle serait la (quasi) scène finale assez rapidement (l'aveu de culpabilité à la mère Emilie Dequenne, avec des larmes), du moins une fois que la seule surprise scénaristique du film ait eu lieu. Mais sur ce dernier point : ça non plus ça ne va pas, je suis d'accord avec Tyra, c'est un rebondissement nul. Juste avant que ça arrive, je croyais encore au potentiel du film, parce que ça y est, il avait placé tous ses pions pour que les deux garçons se déchirent, le plus intéressant pouvait rester à venir. Qu'allait faire le film de ce nouveau statut quo ? Ben rien, il préfère soudainement changer de sujet, ajouter une méga couche au drama (jusqu'à présent, la force du film était de ne pas trop en faire sur ce point) pour que ça chiale à l'écran comme dans la salle. C'est facile et pas très intéressant.
Vu que Sokol veut savoir (gros spoiler) : les deux garçons semblent amoureux, en tout cas très proche physiquement, et les autres au collège les traitent de pédés. L'un des deux n'aime pas ça, donc rejette l'autre, qui est le plus sensible. Leur amitié se transforme lentement en "haine", on attend de voir ce qu'il va se passer... quand soudain, le rejeté se suicide. Du coup, la seconde moitié du film, c'est le survivant qui vit avec sa culpabilité et voili voilou.
Bref. Après, c'est bien fait, dans le genre. Comme je l'ai dit, la scène finale, je l'ai vu venir, mais je dois reconnaitre qu'elle est mieux foutue que ce que je craignais. Le film est trop long et répétitif, mais peut s'avérer subtil. Surtout, il a de bons acteurs, comme le gamin principal et FUCKING Emilie Dequenne, AKA la meilleure actrice de sa génération, trop rarement dans les bons plans malheureusement.


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ZAI ZAI ZAI ZAI

C'est ambitieux d'adapter Caro, surtout cet album là. Ben on peut pas dire que le mot "ambitieux" s'adapte ici !
J'ai tenu 15 minutes. J'imagine que si tu n'as pas lu la BD, tu peux tenir plus, interloqué par l'humour du film. Mais quand t'as lu, c'est un cauchemar, tellement c'est adapté avec les pieds. C'est fainéant au possible, moche, mal rythmé, tout ce qui a dû fatalement être inventé pour faire le liant entre les cases et les sketchs est nul...
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asketoner
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L'Innocent, Louis Garrel

Depuis le départ de Galeshka Moravioff avec la caisse (et les appareils de projection) des CNP, Lyon est une ville sans cinéphilie réelle. C'est simple : on voit moins de trucs à l'affiche dans la deuxième ville de France qu'à Nancy. Et comme les dernières séances ont lieu vers 20h30, le choix n'est pas énorme. Bref, tout ça pour dire que j'ai vu le film de Louis Garrel parce qu'il n'y avait rien d'autre et que j'étais à Lyon, un soir de pluie. J'ai presque tout oublié de ce film, mais il m'a diverti. Et il m'a diverti sans me faire rire ni m'émouvoir : un film propre, en somme. Il y a une scène plutôt amusante à la fin, et voilà. Je préfère Lubitsch ou Billy Wilder. Louis Garrel, va savoir pourquoi, ça sonne toujours un peu faux, condescendant...

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Jacky Caillou, Lucas Delangle

La première partie est très très belle, tant que le film se contente de décrire les relations entre un jeune homme et sa grand-mère magnétiseuse, et les prémisses d'une transmission.
Et puis le scénario débarque, et alors le film se perd.
C'est dommage parce qu'il y a des choses magnifiques. En fait, je me serais volontiers passé du loup-garou, de l'agneau mystique et de la petite fille miraculée : l'oiseau aurait suffi à faire un film sublime. Mais ça fait peur de faire avec si peu. Pourtant je pense que le cinéaste en aurait eu les moyens.

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Pénélope mon amour, Claire Doyon

Splendide documentaire à la première personne, tout simple, composé d'images d'archives et d'une voix off pour faire le lien, sur une femme qui a tenté pendant 7 ans de s'occuper coûte que coûte de sa fille, atteinte d'une forme sévère d'autisme, avant de la confier à un centre. Il y a des scènes d'apprentissage qui relèvent de la torture morale, où l'on voit toute la violence que c'est de demander à un enfant de se conformer à des normes sociales, d'autant plus quand cet enfant en est incapable. Et la cinéaste s'en rend compte : elle se rend compte de ce "semblant" insupportable, et elle le filme. Elle s'aperçoit de toute la cruauté qu'il a fallu mettre en oeuvre pour continuer de croire que vivre avec sa fille serait possible (et peut-être même la sauver). La tentation du miracle habite chaque image. L'espoir fou d'une guérison par l'attention portée. La guerre pour quelques secondes de normalité. Et la cinéaste dit avoir renoncé au cinéma pour s'occuper de sa fille mais c'est faux : elle pratiquait ce cinéma intime et chamanique, où elle essayait de changer sa fille, sinon en une personne normale, en un film étrange et supportable, plus supportable que la réalité. Un film vraiment beau, vraiment tragique, qui est une preuve de plus que le monde dans lequel nous vivons est intenable, et qu'il ne tient qu'au prix de l'occultation d'autres formes de vie, moins dominantes, plus fragiles, monstrueuses, terrifiantes et pourtant bien réelles. Tout est déchirant dans Pénélope mon amour : aussi bien le voyage en Sibérie à la rencontre d'un chamane que la petite scène où Pénélope apprend à faire du vélo dans un parc (avant d'oublier dès le lendemain). Je déteste les cinéastes qui filment leurs enfants, mais Claire Doyon est bien plus intelligente que ça : elle filme sa relation à sa fille, elle filme la relation que sa fille ne peut pas lui offrir, elle filme la relation qu'elle aurait aimé avoir avec sa fille : son film est plein de tous les fantômes qui empêchent l'amour de naître.

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Bowling Saturne, Patricia Mazuy

Je crois que les cinéastes qui veulent transposer un genre connu dans un nouvel espace (le western à Forcalquier, comme dans Paul Sanchez, ou le polar névrotique à la James Gray à Caen, comme ici dans Bowling Saturne) se plantent totalement. La raison est simple, et on l'entend dans le dernier film de Nadav Lapid : à la fin c'est toujours le paysage qui l'emporte. On ne voit pas James Gray dans Bowling Saturne, on ne voit pas Little Odessa ni Cimino ni Coppola, on voit cette intention (faire comme) plaquée sur la ville de Caen, sans grâce, sans circulation entre le récit et l'espace. Guiraudie le sait bien lui aussi, forcé d'inventer un nouveau genre à chaque fois qu'il change de région : ses films surgissent du paysage, au lieu de le coloniser avec des imaginaires pré-mâchés, contrairement à Patricia Mazuy. Les premières minutes de Bowling Saturne sont pourtant assez belles. Le personnage refuse tout et tout lui est refusé. Rien ne s'amorce. Peut-être que le film était là : dans le non lieu. Et puis finalement le récit se ravise : l'héritage refusé finit par revenir à l'intéressé, et l'intéressé, qui ne l'était pas, l'accepte. S'ensuivent alors une série de scènes convenues, qui n'assument rien mais ne renoncent plus, jusqu'à un tour de force calamiteux, déjà vu cent fois, dont la motivation reste obscure, et qu'on ne tolère plus que parce que c'est une femme qui le fait. La suite est un petit n'importe quoi mal écrit, où la mise en scène est réduite à colmater les brèches d'une fable éteinte, et à se remettre du sale coup qu'elle vient de s'infliger.
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 7 nov. 2022 19:58
Vu que Sokol veut savoir (gros spoiler)
Aïe aïe aïe aïe aïe, il y a pire que les Dardenne donc ! Je me suis douté un peu d’ailleurs.

Ah l’époque de merde qu’on vit… . Comment le cinéma a pu en arriver là ? Faut supprimer le cinéma peut être. Mais comment ?
🤮
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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Tamponn Destartinn a écrit :
dim. 6 nov. 2022 19:06

Notamment parce que ce Bowling Saturne est déjà très bien. Au premier abord, il a pourtant un peu la gueule d'un film bateau, qui raconte rien de très nouveau. Un tueur de femmes, on suit aussi bien son point de vue que celui du flic alcoolo qui enquête sur lui et en devient dingue. Bon. Premier élément intéressant à relever : ça fait penser au didactique La Nuit du 12, ce film policier qui lui aussi cause du féminicide tout en suivant le point de vue de deux hommes. Je trouvais le film très bête, et associais cela au fait qu'il était écrit et réalisé par deux hommes. Je le pense d'autant plus quand je vois ce que fait Patricia Mazuy avec le même point de départ. Déjà, elle filme le féminicide. Une seule fois, mais frontalement, où aucun détail ne nous est épargné. Et rien que cela fait la différence. Cette scène, terrible, est une leçon de mise en scène, notamment sur l'épineuse question de comment mettre en scène la violence sans détour ni fétichisme. La réalisation, le découpage surtout, est méticuleuse, s'en est chirurgical, sans pour autant paraitre clinique. Son autre sujet, la masculinité toxique, est aussi très intelligemment traité. A travers deux points de vue, le tueur et le flic, qu'elle relie par la figure paternelle -un chasseur, fatalement absent mais pourtant présent partout -, le prédateur ultime. Mazuy arrive à filmer le tueur sans nous le rendre empathique, mais sans non plus en faire une bête figure du mal sans émotion. C'est un incel et il est traité tel quel. Le cadeau d'arrêter de le suivre une fois le premier meurtre fini, à 1/3 du film, est une autre preuve d'intelligence : "je vous ai tout montrer, j'arrête là avant que la fascination pour cet abruti vous gagne". Le flic est peut-être plus empathique, mais pourtant tout aussi responsable du maintien du patriarcat. Il est l'allié de la masculinité toxique en fermant les yeux sur elle, alors qu'il est persuadé d'être allié de la cause féministe. Tout ce que je dis là me semble particulièrement malin parce que ce n'est pas du tout surligné (contrairement à La Nuit du 12). C'est là si on gratte. Avant toutes choses, on retient la mise en scène, impressionnante sans être tape à l'oeil. Le personnage féminin principal est super intéressant sur le papier aussi, très bien écrite, bonne idée d'en faire une militante animaliste plutôt que féministe, ça évite de nouveau le "trop dit", tout en étant tout de même très clair (son existence dérange les hommes, encore plus le fait qu'elle n'ait pas peur d'eux). Dans les faits, je déplore juste qu'elle ne soit pas aussi mise en avant que les deux autres personnages principaux.
Je suis assez d'accord pour dire que La Nuit du 12 est un film lourdaud, mais ce Bowling Saturne me semble au moins son égal à ce niveau-là. C'est drôle que tu trouves ça fin que la femme soit une militante de la cause animale, quand tout le film tourne autour des réunions de chasseurs. Justement, j'ai l'impression qu'à cet endroit-là, la cinéaste plaque des concepts pas du tout traversés par l'expérience. Même la notion d'incel que tu parviens à coller sur le personnage principal me semble être une preuve de l'inexistence du film... Je repense à Schizophrenia de Kragl et je me dis : le cinéma vit un désastre, celui des intentions.
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Tamponn Destartinn
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asketoner a écrit :
lun. 7 nov. 2022 22:55

Je suis assez d'accord pour dire que La Nuit du 12 est un film lourdaud, mais ce Bowling Saturne me semble au moins son égal à ce niveau-là. C'est drôle que tu trouves ça fin que la femme soit une militante de la cause animale, quand tout le film tourne autour des réunions de chasseurs. Justement, j'ai l'impression qu'à cet endroit-là, la cinéaste plaque des concepts pas du tout traversés par l'expérience. Même la notion d'incel que tu parviens à coller sur le personnage principal me semble être une preuve de l'inexistence du film... Je repense à Schizophrenia de Kragl et je me dis : le cinéma vit un désastre, celui des intentions.

C'est drôle, car si je parle autant des "intentions" du film dans ma critique, c'est sûrement parce que j'essayais de les comprendre en même temps que j'écrivais.
Sur le moment, je me suis pris le film en pleine poire et j'en suis sorti perplexe. D'ailleurs, anecdote bête mais anecdote quand même : j'ai failli le classer dans mon top 2022 juste après la séance, bien plus bas qu'il ne l'est actuellement. Puis je me suis ravisé, préférant attendre que le temps fasse effet. J'ai bien fait, je pressentais ce qu'il s'est passé : le film vieillit bien en moi. Ma critique, c'est juste moi qui essaie de décortiquer pourquoi.
Après, oui, ce n'est pas "fin" de filmer des chasseurs bourrés dans un film sur la prédation de l'homme. Ce que je trouve "fin", c'est que cette femme, représentante unique de toutes les femmes dans ce film d'hommes, évite de n'être que cela. Notamment en se faisant figure d'une cause qui n'est pas celle des femmes, malgré le sujet du film. Et pourtant, je le redis, elle est le point faible du film. Elle aurait mérité d'exister un peu plus, autant que les deux frères. Donc je pointais surtout un défaut, pour dire que même là dessus, le film se rattrape un peu.
Quoiqu'il en soit, je ne suis pas du tout surpris que le film ne plaise pas. Je suis moi-même surpris qu'il me plaise autant.
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yhi
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 7 nov. 2022 19:58
la scène finale, je l'ai vu venir
C'est dit comme un reproche alors que ça me parait clairement de l'ironie dramatique volontaire. C'est un peu comme dire "liceberg dans Titanic, je l'ai vu venir" non ? On sait très bien que le film converge vers ce point là.

J'ai trouvé le film très bien parce qu'il fonctionne parfaitement. Sur des ficelles énormes, mais il fonctionne.

Le seul reproche que je pourrais faire c'est le côté manipulation scénaristique qui te fait croire à un film sur l'intimité alors que c'est un film sur la dépression, juste dans un but de te faire prendre le suicide encore plus en pleine gueule. En ce sens, la scène de la porte de la salle de bain est peut être de trop, je ne sais pas quoi en penser. Elle est vraiment là pour que tu penses "il veut pas que sa maman le voit tout nu" et que tu comprennes à rebours "la maman veut que ça reste ouvert probablement parce qu'il a déjà fait une tentative de suicide". De ce côté, je trouve plus fin le double sens du titre (dont je m'étais interrogé sur la langue anglaise) avec close = proche mais close = fermer
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Tamponn Destartinn
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Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 21:11

yhi a écrit :
mar. 8 nov. 2022 09:08
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 7 nov. 2022 19:58
la scène finale, je l'ai vu venir
C'est dit comme un reproche alors que ça me parait clairement de l'ironie dramatique volontaire. C'est un peu comme dire "liceberg dans Titanic, je l'ai vu venir" non ? On sait très bien que le film converge vers ce point là.

J'ai trouvé le film très bien parce qu'il fonctionne parfaitement. Sur des ficelles énormes, mais il fonctionne.

Le seul reproche que je pourrais faire c'est le côté manipulation scénaristique qui te fait croire à un film sur l'intimité alors que c'est un film sur la dépression, juste dans un but de te faire prendre le suicide encore plus en pleine gueule. En ce sens, la scène de la porte de la salle de bain est peut être de trop, je ne sais pas quoi en penser. Elle est vraiment là pour que tu penses "il veut pas que sa maman le voit tout nu" et que tu comprennes à rebours "la maman veut que ça reste ouvert probablement parce qu'il a déjà fait une tentative de suicide". De ce côté, je trouve plus fin le double sens du titre (dont je m'étais interrogé sur la langue anglaise) avec close = proche mais close = fermer

Tu as vraiment vu de l'ironie dramatique dans cette fin ? Moi, pas du tout.
La comparaison avec Titanic, si tu veux allons-y. La première partie de Titanic est une ironie dramatique (tout ce qu'il s'y passe, on sait que ça deviendra secondaire une fois que le bateau coulera), mais une fois que l'iceberg a fait son office, le film est loin d'être terminé. Arrive la seconde partie, dans la survie totale, renouvelant totalement les enjeux. Un petit malin qui découvre le film pourrait dire "j'étais sûr que Rose survivrait et pas Jack, je l'ai vu venir", parce que le récit en flash back rend cela évident. Mais qu'il nous fasse pas croire qu'il ait vu venir l'ensemble du parcours, à comment on y arrive à ce fait, à cette fichue porte !
Ce que je dis sur Close me semble n'avoir rien à voir avec tout cela. Limite, l'iceberg aurait pu être l'évènement qui arrive à la moitié du film, et qui pour le coup est vraiment surprenant (mais sur ce point, je suis totalement d'accord avec ton reproche en spoiler !). Mais avec ta comparaison, l'iceberg que je dis deviner, c'est plutôt la fin de chez fin. Et plus exactement, la situation précise et comment on va y arriver, donc cette fois bien l'ensemble du parcours. Une fois le nouveau statut quo posé, je comprends que le film va nous montrer un personnage qui se mure, qui reste le plus impassible possible, montre une ou deux brèches par ci par là, mais qui va finir par chialer sa mère devant la mère de son pote, et ce sera ça la fin. Un aveu. Bon ben, à une exception près (il chiale une premiere fois avant et y a une autre dernière scène après), c'est exactement ce qu'il s'est passé. Et oui, ça contribue à me donner la sensation que le film est programmatique et donc problématique. Autre chose, surement le plus important : si j'ai eu l'espace mental pour me dire tout cela durant la projection, c'est vraiment signe que je m'emmerdais un peu !
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B-Lyndon
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asketoner a écrit :
lun. 7 nov. 2022 22:44
Bowling Saturne, Patricia Mazuy

Je crois que les cinéastes qui veulent transposer un genre connu dans un nouvel espace (le western à Forcalquier, comme dans Paul Sanchez, ou le polar névrotique à la James Gray à Caen, comme ici dans Bowling Saturne) se plantent totalement. La raison est simple, et on l'entend dans le dernier film de Nadav Lapid : à la fin c'est toujours le paysage qui l'emporte. On ne voit pas James Gray dans Bowling Saturne, on ne voit pas Little Odessa ni Cimino ni Coppola, on voit cette intention (faire comme) plaquée sur la ville de Caen, sans grâce, sans circulation entre le récit et l'espace. Guiraudie le sait bien lui aussi, forcé d'inventer un nouveau genre à chaque fois qu'il change de région : ses films surgissent du paysage, au lieu de le coloniser avec des imaginaires pré-mâchés, contrairement à Patricia Mazuy. Les premières minutes de Bowling Saturne sont pourtant assez belles. Le personnage refuse tout et tout lui est refusé. Rien ne s'amorce. Peut-être que le film était là : dans le non lieu. Et puis finalement le récit se ravise : l'héritage refusé finit par revenir à l'intéressé, et l'intéressé, qui ne l'était pas, l'accepte. S'ensuivent alors une série de scènes convenues, qui n'assument rien mais ne renoncent plus, jusqu'à un tour de force calamiteux, déjà vu cent fois, dont la motivation reste obscure, et qu'on ne tolère plus que parce que c'est une femme qui le fait. La suite est un petit n'importe quoi mal écrit, où la mise en scène est réduite à colmater les brèches d'une fable éteinte, et à se remettre du sale coup qu'elle vient de s'infliger.

D'accord avec toi en grande partie, même si je pense que ce que tu dis au début vaut pour Bowling Saturne mais pas pour le film précédent. D'ailleurs c'est ce que je reproche au film : la transposition du western dans le Var fonctionnait parce qu'il y avait tout un monde, toute une galerie de personnages, les gendarmes, les employés de la station service, les chasseurs, le GIGN, les plaignants, les habitants...Et on voyait tout ce beau monde s'exciter de la présence du meurtrier, à flanc de montagne. Un espèce de mouvement de déraillement collectif et d'espérance qu'arrive quelque chose d'autre, qui me touche toujours autant aujourd'hui (j'ai revu le film). Et puis, tu pourras dire ce que tu veux, mais le Rocher était filmé.
Là, c'est plus compliqué, aussi parce qu'à mon avis Mazuy n'est pas très forte pour faire des films "à un seul ton" comme lui a demandé son producteur. Elle est vite solennelle et un peu pachydermique. Je vois tous les critiques délirer sur le film parce que Mazuy tourne peu et que chacun de ses films est un petit évènement, mais il y a une chose qui me parait un peu incontestable : quand le film choisit la voie de l'enquête policière, c'est n'importe quoi, ne serait-ce que pour des raisons de crédibilité. On ne voit pas la ville bruisser, on entend pas l'inquiétude qui monte ou la rumeur de la mort, ça ne vit pas, tout est éteint. C'est que le film est fauché mais pas seulement, Paul Sanchez aussi était fauché et c'était mille fois plus vivant. Je crois que Mazuy balance entre l'audace de ce que tu dis (un film dans un non lieu) et un sentier très balisé. Je l'entends tout justifier en interview en disant "c'est une tragédie". D'accord, mais on y met quoi dans cette tragédie ? Le film finit par manquer terriblement de vie dans la deuxième partie, il ne fait qu'à peine investir des figures de cinéma qu'on connait par cœur et qu'on adore ailleurs. C'est un film piégé par sa cinéphilie, et si j'étais sévère je parlerai comme sokol, "inutile". En revanche, si je suis d'accord avec toi pour le début, cette bonne impression continue jusqu'à la fin de la première partie pour moi, et je trouve la scène de déchaînement de violence extraordinaire : on sent que c'est là que le film pense, et donne à penser. Dis moi où tu as vu ça cent fois, car je n'ai pas le souvenir de l'avoir vu ailleurs. Et surtout, la scène est un modèle de rythme, de découpage, de morale aussi : là Mazuy ne détourne pas les yeux, et se demande comment faire pour ne pas détourner les yeux. Et le plan dans la voiture où Armand accepte d'être devenu un meurtrier est très fort. Après ça on est d'accord, le film s'écroule.

Et moi je n'ai pas peur de dire que même si Moll est d'ordinairement un gros naze et Mazuy une grande cinéaste, pour ce coup-ci La Nuit du 12 est un bien meilleur film. Parce qu'il suit la voie qu'il a choisi, et s'y tient : ces flics sont vivants, beaux, drôles, tiraillés, on est au présent avec eux. Et surtout, Moll filme l'endroit où il choisit de tourner, il met en scène la circulation entre ce qu'il raconte et là où ça se déroule (peut-être même un peu trop finement, mais c'est là). Ca me fait chier pour Mazuy mais c'est comme ça, il parait que le prochain est une comédie, j'ai hâte de voir.
Modifié en dernier par B-Lyndon le mar. 8 nov. 2022 11:37, modifié 5 fois.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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