Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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Tyra a écrit :
lun. 19 avr. 2021 21:52
Mais je n'entends pas de baisse de son, sauf à un moment où le vieil homme écoute, mais à d'autres moments la musique est aussi forte sur ses oreilles ou sur celles de la petite fille.
Oui, car c'est des femmes et l’oppression est plus forte sur elles.
Tyra a écrit :
lun. 19 avr. 2021 21:52
Et quand bien même ce serait ce que tu décris, je trouve l'analogie assez neuneu


Ça c'est autre chose : si tu n'aimes pas cette scène et le film, je suis pour rien (et "ce n'est pas grave")
Modifié en dernier par sokol le mar. 20 avr. 2021 13:59, modifié 1 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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cyborg a écrit :
mar. 20 avr. 2021 01:24
J'ai rarement vu un film sachant aussi bien qu'il était un film malade au sein d'un moment historique inédit et qui arrivait à intégrer cette maladie au cœur même de sa mise en scène. Muratova fini par prendre de très grandes libertés, simples mais belles, de façon très impressionnante.
Même si je comprend @asketoner quand il dit que ses films ont un coté épuisant, celui-ci est génial car je partage ton point de vue : il contient une espèce de sidération qui fini par gagner la partie (je t'ai cité). Je pense que le secret est lié du fait que le film a été réalisé à la fin des années '80 donc il a une immédiateté désarmante.

D'autre part, je n'aime pas trop ses autres films, par exemple "Longs adieux". Ni "Mélodie pour orgue de barbarie" (2008), son avant dernier film.

Mais " Astenicheskiy sindrom" c'est quelque chose :love: :love: :love: (puis, ça a du sens car elle l'a fait après une longue période d’arrêt - on lui a interdit la réalisation de films de 1971 à 1986- donc c'est en quelque sorte, un deuxième premier film)
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groil_groil
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asketoner a écrit :
mar. 20 avr. 2021 10:17
@groil_groil : c'est vrai que c'est indécidable le Ferreri ! Et pourtant quand je lis le livre de Gabriela Trujillo je me rends compte qu'il cherchait toujours à outrepasser quelque chose (une chose à la fois morale et cinématographique), d'où l'aspect très incertain de ses films. Tu as vu Break-up et ballons rouges ? C'est vraiment pas mal, ça.
non pas encore, et j'ai bien sûr le livre de Gabriela, mais je ne l'ai pas encore attaqué, c'est mieux de voir les films avant :D
j'ai histoire de Piera sous la main, que je vais voir rapidement, j'espère.
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cyborg
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@sokol : oui c'est cette "simultanéité" qui est assez folle, on sent que le film est totalement dans son "époque". Il est paru en 89, donc on peut imaginer que tout s'est vraiment fait dans les tous derniers mois d'existence de l'URSS et les bouleversements qu'on peut imaginer...


Pour Ferreri, je me répète mais n'hésitez pas à regarder l'étrange Rêve de Singe...
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sokol
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cyborg a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:07
oui c'est cette "simultanéité" qui est assez folle
Voilà, beaucoup mieux que "l'immédiateté" : simultanéité (mais bon, ça se sait que je parle comme un cul :D et je trouve que rarement les mots justes... )
cyborg a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:07
Pour Ferreri, je me répète mais n'hésitez pas à regarder l'étrange Rêve de Singe...
J'aime vraiment pas ce cinéaste (ou plutôt : j'y arrive pas avec lui). Tu crois que celui-ci peut me faire changer d'avis ? (tiens, je crois que @groil_groil m'a conseillé "Dillinger est mort", ça me revient à l'esprit).
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groil_groil
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Revu aussi pour montrer à mon fils, et plutôt agréablement surpris, je me souvenais d'un navet et en fait c'est plutôt pas mal, disons du niveau du 1er même si il y a malheureusement moins de vannes, et que c'est ce qui fait le sel de ces films. Du coup très très curieux de voir le 3ème volet qui doit sortir en fin d'année, plus du 30 ans après le second, et après la mort d'Harold Ramis :(
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asketoner
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Le Visage d'un autre, Hiroshi Teshigahara, 1966

C'est un peu comme les films de Chéreau : tout est parfait, la photo, les acteurs, les bonnes idées, tous les talents sont réunis mais ça ne prend pas. Le prétexte est merveilleux : un homme au visage brûlé décide d'acheter le visage de quelqu'un d'autre et de séduire son ex-femme. On pense aux Yeux sans visage, au Plaisir d'Ophüls adapté de la nouvelle de Maupassant, à Holy Motors... Mais les dialogues sont sur-écrits, explicatifs à en pleurer d'ennui, et quelque chose d'un peu vain, superficiel parcourt le film, qui empêche d'accéder à la moindre émotion, à la moindre pensée. Le cabinet du psychiatre qui réalise l'opération est un décor superbe, tout en transparence, qui permet des cadrages étonnants, riches de significations, mais l'artificialité ainsi créée (qui n'est pas un problème en soi) semble se contempler elle-même.
J'ai peur que ça ne me décourage de voir La Femme des dunes, qui semble être le chef d'oeuvre de Teshigahara.
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Narval
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asketoner a écrit :
mer. 21 avr. 2021 18:40
Le Visage d'un autre, Hiroshi Teshigahara, 1966
J'ai peur que ça ne me décourage de voir La Femme des dunes, qui semble être le chef d'oeuvre de Teshigahara.
Le Visage d'un autre est déjà "le chef d'œuvre" du réal à mon sens, La femme des sables est un poil moins fort à mon goût.
Le traquenard et La femme des sables sont moins "artificiels", ou tirés au cordeau en terme de mise en scène (ou plutôt, ça se voit moins car ce sont des films plus d'extérieur) et ils sont un peu plus volatils en terme de narration (moins de dialogue) peut-être qu'ils te plairont plus... En tout cas ils valent vraiment le détour ! Dommage que les autres films de l'auteur soient introuvables.
Mais je trouve qu'il y a beaucoup d'émotions et surtout beaucoup de vérité dans ce film, il est absolument magnifique et très beau dans ce qu'il laisse voir de la paranoïa de l'époque, de son pays (notamment les scènes de bar, et de psychiatrie effectivement). L'univers sonore du film est remarquable, je ne sais pas si tu y as fais attention mais dans les bonnes conditions (vu en salle) c'est extra. Et j'adore le rapport au cadre du réal, je suis très sensible à cette gestion du placement des acteurs, un peu comme celle de Yoshida, réal tout aussi exigeant et inventif.
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asketoner
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@Narval ok, c'est bien ce qui m'a semblé, oui, je le trouvais si proche de Yoshida qu'à vrai dire je croyais que c'était un film de Yoshida quand je le regardais (je n'avais pas fait gaffe, parce que je confonds les deux titres, La Femme des sables et Le Lac des femmes ; et puis il faut dire qu'il y a pas mal de similitudes). Je voudrais m'intéresser davantage à ce cinéma japonais des années 60 mais j'ai l'impression que ce n'est pas trop mon truc. J'ai même l'impression que Terayama est arrivé à point nommé dans les années 70 pour dénouer les cravates.
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Narval
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asketoner a écrit :
mer. 21 avr. 2021 23:20
J'ai même l'impression que Terayama est arrivé à point nommé dans les années 70 pour dénouer les cravates.
J'ai si hâte de prendre le temps de découvrir les autres Terayama ! :cry:
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groil_groil
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Un vieil homme, critique de cinéma estimé qui tente d'écrire un premier roman, accompagne sa femme, attachée de presse de cinéma, au festival de San Sebastian, en Espagne. Elle s'occupe d'un cinéaste français, prétentieux, imbu de lui-même, qui est encensé par la critique, notamment parce qu'il fait des films "contre la guerre" (hilarant Louis Garrel). Elle est évidemment amoureuse de lui et délaisse totalement son mari, tout en le trompant. Celui-ci, déprimé et malade, prend rendez-vous chez un médecin, sans savoir que c'est une femme, sublime, mal mariée, dont il tombe éperdument amoureux. Cette rencontre va donner un nouveau sens à vie. ça c'est le pitch. Mais le film ne se limite évidemment pas à ça. Car c'est sans doute le film le plus personnel de Allen, où l'un d'eux, disons, et particulièrement sur son rapport au cinéma. Le film est en effet ponctué de scènes où le héros se projette dans un imaginaire qui mêle ses souvenirs passés à des films importants pour lui, et donc pour Allen. C'est l'occasion pour le cinéaste de rendre hommage à tous les cinéastes qui l'ont marqué et influencé. Ca commence évidemment par le Rosebud de Citizen Kane, Allen refait également du Fellini, 3 films de Bergman, L'Ange Exterminateur de Buñuel, A Bout de Souffle et quelques autres. Il refait carrément les scènes, à chaque fois en noir et blanc, mais en y mettant ses personnages, et en transposant ses obsessions. La photographie de Storaro est très réussie, car sur les scènes noir et blanc elle ne cherche jamais à retrouver le grain des cinéastes d'origine, et sur les scènes couleurs on est proche des films récents européens du cinéaste, mais disons que c'est l'un des plus beaux - à rapprocher de celle de Magic in the Moonlight -, aidé en cela par la beauté de San Sebastian et de sa région, et des sublimes couleurs et lumières naturelles. Ce film pourrait presque être un des films de "touriste" de plus de Allen, après Paris, Rome, Barcelone, la côte d'azur..., pourquoi pas San Sebastian ? Sauf que non, ce film à tout d'un film testamentaire et en le tournant Allen semble savoir que, vues toutes les difficultés qu'il a à tourner en ce moment, celui-ci pourrait être son dernier. Le choix de San Sebastian n'est pas anodin : c'est son festival préféré, celui où il se rend chaque année, où il est fréquemment primé, et la ville possède même une statue à l'effigie du cinéaste en son centre, c'est l'idôle et l'emblème de la ville. Woody Allen cinéaste-cinéphile, et cinéphile-européen, rend ici hommage à tous ses maitres en forme d'adieu, en transposant l'énigme du "Rosebud" sur sa propre personne : son Rosebud à lui, celui qui a conditionné toute son existence, c'est tout simplement le cinéma. Je ne l'ai pas encore assez dit, mais ce film est d'une insondable tristesse, le personnage principal étant seul, finissant seul, n'ayant plus que la mort comme issue. Allen semble ici nous dire adieu, mais ce qui fait toute la valeur du film, c'est qu'il n'a rien de revanchard. Il ne règle aucun compte, et Allen semble enfin, après tous les tourments qui l'ont agité, semble dire adieu de manière apaisée. Même si, personnellement, j'attends déjà son prochain film, en espérant qu'il existe un jour.
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Même moi j'ai vu "La femme des sable" mais c'était il y a presque 20 ans au cinéma (à l'époque, il était hors de question que je vois un film à la télé :D ). Je l'avais trouvé, déjà, formaliste (maniériste, plus exactement). Je me demande si c’était le premier 'vieux' film japonais que je voyais. Donc, on peut dire que j'ai déjà vu un film de Terayama :D sans me rendre compte une seule seconde.
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groil_groil a écrit :
jeu. 22 avr. 2021 09:53
En te lisant, on peut dire que c'est son Livre d'image.
Ou son Bellamy
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groil_groil a écrit :
jeu. 22 avr. 2021 09:53
Je l'ai déjà dit mais c'est quand même assez comique ce qui m'est arrivé avec Allen : quand j'ai commencé à voir ses films (effectivement, uniquement au cinéma) c'était durant sa pire période, c'est à dire 98-2004 : Celebrity, Le Sortilège du Scorpion de Jade, Anything Else, Melinda & Melinda. J'étais outré :D . Et bien plus tard, j'ai découvert de vrais bijoux comme Meurtre Mystérieux à Manhattan ou La Rose Pourpre du Caire.
Comme quoi...
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sokol a écrit :
jeu. 22 avr. 2021 10:48
groil_groil a écrit :
jeu. 22 avr. 2021 09:53
Je l'ai déjà dit mais c'est quand même assez comique ce qui m'est arrivé avec Allen : quand j'ai commencé à voir ses films (effectivement, uniquement au cinéma) c'était durant sa pire période, c'est à dire 98-2004 : Celebrity, Le Sortilège du Scorpion de Jade, Anything Else, Melinda & Melinda. J'étais outré :D . Et bien plus tard, j'ai découvert de vrais bijoux comme Meurtre Mystérieux à Manhattan ou La Rose Pourpre du Caire.
Comme quoi...
oui tu as dùu halluciner :D
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Voulu revoir le dernier Rappeneau (qui sera d'ailleurs sans doute son dernier film, même s'il est toujours vivant), que j'avais beaucoup aimé en salle : même verdict le second coup. C'est du cinéma de droite, du cinéma ultra bourgeois, mais fait, malgré l'âge, avec tant d'envie, tant de conviction, tant de virtuosité, que le film t'emporte et te convainct malgré son sujet. Les acteurs et la mise en scène sont dans un tel état de grâce, que tu rentres dans un tourbillon de deux heures. Pas aussi virtuose et emballant que Bon Voyage, mais juste derrière.

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Un ancien capitaine, dont le métier est d'aller de ville en ville pour lire les nouvelles aux gens, accepte de traverser le Texas pour ramener à son oncle et tante une gamine dont les parents ont été tués et qui fut enlevée et élevée par des indiens. La route sera longue et pleine d'embûches, et des liens forts font se créer entre les deux. C'est le dernier film de Greengrass, son premier western, il devait sortir en salle cette année puis fut diffusé sur plateforme, et c'est plutôt bien. C'est bien fait, prenant, Hanks est absolument génial comme souvent, mais c'est malgré tout du cinéma lambda qui s'oubliera vite. Car le film est construit sur un systématisme trop scolaire : une scène de tension, une scène apaisée, une scène de tension, une scène apaisée... et c'est ainsi jusqu'à la dernière scène, que tu es capable d'anticiper au moment où tu vois la première. Chaque scène pourrait être remplacée par une autre, ça marcherait quand même. C'est un cinéma programmatique, programmé d'avance, avec une grille pré-établie qu'il n'y a plus qu'à remplir. Même si, en l'occurence, c'est plutôt bien rempli.

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Un homme s'évade d'une prison où il est torturé, et se réfugie par hasard en pleine cambrousse dans un chateau habité par un couple de marginaux. Le film raconte la cavale du trio que l'armée et le gouvernement veut abattre. Pourquoi ? On apprend seulement que l'évadé a appris, par hasard, un secret qu'il n'aurait pas dû connaitre. Le film est pas mal, mais l'argument est trop faible. ça se veut une critique de l'état mais ça n'en dit pas assez pour être pertinent. Les comédiens en font un peu trop (il faut occuper l'écran, on ne voit qu'eux) mais la musique orchestrale de Morricone, dirigée par Nicolai, est superbe.

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Adaptant Edgar Allan Poe, Struart Gordon signe une belle charge contre l'Inquisition de Torquemada. C'est une belle série B, qu'on aurait aimée plus gore que ça, mais qui ne transcende pas le genre.
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asketoner
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Les Visiteurs du soir, Marcel Carné, 1942

Normalement ce genre de films me répugne, je ne tiens pas plus de vingt minutes, mais ici tout est si bizarre (le jeu d'Alain Cuny par exemple est très particulier, d'une artificialité qui ne cesse de se dénoncer) que je l'ai vu jusqu'au bout. Ca n'en fait pas un grand film pour autant - mais une curiosité, oui, et j'aime profondément les histoires de Prévert, qui n'a pas peur de parler d'amour et d'idéal, et n'est jamais cynique.

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Lovers Rock, Steve McQueen, 2020

Après la grosse déconvenue de Mangrove, j'avais abandonné l'idée de voir un autre film de Steve McQueen parmi les 5 réalisés pour la BBC, et puis je me suis laissé entraîner parce que ce sont des films récents. J'ai bien fait, car celui-là n'a rien à voir avec le précédent. On retrouve toute la radicalité du cinéaste, capable d'imposer 40 minutes de danse dans un film d'1h10, et de donner la sensation d'une durée, d'un étirement, d'un épuisement du temps, jusqu'à l'usure - et jusqu'à la métamorphose. Le film se situe à la fin des années 70 en Angleterre, les Noirs ne peuvent pas entrer dans les boîtes de nuit, des soirées privées s'organisent. C'est à l'une d'elles que nous assistons : de la tombée de la nuit au lever du jour, lorsque deux amoureux, qui viennent de se rencontrer en dansant, quittent la maison où la fête a lieu pour trouver un coin où faire l'amour. J'ai une fois de plus pensé à Kechiche (je pense beaucoup à Kechiche dernièrement (d'ailleurs je pense qu'on peut inventer une famille Kechiche/Puiu/McQueen qui tient à peu près)), mais un Kechiche aux personnages sans tourment. J'étais d'ailleurs un peu gêné au début, par la faiblesse de caractérisation des personnages - et puis en fait on s'aperçoit, peu à peu, que le tourment visé par McQueen est plus politique : le regard des Blancs dans la rue, la violence des hommes sur les femmes, la piété des familles caribéennes qui s'ajoute aux interdictions gouvernementales, etc... D'ailleurs la danse chez lui va bien plus loin. Je parlais de métamorphose un peu plus haut, c'est bien de cela qu'il s'agit. Deux "scènes-trop-longues" forment les chambres d'écho du film : la première avec les femmes répétant a capella les paroles d'une chanson (Silly games) tandis que des couples se forment parmi les danseurs (scène impressionnante de tenue et de grâce), la deuxième avec les hommes, un peu plus tard dans la nuit, quand les femmes sont parties, qui entrent peu à peu en transe en tentant d'intégrer parmi eux un jeune homme malheureux dont la violence à peine contenue pourrait à tout moment déborder.
C'est étonnant de voir à quel point Steve McQueen parvient à passer d'un type de cinéma à un autre totalement opposé d'un film à l'autre. Mangrove est un gros scénario fabriqué pour émouvoir, que McQueen se contente de décorer ; Lovers Rock est un film risqué, qui ne tient à rien, entretient son propre mystère sans jamais trop clairement le dévoiler, et n'est regardable que parce qu'une idée du cinéma le soutient fortement.

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Hunger, Steve McQueen, 2008

Et du coup j'ai voulu revoir Hunger... Quel film sublime ! Chaque scène est habitée.
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yhi
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Si tu vas plus loin dans l'anthologie Small Axe, tu risques fort d'être re-déçu :D

Mangrove et Lover's rock sont clairement au dessus. Effectivement pas pour les mêmes raison, le premier étant d'un classicisme plutôt scolaire mais très maitrisé avec une superbe direction d'acteur, le second misant plus sur la circulation d'energie constante.

Les trois autres, je m'en rappelle déjà quasiment plus tellement ils sont oubliables :sweat:
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asketoner
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Je pense que je vais m'en passer, j'avais en effet l'impression qu'il s'agissait plutôt de films à sujet...
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cyborg
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@asketoner : McQueen continue à avoir une pratique d'art vidéo/de plasticien, je pense que c'est là qu'il faut aller pour retrouver la radicalité qu'à pu lui faire perdre Hollywood.
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cyborg
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La disparition de Hellman fut l'occasion de découvrir

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Cockfighter - Monte Hellman - 1974

Le film est parfaitement dans son époque, vibrant de l'énergie du Nouvel Hollywood d'alors dont Hellman maitrise parfaitement les codes.
Mais ce qui est très fort en revanche est que tout le film tient sur un jeu de mot, annoncé dès son titre : "Cockfighter" / cock fighter, soit non pas "combat de coq" mais surtout "combat de bite" en français. On comprend au bout du troisième plan dans lequel la mise en scène fait buter le regard d'un personnage sur l'entre-jambe d'un autre que le film va s'encrer dans la masculinité et la virilité... mais qu'il est surtout crypto-gay jusqu'à la moelle. On y suit un homme incapable d'aimer sa dulcinée car il doit aller jouer avec son cock avec ses copains, et qui finira par se faire rejeter par elle lorsqu'elle l'aura vu triomphant en action. Entre temps on croise des symboles de cruising (le foulard rouge dans la poche arrière du pantalon dans une scène ou une chambre d’hôtel est transformée en "arène illégale de combat"), un type qui suce la tête de son cock et lui fout un doigt dans les fesses pour le stimuler, de combat cock à cock improvisés dans des arrières cabanons, d'hommes en petits groupes qui comparent la puissance de leurs cock... C'est fait avec suffisamment de sérieux, mais aussi d'humour et même de discrétion pour qui ne veut pas le voir, pour en devenir une réussite. Je pense préférer Macadam à deux voies, pour son alliance de l'asphalte et de l'aérien, mais Cockfigter est à ne pas manquer non plus.

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Adolfo Bioy Casares est connu des amateurs de littérature pour son court ouvrage "L'invention de Morel", et indirectement des cinéphiles pour l'adaptation qu'en à fait Resnais avec "L'année dernière à Marienbad. Borges, lui, n'est plus à présenter.
Quand les deux s'allient pour écrire un film ça donne "Invasion" réalisé par Hugo Santiago à la fin des années 60. On y suit des groupes d'hommes qui s'affrontent dans une ville imaginaire pour de sombres affaires de livraison, de territoire, d'invasion. Le tout est abscon et surjoue le mystère sans clarté et l'on se prend vite à songer à Rivette, plus particulièrement à son premier "Paris nous appartient". Le résultat est assez pénible et trop long (plus de deux heures). Les lectures sont très ouvertes et les différentes interprétations lues sur interet vont d'une "critique du fascisme" à une "critique de la modernité"... bref tout l'éventail des possibles... Les deux auteurs n'étant pas ouvertement politiques (et Borges n'étant pas le plus ragoutant sur la question...) je pense qu'il faut avant tout y voir les questionnements littéraires/narratifs alors très en vogue à l'époque sur la place de l'auteur (ici le vieil homme mystérieux qui donne les ordres), des personnages (qui se battent pour exister et finissent par se désintéresser d'eux même) et des motifs de l'action.

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Un monde flottant - Jean-Claude Rousseau - 2021

De Rousseau je n'ai vu que le très beau "La Vallée Close", dont on retrouve ici quelques motifs d'objets, de paroles.
Nous sommes au Japon, on y voit des humains, des animaux, une chambre, l'intérieur d'un tram, toujours filmé dans des plans fixes très travaillés. Les choses y sont doucement mystérieuses, pleines d'elles-même et aussi du simple plaisir de les observer. On y sent le travail d'un homme âgé (Rousseau à 71 ans) mais pas dans le sens de "vieux-jeu" ou "dépassé", davantage dans le sens d'apaisé d'une douceur sûre d'elle même, ayant accepté l'ineffable qui nous entoure et nous régit. Le résultat est très simple mais très touchant.


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Un jeune homme provincial part à Paris pour y "tenter sa chance" et trouver un emploi. Il y perd ses repères et ne parvient à rien. Tous les hommes qu'il rencontre sont joués par Michel Bouquet, incarnant 20 personnages différents, d'une bonne sœur à un grand bourgeois ou encore un maître d’hôtel.
Si "Le dernier saut" faisait penser, en bien, à un Chabrol, "L'humeur vagabonde" fait penser à une pâle copie d'un Bunuel dont l'inquiétante étrangeté peinerait à prendre corps. Le résultat est malheureusement peu convainquant.
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cyborg a écrit :
dim. 25 avr. 2021 12:00
@asketoner : McQueen continue à avoir une pratique d'art vidéo/de plasticien, je pense que c'est là qu'il faut aller pour retrouver la radicalité qu'à pu lui faire perdre Hollywood.
J'arrive pas comprendre pourquoi on va voir à Hollywood (au XXI sicle en plus !!) quand on fait un film comme Hunger.
La vie est un mystère...
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Mercredi, à 23h20 sur Arte, un des 4-5 plus beaux films de 2019 mais très peu vu : Peu m'importe si l'histoire
nous considère comme des barbares de Radu Jude
😍😍😍
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Juliette ou la clef des songes, Marcel Carné, 1950

Carné sans Prévert sonne un peu plus faux - mais peut-être est-ce parce qu'il essaie de sonner autant. On entend, dans chaque dialogue, l'effort prévertien d'une musique, d'un ton, d'un esprit... Hélas on entend surtout l'effort.


Une scène merveilleuse : la porte de la prison s'ouvre pendant la nuit sur un petit village provençal accroché à un rocher ; le prisonnier (Gérard Philipe) sort, la caméra le saisit de dos dans l'encadrement de la porte de la prison, alors il se met à sautiller avec une légèreté de pantin.
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Hier j'ai revu La Dame de Shangai. Je ne l'avais vu qu'une seule fois auparavant, j'avais aimé. Ce coup-ci j'ai été sidéré. Par la beauté du film, de sa mise en scène, d'Orson, de Rita, qui sont tous les deux sublimissimes et dont leur regard respectif disent déjà en off la fin de leur amour. J'ai été sidéré de voir ce film autant en avance sur son temps, bon dieu ça date de 1947 et tente des expérimentations visuelles qu'on ne voyait alors que dans le cinéma expérimental. Sidéré aussi de voir l'un des plus grands films noirs de l'histoire, à l'intrigue sombre et pleine de noeuds mais dont on ne perd pourtant jamais le fil. Bref ce film est un chef-d'oeuvre aussi fort que Citizen Kane, mais dans un autre style. il m'a donné envie de revoir des films de Welles, et de les réhabiliter, pas ses Shakespeare qui me gonflent, ni son Kafka que je trouve complètement raté, mais tous les autres.
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cyborg
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@groil_groil connais tu la suite de La Dame de Shanghai ?

Ca s'appelle "Les dames de Shanghai", c'est le couple du premier qui se lance avec succès dans l'import-export de fromage. C'est assez sidérant comme évolution de la trame narrative, du jamais vu jusqu’alors et même encore jusqu'à nos jours.



(désolé)
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groil_groil
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cyborg a écrit :
lun. 26 avr. 2021 11:50
@groil_groil connais tu la suite de La Dame de Shanghai ?

Ca s'appelle "Les dames de Shanghai", c'est le couple du premier qui se lance avec succès dans l'import-export de fromage. C'est assez sidérant comme évolution de la trame narrative, du jamais vu jusqu’alors et même encore jusqu'à nos jours.



(désolé)
Ah mais oui, mais je l'ai toujours confondu avec les dames du bois de boulogne, qui raconte l'histoire d'une bande de prostituées-fromagères !
c'est pour ça !
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sokol
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J'ai (re)vu quelques films dernièrement.

Voyage à Tokyo- OZU

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Je me souviens bien d'avoir été un peu déçu quand je l'avais découvert il y a une quinzaine d'année. Je comprend mieux maintenant : c'est un des films les plus 'hollywoodien' de Ozu (la première partie est bourrée de champ contre champ et le découpage est quasiment hollywoodien, c'est à dire, purement en fonction de la narration).
La deuxième partie est plus épurée mais au final, ça reste un film mélodramatique (assez proche de "Crépuscule à Tokyo" qu'il fera 4 ans plus tard et un des Ozu que j'aime le moins).
Bref, on est un peu loin du splendeur de la mise en scène de "Il était un père " (1942) ou "Printemps tardif" 1949 (puisqu'ils sont, également, en noir et blanc).

La source - BERGMAN :

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Je ne comprend pas un certain engouement (ailleurs) pour ce tout petit film de Begman en1960 et qui n'a vraiment rien d’exceptionnel (il répète 'les formules' déjà utilisé dans ses films des années '50 : rien de nouveau sous le ciel)
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groil_groil
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Charlton Heston tente ici de réaliser un triple défi : faire un premier film / faire un péplum / adpater Shakespeare. La tentative est on ne peut plus louable, et ambitieuse, mais le résultat est raté. Un projet de la sorte demandant sans doute plus d'expérience, ainsi que plus de moyens. Car le film en manque cruellement malgré un certain étalage de décor, de figurants, on sent bien le cheap en arrière plan, aucune star si ce n'est le réal/acteur qui n'a pas du se payer, et des bateaux qui sont parfois peints à la main directement sur la pellicule dans le lointain (je trouve d'ailleurs ce détail absolument charmant). Mais c'est surtout raté car Heston hésite en permanence entre jouer le jeu Shakespearien et respecter le texte, ou le trahir et céder aux sirènes de la superproduction. Son refus de choisir conduit le film à l'échec.

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Je n'aurais jamais eu l'idée de regarder cela il y a ne serait-ce que quelques semaines. Mais j'ai aimé le récent Justice League de Zack Snyder, dont Aquaman est un des protagonistes, et je me suis dit : pourquoi pas... Résultat : c'est l'un des trucs les plus cons, mais surtout les plus laids, je me demande d'ailleurs comment on peut faire consciemment pour atteindre un tel degré de laideur, ça me dépasse totalement, que j'ai pu voir dans ma vie. Double rupture des yeux et du cerveau.
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J'avais vu ce film adolescent, pas revu depuis, merci Thoret, donc, et c'est ce revisionnage confirme que c'est un bon film, qui critique merveilleusement mais intelligemment le catholicisme exacerbé de la société italienne d'alors, avec beaucoup d'humour mais sans jamais oublier de prendre son film au sérieux. Manfredi, immense acteur, était également un très bon cinéaste, dommage qu'il n'ait réalisé que deux longs métrages (tout deux très bons) et un court.
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Kit
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au cas où ça intéresserait quelqu'un ce soir sur C8 après les guignols de TPMP
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J'avais du le voir une fois y a plus de 30 ans, mais tellement mal vu que je ne m'en souvenais plus, c'est donc une vraie redécouverte. Je n'ai malheureusement vu que la version tronquée par la production (à quand une belle sortie BR de la version intégrale ? Parce que même au niveau image, la copie des Editions Montparnasse est vraiment dégueulasse), mais malgré ça j'ai vraiment beaucoup aimé, c'est un très grand film, et dieu qu'il devait être dur, à 25 balais, de réaliser un second film (un des trucs les plus durs à faire) surtout quand ton premier est Citizen Kane. Le jeune Welles ne s'est pas laissé abattre (c'est ensuite qu'il aura tant de problèmes pour achever ses oeuvres) et livre un film qui sous une présentation plus sage et classique que le précédent laisse finalement apparaitre une ambition folle et une ampleur assez phénoménale. Incroyable d'être aussi mûr sur la nature humaine en étant si jeune, je crois que c'est ça qui me terrasse le plus. Sinon, je suis aussi très impressionné par le film, qui s'ouvre presque de manière comique, comme un petit conte gentillet, qui continue ensuite comme un film qui semble un temps afficher un classicisme pépère pour finalement s'achever dans la noirceur la plus totale, avec un récit qui prend de plus d'ampleur en se déroulant jusqu'à un final magnifique et sans appel, si cruel pour un personnage qu'on nous a toujours vendu comme détestable et qu'on avait malgré tout fini par aimer à un moment où, justement, plus personne ne lui prête plus la moindre considération.
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sokol
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groil_groil a écrit :
jeu. 29 avr. 2021 09:41
Je l'ai vu récemment aussi. Qu'est ce qu'il va vite ce film: il est d'une vitesse :ouch: , à croire que Welles a une peur bleue "qu’on s'ennuie" :lol:

C'est bien comme film mais cette histoire de la vitesse ahurissante du montage et du découpage m'avait bien marqué quand même. Ce qui montre que le cinéma actuel (95% des films) a bien régressé par rapport à la "lenteur" de la modernité que les années 60-70 ont proposé. On fait, tout le monde fait du Welles à nos jour, n'est ce pas ?
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sokol a écrit :
jeu. 29 avr. 2021 11:58
groil_groil a écrit :
jeu. 29 avr. 2021 09:41
Je l'ai vu récemment aussi. Qu'est ce qu'il va vite ce film: il est d'une vitesse :ouch: , à croire que Welles a une peur bleue "qu’on s'ennuie" :lol:

C'est bien comme film mais cette histoire de la vitesse ahurissante du montage et du découpage m'avait bien marqué quand même. Ce qui montre que le cinéma actuel (95% des films) a bien régressé par rapport à la "lenteur" de la modernité que les années 60-70 ont proposé. On fait, tout le monde fait du Welles à nos jour, n'est ce pas ?
Non là ce n'est pas vraiment ça. Le film initial dure 130mn, soit 2h10. Je pense que Welles avait pris le temps et allait à un rythme tout à fait correct. Mais bagarre avec la production malgré le succès de Citizen Kane, et ils ont tronqué le film pour imposer à Welles cette version qu'on connait de 88mn, donc moins d'une heure trente, sans l'accord de Welles. Je pense que c'est pour ça que le film va vite, parce qu'on lui a oté de force 42 minutes, et que n'ont été conservés que les rouages, ce qui fait avancer l'action.
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groil_groil
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Joie ultime, je suis retourné au cinéma ! Un rêve éveillé, une excitation rare. Vivement que ça rouvre pour de vrai. Qui plus est, c'était pour voir le 1er long-métrage de Nine Antico, et le film est magnifique ! Comme il sort le 2 juin (les salles rouvrent le 19 mai, ruez-y vous), je ne veux pas trop spoiler le film, mais disons que le sujet est celui d'une jeune femme qui se rêve dessinatrice de bande dessinée, qui se fait engager comme attachée de presse dans une maison d'édition indépendante, lorsqu'elle n'est pas serveuse en bar-restaurant, qui cherche à la fois l'amour, le bon garçon et l'épanouissement amical et professionnel. Bref, c'est la vie somme toute assez courante d'une jeune parisienne trentenaire d'aujourd'hui. Car c'est important de le préciser, le film est incroyablement de son temps et parle magnifiquement de son présent, c'est assez rare pour le préciser. Sans être du tout une autobiographie, Nine Antico a mis beaucoup d'elle-même dans ce portrait, et c'est aussi pour cela qu'il sonne si vrai. Le film est pour moi totalement ce qu'on doit appeler un film "indépendant", il correspond en tout point à ce que je me fais de cette idée, par sa mise en scène, son jeu d'acteurs (Sarah Forestier est magnifique, Grégoire Colin extraordinaire en parfait connard (c'est lui qui le dit), et c'est un plaisir de voir apparaitre des têtes connues et aimées, les dessinateurs Killoffer ou Cyril Pedrosa, le chanteur Lescop, et ce cher Jacky Berroyer qu'on n'avait pas vu à l'écran depuis un moment), sa construction, son rapport au réel, et puis par sa musique. En grande mélomane, Nine Antico a selectionné une bande son idéale, dans laquelle on entend aussi bien Daniel Johnston que Marine Girls, Yo La Tengo que... oui... vous ne rêvez pas... mes chouchous absolus de Dame Area, avec le magnifique "Paura" (extrait de leur premier album) qu'on entend à pas moins de 5 reprises dans le film et qui est à chaque fois utilisé à des moments décisifs du film. J'en pouvais plus, je dansais dans la salle ! Car oui, j'ai vu ce film en salle ! ça semble dingue de dire ça, mais quel bonheur d'y retourner, surtout pour un film pareil !

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Le voici ce film multi primé, gagnant aussi bien le Lion d'Or de Venise que raflant tous les Oscar majeurs... C'est pourtant un tout petit film, certes qui dégage une petite ritournelle en mode mineur pas désagréable mais déjà vue mille fois et qui surtout évite complètement de parler de son sujet : la précarité salariale des américains, la desertification des villes une fois que les entreprises périclitent, et la perte de leur logement, obligeant les gens à vivre dans leur voiture. Sans faire un film militant, il y avait là la matière de faire un beau film politique, engagé, à la Norma Rae, mais la jeune cinéaste semble n'être pas concerné par ça et préfère dégager des instants poétiques, des moments de latence, de flottements. Oui ça fait film d'auteur c'est sûr, mais film d'auteur mainstream et maintes fois rebattu... On connait ça par coeur et rien de nouveau n'est proposé ici. L'héroine (Frances McDormand impecable) va travailler chez Amazon, mais tout se passe bien tout le temps, on n'est pas harcelé, on est presque heureux, on s'y fait des copines et on pratique les horaires que l'on veut, tout le contraire de la réalité. Elle change tout le temps d'emploi mais elle en trouve toujours un nouveau en 5mn, jamais la moindre difficulté. Elle vit seule dans sa bagnole et dort dans des terrains vagues, mais elle n'a jamais la moindre emmerde, le moindre harcèlement, tout se passe bien, et au contraire, elle rencontre des amis, des communautés, on s'sert les coudes cousin. Tout ça est bien joli mais me semble totalement éloigné de la réalité, et de la difficulté qu'il y a à vivre dans la précarité aujourd'hui aux USA. La cinéaste née en 1982 semble venir d'une génération totalement déconnecté des réalités fondamentales liées à ces difficultés, comme si les seules galères à affronter étaient celles liées aux caractéristiques de son personnage (femme seule, mari décédée, sans enfant...). Malgré tout ça, il y a quelques beaux moments, la fin du film notamment est assez réussie (le monologue du vieil homme dont le fils s'est suicidé est bouleversant) mais c'est tout sauf un grand film.

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Drôle d'objet, Le Jour de la Comète est un film français amateur des années 2010 qui se rêve un film américain à effets spéciaux professionnel des années 80. C'est simple, les gars essaient de faire du Amblin. On est constamment entre Spielberg, Zemeckis et John Hugues, les références sont plus qu'appuyées (inutile d'essayer de les citer il y en a plusieurs dizaines), mais fabriqués avec peu d'argent, des comédiens amateurs et une image idoine. Message pour les initiés, c'est quasiment du Lord Galéan ++. Le film est divisé en 3 sketches, 3 personnages qui emettent 3 voeux au passage de la comète de Halley en 1986 et qui a chaque fois tournera en catastrophe. Le fait de faire 3 sketches différents montre l'incapacité de ces jeunes metteurs en scène inexpérimentés à tenir un film sur 2 heures, mais en même temps rapproche leur drôle de film de la série Amblin 80's Histoires Extraordinaires. Leurs trois sketches pourraient très bien être 3 épisodes de cette série, avec des effets spéciaux, une mise en scène et des acteurs plus cheap que l'originale. Une belle idée : le film est ponctué entre chaque sketch par un animateur de radio libre de leur petite ville, et le rôle est tenu par Patrick Poivey. C'est un comédien de seconde zone, mais il est ultra célèbre pour être la voix française de Bruce Willis et est évidemment choisi pour ça. Cette voix familière et tendrement 80's nous accompagne pendant tout le film, lui donnant tout le grain et la patine qu'il ne parvient malheureusement pas à obtenir faute de moyens et de talent, mais qui a au moins le mérite de tenter et de s'amuser.
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groil_groil a écrit :
jeu. 29 avr. 2021 09:41
Je n'ai malheureusement vu que la version tronquée par la production (à quand une belle sortie BR de la version intégrale ?)
Qu'est-ce que tu veux dire ? La version intégrale est considérée comme perdue, non ?
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Oui je l'ai lu après avoir écrit cela, je pensais à tort que ce n'était pas le cas.
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groil_groil a écrit :
ven. 30 avr. 2021 09:21
Je pense que c'est pour ça que le film va vite, parce qu'on lui a oté de force 42 minutes, et que n'ont été conservés que les rouages, ce qui fait avancer l'action.
Aaaaaa, voilaaaaa ! Je me disais bien : mais qu'il va vite ce film !!! Ceci explique cela !! Merci
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La Petite Lise - Jean Grémillon - 1930

Incroyable mélodrame, décuplé par le phénoménal sens de la mise en scène de Grémillon.
La scène de bagne d'ouverture, à la durée élastique quasi-documentaire durant laquelle corps et ambiance sonore s'allient avec force, trouve son échos dans la scène de bal final. Entre cet aller-retour implacable nous suivons cet homme, ce gros corps étriqué dans son costume, à qui ni le destin ni la pesanteur ne semble vouloir donner de repos. Tout son jeu, toute son expressivité, passe par ses yeux, ces globes à la mobilité bien supérieur à celle du corps qui les porte. Si il semble à l'étroit en tout plans c'est qu'il n'avait jamais vraiment quitté sa cellule de Cayenne. Du très grand cinéma.


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La fête à Loulou - Edouard Luntz

Quelques temps après le tournage du superbe Les Cœurs Verts un des protagonistes du film, Loulou véritable blouson noir, se retrouve en cabane. 5 ans plus tard, Luntz décide de filmer sa sortie de prison et de documenter ses tentatives de se réinsérer dans la vie extérieure.
Le style est assez particulier car il est évident que de nombreux passages sont mis en scène ou rejoués. Le plus intéressant étant la grande place laissé à la parole des différents protagonistes, de Loulou à ses anciens amis et nouvelles rencontres. On comprend peu à peu l’immense difficulté qu'est la tâche de quitter le monde pénitencier et ce qu'est la double peine : la plus grande tâche est celle qui encombre le regard que la société porte sur un ancien prisonnier.
Dans les derniers plans, Loulou s'adresse directement à l'équipe qui le filme, à l'équipe qui produit le film : c'est bien beau de le montrer mais à quoi cela lui sert, à lui, pour reconstruire sa vie, pour changer la société ou il doit s'insérer à nouveau. Glaçante et immense question, ouverte à tous les films documentaire du monde. Une froide voix-off vient répondre un instant plus tard juste avant le générique : quelques jours après le tournage, Loulou à volé une voiture et est à nouveau en prison...


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Bombardement und Bunker - Hartmut Bitomsky - 1991

Découverte du cinéma de Bitomsky, réalisateur allemand de la même génération que Farocki, mais encore moins connu que lui.
Ici, un film de 50 minutes, et seulement deux plans. Dans le premier, quelques secondes, deux main manipule un petit jouet en plastique dans lequel il faut faire rentrer une petite bille dans un trou. Le deuxième, quasiment 50 minute, est un plan séquence dans une sorte de studio de montage encombré d'objets, de livres, de bandes magnétiques, de téléviseurs, de magnétoscope. La caméra virevolte doucement à travers l'espace, s'arrêtant parfois sur des téléviseurs passant des extraits de film, sur des mains manipulants des photogrammes de ces mêmes films, ou sur les trois hommes déambulant dans la pièce ou manipulant ces images. Ces hommes ce sont trois figures du cinéma allemand (Petzold, Tanner et Bitomsky) lui même. Ils nous parlent d'espace et de temps cinématographique, de fiction et de montage. Le résultat est surprenant, ni totalement convaincant, ni totalement ennuyant. Curieuse expériementation de l'outil vidéo et de ses spécificités pour parler de l'histoire du cinéma.

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Dust - Hartmut Bitomsky - 2011

Documentaire d'une heure et demie sur le sujet le plus trivial, mais aussi le plus surprenant, qui soit : la poussière. De la poussière d'étoile à la poussière d'usine, du business de nettoyage au business de la restauration d’œuvre.... et surtout son analyse par le monde scientifique et médical. Omniprésente mais invisible elle semble avoir inventé la mondialisation avant l'heure, tandis que les labos de hautes technologies, cherche désormais à s'en débarrasser à tout prix pour atteindre sa quête de perfection absolue.


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Dainah la métisse - Jean Grémillon - 1931

Moyen métrage qui aurait du être un long, amputé pour une raison que j'ignore. Ici le huit-clos est un bateau de croisière, dans lequel s’entremêlent une fois encore corps et sons (de la musique du bal à la musique de la cale) et où les disparitions sont aussi magiques que tragiques. Une splendeur quasi-onirique porté une fois encore par la mise en scène parfaite de Grémillon.
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groil_groil
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C'est évidemment un plus petit film, avec moins d'ambition, après ses deux premiers chefs-d'oeuvre (plus le 3ème, Voyage au Pays de la Peur qu'on lui a interdit de signer) mais c'est tout de même un excellent film, dans lequel Welles se donne avec courage et ironie le rôle du salopard, et quel salopard puisqu'il s'agit d'un nazi planqué aux USA. Vivement une édition restaurée car la copie pique les yeux.

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Bon je suis obligé de vous pitcher un minimum : des jeunes vont en balade, une bimbo veut manger un ver type solitaire qu'on trouve dans le corps d'une truite, pour ensuite avoir le ver solitaire et maigrir et être encore plus bonnasse. Le truc est avarié, elle file dans des chiottes à l'ancienne, et lâche des pets monstrueux pendant 10mn, le cul collé contre la fosse à merde. Ces pets réveillent des zombies-merde qui sorte du flot de caca sous les chiottes, et se mettent à dévorer la bande de jeunes. Mais pas n'importe comment : des gros vers solitaires avec des dents pointues sortent de leur anus, rentrent dans la bouche des gens, et resortent pas leurs anus, etc. etc. jusqu'au combat final de vers d'anus (ils sont ainsi nommés). ça pourrait être drôle, mais c'est juste consternant, fait sans talent mais sans non plus l'amour de la bricole qu'on retrouve dans le vrai cinéma bis, là le numérique prend vite le dessus et ça crée une bouillie informe et sans intérêt aucun si ce n'est le désir de provoquer.

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Même réalisateur et tout aussi consternant : cette fois un poulpe contaminé vient toucher des sushis qui prennent vie et se voient munies d'une dentition (sous le tranche de poisson), puis se mettent à voler et agressent les gens pour les tuer. Le seul sushi gentil est le sushi-omelette. Consternant.

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Un film de zombies qui surffe sur les succès du Romero, puis du Fulci qui pompait déjà le Romero, en pompant les deux de manière évidente. Mattei va plus loin puisque sans vergogne il réutilise les musiques de Zombie et de Blue Holocaust de Joe d'Amato, tranquilou. Le film censé se dérouler en Nouvelle-Guinée use plus que de raisons de stock shots pris dans de nombreux documentaires, ainsi que d'image de la Vallée de Barbet Shroeder, en faisant croire que ces images sont le contre-champ de nos héros qui n'ont pas du quitter la campagne italienne. Les Zombies sont juste peint en vert ou en bleu, ça dépend, et les efflus d'hémoglobine et de barbec sont des bouts de viande sortant de chez le boucher 5 minutes avant. Donc il y a tout pour être toc, mais malgré ça j'aime le film. Parce que malgré toutes ces absurdités et ce ridicule qui menace de poindre à chaque plan, je sens ici un amour pour ce qui est fait, un amour de la bricole, de la récupe, de la demerde, où en fait tout est bon pour arriver à boucler son film, et cette sincérité là, qui pourrait s'opposer au fait de piquer des plans, des insipirations, de la musique, me semble présente et semble conduire le projet. J'aime aussi comment ce film sent les années 80 et montre un cinéma qui n'existe plus et ne pourra plus exister. Enfin, je n'en m'en souvenais plus, mais j'ai très certainement vu le film quand j'étais adolescent, et ce film me parle aussi de cette époque révolue et ça m'émeut beaucoup de repenser à ce vidéo-club de campagne où on louait tous ces films-bis qu'on ne pouvait alors voir que par ce moyen, que le rayon était interdit au moins de 18 ans mais qu'on nous laissait quand même prendre tous ces films d'horreur italiens fauchés mais tellement sincères qui ont forcément joué dans nos constructions cinéphiliques. Revoir ça aujourd'hui me fait rééprouver des sentiments d'alors, et ceux-ci sont aussi forts qu'avant.

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Bonheur total d'être de nouveau confronté à cet énorme chef-d'oeuvre, presque trop beau pour un premier film, on sait les conséquences que ça aura. Le film est toujours magnifique, et pertinent, et d'une ampleur phénoménale. C'est convoqué tout un monde, pour in fine n'évoquer un tout petit souvenir d'enfance ancré au fin fond de sa mémoire et de son coeur, qu'est-ce que c'est beau comme idée. C'est amusant, car j'avais le souvenir que Welles insistait un peu plus sur la luge, et qu'on avait quelques indices pour deviner le pot-aux-roses, alors qu'en fait pas du tout, et la révélation finale est belle et bien une surprise totale qui pousse à revoir l'intégralité du film avec des yeux nouveaux, enfin ouverts. Et sinon là aussi, y a toujours pas de bluray en France ou je me trompe ? si non, c'est une urgence absolue.
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Bon western spaghetti et même si ce n'est pas le meilleur film de Fulci, il prouve que le cinéaste était à l'aise sur plusieurs genres.
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Pale
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groil_groil a écrit :
lun. 3 mai 2021 11:33
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Bon je suis obligé de vous pitcher un minimum : des jeunes vont en balade, une bimbo veut manger un ver type solitaire qu'on trouve dans le corps d'une truite, pour ensuite avoir le ver solitaire et maigrir et être encore plus bonnasse. Le truc est avarié, elle file dans des chiottes à l'ancienne, et lâche des pets monstrueux pendant 10mn, le cul collé contre la fosse à merde. Ces pets réveillent des zombies-merde qui sorte du flot de caca sous les chiottes, et se mettent à dévorer la bande de jeunes. Mais pas n'importe comment : des gros vers solitaires avec des dents pointues sortent de leur anus, rentrent dans la bouche des gens, et resortent pas leurs anus, etc. etc. jusqu'au combat final de vers d'anus (ils sont ainsi nommés). ça pourrait être drôle, mais c'est juste consternant, fait sans talent mais sans non plus l'amour de la bricole qu'on retrouve dans le vrai cinéma bis, là le numérique prend vite le dessus et ça crée une bouillie informe et sans intérêt aucun si ce n'est le désir de provoquer.
C'est peut être très mauvais mais en tout cas j'ai bien ri à la lecture de ton résumé :D
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Pale a écrit :
lun. 3 mai 2021 15:42
groil_groil a écrit :
lun. 3 mai 2021 11:33
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Bon je suis obligé de vous pitcher un minimum : des jeunes vont en balade, une bimbo veut manger un ver type solitaire qu'on trouve dans le corps d'une truite, pour ensuite avoir le ver solitaire et maigrir et être encore plus bonnasse. Le truc est avarié, elle file dans des chiottes à l'ancienne, et lâche des pets monstrueux pendant 10mn, le cul collé contre la fosse à merde. Ces pets réveillent des zombies-merde qui sorte du flot de caca sous les chiottes, et se mettent à dévorer la bande de jeunes. Mais pas n'importe comment : des gros vers solitaires avec des dents pointues sortent de leur anus, rentrent dans la bouche des gens, et resortent pas leurs anus, etc. etc. jusqu'au combat final de vers d'anus (ils sont ainsi nommés). ça pourrait être drôle, mais c'est juste consternant, fait sans talent mais sans non plus l'amour de la bricole qu'on retrouve dans le vrai cinéma bis, là le numérique prend vite le dessus et ça crée une bouillie informe et sans intérêt aucun si ce n'est le désir de provoquer.
C'est peut être très mauvais mais en tout cas j'ai bien ri à la lecture de ton résumé :D
tant mieux c'est déjà ça :D
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Putain, je ne l'avais jamais vu, et c'est une merveille totale. Grosse claquouze. Un homme apprend d'un homme mourant qu'il peut faire chanter le riche magnat Mr. Arkadin en lui disant quelque chose concernant son passé, qu'il lui glisse à l'oreille et que bien sûr, toi spectateur, tu n'entends pas. Notre héros va donc approcher cet homme richissime par le biais de sa fille et s'introduire dans son mode de vie plein de faste et de luxe avec la menace de révéler ce secret qui fait trembler la statut du commandeur (Welles est impérial dans le rôle d'Arkadin, c'est une vraie montagne). Evidemment on n'apprend ce secret qu'à la toute fin du film, et il est aussi sublime que dérisoire, c'est le Rosebud du film, c'est à la fois rien du tout, et en même temps c'est ce qui a conditionné toute la vie de cet homme. Je ne parle pas de Rosebud par hasard, car M. Arkadin est presqu'un remake de Citizen Kane, Arkadin et Kane sont exactement les mêmes personnages, ils vivent dans la même demeure, filmée de la même manière, c'est fascinant. La mise en scène de Welles touche au sublime, ces décadrages permanents, son noir et blanc contrasté qui évoque l'expressionnisme allemand à chaque plan, le film se balade dans toute l'Europe nous donnant une sensation de voyage comme rarement ressentie, et encore une fois il y a le fatum qui pèse sur chaque plan et qui transforme cette quête en une tragédie de l'intime mais qui en même temps est susceptible de bouleverser l'équilibre du monde. C'est une vraie merveille, j'ai déjà envie de le revoir.
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groil_groil
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Revu avec beaucoup de plaisir cet énorme classique de Welles, qui est considéré par beaucoup comme son meilleur film, notamment pour son premier plan séquence absolument époustouflant, dont s'est beaucoup inspiré De Palma dans de nombreux films (notamment dans Phantom of the Paradise où De Palma le parodie en split-screen), plan sans doute le plus étudié dans toutes les écoles et facs de cinéma du monde entier, toujours aussi beau à revoir aujourd'hui. Ce n'est pas mon Welles préféré, mais c'est un super film, ce qu'il y a de plus étonnant, outre son noir et blanc très contrasté et ses cadrages décadrés (les deux étant un peu la marque de fabrique du cinéaste), c'est son rythme. Le film se passe à la frontière américano-mexicaine et il se déroule au rythme de la musique sud-américaine, c'est d'une grande liberté et d'une grande audace, tout est toujours en mouvement, les personnages, les plans, les dialogues donnent l'impression de danser en permanence. Très beau film, même si le scénario et sa manière de le traiter sont volontairement axés série B, limit Pulp. En tout cas très heureux de revoir tout Welles en ce moment, je n'ai jamais autant aimé ses films.

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L'unique film de cinéma réalisé par Stephen King et que, bizarrement, je n'avais pas encore vu. Bon c'est conforme avec l'idée que j'en avais, c'est assez mauvais. ça raconte qu'au passage d'une comète, les appareils électriques se mettent à agir tous seuls, et idem pour les véhicules, et notamment les camions qui se mettent à rouler tout seuls, à devenir méchants et à vouloir tuer les méchants humains, qui se réfugient dans une station service pour tenter de survivre. C'est dingue de la part d'un romancier d'exception, à l'imaginaire si développé, de réaliser un film au scénario si pauvre, sans ambition aucune; ça me dépasse. En France sur le même sujet et quelques années plus tôt on avait eu Le Démon dans l'Ile, qui était nettement mieux. Ici, c'est une relecture de Christine démultipliée, mais sans rien à raconter autour d'un concept déjà exploité. Il y a aussi une anticipation du petit groupe de The Mist, coincé dans un supermarché avec la menace extérieure, là c'est une station service, c'est sans doute ce qu'il y a de plus réussi, mais c'est bien peu... Le fan de King arrive à voir le film jusqu'au bout, plein d'indulgence, mais ça ne présente aucun intérêt.
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groil_groil
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1er court-métrage de Welles, qu'il réalise en 1934, il a alors 19 ans. C'est un film expérimental qui raconte une sorte de conte macabre d'Halloween. Quand je dis raconte c'est un bien grand mot dans le sens où il n'y a pas de récit, mais un assemblage d'images répétitives, scandées jusqu'à l'aliénation. C'est superbe, grand sens du montage, du cadrage (hallucinant) et de la texture de l'image, jouant parfaitement avec les masses de noir, les filtres, etc. Un petit bonheur visuel.

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Même s'il est signé Norman Foster, il s'agit bien du 3ème long-métrage de Welles, après deux oeuvres pharaoniques et un troisième inachevé (It's All True, dont je verrai aussi les fragments disponibles lors de ma rétrospective). Je connaissais déjà ce film, excellent plus modeste que les deux premiers, mais un excellent film d'espionnage en pleine seconde guerre mondiale, se déroulant à Istanbul, puis en mer. Ecrit et interprété par Joseph Cotten, membre éminent du Mercury Theatre et déjà acteur de la Splendeur des Amberson, le film ne laisse aucun doute quand à la parenté de Welles à la mise en scène (et en acteur il se donne une fois de plus le rôle du monstre et il y est génial), même si mise en scène est moins ostentatoire que sur ses deux premières oeuvres.
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Kit
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groil_groil a écrit :
jeu. 6 mai 2021 09:43
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1er court-métrage de Welles, qu'il réalise en 1934, il a alors 19 ans. C'est un film expérimental qui raconte une sorte de conte macabre d'Halloween. Quand je dis raconte c'est un bien grand mot dans le sens où il n'y a pas de récit, mais un assemblage d'images répétitives, scandées jusqu'à l'aliénation. C'est superbe, grand sens du montage, du cadrage (hallucinant) et de la texture de l'image, jouant parfaitement avec les masses de noir, les filtres, etc. Un petit bonheur visuel.

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Même s'il est signé Norman Foster, il s'agit bien du 3ème long-métrage de Welles, après deux oeuvres pharaoniques et un troisième inachevé (It's All True, dont je verrai aussi les fragments disponibles lors de ma rétrospective). Je connaissais déjà ce film, excellent plus modeste que les deux premiers, mais un excellent film d'espionnage en pleine seconde guerre mondiale, se déroulant à Istanbul, puis en mer. Ecrit et interprété par Joseph Cotten, membre éminent du Mercury Theatre et déjà acteur de la Splendeur des Amberson, le film ne laisse aucun doute quand à la parenté de Welles à la mise en scène (et en acteur il se donne une fois de plus le rôle du monstre et il y est génial), même si mise en scène est moins ostentatoire que sur ses deux premières oeuvres.
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Kit a écrit :
jeu. 6 mai 2021 09:52
groil_groil a écrit :
jeu. 6 mai 2021 09:43
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1er court-métrage de Welles, qu'il réalise en 1934, il a alors 19 ans. C'est un film expérimental qui raconte une sorte de conte macabre d'Halloween. Quand je dis raconte c'est un bien grand mot dans le sens où il n'y a pas de récit, mais un assemblage d'images répétitives, scandées jusqu'à l'aliénation. C'est superbe, grand sens du montage, du cadrage (hallucinant) et de la texture de l'image, jouant parfaitement avec les masses de noir, les filtres, etc. Un petit bonheur visuel.

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Même s'il est signé Norman Foster, il s'agit bien du 3ème long-métrage de Welles, après deux oeuvres pharaoniques et un troisième inachevé (It's All True, dont je verrai aussi les fragments disponibles lors de ma rétrospective). Je connaissais déjà ce film, excellent plus modeste que les deux premiers, mais un excellent film d'espionnage en pleine seconde guerre mondiale, se déroulant à Istanbul, puis en mer. Ecrit et interprété par Joseph Cotten, membre éminent du Mercury Theatre et déjà acteur de la Splendeur des Amberson, le film ne laisse aucun doute quand à la parenté de Welles à la mise en scène (et en acteur il se donne une fois de plus le rôle du monstre et il y est génial), même si mise en scène est moins ostentatoire que sur ses deux premières oeuvres.
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ah oui, c'est amusant ! merci
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happy 60th birthday
à
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je ne sais pas pourquoi les gifs anniversaire que j'utilise habituellement ne fonctionne plus :??:
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groil_groil
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En fait je me rends compte que plus que Welles c'est Shakespeare qui me fait chier. Je trouve ça insupportable. Mais le Macbeth de Welles n'est pas si mal, il simplifie admirablement le scénario pour en proposer une version assez limpide, et l'image est belle, il y a des moments très beaux, habités, comme les scènes avec les harpies. Je crois que c'est la première fois que je m'intéresse un minimum l'histoire de Macbeth d'ailleurs, même si je me suis globalement fait chier et que c'est loin d'être le versant de l'oeuvre de Welles qui me passionne.

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Un documentaire plein de joie qui suit deux jeunes surfeurs californiens à la recherche de la vague parfaite. On les suit autour du monde en passant par l'Afrique, l'Australie, la Nouvelle Zélande, puis Hawaï. On n'y parle que de surf, on ne voit que ça, on pourrait croire que c'est réservé à un public d'initiés, mais pas du tout. Le film est réjouissant et raconte très bien en creux une époque révolue - les 60's flamboyantes - et décrite comme idéale.

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Cavani adapte Malaparte, lui-même personnage principal du film, joué par Mastroianni, et dont plusieurs séquences se déroulent dans sa magnifique villa de Capri, villa immortalisée par Le Mépris de Godard. Le reste du film se déroule à Naples puis finit à Rome, durant l'arrivée des Américains pour libérer le pays des griffes de l'Allemagne. C'est le moment où les italiens revendent aux Amércains leurs prisonniers de guerre, et peinent à se mettre d'accord sur le prix. Le film est vraiment très intéressant, parfois raté, mais il est bien même quand il est raté. Il est très beau, l'image est absolument magnifique, dans un 4/3 étonnant pour l'époque. Mais surtout le film est incroyablement dur, cruel, avec certains images difficilement soutenables. C'est un drôle de film, qui m'a parfois rappelé Fassbinder ou bien encore le Zurlin du Désert des Tartares et qui est sans doute à ce jour ce que j'ai vu de plus intéressant de Cavani.

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Je sais que ce Welles est très apprécié par certains, pour son côté expérimental, son jeu sur la question du "faux", le rapport original / copie, etc., et je m'attendais à adorer... Grosse douche froide, j'ai trouvé ça nul, inintéressant, monté de manière épiléptique sans aucun sens, et incroyablement chiant. Un calvaire.

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Plutôt marrant et divertissant pour un film de ce genre. Malheureusement au bout d'un moment, ça rentre dans le rang et on se tape des bagarres dont on a rien à cirer.
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