Le Centre de Visionnage : Films et débats

Discutez de vos récentes expériences cinématographiques et complétez vos Tops annuels !
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

groil_groil a écrit :
ven. 16 juil. 2021 11:46
sokol a écrit :
lun. 12 juil. 2021 10:58
asketoner a écrit :
dim. 11 juil. 2021 23:54
De Carax ;)
Ah ! Cela tu l'as cherché :D car : à la toute fin, durant le générique, tu as bien vu Carax lui-même avec ça fille, n'est ce pas ? C'était comme si pour nous dire : oui, je lui ai donné la possibilité de ne pas me pardonner mais, ça, c'est pour le cinéma (seulement durant le film). Regardez bien : une fois il est terminé (le générique de la fin), c'est autre chose (on est bras dessus bras dessous). D'ailleurs, c'est ce générique qui m'a fait définitivement basculé. En ce qui me concerne, il n'avait pas lieu d’être (le film devait se terminer sur cette scène Henry/fille, écran noir et point barre).
il se passe quoi durant le générique ? un bêtisier genre ? je suis parti tout de suite à la fin du film, sans voir le générique
Non en fait t'as les acteurs du films, Carax, sa fille et les techniciens qui marchent en pleine nuit avec des lanternes et s'adressent directement aux spectateurs (en mode faites attention à vous, méfiez-vous des inconnus, si vous avez aimé le film parlez-en à vos amis, si vous n'en avez pas parlez-en à... un inconnu. :D ). Etc.

En gros c'est un peu comme la scène d'ouverture qui invite le spectateur à rentrer dans l'univers du film.

Le fait est que le générique montre justement Carax avec sa fille et avec laquelle il semble bien s'entendre alors que le film, qui est apparemment personnel, montre justement la rupture d'une fille avec son père.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

On le sait Verhoeven est un provocateur, et c'est pour ça qu'on l'aime. Mais franchement, qui croit-il provoquer avec un film pareil, tellement prévisible et déjà vu dans ses élans de provocation ? Des nonnes lesbiennes, qui se touchent, qui se lèchent, qui s'enfilent des godemichés en bois taillé dans la petite statue de la Vierge Marie qu'avait offert maman avant de la confier au couvent, tout ça est tellement convenu, attendu, qu'on y voit plus les travers d'un vieil érotomane en mal d'idées nouvelles. Ce film brasse tout l'imaginaire des films érotiques tendance nunsploitation des 70's ainsi que celui de pas mal de giallos ou de films d'horreur 70's et 80's (type Le Puits et le Pendule de Stuart Gordon). Mais déjà Benedetta a 50 ans de retard, et montrer un film pareil aujourd'hui fait plus office de vieux pervers qu'autre chose, et surtout, c'est du cinéma qu'on aime quand c'est de la série Z, quand c'est fauché, mal branlé, bancal et que ça sent l'artisanat et la rigolade. Verhoeven se prend grave au sérieux (son final sorte de croisement raté entre celui du Nom de la Rose et Game of Thrones) et veut tirer sa série Z vieillotte vers une série A internationale avec son casting de stars et sa photo soignée... et ça ne fonctionne pas du tout. Un film d'un autre temps...

Image

Ce qu'il y a de plus beau dans Annette c'est le début. La scène dans le studio d'enregistrement avec Carax et sa fille (c'est un peu plus fin que dans Holy Motors) , et puis le long plan séquence sur la chanson "So May We Start" de et avec les Sparks, c'est absolument sublime, et c'est sans doute ce que Carax a filmé de plus beau depuis le plan séquence Modern Love dans Mauvais Sang. Le film est très émouvant dans ce qu'il dit de la relation du cinéaste à sa fille (la mère de l'enfant, l'actrice Katerina Golubeva s'est suicidée la veille du tournage de Holy Motors, que le cinéaste n'a ni annulé ni reporté). C'est l'histoire d'une enfant laissée orphéline de mère et qui ne pardonne pas à son père, c'est éloquant. Et puis, la transformation physique d'Adam Driver fait qu'à la fin du film il ressemble clairement à Carax. C'est très émouvant de voir ça. De plus, le film est magnifique visuellement, plein d'idées, de trouvailles saisissantes, dont la plus belle est sans aucun doute d'avoir donné à l'enfant non pas un vrai corps d'enfant mais celui d'une poupée, une petite marionnette articulée, sorte de croisement entre Chucky et Pinocchio, tirant immédiatement le récit vers celui du conte. Malgré toutes ces belles choses, il y en a d'autres qui me gènent. Déjà le film est beaucoup trop long, tout est repété dix fois, jusqu'à l'épuisement, et même si c'est volontaire, on voit bien le sens, ça devient maladroit à force. Habituellement ce qui me dérange chez Carax c'est qu'il souligne toutes ses intentions au marqueur, c'est ultra symbolique, et il insiste encore dessus. Annette est moins sujet à ça, car c'est un conte, mais pour être sûr qu'il fait bien passer ses idées, Carax les fait durer trop longtemps. L'autre souci du film, à mon avis, c'est que comme c'est un conte, tout est prévisible. Disons qu'à chaque scène, on est capable d'anticiper la suivante. Alors Carax parvient toujours à nous étonner plastiquement, car la plastique du film est superbe, mais ça m'a vite fatigué de tout anticiper, d'être face à une construction scénaristique si prévisible dans un film qui se veut si innovant... Heureusement la fin, en prison, avec la fille-pantin qui prend enfin corps pour devenir la vraie fille du cinéaste, celle du premier plan, face à son père, Driver grimé en Carax est si émouvante que je suis sorti du film avec un sentiment positif. Parlons aussi brièvement de l'aspect comédie musicale, car c'en est une, le film aurait dû être au niveau de la première scène, sublime, je me répète, et il ne l'est pas, et c'est dommage. C'est la mode de faire des comédies musicales brinquebalantes, avec des acteurs qui ne savent ni très bien chanter ni très bien danser, passons, mais c'est fatiguant sur 2h20 et c'est d'autant plus dommage quand le personnage est une chanteuse d'opéra, qu'elle chante sublimement pendant les scènes d'opéra (puisqu'elle est doublée) et beaucoup moins bien le reste du temps. Quoiqu'il en soit je vois ce film comme un rebond pour Carax, car Holy Motors, même si j'aime beaucoup de choses dedans, avait tout d'une impasse et il vient de prouver qu'il a su en sortir.

Image

Un Richard Quine totalement secondaire, un western en forme de comédie, avec quelques relans misogynes.
I like your hair.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Kahled a écrit :
ven. 16 juil. 2021 12:18
groil_groil a écrit :
ven. 16 juil. 2021 11:46
sokol a écrit :
lun. 12 juil. 2021 10:58


Ah ! Cela tu l'as cherché :D car : à la toute fin, durant le générique, tu as bien vu Carax lui-même avec ça fille, n'est ce pas ? C'était comme si pour nous dire : oui, je lui ai donné la possibilité de ne pas me pardonner mais, ça, c'est pour le cinéma (seulement durant le film). Regardez bien : une fois il est terminé (le générique de la fin), c'est autre chose (on est bras dessus bras dessous). D'ailleurs, c'est ce générique qui m'a fait définitivement basculé. En ce qui me concerne, il n'avait pas lieu d’être (le film devait se terminer sur cette scène Henry/fille, écran noir et point barre).
il se passe quoi durant le générique ? un bêtisier genre ? je suis parti tout de suite à la fin du film, sans voir le générique
Non en fait t'as les acteurs du films, Carax, sa fille et les techniciens qui marchent en pleine nuit avec des lanternes et s'adressent directement aux spectateurs (en mode faites attention à vous, méfiez-vous des inconnus, si vous avez aimé le film parlez-en à vos amis, si vous n'en avez pas parlez-en à... un inconnu. :D ). Etc.

En gros c'est un peu comme la scène d'ouverture qui invite le spectateur à rentrer dans l'univers du film.

Le fait est que le générique montre justement Carax avec sa fille et avec laquelle il semble bien s'entendre alors que le film, qui est apparemment personnel, montre justement la rupture d'une fille avec son père.
ok merci,
je reste habituellement aux génériques mais hier soir il fallait à tout prix que je file, et je le reverrai donc au moins pour ça.
Comme j'adore le début, il est possible que j'adore la fin, même si en effet elle dit le contraire du film.
I like your hair.
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

Après la fin du film est quand même beaucoup moins chorégraphiée et musicale que la première scène.
Avatar du membre
Tyra
Messages : 1362
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 16:59

Image
Gomes rassemble une troupe d'acteurs et de techniciens dans une vielle propriété du nord de Lisbonne, pour tourner, coûte que coûte, en impro, pour le geste (encore le geste !). C'est un journal de confinement, raconté à l'envers jours avant jours (Août > Tûoa), mais qui arrive à aller plus loin que ce qu'on peut craindre d'un tel projet (tourner en rond, narcissisme).
C'est un beau film, et pourtant la frontière entre le réussi et l'anecdotique est mince. Il s'agit d'un film qui parle de l'impuissance, liée à la situation sanitaire lors du tournage. Une impuissance créatrice, une impuissance à créer de la fiction, et qui met en scène doublement cette impuissance, par l'arrivée de scènes métas au milieu du film, où réalisateurs et techniciens tâtonnants entrent en jeu et deviennent aussi acteurs que les comédiens. S'en suit une mini révolte des comédiens contre cette absence de narration et de personnages de fiction, fatigués de construire devant la caméra une serre à papillon qui les enferme, mais qui les libère par la grâce du montage inversé.
Le film me reste pas mal en tête et vieillit bien.
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

Journal de Tuoa, Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes

L'idée d'un film à la narration inversée pour désamorcer toute sorte d'enjeu dramatique du type "y arriveront-ils ?" est séduisante, mais les cinéastes n'en font pas grand chose à mon sens, se complaisant dans une forme méta qui n'apporte rien d'autre qu'un manque d'entrain et de vitalité. L'image est belle, certaines scènes sont excellentes (celle du petit déjeuner est très réussie), mais on reste toujours à la lisière de quelque chose de plus beau, de plus brûlant dans lequel les cinéastes ne plongent pas. Miguel Gomes est-il un cinéaste un peu creux, ou bien simplement déprimé et confortablement assis sur ses récents succès - j'hésite.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Deux frères, d'origine algérienne. Paul est agrégé de lettres, a fait sa thèse sur Moby Dick, mais ne trouve pas de boulot, à cause de son nom, Smaïl, et de son tréma qui le ramène à des origines dont ses potentiels employeurs ne veulent pas entrendre parler. Du coup, alors qu'il est promis à une belle carrière en entreprise, il devient, en attendant, livreur de pizzas, dans la pizzeria où livre aussi son frère Daniel. Daniel ne fait pas que livrer des pizzas, il boxe, il danse nu à Pigalle dans des sex-shops et il fait du culturisme, se dopant aux stéroïdes et aux anabolisants pour sculpter son corps tout en le détruisant de l'intérieur. Paul rencontre une jeune femme, qui prépare son agreg sur l'amour courtois, et qui en même temps est supportrice du FC Lens. Il devient veilleur de nuit dans un hôtel modeste. Le père des garçons meurt, laissant leur mère pleine de tristesse. Daniel fait de fréquents séjours en hopital à cause de tout ce qu'il se met dans le corps. Et puis un jour il fera le séjour de trop. Le film ne raconte pas grand chose d'autre que ça, mais c'est déjà beaucoup, il suit la vie de ces trois jeunes gens avec beaucoup de mélancolie, dans un style qui rappelle parfois celui des premiers Tavernier (et pas qu'à cause de la musique de Louis Sclavis), mais en plus libre, est plein de non-dits, de touches impressionnistes. Il montre Paris et l'époque (le début des années 2000) avec un réalisme empreint d'une légère tristesse qui est assez belle, très touchante. Sinapi a très peu tourné, 3 films au compteur. Plus personne n'évoque le nom de ce cinéaste alors que ce film mériterait qu'on en parle. Ses films n'existent pas en dvd, ne sont pas disponibles. J'ai trouvé celui-ci sur La Loupe. Carlotta va-t-il éditer un coffret des films de Sinapi ?
I like your hair.
Avatar du membre
Mr-Orange
Messages : 599
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 20:33

Un pronostic cannois sinon ?
(J'ai rien vu, je compte faire quelques rattrapages dès la semaine prochaine).

Palme d'or : Annette (Carax)
Grand Prix : Drive My Car (Hamaguchi)
Prix du jury : Memoria (Weerasethakul)
Prix de la mise en scène : Titane (Ducournau)
Prix de l'interprétation masculine : André Dussollier (Tout s'est bien passé)
Prix de l'interprétation féminine : Renate Reinsve (Julie en douze chapitres)
Prix du Scénario : The French Dispatch (Anderson)
Avatar du membre
Mr-Orange
Messages : 599
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 20:33

Ah merde, je viens de voir que Farhadi est en lice et semble être le favori pour la Palme (je viens d'apprendre l'existence de son film). :D

Bon bah le pronostic ci-dessus risque d'être complétement faux + on va se retrouver avec une Palme non-événement. :D
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

J'avoue que je suis le Festival de super super loin...

En fait à part Carax, Verhoeven, Anderson et Julia Ducournau, je savais pas trop qui était en lice. :saint:

Du coup tu m'apprends quelque chose pour Farhadi (moi je l'aime bien même si son précédent est clairement un téléfilm de luxe). :D

Et surtout, je découvre qu'Hamaguchi va nous sortir un nouveau film ! :love:
Avatar du membre
yhi
Messages : 367
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

Kahled a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:20
Et surtout, je découvre qu'Hamaguchi va nous sortir un nouveau film ! :love:
T'auras pas à attendre beaucoup en plus, il sort bientôt !
Avatar du membre
yhi
Messages : 367
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

Mr-Orange a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:06
Un pronostic cannois sinon ?
Pareil, suivi de très loin donc pas trop d'idée.


Palme d'or : Drive my car
Grand Prix : Un héros
Prix du jury : Memoria
Prix de la mise en scène : Annette
Prix de l'interprétation masculine : Damien Bonnard (Les intranquilles)
Prix de l'interprétation féminine : Agathe Rousselle (Titane)
Prix du Scénario : Julie en 12 chapitres

Camera d'or (au pifomètre) : Robuste
Avatar du membre
Skipper Mike
Messages : 401
Enregistré le : mar. 13 oct. 2020 00:07

J'y suis justement, j'ai quasiment tout vu de la compétition (mais pas les 3 qui sont sortis récemment en salles). J'ai quand même plutôt l'impression que Drive my car est plus favori que le Fahradi par contre, même si celui-ci semble apprécié (perso j'ai préféré le Fahradi :saint: Mais le Hamaguchi est clairement pas le genre de films à voir dans la précipitation entre deux autres séances donc possible que j'y sois plus sensible quand je le reverrai. Il y a de très belles choses dedans en tout cas, c'est plus proche de Senses que d'Asako).

Le Fahradi briguerait plutôt le scénario ou l'interprétation masculine à mon avis.

Pour le reste le film d'Audiard revient beaucoup dans les conversations sur place, mais pas sûr que le jury y soit aussi sensible.

Et pour la meilleure actrice je ne vois que Léa Seydoux dans France, qui est vraiment au-dessus de tout le monde. Mais la jeune actrice de Lingui a ses chances à mon avis.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

Mr-Orange a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:06
Un pronostic cannois sinon ?
(J'ai rien vu, je compte faire quelques rattrapages dès la semaine prochaine).

Palme d'or : Annette (Carax)
Tu peux bien avoir raison car c'est un "Dancer in the dark" (pour les yeux de pas mal de membres de jury, bien sûr).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

Mr-Orange a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:08
Ah merde, je viens de voir que Farhadi est en lice et semble être le favori pour la Palme (je viens d'apprendre l'existence de son film). :D
Merde, il est en compétition. Farhadi est un des 5 cinéastes actuelles que je détestes le plus.

Et il se peut que tu as encore plus raison avec ce pronostic car, regarde ce que écrit Paris Match (qui a quasiment toujours "raison" pour ce genre de situations comme les prix à Cannes) :
«Un Héros» d’Asghar Farhadi coche toutes les cases pour la Palme d’or. Voilà un film social sans misère raconté comme un thriller sans meurtre ni coup de feu, brillamment écrit, mis en scène et interprété - Asghar Farhadi est un immense directeur d’acteur et Amir Jadidi peut envisager un prix d'interprétation.
...
Le réalisateur d’«Une Séparation» est passé maître dans la mécanique du récit à tiroir et il en abuse un peu ici, même si l’aspect kafkaïen de l’intrigue le pousse toujours à plus d’absurdité. Mais c’est d’une telle efficacité narrative que l’on ne peut que s’incliner devant la puissance de la démonstration
.
Tout y est : cases, efficacité, démonstration :lol:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
B-Lyndon
Messages : 615
Enregistré le : sam. 10 oct. 2020 09:31

Un film social sans misère..... Et c'est dit de façon laudative !!

Sans rire il faudrait foutre en taule les mecs qui écrivent ça
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
Avatar du membre
Tamponn Destartinn
Messages : 1123
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 21:11

Mr-Orange a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:06
Un pronostic cannois sinon ?
(J'ai rien vu, je compte faire quelques rattrapages dès la semaine prochaine).

Palme d'or : Annette (Carax)
Grand Prix : Drive My Car (Hamaguchi)
Prix du jury : Memoria (Weerasethakul)
Prix de la mise en scène : Titane (Ducournau)
Prix de l'interprétation masculine : André Dussollier (Tout s'est bien passé)
Prix de l'interprétation féminine : Renate Reinsve (Julie en douze chapitres)
Prix du Scénario : The French Dispatch (Anderson)



Ton prono au pif semble pas si éloigné du résultat, si on en croit les "rappelés".

A priori, auront un prix :
Carax, Hamaguchi, Weerasethakul, Ducournau et Lapid.
Les prix d'interprétation sont quasi sûr pour l'actrice de Julie en douze chapitres et l'acteur de Nitram (les deux seuls rappelés spécifiquement. encore une fois : "a priori" :D )
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

Casa de Lava, Pedro Costa (1994)

Un film antisocial avec de la misère.

En fait, En avant jeunesse trouve son origine dans ce film, qu'il s'agisse du titre, de la lettre de Desnos à sa femme, ou de l'homme qui tombe d'un échafaudage.
Avatar du membre
B-Lyndon
Messages : 615
Enregistré le : sam. 10 oct. 2020 09:31

asketoner a écrit :
sam. 17 juil. 2021 18:48
Image

Casa de Lava, Pedro Costa (1994)

Un film antisocial avec de la misère.

En fait, En avant jeunesse trouve son origine dans ce film, qu'il s'agisse du titre, de la lettre de Desnos à sa femme, ou de l'homme qui tombe d'un échafaudage.
:lol:

Merci asky, on s'énerve, on a la haine ; et on se souvient que Costa existe :love2:
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
Avatar du membre
Tamponn Destartinn
Messages : 1123
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 21:11

Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 17 juil. 2021 18:35
Mr-Orange a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:06
Un pronostic cannois sinon ?
(J'ai rien vu, je compte faire quelques rattrapages dès la semaine prochaine).

Palme d'or : Annette (Carax)
Grand Prix : Drive My Car (Hamaguchi)
Prix du jury : Memoria (Weerasethakul)
Prix de la mise en scène : Titane (Ducournau)
Prix de l'interprétation masculine : André Dussollier (Tout s'est bien passé)
Prix de l'interprétation féminine : Renate Reinsve (Julie en douze chapitres)
Prix du Scénario : The French Dispatch (Anderson)



Ton prono au pif semble pas si éloigné du résultat, si on en croit les "rappelés".

A priori, auront un prix :
Carax, Hamaguchi, Weerasethakul, Ducournau et Lapid.
Les prix d'interprétation sont quasi sûr pour l'actrice de Julie en douze chapitres et l'acteur de Nitram (les deux seuls rappelés spécifiquement. encore une fois : "a priori" :D )
Je retire ce que j'ai dit : Ashgar Fahradi est aussi de retour.
Ca fait 6 cinéastes pour 5 prix. Ca sent l'ex equo quelque part (ou le mensonge pour l'un d'entre eux)
Avatar du membre
B-Lyndon
Messages : 615
Enregistré le : sam. 10 oct. 2020 09:31

Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 17 juil. 2021 18:35
Mr-Orange a écrit :
ven. 16 juil. 2021 23:06
Un pronostic cannois sinon ?
(J'ai rien vu, je compte faire quelques rattrapages dès la semaine prochaine).

Palme d'or : Annette (Carax)
Grand Prix : Drive My Car (Hamaguchi)
Prix du jury : Memoria (Weerasethakul)
Prix de la mise en scène : Titane (Ducournau)
Prix de l'interprétation masculine : André Dussollier (Tout s'est bien passé)
Prix de l'interprétation féminine : Renate Reinsve (Julie en douze chapitres)
Prix du Scénario : The French Dispatch (Anderson)



Ton prono au pif semble pas si éloigné du résultat, si on en croit les "rappelés".

A priori, auront un prix :
Carax, Hamaguchi, Weerasethakul, Ducournau et Lapid.
Les prix d'interprétation sont quasi sûr pour l'actrice de Julie en douze chapitres et l'acteur de Nitram (les deux seuls rappelés spécifiquement. encore une fois : "a priori" :D )
Ca sent le très bon palmarès alors !!
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
Avatar du membre
Tyra
Messages : 1362
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 16:59

J'ai peur de la palme pour Ducournau. Les rumeurs l'annoncent.
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

Tyra a écrit :
sam. 17 juil. 2021 19:04
J'ai peur de la palme pour Ducournau. Les rumeurs l'annoncent.
J'espère pas quand même.
J'en ressors, ça ressemble bien plus à un premier film que son précédent (ce qui est tout sauf une bonne chose)...
Avatar du membre
yhi
Messages : 367
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

Tyra a écrit :
sam. 17 juil. 2021 19:04
J'ai peur de la palme pour Ducournau. Les rumeurs l'annoncent.
Ça serait vraiment dommage en effet :sweat:
Avatar du membre
yhi
Messages : 367
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

Par contre c'est cool si Caleb Landry Jones a un prix. Je l'ai pas mis dans mon palmarès potentiel parce que j'y croyais pas, mais c'est un acteur que j'aime bien !
Avatar du membre
Tamponn Destartinn
Messages : 1123
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 21:11

B-Lyndon a écrit :
sam. 17 juil. 2021 18:53

Ca sent le très bon palmarès alors !!

Ce que je pensais aussi, mais à nouveau : apparemment, Ashgar Fahradi est là aussi.
Il peut tout gâcher, ce con (dis-je sans avoir vu le moindre film hormis Carax :D )
Avatar du membre
yhi
Messages : 367
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

:sweat: Aie aie aie
Avatar du membre
Tyra
Messages : 1362
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 16:59

Tyra a écrit :
sam. 17 juil. 2021 19:04
J'ai peur de la palme pour Ducournau. Les rumeurs l'annoncent.
Ma source était donc bonne. :ninja:
:sweat: :sweat: :sweat:
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

yhi a écrit :
sam. 17 juil. 2021 20:50
:sweat: Aie aie aie
Non mais c'est tellement hallucinant... :lol:

C'est regrettable, avec cette Palme d'Or qui récompense un second film médiocre, elle risque de s'imaginer qu'elle a vraiment un talent fou (alors qu'elle a juste du potentiel pour l'instant). Résultat : ses films suivants ressembleront sûrement à ça.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

Kahled a écrit :
sam. 17 juil. 2021 21:10

C'est regrettable, avec cette Palme d'Or qui récompense un second film médiocre
Et Parasite, tu l'avais aimé il y a 2 ans ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

sokol a écrit :
dim. 18 juil. 2021 00:39
Kahled a écrit :
sam. 17 juil. 2021 21:10

C'est regrettable, avec cette Palme d'Or qui récompense un second film médiocre
Et Parasite, tu l'avais aimé il y a 2 ans ?
Oui j'avais beaucoup aimé Parasite (je sais que toi non). ;)

Mais c'est différent : Parasite est un film d'un cinéaste qui avait déjà plus d'un film à son actif. Autrement dit, Bong Joon-Ho (quoiqu'on pense de lui - et moi j'en pense du bien) avait déjà expérimenté plein de choses dans son cinéma et du coup c'est un cinéaste qui a pleinement conscience de son talent et de ses limites. Et Parasite, de tous les films qu'il a faits, c'est, je pense, le film qui a le plus conscience de ce qu'il propose. En ça, c'est son oeuvre la plus mûre (mais pas celle que je préfère). Et en cela, qu'il ait eu la Palme, ça m'a fait plaisir. :)

Ducournau, c'est tout le contraire : c'est encore une cinéaste qui manque d'expérience et son second film est moins bon que son premier (qui était déjà très perfectible). Donc lui décerner la Palme pour ce second film, c'est regrettable parce que ça risque de l'inciter à poursuivre sur cette voie : des scènes marquantes, des visions d'horreur audacieuses et une certaine audace dans le traitement mais qui ne s'intègrent pas encore dans un ensemble pleinement construit et réfléchi (et du coup, la proposition est déceptive).

Après, ça tombe bien que tu parles de Parasite parce qu'avec cette Palme d'Or 2021 on voit bien que le Festival continue sa reconnaissance d'un certain type de cinéma qu'il dédaignait avant... Et d'un autre côté, il y a donc quand même un soupçon de satisfaction pour cette Palme (mais qui ne me fait pas perdre de vue l'essentiel : ça n'est pas un très bon film)... ;)
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

@Kahled bon, si je ne m'abuse, tu parles plutôt scénario (ou, d'expérience etc) or je parle de 'façon de faire du cinema', voir de mise en scène, voir de dramaturgie du film. Or, Parasite et Titane sont très proche (si je m'amusais à compter le temps que ca prend la musique dans les deux films, je parie que c'est kif-kif); ou le traitement de l'image. Etc etc. Pour faire simple : ce n'est pas du Apitchatpong quoi. Ni Mendhoça Filho (pour citer des cinéastes en activité, pourtant assez differents entre eux par plusieurs égards, et souvent dans le même genre de compétition comme Cannes).

Et ce n'est pas une critique ce que je dis mais plutôt une façon à regarder une oeuvre. Par exemple, contrairement à toi, je pense que le fait que BongJoon-ho a réalisé des produits comme Okja, l'a plutôt fait régresser en tant que cinéaste. Ou, son court "Shaking Tokyo" (dans "Tokyo", là où il y a également "Merde" de Carax), très mauvais, m'avait fait penser qu'il s'agit d'un cinéaste très peu talentueux (et plutôt menteur, voir imposteur).

Pour clore : je pense que le 'problème' des films de Julia Ducournau est qu'ils parlent français, ta langue maternelle (pour faire simple). Pareil pour Vincent Lindon (il est francais quoi, rien d'excitant). Pourtant, Titane et Parasite ne sont pas si éloignés que ça comme cinéma proposé. Sauf que, le premier est un film francais et le deuxième, coréen. Et tout les deux, ne savent pas trop vers quoi ils vont (de surcroît, j'ai parlé scénario là). Hasard ? ;)

Ps : leur figure tutellere reste Tarantino, mais ca c'est un autre sujet
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

sokol a écrit :
dim. 18 juil. 2021 12:52
@Kahled bon, si je ne m'abuse, tu parles plutôt scénario (ou, d'expérience etc) or je parle de 'façon de faire du cinema', voir de mise en scène, voir de dramaturgie du film. Or, Parasite et Titane sont très proche (si je m'amusais à compter le temps que ca prend la musique dans les deux films, je parie que c'est kif-kif); ou le traitement de l'image. Etc etc. Pour faire simple : ce n'est pas du Apitchatpong quoi. Ni Mendhoça Filho (pour citer des cinéastes en activité, pourtant assez differents entre eux par plusieurs égards, et souvent dans le même genre de compétition comme Cannes).

Et ce n'est pas une critique ce que je dis mais plutôt une façon à regarder une oeuvre. Par exemple, contrairement à toi, je pense que le fait que BongJoon-ho a réalisé des produits comme Okja, l'a plutôt fait régresser en tant que cinéaste. Ou, son court "Shaking Tokyo" (dans "Tokyo", là où il y a également "Merde" de Carax), très mauvais, m'avait fait penser qu'il s'agit d'un cinéaste très peu talentueux (et plutôt menteur, voir imposteur).

Pour clore : je pense que le 'problème' des films de Julia Ducournau est qu'ils parlent français, ta langue maternelle (pour faire simple). Pareil pour Vincent Lindon (il est francais quoi, rien d'excitant). Pourtant, Titane et Parasite ne sont pas si éloignés que ça comme cinéma proposé. Sauf que, le premier est un film francais et le deuxième, coréen. Et tout les deux, ne savent pas trop vers quoi ils vont (de surcroît, j'ai parlé scénario là). Hasard ? ;)

Ps : leur figure tutellere reste Tarantino, mais ca c'est un autre sujet
Ah mais ne t'y trompes pas : je parle à 100% de dramaturgie pour l'un et l'autre !

Et je ne suis pas d'accord pour la description que tu fais de Parasite : c'est au contraire un film qui sait à 100% où il va, il le sait même tellement que c'est sa principale limite (contrairement à un film comme Memories of murder qui me fascine dans son aptitude à multuplier les impasses), son scénario est déroulé sur des rails... et sa mise en scène aussi du coup ! ;)

Tout le contraire de Titane qui tâtonne plus.

Après il y a quelque chose qui me gêne toujours quand on oppose le scénario (qui est souvent perçu comme un gros mot) à la mise en scène. Les deux n'ont pas à s'opposer, ils sont complémentaires.

Il y a des scènes qui réussissent bien dans Titane mais la dramaturgie n'est pas construite parce que le scénario ne suit pas justement. Donc on a un enchaînement de séquences, de scènes, certaines réussies, d'autre moins, mais l'ensemble ne forme pas un tout cohérent dans sa globalité.

Après je pense que Bong Joon-Ho a réussi ses meilleurs films au début de sa carrière (je le dis bien, Parasite n'est pas son meilleur film) mais l'expérience a assis définitivement ce qu'il était capable ou non de proposer (en termes de dramaturgie pour reprendre tes termes). Ce qui n'est pas le cas de Julia Ducournau (et sa figure tutellere à elle c'est plutôt Cronenberg non ?).

Dernier point sur la langue : je pense que c'est un non-sujet. :saint:
Avatar du membre
NaughtyDog
Messages : 1998
Enregistré le : lun. 26 oct. 2020 12:34
Localisation : Paris

ma Palme allait soit au Joachim Trier, soit au Audiard, qui sont 2 films assez similaires dans leurs thématiques, mais d'une douceur, d'une grâce, d'une direction d'acteurs et d'une maitrise à toute épreuve !
Fincher-addict, Cameron-sexuel, Cuaron-gourmet
Avatar du membre
Mr-Orange
Messages : 599
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 20:33

Kahled a écrit :
sam. 17 juil. 2021 21:10
yhi a écrit :
sam. 17 juil. 2021 20:50
:sweat: Aie aie aie
Non mais c'est tellement hallucinant... :lol:

C'est regrettable, avec cette Palme d'Or qui récompense un second film médiocre, elle risque de s'imaginer qu'elle a vraiment un talent fou (alors qu'elle a juste du potentiel pour l'instant). Résultat : ses films suivants ressembleront sûrement à ça.
Palme d'or qui n'a apparemment pas fait l'unanimité du jury. Pas vu la conférence du jury défendant le palmarès, mais on m'a dit (donc à prendre avec des pincettes) que Kleber Mendonça Filho a tiré la gueule tout le long, et s'est abstenu, tout comme l'acteur de Parasite, d'énoncer des qualités de Titane lors du tour de table du jury.

Le destin de ce film s'est probablement joué à pas grand chose. Je n'irai probablement pas le voir au cinéma, mais le discours de Julia Ducournau avait au moins le mérite d'être beau, d'autant plus qu'elle est très lucide sur les raisons de l'obtention de la palme : faire rentrer les monstres.

Palme de la provoc ou palme ronflante, choisis ton camp camarade !
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

Image

Titane, Julia Ducournau

Je suis d'accord avec Sokol, c'est vraiment Tarantino la figure tutélaire, pas Cronenberg (rien que dans l'utilisation de la musique, le plaisir à créer des surprises... Cronenberg crée des ambiances, des blocs de sens qui entrent en collision, Tarantino est plus joueur, et c'est vraiment cette dimension-là qui semble animer Julia Ducournau).
J'aime la façon dont la cinéaste filme un monde sans amour, et malade de cette absence. Le personnage de Lindon m'a touché par son côté suicidaire très poussé (il manque à deux reprises de se tuer ; dans un film, en général, on se contente d'une tentative).
Après, je trouve que c'est un film qui manque de choix. D'abord on croit voir un portrait de serial killer assez classique, trouvant son origine dans un traumatisme d'enfance, puis la fuite est vite escamotée et se transforme en jeu de dupes, lequel débouche sur une étude de genres et se transforme à la toute fin en fantasmagorie. Je ne vois pas la nécessité qui relie ces blocs entre eux, et tous ne me semblent pas très réussis, ni assez poussés.
Avatar du membre
yhi
Messages : 367
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

asketoner a écrit :
dim. 18 juil. 2021 22:51
Je ne vois pas la nécessité qui relie ces blocs entre eux.
C'est ce morcellement sans liant qui donne au film son aspect brouillon je trouve. On a l'impression que Ducournau a voulu fourrer plein de trucs ensemble sans trop se soucier d'une cohérence d'ensemble (autant en terme de scénario que de mise en scène)
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

Mr-Orange a écrit :
dim. 18 juil. 2021 21:37
Kahled a écrit :
sam. 17 juil. 2021 21:10
yhi a écrit :
sam. 17 juil. 2021 20:50
:sweat: Aie aie aie
Non mais c'est tellement hallucinant... :lol:

C'est regrettable, avec cette Palme d'Or qui récompense un second film médiocre, elle risque de s'imaginer qu'elle a vraiment un talent fou (alors qu'elle a juste du potentiel pour l'instant). Résultat : ses films suivants ressembleront sûrement à ça.
Palme d'or qui n'a apparemment pas fait l'unanimité du jury. Pas vu la conférence du jury défendant le palmarès, mais on m'a dit (donc à prendre avec des pincettes) que Kleber Mendonça Filho a tiré la gueule tout le long, et s'est abstenu, tout comme l'acteur de Parasite, d'énoncer des qualités de Titane lors du tour de table du jury.

Le destin de ce film s'est probablement joué à pas grand chose. Je n'irai probablement pas le voir au cinéma, mais le discours de Julia Ducournau avait au moins le mérite d'être beau, d'autant plus qu'elle est très lucide sur les raisons de l'obtention de la palme : faire rentrer les monstres.

Palme de la provoc ou palme ronflante, choisis ton camp camarade !
Haha, marrant cette précision compte tenu de notre discussion avec Sokol !
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

Kahled a écrit :
dim. 18 juil. 2021 13:28
c'est au contraire un film qui sait à 100% où il va
il va où ? Le fils rêve d'offrir la maison à son père ! :D Voici vers quoi va "Parasite".
Bon, c'est un peu de ma faute, mais quand je disais que les deux films ne savent pas trop où ils vont, c'était du point de vue Politique (avec un grand P, pour le distinguer de la politique politicienne). Ils sont, tous les deux, faquins, politiquement parlant ("Titane", un peu moins quand même).
Kahled a écrit :
dim. 18 juil. 2021 13:28
Après il y a quelque chose qui me gêne toujours quand on oppose le scénario (qui est souvent perçu comme un gros mot) à la mise en scène.

Pas du tout. Je disais même que le scénario de Titane est écris par la réalisatrice et ça montre bien à quel point ce film est son bébé dans son ensemble : je n'oppose certainement pas le scénario à la mise en scène
Kahled a écrit :
dim. 18 juil. 2021 13:28
Ce qui n'est pas le cas de Julia Ducournau (et sa figure tutellere à elle c'est plutôt Cronenberg non ?)
Comme @asketoner a bien précisé dans son poste, son cinéma n'a rien avoir avec Cronenberg (Crash). Elle lui rend un petit hommage au tout début (l'héroine principale caresse les voitures) mais c'est tout (scène inutile, d'ailleurs).

Cela dit, j'étais bien plus précis dans mon poste : je parlais de cinéma de Apitchatpong/Mendhoça Filho/Bonello/Puiu/...(pour n'en citer que quelque-uns) d'un coté et celui de Bong Joon-ho/Ducournau/Park Chan-wook... de l'autre qui, une fois de plus, on veut on on ne veut pas, ont comme figure tutellere celle de Tarantino. Je n'ai pas parlé par hasard de l'utilisation de la musique : "Crash" est inondé de musique, "Truble every day" également, mais ça n'a strictement rien à voir avec celle du film de Ducournau car les film de Croneberg et Claire Denis sont des mélos ! (pour être honnête à 100% : Ducournau a bien voulu 'virer' vers le mélo - la rencontre de Alexia avec Vincent la prouve , mais elle a quand même un peu peur du mélo (pourtant, c'est LE truc qui me fait aimer le film, au moins bien plus que "Parasite").

Voilà. Mais une fois de plus, il se peut que c'est le fait que "Titane" est un film français (en langue française je veux dire) donc du coup, l'aspect 'culturaliste' (je ne sais pas comme le dire autrement) prend le dessus. Or, cinématographiquement parlant, c'est un "Parasite". Donc du Tarantino (encore et toujours lui).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

NaughtyDog a écrit :
dim. 18 juil. 2021 15:12
ma Palme allait soit au Joachim Trier, soit au Audiard, qui sont 2 films assez similaires dans leurs thématiques, mais d'une douceur, d'une grâce, d'une direction d'acteurs et d'une maitrise à toute épreuve !
Ah oui donc, ce Trier (j'avais détesté son "31 Aout", très défendu à l'époque puis, il a fallu qu'il fasse "Back home" pour que les Cahiers se rendent compte qu'il s'agit juste d'un cinéma chic et snobe) continue à être invité à Cannes, en sélection officielle ! Il a de la chance, il est danois : si LVT n'est pas à Cannes, il en faut bien un :blase:

ps: probablement, le plus beau film de la compétition serait "Compartiment n° 6" du finlandais Juho Kuosmanen (du magnifique "Olli Mäki") . Il y a deux raisons qui me pousse à penser ainsi : premièrement, "Olli Maki" était vraiment un film splendide, un cinéma comme j'aime; deuxièmement, il a du avoir le Grand Prix grâce à Kleber Mendonça Filho, comme un contrepoint au film de Asghar Farhadi dont une très grande partie du jury a très probablement adoré - il n'y a qu'à voir Mylène Fermière comment elle lève ses bras en l'air pour applaudir de tout cœur au moment de l'annonce du Grand prix pour l'iranien (d'où sans doute ce prix ex-æquo, normalement interdit par la réglementation cannoise).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
asketoner
Messages : 1616
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:28

sokol a écrit :
lun. 19 juil. 2021 11:33
NaughtyDog a écrit :
dim. 18 juil. 2021 15:12
ma Palme allait soit au Joachim Trier, soit au Audiard, qui sont 2 films assez similaires dans leurs thématiques, mais d'une douceur, d'une grâce, d'une direction d'acteurs et d'une maitrise à toute épreuve !
Ah oui donc, ce Trier (j'avais détesté son "31 Aout", très défendu à l'époque puis, il a fallu qu'il fasse "Back home" pour que les Cahiers se rendent compte qu'il s'agit juste d'un cinéma chic et snobe) continue à être invité à Cannes, en sélection officielle ! Il a de la chance, il est danois : si LVT n'est pas à Cannes, il en faut bien un :blase:

ps: probablement, le plus beau film de la compétition serait "Compartiment n° 6" du finlandais Juho Kuosmanen (du magnifique "Olli Mäki") . Il y a deux raisons qui me pousse à penser ainsi : premièrement, "Olli Maki" était vraiment un film splendide, un cinéma comme j'aime; deuxièmement, il a du avoir le Grand Prix grâce à Kleber Mendonça Filho, comme un contrepoint au film de Asghar Farhadi dont une très grande partie du jury a très probablement adoré - il n'y a qu'à voir Mylène Fermière comment elle lève ses bras en l'air pour applaudir de tout cœur au moment de l'annonce du Grand prix pour l'iranien (d'où sans doute ce prix ex-æquo, normalement interdit par la réglementation cannoise).
Ah tu as vu Olli Maki !
Pas moi, mais je crois aussi que ce Compartiment n°6 sera très beau. D'ailleurs personne n'arrive à la résumer. On sait seulement que c'est un voyage en train jusque Mourmansk, et parfois ça suffit.
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Un homme qui maltraite sa femme se tue dans un accident de voiture alors qu'ils roulent ensemble à toute vitesse. La femme rencontre le frère de son compagnon, avec qui elle a une aventure. Puis le mort resurgit, il s'est tiré in extremis de l'accident, mais il est devenu gênant... C'est un film qui se veut pop à la française, Gainsbourg pourrait être dedans, ou aurait pu signer la BO, elle est en fait de Claude Bolling et est très belle, mais le film est assez vide et assez raté in fine, malgré les deux acteurs qui sont deux monstres mais qui semblent s'être trompés d'endroit. Les intentions n'ont jamais fait un film.

Image

Gabin est enfin démobilisé, il rentre de la guerre, retrouve ses deux jeunes enfants, et demande comment sa femme est morte. On lui apprend qu'elle est morte en couche, et que le nourrisson d'un mois est dans sa chambre. Comme ça fait plus de deux ans qu'il est parti, il comprend, et nous avec, que ce troisième enfant n'est pas de lui. 17 années passent et Gabin élève seul ses trois enfants, devenus trois jeunes adultes. Louis (Claude Brasseur) est devenu cycliste de haut niveau, champion de France amateur, se lançant avec toutes les compromissions possibles dans le professionnalisme. Odette (Marie-Josée Nat) cède rapidement aux charmes du mannequinat et à ceux de messieurs beaucoup plus âgés qu'elle. Fernand (Roger Dumas), le fils illégitime donc, est encore lycéen, et multiplie les conneries jusqu'à se faire renvoyer du lycée. Le père sevit, et ignore que le fils sait qu'il n'est pas son fils... Le film est une chronique réussie et très touchante de cette famille parisienne de la fin des années 50, emmenée par un vieux bougre qui refuse de voir le monde évoluer, mais qui aime profondément ses gosses et tente simplement, même si maladroitement, de les protéger. La mise en scène de Denys de la Patellière est étonnamment ample et généreuse, et le film est très beau, très touchant, oscillant en permanence entre le drame et la comédie, et n'étant plombé, comme souvent, que par les dialogues souvent lourdingues et en permanence à la recherche de l'épate, de Michel Audiard.
I like your hair.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

asketoner a écrit :
lun. 19 juil. 2021 11:43
Ah tu as vu Olli Maki !
Ouiiii ! Il était sur Arte Replay (car il n'est pas sorti chez moi, à l'époque). Je l'ai même vu 2 fois car, comme je l'avais adoré, je croyais que l'histoire pouvait se passer différemment la deuxième fois :D (et après, on m'"accuse" de ne peut aimer les scénarios des films. Flûte alors !)
asketoner a écrit :
lun. 19 juil. 2021 11:43
On sait seulement que c'est un voyage en train jusque Mourmansk, et parfois ça suffit.
Tu m'as pris du bec (ou, comme on dit dans ma langue maternelle, "tu vivras bien plus longtemps que moi" - j'espère bien d'ailleurs !) : je lisais à l'instant un des rares papiers qui lui est dédié et, Thomas Sotinel du Monde (pas le plus nul des critiques cinéma) écrit : "Le deuxième long-métrage du cinéaste finlandais Juho Kuosmanen est une célébration de la jeunesse, et une jolie, bien que parfois maladroite, subversion des clichés du film romantique"

Tout ce que j'aime !
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
len'
Messages : 70
Enregistré le : lun. 19 juil. 2021 13:22

:hello:

Annette de Leos Carax

Peut-on aimer sans ressentir ? Voilà ce qui me hante encore, treize jours après. C'est étrange d'être conscient d'une mise en scène folle, novatrice et de ne pas en éprouver la substance au moment où elle surgit. Et pourtant, la barre de son apparaît, ça vibre, ça vit, c'est indéniable. C'est ce qui m'a toujours perturbé chez Carax, le sentiment de voir battre le coeur d'un monstre, littéralement (curieux d'ailleurs que Ducournau emploie ce mot, son premier film n'était pas monstrueux, peut-être le deuxième ?) Est ce un mouvement de recul inconscient qui m'empêche de m'approcher d'un peu plus près ? En tout cas, je n'ai jamais ressenti aussi fort cette sensation que pour ce film. Peut-être parce que c'est le premier Carax que je vois au cinéma, peut-être parce que les personnes derrière moi qui chuchotaient ont contribué à m'inhiber... je ne sais pas. Mais ce qui ne change pas, c'est que je n'oublie pas et que le monstre finit toujours par ressurgir. J'apprends à l'apprécier au fil du temps, j'apprends à le connaître et je m'approche enfin pour le serrer dans mes bras. Il faut considérer le film comme un tout, comme un corps monstrueux mais bien vivant, et ce serait donc impensable d'en prendre des parties et d'en rejeter d'autres. Chaque séquence compose les morceaux du corps mais cela ne suffit pas : pour donner l'impulsion de vie, Leos carax y met un bout de son âme. C'est le sacrifice sublime du créateur.
Avatar du membre
Tamponn Destartinn
Messages : 1123
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 21:11

Image
Bergman Island

Je n'ai pas vu tous les films de Hansen-Love. A vrai dire, j'ai eu beaucoup de mal à lui pardonner son horrible Eden (avant dernier film où je suis sorti de la salle avant la fin, je crois). C'est la première fois depuis que je retente ma chance. Bonne pioche, c'est un excellent film, le meilleur de son autrice parmi ceux que j'ai vu.
Autobiographie à peine déguisée, où la dramaturgie est volontairement à bas régime, j'ai particulièrement adoré le film dans le film, cette histoire de deux amants maudits qui s'apprêtent à vivre l'ultime chapitre de leur histoire d'amour contrarié, le temps d'un mariage. Le personnage de la réalisatrice (donc Hansen-Love) explique à son mec qu'elle n'est pas sûre que son idée tienne sur un long métrage. Ma théorie personnelle est que Hansen-Love a eu l'idée du concept du film parce qu'elle ne voulait pas faire "qu'un" moyen métrage. Cela dit, la première partie reste digne d'intérêt pour deux choses. Déjà, son côté documentaire sur le tourisme de l'île de Bergman (Hansen Love est forte pour inclure du documentaire dans ses fictions, c'était déjà le cas dans le pourtant moins réussi "Un amour de jeunesse"), Mia filme l'île très différemment que le maitre et c'est là tout l'intérêt. Ensuite : Vicky Krieps, actrice décidément exceptionnelle (Mia Wasikowska tient aussi un de ses meilleurs rôles).

Image
Benedetta

C'est Showgirls avec des nonnes, je peux difficilement mieux résumer le film.
Une femme utilise les rares armes à sa disposition pour monter en grade, devenir "quelqu'un", à savoir la femme la plus importante de l'institution patriarcale à laquelle elle est soumise. Sauf que la vraie révolution serait de renverser l'institution avec l'aide de la femme à qui elle a pris la place, mais est-ce seulement possible ?
Bon. La force de cette version me semble notamment être le jeu avec les points de vue. Contrairement à Showgirls, on perd à un moment clé celui de Benedetta pour qu'elle reste jusqu'au bout un mystère. La frontière entre manipulatrice ou manipulée ne sera jamais révélé et c'est pour le mieux. Quoiqu'il en soit, son regard très premier degré sur des apparitions de Jésus ou la découverte de la sexualité, qui nous apparaissent à nous spectateurs de 2021 comme kitsch ou ridicule, est pour moi l'une des forces du film. J'ai trouvé ce décalage assumé passionnant.

Image
Titane

Désolé sokol, je vais encore une fois beaucoup parler scénario :D
Car pour moi, la première chose à noter sur Titane est qu'il repose sur l'acceptation ou non du spectateur d'une situation absurde. Je parle de comment on passe de la première partie du film à la seconde. Ca n'a aucun sens.
A partir de là, on a le choix entre accepter et passer à autre chose ou rester bloqué là dessus.
Moi j'accepte de passer à autre chose, parce que je vois bien que Ducournau n'est pas intéressée à l'idée d'ajouter une ou deux scènes pour crédibiliser la situation. Or Ducournau fonctionne clairement par des envies de scènes avant tout. Par exemple, elle a deux scènes de tuerie en tête pour la première partie du film, donc elle fait les deux, même si narrativement une seule aurait suffit. Ca déséquilibre pas mal le récit, mais ça a l'avantage de faire en sorte qu'on s'ennuie jamais vraiment.
Je trouve qu'il y a juste deux passages dont on aurait pu se passer. Déjà, le premier meurtre (le regard du père devant le journal télé suffit pour comprendre l'enjeu, et la scène de la maison aurait eu plus de force). Et aussi Vincent qui dit ouvertement qu'il sait qu'elle n'est pas son fils (pas besoin, la scène finale raconte la même chose et aurait été plus forte seule). Comme quoi, l'imperfection dont parle Ducournau elle-même dans son discours palmé, tient paradoxalement plus de béquilles scénaristiques inutiles que de trous de scénario.
A partir du moment où Ducournau lâchera définitivement les chevaux, avec une scène = une idée de mise en scène unique, sans jamais bégayer, là j'accepterais ses défauts à bras ouverts. Elle y est presque. Par exemple, il n'y a qu'une seule scène de sexe avec une voiture et ça suffit pour raconter ce qu'elle a à raconter dessus. Par contre, bien sûr qu'elle peut jouer sur la répétition quand ça a du sens (l'évolution du ventre enceint, les 2 tentatives de suicide de Lindon comme le disait asky...)
Bref. Beaucoup disent que contrairement à Sciamma, il est étrange de se dire que Ducournau vient d'abord du la spécialisation "scénario" à la Fémis, mais moi je le vois bien. Cela dit, elle a quand même réussi à empêcher le jury de lui donner le prix du scénario comme c'est arrivé à Sciamma à la précédente édition, bravo à elle.

(PS : en tout cas, l'idée de caster Lindon pour ce rôle est déjà une idée osée mais au final géniale, qui prouve un instinct de metteuse en scène assez exceptionnel)


Image
Comment je suis devenu super héros

Et paf : autre film qui te demande en premier lieu de croire en une situation absurde, mais auquel je refuse d'adhérer car il n'y a rien derrière de suffisamment intéressant pour cela.
C'est juste un film qui essaie de respecter au maximum le genre auquel il se mêle, mais sans jamais vraiment exploiter la spécificité à laquelle il ne peut se soustraire, à savoir que c'est un film français. Ca donne un truc qui a un très gros problème d'échelle. Et c'est surtout moche et con.




J'ai aussi vu Annette, mais je préfère le revoir avant d'écrire qq chose dessus
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 19 juil. 2021 14:05

Titane

Désolé sokol, je vais encore une fois beaucoup parler scénario :D
Car pour moi, la première chose à noter sur Titane est qu'il repose sur l'acceptation ou non du spectateur d'une situation absurde. Je parle de comment on passe de la première partie du film à la seconde. Ça n'a aucun sens.
A partir de là, on a le choix entre accepter et passer à autre chose ou rester bloqué là dessus.
Moi j'accepte de passer à autre chose, parce que je vois bien que Ducournau n'est pas intéressée à l'idée d'ajouter une ou deux scènes pour crédibiliser la situation. Or Ducournau fonctionne clairement par des envies de scènes avant tout. Par exemple, elle a deux scènes de tuerie en tête pour la première partie du film, donc elle fait les deux, même si narrativement une seule aurait suffit. Ca déséquilibre pas mal le récit, mais ça a l'avantage de faire en sorte qu'on s'ennuie jamais vraiment.
Je trouve qu'il y a juste deux passages dont on aurait pu se passer. Déjà, le premier meurtre (le regard du père devant le journal télé suffit pour comprendre l'enjeu, et la scène de la maison aurait eu plus de force). Et aussi Vincent qui dit ouvertement qu'il sait qu'elle n'est pas son fils (pas besoin, la scène finale raconte la même chose et aurait été plus forte seule). Comme quoi, l'imperfection dont parle Ducournau elle-même dans son discours palmé, tient paradoxalement plus de béquilles scénaristiques inutiles que de trous de scénario.
A partir du moment où Ducournau lâchera définitivement les chevaux, avec une scène = une idée de mise en scène unique, sans jamais bégayer, là j'accepterais ses défauts à bras ouverts. Elle y est presque. Par exemple, il n'y a qu'une seule scène de sexe avec une voiture et ça suffit pour raconter ce qu'elle a à raconter dessus. Par contre, bien sûr qu'elle peut jouer sur la répétition quand ça a du sens (l'évolution du ventre enceint, les 2 tentatives de suicide de Lindon comme le disait asky...)
Bref. Beaucoup disent que contrairement à Sciamma, il est étrange de se dire que Ducournau vient d'abord du la spécialisation "scénario" à la Fémis, mais moi je le vois bien. Cela dit, elle a quand même réussi à empêcher le jury de lui donner le prix du scénario comme c'est arrivé à Sciamma à la précédente édition, bravo à elle.

(PS : en tout cas, l'idée de caster Lindon pour ce rôle est déjà une idée osée mais au final géniale, qui prouve un instinct de metteuse en scène assez exceptionnel)
:jap:
j'aime beaucoup ta critique ! :love:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
Tamponn Destartinn
Messages : 1123
Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 21:11

sokol a écrit :
lun. 19 juil. 2021 15:05

:jap:
j'aime beaucoup ta critique ! :love:
Ah bah ça fait plaisir :D
Kahled
Messages : 506
Enregistré le : jeu. 16 juil. 2020 18:04

sokol a écrit :
lun. 19 juil. 2021 10:54
Kahled a écrit :
dim. 18 juil. 2021 13:28
c'est au contraire un film qui sait à 100% où il va
il va où ? Le fils rêve d'offrir la maison à son père ! :D Voici vers quoi va "Parasite".
Bon, c'est un peu de ma faute, mais quand je disais que les deux films ne savent pas trop où ils vont, c'était du point de vue Politique (avec un grand P, pour le distinguer de la politique politicienne). Ils sont, tous les deux, faquins, politiquement parlant ("Titane", un peu moins quand même).
Kahled a écrit :
dim. 18 juil. 2021 13:28
Après il y a quelque chose qui me gêne toujours quand on oppose le scénario (qui est souvent perçu comme un gros mot) à la mise en scène.

Pas du tout. Je disais même que le scénario de Titane est écris par la réalisatrice et ça montre bien à quel point ce film est son bébé dans son ensemble : je n'oppose certainement pas le scénario à la mise en scène
Kahled a écrit :
dim. 18 juil. 2021 13:28
Ce qui n'est pas le cas de Julia Ducournau (et sa figure tutellere à elle c'est plutôt Cronenberg non ?)
Comme @asketoner a bien précisé dans son poste, son cinéma n'a rien avoir avec Cronenberg (Crash). Elle lui rend un petit hommage au tout début (l'héroine principale caresse les voitures) mais c'est tout (scène inutile, d'ailleurs).

Cela dit, j'étais bien plus précis dans mon poste : je parlais de cinéma de Apitchatpong/Mendhoça Filho/Bonello/Puiu/...(pour n'en citer que quelque-uns) d'un coté et celui de Bong Joon-ho/Ducournau/Park Chan-wook... de l'autre qui, une fois de plus, on veut on on ne veut pas, ont comme figure tutellere celle de Tarantino. Je n'ai pas parlé par hasard de l'utilisation de la musique : "Crash" est inondé de musique, "Truble every day" également, mais ça n'a strictement rien à voir avec celle du film de Ducournau car les film de Croneberg et Claire Denis sont des mélos ! (pour être honnête à 100% : Ducournau a bien voulu 'virer' vers le mélo - la rencontre de Alexia avec Vincent la prouve , mais elle a quand même un peu peur du mélo (pourtant, c'est LE truc qui me fait aimer le film, au moins bien plus que "Parasite").

Voilà. Mais une fois de plus, il se peut que c'est le fait que "Titane" est un film français (en langue française je veux dire) donc du coup, l'aspect 'culturaliste' (je ne sais pas comme le dire autrement) prend le dessus. Or, cinématographiquement parlant, c'est un "Parasite". Donc du Tarantino (encore et toujours lui).
Pour moi la scène que tu évoques dans Titane (si on parle de la même) n'a rien d'inutile, d'une part car elle nous aiguille sur la nature hybride de l'enfant à venir (si on parle de l'aspect purement utilitaire du scénario) et d'autre part elle s'inscrit dans un ensemble qui tend à dévoiler une obsession pour le corps, ses meurtrissures, sa manière de se métamorphoser, son rapport au désir (si on parle mise en scène). C'est en cela que je rapproche son cinéma de Cronenberg, ça va au-delà de la simple référence. Je le précise aussi parce que son précédent film, Grave, avait exactement la même logique. Et tu achèves toi-même de faire la démonstration : il y a une part de mélo chez Ducournau c'est vrai, comme chez Cronenberg (c'est plus fort chez lui ceci dit oui !). ;)

Après, de manière générale, je trouve qu'on a un peu trop tendance à citer Tarantino dès qu'un film fait preuve d'une mise en scène démonstrative (c'est comme citer Lynch à chaque fois qu'il est question d'un film qui se veut bizarre/étrange).

Concernant Parasite, moi je parlais du film sur le plan cinématographique mais politiquement la toute fin je la trouve fabuleuse : le père qui prend la place du parasite, la communication en morse avec le fils et le fils qui rêve de lui acheter la maison pour retrouver une unite familiale (c'est ce dernier point qui est important), ça dit bien quelque chose tout ça quand même non (ou en tout cas ça essaye) ?

Et sinon j'avais bien compris la distinction que tu as faite entre les cinéastes t'inquiètes. Bon c'est un peu facile quand même hein (d'autant que Bonnello est quand même à mi-chemin entre les deux catégories quand on y réfléchit, il y a aussi quelque chose de ludique dans sa mise en scène et sa manière de faire du cinéma - je pense à Nocturama par exemple - qui pourrait facilement le rapprocher de l'autre catégorie - fun fact : t'as remarqué qu'il faisait AUSSI l'acteur dans le film de Ducournau ?). :D :p

Bon, sur la langue, puisque tu reviens sur ça : je regarde simplement la manière dont les deux films sont construits, pas la langue dans laquelle ils sont tournés. :)
En gros, si je devais schématiser : Bong Joon-Ho (avec Parasite) c'est ultra-précis, millimétré dans son sens du cadre, pensé dans sa construction narrative, il y a une sur-maîtrise qui le rapproche plus d'un Fincher (si on veut rester dans les analogies) que d'un Tarantino. J'admets que c'est aussi (et surtout même) cet aspect du film qui m'intéresse le plus. Chez Ducournau, il y a le désir viscéral de faire du cinéma (je ne lui enlèverai sûrement pas ça) mais sa pensée (je veux dire, sa manière de faire un film) n'est pas encore pleinement construite, elle reste informe (l'informité ça peut être intéressant ceci dit mais Ducournau manque de radicalité pour ça, le geste n'a pas assez de panache). Ça a été largement évoqué par d'autres précédemment mais elle enchaine les scènes et les idées de manière décousue, sans qu'il n'y ait vraiment de liant entre elles. Ce sont donc deux manières opposées de penser la construction d'un film. Je préfère l'une à l'autre c'est tout.

Mais mine de rien, je me rends compte que je retiens quand même de très belles choses dans Titane.
Avatar du membre
sokol
Messages : 1513
Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

Kahled a écrit :
lun. 19 juil. 2021 21:37
on a un peu trop tendance à citer Tarantino dès qu'un film fait preuve d'une mise en scène démonstrative (c'est comme citer Lynch à chaque fois qu'il est question d'un film qui se veut bizarre/étrange).
Quand on parle d' mise en scène démonstrative on parle de la forme, ok. Or, quand on dit "un film bizarre/étrange", on parle du fond.
Kahled a écrit :
lun. 19 juil. 2021 21:37
l'informité ça peut être intéressant ceci dit
:jap: bien sur ! Car, informe est le contraire de uniforme. Et de uniforme on passe au formaté, formatage... . Soyons honnête : Parasite est plus formaté (hollywoodien, j'aime bien dire) que Titane ;)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
Avatar du membre
groil_groil
Messages : 3778
Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

Image

Une gamine dont la mère est dépressive et folle, trouve le réconfort avec une petite chouette que sa mère lui a offerte, et dont elle est la seule à entendre les conversations. Le film est dédié à la mère de la réalisatrice, on comprend donc qu'il y a une part de vécu dans cette histoire et que la narration doit incorporer des souvenirs personnels. Je pense que c'est seulement ça qui a du motiver Noémie Lvovsky, que j'aime beaucoup, à tourner ce film, car il n'a malheureusement aucun autre intérêt. Le film est sincère, certes, mais totalement raté, sans rythme, sans progression narrative, sans scène vraiment marquante, comme si la réalisatrice était tellement concernée par son sujet qu'elle ne savait pas comment l'aborder, comment le traiter. Un ratage sincère.

Image

Un des tout premiers Wadja, et le film qui le fit connaitre à l'internationale puisqu'il remporta le Prix du Jury à Cannes en 1957 (ex aequo avec le Septième Sceau !). On y suit un groupe d'une quinzaine de personnes, mi-soldats mi-civils qui se réfugient dans les égouts (kanal) pour échapper aux bombardements nazis. Le film est beau, bien mis en scène, assez graphique, mais un peu trop programmatique dans son déroulé, presque trop scolaire. Ce qui semble tout à fait normal puisqu'il fut l'un des meilleurs représentants de l'école de cinéma de Lodz, l'une des plus importantes pépinières de l'époque où passèrent notamment Polanski, Kieslowski, Munk, Zanussi, Skolimowski, parmi d'autres...
I like your hair.
Répondre