Le Centre de Visionnage : Films et débats

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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 13:42
sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 13:34
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:49
Ma phrase préférée de groil est celle là : On était anonymes, non pas pour se cacher mais parce que ça ne se faisait pas à l’époque de déclarer son identité sur Internet.
Oui, bien sur. Mais comme je déteste les réseaux sociaux justement à cause de l'absence de l’anonymat, j'ai cité celle où il parle de ça.

Cela dit, j'étais (et je suis) le seul à mettre mon vrai prénom sur ce forum :D, à croire que j'anticipais l'arrivée des RSDM (réseaux sociaux de merde :lol: )
Ilan mettait son vrai prénom sur allo, comme toi. mais avant de vous connaitre j'ai toujours cru que c'était deux pseudos :D :D


Grave, ce sont toujours ceux qui ont des prénoms rares qui les mettent en pseudo.
Mais probablement aussi pour une raison simple : je pense que "Paul", "Pierre" ou "Fred" ont été pris d'assaut le premier jour de la création du forum.
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Tyra
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
Merci !
C'est vertigineux de se dire qu'on est encore là pour beaucoup. :scared:
A l'époque de mon inscription, j'avais un grand désir de cinéma, et ce forum m'a aiguillé et permis de ne pas rester bloqué sur les films trop classiques ou grand publics, même si je lisais aussi les Cahiers au CDI du lycée.

Bon sinon en ce moment je vous lis avec beaucoup de plaisir mais aussi de frustration : en plein congé paternité, débordé par mon petit mouflet, c'est compliqué d'aller autant au cinéma qu'avant (et j'ai gâché un joker avec le Serebrenikov :D ), alors qu'il y a tant de belles sorties en ce mois de décembre. :sweat:
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groil_groil
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Tyra a écrit :
lun. 20 déc. 2021 17:18
groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
Merci !
C'est vertigineux de se dire qu'on est encore là pour beaucoup. :scared:
A l'époque de mon inscription, j'avais un grand désir de cinéma, et ce forum m'a aiguillé et permis de ne pas rester bloqué sur les films trop classiques ou grand publics, même si je lisais aussi les Cahiers au CDI du lycée.

Bon sinon en ce moment je vous lis avec beaucoup de plaisir mais aussi de frustration : en plein congé paternité, débordé par mon petit mouflet, c'est compliqué d'aller autant au cinéma qu'avant (et j'ai gâché un joker avec le Serebrenikov :D ), alors qu'il y a tant de belles sorties en ce mois de décembre. :sweat:
Félicitations !
j'ai deux mioches, encore en bas âge, et on finit par y arriver tu verras.
je vais beaucoup moins au cinéma, mais je vois toujours autant de films :D
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yhi
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asketoner a écrit :
lun. 20 déc. 2021 10:39
Nous, Alice Diop
Celui-ci ainsi que le Périot sont sur Arte je vois, mais ils ont quand même une sortie salle de prévue ?


@sokol : D'ailleurs je remarque que Uppercase print (le précédent Radu Jude avant Bad luck banging) est sur Arte aussi, ça devrait t'interesser.
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asketoner
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yhi a écrit :
lun. 20 déc. 2021 18:10
asketoner a écrit :
lun. 20 déc. 2021 10:39
Nous, Alice Diop
Celui-ci ainsi que le Périot sont sur Arte je vois, mais ils ont quand même une sortie salle de prévue ?

Je viens de voir que Nous sortait en février prochain.
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asketoner
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B-Lyndon a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:42
asketoner a écrit :
lun. 20 déc. 2021 10:39
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Nous, Alice Diop

Nous, c'est les autres, mais avec soi dedans. C'est le présent plein du passé. Pluralité parfaite, ni hypocrite, ni fermée. Beauté d'un regard qui cherche, se cherche, cherche l'autre partout où il va.
Tu en parles bien mais à vrai dire je n'ai senti cela que dans un seul plan, superbe : lorsqu'elle filme une femme voilée dans le reflet du RER, et qu'elle parle de sa mère. C'est à dire qu'elle filme, honnêtement, cette femme tout autant que le souvenir d'une mère qu'elle fait surgir, dans la distorsion permise par le reflet, la caméra qui se dissimule et reste visible à la fois

j'ai aussi le souvenir d'un plan sur des arbres dans le brouillard, la nuit, au pied du petit immeuble où elle a passé son enfance. peut-être que ces images me rappellent certaines des miennes. pour le reste, je trouve le film un peu mou, un peu terne, pas si voyant. il n'a à mon sens pas su dompter sa belle idée de départ.
Le film est très ténu mais il ne me semble pas mou. Je crois que la grande fragilité du cinéma d'Alice Diop tient au fait qu'elle ne force jamais le trait, le sens, les rapprochements. Alors ici, dans Nous, ça ressemble à une succession de fragments (un film choral peut-être), mais j'aime ça, qu'elle se tienne à ce que le cinéma peut dire, et qu'elle se refuse à servir un discours. C'est bête : j'aime son style.
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asketoner
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
Trop bien !!! :love2: :love2: :love2:
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asketoner
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Aline, Céline Dion

Très bonne comédie qui ne sert pas trop la soupe, et continue tout le long à faire son boulot de comédie. Valérie Lemercier est géniale. Son point de vue sur Céline Dion est passionnant, pas du tout moqueur ni distant, elle la prend au sérieux, au premier degré disons, voire au pied de la lettre, et c'est ça qui la rend si drôle, bizarre et passionnante. La réalisatrice montre la vie d'une personne passée tout droit de sa chambre à coucher d'enfant aux scènes du monde entier, sans la moindre aventure, sans le moindre doute. Elle en fait une femme ordinaire, qui récupère les sachets de sucre dans les cafés alors qu'elle achète des maisons où elle peine à s'orienter, mais dotée d'un pouvoir extraordinaire, celui de toucher tout le monde avec sa voix parfaite.
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asketoner
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(Il y a même une scène politique malgré elle dans le film, très intéressante. Aline Dieu vient de perdre son mari, elle demande à son maquilleur, qui est la seule personne de sa vie qu'elle pourrait considérer comme un ami, si elle peut dormir chez lui. Le maquilleur s'excuse, il vit dans un deux pièces, Aline Dieu lui dit qu'elle s'en fiche, qu'elle a grandi dans une famille où il y a avait 14 enfants. Alors elle passe la nuit chez le maquilleur, et effectivement, le lit de ce pauvre garçon est quasiment dans sa cuisine, il n'a pas menti. Or il travaille pour Aline Dieu depuis des années, et il n'y a pas l'ombre d'un rapport de force entre eux, pas même l'esquisse d'une frustration chez lui : c'est normal. Il vit dans un deux pièces et travaille pour une femme qui achète des maisons immenses pour tous les membres de sa famille, mais l'argent ne sort pas de la famille, c'est le principe du capitalisme. Il n'y a pas de mérite, pas de ruissellement.)
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Tamponn Destartinn
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asketoner a écrit :
mar. 21 déc. 2021 11:13
(Il y a même une scène politique malgré elle dans le film, très intéressante. Aline Dieu vient de perdre son mari, elle demande à son maquilleur, qui est la seule personne de sa vie qu'elle pourrait considérer comme un ami, si elle peut dormir chez lui. Le maquilleur s'excuse, il vit dans un deux pièces, Aline Dieu lui dit qu'elle s'en fiche, qu'elle a grandi dans une famille où il y a avait 14 enfants. Alors elle passe la nuit chez le maquilleur, et effectivement, le lit de ce pauvre garçon est quasiment dans sa cuisine, il n'a pas menti. Or il travaille pour Aline Dieu depuis des années, et il n'y a pas l'ombre d'un rapport de force entre eux, pas même l'esquisse d'une frustration chez lui : c'est normal. Il vit dans un deux pièces et travaille pour une femme qui achète des maisons immenses pour tous les membres de sa famille, mais l'argent ne sort pas de la famille, c'est le principe du capitalisme. Il n'y a pas de mérite, pas de ruissellement.)

Oui, elle est bien cette scène. Mais elle interpelle aussi parce qu'avant elle, une succession de séquences/vignettes s'enchaine, et je les trouve dévitalisées de toutes ambitions visuelles et narratives. A partir du moment où elle devient célèbre et s'installe avec son vieux, il ne se passe pas grand chose, ni à l'image ni dans le récit.
C'est vrai que Lemercier ne prend pas de haut Céline Dion et son premier degré fait du bien, mais elle en arrive à ne pas raconter grand chose, selon moi.



J'ai vu aussi West Side Story (meilleur Spielberg depuis quoi ? 15 ans minimum ?), Les Amants Sacrifiés (bien mais pas non pluuus) et Le Sommet des Dieux (bien mais pas non pluuus). Mais je n'ai pas le temps d'en parler en bonne et due forme.
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asketoner
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Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 21 déc. 2021 12:49

Oui, elle est bien cette scène. Mais elle interpelle aussi parce qu'avant elle, une succession de séquences/vignettes s'enchaine, et je les trouve dévitalisées de toutes ambitions visuelles et narratives. A partir du moment où elle devient célèbre et s'installe avec son vieux, il ne se passe pas grand chose, ni à l'image ni dans le récit.
C'est vrai que Lemercier ne prend pas de haut Céline Dion et son premier degré fait du bien, mais elle en arrive à ne pas raconter grand chose, selon moi.
Oui je suis d'accord, il y a beaucoup de vignettes. Tout le film est construit pour que le génie de Lermercier actrice éclate, alors souvent c'est une série d'attitudes, de poses, et finalement ce n'est pas très vivant.
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sokol
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Ca fait quelques jours (j'oublie chaque fois que j'écris) mais je crois que j'ai découvert mon film préféré de Hawks (@asketoner !!!)

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:ouch: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :ouch:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
len'
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asketoner a écrit :
mar. 21 déc. 2021 11:13
(Il y a même une scène politique malgré elle dans le film, très intéressante. Aline Dieu vient de perdre son mari, elle demande à son maquilleur, qui est la seule personne de sa vie qu'elle pourrait considérer comme un ami, si elle peut dormir chez lui. Le maquilleur s'excuse, il vit dans un deux pièces, Aline Dieu lui dit qu'elle s'en fiche, qu'elle a grandi dans une famille où il y a avait 14 enfants. Alors elle passe la nuit chez le maquilleur, et effectivement, le lit de ce pauvre garçon est quasiment dans sa cuisine, il n'a pas menti. Or il travaille pour Aline Dieu depuis des années, et il n'y a pas l'ombre d'un rapport de force entre eux, pas même l'esquisse d'une frustration chez lui : c'est normal. Il vit dans un deux pièces et travaille pour une femme qui achète des maisons immenses pour tous les membres de sa famille, mais l'argent ne sort pas de la famille, c'est le principe du capitalisme. Il n'y a pas de mérite, pas de ruissellement.)
Et je pense qu'à peu près tout le monde dans la salle s'est aussi dit que c'est normal, et a même peut-être salué la tolérance d'Aline pour dormir toute une nuit dans de telles conditions.

A se demander si c'est vraiment malgré elle, parce qu'entre cette scène, celle de la grande maison où on se perd ou même son nom (Dieu), ça insiste bien sur cette absurdité de la célébrité et de la richesse. Mais elle n'en fait pas une affaire d'individus, et elle ne le souligne pas par un faux rapport de force, ce qui rend cette scène très juste.
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sokol
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yhi a écrit :
lun. 20 déc. 2021 18:10

@sokol : D'ailleurs je remarque que Uppercase print (le précédent Radu Jude avant Bad luck banging) est sur Arte aussi, ça devrait t'interesser.
Oui !! Je l'ai vu (un peu avant que Arte le met en ligne) : c'est toi, d'ailleurs, qui m'avais parlé ici de son existence, n'est-ce-pas ? (perso, je croyais que "Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares" était son avant-dernier film donc je ne connaissais pas du tout l'existence de "Uppercase print").

J'ai bien aimé mais je n'ai pas été très convaincu par les parties qui mettent en scène la pièce de "théâtre documentaire".

De toute façon, ce qui est bien avec Radu Jude c'est qu'il fait du cinéma un peu comme faisait Fassbinder et ça, ça n'a pas de prix !
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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Touching the Skin of Eeriness, Ryusuke Hamaguchi, 2013 (visible sur Henri)

C'est un film de 50 minutes, je le trouvais étrangement allusif, parfois abrupt dans sa manière de conduire son récit, mais en vérité il s'agit plutôt d'un essai, d'un prototype réalisé par Hamaguchi pour produire un film plus long qui n'a jamais été tourné. Or comme le récit est troué, parcellaire, vraiment vague par endroits, il n'y a plus que la mise en scène, d'une beauté inouïe. Tout tourne autour de la question du contact : comment rentrer en contact avec l'autre, et pour faire quoi sinon le détruire ? Les personnages se tiennent à la lisière du désir de toucher, la caméra elle-même observant une distance (au plus près, mais jamais contre : mue par les mouvements de ses personnages). Le monde que filme Hamaguchi semble être sous-marin. Tout flotte, et tout geste a une répercussion. Il y a quelque chose de très sensuel dans le film, que soulignent les moments où les deux jeunes protagonistes apprennent à danser, moments dont les durées sont étonnantes (à chaque fois j'ai été surpris par l'endroit où Hamaguchi coupait les séquences de danse).
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groil_groil
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Un court métrage qui met en scène un personnage secondaire et fictionnel de Etreintes Brisées. Un film au texte hyper cru, choquant, porno dans lequel Almodovar s'amuse à repousser ses limites à l'extrême et qui ne trouve son sens qui si l'on voit Etreintes Brisées en même temps.

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Celui-ci je ne l'avais vu qu'une fois à sa sortie, et je ne sais pourquoi, même s'il est dans une période médiocre du cinéaste, je le sentais bien, ce revisionnage. Et j'avais raison, le film est magnifique, renouant avec ses grands mélodrames du genre La Fleur de mon Secret, c'est digne, émouvant, Almodovar n'en fait pour une fois pas trop dans le provoc gratuite, c'est un film qui se bonifie avec le temps qui plus est, et c'est celui-ci le plus beau rôle de Pénelope chez lui.

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Revu un soir de glande. Je garde toujours un meilleur souvenir de qu'est le film en réalité. C'est plaisant, mais la longue partie en Colombie (90% du film) ne contient pas que des bonnes choses, même si tout le système Zemeckis/Spielberg/Amblin/80's est bien en place. A contrario j'adore littéralement les scènes new yorkaises en ouverture et fermeture du film. ça reste un joli divertissement, inspiré de L'Homme de Rio là encore, et avec pas mal de points communs avec Indiana Jones.

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J'aime beaucoup (comme tout le monde) Viggo Mortensen, et j'étais assez séduit à l'idée de le voir passer derrière la caméra. Pas de chance, et malgré la sincérité évidente qu'il y met, ainsi que la qualité technique du bouzin, irréprochable, son film est une grosse daube. C'est l'histoire d'un tyran domestique, un père odieux, toute sa vie, sur deux époques, qui vont et viennent dans le film. On voit le personnage de Viggo enfant, et son père odieux mais à un point extrême, envers toute sa famille. Et puis on les voit au présent. Viggo est devenu homo, il est marié, à une fille, il est chirurgien, et il accueille son père chez lui, qui est abominable, qui le traite de tous les noms, qui ne supporte pas qu'il soit gay, en plus le mari de Viggo est asiatique, donc le racisme se rajoute à l'homophobie. Ce film est insupportable, parce que l'ensemble de la famille, il y a aussi la soeur, ses enfants, etc., laisse faire en permanence. Il n'y a qu'une seule fois en deux heures où Viggo lui demande de se taire, mais sinon c'est deux heures d'insultes et d'humiliation que tu te prends en pleine gueule. Viggo dédie le film à ses deux frères, donc il y a sûrement du vécu là-dedans, ils ont sans doute subi un père tyrannique, très bien. Mais enfin, le film te présente une ordure à qui on passe tout, et le film se termine, c'est une ordure à qui on passe tout. Encore les ravages du cinéma de l'humiliation, qui devient une tendance beaucoup trop présente.

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j'avais détesté en salle et c'est toujours aussi pourri à la revoyure. Quand je pense que des gens considèrent que c'est l'un des meilleurs Almodovar, faut vraiment avoir de la merde dans les yeux. Comme d'hab, le cinéaste cite à outrance ses références, (coucou Franju) mais ici c'est vraiment gênant car ça parasite le récit, ça le fige. Ensuite c'est souvent assez moche, et puis c'est d'une vulgarité abyssale. Enfin, le fond du film, mon dieu... C'est quand même un type, grand médecin qui prend un mec, le type qui a violé sa fille et qu'il tient comme responsable de la mort d'icelle, qui l'enferme pendant des mois, puis qui le transforme en femme, pas n'importe quelle femme hein, puisqu'il lui donne l'aspect exact de sa propre épouse décédée, et ensuite il va la/le baiser, et comme ça lui fait mal à son nouveau vagin tout propre et pas préparé, il lui propose de l'e.nculer... AU SECOURS !!!

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Un très bon film d'animation & de Noël, du studio Aardman, que mon fils revoyait avec plaisir et que ma fille découvrait les yeux plein d'étoiles.

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Le meilleur Chéreau, et un film qui tient toujours la route aujourd'hui, malgré sa longueur, son défilé de stars et ses approximations historiques. ça reste tout de même l'un des meilleurs grands films historiques produit en France à cette époque, parce que c''est un film incarné, notamment par ses acteurs, qui donnent beaucoup d'eux-mêmes, mais pas seulement, puisque la mise en scène, la photo, les décors et costumes, tout semble avoir et donner du sens.

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Magnifique surprise et très beau film, purée c'est un premier film en plus, quelle aisance, quelle virtuosité ! j'ai adoré, c'est un film à la grâce infinie, d'une grande fragilité et ça lui donne tout son sel. ça oscille en permanence entre comédie, drame et romance, et même si c'est sur le versant comédie que la cinéaste est la plus à l'aise, le changement de braquet permanent force l'admiration. Et que dire de ces comédiens fabuleux, Demoustier, Podalydès, Bruni-Tedeschi, qui sont des acteurs géniaux, mais dont l'interaction ici est absolument parfaite. Gros rayon de soleil.

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Très déçu par le Arbid, cinéaste que j'ai connu plus inspirée. Je n'ai pas lu le Annie Ernaux qu'elle adapte, mais j'espère que le livre est plus riche et plus complexe que la vision qu'en propose Arbid. Soit une passion folle d'une enseignante pour un jeune type russe dont elle ne sait rien à part qu'il bosse au consulat et qu'il aime Poutine. Passion destructrice, mais qui se résume dans le film à des scènes de cul répétitives et des attentes fébriles de textos annonciateurs de coups de pine à venir... C'est bien maigre tout cela...
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
mer. 22 déc. 2021 11:38
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Un court métrage qui met en scène un personnage secondaire et fictionnel de Etreintes Brisées. Un film au texte hyper cru, choquant, porno dans lequel Almodovar s'amuse à repousser ses limites à l'extrême et qui ne trouve son sens qui si l'on voit Etreintes Brisées en même temps.

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Celui-ci je ne l'avais vu qu'une fois à sa sortie, et je ne sais pourquoi, même s'il est dans une période médiocre du cinéaste, je le sentais bien, ce revisionnage. Et j'avais raison, le film est magnifique, renouant avec ses grands mélodrames du genre La Fleur de mon Secret, c'est digne, émouvant, Almodovar n'en fait pour une fois pas trop dans le provoc gratuite, c'est un film qui se bonifie avec le temps qui plus est, et c'est celui-ci le plus beau rôle de Pénelope chez lui.

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Revu un soir de glande. Je garde toujours un meilleur souvenir de qu'est le film en réalité. C'est plaisant, mais la longue partie en Colombie (90% du film) ne contient pas que des bonnes choses, même si tout le système Zemeckis/Spielberg/Amblin/80's est bien en place. A contrario j'adore littéralement les scènes new yorkaises en ouverture et fermeture du film. ça reste un joli divertissement, inspiré de L'Homme de Rio là encore, et avec pas mal de points communs avec Indiana Jones.

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J'aime beaucoup (comme tout le monde) Viggo Mortensen, et j'étais assez séduit à l'idée de le voir passer derrière la caméra. Pas de chance, et malgré la sincérité évidente qu'il y met, ainsi que la qualité technique du bouzin, irréprochable, son film est une grosse daube. C'est l'histoire d'un tyran domestique, un père odieux, toute sa vie, sur deux époques, qui vont et viennent dans le film. On voit le personnage de Viggo enfant, et son père odieux mais à un point extrême, envers toute sa famille. Et puis on les voit au présent. Viggo est devenu homo, il est marié, à une fille, il est chirurgien, et il accueille son père chez lui, qui est abominable, qui le traite de tous les noms, qui ne supporte pas qu'il soit gay, en plus le mari de Viggo est asiatique, donc le racisme se rajoute à l'homophobie. Ce film est insupportable, parce que l'ensemble de la famille, il y a aussi la soeur, ses enfants, etc., laisse faire en permanence. Il n'y a qu'une seule fois en deux heures où Viggo lui demande de se taire, mais sinon c'est deux heures d'insultes et d'humiliation que tu te prends en pleine gueule. Viggo dédie le film à ses deux frères, donc il y a sûrement du vécu là-dedans, ils ont sans doute subi un père tyrannique, très bien. Mais enfin, le film te présente une ordure à qui on passe tout, et le film se termine, c'est une ordure à qui on passe tout. Encore les ravages du cinéma de l'humiliation, qui devient une tendance beaucoup trop présente.

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j'avais détesté en salle et c'est toujours aussi pourri à la revoyure. Quand je pense que des gens considèrent que c'est l'un des meilleurs Almodovar, faut vraiment avoir de la merde dans les yeux. Comme d'hab, le cinéaste cite à outrance ses références, (coucou Franju) mais ici c'est vraiment gênant car ça parasite le récit, ça le fige. Ensuite c'est souvent assez moche, et puis c'est d'une vulgarité abyssale. Enfin, le fond du film, mon dieu... C'est quand même un type, grand médecin qui prend un mec, le type qui a violé sa fille et qu'il tient comme responsable de la mort d'icelle, qui l'enferme pendant des mois, puis qui le transforme en femme, pas n'importe quelle femme hein, puisqu'il lui donne l'aspect exact de sa propre épouse décédée, et ensuite il va la/le baiser, et comme ça lui fait mal à son nouveau vagin tout propre et pas préparé, il lui propose de l'e.nculer... AU SECOURS !!!

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Un très bon film d'animation & de Noël, du studio Aardman, que mon fils revoyait avec plaisir et que ma fille découvrait les yeux plein d'étoiles.

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Le meilleur Chéreau, et un film qui tient toujours la route aujourd'hui, malgré sa longueur, son défilé de stars et ses approximations historiques. ça reste tout de même l'un des meilleurs grands films historiques produit en France à cette époque, parce que c''est un film incarné, notamment par ses acteurs, qui donnent beaucoup d'eux-mêmes, mais pas seulement, puisque la mise en scène, la photo, les décors et costumes, tout semble avoir et donner du sens.

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Magnifique surprise et très beau film, purée c'est un premier film en plus, quelle aisance, quelle virtuosité ! j'ai adoré, c'est un film à la grâce infinie, d'une grande fragilité et ça lui donne tout son sel. ça oscille en permanence entre comédie, drame et romance, et même si c'est sur le versant comédie que la cinéaste est la plus à l'aise, le changement de braquet permanent force l'admiration. Et que dire de ces comédiens fabuleux, Demoustier, Podalydès, Bruni-Tedeschi, qui sont des acteurs géniaux, mais dont l'interaction ici est absolument parfaite. Gros rayon de soleil.

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Très déçu par le Arbid, cinéaste que j'ai connu plus inspirée. Je n'ai pas lu le Annie Ernaux qu'elle adapte, mais j'espère que le livre est plus riche et plus complexe que la vision qu'en propose Arbid. Soit une passion folle d'une enseignante pour un jeune type russe dont elle ne sait rien à part qu'il bosse au consulat et qu'il aime Poutine. Passion destructrice, mais qui se résume dans le film à des scènes de cul répétitives et des attentes fébriles de textos annonciateurs de coups de pine à venir... C'est bien maigre tout cela...




Ok, tu me rassures sur La Piel que Habito. Réhabiliter Almodovar est une chose, mais si tu avais été jusqu'à réhabiliter celui là, j'aurais eu du mal à te croire :D
Du coup, tu me donnes super envie de revoir Etreintes Brisées !
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groil_groil
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ahaha impensable mon cher @Tamponn Destartinn
mais oui Etreintes à revoir de toute urgence!
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Narval
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asketoner a écrit :
mer. 22 déc. 2021 10:30
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Touching the Skin of Eeriness, Ryusuke Hamaguchi, 2013 (visible sur Henri)

C'est un film de 50 minutes, je le trouvais étrangement allusif, parfois abrupt dans sa manière de conduire son récit, mais en vérité il s'agit plutôt d'un essai, d'un prototype réalisé par Hamaguchi pour produire un film plus long qui n'a jamais été tourné. Or comme le récit est troué, parcellaire, vraiment vague par endroits, il n'y a plus que la mise en scène, d'une beauté inouïe. Tout tourne autour de la question du contact : comment rentrer en contact avec l'autre, et pour faire quoi sinon le détruire ? Les personnages se tiennent à la lisière du désir de toucher, la caméra elle-même observant une distance (au plus près, mais jamais contre : mue par les mouvements de ses personnages). Le monde que filme Hamaguchi semble être sous-marin. Tout flotte, et tout geste a une répercussion. Il y a quelque chose de très sensuel dans le film, que soulignent les moments où les deux jeunes protagonistes apprennent à danser, moments dont les durées sont étonnantes (à chaque fois j'ai été surpris par l'endroit où Hamaguchi coupait les séquences de danse).
Tu donnes très envie, merci pour le texte !! ;)
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Narval
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groil_groil a écrit :
mer. 22 déc. 2021 12:08
mais oui Etreintes à revoir de toute urgence!
Etreintes brisées :love2: parmi mes préférés. Je crois que c'est celui que j'ai regardé le plus de fois car j'avais trouvé plus jeune le scénario absolument parfait de maîtrise.
D'ailleurs j'aime beaucoup la fin en particulier, elle te donne envie de faire un film.
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asketoner
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Une Vie démente, Ann Sirot et Raphaël Balboni

Le film est plein de défauts, de faiblesses et de complaisances, et pourtant il est loin d'être mauvais. L'essentiel est là - l'émotion ? Une certaine finesse aussi, une manière de jouer avec ce que personne ne veut voir (la vieillesse).
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groil_groil
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Nanar de Noël.

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Très belle surprise. C'est un film archi conventionnel dans sa fabrication et sa construction, mais je le trouve très touchant et bien senti. On y suit une jeune femme (excellente Margaret Qualley, déjà vue dans Once Upon a Time in Hollywood de Tarantino, et qui se trouve être la fille d'Andy Mac Dowell) qui se fait engager, en 1995, dans une maison d'agents littéraires à l'ancienne et à New York, tenue par la toujours magnifique Sigourney Waever (c'est elle qui m'a donné envie de voir le film, j'avais envie de savoir ce qu'elle devenait), et qui a comme client l'énigmatique JD Salinger, qui vit planqué depuis des années et qui sera l'un des héros du film alors qu'on en l'aperçoit qu'en silhouette et de dos. Au-delà de la parfaitement réussie immersion dans le milieu littéraire à une époque charnière (celle de l'arrivée des ordinateurs, de la peur du numérique...), le film est aussi et surtout très réussi par le portrait qu'il dresse de cette jeune femme. Elle est poète et rêve de voir certains de ses textes publiés au New Yorker, mais au-delà de ça, on la suit également d'un point de vue personnel, celui d'une jeune provinciale arrivant à New York, son emménagement, ses amours, ses questionnements, ses doutes, et au fil du film, on assiste littéralement à la transformation d'une jeune fille en femme, et c'est sans doute ce qu'il y a de plus réussi et de plus émouvant.
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El_Blasio
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
Super cet article! Ca me rend tout nostalgique, en pleine sortie de Matrix 4. D'ailleurs est-ce que SingleServingJack hante encore ce présent forum ?
NostalGique Allocinéen depuis 2002
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groil_groil
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El_Blasio a écrit :
jeu. 23 déc. 2021 11:38
groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
Super cet article! Ca me rend tout nostalgique, en pleine sortie de Matrix 4. D'ailleurs est-ce que SingleServingJack hante encore ce présent forum ?
Il est censé, je n'arrête pas de le bassiner avec ça, mais je n'ai pas encore l'impression qu'il ait créé un compte, je vais l'engueuler
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sokol
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Mais, mais, "Oranges sanguines" est un film du réalisateur du très beau "Apnée" ???
:eek:
Personne l'a vu ??? (moi c'est ce week-end mais bon, je ne savais pas)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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yhi
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Je l'ai vu mais j'ai pas vu Apnée (déçu de l'avoir raté car j'aime beaucoup le premier moyen métrage de Meurisse).

Oranges sanguines j'ai trouvé ça bien, mais sur certains points, ça va un peu trop loin dans la provoc'
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cyborg
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Sedmina / La fête des morts - Matjaz Klopcic - 1969

Reprenant tous les tics esthétiques et scénaristiques de la Nouvelle Vague française, Sedmina en est une surprenante variation sur le passage à l'âge adulte d'un jeune homme romantique confronté aux débuts de la 2ème guerre mondiale et l'occupation italienne en Slovénie.
Comme il a été noté ici même, la Nouvelle Vague s'est rarement frotté ouvertement à des questions politiques et sociales (remarque faite après le visionnage du très bon Les Coeurs Verts d'Edouard Luntz) et peut-être encore plus rarement au film de reconstitution historique (du moins aucun ne me vient en tête), ce qui donne donc un côté unique à cette réalisation slovène.
Les émois amoureux sont ici sans cesse contrecarrés par l'engagement politique et la nécessaire résistance armée lié à la situation. Les deux dynamiques coïncident jusqu'à une terrible scène finale dans laquelle les violences se confondent et aboutissent à une folie passagère. Seule la fuite vers l'étranger(ou le "maquis" ?) sera alors possible...
Le résultat est loin d'être parfait mais n'en reste pas moins une surprenante et intéressante curiosité.


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Inland est un film sur une mise à l'épreuve entre le réel et sa représentation, rebattant l’éternel et incontournable thème des rapports entre la carte et le territoire. Mais en prenant en compte exactement ce qui se situe entre la carte et le territoire, à savoir celui qui l'habite, celui qui le traverse : la donnée humaine.
Tout part même de la conception de la carte, un rapport entre celui qui doit rationaliser l'espace, noter ses variations, tracer ses courbes pour aboutir à une électrification locale et qui se retrouvera stoppé non pas tant par des petits conflits locaux (politique, mafieux, religieux ?) que par des corps qui traversent ce même espace, poussés par des forces qu'on devine plus qu'on ne nomme (guerre, chômage, misère...) mais dont la trajectoire fini par dépasser et entrainer toutes les autres. Et le géomètre d'abandonner sa mission pour partir à la dérive avec sa nouvelle amie d'infortune.

Inland (revisionnage plus de 10 ans plus tard, vu à l'époque en salle et dont il ne me restait que de très vagues souvenirs) est à priori un film un peu mal aimable pour une série de tics esthétiques proche d'un certain art-vidéo dont on ne sait si ils sont de vrais choix du réalisateur ou des limites liées à un budget qu'on imagine très limité. Mais Inland est un film qu'il me semble nécessaire d'aimer pour l'énergie qu'il porte, pour son désir immense de cinéma et plus encore pour son désir de vie. Pour cette prévalence donnée aux possibles d'une rencontre alors que rien n'y appelait. "inland" c'est l'intérieur des terres, mais c'est peut-être aussi l'intérieur de soi et de ses propres frontières. Dans les deux cas leur franchissement n'est pas vain.



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Nature Morte - Harun Farocki

Doc d'une heure sur la conception des images publicitaires dans les années 80, mis en parallèle avec la peinture classique de natures mortes.
Très intéressant mais peut-être à réserver aux amateurs du sujet.


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Film dans la pure continuité de son précédent, Horse Money. Le résultat est très beau, sidérant même par sa force esthétique pour laquelle Costa pousse au maximum sa photographie, allant jusqu'à taquiner l’expressionnisme allemand (qui était déjà bien présent dans son tout premier film, O Sangre) et transformer définitivement le désormais célèbre quartier de Fonthainas en dédale infernal.
Malgré tout cela je crois que je préfère Horse Money qui est peut-être un peu plus libre face à lui-même, se permettant décrochages esthétiques et narratifs, presque totalement absent ici.

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Oh. Mon. Dieu. Que. C'est. Long.
Et que c'est tarte.
Je croyais que ça parlait un minimum de la montée du nazisme mais tout est totalement éludé en vague toile de fond et les seuls personnages qui auraient pu être complexes (Oncle Max & l'amoureux) sont réduits presque au strict minimum.
Au secours.
Bon au moins je l'ai vu...

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La genèse d'un repas - Luc Moullet

Sous son petit air amusé habituel, Luc Moullet livre dès 1969 un saisissant réquisitoire contre l'industrie agro-alimentaire globalisée et se permet d'amener encore plus loin son sujet tout le long d'une progression aboutissant dans sa dernières parties aux conditions de vie des travailleurs africains et au travail des enfants en Amérique du Sud, après être passé par les rapports de classes, les rapports nord-sud, les rapports blancs-noirs, les conditions de travail, le post-colonialisme...

Le film est donc très militant, très engagé à gauche, sans pour autant tomber dans un dogmatisme facile. Je ne sais pas si Moullet a eu des précurseurs pour parler ainsi d'un tel sujet mais sa méthode force le respect par son approche et ses entretiens implacables, tout en restant très simple et abordable pour tous. Je craignais que le film soit trop daté 60s, ce qu'il est immanquablement bien sur, mais le propos reste suffisamment d'actualité pour être toujours pertinent aujourd'hui.
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asketoner
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Matrix résurrections - Lana Wachowski

Le film ne se sort pas de la dépression qu'il insinue au début, abandonnant en cours de route sa dimension méta pour céder (sans s'abandonner) à des niveaux de lecture plus attendus. La réalité est réduite à des immeubles en verre et un café high-tech (nommé Simulatte), et à un cabinet de psy. J'ai bien l'impression que Lana Wachowski n'est plus sortie de chez elle depuis un bon moment. Cela rend un peu moins vertigineux que prévu le rapport entre le réel et la vérité.
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asketoner
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The Cloud in her room, Zheng Lu Xinyuan

On dirait un peu les aventures de Léa Seydoux à Hong-Kong : elle fume des clopes, elle chante vaguement dans les karaokés, elle flirte ici et là, elle ne revend pas l'appartement, elle s'ennuie à crever. C'est contagieux : à un moment, la réalisatrice suit son personnage, de nuit, sur un petit pont qui traverse un lac. Le plan est très joli, mais d'un coup, la caméra s'arrête, sans raison, alors que le personnage continue - sans raison ou par lassitude. Alors moi aussi je suis sorti de la salle.

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Cry Baby - John Waters

John Waters est le cinéaste le plus marrant du monde, et bien que ses films souffrent parfois d'un systématisme qui les plombe à mi-chemin (c'est le cas ici), on trouve toujours de quoi se réjouir à un moment ou à un autre.
Par ailleurs, je ne sais pas qui a pompé sur qui, mais la scène de fin de Sailor et Lula dans l'embouteillage est en tout point semblable à celle de la libération du héros dans Cry Baby.
On notera également que les larmes de sperme n'ont pas été inventées par Bonello dans L'Apollonide.
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sokol
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Un des 2-3 inratables films de l'année (ou, peut-être, bien le seul !)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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yhi
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Ha ha ! Mais je t'avais même pas reconnu sur Sens Critique, pourtant l'avatar aidait ! :D
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yhi a écrit :
lun. 27 déc. 2021 16:11
Ha ha ! Mais je t'avais même pas reconnu sur Sens Critique, pourtant l'avatar aidait ! :D
Effectivement, on n'a pas échangé là-bas (et le nom là-bas est suite à un enregistrement à la con via google ou un truc comme ça). Et je t'ai "découvert" via ce film (t'es un des rarissimes de l'avoir vu !!)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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yhi
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Oui, je l'avais vu sur Mubi, il avait été diffusé en début d'année. Une très bonne surprise. Mubi propose quelques exclus vraiment top parfois.
En tout cas félicitations à ED distribution d'avoir sorti ça en salle. Ce sont de vrais kamikazes.
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sokol
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yhi a écrit :
lun. 27 déc. 2021 17:55
.
En tout cas félicitations à ED distribution d'avoir sorti ça en salle. Ce sont de vrais kamikazes.
:jap:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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Tamponn Destartinn
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Le sommet des Dieux - Patrick Imbert
Un film qui arrive à me donner le vertige et plus globalement le sentiment d'être en haut de la montagne avec les personnages, autant dire que ses enjeux - hautement ambitieux, surtout pour un dessin animé - sont accomplis.

Les Amants Sacrifiés - Kiyoshi Kurosawa
Le classicisme du film l'empêche d'être un grand Kurosawa, mais c'est un très bon film, qui par deux fois m'a bien surpris au niveau de son scénario et où l'on reconnait malgré tout bien la patte de son réalisateur. Aussi, à la fin j'avais le coeur brisé.

White Building - Kavich Neang
Vu en avant première il y a de cela assez longtemps, mine de rien. Magnifique dans mes souvenirs, qui ne sont pas plus précis que cela pour autant (on est pas du niveau d'un film inoubliable, donc)

The Father - Florian Zeller
Son seul défaut est de ne pas être à la hauteur de mes fantasmes au vu de son sujet et surtout de son angle, géniaux tous les deux. Sacrée performance d'Hopkins, qui confirme régulièrement ces derniers temps qu'il mérite sa légende.

Aline - Valérie Lemercier
J'en ai parlé un peu avant : je trouve qu'on n'échappe pas au problème principal du genre, à savoir la succession de vignettes qui, assemblées, donne un film assez peu incarné et pas très passionnant. Surtout dans sa seconde partie, une fois que son succès et son couple avec le vieux sont actés.

Présidents - Anne Fontaine
Comment dire ?... Ce n'est pas si nul. C'est drôle de regarder le film plusieurs mois après sa sortie, car il se déroule en décembre 2021, et il y est dit que le covid vient de se terminer, que Macron est au plus bas dans les sondages et que LePen a zéro concurrent pour ne pas gagner. Mais que le film soit à côté de la plaque politiquement n'est presque pas un souci, tant son sujet est de parler de deux ex présidents qui sont justement totalement à côté de la plaque. De montrer à quel point ce sont des losers ringards qui ne peuvent l'accepter. Mais si je dis "presque", c'est parce que malheureusement la fin est trop idiote pour que l'étrange pacte de suspension d'incrédulité passé avec le spectateur fonctionne jusqu'au bout.

Les amours d'Anaïs - Charline Bourgeois-Tacquet
Le film repose entièrement sur son personnage principal, que j'ai trouvé absolument insupportable. J'aime bien Demoustier, mais là non, le film se plante complètement dans le dosage toujours compliqué du "personnage fantaisiste bourré de défauts mais terriblement attachant". J'ai tenu 2/3 et puis j'ai arrêté les frais.
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Tamponn Destartinn
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Films que je veux voir d'ici la fin de l'année :

BAD LUCK BANGING OR LOONY PORN
MADELEINE COLLINS
TROMPERIE
BELLE
THE CARD COUNTER
MATRIX RESURRECTIONS

(je ne vais jamais y arriver)
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asketoner
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Madeleine Collins, Antoine Barraud

Pourquoi vouloir faire Vertigo en moins bien ?
Ce film n'a aucun intérêt, et le cinéaste (dont j'avais par ailleurs beaucoup aimé le Dos Rouge) n'a pas du tout les moyens de ses ambitions, ni même vraiment d'ambition valable. (Le Dos rouge était un film fragile qui ne le cachait pas ; Madeleine Collins est un film raté qui veut faire semblant du contraire.)
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yhi
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Ouais, quand on fait le point à la fin, on se rend bien compte que c'est pas terrible. mais moi qui n'aime pas trop les scénarios basés sur le mensonge à la base (là on est quasiment au niveau de L'adversaire), je dois dire que celui-ci à réussir à maintenir mon attention car l'info est distillée au goutte à goutte comme il faut. Et j'aime bien la scène d'ouverture. Mais bon, j'aurais probablement oublié ce film d'ici deux semaines.

Par contre, j'arrive pas trop à comprendre qui c'est ce Antoine Barraud :D . J'y suis aussi allé parce que j'avais aimé Le dos rouge, mais le gars, il a produit Marie Losier et Joao Pedro Rodrigues et a participé au scénario du film d'animation 'Gus' (ça me fait rire, parce que j'ai des collègues qui ont bossé sur ce film). C'est un parisien qui connait du beau monde ?
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yhi a écrit :
mar. 28 déc. 2021 16:13
Et j'aime bien la scène d'ouverture.

Oui, elle est excellente, on dirait un peu Snake Eyes de De Palma...

Et sinon je ne sais pas qui est Antoine Barraud mais oui, j'imagine qu'il est bien intégré socialement pour avoir Donzelli et Nadav Lapid en guest stars :D
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yhi
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Nadav Lapid qui, comme il a été évoqué ici, est un cinéaste du "territoire". Le fait qu'il fasse là une apparition pour délivrer des faux papiers, je dois dire que j'ai trouvé ça plutôt amusant aussi :D
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Tamponn Destartinn
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BAD LUCK BANGING OR LOONY PORN

Merci mille fois à Sokol d'avoir autant vendu le film comme le chef d'oeuvre de l'année, car sans cela je ne serais peut-être pas allé le voir. Or, oui : c'est un film incroyable. Il est divisé en trois actes, chacun formellement très différents, mais qui forment un tout ultra cohérent et complet pour ce qu'il a à nous raconter, à savoir ni plus ni moins ce qu'est notre époque, dans toute son hypocrisie et sa folie, mais préférant en rire qu'en pleurer et évitant toute psychologie inutile ou discours réactionnaire. Chaque acte est plus facile d'accès que le précédent, mais ne fonctionne que parce qu'il y a eu ce qu'il y a eu avant. D'ailleurs, la scène d'ouverture (la sex tape qui vaut des ennuis à une professeure d'école catholique) résume tout : on pourrait penser qu'on pouvait s'en passer, mais non. Pas pour la raison qui pousse une mère d'élève à la montrer en début d'acte 3, mais à l'inverse, parce que c'est en étant le plus concret et le plus cru possible que son innocence transparait. L'ensemble des images que le cinéaste capture en panotant à chaque sortie de champ de l'héroine en acte 1 en est la preuve : notre monde est ce qu'il est, ça dégueule de partout et l'indécence est ailleurs.
Bref, beaucoup à en dire, hâte de lire ou entendre de meilleurs analystes que moi sur le sujet.
(PS : et la meilleure chanson de Bobby Lapointe sert de leitmotiv musical pour chaque début d'acte, si ça c'est pas un argument massue en faveur du film, je ne sais pas ce qu'il vous faut)


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WEST SIDE STORY

J'ai oublié d'en parler, alors que là aussi, c'est un des meilleurs films de l'année.
Cela fait une décennie à peu près que Spielberg est devenu un cinéaste purement formel. Je pense en tout cas qu'il ne s'intéresse plus qu'à cela. Il a réalisé le scénar pourri qu'est Ready Player One pour le défi formel que ça représente, pareil pour son Tintin (le premier film de cette période - et jusqu'alors le plus intéressant, même si imparfait). Ou alors des biopics osef, lui apportant surtout une base pour faire les images qu'il veut.
C'est ainsi qu'il réalise ici son meilleur film depuis des lustres, avec ce West Side Story. C'est logique : quoi de mieux que le remake d'un classique, dont les deux seuls intérêts ne peuvent être que des modifications indispensables pour notre époque (les acteurs latino notamment) mais surtout une réinvention par la mise en scène ?
Sur tous les tableaux, Spielberg remplit la tâche haut la main. On dirait que ça fait 10 ans qu'il s'entraine et expérimente pour arriver à ce niveau de maitrise avec ce film-là.
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BOX OFFICE STORY
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a Cyborg
Ah oui, The sound of Music c'est très très tarte et cela a été un carton totalement monumental aux USA à sa sortie.
Sans cela je viens de voir "last looks" un direct to video avec Charlie Hunnam, un peu Mel Gibson, Clancy Brown et la toujours délicieuse Morena Baccarin... Pour Charlie Hunnam on peut pas dire que sa carrière sur le grand écran a explosé avec Pacific Rim ou avec les gros flops du Roi Arthur et Papillon...Un peu relégué dans la seconde division de la vidéo... Bon le film est un thriller qui se déroule sur la côte Ouest ou plutôt un polar qui louche un peu sur Nice guys ou un film à la Guy Ritchie....Pas vraiment innovant avec une intrigue qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais un super casting alors cela vaut peut être un coup d'oeil poli.
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La pierre philosophale transformait le plomb en or.
Disney transforme l'or en merde.
Kevin Feige tu fais de la merde.
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 28 déc. 2021 22:20
Chaque acte est plus facile d'accès que le précédent, mais ne fonctionne que parce qu'il y a eu ce qu'il y a eu avant.
:jap:

Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 28 déc. 2021 22:20
parce que c'est en étant le plus concret et le plus cru possible que son innocence transparait.
On a vu littéralement le même film :jap: :jap:
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cyborg
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Le pré - Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Un jeune homme chargé d'aller vendre la maison familiale dans la campagne italienne décide de s'y installer, tombe amoureux d'une locale déjà en couple et expérimente un triangle amoureux. Tout est un peu raté dans Le Pré, tout va trop vite et on a l'impression d'à peine connaitre les personnages auxquels nous sommes sensé nous attacher. Chaque échange, chaque situation vise une porté symbolique mais sonne creux. Raté.

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Partant à Beyrouth pour enquêter sur la révolution "zendj", révolution d'esclave noir vieille de 12 siècles, un journaliste fini par s'intéresser à toutes les révoltes en cours autour du bassin méditerranéen, dans un vieux rêve de pan-arabisme qui peine à se rallumer. Sommé de rentrer à Alger par sa rédaction il abandonne sa tache et part sur sa propre dérive.
Ici on change donc le géomètre par un journaliste et la trame -ainsi que la forme- de Révolution Zendj est très proche de celle de Inland. On retrouve le même hésitation plastique avec, à nouveau, quelques incroyables fulgurance transformant la faiblesse technique en tour de force. Par contre à l'inverse on parle beaucoup dans Révolution Zendj, trop sans doute, allant jusqu'à écraser et recouvrir les images. On veut laisser la parole à chacun, donner une visibilité ce qui est louable, mais c'est souvent redondant et donc nuisible au film. Le résultat, si il est louable et important, est cinématographiquement moins convaincant qu'Inland.

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Incroyable film que ce Bad Luck Banging, drôle, irrévérencieux et créatif.
Il est rare de voir un film qui semble aussi raccord sur c'est qu'une image à l'époque qui est la sienne, ici leurs circulations, leur présences surnuméraires, leur excès, leur faussetés, leurs limites et qui en plus se joue du medium de son temps, dans le cas précis internet et ce que cela fait aux images, à nos pensées, à nos paroles.
Chaque partie répond ou complète les autres, tout en étant extrêmement différentes les unes des autres.
La première, simple promenade en ville ou les micro-situations s'accumulent et plus encore les innombrables images publicitaires qui se succèdent et parlent d'elle même : le montage se fait par nous, par notre simple regard et esprit tandis que la caméra suit un déplacement dans l'espace.
La seconde, accumulation de faits, entre found-footage et images créées se passe davantage par sérendipité, comme une errance sur internet, de lien en lien, tantôt drôles tantôt instructives, tantôt tragiques.
La troisième partie est un tribunal populaire, retour à ce qu'avait esquissé la première partie : une professeure se voit condamnée car une sex-tape la représentant à fuité sur internet. Ainsi si ce tribunal populaire à quelque chose de théâtral, de brechtien peut-être, il ressemble surtout à une série de commentaires sous une vidéo (la vidéo porno de la prof ?) ou chacun y va de son avis, de sa digression, surgit de nul part pour mieux disparaitre, avec des interférences (des voix ou des blagues nulles surgissent du fond et se superposent au propos), émet un avis définitif, semblent parler sans filtre ni honte tout en restant pudibond. Il n'y a pourtant pas vraiment de discussion et encore moins de réflexion. Tout au plus une accumulation de point de vue qui ne construisent jamais avis ni communauté, chacun restant sur sa position. Il n'y a donc pas d'issu, et les 3 fins restent ouvertes sans choisir. Peu importe, la troisième et donc "vrai fin du film", vengeance bouffonne ridiculisant le puritanisme ambiant est la plus jubilatoire.


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More - Barbet Schroeder

Quel ennui.
Le film se veut un témoignage "de première main" de la génération hippie, et c'est sans doute sa plus grande qualité : tourné en 1968, paru en 1969, tout ce qu'il montre est assurément au plus proche de ce qu'était cette époque. Un peu comme I Need A Ride to California de Morris Engel qui déambule dans le "Village" New-Yorkais en 1968... mais oublie à peu près tout les autres enjeux narratifs ou intellectuels, trop content de ce qu'il filme. Le problème me semble le même ici, les enjeux étant joué dès le début du film, qui se déroule à peu près sans surprise.
La bonne question que fait se poser le film est plutôt : qu'est ce qu'un film de son époque, qu'est ce qu'un film qui serait "à l'heure" et donc immédiatement reconnaissable comme telle et porté aux nus par les gens qui vivent cette dite époque ou parait le film ? Peut-il avoir une valeur autre qu'émotionnelle immédiate ? Et ne peut-il au final générer que 1/de la nostalgie pour ceux ayant vécu l'époque en question 2/une curiosité historique/documentaire pour les autres ? Je me pose cette question en rapport avec le Radu Jude vu plus haut qui me parait bien "de son temps" mais qui pour autant n'en est ni dans la fascination ni dans un simple rapport esthétique à son époque : il pose un regard et des questions, il se pose donc volontairement ailleurs qu'être juste un film "dans l'air du temps".
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cyborg
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Cette découverte -plutôt très moyenne à mon gout- de Schroeder sera donc vraissemblablement mon dernier film de l'année.
Ce qui me porte à 151 films vus cette année, ce qui n'est pas si mal par rapport aux dernières années, même si c'est un chiffre ridicule par rapport à certains ici, comme toujours !
D'après mes notes je passe aussi enfin les 2000 films vu en tout, avec 2017 films vu depuis que j'ai commencé à prendre des notes (et plus ou moins à poster parmi vous) le 14 aout 2005.
Quelle aventure depuis lors :D

Bonne année à tous :love2: :love:
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yhi
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cyborg a écrit :
jeu. 30 déc. 2021 00:00
Quelle aventure depuis lors :D
Toujours intrigué par tes choix éclectiques et de très bons textes sur des films que j'ai vus (je n'aime pas trop lire sur les films que je n'ai pas vus alors malheureusement je zappe une majorité des textes que tu écris, mais les noms des films ou des réalisateurs que je vois passer me restent en tête)
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yhi
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D'ailleurs ça fait une éternité que je n'ai rien posté ici donc j'en profite pour relayer deux textes postés sur SC sur des films du moment :

Ham on rye, Tyler Taormina

Ces filles en robes de soirée, ces garçons aux nœuds papillons. Les crâneurs faisant vrombir la voiture, le rondouillard et l'appareil dentaire devant se contenter de marcher. Où se dirigent tous ces pas rythmés à la West side story ? Ils convergent vers le deli' de chez Monty où est organisé leur bal de fin d'année.
Ils sont en groupes, seuls, ils s'observent, dégustent leur hot dog ou leur sandwich ham on rye (référence au roman initiatique de Bukowski), hésitent quand à la nature de ce jour dont ils se souviendront toute leur vie et des choix qu'ils doivent y faire. Certains abordent, d'autres hésitent. Chacun se voit caractérisé par un défaut qui étrangement le rend plus beau, cette fille manque de confiance mais est probablement la plus jolie du groupe, cette autre a l'oreille droite décollée qui dépasse de sa chevelure mais n'est pas sans manquer de charme, le grand dadais semble plus réfléchi, le petit sûr de lui. Mais l'important c'est qu'en un plan, ils existent, tous.
Le rythme s’accélère, le choix des partenaires de bal se fait façon western, les doigts s'accrochent et la danse éclate. Un slow arrive, tout en flute et en harpe et débouche sur le climax éblouissant d'un premier baiser qui provoque un saut statique faisant grésiller toutes les lumières de la ville. Ils quittent le bal, sur des images DV en forme d'album souvenir. La jeunesse disparait sur le soleil couchant, ne laissant que les esseulés et les laissés pour compte.
Ceux-ci doivent alors se frayer un chemin dans une nuit lugubre et mélancolique peuplée d'adultes qui semblent regretter leur jeunesse perdue. Même la lumière bleutée de leurs cigarettes semble morte tandis qu'ils battent mollement les cartes d'un Uno en buvant des bières ou qu'ils errent en voiture à travers la ville.
Il est courageux pour Tyler Taormina d'avoir coupé en deux son film de cette manière. D'échapper aux grands drames ou au grandes émotions de sa première moitié. D'assumer ce contraste entre l'importance de la journée pour ces adolescents et la réalité de la fête anti-spectaculaire entre sandwich du bouge local et boule disco digne des plus petites salles des fêtes. Puis de se laisser entrainer dans la lenteur et le vague à l'âme d'une nuit sans but.
En ouvrant deux / trois pages web (mais je n'ai trop rien lu dessus avant de moi-même écrire), on voit rapidement apparaitre Lynch, décidément cité à toute les sauces. Si Ham on rye, par son utilisation des couleurs entre autres, n'est pas sans rappeler le récent Knives and skin (qui lui visait Lynch de manière plus claire), ce n'est pas du côté du réalisateur de Blue Velvet qu'il faudrait chercher, mais plutôt chez Gus Van Sant.
Ces affres de la jeunesse, savamment mêlées aux coupes de cheveux des coming-of-age movies des années 80/90 donne un film entre rire et chagrin qui trouve le ton juste. Comme tout premier film, Ham on rye n'est pas sans contenir quelques passages à vide, mais vite pardonnés étant donné le fourmillement d'idées (montage son impressionnant d'attention pour un premier) et une certaine ambition d'écriture sans éparpillement.


Matrix resurrections, Lana Wachowski

On prend les mêmes et on recommence ?
On pouvait évidemment se poser des questions sur la pertinence d'un quatrième opus de la saga Matrix. Les Wachowski ayant déjà poussé la trilogie dans ses derniers retranchements dans un troisième épisode plus poussif, cette suite serait elle un véritable nouveau projet ou une simple façon de regagner la confiance des studios en engrangeant un peu d'argent après une série de bides successifs ?
L'ouverture du film place le spectateur dans une position confortable, en terrain connu puisqu'elle reprend presque plan par plan celle du premier film. Serait-on coincé dans une "loop" ? Un remake déguisé façon Le réveil de la force ? Pourquoi tenter de faire du neuf avec du vieux se demande la protagoniste qui, comme le spectateur, a cette impression de déjà-vu caractéristique du piège de la matrice.

Meta-stase
Alors qu'on comprend qu'on était en fait dans un double emboîtement matriciel limite Nolanien (un programme dans un programme), Resurrections prend un virage quasi parodique en dynamitant sa structure de remake via ses personnages (Néo devenu dépressif ou un jeune Morpheus excentrique) et son écriture méta sur la conception de cet épisode. Mais si le film est réflexif ce n'est pas seulement car ses personnages sont en train de concevoir eux même l'histoire dont ils sont les personnages, mais surtout parce qu'il constitue une véritable critique du système des studios hollywoodiens.
Qu'est ce que la matrice sinon une fiction ? L'analyste l'a bien compris, lui qui a créé cette nouvelle mouture d'une illusion qui fait produire d'autant plus d'énergie aux humains qu'elle leur procure des émotions autant positives que négatives. Une illusion à la patine très numérique dont les paysages semblent trop parfaits pour être vrais (dixit Smith). Ce biberonnage au numérique et aux émotions préfabriquées, d'une pilule bleue qu'on avale quotidiennement n'est pas sans rappeler l'envahissement cancéreux de nos écrans de fiction par des produits formatés proposés par Disney ou Netflix qui, ironiquement, avait chacun leur bande annonce avant la séance.
Doit on alors abandonner toute fiction emprisonnante et débilitante pour revenir à la réalité ?

Non binaire
Si ce nouveau projet se place sous le signe de la non binarité ce n'est pas dans la lignée woke ou d'un quelconque militantisme transgenre (quoique le film le soit lui même en frôlant parfois la comédie ou le film de zombies) mais plutôt pour apporter une nuance au fameux choix pilule bleu vs. pilule rouge.
Alors qu'en 1999 l'informatique et l'IA avait encore un rôle de croquemitaine dans une vision manichéenne de guerre contre les machines, elle est devenue aujourd'hui tellement ubiquitaire qu'on défend plutôt un vivre ensemble. A Io, la nouvelle cité, les hommes et les machines cohabitent.
Mais la méfiance reste de mise envers les programmes comme l'analyste qui ne visent qu'un but de production. La matrice reste une prison tant qu'elle fait vivre une fiction standardisée et optimisée* pour récupérer de l'énergie (ou de l'argent si on continue à voir ici la matrice comme une métaphore de la machine à rêves hollywoodienne). Mais il est possible d'en reprendre les rênes et d'en récrire les règles comme veulent le faire Néo et Trinity en conclusion.
C'est aussi ce que fait l'équipe des Wacho (j'y inclus Mitchell, Tykwer et d'autres) depuis des années en restant hors des sentiers battus et en décalage dans sa façon de concevoir le blockbuster. Souvent incompris, on se demande même ici si le succès de Matrix premier du nom n'a pas été hasardeux ("on a amusé quelques gamins"). Mais cette nouvelle proposition prouve une fois de plus la conscience aiguë du système dans lequel ils évoluent et qu'ils se permettent de critiquer.
Les dernières paroles de l'analyste sont les plus pessimistes, convaincu que les humains sont malheureusement satisfaits de l'illusion normée, aux couchers de soleil factices constants, qui leur est proposée. Tristement, cette vision est probablement proche de notre réalité, il suffira de comparer les scores du nouveau Spiderman (déjà dans la stratosphère en une semaine) avec celui de ce nouveau Matrix pour savoir quelle pilule les spectateurs auront choisi...

* un monde "de merde", critiqué cyniquement par le mérovingien et où beaucoup de scènes se déroulent dans des toilettes !
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yhi
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Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:48

Et mon top 10 annuel des films de 2021 :

1. Annette
2. Bad luck banging or loony porn
3. A l'abordage
4. Le genou d'Ahed
5. La jeune fille et l'araignée
6. Matrix resurrections
7. On-gaku : Notre rock !
8. Benedetta
9. Il n'y aura plus de nuit
10. Ham on rye
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cyborg
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Enregistré le : ven. 9 oct. 2020 10:11

@yhi : merci, ça me fait plaisir.
J'ai toujours eu une tendance à l’éclectisme et essayer de voir des curiosités, mais il est vrai que La Loupe l'an passé fut un superbe catalyseur que je tente de faire perdurer.
Tiens d'ailleurs même si l'esprit n'est plus aussi vivace le projet vit toujours sur laloupe.org pour ceux qui ne seraient pas au courant. L'inscription est libre, l'utilisation simple et il s'y échange toujours des raretés.
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sokol
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Enregistré le : lun. 12 oct. 2020 11:54

yhi a écrit :
jeu. 30 déc. 2021 09:29
Et mon top 10 annuel des films de 2021 :

1. Annette
2. Bad luck banging or loony porn
3. A l'abordage
4. Le genou d'Ahed
5. La jeune fille et l'araignée
6. Matrix resurrections
7. On-gaku : Notre rock !
8. Benedetta
9. Il n'y aura plus de nuit
10. Ham on rye
Je ne suis pas (mais alors, pas du tout) fan de Matrix (fan au sens "film culte") mais je ne sais pas pourquoi, quelque chose me dit que ça peut me plaire ce quatrième volet.
Qu'en penses tu ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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