Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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cyborg a écrit :
dim. 23 janv. 2022 17:25
Je n'avais jamais autant perçu la dimension burlesque du cinéma de Tsai Ming-Liang.
C'est la première fois que tu vois "Vive l'amour" ?? :sarcastic: (je ne crois pas)
cyborg a écrit :
dim. 23 janv. 2022 17:25
Mais les corps chez TMS sont bien plus complexes
à mon opinion, le maitre absolu du filmage des corps. A ce point, qu'on ne se pose même plus la question de leur sexe, c'est dire !
Modifié en dernier par sokol le lun. 24 janv. 2022 11:24, modifié 1 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg
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@sokol : ha ben si si je t'assure, c'est la première fois que je vois ce film de Tsai, même si j'en avais vu d'autres avant (Good-Bye Dragon Inn, Les Chiens Errants, Dieu Néon, I don't want to...). Et il me semble que celui-ci est celui qui se joue le plus de ce registre.
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sokol
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@cyborg Comme quoi ! Je croyais qu'il était assez vu "Vive l"amour" (puisque il a eu le Lion d'Or à Venise, également) mais finalement, pas tant que ça
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sokol
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asketoner a écrit :
dim. 23 janv. 2022 00:44


Memory Box, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige

Honte à moi : comment j'ai 'négligé' le nouveau film du couple du splendide "Je veux voir" ??? :ouch:
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asketoner
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ah oui vas y !


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Licorice Pizza, Paul Thomas Anderson

Le film est exactement comme le personnage de Sean Penn : lourd, imbus de lui-même et replié sur sa propre légende. La scène où je-ne-sais-pas-qui fait répéter cent fois le nom de Barbra Streisand au gamin qui ne le prononce pas correctement est ahurissante - elle m'a causé à peu près la même gène que si j'avais vu en présence d'amis étrangers un film avec Frank Dubosc faisant une blague sur Michel Drucker. Paul Thomas Anderson filme une civilisation close sur elle-même, comme si elle n'étouffait pas de cette étroitesse. Il déploie tous ses efforts de séduction pour rendre cool une histoire de gamin qui veut vendre des lits à eau et devenir riche (la grande affaire de tous les films américains de ces dernières années, comme s'il n'y avait vraiment plus rien d'autre que le blé et la réussite). Cool, ça veut dire sensible : l'amour est la valeur ajoutée de la petite entreprise de ce jeune monstre à qui personne ne dit d'apprendre quoi que ce soit. L'existence telle que Paul Thomas Anderson la représente ne m'intéresse absolument pas. J'ai l'impression que chaque scène m'indique comment il faut désirer, que chaque cadre reproduit la normativité à l'oeuvre dans la société, que chaque plan vient endiguer et circonscrire ce qui pourrait en déborder. (Exactement l'inverse de Compartiment n°6, duquel je ne démords pas.)
Licorice Pizza est une histoire d'amour mou. La première étreinte entre les deux personnages a lieu dans le reflet d'une vitre : c'est dire à quel point la préoccupation du cinéaste n'est autre que la stylisation de ses petites scènes. Et on finit par un gros I love you Gary bien explicatif, prononcé par la jeune femme et sans réponse de la part du gamin chef d'entreprise, parce que les garçons les filles les sentiments etc... On connaît la musique et on n'en changera jamais. Tout le but du film est d'avoir la fille (to get her). D'ailleurs je trouve le procédé très limite : Paul Thomas Anderson, en prenant le contre-pied de la différence d'âge habituelle dans les histoires d'amour (le garçon est mineur, la fille est majeure), et en situant son film dans les années 70, pense sans doute pouvoir esquiver toutes les questions qui se posent aujourd'hui sur la représentation des rapports homme/femme. Et c'est vrai que le film en est totalement exempt : déferlante de blagues de cul, représentation hyper-éculée d'un homosexuel (ça fait rire qui ?), rapports de pouvoir sans révolte (malgré tout, la meuf finit en maillot de bain dans le magasin de son prétendant, à vendre des saletés ; puis se fait renifler par un gars qui veut lui apprendre à conduire un camion ; taper les fesses par son précédent patron ; bousculer par des dizaines de gamins ; planter dans un faux rencard par un homo qui cherche une couverture ; menacer par une sorte de faux espion arrogant jusqu'à ce que son collègue vienne lui régler son compte... et j'en passe : j'ai du mal à ne pas voir un certain sadisme misogyne à l'oeuvre). Toute l'entreprise du film est de geler la pensée à l'endroit où il pourrait y avoir un problème, et de nous dire comment on aime et comment il faut vivre, parce que c'est quand même sympa, il faut rendre hommage au passé, gnagnagna.
Le I love you Gary final n'est pas seulement banal (quand je pense au I love you final de Compartiment n°6 !!!), il est aussi symptomatique d'un scénario qui s'explique en permanence. Peut-être est-ce dû à la Californie et à son immuable ciel bleu, mais rien dans le film n'indique les diverses ellipses, si ce n'est les dialogues qui nous informent de ce qu'il s'est passé entretemps. Si bien que j'ai eu l'impression (mais c'est exactement pareil chez Robert Altman, dont l'ivresse progressive produit un paradoxal effet d'inertie) que le film était une compilation de scènes collées les unes aux autres sans que rien du temps et de son passage ne vienne s'immiscer, modifier les corps, les voix, les paysages. Rien de plus que des informations, de la communication, et un emballage un peu rétro pour tenter de nous refourguer la vieille came d'un pays pourrissant, confit dans sa pop-culture.
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sokol
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@asketoner
C'est assez marrant avec le cinéma : tout en aimant beaucoup le film (et tout en n'étant pas du tout un fan du cinéaste), autant j'étais d'accord de a à z avec @Narval (qui résume assez bien son papier avec ça :
Narval a écrit :
sam. 15 janv. 2022 02:13
Bref c'est pas désagréable mais c'est totalement inoffensif. Premier PTA qui me passe un peu par dessus.
autant je trouve que tu fais un procès d'intention au film (au scénario et à la mise en scène qui portent, de toute façon, le même auteur). Donc je ne comprends pas ton papier (or, celui de Narval, oui)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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B-Lyndon
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asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:29
Rien de plus que des informations, de la communication, et un emballage un peu rétro pour tenter de nous refourguer la vieille came d'un pays pourrissant, confit dans sa pop-culture.
En te lisant je me disais : "on dirait que tu critiques un pays, pas un film". Et ta dernière phrase est de ce point de vue là comme un aveu.
Tu es terrible quand tu fais des procès d'intention aux films :D
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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asketoner
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sokol a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:46
@asketoner
C'est assez marrant avec le cinéma : tout en aimant beaucoup le film (et tout en n'étant pas du tout un fan du cinéaste), autant j'étais d'accord de a à z avec @Narval (qui résume assez bien son papier avec ça :
Narval a écrit :
sam. 15 janv. 2022 02:13
Bref c'est pas désagréable mais c'est totalement inoffensif. Premier PTA qui me passe un peu par dessus.
autant je trouve que tu fais un procès d'intention au film (au scénario et à la mise en scène qui portent, de toute façon, le même auteur). Donc je ne comprends pas ton papier (or, celui de Narval, oui)
Oui, j'aurais aussi bien pu résumer par : c'est quand même une grosse soupe.
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Tyra
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(malgré tout, la meuf finit en maillot de bain dans le magasin de son prétendant, à vendre des saletés ; puis se fait renifler par un gars qui veut lui apprendre à conduire un camion ; taper les fesses par son précédent patron ; bousculer par des dizaines de gamins ; planter dans un faux rencard par un homo qui cherche une couverture ; menacer par une sorte de faux espion arrogant jusqu'à ce que son collègue vienne lui régler son compte... et j'en passe : j'ai du mal à ne pas voir un certain sadisme misogyne à l'oeuvre)
Jean-Marc Lalanne disait un peu la même chose dans le Masque, et j'avoue que j'ai du mal à comprendre. Si quelques mains au cul deviennent du sadisme digne de Haneke ou Lánthimos, on ne va plus leur faire vivre grand chose aux personnages, notamment féminins. C'est un élément qui revient de plus en plus dans la critique française, cette peur de la souffrance ou de la mise à l'épreuve, vue comme humiliation systématique. A ce compte là on peut bazarder tout Hitchcock, et considérer Marnie comme un horrible film misogyne qui se repait de la souffrance d'une femme.
De plus, à ce compte là, Gary a lui aussi son lot de péripéties déplaisante, voir "humiliantes", par exemple lorsqu'il se fait embarquer violement par les flics.
Et première chose qui contredit la "normativité" supposée du film : le physique des deux acteurs totalement atypique dans le cinéma américain.
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sokol
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Tyra a écrit :
mar. 25 janv. 2022 13:11

De plus, à ce compte là, Gary a lui aussi son lot de péripéties déplaisante, voir "humiliantes", par exemple lorsqu'il se fait embarquer violement par les flics.
Et première chose qui contredit la "normativité" supposée du film : le physique des deux acteurs totalement atypique dans le cinéma américain.
:jap:

De surcroit, tu es tolérant car, comme tu dis (à ce compte là = si on va par là), normalement, on ne devrait pas aller par là
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tyra a écrit :
mar. 25 janv. 2022 13:11
(malgré tout, la meuf finit en maillot de bain dans le magasin de son prétendant, à vendre des saletés ; puis se fait renifler par un gars qui veut lui apprendre à conduire un camion ; taper les fesses par son précédent patron ; bousculer par des dizaines de gamins ; planter dans un faux rencard par un homo qui cherche une couverture ; menacer par une sorte de faux espion arrogant jusqu'à ce que son collègue vienne lui régler son compte... et j'en passe : j'ai du mal à ne pas voir un certain sadisme misogyne à l'oeuvre)
Jean-Marc Lalanne disait un peu la même chose dans le Masque, et j'avoue que j'ai du mal à comprendre. Si quelques mains au cul deviennent du sadisme digne de Haneke ou Lánthimos, on ne va plus leur faire vivre grand chose aux personnages, notamment féminins. C'est un élément qui revient de plus en plus dans la critique française, cette peur de la souffrance ou de la mise à l'épreuve, vue comme humiliation systématique. A ce compte là on peut bazarder tout Hitchcock, et considérer Marnie comme un horrible film misogyne qui se repait de la souffrance d'une femme.
De plus, à ce compte là, Gary a lui aussi son lot de péripéties déplaisante, voir "humiliantes", par exemple lorsqu'il se fait embarquer violement par les flics.
Et première chose qui contredit la "normativité" supposée du film : le physique des deux acteurs totalement atypique dans le cinéma américain.
Ah, et j'avais oublié le coup de la moto. :D

Sans doute y a-t-il comme dit Sokol une dimension de procès d'intention derrière cette énumération que je pourrais tout aussi bien rencontrer dans un film que j'aime. En revanche, le personnage féminin est très pauvre, presque sans relief. La seule question qu'on se pose à son sujet c'est : quand va-t-elle céder ?
Quant au physique des comédiens, il est atypique, certes, mais ce n'est pas du tout la même étrangeté que chez Tsai Ming Liang par exemple, puisqu'on en parlait plus haut. C'est une étrangeté par rapport à des canons esthétiques, pas par rapport au monde (ils sont assez banals en fait : leurs corps, leurs visages ne viennent rien heurter de ce qu'on connaît du monde).
Mais de toute façon c'est un film qui ne fait référence qu'au cinéma. Ce qu'on voit dans Licorice pizza, on ne le voit jamais qu'en rapport à d'autres films. C'est très fétichiste en somme, et fétichiste au second degré : c'est-à-dire fétichiste du fétichisme des autres.
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asketoner
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B-Lyndon a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:53


En te lisant je me disais : "on dirait que tu critiques un pays, pas un film". Et ta dernière phrase est de ce point de vue là comme un aveu.
J'avoue tout :D
Mais quand même, c'est plutôt drôle que tous les films américains que je vois ces derniers mois ne parlent que de "faire carrière" ou "faire de la tune" ou "monter un business plan"... Il n'y a jamais personne qui fait juste son boulot.
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Tyra
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La critique que j'avais écrite s'est effacée. :sweat:
Vite fait donc : je ne suis pas, autant que d'autres, enthousiasmé par le film, mais je ne suis pas non plus rebuté comme Asketoner même si je vois certains défauts qu'il énonce (le" je t'aime Gary" final, maladroit et inutile, la roublardise générale du film, Paul Thomas Anderson oblige...). Je pense que les segments Sean Penn et Bradley Cooper sont ratés, les deux stars phagocytent le film avec leurs numéros lourdingues et peu passionnants. Par contre j'aime le passage Benny Safdie qui laisse davantage la place à l'héroïne. Mais justement Safdie n'a pas le statut de star, coïncidence ?
Si j'aime quand même le film, c'est pour l'histoire d'amour, à laquelle je crois sans problème. Elle est pourtant peu réaliste d'un point de vue sociologique, (femme de 25 ans, homme de 15 ans) mais c'est la magie du film de la rendre vivante et consistante. C'est parce qu'ils ont des aspérités du réel, que le cinéaste ne cherche pas à tout prix à les rendre sympathiques, qu'il ne les enferme pas dans des archétypes sociologiques ou un un déterminismes quelconque que ça fonctionne à fond (par exemple dans 90% des teen-movies américains, Gary aurait eu droit à une scène de maltraitance par les footballers musclés du lycée). Par opposition à ces multiples relations sociologiquement correctes qu'on voit souvent au cinéma, mais plates et sans vie.
D'ailleurs, si je retire volontiers la voix off finale, je garde le dernier plan : ils partent sans nous vers la suite de leurs aventures, on ne sait pas jusqu'où ça durera, mais ils sont libres.
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asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 16:25
B-Lyndon a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:53


En te lisant je me disais : "on dirait que tu critiques un pays, pas un film". Et ta dernière phrase est de ce point de vue là comme un aveu.
J'avoue tout :D
Mais quand même, c'est plutôt drôle que tous les films américains que je vois ces derniers mois ne parlent que de "faire carrière" ou "faire de la tune" ou "monter un business plan"... Il n'y a jamais personne qui fait juste son boulot.
Je vois davantage les tentatives de busines de Gary comme un pur élan vital, une force de conviction et une absence de retenue qui le font "entreprendre" tout ce qu'il veut, au culot, pour monter sa boite comme pour aborder une fille. Il n'y a pas il me semble discours sur le capitalisme, contrairement à There Will be blood, qui d'ailleurs en devenait lourdingue. C'est peut être mieux comme ça.
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Ah oui, et personne n'en parle, mais je trouve très culoté l'absence de bouclage de l'arc narratif du rodeur !
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Tyra a écrit :
mar. 25 janv. 2022 17:13
Ah oui, et personne n'en parle, mais je trouve très culoté l'absence de bouclage de l'arc narratif du rodeur !
Pour le rôdeur on comprend à demi-mot de quoi il en retourne après non ? C’est implicite mais on devine qu’il s’agit ou d’un journaliste ou d’un concurrent d’un camp adverse qui cherche à nuire au personnage de Ben Safdie vis-à-vis de son homosexualité ?

Sinon, j’ai beaucoup aimé le film aussi (mais qui n’a pas le pouvoir de sidération de Phantom Thread selon moi dont la romance et les rapports de force entre ses deux personnages m’ont bien plus fasciné qu’ici - et le personnage d’Alma est l’un des plus beaux que le cinéma ait offert la décennie précédente).

Par contre, d’accord sur le fait que la scène avec Sean Penn (puis Tom Waits) est d’une lourdeur assez ultime. En revanche, j’ai surkiffé celle avec Bradley Cooper. :D

Déjà, je l’ai trouvée incroyablement drôle (le show est clairement assumé ici et d’une ça fonctionne, et de deux elle tourne finalement à la faveur non pas de l’acteur mais des personnages qui lui font face car c’est avant tout eux qu’on voit) et ensuite la scène offre l’un des plus beaux moments du film à mes yeux : la descente de nuit en camion et sans essence dans un dédale de ruelles escarpées. Et je trouve que le personnage d’Alana est tout sauf effacé sur cette scène : c’est l’impression qu’elle peut donner mais c’est elle qui conduit et c’est elle qui prend les décisions en fin de compte quand il s’agit de manœuvrer et d’être dans l’action. Et le fait qu’elle soit sur cette séquence et dans ce rôle la seule femme au milieu d’homme et de garçons rajoute pour beaucoup à la force du personnage.
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asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 16:25
B-Lyndon a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:53


En te lisant je me disais : "on dirait que tu critiques un pays, pas un film". Et ta dernière phrase est de ce point de vue là comme un aveu.
J'avoue tout :D
Mais quand même, c'est plutôt drôle que tous les films américains que je vois ces derniers mois ne parlent que de "faire carrière" ou "faire de la tune" ou "monter un business plan"... Il n'y a jamais personne qui fait juste son boulot.
J'en conclus que tu préfères Nomadland à Licorice Pizza ? :D :D
Il faut que je prenne un temps pour te répondre plus longuement mais je pense qu'il faut pas confondre le regard lucide et amusé d'un cinéaste sur les folies de son pays avec une espèce de complaisance ahurie. Mais on peut pas demander à tous les cinéastes américains de détester le capitalisme non plus, à un moment. C'est justement le sujet de Licorice Pizza, comme le disait bien sokol : le passage des 60's au 70's, ou comment on continue à rêver en faisant avec l'avènement du capitalisme sauvage. C'est nuancé, c'est complexe, et le film je crois l'est vachement avec ça ; ne serait-ce parce qu'il se concentre sur ses personnages, les regarde sans jugement, avec amour. Et je continue de croire que le film raconte un très très beau par rapport à ça : en ne s'embrassant pas tout de suite, Gary et Alana se forcent à traverser ce monde un peu fou, ne cessent de passer entre les mailles, d'en accepter les règles pour mieux creuser leur rapport et s'en détourner pour se construire à eux deux un monde un peu meilleur (plus juste, plus harmonieux, plus bizarre). Là dessus on peut être d'accord : même aujourd'hui, un couple d'amoureux doit se démerder pour s'aimer sous le capitalisme. le film met en abime ça et je m'en fiche pas mal qu'il ait besoin du monde du cinéma ou des années 70. Il pourrait n'en faire rien or il en fait beaucoup de choses.
Et puis pardon mais la scène où ils se disputent pour savoir qui est le plus cool des deux, ça a du te faire bondir, moi j'adore, parce que pour une fois PTA ne vient pas nous les briser avec un discours surplombant à la con : c'est "logique" que ces deux gamins jouent au plus cool, et il confère à l'usage de ce mot une véritable intensité dramaturgique.
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asketoner
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J'en conclus que tu préfères Nomadland à Licorice Pizza ? :D :D
Eh bien je crois que oui :D

Mais on peut pas demander à tous les cinéastes américains de détester le capitalisme non plus, à un moment.
Tu vois, ce que je trouve fou, c'est que quand on parle d'un cinéaste d'un autre pays on n'est pas tout le temps obligé de rappeler d'où il vient pour expliquer ce qu'il a fait. Pour moi il y a un vrai problème dans le cinéma américain contemporain parce que c'est un cinéma qui a arrêté d'être universel, qui est devenu globalement folklorique.
Par exemple, on s'étonne que l'arc narratif de l'espion ne soit pas bouclé. Oui, mais on ne s'en étonne que parce que c'est un film américain.
C'est dingue : quand on parle d'un film américain, on prend des précautions. Hollywood n'est pas une dictature à ce que je sache. Personne ne risque sa vie en faisant un film un peu différent.

ou comment on continue à rêver en faisant avec l'avènement du capitalisme sauvage
J'aurais bien aimé voir ça, mais je ne vois aucune résistance. Peut-être que la résistance n'est pas au programme du rêve. Du coup je ne rêve pas du tout avec les personnages.

en ne s'embrassant pas tout de suite, Gary et Alana se forcent à traverser ce monde un peu fou, ne cessent de passer entre les mailles, d'en accepter les règles pour mieux creuser leur rapport et s'en détourner pour se construire à eux deux un monde un peu meilleur (plus juste, plus harmonieux, plus bizarre)
Je trouve que les conséquences de ce baiser retardé tombent toutes plus ou moins du côté de la jalousie.

Et puis pardon mais la scène où ils se disputent pour savoir qui est le plus cool des deux, ça a du te faire bondir, moi j'adore, parce que pour une fois PTA ne vient pas nous les briser avec un discours surplombant à la con : c'est "logique" que ces deux gamins jouent au plus cool, et il confère à l'usage de ce mot une véritable intensité dramaturgique.
Oui, ça, ça va. Mais bon, je ne suis pas tombé de mon fauteuil non plus.

Et là, franchement, je sors d'un Rivette génialissime (La Bande des 4), et le gars a 30 ans d'avance sur tout le monde, et peut-être même 50 sur Paul Thomas Anderson. :D
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groil_groil
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ahhhh les bonnes batailles d'ALED qui reprennent, j'adoooore :love2: :D

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Vu pour montrer à mes gamins, qui ont aimé. Je ne l'avais pas vu depuis plus de 40 ans (au bas mot). C'est un film plutôt réussi, mais plutôt minimaliste (première scène de 30mn dans la même pièce...) et in fine assez glauque.

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Enfin vu ce Graal absolu pour moi (mille mercis à Mathieu), je vous raconte : jeune ado j'allais comme tout le monde louer des films au vidéo-club le plus proche (il fallait tout de même prendre la bagnole, donc c'était un événement). J'ai très vite été attiré par le rayon gore / horreur ou bien qu'interdit au moins de 18 ans, le gars nous laissait louer des films. C'est ainsi que j'ai découvert les grands classiques du genre, Fulci, Hooper, Romero et bien d'autres, vous connaissez sans doute la chanson vous aussi. J'ai même loué Salo de Pasolini qui était rangé dans ce rayon, et ça a sans doute contribué à changer ma vie de cinéphile également. Bref, un film que je n'osais pas louer, c'était Anthropophagous, à cause de sa jaquette terrifiante, et de ce personnage lugubre (joué par Georges Eastman) qui dévorait ses propres entrailles, le comble du cannibalisme, me disais-je alors. J'avais lu également sur ce film dans Mad Movies alors que j'avais dans les 13 piges, et ce que j'en avais lu me terrifiait. Je voulais absolument voir ce film mais je n'osais pas, notamment montrer cette jaquette à ma mère quand elle passerait au guichet pour l'emprunter. Et puis finalement, un jour je l'ai fait, je ne sais plus si j'étais avec ma mère (il me semble) ou avec un de mes copains d'alors, mais j'avais enfin le Graal tant fantasmé avec moi. Je me souviens, fébrile, avoir glissé la VHS dans le magnétoscope, et puis... rien. Il ne se passa rien. J'ai oté la cassette, et découvert que la bande magnétique était sectionnée, nette. Déception ultime, il était donc écrit que je ne verrai jamais ce film aussi désiré que redouté. La vie est passée, et je ne l'ai jamais vu depuis, jamais tombé sur une copie, film jamais édité, ou alors uniquement de manière pirate, bref, je n'en ai jamais eu l'occasion. Jusqu'à ce que mon ami Mathieu tombe sur un dvd aussi rarissime que non autorisé et que se propose de me le prêter la semaine dernière. Evidemment dans ces cas--là, quand on a désiré un film pendant plus de 35 ans, on est forcément déçu, le film qu'on a fantasmé est toujours mille fois meilleur que la réalité. Eh bien non, pas ce coup-là, Anthropophagous est un film génial, tordu, et un grand d'Amato pour sûr ! C'est en fait un slasher, avec une bande de touristes qui débarque sur une ile abandonnée ou survit un ermite devenu cannibale qui va tous se les dézinguer. C'est un vrai grand film du genre, car ça transpire le bricolage, les inventions formelles, les saillies gore (sortie et cannibalisme du foetus, autocannibalisme final mentionné plus haut), mais surtout ça semble habité tout du long (malgré les très nombreuses incohérences tant formelles que scénaristiques dont on se fout parfaitement d'ailleurs). Le film est une vraie apologie du DIY de l'époque et m'a fait penser formellement à tout ce qui pouvait se faire à l'époque (début 80's) en terme d'innovation musicale notamment en musique industrielle et expérimentale. Il y a la même saillie, la même provocation, la même croyance en son matériau, même si totalement bancal et amateur, bref, on sent vraiment l'artiste habité par ce qu'il fait, et le résultat est dévoile une pureté de geste qui personnellement m'impressionne beaucoup. Vivement que quelqu'un édite maintenant ce film en le restaurant et qu'il devienne le vrai classique du genre qu'il est.

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L'un des grands faits d'armes de Feuillade (il y en a beaucoup dans sa folle filmographie qui doit compter plus de 500 films), au niveau des Vampires ou de ses Fantomas, c'est son grand ciné-roman, comme il ne nomme lui-même nommé, Judex (qui sera beaucoup repris ensuite, notamment par Franju qui en livre un superbe remake dans les 60's), conçu en 12 épisodes plus un prologue et un épilogue, pour une durée totale de plus de 6h30. Le film vient d'être magnifique restauré par Gaumont et le résultat est littéralement à tomber par terre. Dire que ce film a plus de 100 ans et pouvoir le découvrir dans des conditions pareilles, c'est absolument fou... Je pensais aux grands cinéphiles type Truffaut, Langlois, etc., et je les imaginais découvrant ces chefs-d'oeuvre dans des qualités pareilles, ils auraient été dingues. Depuis l'avènement du bluray et la tendance qui se généralise de la restauration du patrimoine en 4K, on vit quand même une période complètement extraordinaire en terme de cinéphilie, et on ne le dit pas assez. Bref, revenons au Judex qui est un total chef-d'oeuvre, c'est conçu comme un feuilleton, avec plein de personnages et de récits qui se croisent, avec une narration d'une grande limpidité et une mise en scène à tomber par terre d'inventivité, et surtout d'un point de vue graphique, des cadrages et des plans qui sont d'une grande beauté, comme si Feuillade avait en cette matière beaucoup d'avance sur son temps. C'est un film passionnant, une histoire de vengeance au départ et qui dévie pour aboutir in fine sur la question du pardon et celle de la rédemption, d'une intelligence folle, et donct la forme généreuse m'a beaucoup fait penser au cinéma de Jacques Rivette et tous ses longs films à tiroir des 70's, à commencer par Out One. Je ne sais pas si Rivette était fan de Feuillade (c'était un immense cinéphile, je sais qu'il les a forcément vu), je ne sais pas si il y a des textes là-dessus, mais cet héritage relève pour moi de l'évidence.

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Autre Joe d'Amato, et autre réussite (même si je la trouve plus mineure). Une jeune femme folle amoureuse se suicide par que son amoureux odieux et volage la déconsidère et la trompe ouvertement. Sa soeur, que l'homme ne connait pas, va le séduire, puis l'enfermer dans une pièce secrète de son appartement muni d'un miroir sans tain et l'obliger, lui obsédé sexuel, à assister à toutes ses orgies sans pouvoir y participer. C'est un d'Amato plutôt maitrisé en terme de mise en scène, une sorte de mélange entre revenge movie, film érotique et gore (il y a une scène d'orgie ou les participants dévorent des organes qui est assez marrante) tout cela baignant dans un univers italien 70's évoquant aussi l'ambiance des giallos (même si ce n'en est pas un).

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A Montréal, trois femmes d'origine libanaise s'apprêtent à fêter Noël. La fille, la mère et la grand-mère. La mère reçoit par la poste un énorme colis. Dedans, toute la correspondance qu'elle avait envoyée à sa meilleure amie d'enfance, dont elle apprend en même temps le décès. Correspondance envoyée de 1982 à 1988 pendant la guerre du Liban. En s'y plongeant, au départ contre l'avis de sa mère et de sa grand-mère, la fille va découvrir le passé de sa famille, et toutes les tragédies, personnelles et historiques, liées à cette guerre qu'elle n'a pas connue, notamment la mort de son grand-père et du frère de sa mère, mort à l'âge de 8 ans dans une voiture piégée destinée à son père. Le nouveau film de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, deux cinéastes que j'adore littéralement est magnifique et fascinant à plusieurs niveaux. Déjà parce qu'il est inspiré de la correspondance privée de Joanne, même si librement, et à travers ce film, c'est également son enfance qu'elle nous offre de découvrir. Je ne sais pas ce qui est vrai de ce qui est inventé pour le film, et à la limite je ne veux pas le savoir, c'est l'oeuvre que je juge, mais savoir que tous ces cahiers ouverts sous nos yeux ont existé réellement me bouleverse et me donnent un témoignage qui transcende le film en le rendant réel, palpable. Le film est saisissant aussi car c'est un film composite, expérimental dans sa forme puisque la narration va littéralement naitre de la matière première fournie par ces carnets qui vont se mettre à vivre et ouvrir des dizaines de tiroirs, occasionnant des flashes back multiples et autant de récit, qui vont s'associer dans une grande spirale, et sans jamais la moindre confusion malgré la profusion, et dont la juxtaposition de l'ensemble crée l'oeuvre. Ce qu'il y a de fort, c'est que c'est un film expérimental ou presque dans sa construction, et que ça ne l'empêche pas d'être aussi un film incroyablement émouvant (la larme à l'oeil n'est jamais loin) ainsi qu'un des films les plus précis et les plus troublants qu'on puisse trouver sur la guerre du Liban puisqu'il nous permet d'en saisir véritablement les tragédies.

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Je suis partagé. A la fois parce que j'en ai ras le bol de cette mode des comédies musicales confiées à des gens qui ne savent pas chanter (ce n'est pas le cas de tout le monde ici mais d'une majorité tout de même) uniquement parce que ça fait décalé ou branché, et parce que le film condense a peu près tout ce qui se fait de pire en matière de clichés contemporains. Mais en même temps le film m'a plu, et je dirais qu'il finit par l'emporter au finish, parce qu'il fait montre d'une vraie émotion, qui gagne en densité au fil du temps, et dont les dernières scènes sont très émouvantes. Les points forts du film : Bertrand Belin, génial en acteur, et les scènes où il chante sont merveilleuses, la beauté des paysages qui sont de plus remarquablement filmés et qui sont pour beaucoup dans la réussite de la seconde partie du film, Mélanie Thierry qui pour le coup chante très bien elle, le fait que les personnages soient masqués (notre quotidien est systématiquement nié dans le cinéma contemporain qui persiste à faire comme si la pandémie n'existait pas en présentant des personnages sans masque, qui s'embrassent et sortent comme si rien n'était jamais arrivé et cette négation du réel me fout hors de moi) et le personnage d'Amalric qui se pose comme une sorte de croisement entre le Merde de Carax et Vernon Subutex, sorte de rocker paumé nihiliste revenu de tout et prêt pourtant à s'émouvoir de la moindre des choses. Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
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Narval
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poucenlair

asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:29
Paul Thomas Anderson filme une civilisation close sur elle-même, comme si elle n'étouffait pas de cette étroitesse.
Oui, c'est aussi le sentiment que j'ai eu tout du long, mais je crois que c'est l'essence de son cinéma. Il a toujours filmé ce pays comme un vase close rempli de solitaires et de désaxés qui luttent pour se faire une place. Ce qui me gêne avec ce film-là en particulier, c'est le ton du film qui est un peu manqué : comme il essaie d'incorporer de la nostalgie/coolitude dans toute cette folie (un peu comme dans Inherent Vice - que bizarrement j'avais trouvé bien plus fou, amer, désespéré et érotique) je trouve que ça ne fonctionne plus vraiment.
asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:29
Licorice Pizza est une histoire d'amour mou.
Oui c'est parasité par trop de personnages/prétextes scénaristiques extérieurs. Rares sont les scènes où ils peuvent exister à deux (ex le téléphone ou le matelas, mais tout ça se fait en silence paradoxalement).
asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:29
Si bien que j'ai eu l'impression (mais c'est exactement pareil chez Robert Altman, dont l'ivresse progressive produit un paradoxal effet d'inertie) que le film était une compilation de scènes collées les unes aux autres sans que rien du temps et de son passage ne vienne s'immiscer, modifier les corps, les voix, les paysages.
:jap: Alors là, pas mieux...
asketoner a écrit :
mar. 25 janv. 2022 11:29

Rien de plus que des informations, de la communication, et un emballage un peu rétro pour tenter de nous refourguer la vieille came d'un pays pourrissant, confit dans sa pop-culture.
C'est marrant mais ton texte me rappelle que globalement je n'aime pas le cinéma des U.S.A pour ce qu'il nous montre du pays, mais peut-être que c'est le pays lui-même, au fond, je n'aime pas (pas trop envie de juger sans y avoir été, mais je crois que je n'ai pas envie d'y mettre les pieds).
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Narval a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:30

C'est marrant mais ton texte me rappelle que globalement je n'aime pas le cinéma des U.S.A.
excuse d'intervenir mais je suis allé voir ta liste PTA et :
Narval a écrit :
sam. 24 oct. 2020 19:16
1 : There Will Be Blood
2 : The Master
3 : Inherent Vice
4 : PhantomThread
5 : Magnolia
6 : Punch-Drunk Love

J'aime tout, mais un peu moins les deux derniers...
Tu es quand même très fan de son cinéma, n'est ce pas ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:10
Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)
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sokol a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:57
groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:10
Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)
C'est vrai,
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 11:23
sokol a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:57
groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:10
Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)
C'est vrai,
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.


Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)



Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
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Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 26 janv. 2022 12:12
groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 11:23
sokol a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:57


Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)
C'est vrai,
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.


Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)



Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
super intéressant ce que tu écris là, merci
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
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groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 14:47

tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
C'est dit dans leur interview pour les Cahiers (ou le papier dédié au film), faut que je regarde ce soir
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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@groil_groil et une question : qu'est ce tu penses de Bertrand Belin ? Je ne le connaissais même pas de nom !
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 14:47
Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 26 janv. 2022 12:12
groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 11:23


C'est vrai,
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.


Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)



Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
super intéressant ce que tu écris là, merci
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
J'avais lu à sa sortie que Philippe Katerine était mal à l'aise en lisant le scénario car le personnage était trop proche de lui, trop ressemblant, ce qu'il cherche à tout prix à éviter au cinéma.

EDIT : C'est bien ça : ""Au début, on lui avait proposé de tout faire: de jouer, de composer la musique, puis il a disparu", se souvient Jean-Marie Larrieu. "Il était très occupé, en orbite avec son album. Quand il y a eu le scénario, il s'est senti mal. Il fait du cinéma pour être en vacances de lui-même, nous a-t-il dit, et là le rôle était trop proche de lui."
https://www.bfmtv.com/people/cinema/tra ... 50037.html
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Onoda, Arthur Harari

J'avais trouvé Diamant noir remarquable pour sa façon d'habiter des scènes parfois convenues, de leur donner des intensités et des perspectives, sinon nouvelles, du moins vivantes. Onoda est du même acabit : je ne sais pas exactement à quel fantasme de cinéma cela correspond (je craignais que Harari s'inscrive dans la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking), mais c'est plus complexe que ça), et si c'est par moments un peu lourd, il y a des fulgurances indéniables.
L'histoire d'Onoda est celle d'un interdit : interdit de mourir, interdit de se rendre, interdit d'abandonner la partie même quand elle est finie. Le film nous montre des hommes menant une guerre qui n'a plus lieu, contre des ennemis absents. Chacun a sa fonction dans ce délire partagé : même celui qui y croit le moins renforce la conviction des autres.

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La Bande des Quatre, Jacques Rivette

C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.
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asketoner
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@groil_groil : je suis totalement d'accord avec le fait que l'émotion du film tient beaucoup à la façon de filmer l'archive comme la qualité matérielle du passé
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Tamponn Destartinn
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Mr-Orange a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:03
groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 14:47
Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 26 janv. 2022 12:12




Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)



Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
super intéressant ce que tu écris là, merci
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
J'avais lu à sa sortie que Philippe Katerine était mal à l'aise en lisant le scénario car le personnage était trop proche de lui, trop ressemblant, ce qu'il cherche à tout prix à éviter au cinéma.

EDIT : C'est bien ça : ""Au début, on lui avait proposé de tout faire: de jouer, de composer la musique, puis il a disparu", se souvient Jean-Marie Larrieu. "Il était très occupé, en orbite avec son album. Quand il y a eu le scénario, il s'est senti mal. Il fait du cinéma pour être en vacances de lui-même, nous a-t-il dit, et là le rôle était trop proche de lui."
https://www.bfmtv.com/people/cinema/tra ... 50037.html

Son excuse est ballot, car justement ça se voit tellement que le film a été écrit pour lui, les Larrieu ont du mal à s'en remettre.
Enfin bref, je me répète...
Et ce n'est pas une pique contre Amalric qui lui au moins n'oublie pas les copains, c'est juste que ça marche forcément moins.

Katrine a les critères qu'il veut pour choisir ses rôles, mais la direction que prend sa carrière me parait dommage. En gros, il préfère jouer le gentil déluré de service chez Danny Boon ou Gilles Lellouche. C'est sûr qu'on est moins proche de son for intérieur, m'enfin je suis assez mauvaise langue pour penser qu'il est aussi et surtout motivé par le portefeuille et la notoriété grand public que ça lui amène. Et puis en plus, il est gagnant sur tous les tableaux, il a gagné un César comme ca. A côté, Tralala n'est nommé nulle part.
Ca me fait penser à Jim Carrey le jour où il a planté les Farrelly.
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asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:49
il y a des fulgurances indéniables.
Comment peut-on tenir plus que 20-30 minutes ? Plusieurs commentaires disent que la première partie est vraiment mauvaise (perso je suis parti du cinéma au bout de 20-25 minutes)
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Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 26 janv. 2022 17:13

Et ce n'est pas une pique contre Amalric qui lui au moins n'oublie pas les copains, c'est juste que ça marche forcément moins.
Moi j'aime bien Almaric dedans. Je crois que j'aurais eu un vrai problème avec Katerine.
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Il me tente bien ce Rivette. Je ne désespère pas d'aimer un jour certains de ses films.
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sokol a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:02
@groil_groil et une question : qu'est ce tu penses de Bertrand Belin ? Je ne le connaissais même pas de nom !
Je l'adore et je le connais depuis 25 ans, c'était le colloc d'un bon collègue au moment où il débutait la musique.
C'est un garçon adorable, d'une grande gentillesse.
Je le suis musicalement depuis ses tout débuts en groupe, et j'ai été très heureux de voir sa carrière solo décoller ainsi.
pour moi son meilleur album est Hypernuit (un chef-d'oeuvre) suivi de près par le magnifique Parcs.
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Mr-Orange a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:03
groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 14:47
Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 26 janv. 2022 12:12




Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)



Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
super intéressant ce que tu écris là, merci
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
J'avais lu à sa sortie que Philippe Katerine était mal à l'aise en lisant le scénario car le personnage était trop proche de lui, trop ressemblant, ce qu'il cherche à tout prix à éviter au cinéma.

EDIT : C'est bien ça : ""Au début, on lui avait proposé de tout faire: de jouer, de composer la musique, puis il a disparu", se souvient Jean-Marie Larrieu. "Il était très occupé, en orbite avec son album. Quand il y a eu le scénario, il s'est senti mal. Il fait du cinéma pour être en vacances de lui-même, nous a-t-il dit, et là le rôle était trop proche de lui."
https://www.bfmtv.com/people/cinema/tra ... 50037.html
merci à vous deux :jap:
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groil_groil
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asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:49
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Onoda, Arthur Harari

J'avais trouvé Diamant noir remarquable pour sa façon d'habiter des scènes parfois convenues, de leur donner des intensités et des perspectives, sinon nouvelles, du moins vivantes. Onoda est du même acabit : je ne sais pas exactement à quel fantasme de cinéma cela correspond (je craignais que Harari s'inscrive dans la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking), mais c'est plus complexe que ça), et si c'est par moments un peu lourd, il y a des fulgurances indéniables.
L'histoire d'Onoda est celle d'un interdit : interdit de mourir, interdit de se rendre, interdit d'abandonner la partie même quand elle est finie. Le film nous montre des hommes menant une guerre qui n'a plus lieu, contre des ennemis absents. Chacun a sa fonction dans ce délire partagé : même celui qui y croit le moins renforce la conviction des autres.

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La Bande des Quatre, Jacques Rivette

C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.

merci pour ça : la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking
c'est ce que je pense, à la virgule.
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asketoner
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sokol a écrit :
mer. 26 janv. 2022 17:17
asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:49
il y a des fulgurances indéniables.
Comment peut-on tenir plus que 20-30 minutes ? Plusieurs commentaires disent que la première partie est vraiment mauvaise (perso je suis parti du cinéma au bout de 20-25 minutes)
Oui pour moi ça ne démarre vraiment qu'avec la petite troupe esseulée. Avant cela, je n'arrivais même pas à suivre le film. J'avoue que je préparais même mon sac pour sortir de la salle.
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groil_groil
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asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:51
@groil_groil : je suis totalement d'accord avec le fait que l'émotion du film tient beaucoup à la façon de filmer l'archive comme la qualité matérielle du passé
C'est un peu l'anti Michel Gondry ce film.
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B-Lyndon
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groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 17:34
asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:49
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Onoda, Arthur Harari

J'avais trouvé Diamant noir remarquable pour sa façon d'habiter des scènes parfois convenues, de leur donner des intensités et des perspectives, sinon nouvelles, du moins vivantes. Onoda est du même acabit : je ne sais pas exactement à quel fantasme de cinéma cela correspond (je craignais que Harari s'inscrive dans la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking), mais c'est plus complexe que ça), et si c'est par moments un peu lourd, il y a des fulgurances indéniables.
L'histoire d'Onoda est celle d'un interdit : interdit de mourir, interdit de se rendre, interdit d'abandonner la partie même quand elle est finie. Le film nous montre des hommes menant une guerre qui n'a plus lieu, contre des ennemis absents. Chacun a sa fonction dans ce délire partagé : même celui qui y croit le moins renforce la conviction des autres.

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La Bande des Quatre, Jacques Rivette

C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.

merci pour ça : la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking
c'est ce que je pense, à la virgule.
J'ai du mal à voir ce que Zama fout dans cette liste, mais bon.
Surtout que tu l'avais adoré à l'époque.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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cyborg
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Moi j'ai du voir à ce que fait Zama dans la liste car c'est le seul film mauvais des trois cités :D
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B-Lyndon
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cyborg a écrit :
mer. 26 janv. 2022 20:37
Moi j'ai du voir à ce que fait Zama dans la liste car c'est le seul film mauvais des trois cités :D
Révoltant :D
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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Tamponn Destartinn
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Il est évident que PT Anderson a eu un déclic qui lui a fait un bien fou. Ou alors juste il vieillit bien. Qu'importe, il s'est libéré de quelque chose et son talent indéniable est soudainement au service d'un Cinéma qui me parle bien plus que celui des années 90 (il faudra un jour assumer que le cinéma ricain mi-auteur mi-blockbuster des années 90 est très surestimé, mais c'est un autre sujet).

Ce qui est drôle, c'est qu'avant d'aller voir ce film, je m'étais dit : "si je l'aime autant que Phantom Thread, je ne vais pas y couper, il va falloir que je me remate tous ses premiers films pour être sûr que je n'étais pas passé à côté de qq chose à l'époque". Or, je l'ai aimé autant que Phantom Thread, MAIS : il a pour défaut d'avoir à plusieurs moments des petites sorties de route, à mon sens pas trop gênantes, mais qui ont toutes pour points communs d'être des reliques de sa façon de faire du cinéma auparavant. Donc non, je pense pas que je vais me retaper Magnolia bientôt :D

Je vais commencer par ces moments problématiques. Les plus évidents sont les deux scènes tunnels avec l'irruption de stars. Je ne critique pas l'idée d'avoir caster des stars pour jouer ces rôles. Il y a un côté Bruno Dumont dans ses premiers films où il a mélangé stars et amateurs : ça a narrativement du sens. Oui, à Los Angeles, même un nobody peut croiser régulièrement des stars, et pour bien nous donner ce sentiment d'étrangeté de voir quelqu'un de familier qu'on ne connait pas personnellement, prendre des vrais stars face aux héros joués par des nobody, c'est logique. Le vrai souci est qu'Anderson arrête de tenir d'une main ferme le rythme de son film à l'apparition de ces stars. Sean Penn et Bradley Cooper sont en roue libre, ils se font trop plaisir et soudainement tout semble devenir trop long (pareil pour Tom Waits, mais j'aime trop Tom Waits pour m'en plaindre). E c'est là où je retrouve le Anderson que je n'aimais pas : dans cette lourdeur.
Mais : si je le pouvais, je couperais juste dans le tas, jamais la scène en entière. Car cela apporte toujours quelque chose de fort à l'arrivée. La scène post Sean Penn est l'une des meilleures sur l'évolution de cette relation amoureuse qui n'arrive pas à concrétiser. Tout comme la scène hallucinante du camion sans essence, qui amène là encore une évolution dans le personnage de l'héroïne que j'aime beaucoup.

Parlons de cela, d'ailleurs. Ce film est une histoire d'amour, point. PT Anderson est devenu un meilleur cinéaste aussi parce qu'il a appris les bienfaits de l'épuration et du minimalisme. Donc : est-ce que cette histoire m'intéresse ? Est ce que les deux protagonistes de cette histoire m'intéressent ? Et là, sans aucune hésitation, ma réponse est oui, cent fois oui.
Je les trouve tous deux géniaux, y compris dans leur gros défauts.
Lui, c'est l'acteur raté, déjà périmé avec la puberté, qui se reconverti en homme d'entreprise, très american dream capitaliste. Certes. Mais il a un autre moteur, un vrai : il est amoureux. Alors cet amour, il l'a d'abord décidé comme un coup de poker, un "flair" proche de celui qu'on lui donne quand il se lance dans un business. Ca pourrait le rendre très antipathique. Je ne trouve pas. Ca se joue vraiment à un équilibre délicat, entre l'évidence que son amour est sincère et son charme étrange (c'est de famille, on sent que l'acteur est bien le fils de son père - Philip Seymour Hoffmann). Sa force de conviction devient belle à partir du moment où cette fille parait bel et bien la femme de sa vie, et qu'en même temps, il n'est pas si forceur que ça, il ne sait même pas déceler les moments où elle lui laisse une ouverture, ça reste un ado imparfait, manquant d'expérience, mais très attachant par sa façon de ne jamais choisir le chemin le plus facile pour lui. Ca en devient un homme de valeur, pas au sens politique que ça peut impliquer (c'est d'ailleurs très bien d'assumer qu'il est paumé sur ce point), mais quand même quelqu'un de bien.
Elle, c'est encore mieux. C'est elle qui fait sincèrement tout l'originalité du film. C'est à dire, autant lui je l'ai déjà vu ailleurs comme archétype de fiction, autant elle échappe pas mal aux cases dans lesquelles on pourrait être tenté de la mettre. Juive à l'éducation stricte, loin d'être en avance sur son époque, n'ayant pas la réaction de dire merde à son patron qui lui met une main au cul comme on voudrait instantanément qu'elle l'ait, Alana s'avère pourtant rapidement bien plus complexe que cela. Ca commence par du "fuck off" énervée (scène géniale avec une de ses soeurs au début), et c'est quelque chose qui restera tout du long du film. Je pense à la séquence vers la fin où elle se confronte au mec chelou devant la devanture de la campagne municipale. C'est le moment de ta critique que je trouve le plus de mauvaise foi, Asketoner (et je te dis ça alors que j'ai parallèlement beaucoup aimé te lire :D ), car pour moi c'est une scène qui illustre son courage à l'inverse des hommes, le mec qui vient "la secourir" étant très clairement plus pathétique qu'autre chose, il l'a suivi parce qu'il n'avait pas le choix, il ne la sauve de rien du tout, c'est son amour propre à lui qu'il tente peinement de sauver. Bref, au delà de cette caractéristique, il y en a bien d'autres que je trouve vraiment étonnante. A un moment, Gary prétend être celui qui l'a sorti de son trou, sans lui elle ne serait rien. Mais tout le film raconte l'inverse. Elle a en elle des capacités incroyables, de séduction mais pas que, qui semble pouvoir l'amener un peu où elle veut, son seul problème étant de ne justement pas savoir ce qu'elle veut ! Par exemple, le fait qu'elle soit clairement une actrice surdouée, qui à peine commencée, réussie une audition haut la main, tout ça pour ne plus jamais y revenir, son désir s'accrochant vite à autre chose. C'est quelqu'un qui peur de l'ennui, de raté sa vie, et qui de fait s'emmêle sans cesse les pinceaux. En toute logique, elle est celle qui rejette le potentiel de l'histoire d'amour, mais ça n'en fait pas "la fille à chopper à la fin" pour autant.

Bref. Je vous avoue que cette critique, je l'ai écrite au fil de la journée, quelques phrases par ci par là, quand j'avais envie de faire une pause de boulot, et donc je me rends bien compte que c'est décousu, éparpillé, tout ça tout ça. Disons juste que c'est un beau film de personnages, qui s'intègrent parfaitement dans cette époque fascinante dont on ne se lasse pas, et que j'ai adoré cette idée de raconter un amour qui tarde à se concrétiser car l'un des deux résiste pour des raisons compréhensibles. Le tout en évitant de rendre creapy l'amoureux et cruelle la récalcitrante. Evidemment, je me serais bien passé du mot de la fin, "I love you Gary". Logique vu que c'est elle qui avait besoin de l'exprimer pour conclure, pas lui... mais le film arrivant jusqu'à présent à incarner énormément l'évolution de leur histoire sans passer par le dialogue, c'est vraiment dommage d'avoir succomber sur cette fin, et théorie du complot : même Anderson doit parfois faire plaisir à son prod ou au studio inquiet. Tant pis, c'est pas ça qui va tout gâcher.
Modifié en dernier par Tamponn Destartinn le jeu. 27 janv. 2022 00:18, modifié 2 fois.
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B-Lyndon a écrit :
mer. 26 janv. 2022 19:24
J'ai du mal à voir ce que Zama fout dans cette liste, mais bon.
Surtout que tu l'avais adoré à l'époque.
Tu dois te tromper, voilà ce que j'avais écrit sur Zama à sa sortie :
Je ne l'ai pas lu le livre duquel Zama est l'adaptation, or j'ai eu le sentiment qu'il y avait, entre le film et moi, une zone infranchissable. Sans doute cette référence manquante. La première heure était même assez éprouvante, je ne comprenais pas l'enchaînement des séquences, de quelle vie on me parlait, de quelle époque ni de quelle histoire. Le dernier tiers est heureusement plus linéaire et plus sensible.
J'ai été, comme toujours avec Lucrecia Martel, ébloui par le sens du cadre de cette cinéaste, et par sa façon de mêler, à cette théorie permanente de l'enchevêtrement des corps, des sons tranchants, choisis, entêtants et abstraits.
Mais tout de même, quand la fin du film revient sur la légende qui ponctue le générique, au sujet de ce poisson allergique à l'eau luttant pour rester dans ce milieu qui ne cesse de le rejeter, je me suis dit que ça ne racontait pas grand chose, que c'était beaucoup d'effort pour peu de grâce, qu'il me manquait un véritable déploiement du sens.
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Narval
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asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 16:49
La Bande des Quatre, Jacques Rivette

C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.
Un de ses meilleurs - sinon le meilleur :love: Etant très théâtre j'avoue que Rivette est un des rares cinéastes qui a aussi bien filmé les répétitions.
J'ai très hâte de découvrir l'Amour fou, pas encore sorti en dvd chez nous; mais je perds pas espoir avec toutes les récentes (ré)éditions géniales que ses œuvres ont connu récemment.
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Narval
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Narval a écrit :
sam. 24 oct. 2020 19:16
1 : There Will Be Blood
2 : The Master
3 : Inherent Vice
4 : PhantomThread
5 : Magnolia
6 : Punch-Drunk Love

J'aime tout, mais un peu moins les deux derniers...
Tu es quand même très fan de son cinéma, n'est ce pas ?
[/quote]

Oui j'aime vraiment ce cinéaste, du coup assez déçu par ce dernier cru, comme je disais plus haut il faut être exigeant avec ceux qu'on aime. Mais peut-être que mes goûts ont évolué aussi depuis... c'est fort possible que je sois moins fan en me refaisant une intégrale. ;)
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sokol a écrit :
mer. 26 janv. 2022 10:53
Tu es quand même très fan de son cinéma, n'est ce pas ?
Oui j'aime vraiment ce cinéaste, du coup assez déçu par ce dernier cru, mais rien de grave, le film n'est pas détestable. Comme je disais plus haut il faut être exigeant avec les artistes qui nous sont proches. Là je ne suis pas convaincu, et pas sûr que j'ai envie de le revoir un jour ;)
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asketoner a écrit :
mer. 26 janv. 2022 23:46
B-Lyndon a écrit :
mer. 26 janv. 2022 19:24
J'ai du mal à voir ce que Zama fout dans cette liste, mais bon.
Surtout que tu l'avais adoré à l'époque.
Tu dois te tromper, voilà ce que j'avais écrit sur Zama à sa sortie :
Je ne l'ai pas lu le livre duquel Zama est l'adaptation, or j'ai eu le sentiment qu'il y avait, entre le film et moi, une zone infranchissable. Sans doute cette référence manquante. La première heure était même assez éprouvante, je ne comprenais pas l'enchaînement des séquences, de quelle vie on me parlait, de quelle époque ni de quelle histoire. Le dernier tiers est heureusement plus linéaire et plus sensible.
J'ai été, comme toujours avec Lucrecia Martel, ébloui par le sens du cadre de cette cinéaste, et par sa façon de mêler, à cette théorie permanente de l'enchevêtrement des corps, des sons tranchants, choisis, entêtants et abstraits.
Mais tout de même, quand la fin du film revient sur la légende qui ponctue le générique, au sujet de ce poisson allergique à l'eau luttant pour rester dans ce milieu qui ne cesse de le rejeter, je me suis dit que ça ne racontait pas grand chose, que c'était beaucoup d'effort pour peu de grâce, qu'il me manquait un véritable déploiement du sens.
Je parlais à Sokol mais je me suis emmêlé sur les citations ;)
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groil_groil a écrit :
mer. 26 janv. 2022 17:31


Je l'adore et je le connais depuis 25 ans, c'était le colloc d'un bon collègue au moment où il débutait la musique.
C'est un garçon adorable, d'une grande gentillesse.
Je le suis musicalement depuis ses tout débuts en groupe, et j'ai été très heureux de voir sa carrière solo décoller ainsi.
pour moi son meilleur album est Hypernuit (un chef-d'oeuvre) suivi de près par le magnifique Parcs.
:jap:

Merci. je l'ai découvert à travers le film. Sacré gueule et sacré musicien
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg a écrit :
mer. 26 janv. 2022 20:37
Moi j'ai du voir à ce que fait Zama dans la liste car c'est le seul film mauvais des trois cités :D
Je veux bien croire que "Zama" (film extrêmement courageux !) n'est pas le plus grand film de l’histoire de cinéma, mais "Jauja" est un très mauvais film (le comble du formalisme, au même titre que "La mort de Louis XV").
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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