Le Centre de Visionnage : Films et débats

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groil_groil
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Marrant Asky que tu rapproches Versailles de Comment je me suis disputé car c'est quelque chose que j'écris, et qui me frappe â chaque revoyure. Je suis content de ne pas être le seul à penser cela :D C'est le même film en effet, ou plutôt ils sont chacun l'une des faces d'une médaille, un versant comique, un versant tragique.
Et j'espère que tu connais la version longue (dite "interminable", elle dure 6 heures) du Podalydès, c'est magnifique.
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asketoner
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groil_groil a écrit :
mar. 27 oct. 2020 05:43
Marrant Asky que tu rapproches Versailles de Comment je me suis disputé car c'est quelque chose que j'écris, et qui me frappe â chaque revoyure. Je suis content de ne pas être le seul à penser cela :D C'est le même film en effet, ou plutôt ils sont chacun l'une des faces d'une médaille, un versant comique, un versant tragique.
Et j'espère que tu connais la version longue (dite "interminable", elle dure 6 heures) du Podalydès, c'est magnifique.
C'est le même film, les mêmes acteurs, la même façon de prendre pour personnages principaux des intellos... D'ailleurs Balibar a exactement la même fonction dans les deux films.
Je n'ai vu que la version courte, j'avoue avoir un peu la flemme de regarder les 6heures, mais un jour peut-être. ;)
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asketoner
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Le Fils, Luc & Jean-Pierre Dardenne, 2001

Je le revoyais pour la première fois depuis sa sortie. C'est tellement fort --- sans doute un des meilleurs Dardenne. Rien ni personne n'est minoré dans le film : ni le coupable, ni la victime. (Et je crois que personne n'a fait ça à ce point.)
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groil_groil
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mon Dardenne préféré.
mais je ne l'ai jamais revu.
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asketoner
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groil_groil a écrit :
mar. 27 oct. 2020 10:10
mon Dardenne préféré.
mais je ne l'ai jamais revu.
Franchement le revoir n'enlève rien, la tension est la même (même quand on se souvient parfaitement de qui est ce garçon pour ce monsieur qui lui apprend la menuiserie), parce qu'une fois de plus ce n'est pas une tension de scénario mais de mise en scène. Les Dardenne ont filmé leur acteur comme Deleuze parle de la tique, des percepts et du territoire, ou comme Kafka a écrit Le Terrier. C'est la même exacte intensité, la même grandeur dérisoire (ou la même beauté malgré l'étroitesse).
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yhi
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Peninsula, Yeon Sang-ho


En 2016, Dernier train pour Busan fait sensation en revisitant le film de zombie dans l'espace confiné d'un train. En 2020, alors que ce sont les spectateurs qui risquent d'être confinés, et après quelques rebonds de date de sortie ironiquement dus à une épidémie, Peninsula, sa suite finit par arriver sur les écrans.

Une courte introduction en forme de clin d’œil puisqu'elle se déroule cette fois dans un bateau replonge dans le bain du précédent opus, mais c'est pour mieux s'en détacher ensuite. Loin de vouloir reproduire le jeu des contraintes de Dernier train, Peninsula préfère se saisir pleinement des codes du genre. Il perd, certes, en originalité, mais gagne en liberté.

Le pitch rappelle New York 1997. Des mercenaires sont largués dans une Corée post-apocalyptique remplie de zombies, et de quelques survivants, pour récupérer de l'argent abandonné dans un camion. L'atmosphère nocturne n'est pas justifiée que par le scénario (les zombies ne voient pas la nuit) mais par une vraie envie de mise en scène où les zombies se retrouvent guidés et manipulés par divers artifices lumineux, de voitures RC aux phares ou aux fusées éclairantes. Au delà du groupe de zombies, c'est une petite famille de loups solitaires débrouillards mais constamment en danger qui déploient son astuce pour échapper à la horde. Mais ce ne sont pas les seuls survivants. Derrière des barricades, une meute violente est nourrie aux jeux du cirque. Couplet classique du genre, l'Homme est bien plus dangereux que le zombie.

Effets spéciaux crades pour environnement sale. Les voitures en CGI vrombissent entre les zombies et les bâtiments écroulés. La deadline est proche, au bout de trois jours le bateau pour les ramener vers la Chine fera demi tour. Alors que dans Dernier train les protagonistes cherchaient l'ouverture vers les grands espaces, la sortie du tunnel, Peninsula agit comme un retour de bâton où plus aucun espace n'est sûr, sauf celui contrôlé d'un bateau ou d'un hélicoptère. Pas une grande révolution, mais un second volet honnête qui, ne réinventant pas le genre, sait au moins réinventer son concept originel. A inscrire au côté des suites un peu kitsch mais assumées comme Los Angeles 2013 ou Mad Max 3.
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groil_groil
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Mouaifff... j'y ai appris quelques trucs historiques (putain la mère Goebbels qui a buté ses 6 enfants, je ne savais pas ça, quelle hallu !!!) mais sinon c'est comme je le redoutais très faible cinématographiquement... Pompiérisme et un peu de condescendance pour les nazis quand même, y en a deux trois qu'il faut bien aimer, parce que y en avait sans doute des biens comme chantait l'autre... Bref... Sinon il faut reconnaitre que Ganz est bien, il se ferait presque oublier derrière le personnage...
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sokol
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groil_groil a écrit :
mer. 28 oct. 2020 11:11
Sinon il faut reconnaitre que Ganz est bien, il se ferait presque oublier derrière le personnage...
Oui, j'avais vu à l'époque des spectateurs sortants du cinéma avec des yeux tout rouge (ils avaient chialé pour Hitler quoi).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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groil_groil
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:D :D :D :lol: :lol: :lol:
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asketoner
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Hamaca Paraguaya, Paz Encina, 2006


Mais vous aviez tellement raison, c'est un film superbe ! J'ai adoré ces petits vieux qui cherchent un endroit où poser leur hamac (on en est plus ou moins tous là).
Par contre je dirais, pour le coup, que c'est un film très théâtral. D'abord parce que c'est très difficile de ne pas penser à Godot et ses deux clochards errants, ensuite parce qu'il y a, comme au théâtre, en tout cas dans les trois plans principaux du film, un cadre très large et des corps très éloignés, qui font ce qu'ils peuvent pour exister dans le monde. (Evidemment on n'utilise pas l'adjectif "théâtral" de cette manière là quand on parle de cinéma, on dit"théâtral" au lieu de dire "boulevardier", or là je pense que Hamaca Paraguaya est un film réellement théâtral.)
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cyborg
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Tu me fais plaisir.
Le film m'a profondément bouleversé et réduit en miette lorsque je l'ai revu lors du premier confinement...
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Narval
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Il Peccato - Michel-Ange - Andreï Kontchalovski

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Voilà un réalisateur qui sait construire ses cadres et faire vivre ses plans. Voilà un réalisateur qui sait aussi mettre en valeur son sujet, et ici notamment, la beauté d'un pays, l'Italie. C'est une splendeur bourré d'idées de mise en scène, de compositions originales, de choix pertinents. Il y a des scènes types déjà vues certes (les laveuses, la taverne...) mais elles sont ranimées par l'intelligence du scénario qui n'en fait pas un défilé de vignettes. Le film est dense, il s'attarde rarement, mais lorsqu'il prend le temps de se poser (et qu'il pose littéralement ses personnages, pour un instant de méditation sur le pas d'une porte), il se pose sur les bonnes questions (où est le péché ? où commence la folie ? où est l'art dans tout ça ?...).

Michel-Ange, ce touche-à-tout fascinant qui a traversé la fin du 15ème et le 16ème siècle, menant une vie d'errance, de voyages opportuns en fonctions des pierres disponibles, des travaux à honorer, des familles à servir, n'a jamais eu beaucoup de représentations au cinéma. Kontchalovski en propose une complexe, nerveuse et saisissante de réalisme, très ambitieuse dans sa reconstitution mais qui ne perd jamais un certain côté spontané, pris sur le vif qui sied si bien à la quête de création du personnage principal. Alberto Testone qui incarne Michel-Ange est saisissant, physiquement, on croirait voir un Dafoe italien possédé par quelques démons tout droit sorti de chez Dante. On est jamais d'ailleurs très loin d'un personnage qu'aurait pu jouer Klaus Kinski, car tout comme Fitzgerald qui essaie de faire passer un bateau par dessus une montagne, Michel-Ange tente de tailler le plus gros bloc de marbre jamais arraché à une paroi, et ce, par la force du collectif.

C'est aussi un des propos du film : la multiplicité. Si la traduction du titre en français a tendance à le faire oublier, Michel-Ange est aussi un film sur la possession. La fascination du personnage pour l'univers de Dante est telle qu'il finit par littéralement traverser des mondes pour essayer de retrouver sa trace. Jamais tout à fait seul (il rêve même du pape lui rendant des visites nocturnes), et toujours un démon dans le coin de l'œil (comme à la taverne). Certains historiens avaient par ailleurs émis l'hypothèse selon laquelle Michel-Ange aurait souffert de troubles bipolaires, un élément qui a peut-être pu conduire à la mise en scène de ce film. Il suffit de voir cette scène géniale où il est sur une place au petit matin, parmi les clochards et ceux qui dorment dans la chapelle Sixtine non loin, recueillant deux chatons blancs tout tremblant entre ses doigts sales, tandis qu'il se fait attraper le pied par une main sortant des enfers. Tout y est.
J'aime aussi la façon dont le scenario fait se croiser les destins d'un artiste très pauvre, vivant grâce aux commandes qu'il perçoit d'un peu partout (et aussi grâce aux faveurs du pape) sans jamais prêter allégeance aux puissants de ce monde, et qui doit retourner sa veste sans arrêt, car toutes ces existence qu'ils mènent, il les vit en même temps.

Seul point faible au tableau à mes yeux : la fin du film, qui est bâclée (comment finir une telle fresque... tout est le problème). Même si elle renvoie à celle d'Andreï Roublev de Tarkvoski (pour la séries d'œuvres présentées en fondus), elle n'en a pas la force picturale (ni la force musicale par ailleurs). C'est d'autant plus frustrant que même le générique de fin est trop court, comme accéléré et amputé de tous les figurants, stagiaires et partenaires. Sur un film pareil, je n'ose imaginer le nombre de personnes chargées d'organiser un tel bordel, pourtant personne n'est cité à ce niveau là - où alors j'ai halluciné. Bizarre donc, surtout que le générique de début est court lui aussi. Serait-ce une copie raccourcie pour la sortie en salles française ?
Modifié en dernier par Narval le ven. 30 oct. 2020 12:33, modifié 1 fois.
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yhi
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Ha oui, pour Michel Ange, les lumières se sont rallumées très vite et je pensais que c'était le ciné qui faisait de la découpe de générique pour pouvoir caler toutes ses séances enchaînées avant 21h. Mais du coup peut être pas.
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asketoner
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Docteur Mabuse, le joueur, 1922, Fritz Lang

C'est très déstabilisant, au début, de ne jamais savoir qui est Mabuse. Fritz Lang pose un doute (surtout politique) sur la forme que peut prendre un être. De ce vertige transformiste naît un vertige narratif, une ivresse dans le récit. Le montage, par ses sautes, ses raccords fabuleux, contribue à cette impression. (Je pense notamment à cet homme endormi par un gaz à l'arrière d'un taxi, qui se réveille sur une barque sans rame au milieu d'une étendue d'eau inconnue.) Le plaisir vient de là, je crois, et aussi de l'esthétique du film, de sa façon de déployer tout un univers clandestin où le luxe et la misère conspirent ensemble.
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Narval
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yhi a écrit :
ven. 30 oct. 2020 07:34
Ha oui, pour Michel Ange, les lumières se sont rallumées très vite et je pensais que c'était le ciné qui faisait de la découpe de générique pour pouvoir caler toutes ses séances enchaînées avant 21h. Mais du coup peut être pas.
Tu l'as remarqué aussi, c'est vraiment bizarre. L'hypothèse du couvre-feu est possible cela dit (le film est assez long), mais je n'ai lu aucune info à ce sujet et après tout ils passaient bien aussi le Wiseman qui est deux fois plus long en salle...
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asketoner
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Allemagne année 90 neuf zéro, Jean-Luc Godard, 1991

Je crois que j'aime énormément la décennie 90 de Godard (Hélas pour moi, JLG/JLG, For ever Mozart, Histoire(s) du cinéma). Pour moi c'est la plus aboutie esthétiquement, aussi bien le son que l'image - et cette puissance sonore et visuelle, cette grâce radicale du montage, me permettent d'entrer sans tergiverser dans ces récits flous et brumeux, dont le propos n'est jamais certain. C'est que Godard a inventé une forme parfaite pour l'incertitude - parfaite pour errer en Europe, l'hiver, sur les ruines de l'Histoire.
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B-Lyndon
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Dans les années 90, Godard s'est mis à filmer des arbres (le plus souvent morts, nus, auprès d'un lac ; ou au contraire touffus, recouverts de feuilles battues par les vents). C'est ainsi qu'il a fait des films tout simplement déchirants.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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asketoner
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B-Lyndon a écrit :
dim. 1 nov. 2020 09:27
Dans les années 90, Godard s'est mis à filmer des arbres (le plus souvent morts, nus, auprès d'un lac ; ou au contraire touffus, recouverts de feuilles battues par les vents). C'est ainsi qu'il a fait des films tout simplement déchirants.
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Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard, 1990

Et voici donc un film plus feuillu, tourné au printemps ou pendant l'été, où Godard filme déjà des arbres et des mains, et beaucoup de gens qui marchent. C'est un film sur l'amour au temps du capitalisme - comment l'amour doit passer entre les filets du capitalisme pour subsister (de quels subterfuges il se saisit), et comment l'amour contribue au capitalisme également. C'est très beau. Le beau y est un peu plus appuyé que dans les films qui suivront (où le beau surgit, fragile et net), plus empreint de l'esthétique des films de Godard des années 80.
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sokol
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Que Godard était ahurissament inspiré durant la période des années 90, on le comprend aussi dans les films de sa compagne dans les années 2000. Littéralement.
C'est extrêmement rare (voir unique) qu'on ait la confirmation par les films d'un autre cinéaste (sa femme) concernant ceux du cineaste en question (c'est ce qui m'a le plus intrigé d'ailleurs dans les films de Miéville : le personnage joué par JLG)
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groil_groil
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Malgré un très gros casting souvent bien vu, ce biopic est l'un des plus mauvais que j'ai pu voir. Une preuve ? La narration du film, accrochez-vous, est construite ainsi : c'est Chaplin vieux qui raconte sa vie à son biographe (sachant que le film est déjà l'adaptation croisée d'une biographie et d'une autobiographie) et donc le film se permet de sauter d'une scène à l'autre en repassant par le dialogue avec le biographe imaginaire, en off ou plein cadre, avec des phrases du genre : "et alors, à ce moment-là, vous êtes partis aux Etats-Unis..." La misère de la narration...

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Re-re-revu cette merveille, croisement idéal entre Hitchcock, Tintin et Tati, et l'une des plus belles sources d'inspiration de Spielberg.

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Superbe, militant, engagé, un vrai film d'horreur avec des fachos à la place des zombies, sinon on jurerait un Romero. Film incroyablement contemporain d'ailleurs, qui parle on ne peut mieux des ravages orchestrées par les théories du complot, et des lynchages en règle dont peut-être victime une minorité, quelle qu'elle soit, à partir du moment où la vindicte populaire a prévu de la réduire à néant. ça fait froid dans le dos de voir que rien n'a changé... J'aurais cru Corman d'une fin plus trash, il laisse une petite note d'espoir surprenante dans un film si sombre.
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Ilan
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L'ANGLAIS - Steven Soderbergh - 1999

Brillant. J'étais assez bluffé, je l'imaginais comme un petit Soderbergh... mais c'est un grand petit Soderbergh, où l'intrigue mineure lui permet vraiment de déployer un pur génie de mise en scène et de montage. Et puis c'était le moment où il sortait de cette espèce de traversée du désert des années 90, où il cherchait vraiment son identité de cinéaste, et à cet égard la dernière réplique du film est amusante, façon Inglorious Bastards...


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DEAD ZONE - David Cronenberg - 1984

Je ne suis pas un grand fan de Cronenberg, mais sur quelques films comme eXistenZ ou celui-là, il y a juste à la boucler et admirer. Adapté d'un roman de King absolument bouleversant, Dead Zone raconte l'histoire d'un pauvre type on ne peut plus normal qui se retrouve doté d'une faculté inouïe, et qui hérite en conséquences de responsabilités à l'échelle du monde, qu'il n'a jamais demandées, mais qu'il va petit à petit accepter. C'est une réussite à tous les niveaux, traversée par une mélancolie déchirante, et qui prend à bras le corps la thématique du don, dans toute sa dimension de bénédiction et de malédiction. Martin Sheen très flippant en politicard populiste, on y croit très fort. Ce type peut décidément tout jouer. Walken gigantesque, peut-être bien son plus beau rôle (avec Voyage au bout de l'enfer évidemment).
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sokol
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Je l'ai vu, enfin !
Bon, je n' l'aime pas trop. Car c'est trop. Tout est quasiment trop. Il fallait s'y attendre un peu peut être car, même si "Requiem pour un massacre" (que j'adore, puisque je le considère comme un des 2 plus beaux films sur la guerre, l'autre étant Au-delà de la gloire (The Big Red One) de Fuller) est une merveille, force est de constater qu'il est un peu 'trop' aussi (exemple, la traversée exténuante du marécage). Mais ça passe, car il y a 'le pathos' de la guerre quoi.

Bref, le film est baroque, mais trop. Brulant, mais trop aussi. Même le débile du village "c'est trop". Ça n'a pas l’élégance de Tarkovski quoi, pour faire simple (pourtant, c'est sa figure tutélaire !!).

J'étais assez déçu... (et archi motivé à l'aimer... :( )
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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sokol a écrit :
mar. 3 nov. 2020 10:12
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Je l'ai vu, enfin !
Bon, je n' l'aime pas trop. Car c'est trop. Tout est quasiment trop. Il fallait s'y attendre un peu peut être car, même si "Requiem pour un massacre" (que j'adore, puisque je le considère comme un des 2 plus beaux films sur la guerre, l'autre étant Au-delà de la gloire (The Big Red One) de Fuller) est une merveille, force est de constater qu'il est un peu 'trop' aussi (exemple, la traversée exténuante du marécage). Mais ça passe, car il y a 'le pathos' de la guerre quoi.

Bref, le film est baroque, mais trop. Brulant, mais trop aussi. Même le débile du village "c'est trop". Ça n'a pas l’élégance de Tarkovski quoi, pour faire simple (pourtant, c'est sa figure tutélaire !!).

J'étais assez déçu... (et archi motivé à l'aimer... :( )

Vive le trop !
(Moi c'est ça que j'aime dans ce film, justement.
Et c'est ce que j'aime chez Klimov. (Par exemple je me fous de ce qu'il nous dit de la guerre dans Requiem pour un massacre, c'est son excès qui me plaît.)
(Ou chez Alexei Guerman, c'est pareil.)
Pas d'élégance, que de la violence : parfait.
Trop de cinéastes passent leur temps à tenter de paraître élégants.)
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asketoner
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The Old place, Jean-Luc Godard & Anne-Marie Miéville, 1999

En réalité c'est de ce film qu'est né Dans le noir du temps et De l'origine du XXIème siècle, deux courts de Godard que j'aime beaucoup mais qui ont été faits après et sont sans doute des commandes. Tout est déjà là dans The Old Place, on retrouve les mêmes images, la même façon de les travailler, de les mettre en relation, le même crépuscule porté sur le visible.
C'est plus joueur aussi (moins moral / moins leçon d'histoire), parce que ce sont comme des notes sur l'art (je crois que Godard et Miéville parlent d'exercices de pensée artistique). En fait c'est un petit traité sur l'art, ni plus ni moins.
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sokol
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asketoner a écrit :
mar. 3 nov. 2020 10:49
Vive le trop !
Oui, mais il y a trop et trop !
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Tyra
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J'ai honte de passer après Klimov avec ça : :sweat:
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On peut dire que Sofia Coppola ne fait rien pour contredire la critique la plus courante sur son cinéma : "pauvre petite fille riche qui tourne autour de son nombril". Décomplexée, elle tourne ce film probablement très inspiré de sa vie (et surtout de son train de vie).
Ici, Rachida Jones, écrivaine ( :ninja: ), mère de famille pantouflarde qui sèche devant la page blanche et voit son mari plein aux as s'éloigner d'elle, absorbé par son job et les déplacements qu'il lui impose.
S'en suit des soupçons de tromperie, puis la venue de son père Bill Murray (très bien), jadis père absent et infidèle, qui va la persuader que son mari la trompe aussi.
Peur de reproduire les mêmes schémas, d'avoir épousé un clone du père, complexe d'Œdipe inversé et tout le tralala.
S'en suit une série de filatures d'un duo de pieds-nickelés père-fille pour prendre l'infidèle supposé sur le fait, le genre de chose qu'on a vu avec plaisir chez Woody Allen (Meurtre Mystérieux à Manhattan, Scoop), mais qui est ici tristement raté, tout tombe à plat, et tout est vraiment antipathique.
Mais le pire du film, c'est sa fin.
On voit très vite que le couple que forme la fille est mort, elle n'a aucune complicité avec son mari qui semble l'homme le plus ennuyeux du monde et qui ne fait que parler de fric. En même temps, Il ne sert qu'à apporter l'argent au foyer et on comprend bien qu'à ce stade, qu'il la trompe ou non, cela ne fait pas une grande différence.
A coté de ça, elle a une vraie complicité avec son père (même s'il est goujat et grossier), c'est la seule belle chose du film d'ailleurs, cette relation père-fille.
A la fin donc, on apprend que le mari était finalement fidèle et que Bill Murray avait projeté ses vices passés sur le pauvre compagnon qui n'avait jamais envisagé de tromper notre héroïne. Le père est abandonné à sa solitude lors d'une expéditive scène d'adieux.

Réconciliation avec le mari autour d'une table d'un grand restaurant : le mari offre enfin la montre de luxe à 100 000 balles de chez Cartier, il n'avait donc pas oublié l'anniversaire de sa chérie ! Elle enlève la montre que lui avait donné son père et enfile celle plus chère que vient de lui offrir son mec. Il est toujours aussi tarte, aussi chiant, mais il est friqué et fidèle, ouf ! On a notre happy-hend.
:poop:
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groil_groil
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Remake Allemand, et à l'identique, du récent sudam La Isla Minima - qui était un très bon polar de genre. Le souci ici, même si l'originalité vient de l'ex-conflit entre les deux Allemagnes, c'est que le réal a donc vu et recopier La Isla Minima, en même temps il a acheté les droits donc il a le droit, mais il a vu aussi True Detective et les Millénium séries / films. Mais le gros problème c'est que NOUS AUSSI on les a vus... et on ne voit que ses emprunts lourds et appuyés pour palier son manque d'inventivité.

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Le meilleur RAZ vu à ce jour. Ramzi y est génial en rôle dramatique, et la fiction glace le sang pour deux raisons : déjà parce que pendant une grande partie du film tu es persuadé que cette dictature mêlée au terrorisme ambiant qui est filmée est l'Algérie, et puis au bout d'un moment tu comprends, petit à petit, par des plaques minéralogiques, que c'est la France, que c'est une très courte anticipation, et ça glace le sang. Et la seconde raison c'est que ce film a à peine un an, mais il semble décrire avec précision ce qu'on vit en 2020... Une très courte anticipation en effet.

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C'est le début pour moi d'un grand marathon Rollin de 17 films (que pour ma santé mentale je vais mêler à d'autres films), dont certains revisionnages. Je commence avec une découverte et l'un de ses premiers films, millésime 1968. C'est déjà le grand n'importe quoi, du cul, du sang, des messes noires, des vampires, une narration sans queue ni tête et des acteurs qui jouent comme des pieds, mais, et ce n'est pas le cas dans tous ses films, c'est habité ! il se passe quelque chose. Parce qu'il croit en ce qu'il filme tout simplement. Et plastiquement, c'est un assez joli noir et blanc très contrasté comme on le faisait à l'époque, il y a de belles séquences. Evidemment c'est de la pure série Z, c'est vraiment le degré en dessous du giallo de bas étage, mais j'aime cette bricole, ce côté DIY, rien à foutre, peut parfois forcer l'admiration.

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Revu ce super Corneau, l'un de ses meilleurs haut la main. Comme je n'ai rien à rajouter par rapport au précédent visionnage de 2013 je copie-colle :
Dans cet excellent polar (le mot n'est pas trop fort), Alain Corneau utilise à merveille le principe de base du cinéma hitchcockien : le personnage de Carole Laure est innocent et suspecté de meurtre. Elle ne peut pas prouver son innocence, et donc tout le monde la croit coupable, sauf le spectateur (et Yves Montand pour le coup). Du coup le processus d'identification est immédiat et le spectateur a la double position idéale et chère à Hitchcock : il est à la fois omniscient (il est le seul à connaitre la vérité) et dans la peau du personnage.
C'est d'autant plus brillant ici que Corneau rajoute une deuxième couche encore plus passionnante grâce au personnage d'Yves Montand. Celui-ci va, alors que sa compagne est en prison pour un crime qu'elle n'a pas commis (mais qu'il n'a pas commis non plus puisqu'il s'agit d'un suicide), disséminer avec beaucoup d'intelligence tout un tas de fausses preuves consistant à faire de lui Le coupable. Le "faux coupable" pour rester dans l'analogie hitchcockienne. Du coup, sa compagne est libérée et lui s'arrange pour fuir à temps. Sauf que, troisième niveau qui enfonce le clou de cette brillante leçon de mise en scène, alors que tout est réglé au millimètre, ça ne va évidemment pas se passer comme ça devrait et ça va évidemment mal se finir.
Ce film de Corneau (que j'avais du voir en enfance mais dont je ne me souvenais pas du tout) est vraiment brillant, et en plus, j'adore ça, il s'offre le luxe d'être quasiment sans paroles. Il n'y a que le flic (magnifique Balmer) qui parle un peu. Le reste du temps, la mise en scène est tellement limpide qu'elle parle à la place des personnages, il n'y a rien à rajouter !
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yhi
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Déjà dans La isla minima on sentait une forte influence True detective j'avais trouvé. Mais ça n'empêchait pas le film d'être réussi.
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B-Lyndon
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groil_groil a écrit :
mar. 3 nov. 2020 16:24

Le meilleur RAZ vu à ce jour. Ramzi y est génial en rôle dramatique, et la fiction glace le sang pour deux raisons : déjà parce que pendant une grande partie du film tu es persuadé que cette dictature mêlée au terrorisme ambiant qui est filmée est l'Algérie, et puis au bout d'un moment tu comprends, petit à petit, par des plaques minéralogiques, que c'est la France, que c'est une très courte anticipation, et ça glace le sang. Et la seconde raison c'est que ce film a à peine un an, mais il semble décrire avec précision ce qu'on vit en 2020... Une très courte anticipation en effet.

Très heureux que tu aies aimé ! J'y repense souvent.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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yhi a écrit :
mar. 3 nov. 2020 17:56
Déjà dans La isla minima on sentait une forte influence True detective j'avais trouvé. Mais ça n'empêchait pas le film d'être réussi.
voilà.
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B-Lyndon a écrit :
mar. 3 nov. 2020 18:44
groil_groil a écrit :
mar. 3 nov. 2020 16:24

Le meilleur RAZ vu à ce jour. Ramzi y est génial en rôle dramatique, et la fiction glace le sang pour deux raisons : déjà parce que pendant une grande partie du film tu es persuadé que cette dictature mêlée au terrorisme ambiant qui est filmée est l'Algérie, et puis au bout d'un moment tu comprends, petit à petit, par des plaques minéralogiques, que c'est la France, que c'est une très courte anticipation, et ça glace le sang. Et la seconde raison c'est que ce film a à peine un an, mais il semble décrire avec précision ce qu'on vit en 2020... Une très courte anticipation en effet.

Très heureux que tu aies aimé ! J'y repense souvent.
Disons qu'il clairedenise un peu moins que d'hab ;)
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Depuis que je l'ai découvert il y a deux ans, j'y repense sans cesse, et je rêvais de déjà le revoir, donc voilà, c'est fait. Résultat : c'est un immense chef-d'oeuvre, le plus beau de son auteur, et je crois l'un des plus beaux films que j'ai vu. Un film-roman, c'est une adaptation de Paul Bowles, c'est à dire que le résumer ne rime à rien, c'est l'histoire d'un couple qui se met à ne plus s'aimer et qui s'aventure aux confins du Sahara comme un grand voyage initiatique vers leur séparation mais dit comme ça ça ne veut rien dire. Donc autant s'arrêter là. C'est un film totalement envoutant, par sa littéralité, par sa beauté de sa mise en scène, par sa sublime photographie (rarement vu un film aussi "beau"). Je préfère citer la fin du film, tant elle est éloquente : Debra Winger rentre seule dans le café où ils étaient à deux au début du film. Là elle croise le narrateur, joué par Paul Bowles lui-même, qui n'intervient que par voix-off, sauf à cette toute fin.
Il lui dit : Are you lost ?
Debra répond :
Yes.

Puis, la voix-off de Bowles revient, lisant ce qui est sans doute la conclusion de son propre roman, et qui devient la terrible et magnifique conclusion du film (je mets le texte en Français) :

Comme nous ne savons pas quand nous mourrons, nous prenons la vie comme un puits inépuisable. Tout n'arrive qu'un nombre limité, très limité, de fois. Combien de fois te rappelleras-tu un après-midi d'enfance qui est si intimement part de ton être que tu n'imagines pas la vie sans lui ? Encore quatre ou cinq fois. Peut-être même pas. Combien de fois verras-tu la pleine lune se lever ? Peut-être vingt. Et pourtant tout paraît être sans limites.

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L'éducation sexuelle d'une jeune femme qui va aller jusqu'à tester les expériences les plus limite. Limite, voilà un mot qui qualifie bien le cinéma de Bigas Luna, toujours à la limite... du mauvais goût, du grotesque, de la provocation. Là, franchement, il la dépasse la limite. Si le film peut avoir quelques scènes réussies en cherchant bien, il sombre en quasi permanence dans le scabreux, et, acte totalement impardonnable, évoque une complaisance pédophile, je pense uniquement par goût de la provocation, je ne lui fais pas de procès d'intention, qui est totalement inacceptable et scandaleuse.
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Nous sommes tous encore ici, Anne-Marie Miéville, 1996

Il y a trois parties très inégales. La première est un dialogue philosophique extrait du Gorgias de Platon, mis en scène avec les pieds, dans des lumières dégueulasses, avec Bernadette Lafont qui a l'air de s'ennuyer à crever. La deuxième montre Godard en train de répéter un texte de Hannah Arendt. Pour moi ces deux parties ne présentent aucun intérêt, c'est la soumission du cinéma à la littérature, c'est ce que je vois déjà chez Straub et Huillet qui me déplaît tant - et dans ce cas précis c'est quand même l'occasion de masquer le mauvais cinéma avec de la bonne littérature. Et puis soudain il y a une troisième partie, la plus longue, excellente : une histoire de couple, deux vieux qui s'aiment et se disent tout, discutent de tout, de la promenade du soir, de la manière de rentrer chez soi, de la façon d'enfoncer son bonnet sur sa tête... et qui décident soudain de partir en voyage parce que quand même, leur vie leur semble rétrécir un peu, à force de rester toujours au même endroit, bien qu'ils aiment profondément ça. Alors ils se forcent, ils prennent un train, ça se passe mal, elle se blesse, il ronchonne, ils rejoignent un hôtel, mangent au restaurant, la musique est épouvantable, on n'est pas certain qu'ils vont réussir à dormir. Le film est là (et pas ailleurs).
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B-Lyndon
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Tu devrais adorer "Après la réconciliation" alors : ce n'est que ça. Et c'est sublime.
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groil_groil a écrit :
mer. 4 nov. 2020 09:12

Disons qu'il clairedenise un peu moins que d'hab ;)
Ah ! c'est joliment dit je trouve.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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B-Lyndon a écrit :
mer. 4 nov. 2020 11:42
Tu devrais adorer "Après la réconciliation" alors : ce n'est que ça. Et c'est sublime.
Je l'ai vu à sa sortie, je l'avais beaucoup aimé mais je pense que je vais le revoir.
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sokol
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groil_groil a écrit :
mer. 4 nov. 2020 09:26
Depuis que je l'ai découvert il y a deux ans, j'y repense sans cesse, et je rêvais de déjà le revoir, donc voilà, c'est fait.
C'est très marrant car ce film je l'ai en DVD depuis une décennie :D mais je le boude car, quand il est passé un soir à la télé, j'ai vu par hasard le début (si je me troimpe pas, une histoire de perte de papier dans un pays étanger) et je le trouvais malsain, petit, énervant.
Mais tu insistes tellement que je vais le voir bientôt (puisque maintenant on ne peut meme pas aller au ciné... :blase: )
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil a écrit :
mar. 3 nov. 2020 16:24

Le meilleur RAZ vu à ce jour. Ramzi y est génial en rôle dramatique, et la fiction glace le sang pour deux raisons : déjà parce que pendant une grande partie du film tu es persuadé que cette dictature mêlée au terrorisme ambiant qui est filmée est l'Algérie, et puis au bout d'un moment tu comprends, petit à petit, par des plaques minéralogiques, que c'est la France, que c'est une très courte anticipation, et ça glace le sang. Et la seconde raison c'est que ce film a à peine un an, mais il semble décrire avec précision ce qu'on vit en 2020... Une très courte anticipation en effet.
En fait, c'est partout et nul part. D'où le génie du film.

J'avais pas aimé ses 2 précédents (Le chant de Mandrin et Histoire de Judas) et celui-ci m'a consolé (non, il n'y a pas un autre verbe ??) avec le cinéaste que je considère, à nos jours, le cinéaste français le plus politique, le plus brillant, le plus perspicace, toujours politiquement parlant.
J'aimerais bien le revoir celui-ci !! :love: :love:
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cyborg
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Ce qui est intéressant c'est que si La Dolce Vita parait déjà loin des début néo-réalistes de Fellini et croquer à pleine dent la modernité cinématographique, le film s'inscrit encore totalement dans cette démarche intellectuelle. Tous les faits donnant lieux aux scènettes constituant le film sont en effet tirés de fait divers italiens contemporains à la conception du film. La seule chose qui a changé est ceux qu'on observe et met en scène : non plus la pauvreté et la dureté quotidienne de la classe désargentée mais le quotidien décadent de la bourgeoisie, dans laquelle Fellini trouvera toutes les bases du spectacle bouffon et grandiloquent qui caractérisera la suite de sa carrière. Si je trouve ce glissement d'observation du bas vers le haut de la société intéressant, globalement le film me laisse indifférent, pour ne pas dire que je m'y ennuie poliment. Grande préférence pour son suivant, 8 1/2.

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En prolongeant sa première série documentaire dite du "Monde Perdu" composée de 10 courts métrages sur le sud de l'italie, Vittorio de Seta signe avec "Bandits à Orgosolo" une première fiction splendide, rude, âpre et cruelle. Un berger accusé à tort est contraint d'errer dans les montages avec son troupeau. La mise en scène est inspiré et rend pleinement justice à la beauté de la Sardaigne dont l'âme semble vibrer dans tous les plans.


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La fin du XXème siècle semble avoir été traversée par un grand nombre de travaux autour de/d'adaptation de Shakespeare (Romeo + Juliet vu récemment, mais aussi Shakespeare in Love, Othello, Hamlet, Richard III, Le Songe d'une nuit d'été...) et même Godard s'y est collé, un peu avant tout le monde, avec son King Lear en 1987. Si le film fut longtemps invisible et traine maintenant sur le net sans doute grâce à une discrète ressortie en salle en 2002, toute l'histoire de sa production semble ubuesque. Il faut en effet savoir que King Lear fut produit par Menahem Golan, fameux producteur américain mais plutôt spécialisé dans le bis musclé... Pas sur que tout se soit passé très paisiblement entre les deux hommes :D
Si je ne dis pas de bêtise, King Lear est le seul film de l'auteur produit aux USA, et il est clair que Godard s'en amuse en se citant, se rejouant et détournant ce qu'on aurait pu attendre de lui (son aura étant toujours essentiellement basé sur ses réalisations nouvelles vagues 60s dont il est pourtant sorti depuis longtemps) à la suite d'une traversée transatlantique. Même le personnage central du film (un auteur descendant de Shakespeare lui-même) semble surprenant, comme dénotant en incarnant par trop d'évidence simplificatrice les problématiques habituelles de l'auteur, comme si JLG ne faisait pas assez confiance à son supposé public américain (et pas d'inquiétude, il n'en aura de toute façon pas, le film étant très rapidement déprogrammé des quelques salles le projetant). Le résultat est donc typique de cette période de l'auteur, dans une version presque light ou "évidente". Ce jeu "de lui même" n'empêche pas le film d'être bardé d'idées magnifiques, Godard restant Godard.

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Claire Denis, reine de l'esquisse, de la narration éthérée, de l'évocation très nouveau roman plus dans la silhouette que le portrait détaillé, trame ici différentes histoires pour évoquer le vrai " tueur de vieille dame" ayant sévi à Paris durant les années 80. Le résultat est un parfois un peu pénible (très franco-français, disons) mais aussi assez saisissant dans sa façon de s'emparer d'un fait divers et de le faire exister en périphérie de plusieurs existences banales sans jamais tenter d'expliquer ou de sombrer dans le sordide spectaculaire comme aurait pu le faire bon nombre de réalisations. Il s'y passe au final beaucoup de belles choses par certaines répétitions ou duplications de situations ou de communications étant sans cesse répétés par les traductions des différents personnages, façon de faire s'accrocher les unes aux autres les fausses évidences.

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Clément Cogitore, chouchou de l'art contemporain français, fut découvert par un plus large public à l'occasion de la sortie de son moyen-métrage documentaire Braguino en 2017, alors qu'il avait en réalité déjà un long-métrage à son actif nommé "Ni le ciel ni la terre". Si le film se paye le luxe d'une tête d'affiche en or (Jérémie Renier, qu'on a d'ailleurs connu plus convaincant), celui-ci vaut surtout par l'originalité de son sujet et la façon dont le "film de guerre" devient avant tout un décorum pour questionner croyances et techniques. Rarement la ligne de front n'a autant semblé la ligne de démarcation entre deux cultures, entre deux façon de concevoir la réalité, de la placer le curseur entre le vrai et le faux. Et la puissante technologie des soldats de doucement se faire contaminer par l'inexplicable... Si le film est globalement convaincant et plaisant par ses quelques envolés dans sa dernière partie, il aurait sans doute gagné à être un peu moins sage et un peu moins bavard, bref moins propre sur lui.
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sokol a écrit :
mer. 4 nov. 2020 16:00
groil_groil a écrit :
mer. 4 nov. 2020 09:26
Depuis que je l'ai découvert il y a deux ans, j'y repense sans cesse, et je rêvais de déjà le revoir, donc voilà, c'est fait.
C'est très marrant car ce film je l'ai en DVD depuis une décennie :D mais je le boude car, quand il est passé un soir à la télé, j'ai vu par hasard le début (si je me troimpe pas, une histoire de perte de papier dans un pays étanger) et je le trouvais malsain, petit, énervant.
Mais tu insistes tellement que je vais le voir bientôt (puisque maintenant on ne peut meme pas aller au ciné... :blase: )
ah ça me ferait plaisir que tu lui consacres 2h18 de ta vie, oui. il est possible que tu n'aimes pas, mais en tout cas je pense que tu y percevras sa grandeur, c'est une sorte de croisement de Voyage en Italie et de La Route des Indes en somme.
moi ça me bouleverse.
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sokol a écrit :
mer. 4 nov. 2020 16:14
groil_groil a écrit :
mar. 3 nov. 2020 16:24

Le meilleur RAZ vu à ce jour. Ramzi y est génial en rôle dramatique, et la fiction glace le sang pour deux raisons : déjà parce que pendant une grande partie du film tu es persuadé que cette dictature mêlée au terrorisme ambiant qui est filmée est l'Algérie, et puis au bout d'un moment tu comprends, petit à petit, par des plaques minéralogiques, que c'est la France, que c'est une très courte anticipation, et ça glace le sang. Et la seconde raison c'est que ce film a à peine un an, mais il semble décrire avec précision ce qu'on vit en 2020... Une très courte anticipation en effet.
En fait, c'est partout et nul part. D'où le génie du film.

J'avais pas aimé ses 2 précédents (Le chant de Mandrin et Histoire de Judas) et celui-ci m'a consolé (non, il n'y a pas un autre verbe ??) avec le cinéaste que je considère, à nos jours, le cinéaste français le plus politique, le plus brillant, le plus perspicace, toujours politiquement parlant.
J'aimerais bien le revoir celui-ci !! :love: :love:
plutôt que consoler, je dirais "réconcilier".
tu es donc après la réconciliation ;)
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ben justement, j'ai revu Après la réconciliation :D


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Après la réconciliation, Anne-Marie Miéville, 2000

Ca m'a moins plu que la troisième partie de Nous sommes tous encore ici. Il y a quelque chose de plus fabriqué dans ce film, de plus vouloir-dire ou vouloir-penser. C'est aussi dû au personnage et au jeu de Claude Perron je pense, qui en fait des caisses. J'étais surpris de moins aimer le film qu'à sa sortie.

et puis j'ai vu :

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Soft and Hard, Anne-Marie Miéville & Jean-Luc Godard, 1986

Ca par contre ça m'a beaucoup touché. La longue séquence finale, c'est Godard et Miéville qui discutent, tout simplement, du cinéma. Godard se demande pourquoi il pense avoir raté les scènes d'amour de Détective, et Miéville l'aide à comprendre. Godard en vient à dire que lui, ce qu'il aime faire, c'est filmer des gags, et que pour ça il est très doué, mais que dès que ça devient un peu profond (dès que ça concerne les sentiments) il se défile ("mais il n'y a pas de scènes marrantes dans La Princesse de Clèves", dit-il). Miéville alors lui pose des questions sur son enfance, c'est très tendre et lucide à la fois, on sent qu'ils s'aiment absolument, qu'ils se font terriblement confiance. Et Godard dit à Miéville que c'est elle qui devrait écrire des scènes d'amour, des scènes du quotidien, parce qu'elle saurait quoi en faire. Mais Miéville à ce moment-là de sa vie est empêchée, elle idéalise trop le cinéma pour en faire souvent, au contraire de Godard qui ne respecte rien, enchaîne les projets, crie très fort pour qu'on lui obéisse et croit en lui-même de façon absolue, mais n'arrive plus à simplement montrer deux personnes qui s'aiment dans une chambre. Alors Miéville et Godard ont fait ce film ensemble, pour se montrer, pour montrer deux personnes qui s'aiment et qui se parlent.
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J'ai limite essuyé une larme en te lisant sur "Soft and Hard". :D Il faut que je me procure ça très vite.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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Moi aussi je préfère "Nous sommes tous encore ici" (dans sa totalité, d’ailleurs)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Le mépris, Jean-Luc Godard, 1963

C'est vraiment, absolument un film parfait. En le revoyant hier soir, j'étais parcouru de frissons. Pas une seule image morte.
Je ne me souvenais plus d'à quel point la scène centrale, celle de Camille et Paul dans leur appartement, était longue. D'un point de vue purement dramaturgique, elle est géniale : Godard maîtrise les rythmes de chacun de ses personnages, distend le drame au maximum, crée dans les dialogues mêmes des ponts, des enjambements, des ellipses, des évitements, des retours, des trames obsessionnelles et des saillies hystériques... Et du point de vue de la mise en scène, elle l'est d'autant plus : tout ce que les dialogues ne disent pas, les corps et l'espace le révèlent (les objets, les costumes : tout), comme cette petite chambre en travaux derrière le bureau, où Bardot entre à un moment, alors qu'il n'est jamais question de faire un enfant...

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J'ai aussi beaucoup pensé à cette sculpture qui est le témoin muet de la conversation du couple, immobile dans le salon, et à laquelle Godard a pourtant donné un rôle, celui du tiers, du fantôme, de l'absent. D'ailleurs Piccoli tape dans la sculpture à un moment et dit que ce n'est pas vide partout de la même façon dedans.
On pense aussi aux statues de dieux que Fritz Lang filme, monumentales, avec leurs yeux bleus ou rouges. Cette petite danseuse (on dirait un Degas) est plus soumise, domestique, adaptée à la musique de chambre que Godard entend jouer dans cette scène. Mais on ne doute pas une seule seconde qu'elle soit un personnage comme les autres.
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J'adore Cayatte, c'est pour moi un immense cinéaste, et ça fait des années que je tente de le réhabiliter et de le défendre auprès de ceux qui ne voient en lui qu'un cinéaste à thèse. Mais en revanche, sur ce film-là, je ne peux pas le défendre. Car ce film est indéfendable. Il a pourtant des qualités ce filme, des qualités de mise en scène parfois, et une Annie Girardot assez extraordinaire face au rôle impossible qu'on lui a confié. Malgré ça ce film est indéfendable. Girardot joue une femme dont la fille de 7 ans vient d'être enlevée, elle accepte de payer la rançon et de la livrer elle-même, en échange de sa fille, qu'elle va récupérer... morte, dans un sac poubelle. C'est atroce, mais c'est surtout la façon dont Cayatte filme ça qui est atroce. Il génère en permanence un suspense aussi insoutenable et malsain qui n'est acceptable moralement que si in fine on retrouve la petite fille vivante, c'est par exemple le cas du très réussi Prisoners dont je parlais il y a peu. Mais générer un suspense pareil pour retrouver une enfant morte est impardonnable. D'autant qu'il faut voir avec quelle insistance Cayatte fait cela. Son but ici est de faire souffrir au maximum son spectateur. Evidemment, je perçois pourquoi il fait cela, il veut comme toujours, dénoncer un système, du genre "tous pourris", ou il insiste également sur l'abomination des journalistes, des policiers, qui continuent à faire souffrir cette pauvre femme qui ne trouvera jamais le repos. Mais on ne fait pas ça comme ça, c'est une honte. D'autant que la fin de son film est totalement foirée. Je spoile : on apprend in fine que le kidnappeur n'est autre que le fils ainé de Girardot, qu'il n'a que faire de la rançon et qu'il a fait ça pour se venger parce qu'il n'aime pas le nouveau mari de sa mère ni sa demi-soeur. Et du coup Girardot monte en bagnole avec lui et provoque un accident entrainant sa mort et celle de son fils. Cette fin est doublement ridicule car en plus de tirer un film à thèse - certes douteux - vers une pauvre série B à deux balles, cette fin annihile toute la dite thèse en faisant cela, ça fout tout en l'air et ses arguments premiers déjà contestables, sont totalement annihilés. ça me fait de la peine que Cayatte ait raté pareillement un film car il donne du grain à moudre à tous ceux qui n'aiment pas son cinéma, qui pour une fois ont totalement raison. Mais que ce mot vous donne surtout envie de découvrir ses grands films, il y en a tant !

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Après le magnifique La Dentellière, j'ai eu très envie de creuser le cinéma du Suisse Claude Goretta. L'invitation est lui aussi un film très intéressant. Il y décrit la vie de petits employés d'un petit bureau anonyme à Genève. L'un d'eux, un vieux garçon joué magnifiquement par le génial et oublié Michel Robin, est terrassé par la mort de sa mère avec qui il vivait. Le patron, bonne pâte, lui concède deux mois de congés pour se remettre. Au bout de ceux-ci, il envoie une invitation à une réception dans sa nouvelle demeure à tous ses collègues (dont l'inénarrable Jean-Luc Bideau). Ils se pointent tous et découvrent que leur collègue vient de s'acheter une magnifique propriété à la campagne, grâce à la vente de l'appartement de sa mère en ville. Il a même pris pour la journée un domestique qui va s'occuper de les servir. L'essentiel du film est cet après-midi bucolique, où l'ambiance entre les convives, dont personne ne brille par sa grandeur d'âme, va totalement dégénérer sous l'effet de l'alcool et de la chaleur de l'été. Un petit jeu de massacre moins violent que du Boisset, mais tout aussi amer et cynique.
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Toujours aussi branque, très difficile à suivre au niveau narratif, mais incroyablement inspiré visuellement, ce Rollin-là, que je n'avais jamais vu, est une vraie réussite, et un film vraiment très intéressant, si l'on accepte d'emblée d'être face à une série Z évidemment, mais c'est ce qui fait son charme. Visuellement notamment, je n'avais jamais vu de film de Rollin aussi inspiré. La séquence d'ouverture notamment, est assez saisissante. Les références graphiques de Rollin dans La Vampire Nue semble s'inscrire dans le sillage de celles de Louis Feuillade puis de Georges Franju, on songe notamment beaucoup à Judex, mais en les tirant une fois de plus vers un DIY mal branlé qui en fait tout son charme. il y aussi quelque chose de Jesse Franco, enfin je veux dire de bons films de Jess Franco, type Crimes dans l'Extase. On peut aussi y voir par anticipation une version lofi de Eyes Wide Shut, tant le scénario est le même ou presque, et l'inspiration visuelle identique. J'aimerais beaucoup savoir si Kubrick a vu un jour ce film, en tout cas ça me semblerait tout à fait dans le domaine du possible.
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asketoner a écrit :
ven. 6 nov. 2020 10:57
Pas une seule image morte.
Ahahha je l'ai revu aussi, le week-end dernier. Ce film est une tueurie, une t u e u r i e !! Il y a 1797 idées dans chaque plan, c'est presque invraisemblable. C'est génial. J'ai pris aussi un sacré pied !

Mais j'ai revu Pierrot le fou aussi :D . Et je vois très très bien maintenant : le film est top jusqu'au moment quand Ana Karina commence à dire : je ne sais pas quoi faire gnagnagna. Donc, en fait, la première partie est brillante. Pas la deuxième. Elle rame. Grave...
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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sokol a écrit :
sam. 7 nov. 2020 13:02
asketoner a écrit :
ven. 6 nov. 2020 10:57
Pas une seule image morte.
Ahahha je l'ai revu aussi, le week-end dernier. Ce film est une tueurie, une t u e u r i e !! Il y a 1797 idées dans chaque plan, c'est presque invraisemblable. C'est génial. J'ai pris aussi un sacré pied !

Mais j'ai revu Pierrot le fou aussi :D . Et je vois très très bien maintenant : le film est top jusqu'au moment quand Ana Karina commence à dire : je ne sais pas quoi faire gnagnagna. Donc, en fait, la première partie est brillante. Pas la deuxième. Elle rame. Grave...
:jap:
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