Le Centre de Visionnage : Films et débats

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groil_groil
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Dans une petite ville de province, un entrepreneur en bâtiment tombe amoureux d'une femme sublime, qui cède à ses désirs tout en étant déjà plus ou moins promise à un notable du coin. Cette triangulaire va susciter une jalousie montante chez notre homme, et tout ceci va se finir en drame absolu, puis en procès... Merci à Arte d'avoir diffusé cette copie sublime (qui va sans doute sortir en bluray chez Pathé dans quelques mois) d'un film d'un cinéaste que j'adore, Georges Lacombe, habitué à faire tourner Gabin. La grande originalité de celui-ci c'est qu'il le met en face de Marlène Dietrich, qui joue superbement bien en français dans le texte, peu de temps avant que le couple ne se sépare dans la vie réelle. Est-ce pour cette raison que les tensions entre les deux personnages sont vraiment palpables, je n'en sais rien, mais disons que cette couche de vérité rajoute un vernis assez puissant à ce beau film.

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la vie d'une troupe de théâtre, et de leurs proches, dans le New York Hippie de la 70's, alors qu'ils montent une pièce de Jane Austen. Parmi les films les plus chiants d'Ivory.
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Tyra
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groil_groil a écrit :
mar. 28 juin 2022 10:12


J'ai détesté la première demie-heure, celle de la pègre, c'est du pur cinéma de Festival, faussement complexe et vraiment chiant. Et puis miraculeusement ça s'améliore. ça change à la grande scène de baston et ça devient super dès que la jeune femme part en prison et que le couple est séparé en fait. Ensuite c'est super bien pendant une heure, toutes les scènes de voyage sont super réussies, et le moment le plus beau est celui situé au barrage des Trois Gorges, barrage qui obsède littéralement le cinéaste, c'est le troisième film qu'il fait dessus, et je me dis qu'un cinéaste n'est jamais aussi bon que lorsque il creuse inlassablement ses obsessions. Je pense que Jia Zhang-Ke n'aurait dû faire que des films sur ce barrage et il aurait une filmo exemplaire. Et puis le couple finit par se retrouver à la fin et le film reperd un peu de son intérêt. Comme si JZK n'était bon que pour filmer l'errance et la solitude.
Entièrement d'accord. :jap:
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groil_groil
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Ce film reprend le livre du même nom de la journaliste Florence Aubenas. Elle s'était faite passée pendant plusieurs mois pour une femme de ménage, et avait travaillé dans ce qu'il y a sans doute de plus dur dans le genre : faire le ménage express - 1h30 montre en main - des immenses ferrys qui partent de la côte française pour rejoindre l'Angleterre. 400 cabines à nettoyer, autant de lits à faire, de chiottes à récurer, un enfer. De cette expérience, la journaliste tira un livre pour défendre la cause de ces femmes opprimées, de leurs difficiles conditions de vie - il faut voir comment elles sont précaires et comment elles sont traitées - et tout simplement pour mettre en avant la réalité de la France, celle qu'on cache habituellement. Juliette Binoche tient le rôle de cette femme, qui s'appelle Marianne Winckler ici, et joue ce rôle de personnage "embarqué" à la perfection, je ne l'avais pas vue aussi convaincante depuis des années. Et je ne m'y attendais pas, mais le film est remarquable, magnifique, d'une dignité exemplaire, Emmanuel Carrère parvenant à trouver à chaque fois la bonne distance pour filmer un sujet pareil. Car c'est toute la difficulté d'un tel film. Une question de distance. Il ne faut pas être méprisant, pas être racoleur, pas céder au chantage facile à l'émotion ou à l'humiliation, et créer des personnages dignes et sincères, quel que soit leur rôle. Il y parvient merveilleusement bien, notamment parce que Binoche est la seule actrice professionnelle du lot, et que toutes les autres sont des vraies femmes de ménage, ou des femmes du coin castées à la sauvage. Le ton de vérité est donc intact, même si l'écrivain/cinéaste ne cherche pas à te faire croire qu'il réalise un documentaire. C'est assumé comme un vrai film de fiction, mais qui traite d'un sujet réel et terriblement ancré dans le concert. En fait Carrère parvient à réaliser en un film ce que cherche à faire Brizé depuis le début et le fait cent fois mieux. Je ne pensais pas être ému autant par ce film que j'ai trainé à voir, je ne pensais pas que Carrère en ferait quelque chose de si fort, oeuvre salutaire irai-je jusqu'à écrire, tout en faisant, et c'est le plus difficile, une oeuvre cinématographique de grande valeur en même temps.
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asketoner
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Black Phone, Scott Derrickson

Bien glauque.
Mais en esquivant la représentation de l'abomination (en restant à l'endroit de la suggestion), paradoxalement, le film fait de nous des voyeurs.
Par ailleurs, ne pas représenter la violence subie par l'enfant ne dispense pas de représenter correctement le reste. Tout ce qui ne concerne pas directement la séquestration du petit héros est mièvre, nasillard, ou sirupeux (le père veuf est quand même alcoolique et violent, et il y a sans doute une sorte de discours là-dedans, où l'on comprend que la violence infligée aux enfants est structurelle et pas seulement le fait d'un pervers isolé, mais bon, quand même, à la fin (surprise : les 5 dernières minutes semblent tout droit sorties de Maman j'ai raté l'avion), il faut se mettre à genoux et demander pardon en pleurant).
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asketoner
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Tiens, dans Licorice Pizza, ce film que vous adorez tous ici, le film est censé se tenir en 1973, c'est le début de l'avortement légal aux Etats Unis, et il n'en est pas du tout question. Non, on préfère parler des frigos révolutionnaires, comme si c'était vraiment ça qui avait changé la vie des gens. Bref, Licorice Pizza est un vrai film de 2022.
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asketoner
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Decision to leave, Park Chan-Wook

Qu'est-ce qui est pire qu'un épisode de Columbo filmé par Luc Besson ?
Un épisode de Columbo filmé par Luc Besson suivi d'un autre épisode de Columbo filmé par Claude Lelouch.

Sans rire, je n'ai rien compris au film. C'est pour ça que je suis resté. J'étais tellement loin des enjeux, des personnages, de tout ce qui se passait que j'avais l'impression que c'était de ma faute. Mais la vérité c'est que je crois qu'il n'y a rien à comprendre, et que Park Chan-Wook a malgré toutes ses idées soi-disant profuses (mais tellement mal rythmées...) une vision de l'être humain sinon incohérente, du moins totalement puérile. A la fin, j'ai vu 300 plans du coucher de soleil, mais je ne sais toujours pas qui aime qui.
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Tyra
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asketoner a écrit :
sam. 2 juil. 2022 00:34
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Decision to leave, Park Chan-Wook

Qu'est-ce qui est pire qu'un épisode de Columbo filmé par Luc Besson ?
Un épisode de Columbo filmé par Luc Besson suivi d'un autre épisode de Columbo filmé par Claude Lelouch.

Tiens c'est marrant, j'ai découvert il y a quelques jours son fameux Old Boy, longtemps après la hype qui a suivi sa sortie. C'est vraiment un film dégueulasse et vulgaire pour de nombreuses raison, mais en plus, à plusieurs reprises ça m'a fait penser à du Luc Besson. Dans la mise en scène, les plans, une certaine vulgarité propre à certains films des années 90. Et puis, ce regard libidineux et déplacé sur une idylle entre une adolescente et un adulte (Leon).
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Tyra
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J'aime beaucoup moins que les précédents, pour diverses raisons. La principale, c'est que je ne pense pas que la fable soit une direction prometteuse pour le cinéma de Dupieux. Donner un sens - qui plus est un sens moral - à un cinéma qui repose sur le non-sens, sur l'arbitraire, le chaos, m'a beaucoup dérangé. Le "no reason" de Rubber est brisé, et les personnages punis d'avoir abusé des éléments fantastiques du récit, ce qui n'était pas le cas dans Mandibule.
Et la fin, racontée en musique, où Dupieux se débarrasse de son récit et de son cinéma, est complètement ratée.



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J'ai beaucoup aimé. Le film ne fait pas de cadeau à son spectateur, j'ai rarement vu un film de ce genre, un film d'enquête (comportant donc une certaine contrainte de didactisme) prendre autant de libertés formelles qui cassent les codes du genre. La caméra embrasse l'action en plans larges, nous laissant toute liberté de regard, nous donnant parfois l'impression d'assister de loin à des moments volées à l'intimité des protagonistes. Laissant parfois la parole inaudible (véritable choix il me semble, plutôt qu'un sempiternel problème de son dans le cinéma français). Le film vaut aussi beaucoup pour ce qu'il montre du journalisme d'investigation, notamment ses conférences de rédaction, peu vues au cinéma. Moins convaincu en revanche par les scènes d'intimité entre journalistes, même si on sent que De Peretti veut raconter quelque chose sur cet ex-infiltré qui s'incorpore dans ce nouveau milieu, une fois le gros de l'enquête terminé.


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Lorsqu'on a épuisé toute la filmographie de Woody Allen, et qu'on en veut encore, c'est le genre de film qui fait renouer avec plaisir avec la haute bourgeoisie New Yorkaise, ses névroses, son dandysme, sa petite musique Jazzy (et ici une peu de Cha-cha-cha). Un jeune homme de condition modeste, adepte du socialisme (mais celui de Fourier, pas de Marx, précise t-il très vite) est introduit dans la haute bourgeoisie riche et intellectuelle, où il fera son petit effet, en mal comme en bien, se créera des amitiés et inimitiés, amours partagées et non partagées, au cours de soirées selectes où tout le monde devise et philosophe à coup de répliques tantôt bien senties, tantôt dérisoires.
C'est souvent délicieux, jusqu'à la fin peut être, moins réussie à mon gout, où le cinéaste, peut être effrayé par l'aspect bavard de son film, tente d'injecter un peu de suspense et de drame autour de la menace d'un potentiel prédateur sexuel. Notons au passage, que les discutions autour de ce personnage de prédateur, plus tôt dans le film, résonnent particulièrement aujourd'hui 30 ans plus tard, après le mouvement me-too.
Très envie donc de voir d'autres film de Whit Stillman, dont c'est ici le premier film, même si j'avais trouvé son dernier, une adaptation de Jane Austen, très ennuyeux.
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groil_groil
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Beaucoup moins connu qu'Apocalypse Now, Jardins de Pierre en est pourtant son pendant, sa Face B parfaite, qui traite aussi de la guerre de Vietnam mais sans quitter une garnison sur le sol américain, qui forment les soldats en attente de départ pour le Vietnam et qui les accueille à leur retour, bien souvent les pieds devant. C'est un mélodrame glaçé et glaçant absolument magnifique et terrifiant, à compter parmi les plus belles réussites de Coppola.

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de James Ivory.
Sans intérêt.

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Catherine Frot dans le rôle d'une flic dans un polar glauque c'est un peu comme imaginer Depardieur en tutu dans une comédie musicale. Le film n'est pas mauvais, mais juste pas assez bon, inférieur à n'importe quel épisode d'Engrenages que ce soit en terme de scénar, de dialogues, de mise en scène ou d'ambiance.

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Revu pour montrer à mon gamin qui adore De Funès. C'est vraiment pas le meilleur Oury, ça pèche à plein d'endroit. Mais il y a quelques bonnes répliques et situations, et mon gamin a adoré, c'est bien là l'essentiel.
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cyborg
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Sagara Sangamam - K. Viswanath

Continuant consciencieusement mon exploration du cinéma indien, il me fallait me frotter un peu plus au cinéma Bollywoodien. Après la découverte de l'iconique et épique Sholay, me voici donc face à un film peut-être un peu plus caractéristique : une romance ou se mélangent problème d'amour, de caste et d'ambitions artistiques.
Dur de ne pas trouver le temps long (3h) et beaucoup de situations passablement gnian-gnians... tout en concédant que certains enjeux culturels doivent tout à fait me dépasser !
Je suis quand même assez sidéré par la gestion du temps, le film étant lui même très long, certains scènes trainent en longueur tandis que d'autres qui m'auraient parues essentielles sont expédiés, voir totalement absentes ! De nombreuses ellipses (et déconstructions temporelles ?!) m'ont ainsi régulièrement perturbé, ne sachant pas toujours ce à quoi j'avais à faire :D

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Winter Adé - Helke Misselwitz - 1988

En 1988, un an avant la chute du mur, Helke Misselwitz entreprend un long voyage en train depuis son village natal jusqu'à la côte nord de l'Allemagne de l'Est. Tout au long de son trajet elle donne la parole aux femmes qu'elle rencontre, parfois dans les gares et wagons, parfois au travail, parfois dans leurs intimités. Le panel des femmes interrogés est très large, allant de l'adolescente à la vieillarde, de l'ouvrière sans diplôme à la cadre supérieure. Les propos sont libres et parlent de tout et de rien, de l'amour, du quotidien, des rêves, des ambitions, des regrets. Les discussions sont menés très simplement, très humblement, toujours sur un pied d'égalité entre la réalisatrice et la personne qui parle, mais également entre toutes les femmes interrogés. Winter Adé est un film précieux et fragile, témoignage d'un monde qui n'existe plus et de ceux qui le composaient alors.

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Rarement nous aurons vu sur grand écran une Italie si grise, si morne, si triste. Journal Intime est l'histoire de deux frères séparés par la mort de leur mère, décédée suite à la naissance de son second fils. Celui-ci sera mis sous-tutelle du majordome d'un riche baron, et grandira éloigné de sa famille naturelle. Le film se concentre sur la retrouvaille des deux hommes (Mastroianni et un surprenant... Jacques Perrin !) à l'age adulte, l'un ayant déjà fait des choix de vie (devenir journaliste, avec la difficulté à subvenir à ses besoins), l'autre étant encore à l'heure de les faire tout en en étant bien incapable. Entre eux plane en permanence le fantôme de leur mère et les non dits.
Dire que le film est pesant est un euphémisme... Le plus surprenant est que nous sommes en 63 et que, bien que ressassant des thèmes "métaphysiques" proche, on pourrait croire que Zurlini n'a jamais entendu parler de Antonioni et des recherches ouvertes par la modernité cinématographique. Sans échouer ni sonner faux, le film semble plus annoncer une certaine forme d'académisme en devenir que l'émancipation rêvée par certains de ses contemporains.
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yhi
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Tyra a écrit :
lun. 4 juil. 2022 09:14
Dans la mise en scène, les plans, une certaine vulgarité propre à certains films des années 90.
Ha, je suis bien d'accord. Ca me fait bien marrer à chaque fois que j'entends l'adjectif "élégant" accolé au nom de Park Chan Wook. Le mec est m'as-tu-vu au possible. Vulgaire aussi, mais plus dans le sens de "commun" je trouve.

Après ça m'empêche pas d'aimer ses films. Je vois pas ça forcément comme un point négatif :D
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asketoner a écrit :
jeu. 30 juin 2022 12:28
Tiens, dans Licorice Pizza, ce film que vous adorez tous ici, le film est censé se tenir en 1973, c'est le début de l'avortement légal aux Etats Unis, et il n'en est pas du tout question. Non, on préfère parler des frigos révolutionnaires, comme si c'était vraiment ça qui avait changé la vie des gens. Bref, Licorice Pizza est un vrai film de 2022.
Pour étendre le coup de gueule, j'ai la sensation que c'est la majorité des cinéastes qui sont en décalage avec notre époque. C'est moins le cas côté documentaires, mais c'est plutôt inquiétant. Où sont les films de 2022 ?
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yhi
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"comme si c'était vraiment ça qui avait changé la vie des gens".

C'est quand même compliqué de critiquer un film sur un sujet qu il n'aborde pas.

J'ai revu le film dimanche et il y a un dialogue entre Alana et Gary où justement elle essaye de lui expliquer qu'il y a un monde autour de lui (quand elle se lance dans la campagne politique) mais lui nie fermement. Pour Gary tout tourne autour de lui, de ses flippers (et de ses matelas), que ça soit anecdotique dans la marche du monde ne le rend pas moins important dans la bulle du couple qui est filmé.

Et même si parfois le monde extérieur pénétre dans cette bulle intime (via les stars locales résidentes à LA ou le choc pétrolier qui impacte tout le monde), jamais le film ne se voudrait exhaustif sur la période historique concernée.
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asketoner
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Pour étendre le coup de gueule, j'ai la sensation que c'est la majorité des cinéastes qui sont en décalage avec notre époque.
Oui, tout le monde veut faire son Goodbye Lenin, rendre tout bien étanche, isoler... Et remplir de nostalgie.

C'est quand même compliqué de critiquer un film sur un sujet qu il n'aborde pas.
:D c'est vrai, mais ça m'a frappé a posteriori.
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asketoner
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Cahiers Noirs, Shlomi Elkabetz

Comme si faire du cinéma, c'était ajouter la musique de Vertigo sur n'importe quel plan et s'en satisfaire.
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sokol
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Ça y est, j'ai revu (je crois que c’était mon 4e visionnage) "La maman et la putain" pour la première fois au ciné.

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Il y a quelques années, quand j'avais revu le film sur Arte, j'avais déjà dit ici que la scène durant laquelle Veronika maquille Alexandre (vers 80-85% du film) est, à mon avis, la vraie fin du film. Mais ce que je ne comprend pas c'est qu'elle ne se termine pas par un fondu (comme la plupart des quelques longues scènes du film) mais par un cut. Je me demande si Eustache soit n'a pas su clore comme il voulait la scène soit il n'était pas content de ce qu'il a filmé donc il a coupé. Mais la coupe est vraiment très curieuse. @B-Lyndon (puisque tu as écris, de surcroit il y a 8 ans, le plus beau texte que j'ai pu lire à propos de ce film), qu'en penses tu ?

Puis, effectivement, il y a la fin, très centrée sur Veronika (puisque c'est elle qu'on voit dans la toute dernière image du film en train de vomir - elle vomit tout ce qu'elle a dit dans ce qu'on peut appeler la vraie dernière scène : son monologue célébrissime en un seul plan séquence).
Et je me repose cette question : "Stalker" (1979) ne serait-il inspiré, coté forme, par "La maman et la putain" (1973) ? Car, au fond, ce dernier aurait très bien pu s'appeler "La putain" (puisque, au final, Veronika est la stalker qui "guidera" Alexandre et Marie (tout comme le stalker du film de Tarkovski guidera jusqu'au bout le physicien et l'écrivain, qui formaient, en quelque sorte, un couple également).

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Bon, la copie remastérisée est vraiment top, on dirait le négatif original qui n'a pas vieilli. Je ne sais pas comment ils ont fait (je suis nul en technique) mais c'est vraiment remarquable.
Modifié en dernier par sokol le mar. 5 juil. 2022 17:33, modifié 1 fois.
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Jean-Marie Straub
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groil_groil
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Dans cette grande retrospective Ivory, j'ai également prévu de revoir ce que je considère comme ses 4 meilleurs films (je n'ai jusqu'à présent pas été démenti), et le premier des 4 fut Howards End, probablement le premier film que j'ai vu de l'auteur, à sa sortie en 1992. Et c'est dingue, car immédiatement, remarque valable pour le carré, le film apparait supérieur au reste de sa filmographie, haut la main. Pourtant, même scénariste, même producteur, même type de sujet depuis les années 60, mais se met parfois en place une alchimie qui fait que ça fonctionne, que ça fait corps et que ça génère du beau. Le film a très bien vieilli, l'ensemble est ample, c'est une adaptation de Forster, mais il y a aussi Dickens, du Proust dans cette oeuvre à la fois centripète et centrifuge, qui ne parle que de quelques personnes autour d'une demeure, mais qui en même temps convoque un monde, une époque, et les bouleversements qu'ils induisent dans chacun des personnages. Le geste est ample, l'écriture est précise, incisive, et l'ensemble d'une grande élégance.

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Une famille américaine dont le père est écrivain réside à Paris, sur l'ile Saint-Louis (ça va...). Ils ont une fille biologique, mais décident d'adopter le second, un petit garçon, dont la mère qui l'a eu à 15 ans laisse aux nouveaux parents, en même temps que le nourrisson, un journal qui lui sera plus tard destiné. Nous suivons donc la vie de cette famille pendant quelques années, avant que le père ne décide de repartir s'installer aux USA. Les enfants grandissent, deviennent ado, étudiants, mais une fois là-bas, ils se rendent compte que l'adoption faite en France n'est pas forcément légale sur le territoire américain. Film méconnu chez nous malgré la moitié de la distribution et des dialogues française, La Fille d'un soldat ne pleure jamais est une chronique familiale touchante, mais qui est loin d'égaler les canons du genre (sans parler de les renverser).
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sokol
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Attendez : je viens d'apprendre que, Françoise Lebrun (celle qui joue le rôle de Verkonika) était, de 1967 à 1970 la compagne de Eustache ??? :ouch: :ouch: :ouch:
Je vois je vois.... . Et cela compte beaucoup !! (cela me fait penser à Godard qui avait fait tourner dans "Vivre sa vie" Anna Karina, son épouse, au moment quand ça n'allait presque plus du tout entre eux, dans le rôle d'une prostituée).
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asketoner
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L'Esprit sacré, Chema Garcia Ibarra

On dirait La Vie de Jésus en moins réussi. Mais il y a de ça.
Il y a peut-être un peu trop d'ironie dans ce film, et pas assez d'à-plat (parce qu'on ne peut pas non plus parler d'empathie pour La Vie de Jésus).
Mais le dernier plan (ou presque) est dingue. Tout ce qu'on a vu pendant l'heure et demie du film s'y retrouve, tout vient s'y précipiter, c'est magique.

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Mamma Roma, Pasolini

Ces derniers temps je lis partout qu'il y a une idée par plan dans le dernier Park Chan-Wook. C'est faux. Ou alors on n'a pas la même idée de ce qu'est une idée.
Chez Pasolini, oui, il y a une idée par plan. Je ne me souvenais plus que c'était aussi volontaire dans la mise en scène. Mais quelle force !
L'image est merveilleuse, restaurée à la perfection. Par contre, les sous-titres sont catastrophiques, au point de rendre le film incompréhensible par moments. Je vais écrire à Carlotta pour leur dire que ça ne va pas.
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asketoner a écrit :
sam. 9 juil. 2022 11:07
Mamma Roma, Pasolini

Ces derniers temps je lis partout qu'il y a une idée par plan dans le dernier Park Chan-Wook. C'est faux. Ou alors on n'a pas la même idée de ce qu'est une idée.
Chez Pasolini, oui, il y a une idée par plan. Je ne me souvenais plus que c'était aussi volontaire dans la mise en scène. Mais quelle force !
L'image est merveilleuse, restaurée à la perfection. Par contre, les sous-titres sont catastrophiques, au point de rendre le film incompréhensible par moments. Je vais écrire à Carlotta pour leur dire que ça ne va pas.
Tu as raison d'écrire à Carlotta. Ils font partie des éditeurs assez attentifs à leur public.
Sinon, rien à voir avec ces ressorties, mais ça fait plusieurs semaines que je pense à revoir Accatone, je vais faire ça bientôt je pense.
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@groil_groil : ils m'ont répondu ce matin, ça ne ressemblait pas à un message automatique. Mais j'espère vraiment qu'ils vont faire quelque chose parce que là c'est comme si personne n'avait relu les sous-titres, avec des fautes partout et des choix de traduction totalement aberrants.
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Mr Klein, Joseph Losey

Je n'ai jamais beaucoup aimé Losey, et Alain Delon à partir des années 70 devient l'un des acteurs les plus ennuyeux au monde. J'admire malgré tout dans Mr Klein la propension du film à penser chaque scène comme un nouveau monde : l'appartement de la Rue du Bac, le château à Ivry, la chambre de Montmartre, Strasbourg, l'usine, le Vel d'Hiv, etc...

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Salo, Pasolini

Toujours aussi fort et visionnaire.
Internet est la suite la plus efficace du fascisme décrit par Pasolini dans Salo : on y choisit les objets de désir en morcelant leur corps ; et pour que le désir advienne, il faut, si ce n'est une narratrice, un storytelling ; quant à la sexualité en tant que telle, elle est encore plus appréciée si elle reste virtuelle (on l'observe à travers des jumelles, cherchant la plus grande distance possible). Et à la fin, nous dit Pasolini, tout le monde mangera de la merde : nous vivons dans la république de Salo.
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asketoner a écrit :
sam. 9 juil. 2022 11:07
Chez Pasolini, oui, il y a une idée par plan. Je ne me souvenais plus que c'était aussi volontaire dans la mise en scène. Mais quelle force !
Les premiers films de PPP c'est quelques choses (je me souviendrait toujours de mes larmes à la fin de Mamma Roma, film que j'ai découvert sur grand écran, une chance). Je ne vois pas pourquoi les Straub insistaient tant sur le fait que, s’ils respectaient Pasolini écrivain et poète, ils détestaient ses films. Au moins, ses premiers films, c'est quelques choses non ?

Mais même Vecchiali dit aimer seulement 1 ou 2 films de lui ! Je dis "même" car lui, il l'a connu personnellement (et, à mon opinion, il n'avait et n'a pas le coté "tordu" des Straub). De surcroit, il y a quelques jours j'ai découvert par pur hasard un truc de ouf : une interview de lui (https://www.lesinrocks.com/cinema/paul- ... 8-09-2020/) dans laquelle j'ai constaté que je partage beaucoup de ses gouts cinématographiques, pour des cinéastes et des films bien précis (comme par exemple quand il dit "Je déteste "L'inconnu du lac" mais j’aime beaucoup Alain Guiraudie", ou "Je suis un inconditionnel de Godard, je pleure tout le temps. Il y a quelque chose qui me touche au plus profond de moi, je ne sais pas pourquoi", ou "Je n’aime pas beaucoup le cinéma d’Agnès Varda", ou "J'ai démoli tous les films de Truffaut. Les 400 Coups, que je déteste, par exemple".

Et là, surprise : il dit qu'il n'aime que un ou deux films de Pasolini !
Mystère...
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Jean-Marie Straub
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Film que je connais par coeur et dont j'ai eu un grand plaisir à revoir dans sa copie remasterisée dans un bluray de toute beauté. Le film est toujours superbe, et traite avec beaucoup d'acuiité de la question du libre-arbitre, ainsi que de la détermination à faire le bien, rendre la justice, qu'elles qu'en soient les conséquences (en cela le film est vraiment un classique hollywoodien, quasi Fordien dans les thèmes). En terme de mise en scène, Palma abandonne ici toute influence hitchcockienne (encore heureux, ça n'aurait rien à faire là) pour s'inspirer à mon avis de Walsh et principalement des Nus et les Morts. Je voulais aussi dire un mot sur la relative déception que peut engendre le fait de revoir un film que l'on connait vraiment par coeur. C'est évidemment un bonheur, mais il se produit aussi quelque chose qui fait qu'on se focalise sur les plans, sur les séquences, sur les détails, sur la construction de cet ensemble plutôt que de voir le film comme un tout. ça enlève un peu de sa magie, parce qu'on le connait trop, mais bon si on arrive là, c'est vraiment que tout va bien entre le film et soi.

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Un excellent poliziottesco, peut-être même le meilleur vu à ce jour, car en plus du sujet, le film brille d'une excellente mise en scène, très inspirée par French Connection (et pas seulement grâce à la présence de Fernando Rey), et il n'a pas à rougir de la comparaison. C'est mon premier Castellari, ce ne sera pas le dernier.

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J'attendais beaucoup de cette relecture de Petra Von Kant par un cinéaste lui-même fan de Fassbinder, et dire que ce fut une douche froide est un faible mot... Le principe du film est de reprendre le canevas de Petra von Kant et de glisser Fassbinder en tant que personnage dedans. Pourquoi pas ? C'est un postulat, et je ne vais pas m'amuser à juger des différences entre les deux, ça n'aurait aucun sens, et le seul truc qui m'intéresse est de regarder le film que propose Ozon, et éventuellement ce qu'il peut dire d'intéressant sur Fassbinder. Alors Ozon reprend l'idée du lieu clos, l'appartement, mais si Fassbinder brillait d'inventivité pour proposer une mise en scène qui se renouvelait en permanence dans un espace établi, Ozon se contente de faire du théâtre, concentré uniquement sur ses acteurs qui livrent des performances exagérées, parodiques et à la limite du grotesque. La seule idée de mise en scène étant de montrer la vue de l'appartement depuis l'extérieur, sous la neige, pour singer le plan de Douglas Sirk dans Tout ce que le ciel permet et afin de montrer qu'Ozon sait que Fassbinder était fan de Sirk, ça fait plus name-dropping qu'autre chose. Ensuite, qu'est-ce que j'apprends sur Fassbinder dans ce film ? Strictement rien. il n'y a que du cabotinage. Et, si jamais je n'avais jamais entendu parler du mec, j'en aurais une bien piètre opinion. Un alcoolo, drogué, érotomane, toujours en slibard à torturer son assistant et à pleurnicher pour pouvoir sucer une teub... Quelle misère. A cette époque-là, Fassbinder enchainait jusqu'à 7 films par an, plus ses pièces de théâtre, qu'il écrivait, montait, interprétait parfois, c'est l'un des plus gros bourreaux de travail que le cinéma est connu et Ozon se complait à en montrer tout l'inverse. Et qui dire du chamboule-tout final où le personnage insulte tout le monde, sa mère, sa fille, son amie, dans un torrent d'insulte humiliant pour les personnages comme pour le spectateur. Bref, je ne comprends pas quel est l'intérêt d'Ozon de se payer ainsi l'un de ses héros, sans doute par vanité, je ne vois que ça. Au final, ce tout petit film complètement raté, me fait penser à 8 Femmes, autre film du cinéaste que je n'aime pas du tout, dans lequel Ozon, dans sa veine la plus cynique, met en scène des icones pour le simple plaisir de les déboulonner. Juvénile et stérile.

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Une adaptation d'une bonne bande dessinée en cinéma qui manque cruellement de parti pris et de choix ésthétique, galérant comme pas possible pour unir des gags en une planche en un continuité cinématographique, pour aboutir à quelque chose de pas clairement défini, ne voulant jamais choisir entre la radicalité d'un cinéma d'auteur et la facilité du cinéma commercial français, n'accouchant in fine que d'un Dupieux du pauvre.

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Un aristo italien désargenté n'épouse pas la femme qu'il aime, dans le même état financier que lui, mais la fille d'un riche collectionneur d'art, qui se trouve être l'amie de la première. La situation se complexifie lorsque celle-ci épouse le beau-père collectionneur, tout en continuant sa relation avec le nouveau mari de sa meilleure amie. Dis comme ça ça semble foireux mais le film est pas mal, évoluant dans un faste et une abondance de richesse permanente, et devant beaucoup à ses acteurs. Pas un grand film, mais un Ivory qui tient la route.

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reprise du cycle Jurassic Park pour les montrer au gamin. Celui-ci est l'un de mes préférés de la série, et ça a bien fonctionner sur le fiston, qui a flipper tout le long, notamment à cause des Spinosaures ultra flippant, mais qui a adoré ça.

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Une femme américaine rend visite à sa soeur installée en France et mariée à une riche Français qui la quitte au moment où la soeur débarque. Situation de crise dans la famille, surtout lorsque la nouvelle venue s'entiche d'un oncle de l'âge de son père, vieux dragueur ringard (joué par Thierry Lhermitte, on en attendait pas moi). Ce film est une espèce de gros marivaudage familial intercontinental, à la distribution mi-française mi-américaine, qui peut sembler ultra loufoque et grotesque sur le papier, mais qui tient plutôt bien la route grâce au savoir-faire d'Ivory et au rythme général, malgré quelques incongruités évidentes.

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Un avocat en bout de course et une femme dont l'épouse agricultrice est morte d'un cancer, partent en guerre contre l'industrie des pesticides, soutenu par un puissant lobby. Super surprise, même si la mise en scène est un peu approximative parfois, que ce beau film français engagé, qui n'est pas loin de se mettre au niveau des modèles du genre, tous américains, à commencer par le récent Dark Water. C'est hyper bien mené, cohérent, super dark, et bien interprété. Même Lellouche est convaincant en vieil avocat bedonnant et mal coiffé, qui joue sa dernière chance pour sauver sa carrière, c'est dire.

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Dans les années 30 à Shangai, une comtesse russe déchue est obligée de travailler comme entraineuse dans un bar de nuit pour faire vivre sa famille, sa fille qu'elle aime, et ses parents et soeurs ou belle-soeur, qui la renie pour le travail accompli mais qui récupèrent le blé sans souci. Elle rencontre un aristo anglais, victime d'un double attentat où il a perdu d'abord sa femme et sa fille, puis sa vue. Il décide alors de réaliser son rêve en ouvrant son bar idéal et engage cette jeune comtesse déchu dont il va instantanément s'éprendre. C'est un beau film, une sorte de mélodrame historique flamboyant, porté par des beaux personnages, presque des personnages de roman, et une mise en scène généreuse, notamment lors d'une scène finale au port avec le départ des jonques, qui est à couper le souffle. Un beau Ivory, flamboyant et ambitieux, et celui avec lequel je finis cette grande intégrale de 32 films ! Je reviendrais dessus dans un moment car je dois revoir 3 films que je connaissais déjà.

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Dont celui-ci, qui est bel et bien une merveille, construit en deux parties distinctes, l'une à Florence (esthétiquement ça doit être ce qu'Ivory a filmé de plus beau) et l'autre en Angleterre, et qui raconte la vie d'une jeune femme hésitant entre deux hommes, un riche aristo qu'il lui est promis par mariage arrangé et un beau gosse libre et fougeux. Le film est beau car il est moderne, et qu'il fait le portrait d'une femme courageuse et libre, puisqu'à chaque fois, elle a son destin entre les mains et c'est elle qui décide d'en faire ce qu'elle veut, n'hésitant pas à user de tous les mensonges nécessaires pour arriver à ses fins. Encore un film qui a quelque chose de Proustien, mais qui tire sa valeur par son ton, jamais condescendant, toujours léger, plein d'humour, mais sans jamais mettre de côté la détermination de cette jeune femme. Superbe.
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asketoner
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sokol a écrit :
lun. 11 juil. 2022 17:06

Les premiers films de PPP c'est quelques choses (je me souviendrait toujours de mes larmes à la fin de Mamma Roma, film que j'ai découvert sur grand écran, une chance). Je ne vois pas pourquoi les Straub insistaient tant sur le fait que, s’ils respectaient Pasolini écrivain et poète, ils détestaient ses films. Au moins, ses premiers films, c'est quelques choses non ?

Mais même Vecchiali dit aimer seulement 1 ou 2 films de lui ! Je dis "même" car lui, il l'a connu personnellement (et, à mon opinion, il n'avait et n'a pas le coté "tordu" des Straub). De surcroit, il y a quelques jours j'ai découvert par pur hasard un truc de ouf : une interview de lui (https://www.lesinrocks.com/cinema/paul- ... 8-09-2020/) dans laquelle j'ai constaté que je partage beaucoup de ses gouts cinématographiques, pour des cinéastes et des films bien précis (comme par exemple quand il dit "Je déteste "L'inconnu du lac" mais j’aime beaucoup Alain Guiraudie", ou "Je suis un inconditionnel de Godard, je pleure tout le temps. Il y a quelque chose qui me touche au plus profond de moi, je ne sais pas pourquoi", ou "Je n’aime pas beaucoup le cinéma d’Agnès Varda", ou "J'ai démoli tous les films de Truffaut. Les 400 Coups, que je déteste, par exemple".

Et là, surprise : il dit qu'il n'aime que un ou deux films de Pasolini !
Mystère...
Je déteste Vecchiali, à mon avis c'est un faux pas-sérieux. (Et pourtant j'adore Femmes femmes. (Mais le reverrai-je ? Pas si sûr...))

Pasolini, à vrai dire, je n'ai jamais trop aimé Oedipe Roi, Medea, Porcherie ni Les 1001 nuits. (Ni le Decameron mais mon souvenir est imprécis.)
Mais je tiens Accattone, Mamma Roma et L'évangile pour trois immenses films. Ensuite Théorème j'aime bien. Des oiseaux petits et gros je ne vois pas le problème que tout le monde lui trouve. Une tendresse pour Les Contes de Canterbury mais je ne l'ai vu qu'une fois. Et Salo extraordinaire : il risque tout, même si son cinéma est devenu très cérébral, plus figé qu'au début. Mais au début, les trois premiers : quelles merveilles ! (Comme Dumont finalement... Comme il s'agit à peu près du même cinéma.)

(Mais comme il est raide le cinéma de Vecchiali à côté de celui de Pasolini...)
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Kit
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groil_groil a écrit :
lun. 27 juin 2022 12:25
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Un homme doit convoyer 3 taureaux depuis les Etats-Unis jusqu'au Brésil en traversant la forêt amazonienne, et affronter ses innombrables danger. Le pitch de ce western est l'un des plus prometteurs qui soient. Le résultat est globalement correct mais le voyage ne réprésente qu'une très courte partie du film, celui-ci devenant, dès l'aventurier arrivé au Brésil, rien d'autre qu'un western lambda (mais jamais désagréable) délocalisé.

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Western génial, d'une grande complexité sur l'âme humaine et sur l'idée de justice dans ce pays de dingue que sont les USA (ce n'est pas l'actualité qui me contredira) et qui prouve un truc évident : quoiqu'il fasse, Wyler est un putain de patron !!!
si tu veux j'ai un autre western à te proposer avec Glenn Ford, je ne l'ai pas trouvé dans tes tops 1956 et 57.
La première balle tue (The Fastest Gun Alive) USA Russell Rouse, sorti en 1956 avec Glenn Ford, Jeanne Crain, Broderick Crawford, Noah Beery Jr., Russ Tamblyn
https://www.youtube.com/watch?v=EmUqMGip4Uw
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 11 juil. 2022 22:35
Et Salo extraordinaire : il risque tout, même si son cinéma est devenu très cérébral, plus figé qu'au début. Mais au début, les trois premiers : quelles merveilles ! (Comme Dumont finalement... Comme il s'agit à peu près du même cinéma.)
:jap: :jap: :jap:
Je pense que, ce que des cinéastes cinéphiles (ceux qui parlent cinéma quoi) ont reproché à Pasolini c'était avant tout une tendance chez lui pour faire des films-vus-par-le-plus-grand-nombre-de-spectateur. Cela dit, c'était un peu logique car, comme il était avant tout un penseur (un journaliste, poète...) ce coté volontariste allait de pair non ? C'est presque le contraire de Godard (qui a commencé à faire des films puis, il s'est mis à parler de plus en plus cinéma, télé (et pas seulement d'ailleurs !) etc etc. Et donc il est devenu penseur.

asketoner a écrit :
lun. 11 juil. 2022 22:35
(Mais comme il est raide le cinéma de Vecchiali à côté de celui de Pasolini...)
Le problème est que je connais très mal ses films (j'ai du voir en tout et pour tout 3-4 films !). Par contre, comme il est assez actif sur fb, j'ai appris ces 4-5 dernières années pas mal de choses de lui. Donc pour moi, pour l'instant, il est plutôt juste un ancien (et actuel) critique de cinéma (et pas forcement un cinéaste).
A son propos, ce qui m'intrigue c'est surtout le fait qu'il réussit à produire ses films lui-même (ils sont extrêmement rares les cinéastes qui arrivent à faire ça). Je veux bien croire que ses films ne doivent pas couter très cher mais combien même : comme ils sortent au compte goutte, je trouve incroyable qu'il arrive tout de même d'en faire (les expression 'franc tireur du cinéma français', bla bla bla ça va un an ou deux, et peut être 10 ans mais pas 60 ans, toute une vie !).
ps: il parait que "Un soupçon d'amour" est vraiment très beau
Modifié en dernier par sokol le mar. 12 juil. 2022 16:59, modifié 1 fois.
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Zahori, Mari Alessandrini

Beau mais sans exactitude : d'où l'effet assez courant de la pub pour parfum bien trop longue.
Dès la première scène on le sait : mille plans différents de la course de la petite fille après un tatou (pas si différents que ça d'ailleurs : tous les mêmes à peu près, mais j'imagine que c'est pour donner l'idée d'une course très longue), mais quand le tatou rentre dans un trou : ellipse (juste le plan sur le trou et la petite fille essoufflée).
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Kit a écrit :
mar. 12 juil. 2022 01:10
groil_groil a écrit :
lun. 27 juin 2022 12:25
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Un homme doit convoyer 3 taureaux depuis les Etats-Unis jusqu'au Brésil en traversant la forêt amazonienne, et affronter ses innombrables danger. Le pitch de ce western est l'un des plus prometteurs qui soient. Le résultat est globalement correct mais le voyage ne réprésente qu'une très courte partie du film, celui-ci devenant, dès l'aventurier arrivé au Brésil, rien d'autre qu'un western lambda (mais jamais désagréable) délocalisé.

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Western génial, d'une grande complexité sur l'âme humaine et sur l'idée de justice dans ce pays de dingue que sont les USA (ce n'est pas l'actualité qui me contredira) et qui prouve un truc évident : quoiqu'il fasse, Wyler est un putain de patron !!!
si tu veux j'ai un autre western à te proposer avec Glenn Ford, je ne l'ai pas trouvé dans tes tops 1956 et 57.
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Merci, je crois l'avoir quelque part sur un DD.
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J'avais déjà vu ce thriller paranoïaque il y a 15 ans et j'avais été assez impressionné. C'est un film très court (1h10) sans chichis ni fioriture, qui raconte l'histoire d'un type qui vient de se faire larguer par sa copine et qui découvre que sur son palier vivent deux soeurs, très jolies, qui se cloitrent dans leur appartement après qu'une l'une d'elle a été blessée et violée par l'ancien voisin dont notre jeune homme récupère l'appartement. En les fréquentant, il va sombrer dans une spirale de folie qui va faire que et lui et le spectateur perd peu à peu pied d'avec la réalité pour in fine en découvrir une tout autre, qui semble être la vraie. Sans vouloir jamais tenter de les égaler, le film se glisse entre deux référents énormes qui pourraient être Le Locataire de Polanski et Lost Highway de Lynch, et propose quelque chose d'original et assez perturbant, même au second coup. Le film me séduit surtout par sa gestion de l'espace, et du lieu clos, parvenant à rendre vivant, presque mouvant, un espace figé. C'est véritablement le tour de maître de ce grand petit film, qui reste une pure série B, mais d'une belle tenue.

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Une grande fresque familiale, autour d'une mère, de ses 4 fils et des familles de ceux-ci, dans une Chine en pleine mutation, confrontée aux complications sociales et économiques. Mais le cinéaste préfère aborder cela dans le registre de la chronique lente et poétique et livre un film très touchant, doux, qu'il souhaite être le premier volet d'une grande oeuvre en trois parties.
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groil_groil a écrit :
mar. 12 juil. 2022 16:15
Une grande fresque familiale, autour d'une mère, de ses 4 fils et des familles de ceux-ci, dans une Chine en pleine mutation, confrontée aux complications sociales et économiques. Mais le cinéaste préfère aborder cela dans le registre de la chronique lente et poétique et livre un film très touchant, doux, qu'il souhaite être le premier volet d'une grande oeuvre en trois parties.
Chaque fois que j’entends parler de ce film il me vient à l'esprit le moment quand j'ai quitté la salle du ciné : c'était quand le gars traverse à la nage une espece de canal (ou de fleuve)
:D
Je n'en pouvais plus de sa pose (de la pose du cinéaste quoi)
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sokol a écrit :
mar. 12 juil. 2022 17:05
groil_groil a écrit :
mar. 12 juil. 2022 16:15
Une grande fresque familiale, autour d'une mère, de ses 4 fils et des familles de ceux-ci, dans une Chine en pleine mutation, confrontée aux complications sociales et économiques. Mais le cinéaste préfère aborder cela dans le registre de la chronique lente et poétique et livre un film très touchant, doux, qu'il souhaite être le premier volet d'une grande oeuvre en trois parties.
Chaque fois que j’entends parler de ce film il me vient à l'esprit le moment quand j'ai quitté la salle du ciné : c'était quand le gars traverse à la nage une espece de canal (ou de fleuve)
:D
Je n'en pouvais plus de sa pose (de la pose du cinéaste quoi)
ah c'est con, c'est un de mes moments préférés du film :lol: :lol: :lol:
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C'est bel et bien le grand film dont je me souvenais, d'une virtuosité, d'une élégance, d'une beauté et d'une délicatesse permanente, ce qui n'empêche pas sa dureté, tout en non dit, qui est assez terrassante. Car le film est profondément triste, essentiellement via le personnage de majordome dévoué joué magnifiquement par Anthony Hopkins, qui préfère toujours, quelle que soit les circonstances, être irréprochable professionnellement, se dévouer corps et âme, toute sa vie durant, à son métier, et à ses maitres, plutôt qu'être à l'écoute de ses sentiments, s'empêchant ainsi d'être, par exemple, au chevet de son père au moment de son décès, voire de tomber amoureux. Vivre dans la tristesse une vie professionnelle accomplie plutôt que d'essayer de la vivre pleinement. Ivory filme cela magnifiquement, avec une beauté et une grâce qu'on a vu que peu souvent dans son oeuvre à ce niveau - ces 4 meilleurs films donc. Il ne me reste plus qu'à revoir Maurice pour achever définitivement cette intégrale. Je l'ai pourtant découvert en février de cette année, et c'est justement ce film qui m'a donné envie de me lancer dans une intégrale, mais je l'avais tellement aimé que je veux également la conclure avec lui.

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La magnifique concierge d'un immeuble parisien est volage et couche avec à peu près tout le monde, suscitant un désir permanent. Elle délaisse 5 minutes une enfant qu'elle est censée garder pour aller batifoler, et l'enfant sort de la loge, et se fait écraser par une voiture. Quelques jours après l'enterrement de la pauvre enfant, la jeune concierge est retrouvée morte, un couteau dans le coeur. La veuve d'un policier franchement installée dans l'immeuble (Madeleine Robinson) dédice alors de mener l'enquête. Le film devient alors un whodunit un peu foireux, à la résolution complètement nulle. Un peu à l'image de ce film assez bancal, qui ose pourtant deux trois trucs, en réussit deux trois autres, mais qui dans l'ensemble est vraiment à la peine, et en terme de mise en scène et en terme d'écriture, et dont la présence d'Erich Von Stroheim ne parvient pour pas à le réhausser.
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groil_groil a écrit :
mar. 12 juil. 2022 17:12

ah c'est con, c'est un de mes moments préférés du film :lol: :lol: :lol:
Tant mieux car, comme j'aime bien dire, le cinéma est un art pour le meilleur ou pour le pire donc, quand un plan (une séquence, un jeux d'acteur, une musique, un montage...) soit plait soit déplait radicalement, c'est plutôt un bon signe car ça veut dire qu'il ne laisse pas indifférent (ce n'est pas mou quoi).
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Histoires de petites gens, Djibril Diop Mambety

Ce sont deux courts-métrages réunis en un seul programme, réalisés dans les années 90 par Djibril Diop Mambety, le cinéaste de Touki Bouki, peu avant sa mort.
Je dirais que la limite de ces films, c'est leur montage. Je ne suis pas certain que le cinéaste ait considéré le montage comme un moment de création en soi. D'ailleurs aucun monteur n'est crédité au générique, seulement un studio, comme s'il s'était seulement agi de mettre des plans bout à bout. Et c'est vraiment dommage, parce que ces courts-métrages sont pleins de personnages vraiment beaux, émouvants, mais qui arrivent par paquets de plans, sans rythme, sans rigueur - à durer trop longtemps, l'expressivité histrionique des images tombe un peu à plat. Il y a malgré cela de grandes visions, et un esprit vraiment unique.
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La Nuit du 12, Dominik Moll

C'est très bien fait, irréprochable et dans l'air du temps, parfaite synthèse de ce qui se dit, se pense un peu partout ces derniers temps. Le film nous balade dans "un monde d'hommes", un monde où les femmes sont tuées par des hommes, et où les enquêtes sont menées par des hommes. Dominik Moll, à l'endroit des dialogues, se montre même particulièrement radical, n'hésitant pas à proposer des scènes où la seule fonction du langage est parasitaire (un échange continu de vannes sexistes entre policiers), ce qui permet au film de décrocher de son ancrage réaliste un peu banal pour le faire basculer du côté du grotesque.
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The Sadness, Rob Jabbaz

Film de propagande pro-confinement, où un virus transforme les êtres humains en zombies, mais plus rapides que chez Romero, et moins brouillons : seules leurs pulsions s'expriment désormais (viol, pédophilie, humiliation, torture, anthropophagie, etc), et ils s'organisent pour leur laisser libre cours. Il y a même un vieux dragueur du métro, rejeté par les femmes qui le menacent de porter plainte, qui prend sa revanche avec son parapluie pointu. Horrible. Mais tout ce qui se passe entre les scènes d'horreur est inepte.
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asketoner a écrit :
sam. 2 juil. 2022 00:34

Qu'est-ce qui est pire qu'un épisode de Columbo filmé par Luc Besson ?
Un épisode de Columbo filmé par Luc Besson suivi d'un autre épisode de Columbo filmé par Claude Lelouch.

Sans rire, je n'ai rien compris au film. C'est pour ça que je suis resté. J'étais tellement loin des enjeux, des personnages, de tout ce qui se passait que j'avais l'impression que c'était de ma faute. Mais la vérité c'est que je crois qu'il n'y a rien à comprendre, et que Park Chan-Wook a malgré toutes ses idées soi-disant profuses (mais tellement mal rythmées...) une vision de l'être humain sinon incohérente, du moins totalement puérile. A la fin, j'ai vu 300 plans du coucher de soleil, mais je ne sais toujours pas qui aime qui.
Pareil. Sauf que, comme il fait chaud et on dort mal la nuit, j’ai fait une monumentale sieste (je crois que ça a duré 25-30 minutes). Puis j’ai regardé la suite tranquillement car le film n’est pas offensif pour un sou (comm d’habitude avec Park quoi : je suis sûr que ce dernier est très très content de ce qu’il fait, il le porte sur son visage d’ailleurs 😀). Il doit être un un débile ce type, j’en suis sûr
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A l'époque des grandes grèves des mineurs en 1974, le gouvernement britannique avait pris comme habitude de couper l'électricité la nuit. Val commence à travailler de nuit dans un hopital londonien et bien qu'effrayée par l'obscurité, elle va devoir affronter cette difficulté, et ses démons... Le pitch est alléchant, l'ambition aussi, celle de faire un film d'angoisse, d'épouvante, d'ambiance, tout en revendiquant des causes ô combien légitimes, notamment sur les violences faites aux femmes. Malheureusement ces intentions ne sont jamais transformés, je n'ai jamais peur une seule seconde, les manifestations fantastiques sont assez ratées, et jamais je ne peux croire que cela se déroule dans les 70's tant l'ensemble fait contemporain. Dommage, se cachait ici un possible film d'horreur / d'auteur, mais je pense que les intentions ont le dessus sur la réalisation.

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Une bande de lycéens américains se barre à Tijuana enfin d'année, avec un seul objectif : baiser ! Une sorte de Spring-Break d'époque donc, qui se transforme vite en comédie catastrophe policière franchement grotesque, un événement en entrainant un suivant encore plus gros etc. C'est l'un des tout premiers films de Curtis Hanson et c'est intéressant de le voir pour cela, mais le film peine à se distinguer de la masse des teenage movies de cette époque. Disons que ça se regarde avec un petit sourire amusé, pas loin parfois de la consternation polie.

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Poursuite du cycle puisque je le fais découvrir à mon fils, et belle surprise, car j'ai préféré le film que lors de sa découverte qui m'avait franchement déçu. Non, c'est franchement une belle façon de relancer la machine, et mon gosse s'est régalé à avoir peur, c'était parfait. J'ai un souvenir nettement meilleur du second, donc tant mieux et vais en profiter pour découvrir le 3ème.
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Tyra
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Après Asky et Sokol, je viens donc pour la troisième couche, même si je ne sais trop quoi dire...
Le film en soi est plutôt médiocre, mais pas énervant, c'est sa réception critique qui l'est. Une critique professionnelle prise d'une nouvelle passion, celle de nous faire le service après vente du prix de la mise en scène de Cannes. Il est donc de bon ton de dire que, quels que soient les défauts du film, la mise en scène, elle, serait magistrale, contenant une idée par plan (je ne sais toujours pas ce que ça veut dire), sans d'ailleurs prendre la peine de justifier de tels éloges.
Tout est mal fichu dans ce film, trop plein de tout, d'effets ridicules faussement malins (le flic transporté dans la pièce qu'il espionne, mon dieu), d'effets de montage épuisants, d'intrigues et sous-intrigues inutiles qui ne cachent pas la platitude absolue de cette histoire de femme fatale vue mille fois, en mieux. Non seulement, on est loin des chefs-d'œuvre qu'il convoque comme Vertigo, mais même en honnête polar du dimanche soir, ça ne fait pas le job.
La séquence finale, assez belle en soi, semble totalement plaquée, artificiellement ajoutée pour apporter une conclusion dramatique à une histoire sans érotisme ni passion. Multiplier les couchers de soleil ou balancer la 5e symphonie de Mahler ne change rien, à part étaler le manque d'imagination de Park Chan-Wook.
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sokol
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Tyra a écrit :
lun. 18 juil. 2022 16:41
celle de nous faire le service après vente du prix de la mise en scène de Cannes.
Ah mais ouiiiii, il a eu le prix de la mise en scène à cannes en plus !!! :lol: J'avais complétement zappé ça !!

Mais bon, c'est tout à fait 'normal' ça, à Cannes :lol:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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To Kill the beast (va savoir pourquoi le titre espagnol a été traduit en anglais pour sa sortie en France), Agustina San Martin

Jolies images, énorme sieste.
Weerasethakul en ligne de mire, mais la sensorialité visée ne prend pas (ça reste très figé). C'est plat, et on voit tout venir de très loin. Et quand on ne voit pas, on s'en fiche.
len'
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Les mots de la fin de Agnès Lejeune et Gaëlle Hardy

Le docteur Damas, exerçant en Belgique, accueille en son cabinet des patients qui souhaitent en finir avec leurs souffrances physiques ou morales.
Cette souffrance, comment l'exprimer pour qu'elle soit entendue ? Il y a les paroles, les gestes, mais il y a surtout le regard. Un documentaire nécessaire, filmé avec délicatesse et pudeur, qui bouillonne de vie et insurge contre les instances qui préfèrent regarder ailleurs. Comme dirait un des patients, je les plains.


Aides à domicile, les temps modestes
de François Chilowicz

La référence aux temps modernes de Chaplin fait penser qu'on en est toujours là, en 2022... On pourrait même remonter à plus loin : esclavage, exploitation, des mots différents qui obéissent toujours au même principe. Là aussi, la souffrance, qu'elle soit physique ou morale, est d'autant plus dure quand elle est aussi peu considérée, voire méprisée. Les femmes de ce film ne jouent pas, elles subissent quotidiennement, jusqu'à se faire aider par des personnes fragiles qui le voient, eux, malgré leur propre souffrance. L'humain n'est plus essentiel apparemment. Juste dommage que ce soit si court, le documentaire étant divisé en de petites séquences qui ne laissent pas de place aux silences et ne permettent pas de mesurer la répétivité des mouvements infligeant aux corps des douleurs permanentes. Mais il sait au moins quoi filmer aujourd'hui.
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cyborg
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Susana - Luis Bunuel

Une femme enfermée dans un hôpital psychiatrique s'échappe une nuit d'orage et trouve refuge dans un ranch de la région. Elle s'y intègre comme travailleuse et amie de la famille... tout en jouant un triple jeu de séductrice vénéneuse semant la confusion entre ses membres. La discorde ne sera résolue que par son expulsion manu-militari de la propriété sous un grand soleil brillant.
Le film est donc hors de la veine surréaliste de Bunuel et n'a aucunement la verve critique politique et morale de bon nombre de ses films. Pire encore la représentation du personnage féminin central est on ne peut plus caricaturale et datée, au point de rendre le film embarrassant par sa misogynie latente.


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Études pour un paysage amoureux - Clément Schneider - 2012


La réjouissante découverte de "Un violent désir de bonheur", dernier film du jeune réalisateur français Clément Schneider m'a donné envie de découvrir son premier long métrage. Également film d'époque en costume, cette œuvre se décompose en diverses scènettes autour d'un même groupe de jeunes femmes aisées discutant de la vie et de l'amour, de leur rapport aux hommes et de leurs envies, tout en clignant de l’œil vers Tchekhov (une des scènettes se nomme carrément Les Trois Soeurs !). La mise en scène est déjà adroite et élégante, et les échanges et situations très bien écrites et sachant se connecter à des revendications sociales toujours d'actualités. Le tout est peut-être un peu trop modeste ou réservé pour prétendre être un grand film, mais était déjà très prometteur pour la suite. L'essai fut transformé 5 ans plus tard avec Un Violent Désir de Bonheur, et me confirme que Schneider est un auteur à suivre.



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Le cinéma social anglais dans ce qu'il a de pire.
Je suis sorti de la séance vraiment ennuyé et agacé et j'ai discuté longuement avec une personne ayant beaucoup aimé le film. Le désaccord s'est conclu par une phrase de sa part "Tu as raison... j'aime le "misery-porn" et c'est sans doute pour ça que j'ai aimé le film". Ce qui m'a permis de comprendre que j'aurais sans doute peu de chose cinématographique en commun avec cette personne mais surtout que c'est exactement ce qu'est ce film, du "porno de la misère". Ramsay se sert totalement de ceux qu'elle filme et prétend représenter, esthétisant bien adroitement chacune de ses images (le film doit beaucoup à une certaine photographie anglaise, avec en plus un sens adroit de la couleur ou il faut et quand il faut) en ne laissant absolument aucun échappatoire à ses personnages sans cesse rabaissés vers leurs conditions misérables (le film s'ouvre ET se conclu avec la mort d'un gosse, bordel !). Elle n'a aucun respect pour ce et ceux qu'elle filme et se trouve à être totalement condescendante sans même s'en rendre compte...


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Requiem - Alain Tanner - 1998

A l'orée du nouveau millénaire, Tanner livre un film qui pourrait presque être vu comme la quintessence du cinéma moderne, un art de la fantomachie pétrie de lui-même et de références littéraires. La ville de Lisbonne, d'un vide désertique sous le soleil estival, est hanté par un homme lui même hanté par son passé. Dans ce double niveau de déambulations cet homme lui même "entre deux ages" -ni jeune ni vieux- croise son ancien meilleur ami, une amante et son père enfant, tous déjà décédés, avec qui il s’entretient quelques instants lors de retrouvailles aussi simples qu'émouvantes. Figure tutélaire du film, la dernière discussion se fera avec l'incontournable Fernando Pessoa, érigé en point central de la littérature du XXème siècle. Et en complément c'est assurément le Vertigo de Hitchcock qui plane lui aussi à proximité (le pont, la visite au musée etc...), transformant le vertige physique en vertige mémoriel.
La mise en scène est d'une grande douceur, préférant les fondus aux coupes et les longs plan-séquence flottant lors des discussions plutôt que les champs-contre champs. Tout est ici très juste (sauf peut-être la musique, je crois) mais peut-être un peu trop sur de lui pour totalement me convaincre, ou du moins ne m'étonnant jamais vraiment dans ses choix. Mais si ce film est bien un Requiem -et donc une messe du souvenir et du repos- c'est à mon sens à l'ensemble du cinéma du XXème siécle qu'il s'adresse, plus qu'à son seul personnage. Comme si Tanner, sentant le nouveau millénaire venir avec son lot d'inconnu et sans doute sa redéfinition en cours de la vie (et donc de l'art, ou bien l'inverse...) l'autorisait à regarder avec sérénité vers le siècle passé pour lui faire ses adieux et remerciements.
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sokol
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@cyborg As-tu déjà vu "Salamandre" du même cinéaste ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg
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@sokol : oui bien sur, ainsi que de nombreux autres films du cinéaste, fictions et documentaires.
Pourquoi ?
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sokol
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Juste comme ça !! J’étais très très marqué par Salamandre quand je l’ai découvert il y a 2 ans. Je n’en revenais pas…
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg
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Mon visionnage date mais oui dans mon souvenir c'est très bien ! Comme pas mal de films de ce réal d'ailleurs. Tu n'en as pas vu d'autre ?
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groil_groil
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cyborg a écrit :
jeu. 21 juil. 2022 13:39


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Requiem - Alain Tanner - 1998

A l'orée du nouveau millénaire, Tanner livre un film qui pourrait presque être vu comme la quintessence du cinéma moderne, un art de la fantomachie pétrie de lui-même et de références littéraires. La ville de Lisbonne, d'un vide désertique sous le soleil estival, est hanté par un homme lui même hanté par son passé. Dans ce double niveau de déambulations cet homme lui même "entre deux ages" -ni jeune ni vieux- croise son ancien meilleur ami, une amante et son père enfant, tous déjà décédés, avec qui il s’entretient quelques instants lors de retrouvailles aussi simples qu'émouvantes. Figure tutélaire du film, la dernière discussion se fera avec l'incontournable Fernando Pessoa, érigé en point central de la littérature du XXème siècle. Et en complément c'est assurément le Vertigo de Hitchcock qui plane lui aussi à proximité (le pont, la visite au musée etc...), transformant le vertige physique en vertige mémoriel.
La mise en scène est d'une grande douceur, préférant les fondus aux coupes et les longs plan-séquence flottant lors des discussions plutôt que les champs-contre champs. Tout est ici très juste (sauf peut-être la musique, je crois) mais peut-être un peu trop sur de lui pour totalement me convaincre, ou du moins ne m'étonnant jamais vraiment dans ses choix. Mais si ce film est bien un Requiem -et donc une messe du souvenir et du repos- c'est à mon sens à l'ensemble du cinéma du XXème siécle qu'il s'adresse, plus qu'à son seul personnage. Comme si Tanner, sentant le nouveau millénaire venir avec son lot d'inconnu et sans doute sa redéfinition en cours de la vie (et donc de l'art, ou bien l'inverse...) l'autorisait à regarder avec sérénité vers le siècle passé pour lui faire ses adieux et remerciements.
un de mes films préférés au monde. je te conseille vivement la lecture du roman si tu ne le connais pas.
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groil_groil
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Revu un soir de fatigue ce que je considérais comme l'un des plus mauvais, voire le plus mauvais Pakula, cinéaste que j'aime beaucoup. Verdict : c'est bien le plus mauvais Pakula. Pourtant super casting, deux big stars, un beau sujet (un terroriste de l'IRA planqué aux USA) mais ça ne prend jamais, tout le monde s'emmerde, même Pakula se fait chier, c'est évident.

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C'est une tradition, je revois ce film les soirs d'énormes canicules, car c'est LE film de canicule idéal. Le plaisir était à la hauteur de la chaleur en tout cas.

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Je ne l'avais encore jamais vu ! quelle claque !!! un vrai film de malade mental, à ranger entre Peeping Tom de Powell et Terreur Aveugle de Fleischer. Un vrai film de cinglé, à la fin la plus glaçante et terrifiante que j'ai vu depuis des années. A faire passer tous les films de serial killers contemporains pour des bluettes innocentes. Seul petit bémol : la musique de Maurice Jarre qui, même si elle présente des beaux moments (quelques accents Barry, quelques accents Morricone) est totalement à côté de la plaque, inadapté, et qui souvent te sort du film.

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Lui non plus je ne l'avais encore jamais vu ! Et claquouze encore plus énorme. Chef-d'oeuvre absolu. Wyler suit pendant 3 heures (!!!) 3 soldats démobilisés à la fin de la guerre et qui se rencontrent en rentrant dans la même ville, Boone City. Et comment on survit quand on a vécu la guerre ? comment on retrouve / ou pas son petit boulot quand on a piloté un bombardier pendant plusieurs années ? Et comment on accepte le regard des autres, et de la femme qu'on aime, quand on revient à vingt ans amputé des deux bras ? Ce film est absolument bouleversant, magnifique, d'une mise en scène folle, et invente tout simplement le Nouvel Hollywood avec 30 ans d'avance. Car tous les sujets traités ici dans le film de Wyler sont les grands thèmes du Nouvel Hollywood, qui prendra comme traumatisme initial la guerre du Vietnam. Ici c'est la seconde Guerre Mondiale, mais les enjeux sont les mêmes et le film est d'une modernité, et d'une beauté, terrassantes.

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J'avais adoré quand je l'avais vu l'an dernier (avant qu'il n'ait une date de sortie programmée en France, un comble !) et j'ai adoré le revoir enfin en salle, avec plus d'un an de décalage. Comme mon avis n'a pas changé voici ce que j'en avais dit l'an dernier : Un vieil homme, critique de cinéma estimé qui tente d'écrire un premier roman, accompagne sa femme, attachée de presse de cinéma, au festival de San Sebastian, en Espagne. Elle s'occupe d'un cinéaste français, prétentieux, imbu de lui-même, qui est encensé par la critique, notamment parce qu'il fait des films "contre la guerre" (hilarant Louis Garrel). Elle est évidemment amoureuse de lui et délaisse totalement son mari, tout en le trompant. Celui-ci, déprimé et malade, prend rendez-vous chez un médecin, sans savoir que c'est une femme, sublime, mal mariée, dont il tombe éperdument amoureux. Cette rencontre va donner un nouveau sens à vie. ça c'est le pitch. Mais le film ne se limite évidemment pas à ça. Car c'est sans doute le film le plus personnel de Allen, où l'un d'eux, disons, et particulièrement sur son rapport au cinéma. Le film est en effet ponctué de scènes où le héros se projette dans un imaginaire qui mêle ses souvenirs passés à des films importants pour lui, et donc pour Allen. C'est l'occasion pour le cinéaste de rendre hommage à tous les cinéastes qui l'ont marqué et influencé. Ca commence évidemment par le Rosebud de Citizen Kane, Allen refait également du Fellini, 3 films de Bergman, L'Ange Exterminateur de Buñuel, A Bout de Souffle et quelques autres. Il refait carrément les scènes, à chaque fois en noir et blanc, mais en y mettant ses personnages, et en transposant ses obsessions. La photographie de Storaro est très réussie, car sur les scènes noir et blanc elle ne cherche jamais à retrouver le grain des cinéastes d'origine, et sur les scènes couleurs on est proche des films récents européens du cinéaste, mais disons que c'est l'un des plus beaux - à rapprocher de celle de Magic in the Moonlight -, aidé en cela par la beauté de San Sebastian et de sa région, et des sublimes couleurs et lumières naturelles. Ce film pourrait presque être un des films de "touriste" de plus de Allen, après Paris, Rome, Barcelone, la côte d'azur..., pourquoi pas San Sebastian ? Sauf que non, ce film à tout d'un film testamentaire et en le tournant Allen semble savoir que, vues toutes les difficultés qu'il a à tourner en ce moment, celui-ci pourrait être son dernier. Le choix de San Sebastian n'est pas anodin : c'est son festival préféré, celui où il se rend chaque année, où il est fréquemment primé, et la ville possède même une statue à l'effigie du cinéaste en son centre, c'est l'idôle et l'emblème de la ville. Woody Allen cinéaste-cinéphile, et cinéphile-européen, rend ici hommage à tous ses maitres en forme d'adieu, en transposant l'énigme du "Rosebud" sur sa propre personne : son Rosebud à lui, celui qui a conditionné toute son existence, c'est tout simplement le cinéma. Je ne l'ai pas encore assez dit, mais ce film est d'une insondable tristesse, le personnage principal étant seul, finissant seul, n'ayant plus que la mort comme issue. Allen semble ici nous dire adieu, mais ce qui fait toute la valeur du film, c'est qu'il n'a rien de revanchard. Il ne règle aucun compte, et Allen semble enfin, après tous les tourments qui l'ont agité, dire adieu de manière apaisée. Même si, personnellement, j'attends déjà son prochain film, en espérant qu'il existe un jour.

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Là aussi, un revisionnage récent, plus encore, car film de l'année, mais j'avais tellement aimé la première fois que je voulais déjà le revoir. Avis inchangé, c'est un très grand film, un classique instantané, d'une noirceau abyssale, et qui comme rarement dans un film de divertissement hollywoodien m'a fait me plonger avec autant de force dans un univers donné. J'adore, et je le reverrai souvent.

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Un avocat et un journaliste amis s'associent pour faire tomber la pègre qui fait main basse sur leur ville. Beau film noir de Dieterle, à l'aise dans tous les domaines, pas du tout un chef-d'oeuvre du genre non plus, mais un bon milieu de tableau, avec une fin très sombre qui contribue à le réhausser.
I like your hair.
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