Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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@asketoner Je veux le voir celui-ci (je voulais voir La loi de Téhéran aussi mais comme il s’agissait d'un thriller, je savais un peu d'avance ce à quoi je m'attendrais) car c'est comme si je vois un film français de Jacques Audiard, Eric Toledano, Olivier Nakache, Albert Dupontel, Thomas Lilti, Xavier Legrand, Olivier Dahan (je vous assure, j'ai fouillais pour trouver des noms pareil car normalement je ne suis pas capable de les citer). Effectivement, je regarde quasiment les films de ces cinéastes mais là, justement, comme il s'agit, on va dire, de leur homologue iranien, je veux voir ce que cela donne dans un pays qui se veut une démocratie (théocratique, ok, mais il se veut démocratique tout de même). Car, je crois que justement, le cinéma, comme c'est un instrument d'analyse (comme le dit bien ma signature qui cite les Strab) peut m'aider à voir ça
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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@sokol : Il y a un papier très clair dans Libé au sujet de la situation des cinéastes iraniens actuellement, et de celle un peu étrange de Saeed Roustaee : https://www.liberation.fr/culture/cinem ... MIU6CQ34M/
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 29 août 2022 12:55
@sokol : Il y a un papier très clair dans Libé au sujet de la situation des cinéastes iraniens actuellement, et de celle un peu étrange de Saeed Roustaee : https://www.liberation.fr/culture/cinem ... MIU6CQ34M/
Merci :jap:
Cela dit, je crois que on peut également comprendre pas mal de choses via les films, sans forcement savoir d'avance "des choses"
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Jean-Marie Straub
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sokol
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@asketoner Tu sais, à Téhéran par exemple, les cinémas (il y en a !) s’écroulent sous le poids des affichent de films iraniens. je veux dire, il y a bel et bien un cinéma mainstream iranien. Oui, j'ai trouvé personne qui connaissait Kiarostami ou Panahi mais en France quand je pose la question à des personnes cultivées , aucun parmi elles connait Valérie Donzelli, Mia Hansen-Love, Axelle Ropert, Patricia Mazuy ou Claire Denis (je fais exprès de citer que des réalisatrices car c'est à des femmes que j'ai posé la question). Quand je leur ai demandé de citer un cinéaste français homme, c'est quasiment que le nom de François Ozon et Klapisch qui sortent : Carax ou Desplechin ou Bozon ne leur dit rien (mais alors rien du tout).
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Jean-Marie Straub
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asketoner
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Oui j’entends mais je ne comprends pas le rapport que tu fais. Tu veux dire que tu vas voir Roustaee pour comprendre l’Iran comme tu irais voir un Ozon pour comprendre la France ?


Le cas Roustaee est spécial parce qu’il a fait 3 millions d’entrées en Iran avec son premier film et celui-là ne sortira sans doute jamais. (Avec une scène dans le film, il franchit une ligne sans retour, clairement.)
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 29 août 2022 15:49

il a fait 3 millions d’entrées en Iran avec son premier film et celui-là ne sortira sans doute jamais
Voilà, ça me motive un peu plus que son précédent film. Bref, je compte bien le voir quoi.
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Tamponn Destartinn
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Dan Trachtenberg avait réussi un exploit, précédemment : faire un film réussi et original, pourtant marketé comme la suite opportuniste d'un film qui n'appelait pas de suite. Il s'agissait de 10 Cloverfield Lane et son seul défaut était de spoiler son twist de par son titre (mais osef).
Cette fois, il a de nouveau pour mission de faire une suite à une franchise qu'on ferait mieux de laisser tranquille, à savoir Prédator. Qui plus est un film de plateforme, qui n'a pas le droit à la salle. La bonne idée est de placer l'action en 1719, avec des Comanches et une jeune héroïne dont l'enjeu est de prouver sa valeur de guerrière en passant un rite initiatique particulièrement dangereux, à savoir chasser un prédateur. Elle hésitait entre puma et ours, ce sera finalement un prédator, qui semble être venu sur Terre pour exactement la même mission ! La présence de l'extraterrestre aurait pu être vraiment une surprise assez marquante, de nouveau si le marketing n'avait pas spoiler le truc, mais surtout si on était resté sur le point de vue exclusive de la jeune fille, au lieu de montrer d'avance le prédator faire des trucs en attendant. Là est la différence entre ce film et 10 Cloverfield Lane : le poids de la franchise a dépassé les premières intentions évidentes du réalisateur, qui a cette fois dû concéder des choses dommageables auprès de ses diffuseurs. Cela dit, il a quand même bien fait son job. Disons qu'à défaut d'originalité, il y a un savoir faire de mise en scène assez jouissif par moment. Jusqu'à l'arrivée des français. Ca c'est pas possible. Et malheureusement, ça s'accompagne d'un troisième acte très décevant, où le retournement proie/prédateur se fait trop rapidement, sans âme. La comparaison avec le premier film est sans commune mesure. Là où il était impossible de comparer son Cloverfield avec le précédent...
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groil_groil
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Le dernier film en famille des vacances <3
j'avais le souvenir que c'était encore plus nul que ça, en fait y a encore quelques trucs marrants.
Ce qui est drôle c'est que le premier film de la série qui est dans l'esprit post-gauliste.

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Je ne connaissais pas du tout ces deux mecs (le Palmashow ils se font appeler) et je les ai découverts grâce à Quentin Dupieux (l'un joue dans Au poste et les deux sont les héros, hilarants, de Mandibules). Je ne sais donc rien de leur univers, puisque je ne les connais qu'à travers Dupieux, et je l'ai découvert ici. Eh bien c'est un film super drôle, qui dépeint deux cons totaux, mais qui le fait avec tendresse et jamais avec cynisme, et c'est une donnée suffisante pour me faire aimer le film. Un film qui n'est pas un grand film mais qui est drôle, vraiment, touchant et sincère. Un peu comme un film de Farrelly de l'époque.

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Le teen movie d'été ambiance auteurs / triste / impregné de nostalgie, très années 2020... Au résultat c'est nul et tellement vu 1000 fois...

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Joie de concours de circonstances : cet été dans mon lieu de villégiature, une petite librairie récemment ouverte et de très bon goût proposait à la vente tous les albums de l'auteur de bande dessinée américain Derf Backderf. Je n'avais lu que son plus connu, Mon Ami Dahmer, un chef-d'oeuvre, j'ai donc acheté tous les autres et passé un été en sa compagnie. Et j'ai beaucoup repensé à Mon Ami Dahmer que j'avais très envie de relire. En plein milieu des vacances, j'apprends la mort accidentelle et tragique d'Ann Heche. Je me mets à consulter sa filmographie et je découvre alors qu'elle a joué dans un film nommé My Friend Dahmer, adaptation du livre susmentionné, dont j'ignorais jusqu'à l'existence. J'ai immédiatement acheté le film pour le voir. A ceux qui n'ont jamais lu ce roman graphique fascinant, en voici le sujet : Jeffrey Dahmer est l'un des plus terribles serial killer de l'Amérique contemporaine. Un jour il est arrêté, on connait enfin son identité et il fait la une des journaux. Derf Backderf, l'auteur de l'album, apprend comme tout le monde l'info au journal, et réalise alors que ce serial killer était dans sa classe au lycée. Et qu'il le fréquentait d'assez près. A l'époque Dahmer était déjà un gamin bizarre, qui laissait se décomposer des animaux morts - qu'il n'hésitait pas à tuer lui-même - dans des bains d'acide, atteint de pulsions déviantes, mais personne ne pensait qu'il deviendrait un serial killer... Profondément marqué par cette histoire, l'auteur plonge dans ses souvenirs et décide d'écrire un roman graphique à la première personne, dans lequel il raconterait l'époque où ce futur serial killer était son étrange copain de classe. Le film est donc une adaptation plus ou moins fidèle de ce chef-d'oeuvre de bande dessinée, mais qui est pourtant extrêmement décevante. Si la trame est globalement suivie, tout est lissé, beaucoup trop propre, trop sage, pour nous permettre de rentrer dans cette ambiance poisseuse en angoissante d'avant le drame. A l'image de l'acteur choisi pour joué Dahmer, qui se donne du mal, mais qui est une ancienne égérie Disney au physique trop propret, trop beau gosse, pour parvenir à transmettre ce malaise. Mais le plus gros souci du film est ailleurs : jamais on ne nous dit que le garçon que nous allons suivre deviendra l'un des pires serial killer des USA. Tout l'intérêt du livre vient bien sûr de ça, c'est l'auteur qui s'interroge sur son passé avec ce type après avoir pris connaissance de l'horreur. Ici rien du tout. On suit juste le quotidien certes bizarre de ce type, mais l'absence de mise en abyme empêche totalement de juger les faits avec l'intensité qu'ils devraient avoir. Et c'est ainsi tout le film; où in fine il ne se passe pas grand chose, puisque ça se passe avant. A la toute fin du film un simple carton nous annonce que ce mec deviendra le seria killer machin, etc... mais presque comme une anecdote. Alors que nous aurions du avoir cette information en ouverture, et qu'elle aurait du conditionner l'ensemble du métrage. Ce qui s'appelle un beau ratage.

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Une femme divorcée (la géniallissime Teri Garr), toujours amoureuse de son ex qui lui est déjà en train de se remarier, élève seule ses deux enfants, un garçon de 10 ans, et le firstborn, un grand ado d'environ 16 piges. Elle galère, elle est seule, court toute la journée pour marier travail et vie de famille, mais ils semblent tout de même avoir une vie heureuse. Elle s'amourache d'un mec (Peter Weller jeune et ultra inquiétant) qui vient vite vivre chez elle. Contre l'avis de ses enfants évidemment. Le type est un glandeur fini, mais surtout il est violent, intransigeant, et trafiquant de drogue. Les enfants vont tout faire pour faire fuir ce mec pourtant bien implanté chez eux, à leurs risques et périls... Excellent thriller domestique de Michael Apted, qui prend le temps qu'il faut pour présenter ses personnages et installer son intrigue avant de monter en intensité. Belle réussite du genre.

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Un adolescent est tué lors d'une rixe. Au procès son assassin ne prend que 9 ans et sort au bout de 5. Toujours inconsolable et dépressive, sa mère décide de se venger en élaborant un stratagème pensé en amont dont la finalité est la mort du jeune homme. Evidemment rien ne va se passer comme prévu. Sans génie, le film se regarde bien. Viard qui en fait toujours trop tient bien son rôle, et le film surprend car le jeune type déjoue immédiatement le plan de la mère, qu'elle va être obligée de modifier, et en le modifiant elle va apprendre à comprendre le jeune homme. Et c'est justement ce dernier acte qui est un peu trop attendu. C'est à dire qu'elle veut tuer l'assassin de son fils et en se rapprochant de lui elle va apprendre à le connaitre et en faire une sorte de fils de substitution. J'exagère, mais l'idée est là. Dans le genre, le très beau "Après Lui" de Gaël Morel était autrement plus convaincant et plus réussi.
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asketoner
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Les Cinq Diables, Léa Mysius

Cas d'école : le nouveau film de Léa Mysius est parfait en tout point (et on voit, on sent qu'il a été fait avec passion, obstination, que pas un détail n'a échappé au désir de transfigurer le réel), mais les points, une fois accordés entre eux, ne forment qu'une image plate, presque anodine. Ca aurait sans doute dû être la rencontre de Burning de Lee Chang-Dong et de Carol de Todd Haynes, mais, comme l'écrit je ne sais plus quel journal, c'est plutôt Céline Sciamma en vacances chez Stephen King. Ou bien plus simplement : du Jacques Audiard, qui tue son film avec des archétypes. L'homme-pompier qui dit je t'aime à la fin et c'est tout, la créole perdue (j'espère que l'équivoque est involontaire, sinon c'est vraiment trop idiot), les jeunes filles en justaucorps pailletés : il y aurait peut-être eu autre chose à montrer, d'autres images à inventer.
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Flee, Jonas Poher Rasmussen

L'histoire que le cinéaste a recueillie est très touchante, mais elle semble gommée de toute aspérité. Par ailleurs l'animation est extrêmement laide, et les effets (de musique, de suspense...) sont lourds et malhonnêtes. Le plus intéressant est sans doute la façon dont l'histoire du héros affecte sa vie sentimentale aujourd'hui. Mais là aussi, il y a une sorte de pudeur (ou de schématisme) qui empêche le film de prendre un peu d'envergure.
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cyborg
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Depuis ses origines le cinéma s'est séparé en deux champs irréconciliables, ou presque : d'une part la fiction et l'illusion avec Méliès, d'autre part le document et l'archive du réel avec les Frères Lumières. Dans Yeelen, Souleymane Cissé semble se tenir sur un étrange et audacieux équilibre entre les deux. Ici l'univers mythologique parsemé d'êtres fantastiques semble prendre une tournure ethnographique lors des scènes de conseils, de rituels ou de célébrations. L'axe narratif est d'ailleurs bien celui-ci : comment le jeune homme peut-il porter le poids du passé au présent, lui rendre hommage et respect tout en s'en émancipant. De plus les affres du "world-cinema" sont évités grâce à la patte marqué de Cissé dont l'aboutissement plastique est totalement abouti.

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À minuit je posséderai ton âme - José Mojica Marins

Ayant découvert cet été, amusé, le personnage de "Zé du Cerceuil" avec ses deuxièmes aventures, j'ai eu envie de voir le premier volet. Réalisé 3 ans plus tôt ce film originel est, peu ou prou, le 2ème volet en moins fort (pour ne pas dire moins bon) : moins outrageux, moins délirant, moins poussé, et même en moins intéressant cinématographiquement (cette "scène surprise" au milieu du 2ème volet reste un sacré truc !). Pas désagréable mais dispensable.

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Embodiment of Evil - Jose Mojica Marins

Paru en 2008 (soit près de 40 ans après le 2ème !), j'ai voulu voir ce troisième volet des aventures de "Zé" pour savoir comment un film de ce genre pouvait survivre à un tel gap temporel, le charmes des deux premiers étant assurément renforcé par la patine du temps... Le résultat n'est au final ni bon ni mauvais. Le style cinématographique est plus proche d'une série (de bonne facture) qu'autre chose, et ce qui semblait se mettre en place au début (surgissement de la police "corrompue", ce qui aurait pu donner une approche contemporaine intéressante au film) s'évente malheureusement bien vite. La encore, film quelque peu dispensable à réserver avant tout aux fans.

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Premier film dit "post-Sirk" de RFW qui transpose de façon incroyable la flamboyance des mélo sirkiens dans la rude réalité sociale de l'Allemagne de l'ouest du début des années 70. Chez Fassbinder il y a toujours cet aspect schématique, sorte de théâtre de l'essentiel sidérant, implacable et impitoyable. Bien que dépouillés, ses films sont toujours profondément habités par ceux qui les peuplent. Ceci grâce à l'humanité du regard du réalisateur qui observe et aime ceux qu'il met en scène, sans les juger mais aussi sans en cacher les défauts et les faiblesses.
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groil_groil
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Le film fait plein de promesses (qu'il ne tient pas toujours, pas souvent) et présente quelques belles choses, deux-trois fulgurances, mais immédiatement auto-assagies, comme s'il ne fallait pas que ces fulgurances éclatent sur la pellicule (d'ailleurs il n'y a pas de pellicule, autre grand souci) pour rentrer dans un moule préétabli : celui du cinéma d'auteur français non-binaire, non-racisé, mais fait par des femmes - en gros celui à la mode, qui rafle les prix dans les grands festivals (L'événement, Titane, etc.). Mais le film de Léa Mysius, survendu avant même sa sortie, de part son premier beau premier film (Ava, mais qui reste un premier film), et ses collaborations scénaristiques avec les masdotondes de la profession de cinéma d'auteur branché mais qui doit quand même rentrer dans le moule (Jacques Audiard, Claire Denis, André Téchiné, Arnaud Desplechin, she's THE woman, il ne manque que Céline Sciamma à son actif, mais icelle se targue encore de savoir écrire des histoires, la bonne blague), qu'on voyait déjà gagner la Palme d'Or à Cannes (la pauvre dû se contenter d'une simple sélection à la Quinzaine, quel camouflet), ce film donc, souffre d'un problème récurrent, du premier au dernier plan, que je nommerai l'inachèvement. Tout est esquissé, balancé, mais rien n'est achevé, rien n'est bouclé ni dans la mise en scène, où l'on balance des idées pêle-mêle mais sans rien aboutir, et surtout en les piquants ailleurs (après Titane, l'univers des Pompiers français semble décidemment fasciner les jeunes réalisatrices. Plus grave encore, l'intrigue complète, en tout cas le procédé narratif de l'ensemble, m'a semblé littéralement pompé sur celui de la belle série Les 7 Vies de Léa. D'ailleurs, puisque le scénariste de cette série est membre de notre communauté, j'aimerai bien Fred que tu me donnes ton avis là-dessus. J'ai un avis sans aucune confirmation : le milieu de la production parisien est tout petit, et je suis certain que l'idée de l'adaptation du roman Les 7 Vies de Léo Belami a dû tourner partout avant de devenir la série que l'on connait, et que Mysius a peut-être travaillé dessus avant de s'en désintéresser, et que des choses sont forcément de manière plus ou moins conscientes dans l'écriture de son film. J'invente peut-être totalement, mais franchement, c'est réellement problématique d'avoir la sensation de revoir la même chose... surtout à si peu d'intervalle et dans le même pays...). Et même faisant abstraction de cela, le film est bourré de trous : qu'est-ce que c'est que ce flacon et ce liquide étrange qui donne le pouvoir pompé aux 7 Vies de Léa ? d'où vient-il ? Est-ce qu'on pourrait se donner deux secondes le mal de donner du sens à ce que l'on propose ? Et, je spoile, je vous préviens, le film propose un paradoxe temporel, qui soustend l'ensemble, j'entends que sans ce paradoxe temporel il n'y a pas de film : Julia fout le feu au complexe sportif (et donc ruine la vie de tout le monde, et pose l'intrigue du film) parce qu'elle est hantée par l'apparition de la jeune Vicky, mais la jeune Vicky débarque dans le passé à cause de la fiole étrange (évoquée plus haut) qui est apportée par Julia dans le temps présent. Donc qu'est-ce qui justifie ce paradoxe temporel ? il manque la cause, le déclencheur, il n'est ici qu'un ouroubouros, serpent se mordant la queue continuellement, mais qui ne tient pas debout cinématographiquement. Et puisqu'on parle cinéma, je m'arrête sur l'un des principaux problèmes du film : son image. Tourné en numérique dégueu, le film adopte une image cramée, sursaturée, d'une grande laideur et qu'on croyait abandonnée au mi-temps de la décennie 2000. C'était pour Mysius censé être le film qui allait la plongée dans le grand bain, j'y vois malheureusement plutôt de la gonflette, un truc trop gros, trop tôt, témoignage d'une envie de vouloir absolument jouer dans la cour des grands, mais celle-ci est impitoyable...

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Revu pour montrer à mon gamin afin qu'il ne passe pas pour un gland quand on lui en parle à l'école alors que ça ne l'attirait pas. Bon, ça ne lui a pas plu, tant mieux, on ne sera pas obligé de se taper les 12... Je vais lui montrer les deux autres de la trilogie initiale et basta. Enfin, s'il le souhaite, ce qui n'est pas gagné. Perso à revoir après tant d'années, ça m'a amusé, de voir qu'un truc aussi toc, aussi comique, ait pu devenir la culture de masse imposée du monde entier pour au moins 50 années. Ce monde est fou.

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Un beau film d'aventures 80's à l'ancienne sur la secte d'assassins d'Inde nommée les Thugs. Produit par le duo Ismail Merchant / James Ivory, le film va tout de même, et dieu merci, à l'encontre des canons du genre, proposant un rythme lent et une approche contemplative qui siéent parfaitement au projet.

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Une évocation romancée (et je suppose libre) des premières années de la vie d'un de mes peintres préférés : le génie absolu Gerhard Richter. Le film est lourd et patapouf, filmé à la truelle avec des effets indécents, accompagnés par une musique atroce et sursignifiante, mais j'ai tout de même aimé des choses qui tiennent avant tout au scénario et aux acteurs (notamment le génial Sebastian Koch, hallucinant en beau-père nazi). Je n'ai pas encore pu me pencher sur la question, mais j'aimerais beaucoup tirer le vrai du faux de cette fausse biographie (car le cinéaste a choisi de donner un autre nom à son peintre, ce n'est donc plus une bio mais un film inspiré librement de la vie de... et il peut se permettre d'inventer ce qu'il souhaite). Il nous raconte qu'enfant, Richter fut inité à l'art par sa jeune tante, qui fut euthanasiée par un médecin nazi à la montée du Reich, que cette tante fut à l'origine de sa vision d'artiste. Et surtout qu'il tomba fou amoureux d'une jeune femme, qui devint sa première épouse, la mère de son enfant, et qu'elle était la fille du médecin nazi qui a tué sa tante, mais qu'il ne le savait pas et qu'il a découvert cela a posteriori. Un tel concours de circonstances me parait avoir peu de chance d'être réel, mais j'aimerais bien savoir tout de même. S'il y a des spécialistes de Richter ici, je veux bien en savoir plus.

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Fan du cinéma de Robert Benton, ça faisait au moins 25 piges que je voulais voir ce film. La belle copie en bluray qui vient de sortir, et qui magnifique le travail de Nestor Almendros (mon chef-of préféré ever), donne toutes ses lettres de noblesse à ce beau film, étrange thriller downtempo, aux frontières de l'abstraction. Le protagoniste (le toujours génial Roy Scheider) est un psychanaliste dont l'un des patients est retrouvé assassiné. Tout de suite après, une jeune femme (sublime Meryl Streep qui n'a jamais été belle qu'alors, et qui pour une fois n'est pas affublée d'une coupe de caniche royal) prend rendez-vous chez lui, et lui annonce qu'elle fut une collègue et la maitresse du récent défunt. Tout en lui laissant des indices le poussant à penser qu'elle ne serait pas étrangère à sa disparation. Ce que ne va pas tarder à penser la police, la considérant vite comme la principale suspecte. Evoluant dans le milieu des salles de ventes aux enchères et de la psychanalyse, ce film est une vraie réussite car il déjoue tous les codes du genre tout en parvenant à être passionnant. Il est une sorte de Basic Instinct avec 10 ans d'avance. C'est d'ailleurs une évidence que Verhoeven l'a vu et s'en est beaucoup inspiré pour tourner son chef-d'oeuvre.
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@groil_groil : Je n'ai pas vu Petite Maman de Sciamma, mais j'ai l'impression que le principe est le même que celui du film de Mysius, non ?
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asketoner a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:46
@groil_groil : Je n'ai pas vu Petite Maman de Sciamma, mais j'ai l'impression que le principe est le même que celui du film de Mysius, non ?
oui.
Quel calvaire Petite Maman, un des pires trucs vus dans ma vie...
En fait, c'est la même chose, mais Sciamma n'en fait strictement rien. C'est une gamine qui rencontre sa mère quand elle avait le même âge qu'elle.
Je ne souhaite à personne de devoir endurer ce calvaire.
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Oranges sanguines, Jean-Christophe Meurisse

Ca m'a beaucoup fait penser à Elle est des nôtres de Siegrid Alnoy, par cette manière de faire du cinéma avec des pratiques qui sont clairement celles du théâtre (contemporain, et plutôt d'avant-garde). Jean-Christophe Meurisse a créé la compagnie des Chiens de Navarre, et ça se voit - mais dans le bon sens du terme. Il fait son film sans rêver à Coppola ou Pialat ou Weerasethakul, sans devoir rendre des comptes en fait, et ça donne quelque chose de très neuf : qu'il s'agisse de la longueur de certaines séquences de discussion (la parole est vraiment le coeur de la plupart des scènes ; et pas seulement ce qui est dit : mais surtout comment ça se dit (le personnage du ministre de l'économie est une étude de Bruno Le Maire saisissante)), de la façon de concevoir un récit (avec plein de petits bouts de trucs qui se rejoignent pour former une impression générale, un état de la société), ou de la noirceur même de ce récit (rarement vu une comédie aussi terrible). Oranges sanguines vient faire le portrait de l'impasse généralisée, de la division et la haine qui circule dans la société actuelle, avec, d'abord, un humour grandiose, et puis, peu à peu, une lucidité qui a outrepassé la terreur.
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asketoner a écrit :
lun. 5 sept. 2022 11:01
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Oranges sanguines, Jean-Christophe Meurisse

Ca m'a beaucoup fait penser à Elle est des nôtres de Siegrid Alnoy, par cette manière de faire du cinéma avec des pratiques qui sont clairement celles du théâtre (contemporain, et plutôt d'avant-garde). Jean-Christophe Meurisse a créé la compagnie des Chiens de Navarre, et ça se voit - mais dans le bon sens du terme. Il fait son film sans rêver à Coppola ou Pialat ou Weerasethakul, sans devoir rendre des comptes en fait, et ça donne quelque chose de très neuf : qu'il s'agisse de la longueur de certaines séquences de discussion (la parole est vraiment le coeur de la plupart des scènes ; et pas seulement ce qui est dit : mais surtout comment ça se dit (le personnage du ministre de l'économie est une étude de Bruno Le Maire saisissante)), de la façon de concevoir un récit (avec plein de petits bouts de trucs qui se rejoignent pour former une impression générale, un état de la société), ou de la noirceur même de ce récit (rarement vu une comédie aussi terrible). Oranges sanguines vient faire le portrait de l'impasse généralisée, de la division et la haine qui circule dans la société actuelle, avec, d'abord, un humour grandiose, et puis, peu à peu, une lucidité qui a outrepassé la terreur.
:jap:
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groil_groil a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:52
asketoner a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:46
@groil_groil : Je n'ai pas vu Petite Maman de Sciamma, mais j'ai l'impression que le principe est le même que celui du film de Mysius, non ?
oui.
Quel calvaire Petite Maman, un des pires trucs vus dans ma vie...
En fait, c'est la même chose, mais Sciamma n'en fait strictement rien. C'est une gamine qui rencontre sa mère quand elle avait le même âge qu'elle.
Je ne souhaite à personne de devoir endurer ce calvaire.
:lol: c'était peut-être le brouillon des Cinq Diables que Sciamma a récupéré ni vu ni connu :D
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asketoner a écrit :
lun. 5 sept. 2022 11:03
groil_groil a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:52
asketoner a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:46
@groil_groil : Je n'ai pas vu Petite Maman de Sciamma, mais j'ai l'impression que le principe est le même que celui du film de Mysius, non ?
oui.
Quel calvaire Petite Maman, un des pires trucs vus dans ma vie...
En fait, c'est la même chose, mais Sciamma n'en fait strictement rien. C'est une gamine qui rencontre sa mère quand elle avait le même âge qu'elle.
Je ne souhaite à personne de devoir endurer ce calvaire.
:lol: c'était peut-être le brouillon des Cinq Diables que Sciamma a récupéré ni vu ni connu :D
:lol: :lol: :lol: :lol:
l'entre-soi qui vire à la consanguinité.
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yhi
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le film propose un paradoxe temporel, qui soustend l'ensemble, j'entends que sans ce paradoxe temporel il n'y a pas de film (...) Donc qu'est-ce qui justifie ce paradoxe temporel ? il manque la cause, le déclencheur, il n'est ici qu'un ouroubouros, serpent se mordant la queue continuellement, mais qui ne tient pas debout
Justement il n'y a donc pas de paradoxe. C'est bizarre comme critique. C'est s'il y avait eu paradoxe qu'il y aurait un trou (inexplicable par nature).


Et il y a une grande différence entre le film de Sciamma et le film de Mysius. Le second se construit comme un puzzle temporel avec un aspect thriller et une touche de fantastique. D'ailleurs au contraire de "trous" un reproche que je ferais au film c'est plutôt de trop remplir. Il se contente de dérouler les pièces du puzzle alors qu'on a déjà saisi le motif global depuis un moment (par exemple tout le passage du concours de gym et de l'incendie, j'en vois vraiment pas l'intérêt. La plan d'ouverture suffisait amplement).
Dans le film de Sciamma il s'agit de reconstruire un complicité mère fille en effaçant la différence d'âge. Le procédé est vaguement similaire (bien qu'ils convoquent des imaginaires assez différent, plutôt le merveilleux chez Sciamma et la sorcellerie chez Mysius) mais pas du tout utilisé dans le même but.
Modifié en dernier par yhi le lun. 5 sept. 2022 21:37, modifié 1 fois.
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asketoner
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groil_groil a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:40
Tourné en numérique dégueu, le film adopte une image cramée, sursaturée, d'une grande laideur et qu'on croyait abandonnée au mi-temps de la décennie 2000.
Par contre je viens de lire que le film a été tourné en 35mm.
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groil_groil
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asketoner a écrit :
lun. 5 sept. 2022 16:55
groil_groil a écrit :
lun. 5 sept. 2022 10:40
Tourné en numérique dégueu, le film adopte une image cramée, sursaturée, d'une grande laideur et qu'on croyait abandonnée au mi-temps de la décennie 2000.
Par contre je viens de lire que le film a été tourné en 35mm.
oui moi aussi, après avoir écrit ça. j'hallucine. Et surtout comment on peut saloper une pellicule ainsi ? :D
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asketoner
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Apnée, Jean-Christophe Meurisse

Trois personnages qui ne croient pas à l'ordre du monde. Ni au travail, ni au couple, ni aux parents, ni à l'héritage, ni à la police : rien n'a de prise sur eux. Ils essaient, mais ça dévie à chaque fois - puis ça s'effondre carrément. Apnée, c'est les Valseuses d'aujourd'hui, ou L'An 01 : une utopie qui commence par hasard et ne finit jamais vraiment, la persistance d'un esprit réfractaire.
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C'est curieusement le seul film d'AZ que je n'avais pas encore vu. Sans raison particulière, je l'avais simplement raté en salle, acheté en dvd ensuite et pas pris le temps de le voir encore... C'est désormais chose faite, et je ne regrette pas car le film est une merveille, l'un de ses plus beaux. Pourtant ça part de pas grand chose, le postulat est simple, c'est l'histoire d'une famille qui lutte en vain contre une procédure d'explusion destinée à la destruction de leur maison en bord de mer pour que le maire puisse y construire on ne sait quoi de juteux à la place. De l'épouse qui couche avec l'avocat censé les défendre, copain de régiment du mari. Du mari qui après un coup de sang finit par pardonner à son épouse. De l'enfant, né d'un premier mariage, qui lui ne pardonne pas et qui peine à trouver sa place dans cette famille. D'un maire, impitoyable escroc, comme le pays peut en produire à la pelle. Et de toutes les conséquences tragiques que ces situations peuvent engendrer, et engendrons fatalement. Car avec ces éléments relativement simples, AZ crée une grande fresque intime qui est à la fois construite comme une tragédie grecque et comme un amer et sanglant constat de l'état du délabrement de son pays sous l'ère Poutine (on connait la suite). Et au beau milieu de cette tragédie, échoué au milieu de nulle part, en plein no mad's land, un squelette gigantesque qui semble être celui d'une baleine, mais qui, au vu du titre du film, ne peut être que celui d'un Léviathan, animal légendaire, monstre marin dont il est dit dans différents écrits religieux que c'est un animal revolté contre le Créateur et que celui-ci détruit...
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Deux jeunes types deviennent amis pour la vie en première année de droit. Brillants tous les deux, ils se font engager par un Sénateur, aiment la même femme, et leur rivalité va casser leur amitié, notamment parce qu'un des deux (Cusack) est d'une ambition telle qu'il est prêt à piétiner son ami pour arriver à devenir sénateur lui aussi. Mais l'autre (Spader) le trahira aussi. Herbert Ross s'essaie ici à plusieurs genres à la fois : le film politique, le film d'ascension et de réussite sociale et professionnelle (genre si cher aux Américains) et le film d'amitié. Les trois se mélangent parfaitement bien, et si le film n'est pas toujours passionnant, on doit à Ross, cinéaste considéré comme mineur mais que personnellement j'aime beaucoup, de, comme à chaque fois, parvenir à distiller une châleur, une connivence entre ce qu'il filme et son spectateur. Ses films diffusent toujours un sentiment de proximité qui est pour moi la grande valeur de celui-ci par exemple, aidé bien sûr par la performance de ses deux acteurs.

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C'est dur à dire, mais l'inconscient cinéphile limite le genre péplum à deux territoires : l'Italie et les USA. Du coup, voir un péplum narrant la fin de vie du Christ jusqu'à la cruxifiction et la résurrection, en français, dans les années 30, avec Gabin en Ponce Pilate ou Harry Baur en Hérode, et des actrices qui semblent sortir de chez Pagnol et qui rejouent la Passion du Christ avec le petit accent chantant typique des actrices de cette époque, ça fait forcément bizarre, et on a beaucoup de mal à y croire. Mais, il faut quand même reconnaitre que Duvivier se donne du mal, que sa reconstitution est assez exemplaire, extrêmement ambitieuse, dans ses décors (tout fut tourné dans les studios de Boulogne Billancourt et on a du mal à y croire), et dans le nombre impressionnant de figurants, et dans le choix extrêmement perspicace de Robert le Vigan, absolument parfait - lui - pour interpréter Jésus Christ.
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sokol
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groil_groil a écrit :
mar. 6 sept. 2022 13:42
De l'épouse qui couche avec l'avocat censé les défendre, copain de régiment du mari. Du mari qui après un coup de sang finit par pardonner à son épouse. De l'enfant, né d'un premier mariage, qui lui ne pardonne pas et qui peine à trouver sa place dans cette famille. D'un maire, impitoyable escroc, comme le pays peut en produire à la pelle.
Si je me souviens : le seul personnage qui est filmé avec de la compassion c'est le couple des voisins qui récupère le petit - si ma mémoire est bonne !!).
Chaque fois qu'on évoque un de ses films ce qui me vient à l'esprit c'est que il y a peu de cinéastes qui moulent à se point ses personnages comme Zvyagintsev :D

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"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil
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sokol a écrit :
mer. 7 sept. 2022 17:13
groil_groil a écrit :
mar. 6 sept. 2022 13:42
De l'épouse qui couche avec l'avocat censé les défendre, copain de régiment du mari. Du mari qui après un coup de sang finit par pardonner à son épouse. De l'enfant, né d'un premier mariage, qui lui ne pardonne pas et qui peine à trouver sa place dans cette famille. D'un maire, impitoyable escroc, comme le pays peut en produire à la pelle.
Si je me souviens : le seul personnage qui est filmé avec de la compassion c'est le couple des voisins qui récupère le petit - si ma mémoire est bonne !!).
Chaque fois qu'on évoque un de ses films ce qui me vient à l'esprit c'est que il y a peu de cinéastes qui moulent à se point ses personnages comme Zvyagintsev :D

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ça c'est ce que tu crois te souvenir en bon détracteur de Zviaguintsev que tu es :D mais en fait non, je trouve qu'il y a beaucoup de compassion pour filmer la famille centrale également la femme, l'homme et le fils, au même niveau que le couple d'amis que tu évoques.
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Tamponn Destartinn
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Globalement d'accord avec la critique de groil. Sauf sur un point : l'image, que je trouve belle dans son genre. Je ne savais pas si c'était tourné en pellicule ou avec un de ses caméras numériques actuelles qui tentent de simuler au max le grain pellicule, mais je ne suis donc pas étonné de la réponse.
Bref. Le problème pour moi est que le film ne va jamais vraiment au bout de ses idées. Déjà une question simple : pourquoi dans le présent, la soeur ne reconnait pas la gamine ? et si l'idée est qu'en fait si, pourquoi ce choix de ne créer aucune vraie interaction entre elles ? On peut rétorquer que ce n'est pas ce qui intéresse la réalisatrice. Mais à la place, concrètement, elle nous propose l'enquête d'une petite fille qui va se contenter de rester totalement passive malgré son pouvoir, tout ça pour nous amener à une résolution ultra balisée et évidente dès le premier flash back. C'est ennuyant, parce que l'aspect fantastique parait du coup traité par dessus la jambe, il est un simple prétexte pour parler de sujets plus "humains" : les regrets de choix de vie, la peur d'une petite fille de ne pas être le centre de gravité de sa mère... Qui sont des sujets très intéressants au demeurant, mais l'erreur est de penser qu'il n'est pas possible de bien faire les deux. Pour moi, le résultat est que le film est désincarné (Malgré le talent de l'ensemble du casting féminin). Je reviens sur ma question du début, mais à nouveau, ne jamais vraiment confronter la soeur à la gamine dans le présent est pour moi une forme de lâcheté. Un désir de jouer sur les non dits, pour paraitre subtil, bourrés de sous-textes, mais qui au final n'aboutit qu'à des trous de scénario aberrant et un mépris du fantastique. Le tout probablement pour plus se concentrer sur ce que disent les images, la mise en scène... qui paradoxalement m'a fait plus fait penser à un style de mise de scène de séries récentes arty - ou du moins applaudit par la critique - que du cinéma.
Je suis ultra dur, mais à côté de ça, je n'arrive pas à détester le film. Je l'apprécie même pas mal pour certaines de ses scènes, que je trouve forte individuellement, hors contexte. Ca se voit d'ailleurs au niveau de sa place dans mon top 2022, où il n'est pas si mal placé.

pour @groil_groil :
(comme l'a dit groil, la proximité avec les 7 vies de Léa doit me perturber)
D'ailleurs, pour te répondre, groil : je suis sûr à 98% que Léa Mysius n'avait jamais entendu parler du roman et de l'idée de son adaptation avant de se lancer dans ce film. Le scénario était écrit avant le covid, le tournage a été décalé à cause de ce dernier. Le bouquin est sorti en 2018, il a pas bcp fait parlé de lui et je vais pas mentir : il est nul. La série s'est écrite en s'éloignant du bouquin, en ne gardant que son principe fantastique, qui n'a rien d'original. Y a pas l'idée que le malheur de l'un créé la naissance de l'autre, par exemple. Ca c'est la série qui l'a inventé. Donc, je crois que c'est une coincidence. D'ailleurs, une sorte de preuve à mes yeux : les 5 Diables est encore plus proche d'une des idées pour la saison 2 des Vies de Léa, imaginée sans l'appui du bouquin. Saison 2 qui n'existera pas finalement, mais qu'importe, la proximité des idées (mais la différence absolue de ce qu'en fait ici Léa Mysius) m'a très étonné. Ce sont peut être juste des effets de mode narratifs et thématiques, dont on n'a pas conscience, au même titre que le retour en force du sac banane que personne n'a vu venir :D



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Tiens, ben voila un contre exemple parfait d'un film qui a aussi des trous de scénario dans sa logique interne, mais qu'est-ce qu'on s'en fout pour le coup, tellement à côté il s'éclate au maximum avec son concept. Le revers de la médaille est un sentiment de trop, rendant l'ensemble indigeste.
Mais il y a un vrai truc à défendre dans cette déclaration d'amour évidente au Cinéma, qui n'est pas forcément le cinéma que je préfère, mais ici le fait tellement bien, avec bienveillance et intelligence, que j'accepte totalement de prendre mon pied devant ce film qui n'a pas été fait pour moi.
Faut que j'aille me coucher, là, j'ai perdu trop de temps sur la critique des 5 diables. Mais j'essaierais d'y revenir une autre fois, ça le mérite.
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 9 sept. 2022 00:58
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pour @groil_groil :
(comme l'a dit groil, la proximité avec les 7 vies de Léa doit me perturber)
D'ailleurs, pour te répondre, groil : je suis sûr à 98% que Léa Mysius n'avait jamais entendu parler du roman et de l'idée de son adaptation avant de se lancer dans ce film. Le scénario était écrit avant le covid, le tournage a été décalé à cause de ce dernier. Le bouquin est sorti en 2018, il a pas bcp fait parlé de lui et je vais pas mentir : il est nul. La série s'est écrite en s'éloignant du bouquin, en ne gardant que son principe fantastique, qui n'a rien d'original. Y a pas l'idée que le malheur de l'un créé la naissance de l'autre, par exemple. Ca c'est la série qui l'a inventé. Donc, je crois que c'est une coincidence. D'ailleurs, une sorte de preuve à mes yeux : les 5 Diables est encore plus proche d'une des idées pour la saison 2 des Vies de Léa, imaginée sans l'appui du bouquin. Saison 2 qui n'existera pas finalement, mais qu'importe, la proximité des idées (mais la différence absolue de ce qu'en fait ici Léa Mysius) m'a très étonné. Ce sont peut être juste des effets de mode narratifs et thématiques, dont on n'a pas conscience, au même titre que le retour en force du sac banane que personne n'a vu venir :D


:jap: :jap: :jap: :D
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cyborg
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L'été fut peu propice au visionnage de film, et encore moins à continuer ma découverte du cinéma indien. La rentrée (et les grands trajets en train qui l'occupent) me permet de continuer la chose. Reprise avec un des réalisateurs indiens le plus connu en occident aux côtés de Satyajit Ray : Guru Dutt.
Un jeune poète sacrifie famille, amour et travail au nom de ses idéaux artistiques... qui iront jusqu'à lui couter la vie, ou presque : la fin du film, totalement christique étant aussi incroyable qu’inattendue.
Tourné en 1957, le film est tout à fait raccord avec le style hollywoodien classique que Guru Dutt s'est parfaitement approprié. La mise en scène est d'une précision folle et magnifie le film qui n'a rien à envier à certains noms aux quels on ne peut pas s’empêcher de songer (Citizen Kane ou Casablanca par exemple). La spécificité indienne des scènes chantées, ici utilisés avec une certaine parcimonie et plutôt à bon escient (beaucoup de "lecture de poème" du héros) sont elle aussi excellente et rivalisent avec les comédies musicales américaines de l'époque.
Guru Dutt joue également le rôle principal du film, renforçant la vision idéaliste du film, faisant de l'art et des relations humaines les points les plus importants de la société. C'est notamment "Toute une nuit sans savoir", le documentaire magnifique de Payal Kapadia sorti début 2022, qui m'a donné envie d'en savoir plus sur le cinéma indien. Pyaasa portait déjà en lui les germes des mêmes problématiques, faisant de l'amour, l'art et la politique les composants du même problème. Épatant


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Nostos – Il ritorno - Franco Piavoli

Je crois que j'apprécie beaucoup les adaptations libres des plus grands mythes, récits, romans, peuplant nos imaginaires et qui n'ont, presque, plus besoin d'être racontés. Cela donne souvent des films étranges, surprenant, magnifiquement décéptifs et qui nous emmènent loin de ce dont le cinéma classique oserait à peine rêver. Je songe par exemple à "Tu imagines Robinson" de Jean-Daniel Pollet ou encore aux premiers films d'Albert Serra (Honor De Cavaleria, Le Chant des Oiseaux...). Nostos - Il Ritorno s'inscrit pleinement dans cette catégorie. Adaptation libre, quasi muette, de l'odysée d'Ulysse, laissant toute la place à la nature et aux éléments parmis lesquels le héros et ses compagnons reprennent leurs dimensions minuscules. La forme est très libre, ample et déliée, frisant parfois un certain kitsch, mais dont l'énergie d'ensemble ne manque pas de séduire. Asketoner je sais que tu m'as dit ne pas aimer ce Piavoli, pour ma part il me réconcilie avec l'auteur (je crois que c'est vraiment le type d'oeuvre que j'avais envie de voir après une longue journée de voyage et de travail) alors que son premier regardé, Voices Through Time, m'avait plutôt refroidit.



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Au fin fond du Laos, un grand lac est le théâtre de deux histoires qui finissent par s’entremêler. D'un côté un entrepreneur chinois veut y construire une série de "resorts" et société de bateaux touristiques. Ce business mettrait en péril une petite société familiale implantée sur ce même lac depuis des générations... L'entrepreneur, amoureux de la gestionnaire de cette petite affaire, hésitera à démarrer son projet. De l'autre débarque un homme, la soixantaine, venu chercher sa femme. Celle-ci l'a quitté il y un an pour venir trouver un nouvelle vie sur une petite ile de ce lac.
Kiyé-Simon Luang présente en toile de fond un Laos tiraillé entre son passé colonial et une sorte de néo-colonialisme économique. En avant plan, des sentiments amoureux qui se cherchent, parfois sans aboutissement. Le film est plein d'intentions très lisibles mais qui se concrétisent trop rarement pour être convaincantes. L’œuvre se rêve plus grande qu'elle ne l'est véritablement (ces corps sur fond noir font vaguement songer aux India Songs durasienne, l'acteur principal quant à lui est un sous-JP Léaud, etc...) et cette volonté de tout montrer de façon totalement détachée finit par être pénible, provoquant une assoupissante torpeur chez le spectateur. Les paysages magnifiques du Laos, très présents, ne suffiront par à sauver le tout. Ni bon ni véritablement mauvais, le film est avant tout totalement inoffensif et sera oublié à peine terminé. J'ai tenté le lendemain un moyen-métrage présent sur le dvd, "Tuk Tuk", mais je n'ai pas tenu plus de 20 minutes, les carences étant exactement les mêmes.

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Pierre Pinoncelli, l'artiste à la phalange coupée - Virgile Novarina

Pinoncelli est essentiellement connu, par une tranche très petite des amateurs d'art contemporain et absolument personne du reste de la population, pour avoir uriné et endommagé l’urinoir de Duchamps... deux fois ! (au carré d'art à Nîmes dans les années 90, puis début 2000 au centre Pompidou). Évènement génialement scandaleux, il dissimule le reste de sa pratique artistique, que ce documentaire retrace consciencieusement. Stylistiquement, pas grand chose à sauver sur cette accumulation de documents et témoignages, bien que l'assemblage soit suffisamment adroit pour que les 75 minutes se déroulent sans ennui. La grande valeur du film est plutôt dans le portrait qu'il dresse de cet artiste iconoclaste et tristement méconnu, originaire de l'école dit "de Nice" et qui contrairement à d'autres (Ben, par exemple, qui vient témoigner ici, et qui a vendu son âme au diable depuis longtemps) portera toute sa vie une pratique radicale et cohérente. Bravo à lui et paix à son âme.
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groil_groil
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Le cinéaste suit pendant près de 5 ans une bande de lycéens, les filme de très près, et les observe, les voit grandir, s'interroger sur le monde, sur l'amour, sur l'avenir. Le film de près de 4 heures est un savant travail de montage, car il parvient à rendre compte de grands blocs de temporalités et ne donne pas du tout l'impression de réaliser une performance. Le film n'est pas sans défauts, ni sans longueurs, mais l'ensemble est d'une telle force, d'une telle beauté, et nous donne à voir des adolescents dans toute leur compléxité avec un tel souci de réalité, que je ne peux qu'être emporté par l'ampleur du projet. J'aime beaucoup l'idée que Trueba ne choisisse jamais entre le documentaire et la fiction, sans que le spectateur ne sache jamais vraiment ce qu'il est en train de voir, sans que cela ne le gène, mais pire encore, sans qu'il ne se pose jamais la question de devoir trancher entre les deux, la force du cinéma l'emportant sur cette catégorisation.

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Alors oui, il y a des choses intéressantes et prometteuses dans ce que Peele met ici en place, nous promettant une grande histoire de visite extraterrestre hostile, mais le cinéaste pète malheureusement (pour la première fois) plus haut que son cul, en enrobant tout ça dans un concept foireux à fins intellectuelles complètement stérile, un peu, comme l'a si bien dit Antoine ou Sokol, je ne sais plus, comme si c'était Tarantino qui se prenait pour Haneke. Du coup, ça ne démarre jamais vraiment, et on doit se contenter d'une fable dont le sens n'est jamais donné, et je pense sincèrement qu'il n'y en a pas. Bien évidemment les messages du film sont ultra visibles : la puissance négative du tout-image et la maltraitance faite aux animaux, mais on ne fait pas un film avec des intentions, si louables soient elles. Au final, il ne reste plus que cette soucoupe qui fait des arabesques dans le ciel, et on a l'impression que Peele n'a fait le film que pour pouvoir se prendre pour Christo.

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C'est tellement mal raconté, mal mis en scène, que je n'ai absolument rien compris. J'ai tenu en tout et pour tout 20mn, et ce en m'y reprenant à deux fois.

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J'ai voulu le revoir car j'avais le souvenir d'un film très moyen, mais il est souvent super bien considéré par les fans du cinéaste. Bilan : c'est un film moyen. Assez bas du front, et qui manque sans doute de profondeur dans son traitement du sujet, préférant déployer un caractère bourrin (on imagine facilement la merveille qu'aurait pu tirer Cronenberg d'un script pareil).

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Je voulais montrer L'Empire contre-attaque à mon gosse, mais il n'a tellement pas aimé le 1er qu'il n'a pas voulu continuer... On s'est donc rabattu sur ce classique teenage 80's que je n'avais jamais vu. Ca ne vaut certainement pas la petite réputation que le film a et qui le fait perdurer, mais on va dire que c'est mignon et bon enfant.

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L'histoire vraie et terrifiante d'un gamin au début du 20ème siècle à qui personne n'a jamais vraiment expliquer la différence entre Eros et Thanatos, et qui s'empêtre sans cesse dans des sentiments les plus contradictoires, mû depuis la tendre enfance par des pulsions meurtrières d'une grande violence. Je n'en raconte pas plus pour préserver un peu de "suspense" narratif, mais ce premier film est un très grand film, d'une grande rigueur d'écriture et de mise en scène, qui incite à surveiller ce Vincent Le Port de très près. Son film est basé sur les entretiens entre un docteur psychologue de l'époque (le toujours excellent Jean-Luc Vincent) et le jeune homme après qu'il soit passé à l'acte et avant qu'il soit jugé (nous sommes avant la première guerre mondiale), récits ouvrants sur des flashes-back extrêmement bien menés et relatant à la première personne la vie et les tourments du jeune homme. La rigueur et la beauté de la mise en scène du cinéaste s'inspirent de grands noms tels que Bresson ou, plus tard, Dumont, mais sans jamais essayé de les copier ni de les citer, et Bruno Reidal s'impose immédiatement comme le "Pierre Rivière" de son temps.

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Un giallo plaisant, mais plutôt milieu de tableau, accompagné d'une magnifique musique de Stelvio Cipriani.

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Ma relation avec Denis Villeneuve avait bien mal commencée, détestant systématiquement tout film que je voyais de lui. Bon, c'est le cas avec plusieurs cinéastes un peu tape-à-l'oeil, rien de grave, mais je ne pensais pas que ce type puisse faire un film susceptible de me plaire. Et puis, sans me faire changer mon jugement sur les films que je n'aimais pas, j'ai commencé à en voir qui m'ont plu. Tout d'abord son remake de Blade Runner aux accents tarkovskiens, et tellement mieux que l'original, et ensuite, surtout, cette énorme claque dans la gueule qu'est Prisonners, chef-d'oeuvre de stress et de tension à la limite du soutenable, mais mis en scène avec une grande intelligence et un respect moral permanent (malgré le sujet borderline). Je savais désormais qu'entre ce type et moi tout était possible, et ça vient en effet de se reproduire avec ce sublime polar tendance narcotrafiquant qu'est Sicario, merveille de mise en scène ultra tendue, et servi par une construction dramatique phénoménale, qui m'a passionné du premier au dernier plan et laissé sur le cul. J'ai encore une petite préférence pour Prisonners, mais celui-ci est franchement du même niveau. Magnifique. D'ailleurs, Villeneuve n'est pas impliqué dans la suite de ce film mais Del Toro et Brolin si, d'où ma question : avez-vous sa suite, et vaut-elle quelque chose ? merci !
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Tyra
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Groil vient de me couper l'herbe sous le pied, j'ai vraiment peu de choses à ajouter à ce qui vient d'être dit. C'est le type de film où l'on est constamment poussé à l'exégèse, à chercher le sens qu'à voulu mettre le metteur en scène, au détriment du pur spectacle qu'on a sous les yeux. Le film ne marche pas non plus à ce niveau là malgré quelques belles séquences assez fulgurantes, voir horrifiques (les pauvres spectateurs en train d'être digérés, gloup), trop brouillon, confus, j'en viens à regretter la simplicité et la tenue d'un Carpenter par exemple, qui savait s'en tenir à quelques idées pour construire tout un film autour. Et puis, je n'arrive pas à croire à ce message contradictoire sur la prédation du grand spectacle, des images qui dévorent, etc... J'ai l'impression que c'est posé comme caution auteurisante, intellectuelle, mais que rien dans le film ne nous pousse à nous positionner devant ce lourd "message".

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J'ai beaucoup aimé, même si dans sa première partie la multiplication de lourdes scènes dialoguées s'avère assommante. Comme souvent dans le cinéma iranien, il s'agit de prendre des particularités sociétales pour créer du récit et du conflit. Mais contrairement au cinéma d'un Farhadi, ici les personnages sont moins prisonniers de coups de forces scénaristiques et arrivent à exister pour eux même. C'est la grande force du film, avec son humour et son ironie. Et aussi, sa rage. Je ne vais pas refaire le débat, mais on est loin ici du "tout le monde a ses raisons".
C'est assez balzacien en fin de compte, le père pourrait faire partie de cette galerie de pères presque maléfiques tant ils conspirent, par leur petitesse et leur avarice, à détruire la vie de leurs enfants (les pères Grandet ou Séchard dans Illusions perdues par exemple).
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yhi
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groil_groil a écrit :
lun. 12 sept. 2022 10:22
Avez-vous sa suite, et vaut-elle quelque chose ? merci !
Je ne sais pas si tu as déjà vu des films de Sollima ? C'est un bon metteur en scène d'action mais ça s'arrête là globalement. Et cette suite, bien qu'elle se laisse parfaitement regarder souffre du syndrome d'avoir voulu refaire la même chose mais en moins bien.
Si tu places t'es espoirs à la hauteur du premier tu risques d'être déçu, mais si tu baisses les attentes en la regardant comme un polar sympathique, ça passe.
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yhi a écrit :
lun. 12 sept. 2022 21:44
groil_groil a écrit :
lun. 12 sept. 2022 10:22
Avez-vous sa suite, et vaut-elle quelque chose ? merci !
Je ne sais pas si tu as déjà vu des films de Sollima ? C'est un bon metteur en scène d'action mais ça s'arrête là globalement. Et cette suite, bien qu'elle se laisse parfaitement regarder souffre du syndrome d'avoir voulu refaire la même chose mais en moins bien.
Si tu places t'es espoirs à la hauteur du premier tu risques d'être déçu, mais si tu baisses les attentes en la regardant comme un polar sympathique, ça passe.
:jap: parfait, merci !
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Tyra a écrit :
lun. 12 sept. 2022 14:35
C'est le type de film où l'on est constamment poussé à l'exégèse, à chercher le sens qu'à voulu mettre le metteur en scène
J'ai aimé le film ni plus ni moins que toi mais force est de constater que ce genre de constat, ne lui rend qu’hommage. Vu le nombre des films (95%) où le sens n'est même pas la peine d’être chercher, "Nope" sort largement du lot
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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groil_groil
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Jean-Luc est mort :( :( :(
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Mr-Orange
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groil_groil a écrit :
mar. 13 sept. 2022 10:16
Jean-Luc est mort :( :( :(
Oh non :sweat:
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groil_groil
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Thomas se rêvait grand journaliste mais il travaille au Courrier Picard, et n'écrit que sur des freaks locaux. Un jour, sa rédaction lui demande un portrait du chanteur Usé, élu récemment personnalité de l'année du journal, pour s'être présenté aux éléctions municipales en créant le Parti Sensible (un parti poétique, rêveur et déconnant) ayant récolté 2,2% des voix (tout ceci est vrai). Thomas rencontre donc Usé (le vrai, qui joue son propre rôle) et le temps d'une soirée ils deviennent amis. Mais lors de cette première soirée arrosée, ils découvrent un cadavre ensanglanté dans une ruelle d'Amiens. Avant qu'ils n'aient pu réagir, celui-ci ce réveil, et le duo devient trio, accompagné d'un mort-vivant plutôt sympatique même s'il vomit en continu et qu'il ne peut rester en vie que si Thomas est à proximité. Le groupe se trouve donc lié, et celui-ci s'agrandit avec la petite soeur du mort, qui elle est bien vivante, et qui va constituer le dernier pilier de ce quatuor de Pieds Nickelés, que Sébastien nous invite à suivre dans un road movie Picard ultra politisé, de toute évidence le film le plus politique de Sébastien, et avec tant d'acuité, d'humour et de violence, que le film peut presque se lire comme un manifeste politique. Mais toute l'intelligence de la mise en scène fait que le film ne se limite évidemment pas à ça, et qu'il opère un délicieux croisement, un savoureux mélange de carpe et de lapin, entre le film d'auteur, la comédie populaire (les Pierre Richard / Gérard Depardieu de notre enfance ne sont pas si loin) et le film fantastique gore (Evil Dead est cité comme une des influences possibles du film par le cinéaste). C'est un film d'une grande liberté, qui m'a fait parfois pensé à Guiraudie (toutes proportions gardées car les obsessions et thématiques de Betbeder sont toujours omniprésentes), et qui marque clairement un virage dans l'oeuvre du cinéaste. Outre l'excellence des comédiens, je voulais aussi revenir sur la beauté de l'image (superbe travail du chef-op) et surtout, le choix du format, un magnifique cinémascope (je crois que c'est la première fois chez le cinéaste) qui donne une nouvelle dimension à son univers foisonnant.

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J'ai, devant Vortex, compris un truc pourtant super évident. Le cinéma de Gaspar Noé est en fait un cinéma qui se limite à deux ou trois idées fortes, des concepts, des postulats, qui sont posés d'emblée, de manière affirmée, qui sont imposés au spectateur et qui étouffent le film, permettant au cinéaste d'ensuite le combler de vide, le remplir de quoi ?, tout le monde s'en fout puisqu'on ne suit plus que le/s concepts. Ici, par exemple de quoi s'agit il ? je dirais qu'il y en à trois : Un thématique : la vieillesse et la mort. Un procédé technique (je n'ose dire de mise en scène) : split-screen permanent, la prouesse technique consistant simplement à ne jamais cadrer la seconde caméra, puisque l'une cadre l'homme, l'autre la femme - on a parfois le fils qui entre dans le champ et vient l'espace d'un instant brouiller la dualité). Et le troisième est le surgissement dans l'écran d'un élément hypertextuel à forte connotation symbolique : Dario Argento, qui joue le rôle principal; et en lui donnant, Noé sait très bien ce qu'il fait, c'est au-delà de s'inscrire dans son sillage, c'est plutôt comme souscrire une assurance-vie, un geste qui rendra presque son film inattaquable. Sinon, passé ce triple concept, le film est un long tunnel d'ennui de 2h22, il ne s'y passe rien ou presque, on suit deux vieux, elle est atteinte d'Alzeihmer, lui écrit un livre sur le cinéma et a une vieille maitresse, le fils (Lutz qui est très bien) veut les placer en maison, ils refusent, le fils est divorcé, un enfant, et en plus il se drogue, c'est mal, finalement c'est le père qui meurt en tombant, et la mère se suidice au gaz, crémation, fin de split-screen. Ce n'est, contrairement au récent Climax, jamais insupportable à regarder, mais c'est à peu près aussi chiant qu'une visite à l'hospice pour voir pépé et mémé.
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sokol
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Jean-Marie Straub
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Mr-Orange
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sad

sokol a écrit :
mar. 13 sept. 2022 10:59
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Narval
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Navré pour Godard qui était encore bien actif malgré ses 91 ans !
Et tout autant pour Tanner qui est décédé il y a 2 jours et dont on parle moins :/ espérons qu'il reçoive un rétro digne de ce nom et des sorties dvd pour toutes ses œuvres !
La Suisse a perdu ses 2 plus grands.
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sokol
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Narval a écrit :
mar. 13 sept. 2022 22:04
Navré pour Godard qui était encore bien actif malgré ses 91 ans !
Et tout autant pour Tanner qui est décédé il y a 2 jours et dont on parle moins :/ espérons qu'il reçoive un rétro digne de ce nom et des sorties dvd pour toutes ses œuvres !
La Suisse a perdu ses 2 plus grands.
à croire que Godard a été jaloux du départ de l'autre suisse (donc de Tanner) pour lequel il avait une grand estime et... il s'est dépêché de partir
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groil_groil
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Père de famille fatigué, M. Hobbs (James Stewart égal à lui-même, qui cabotine juste ce qu'il faut) souhaite partir en vacances seulement avec sa femme, afin de se retrouver et de revivre une lune de miel des décennies plus tard, mais elle a loué une maison en bord de mer où ils partent avec leurs 4 enfants (dont les deux grandes filles mariées et elles-mêmes mères), plus plein d'autres gens qui vont se rajouter à la liste. La maison en question est belle et bien située idéalement, directement sur le sable, mais dans un état vétuste, délabré, où rien ne fonctionne (dans le meilleur des cas). Ces vacances souhaitées idéales, vont se transformer en un épuisant capharnaüm, et un bel enchainement de catastrophes. ça fait presque plaisir de voir Stewart ailleurs que dans un chef-d'oeuvre absolu, et de constater qu'il est tout aussi à l'aise dans un rôle humoristique (comme une sorte de De Funès élancé et plus élégant) dans une comédie américaine familiale certes dispensable, mais ô combien charmante et agréable et dont l'habillage pop début 60's rappelle un film comme Le Sport Favori de l'Homme.
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groil_groil
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J'avais envie depuis quelques temps de revoir certains Godard, évidemment l'annonce de son décès n'a fait que précipiter cette envie. Je n'ai jamais trouvé lâche ni opportuniste cette envie récurrente qu'on les gens d'aller acheter les disques d'un chanteur qui vient de mourir ou de vouloir tout de suite revoir les films d'un cinéaste récemment décédé. Je trouve même que ça relève d'un beau sentiment, comme si on voulait effacer l'idée de cette disparition en ayant l'artiste au plus près de nous, ou encore comme si on voulait lui dire qu'on l'aime, ou qu'on essaie de se racheter de ne pas lui avoir assez dit (en vérité de ne se l'être pas assez dit à soi-même) qu'on l'aimait de son vivant. Bref, parmi cette liste de Godard que je souhaite revoir, il y avait Passion, dont je ne me souvenais que vaguement et que je n'avais pas revu depuis les années Fac. Déjà, grosse surprise, en fait je n'avais jamais vu le film ! Je le confondais avec "Scénario du Film Passion", un film que j'adore et qui est une sorte d'appendice (mais qui vaut bien plus que cela) à Passion et dans mon souvenir je pensais qu'il s'agissait de Passion. Bref, j'ai donc découvert Passion avec beaucoup d'intérêt. Nous sommes au tout début des années 80, et Godard revient tout doucement, après une période d'expérimentation extrême et très engagée politiquement durant toutes les années 70, à la fiction, au système de production traditionnel (ici c'est la Gaumont, rien que ça) et au gros casting (Huppert, Piccoli, Schygulla, Stévenin...). Mais c'est une fiction qui se cherche encore, et qui est emprunte d'expérimental, dans sa mise en scène bien sûr, mais dans la gestion de tout le reste, le son, le montage, la musique, la narration... Le film est dichotomique et met en relation le travail à la chaine en usine avec l'univers du cinéma. Les ouvriers s'opposent à leur patron comme les acteurs luttent contre leur metteur en scène. Tout ce qui a été appris durant les 70's est bien distillé dans ce cinéma nouveau chez Godard, et qui annonce de très grandes oeuvres à venir sur cette décennie (Sauve qui peut (la vie) (qui est sorti juste avant mais qui participe de cette évolution) et Nouvelle Vague comme les deux grands faits d'arme de cette décennie). Pourtant Passion n'a rien d'un brouillon, c'est un film plein et affirmé, mais il est intéressant de le voir comme l'annonciateur d'une nouvelle forme d'expression cinématographique chez Godard, lui qui s'est toujours réinventé en permanence.
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cyborg
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@groil_groil : oui j'allais dire que "Sauve qui peut..." est son grand retour au cinéma traditionnel, juste avant mais tu le dis dans la fin de ta phrase :D.
Je l'ai revu il n'y a pas si longtemps et il est d'une très grande violence, Godard y est hyper virulent contre le cinéma, dressant un parallèle plutôt avec le proxénétisme. On sent vraiment sa frustration à "devoir" revenir vers cette forme et ce système de création...
Tout cela me donne envie de revoir Passion, dont mon souvenir est flou.
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groil_groil
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cyborg a écrit :
jeu. 15 sept. 2022 10:05
@groil_groil : oui j'allais dire que "Sauve qui peut..." est son grand retour au cinéma traditionnel, juste avant mais tu le dis dans la fin de ta phrase :D.
Je l'ai revu il n'y a pas si longtemps et il est d'une très grande violence, Godard y est hyper virulent contre le cinéma, dressant un parallèle plutôt avec le proxénétisme. On sent vraiment sa frustration à "devoir" revenir vers cette forme et ce système de création...
Tout cela me donne envie de revoir Passion, dont mon souvenir est flou.
:jap: :love2:
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asketoner
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Feu follet, Joao Pedro Rodrigues

Feu Follet est une fantaisie, un amalgame d'idées plaisantes (et certaines excellentes), qui ne cherche jamais à approfondir ou pousser quoi que ce soit, et duquel émane un sentiment joyeux et libre, comme si Joao Pedro Rodrigues en profitait pour faire sauter la raideur habituelle de son cinéma. J'ai des réserves, notamment sur la façon de filmer la danse (on voit les coutures), mais aussi un certain enthousiasme pour cette façon de transformer l'air du temps (le postcolonialisme) en discours amoureux.
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sokol
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cyborg a écrit :
jeu. 15 sept. 2022 10:05
Godard y est hyper virulent contre le cinéma, dressant un parallèle plutôt avec le proxénétisme.
Parfois je me dis que, même si tout est dit, le vrai sujet du cinéma godardien était (tiens, en parle au passé maintenant... ) la prostitution car, au fond de lui-même , il savait bien que le cinéma est la forme la plus haute de la prostitution artistique (ou comme j'aime bien dire d'un façon bien évidemment réductrice, un écrivain n'a besoin que d'un crayon et un papier et, un peintre, de quelques couleurs et d'une toile. Or un cinéaste...).
Donc, même si, le cinéma est LE sujet, derrière CE sujet se cache le "comment il va" (le cinéma). Et il va mal car, il se prostitue.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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asketoner
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Fire of Love, Sara Dosa

Les images tournées par le couple Krafft sont d'une beauté ahurissante, et le film a la bonne idée de les montrer (même s'il les secoue un peu, façon kaléidoscope de merveilles du monde sans queue ni tête - alors que ce sont aussi des images scientifiques, documentaires, pédagogiques). La cinéaste a également l'idée, plutôt bonne, d'affirmer que les éruptions volcaniques font entièrement partie de la relation amoureuse du couple. Qu'un volcan qui éclate, c'est un événement intime pour les Krafft. Le sujet est passionnant, l'angle choisi est plutôt juste, mais ça reste un film d'archives un peu chicos avec une voix-off bien dégoulinante à l'américaine, trop immédiatement affectée pour atteindre une quelconque forme de sensibilité.

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Rodéo, Lola Quivoron

Au début j'ai presque cru à un Accatone d'aujourd'hui, mais Lola Quivoron reste accrochée à sa figure de style : le plan trop rapproché. Alors on manque de voir, et c'est dommage.
C'est dommage, parce que ça aurait permis de passer outre les petites fabrications du scénario. Et ça aurait sans doute donné à l'énergie extraordinaire du personnage principal l'ampleur tragique que la cinéaste visait, et à côté de laquelle on passe un tout petit peu.
J'ai pourtant aimé ce récit d'une femme qui s'arrache à sa condition et qui passe à une autre, enfermée, ce goût de l'arrachement, cette fureur, cette prise d'élan. Et on sent beaucoup de joie, brutale, dans les scènes de rodéo, de moto, de braquage, de bagarre. Alors ce n'est pas tout à fait rien.
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B-Lyndon
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asketoner a écrit :
ven. 16 sept. 2022 10:33
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Fire of Love, Sara Dosa

Les images tournées par le couple Krafft sont d'une beauté ahurissante, et le film a la bonne idée de les montrer (même s'il les secoue un peu, façon kaléidoscope de merveilles du monde sans queue ni tête - alors que ce sont aussi des images scientifiques, documentaires, pédagogiques). La cinéaste a également l'idée, plutôt bonne, d'affirmer que les éruptions volcaniques font entièrement partie de la relation amoureuse du couple. Qu'un volcan qui éclate, c'est un événement intime pour les Krafft. Le sujet est passionnant, l'angle choisi est plutôt juste, mais ça reste un film d'archives un peu chicos avec une voix-off bien dégoulinante à l'américaine, trop immédiatement affectée pour atteindre une quelconque forme de sensibilité.

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Rodéo, Lola Quivoron

Au début j'ai presque cru à un Accatone d'aujourd'hui, mais Lola Quivoron reste accrochée à sa figure de style : le plan trop rapproché. Alors on manque de voir, et c'est dommage.
C'est dommage, parce que ça aurait permis de passer outre les petites fabrications du scénario. Et ça aurait sans doute donné à l'énergie extraordinaire du personnage principal l'ampleur tragique que la cinéaste visait, et à côté de laquelle on passe un tout petit peu.
J'ai pourtant aimé ce récit d'une femme qui s'arrache à sa condition et qui passe à une autre, enfermée, ce goût de l'arrachement, cette fureur, cette prise d'élan. Et on sent beaucoup de joie, brutale, dans les scènes de rodéo, de moto, de braquage, de bagarre. Alors ce n'est pas tout à fait rien.
Content de te lire sur Rodéo, le film m'attire, je pense que je vais y aller !
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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asketoner
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@B-Lyndon je suis curieux de savoir ce que tu en penseras
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