Le Centre de Visionnage : Films et débats

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groil_groil
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Je n'avais vu ce film qu'une fois, il y a si longtemps que c'était une vraie redécouverte. C'est super bien. Esthétiquement ça a très bien vieilli, l'image est belle, magnifiée par l'édition bluray réussie qui conserve le grain début 90's, et le seul vrai défaut esthétique est le traitement sur la voix du Candyman, beaucoup trop exagéré. On sent bien la patte Clive Barker à la production, c'est un film d'horreur qui prend le temps, qui installe les choses, qui rend crédible un environnement et des situations incroyables. Tout cela tient notamment car la protagoniste est incrédule, du moins pendant une bonne partie du film, ce qui facilite notre identification, nous suivons ces événements par ses yeux. C'est d'ailleurs un bonheur totale de retrouver Virginia Madsen dans ce premier rôle, elle y est magnifique. Son personnage est magnifique. D'une solitude ecrasante. D'ailleurs, en (re)voyant le film, j'ai été frappé par l'importance de la question de la solitude, qui est pour moi le vrai sujet du film. Solitude de ce personnage de croque-mitaine qui fut brûlé vif, seul contre tous, qui devient le Candyman, lui aussi seul face au monde qu'il terrorise par vengeance. Et grande solitude du personnage de Virginia Madsen. Le croque-mitaine tue et elle est systématiquement accusée, on est les seuls, nous spectateurs, à la savoir innocente alors que tout et tous l'accusent. Elle ne peut rien prouver, pas se défendre, elle est seule et subit. La seule issue possible, pour casser cette solitude, et c'est précisément ce que nous offre la fin du film, c'est qu'elle rejoindre le Candyman de l'autre côté. Ainsi l'un et l'autre ne sont plus seuls.
C'est un film que je reverrai assez rapidement je pense.
Je viens de découvrir qu'il y a eu des suites, Candyman 2 et 3, vous les avez vues ? Qu'est-ce que ça vaut ?
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asketoner
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Adieu l'arche, Shuji Terayama, 1984

J'ai beaucoup aimé. Il y a cent fois plus d'argent que dans tous ses autres longs-métrages, mais il n'y a pas moins d'idées (peut-être un peu moins de fougue, un peu plus d'assurance calme).
C'est le dernier film de Terayama, réalisé alors qu'il sait qu'il a une cirrhose et qu'il ne s'en sortira pas. On retrouve tous les visages et les corps qui traversent ses films, comme si la troupe faisait là une dernière sortie, un dernier spectacle. D'ailleurs, la dernière scène réunit tous les personnages au sommet d'une colline pour une photo de groupe. Je me suis tellement attaché à son cinéma et à ses acteurs que j'ai trouvé ça bouleversant. Il n'y a que lui pour diriger les acteurs de cette façon. Je pense notamment à cette scène où une mère et son fils descendent une route caillouteuse avec chacun un doigt dans la bouche, et maladroitement trébuchent chacun leur tour, et rient d'avoir trébuché mais tiennent le cap : ce que Terayama donne à voir de ses acteurs est unique. Il semble avoir trouvé comment mettre le buto au service du cinéma.
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cyborg
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@asketoner : non cette musique que tu as posté ne me dit pas grand chose... Bizarre !
Pour le livre alors tant mieux si c'est meilleur que dans mon souvenir !

J'allais te dire que je ne me souvenais plus tellement d'Adieu l'arche, j'avais juste le souvenir que c'était bien.
Je n'étais plus sur que la dernière scène avec la photo soit dans celui-ci mais tu viens de me le confirmer ! C'est en effet une magnifique idée !

Très heureux que tout cela t'ai tant plu !
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asketoner
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cyborg a écrit :
jeu. 21 janv. 2021 11:47
@asketoner : non cette musique que tu as posté ne me dit pas grand chose... Bizarre !
Pour le livre alors tant mieux si c'est meilleur que dans mon souvenir !

J'allais te dire que je ne me souvenais plus tellement d'Adieu l'arche, j'avais juste le souvenir que c'était bien.
Je n'étais plus sur que la dernière scène avec la photo soit dans celui-ci mais tu viens de me le confirmer ! C'est en effet une magnifique idée !

Très heureux que tout cela t'ai tant plu !
C'est tellement bon de découvrir un cinéaste qu'on adore !
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asketoner
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Je revois pour la deuxième fois en deux semaines Cache-cache pastoral de Shuji Terayama : le meilleur film sur l'enfance. Je n'en connais pas de plus profond, de moins dupe, de plus libre que celui-ci. Et bien que je l'aie découvert il y a deux semaines, le film est si riche que j'avais l'impression de le découvrir encore.
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Bound, Wachowski, 1996

C'est une somme de clichés cinématographiques (propres au thriller érotique) que l'homosexualité des deux personnages féminins principaux à la fois décuple et transcende, leur donnant une vitalité nouvelle. Quel courage en tout cas il aura fallu aux cinéastes pour imposer un tel récit en 1996. Et la morale est magnifique : il n'y a pas de sale coup à la fin, non, l'amour lesbien est bel et bien possible.
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sokol
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asketoner a écrit :
ven. 22 janv. 2021 13:21
Je revois pour la deuxième fois en deux semaines Cache-cache pastoral de Shuji Terayama : le meilleur film sur l'enfance. Je n'en connais pas de plus profond, de moins dupe, de plus libre que celui-ci. Et bien que je l'aie découvert il y a deux semaines, le film est si riche que j'avais l'impression de le découvrir encore.
Même si je n'avais jamais entendu parler de ce cinéaste, il faut que je m'y mette, c'est ca ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 25 janv. 2021 11:27
Bound, Wachowski, 1996
Les frères Wachowski sont maintenant 2 sœurs et, si je ne me trompe pas, elles se revendiquent lesbiennes. Penses-tu que ce films de 1996 était en quelques sortes un 'signal' de ce qu'ils sont devenus ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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asketoner
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sokol a écrit :
lun. 25 janv. 2021 13:11
asketoner a écrit :
lun. 25 janv. 2021 11:27
Bound, Wachowski, 1996
Les frères Wachowski sont maintenant 2 sœurs et, si je ne me trompe pas, elles se revendiquent lesbiennes. Penses-tu que ce films de 1996 était en quelques sortes un 'signal' de ce qu'ils sont devenus ?
C'est clairement un signal, oui, mais surtout une métaphore de leur situation :
le film est l'histoire de deux lesbiennes qui parviennent à extorquer une somme fabuleuse auprès de la mafia, par leur complicité, leur malignité et une certaine connivence de désir,
et c'est aussi 6 millions de dollars extorqués à Hollywood par deux frères qui n'ont pas encore changé de sexe, pour réaliser un film de lesbiennes pur et dur, dans lesquelles ils se sont sans doute projetés.
Il y a d'ailleurs une rapide allusion marxiste, mais qui est à l'oeuvre dans tous les films que j'ai vus du duo, plus ou moins appuyée. Ici, l'une des deux héroïnes sort de prison, l'autre lui demande pourquoi elle y a été envoyée, elle répond : "j'ai voulu redistribuer les richesses". C'est du marxisme hollywoodien (c'est-à-dire qu'on en reste toujours au scénario, la forme attendra), mais c'est quand même marrant. Et ça a un effet : ça nous permet de relire tous les thrillers érotiques dans la lignée desquels Bound s'inscrit à l'aune de l'idéologie libérale qui les sous-tend (où l'argent est systématiquement plus fort que l'amour, où l'autre est toujours traître, où le sexe n'est pas une union mais une pulsion, etc...)



Et sinon, oui, Terayama, vas-y. Mais je ne sais pas si tu vas accrocher.
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 25 janv. 2021 13:53
C'est extra ce que tu écris mais ce qui est dommage c'est qu'on ne peut pas mettre des :jap: sans citer la personne à qui on répond.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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cyborg
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@sokol : si, il suffit de mettre un @ devant le pseudo... et ça met même une petite notification tout en haut de ton écran (la petite cloche, un peu comme sur facebook) qui te notifie que tu as été cité quelque part et permet d'y accéder directement. Fort pratique... que de progrès en ces lieux :D

Pour Teramaya tu me vexes.
Bon j'écris moins bien qu'asky mais quand même, j'ai fait de la retape il y a deux ans quand j'avais moi même tout vu d'une traite.
Bon, de là à dire que ça va te plaire je ne sais pas... :D
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sokol
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cyborg a écrit :
lun. 25 janv. 2021 21:49
j'ai fait de la retape il y a deux ans quand j'avais moi même tout vu d'une traite.
Je suis honette : je ne me souviens pas du tout. Zut alors !!

Merci en tout cas pour le message :love2:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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cyborg
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@sokol : ;)

@groil_groil : jamais vu Candyman !

Pour ma part :


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D'une certaine manière - Sara Gómez

Curieux de découvrir le cinéma cubain des années 60, j'ai visionné De Cierta Manera, le seul long métrage de Sara Gomez qui décédera malheureusement avant de l'avoir fini.
Il y est abordé la pauvreté de la vie ouvrière dans un quartier pauvre en pleine réhabilitation urbaine. L'approche est expérimentale, alternant entre fiction et documentaire pour mieux faire se juxtaposer l'ensemble des problèmes sociaux qui secouent la société de l'époque : vie à l'usine, émancipation des femmes... Du bon et du moins intéressant même si, pour être honnête il ne m'en reste quasiment rien 10 jours après l'avoir vu.


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Journal d'un maitre d'école - Vittorio de Seta

J'étais assez impatient de découvrir ce TV-film de 4x1h réalisé en 1973 par De Seta et produit par la RAI, qui rencontra à l'époque un fort retentissement en Italie. Mais c'est malheureusement une semi-déception.
De Seta y met en scène l'arrivée d'un jeune professeur progressiste dans une classe difficile au sein d'un quartier populaire de Rome. Rudement mis à l'épreuve il y applique une pédagogie active orientée vers les enfants, leurs vies quotidiennes et leurs centres d'intérêts, non sans rencontrer beaucoup de réticences de la part de ses collègues malgré des résultats indéniables. Le projet est bien sur passionnant et les idées théoriques brillamment exposées et mises en application. C'est une œuvre véritablement politique et militante dans sa portée et sa mise en application, le film étant réalisé dans une vraie école, avec non des acteurs mais des enfants en décrochage scolaire que le tournage à fait revenir en classe et qui finissent par se prendre véritablement au jeu jusqu'à atteindre l'étape du certificat scolaire. Comme le dit très bien la belle édition livre-dvd édité par L'Arachnéen, le film n'est pas tant "sur l'école" qu'il ne fut "faire école", par la façon dont il fut conçu, avec une caméra au plus proche des protagonistes, très réactive. Malheureusement, le projet pèche un petit peu en sens inverse lorsque le professeur échange avec ses collègues, dans de long échanges d'autojustifications qui, en comparaison, sonnent malheureusement un peu faux et forcés, comme une tournure illustrative venant faner la beauté naturelle du reste du projet. Toujours l'équilibre précaire des projets militants... Malgré ces réserves le Journal d'un Maitre d’école reste un précieux et passionnant document !

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Alain Montesse - USS / Les Situs Heureux / Etudes pour Désert (tout cela le long des 70s)

En dehors de Debord, les situationnistes réalisateurs ne sont pas légions et il est toujours bon de découvrir de nouvelles œuvres se revendiquant de cette mouvance. Dans ces deux courts (USS + Etudes pour Désert) et ce moyen (Les Situs Heureux, une heure) on retrouve tous les gimmicks habituels : montage discrépant, voix-off assénant des théories politiques/philosophique etc... à une seule différence, mais non des moindres : les images ont été tournés par Montesse et ne sont pas, comme dans les longs de Debord, des images trouvés et détournés. Non, ici le style ressemble à l'underground américain de la même époque, aux tremblements très Mekassien -pour faire simple et donner une idée. C'est assez surprenant car assez inentendu (Montesse dit avoir voulu réunir ses deux amours de l'époque : les hippies et les situs) mais surtout, ça ne fonctionne pas. Ça ne fonctionne pas dans le sens : c'est le spectacle qui gagne, ce sont les images qui captivent, c'est le cinéma qui domine, l'austérité des voix debordiennes disparaissent de nos écoutes face aux moindres tressautements et scintillements. Le résultat est donc, de façon déceptive, intéressant.
En vérité je ne garderai que "Étude pour Déserts", qui m'a le plus convaincu, ceci grâce à l'alliance particulièrement réussie entre le choix des images et la voix-off qui est en réalité la combinaison d'interview (?) de Michel Serres et d'Edgard Varèse (les Désert du titre c'est bien sur lui) qui nous parlent de la création artistique, de l'entropie etc...


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Déménagement - Shinji Somai

1993 et première ébauche de reconnaissance à l'international pour Somai (le film sera diffusé à Cannes) après une décennie 80 complètement folle et un succès tant critique que public au Japon (il semble qu'il fut élu comme "réalisateur de la décennie" par je ne sais quel journal nippon). Revers de la médaille c'est jusqu'à présent son film que je trouve le moins bon, mais plutôt pour des raisons formelles comme par exemple l'excès de musique dans sa deuxième partie (je suis presque prêt à parier que c'est un choix de producteur voulant exporter le film...). Le film semble la synthèse de deux grands piliers de son cinéma : la question du remord et la question de l'enfance, exploré à travers le divorce d'un couple vu à travers les yeux de leur fillette d'une dizaine d'année. Je ne sais pas si le croisement de ces thématiques est un peu trop frontal pour Somai mais, et ceci malgré quelques scènes épatantes dont il à le secret, il semble forcer excessivement certains traits, comme dans l'errance qui compose la deuxième partie du film et dont les différents éléments peinent à faire mouche. Fort heureusement, cette errance aboutie à une incroyable scène de souvenir durant laquelle vécu, mémoire, feu et eau se superposent magnifiquement.

@asketoner je crois que c'est le seul Somai que tu as vu, et qu'il ta dégouté à vie de voir des films de ce mec. Tu disais qu'il s'agissait d'un film trop... mièvre ? J'avoue ne pas trop comprendre le qualificatif. Si je ne te pousserai peut-être pas à revoir celui-ci, peut-être tout de même au moins à en voir un ou deux autre de ce réal avant de la condamner de la sorte ?


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Alors que ses premiers films sont didactiques, pour ne pas dire quasiment pédagogiques, en tout cas très bavards, Tanner semble ici prendre le contre pied de son style et tester ses croyances. Dans Messidor oust la théorie, c'est au réel qu'on se confronte. Un road-movie à l'Américaine, mais en Suisse, dont les échappés semblent impossibles, confronté sans cesse à la petitesse de ce pays dans lequel on fini par faire des aller-retours en tout sens sans la moindre perspective. L'occasion de buter sur d'autres frontières, sociale et morales celles-ci, les deux héroïnes étant confrontés sans cesse à la mesquinerie, mais surtout confrontés sans cesse à leurs conditions de femmes et d'objet sexuels potentiels. C'est d'ailleurs bien cette approche unique, frontalement féministe, qui fait la force de l’œuvre.

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Deuxième film de Paul Mazursky, vaguement autobiographique. Un jeune réalisateur, au sortir de son premier succès, est confronté aux doutes et aux hésitations sur sa prochaine création : doit il céder aux sirènes faciles de l'industrie ou doit il évoquer les problématiques politiques qui lui sont contemporaines (guerre du Vietnam, black panthers...). Cette trame n'est qu'un prétexte pour réaliser une radiographie de l’Amérique des années 70 et de toutes les tensions qui la compose, tout en fleurant bon le psychédélisme de l'époque. Le tout est une somme de décrochages plus ou moins délirants, toujours ambitieux, et de longues conversations entre le héros et ses proches (compagne, enfant, amis, producteur...). Le résultat est hésitant mais beau par sa fragilité, le tout culminant en sa sidérante scène centrale - rêvée ou tournée ?- dans laquelle tous les éléments du film viennent se percuter en envahissant Sunset Boulevard.


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Travolta et moi - Patricia Mazuy

Réjouissant. Le résultat impressionne par sa façon d'avoir aussi bien su saisir, en une seule heure, l'alchimie de fragilité et de grandiloquence qui compose l'adolescence.
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sokol
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Comme il passait hier sur la 5, j'ai re(re...)vu hier soir "Pauline à la plage".
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2 petits trucs :

1.C'est incroyable comment on peut faire des copies si splendides à nos jours ! Je me demande si le film(la pellicule) était moins belle à l'époque car ce n'est pas possible: ce que j'ai vu hier soir, c'est vraiment quelque chose ! Pourtant, les images chez Rohmer sont un peu 'quelconque'. Et pourtant !!

2.Je crois que c'est un remake de "La collectionneuse"(surtout au niveau des idées qui circulent dans le film, on s'en fout du scénario, bien évidement). Du coup je préfère ce dernier mais Pauline est un très beau film, bien évidement (une fois de plus :D )
Modifié en dernier par sokol le mar. 26 janv. 2021 19:19, modifié 1 fois.
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asketoner
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cyborg a écrit :
mar. 26 janv. 2021 00:40

@asketoner je crois que c'est le seul Somai que tu as vu, et qu'il ta dégouté à vie de voir des films de ce mec. Tu disais qu'il s'agissait d'un film trop... mièvre ? J'avoue ne pas trop comprendre le qualificatif. Si je ne te pousserai peut-être pas à revoir celui-ci, peut-être tout de même au moins à en voir un ou deux autre de ce réal avant de la condamner de la sorte ?

Je te jure, j'ai trouvé ça tellement nunuche, ça m'a écoeuré ! :D
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Dillinger est mort, Marco Ferreri, 1968

Dillinger est mort est une préfiguration de Jeanne Dielman, avec un homme au centre, sinon même avec "L'Homme", ou "l'homme moderne", qui rentre tard du travail, vit avec deux femmes (son épouse et sa bonne), et trouve un vieux pistolet dans une armoire qu'il repeint en rouge à pois blancs avant de s'en servir pour commettre l'irréparable. Ferreri vise l'étirement du temps, il scrute ce qui dans le quotidien se détraque progressivement, de façon plus confuse que Chantal Akerman, certes, de façon plus antonionienne aussi (l'esthétique sonore est la même), mais tout de même il me semble inventer quelque chose de fort en pariant ainsi sur le spectacle de la normalité (pari que feront les télévisions 30 ans plus tard avec la télé-réalité).
Et l'une des rares répliques de Piccoli, au tout début du film, à laquelle son collègue et ami n'apportera aucun écho, aucune écoute, est assez amusante à entendre aujourd'hui : "je ne veux plus déssiner de masque".
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Y a trente ans, c'était l'archétype de ce que je pensais être un film abject. Aujourd'hui, ça se regarde bien, sans crier au génie non plus, mais Kurys fait montre d'un vrai savoir faire. Le film est mieux qu'il y a trente ans, parce que nous aussi on vieillit, parce que le niveau du cinéma populaire et bourgeois s'est tellement abaissé en trente ans que les daubes d'alors passent désormais sur Arte, parce qu'il y a une patine qui rajoute une qualité au film, parce que la cinéphilie d'adulte ne se construit plus par le rejet comme la cinéphilie de l'adolescence, mais plus dans un souci de remise en perspective historique, et parce qu'enfin, les acteurs sont tous globalement très bons.

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Je poursuis mon intégrale Bellon avec La Femme de Jean, son second long métrage, film très beau, qui montre la solitude d'une femme après que son mari l'a quitté pour une autre. Elle vit seule avec son fils, jeune homme interprété par un certain Hyppolite (Girardot) qui trouve ici son premier rôle et qui est déjà excellent, et va peu à peu, après une grosse période de dépression, se reprendre en main, rencontrer un autre homme, et apprendre à vivre seule, encore plus forte qu'avant, renforcée par cette rupture. A la fin du film, le mari (excellent Claude Rich que je n'avais jamais vu si désinvolte) souhaite revenir avec son épouse, mais elle refuse. Elle lui annonce tout simplement qu'elle est mieux seule, mieux sans lui, qu'elle s'est réalisée en tant que femme.

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Troisième film de Yannick Bellon, et sans doute le plus énigmatique. On y suit une femme, Bulle Ogier, qui déambule dans une salle de ventes aux enchères, regardant de près des dizaines d'objets. Nous comprenons alors qu'il s'agit des affaires personnelles d'une comédienne récemment décédée, et dont Bulle Ogier était amie, voire amante. Le film entrecroise alors des scènes de flashbacks avec des scènes plus abstraites, soit en provenance de la vente aux enchères, soit des prises de vue de la ville de Paris, et principalement de chantiers ou d'immeubles en décombres. Le film est intéressant mais construit de manière un peu bancale, laissant une impression d'inachevé.

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Du génial James Whale, je ne connaissais que les films d'horreur, mais ce n'est qu'une petite partie de sa filmo, et je découvre ici ce beau et ample film historique d'après Dumas, réalisé avec beaucoup d'aisance et d'élégance, mais qui ne transcende pas le genre pour autant.

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Dernier film de Sternberg et énorme coup de maitre, puisque film tourné intégralement en japonais avec des acteurs japonais, sur une ile déserte où des naufragés vont s'entretuer pour les beaux yeux de la seule femme présente sur l'ile (on pense beaucoup à l'analogie avec Pitcairn). Superberment mis en scène, narré uniquement en voix off sans que ce ne soit jamais ni chiant ni rébarbatif ni trop littéraire, le film est d'une grande cruauté et d'une grande poésie en même temps, quel magnifique chant du cygne.

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Une comédie de cette époque c'est forcément attachant, surtout avec un casting pareil, mais le scénario de John Hugues n'est étonnamment pas brillant du tout, pour ne pas dire lambda, et le film ne vaut pas plus qu'une petite curiosité.

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On pourrait parler des heures de ce grand sujet, l'un des plus passionnants de l'histoire de l'Italie contemporaine, ainsi que des aventures de ce film, dont la diffusion fut vraiment contrariée par différentes sources de "pouvoir" et ce malgré les distinctions cannoises... Le film de Rosi ne parvient pourtant pas à me passionner même s'il reste édifiant par ce qu'il narre et que ses choix de mise en scène sont souvent vraiment courageux et ne brossant pas le spectateur dans le sens du poil.

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Souvenir que le film n'avait pas eu bonne presse alors qu'il est pourtant tout à fait défendable. Il raconte les derniers jours de Pasolini, encore une fois, et comment et par qui on pense qu'il a été assassiné, mais le film a pour lui de prendre un axe beaucoup plus politique et du coup, de raccrocher parfaitement les wagons avec le film de Rosi, L'Affaire Mattéï, dont je parle plus haut. Le mec qui fait Pasolini est bien, et après deux trois horreurs visuelles qui ouvrent certaines séquences (une image en négatif noir et blanc qui prend peu à peu la couleur, mais pourquoi ?) le film est plutôt intelligemment fait.

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Un jeune infirmière est violée par 4 individus. Celle-ci, contre l'avis de la plus part de ses proches, finit tout de même par porter plainte et traduire ces 4 criminels en justice. C'est un film coup de poing, un film courageux, surtout qu'il est fait par une cinéaste engagée et surtout vu son époque où il était courant qu'une femme n'ose pas porter plainte pour de tels actes. C'est donc un film nécessaire, utile, mais cet engagement fort fait qu'il a du mal à être autre chose qu'un film-tract et ressemble en cela aux quelques ratages de Cayatte qui sont sur des sujets forts, même si ici la sensibilité poétique de Bellon ressort néanmoins.
Modifié en dernier par groil_groil le mer. 27 janv. 2021 16:55, modifié 1 fois.
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@asketoner : oui je peux comprendre... Le film est vraiment découpé en deux parties, et disons que dans le 3ème quart (la scène avec les bambous etc...) j'ai cru qu'on allait y partir totalement. Mais la fin rattrape fort tout ça pour moi.
Vraiment "The catch", ce mélo dans le monde de la pèche au thon (rien qui d'écrire ça, je kiffe :D ) continue à me hanter depuis que je l'ai vu il y a deux semaines.


Sinon vite fait ce soir

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My grandmother - Kote Mikaberidze

Film muet, d'une heure à peine, de 1929 du réalisateur géorgien à peu près inconnu Kote Mikaberidze, découvert au détour d'un post facebook.
Comme le texte du post l'annonçait : c'est absolument dingue et génial, d'une créativité incessante, très dynamique, très drôle. Il est incroyable qu'une telle œuvre soit totalement inconnue...
Visionnage (rapide) et incontournable dans une qualité pas trop dégue : http://www.youtube.com/watch?v=ZQo9VwJtLWs


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Bon divertissement, assez drôle.
Force principale : les acteurs, bien sur.
La réalisation de Karmann n'est quant à elle ni bonne ni mauvaise, disons plutôt quelconque.
Le niveau de l'écriture est, lui, meilleur tout de même, faisant souvent "mouche" et étant assez sèche pour déclencher le rire recherché. On sent qu'il y à, à côté de Karmann, un auteur : Jean-Paul Dubois. Et que c'est lui qui fait une bonne part du taf. Par contre ça ne m'a pas donné du tout envie de lire Dubois (enfin disons, pas plus qu'avant). On est exactement dans l'idée de ce que je pouvais me faire de son style, de son propos (pardon pour les préjugés...). Et si je peux m’enquiller ça sur 1h20, je ne crois pas que j'aurais la force ou l'envie sur plusieurs 100aines de pages...
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La grande illusion, Jean Renoir, 1937

Je ne l'avais jamais vu mais je crois qu'il est déjà devenu mon Renoir préféré. Le cinéaste filme le groupe de soldats prisonniers en n'oubliant jamais leur classe ni leur origine. Tout ce qui se joue entre eux de prédéterminé est limpide, et n'empêche absolument pas l'amitié (ni l'amour) de venir soulever cet état des lieux de la France au début du XXème siècle. C'est à la fois terrible et plein d'espoir.
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Oui très bon film en effet, vraiment dans la lignée de tout ce que Rivette a développé dans les 70's, même si je trouve Out 1 plus réussie grâce à sa forme démesurée.
Je reste quand même sur ma faim par ce côté trop improvisé parfois alors qu'un film de cette ampleur nécessite à mon avis plus de tenue.
Et puis j'ai beaucoup de mal à supporter Céline et Julie dès qu'elles sont ensemble, elles minaudent à un point vite insupportable.
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Kasaba, Nuri Bilge Ceylan, 1997

C'est le premier long-métrage de Nuri Bilge Ceylan, mais aussi le premier film de cette trilogie du départ formée par Nuages de mai et Uzak (et conclue quelques années plus tard par le film du retour impossible, Le Poirier sauvage), avec à chaque fois le même acteur principal (mort peu de temps après le tournage d'Uzak).
On retrouve ici un père un peu ridicule à force d'avarice et de mensonges pour ne pas payer, et les thèmes complexes, très tchekhoviens propres à l'auteur, notamment ce paradoxe de l'émancipation qui est aussi une trahison de ceux qui nous en ont donné les moyens.
Mais on s'aperçoit aussi de la nature profondément sensuelle du cinéma de Nuri Bilge Ceylan. La première séquence (une classe par une journée de neige, avec une plume qui vole, la neige qui tape au carreau, le repas avarié d'une gamine que l'instituteur sauve d'un possible empoisonnement (mais pas de la honte face à ses camarades), le retard d'un élève qui fait sécher ses chaussettes sur le poêle central : autant de micro-événements que le cinéaste laisse merveilleusement circuler, associés comme dans un songe), et la suivante (une chaude journée dans les bois entre la fille au repas pourri et son petit frère, qui trouvent des tombes, une tortue, un chasseur, un âne, un coup de vent...) relèvent du miracle naturaliste le plus exigeant : chaque seconde compte, et pourtant rien de dramatique ne se noue. Dans l'air circule seulement un présage, la haine, l'amour, la colère, mais rien n'indique, rien ne ferme le sens, rien ne l'interdit non plus. Chaque geste semble élémentaire, procédant d'un rituel étrange et lointain dont la finalité reste secrète.
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groil_groil
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tu me fais penser que je dois me refaire l'intégrale Ceylan.
je cale ça après Bellon.
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cyborg
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J'imagine que l'idée était une variation post-moderne de la comédie musicale. Malheureusement le tout est une sorte de sketch des Frères Taloches délayés sur deux heures pour intellectuels bon teint.

Le film repose sur une idée, et une seule idée - et je pense qu'il faut généralement se méfier des créations qui reposent sur une seule base : et si les personnages d'un film pouvaient s'exprimer (ou plutôt pouvaient penser) avec des extraits de chansons populaires francophones ? L'idée est relativement simple mais le problème principale est que rien n'est fait avec celle-ci.

Ni en explorant le répertoire musical français car on ne met que des titres hypers connus (même moi qui suis allergique à la variété française je les connaissais tous alors qu'il y aurait potentiellement des millions de titres à utiliser). Ni en l'utilisant dans un contexte un peu ambitieux, car on enrobe le tout dans de terriblement banales histoires de couples/de gens qui s'emmerdent. Du coup on passe son temps à attendre le surgissement d'un gimmick tubesque au détour d'un échange. Je suis quasiment certain que le film a été construit dans ce sens : les musiques puis les scènes. On le sent particulièrement dans la dernière scène de fête quand tout s'emballe et qu'on y lâche enfin les incontournables "Résiste" de France Gall et "Quoi ma gueule" de Johnny que tout le monde attendait.

Il n'est pas étonnant que le film soit si populaire et ai décroché autant de Césars : c'est un film qui fonctionne totalement sur l'adhésion et la reconnaissance de son public, le film qui combine la petite tape dans le dos et le clin d’œil en coin pour que tout le monde soit bien à l'aise et qu'on finisse par se dire "Ha, on se connait, on se comprend...". Toutes les cases du combo gagnant sont cochés : musiques très populaires + tous les acteurs du moment + Paris bien propret. Prise de risque = zéro.

Et Resnais dans cette affaire ? A mon avis, c'est un tampon "gageur qualité" de plus et le film se sert plus de lui qu'il ne sert le film. Et il fait le job, doucement, tranquillement, sans se forcer, avec une variation de plus sur la théâtralité et les décors cartons pâtes. Mais on est déjà dans la pente déclinante de sa carrière, qui aboutira à des choses d'une pénibilité extrême comme "Vous n'avez encore rien vu" en 2012.

A sauver ? Les acteurs essentiellement, notamment Jaoui et Azema qui étaient alors au top de leurs beautés et inventivités de jeu. Cela n'empêchera pas le film de tristement rejoindre la queue de peloton de mon Top Resnais.


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Vous comprenez maintenant pourquoi je pleure ? - Louis van Gasteren (1969)

Film captant les expérimentations du psychiatre hollandais Jan Bastiaans qui traitait les traumatismes des survivants de la Shoah en leur administrant de petites doses de LSD. L'heure du film est ainsi à 80% composé de la parole d'un homme qui arrive, enfin, à se libérer. Le mélange entre l'avancée de son récit, véritable torture mentale, et les quelques images de camp donne un résultat particulièrement dur à supporter, mais aussi une forme de témoignage essentielle de cette période de l'histoire.


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Grand délire, sorte de cartoon horrifique, House est d'une inventivité visuelle et cinématographique absolument permanente tout au long de son heure et demie. Oui mais pourquoi ? Les enjeux du film étant très limités, pour ne pas dire quasiment absent, il ne reste donc que le pur plaisir scopique. Pourquoi pas, mais c'est un peu léger.
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asketoner
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@cyborg : je n'avais pas du tout aimé House, beaucoup trop parodique et ne parodiant rien d'autre qu'un genre cinématographique (c'est très cinémato-centré) ;
& je viens de voir Ma grand-mère du géorgien dont tu parlais l'autre jour, c'est pas mal, oui (mais le regard sur les personnages manque un peu de générosité, je trouve ; notamment la femme qui est juste une furie qui veut dépenser le blé de son mari, l'enfant qu'on abandonne totalement, les collègues qui ont finalement peu de poésie (des trucs (comme la rampe d'escalier par exemple, ou la sieste), mais ça ne respire pas beaucoup), ou le personnage principal qui n'a pas trop d'épaisseur). ce que j'ai préféré c'est le jeu du "elle m'aime, elle m'aime pas" en crachant sur le cafard.

@groil_groil : mais oui, Ceylan c'est quand même très très bien. moi j'ai assez envie de revoir Uzak en tout cas. et j'ai découvert son court-métrage, Cocon, plutôt joli, comme un rêve bricolé avec les moyens du cinéma.
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cyborg
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@asketoner : oui j'avais bien le souvenir que tu n'avais pas trop aimé House. Pas sur que ce soit beaucoup plus mon cas

Pour "Grand-mère" je comprend ce manque d'épaisseur dont tu parles, mais je trouve que sur une seule heure, et à la vue de l'énergie déployée, ce n'est pas trop dérangeant. Comme une compensation, en quelque sorte.
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asketoner
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The Lost Weekend (Le Poison), Billy Wilder, 1946

Je déteste les films sur les alcooliques (ils arrêtent de boire, puis ils boivent de nouveau, arrêtent, reprennent, etc...), mais celui-ci, malgré une fin totalement fabriquée, s'en sort plutôt bien grâce à sa superbe mise en scène très inventive (les cercles humides que laissent les verres d'alcool sur le bar, pour dire combien ont été bus ; l'ombre de la bouteille planquée dans le lustre, qui ne se voit que la nuit ; la scène des manteaux échangés à l'opéra ; la Traviata où l'alcoolique ne voit que les verres que les chanteurs s'échangent sur scène...)
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groil_groil
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J'ai acheté les 4 adaptations de Christie en bluray et j'ai beau les connaitre par coeur, sans les trouver géniales non plus, mais là il faut bien dire que les revoir dans ces conditions-là, c'est absolument fabuleux. A la revoyure, je trouve que c'est celui-ci le plus beau, pour la richesse de ces décors, la beauté de son image et son scénario excellent. La seconde heure est un peu moins excitante, car elle se déroule quasi uniquement dans le bateau, donc en intérieur, mais la première heure est d'une somptuosité visuelle incroyable, c'est un bonheur de chaque plan. Du cinéma de pantoufles, certes, sans prise de risque, mais tellement agréable quand il est revu dans ces conditions-là.

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Suite de l'intégrale Bellon, et plus je vois ses films, plus je me rends compte que ce qui la plombe systématiquement c'est la force de ses sujets, qui prennent le dessus sur sa mise en scène. Ses sujets sont toujours très beaux, et surtout nobles, mais ils étouffent le film par leur côté sentencieux. Ici le sujet, c'est le cancer du sein, qui touche une jeune femme, Marlène Jobert, libre et indépendante, amoindrie par cette nouvelle et ce qu'elle entraine, qui va devoir lutter contre le regard des autres et surtout contre ses propres préjugés, faisant qu'elle a tendance à se mettre de côté et à refuser de vivre. Le film est beau bien sûr, mais le sujet est brandi comme un étendard, c'est un peu le cas de tous les films de Bellon, cinéaste militante certes, mais ce militantisme lui fait trop souvent passer le fond avant la forme.

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Second film de ma mini-intégrale (je ne les refais pas par ordre chronologique), et autre belle réussite, magnifiée par l'édition bluray. Le film est en effet sublime visuellement, et même si l'intrigue est plus tranquille que Mort sur le Nil, cela reste tellement charmant à suivre...

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Un très bon Bellon, qui de mémoire, je n'étais pas vieux, avait eu un beau succès à l'époque (nominations aux César, etc.). C'est l'un des plus réussis car le sujet n'étouffe pas le film et les deux se marient parfaitement. Et puis quelle belle idée de mettre en héros un commissaire de police marié mais homosexuel, et plus encore de confier le rôle à Victor Lanoux. Jamais on imaginerait ce mâle alfa de Lanoux dans un rôle d'homo, et pourtant, ce rôle est écrit avec tant de soin et Lanoux l'interprète tellement bien qu'on y croit dès la première scène, et son personnage est très émouvant.

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Petite déception à la revoyure, parce que la restauration est moins brillante que sur les deux films évoqués plus haut, parce que ce n'est pas Ustinov qui joue Poirot, parce que c'est signé du grand Lumet donc on a tendance à le surévaluer, mais c'était quand même très chouette à revoir, et purée quel casting...

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Evasion - Yannick Bellon - 1989

C'est un documentaire réalisé par Yannick Bellon en parallèle de son film le plus célèbre, Les Enfants du Désordre. On y suit la troupe de théâtre amateur, composée uniquement de repris de justice, qui deviendront les acteurs de son film de fiction. C'est moyennement intéressant, mais cela permet tout de même de montrer comment des jeunes gens sans avenir en trouvent un par le prisme du théâtre, et plus généralement de l'implication artistique.

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C'est le succès commercial de Bellon, un peu son équivalent du Sans Toit ni Loi d'Agnès Varda, film dans lequel Emmanuelle Béart joue au milieu d'une troupe de théâtre amateur formée de jeunes gens fraichement sortis de prison et qui sont ici comme en centre de redressement. Béart joue l'une d'eux, et le film se déroule selon ce point de vue, la trajectoire d'une jeune femme, fille-mère, droguée, sortant de prison et tentant de trouver un échappatoire par le biais du théâtre. Un cinéma digne, mais un peu trop balisé pour m'émouvoir.

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J'adorais ce film à sa sortie, je l'ai vu 4 ou 5 fois dans les années qui ont suivi, il avait été soutenu par la presse la plus exigeante d'alors (les Cahiers en avaient dit beaucoup de bien par exemple). Mais bizarrement le film n'est plus jamais mis en avant aujourd'hui comme une réussite de Scorsese. J'étais donc hyper curieux de le revoir, et immédiatement rassuré. C'est une merveille totale, l'un de ses plus beaux films, et surtout l'un de ceux où la mise en scène est la plus extraordinaire. C'est un pur exercice hitchcockien, le film est très clairement dans le sillon d'Hitchcock (générique de Saul Bass, musique d'Herrmann (orchestrée par Bernstein)), mais surtout, le fil narratif du film est tellement minuscule (un type sorti de prison se venge de son avocat, et de sa famille, qui ne l'a pas défendu correctement lors de son procès), que ça permet à Scorsese de transformer ce film en pur exercice de mise en scène. Il n'y a que ça ou presque, et donc c'est un pur film de cinéma, revu hier, et tellement réussi que je pourrais le revoir demain. Si vous aviez un doute quant aux qualités de ce film, il est à réhabiliter d'urgence.
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Tyra
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Bordel ça donne envie pour le Scorsese. :wut:

J'avais trouvé L'Orient express assez mou et poussiéreux, à 1000 lieux de ce que j'ai vu de Lumet jusqu'à présent. Il faut dire que je suis de l'avis d'Hitchcock sur les "whodunit": ça m'ennuie très vite, parce que je me fout de savoir qui est le tueur, et surtout c'est anti-cinématographique.

Pour le poison : ce qui me gêne, c'est que toutes les scènes du film marchent à une seule condition : il faut oublier qu'un alcoolique comme le personnage principal doit sentir l'alcool à plein nez, ce qui devrait rendre ses tentatives de dissimulation complètement vouées à l'échec. Le film profite du fait que le cinéma ne transmet pas les odeurs, c'est une facilité scénaristique un peu facile. :humpf:
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asketoner
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Tyra a écrit :
mar. 2 févr. 2021 14:03
Pour le poison : ce qui me gêne, c'est que toutes les scènes du film marchent à une seule condition : il faut oublier qu'un alcoolique comme le personnage principal doit sentir l'alcool à plein nez, ce qui devrait rendre ses tentatives de dissimulation complètement vouées à l'échec. Le film profite du fait que le cinéma ne transmet pas les odeurs, c'est une facilité scénaristique un peu facile. :humpf:
C'est très rare, je trouve. Parce que tous les autres personnages savent qu'il est bourré en permanence. Il n'y a que dans la première scène (de bagages) qu'effectivement ça ne colle pas trop.
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Tyra
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Tu as peut-être un souvenir plus frais, il me semblait que c'était bien plus gênant que ça. :)
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groil_groil
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Tyra a écrit :
mar. 2 févr. 2021 14:03
Bordel ça donne envie pour le Scorsese. :wut:

J'avais trouvé L'Orient express assez mou et poussiéreux, à 1000 lieux de ce que j'ai vu de Lumet jusqu'à présent. Il faut dire que je suis de l'avis d'Hitchcock sur les "whodunit": ça m'ennuie très vite, parce que je me fout de savoir qui est le tueur, et surtout c'est anti-cinématographique.

Pour le poison : ce qui me gêne, c'est que toutes les scènes du film marchent à une seule condition : il faut oublier qu'un alcoolique comme le personnage principal doit sentir l'alcool à plein nez, ce qui devrait rendre ses tentatives de dissimulation complètement vouées à l'échec. Le film profite du fait que le cinéma ne transmet pas les odeurs, c'est une facilité scénaristique un peu facile. :humpf:
J'espère que tu aimeras le Scorsese, le revoir aujourd'hui m'a fait carrément rentrer le film dans la catégorie des classiques.
L'Orient oui c'est très mou pour un Lumet, mais je connais ce film depuis l'enfance... et puis c'est un Agatha Christie avant d'être un Lumet :D
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Sans doute le moins bon des 4, déjà parce qu'il n'y a plus Poirot mais Miss Marple, et le scénario n'est pas fou, mais c'est toujours aussi charmant (que poussiéreux), notamment pour les petits cottages anglais et la belle campagne environnante, mais également pour toutes ces grandes stars hollywoodiennes qui viennent faire un dernier tour de piste en fin de carrière : Liz Tazylor, Kim Novak, Rock Hudson, Tony Curtis...

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J'en finis là avec ma rétro intégrale Yannick Bellon, il s'agit de son dernier long-métrage, passé, de mémoire, relativement inaperçu de mémoire, et sans doute son film le moins personnel, même s'il y a comme d'habitude une thématique engagée. Ici un instituteur également ornithologue est en lutte contre la bande de chasseurs de son village qui décime la faune locale sans vergogne. Se greffe une histoire d'amour avec une femme du camp adverse, et un rapport aux enfants très présents, mais les gosses ne jouent pas très bien. Le souci du film c'est qu'il veut prendre la défense de la cause animale, mais qu'il montre plein d'animaux en souffrance, donc l'effet recherché se dégonfle comme un soufflé. Le film n'a pas grand intérêt.
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La maison de la rue Troubnaïa, Boris Barnet, 1928

C'est l'histoire d'une jeune fille de la campagne qui part rendre visite à son oncle à Moscou, mais l'oncle n'y est pas. Alors c'est sa première grande aventure dans une grande ville. Et sa mère avant de partir lui a confié une oie. Une oie, c'est tout ce qu'elle a à offrir, c'est toute sa richesse, et c'est précisément ce qui peut lui causer du tort (parce que ce n'est pas très pratique en ville, une oie). Je trouve ce postulat de départ bouleversant, et la mise en scène elle-même est d'une grande sensibilité, dès le début, quand il s'agit de filmer l'aube à Moscou et les habitants d'un immeuble qui vaquent à leur première occupation du jour. Jusqu'à l'accident de tram, c'est extraordinaire. Après, la fille est engagée comme bonne à tout faire, et alors c'est encore très beau, mais ensuite ça se perd un peu dans une histoire de syndicats glorieux. Mais tout de même ce n'est pas rien.

Et puis l'autre jour je revoyais aussi Les Lumières de la ville de Chaplin, et je me disais : les premiers films, en fait, c'était pour montrer ceux qu'on ne veut pas voir. Dans City Lights, il y a trois personnages principaux : un clochard, une marchande de fleurs aveugle, et un type très riche mais totalement alcoolique et dépressif et cherchant à se suicider... Qui produirait un tel film aujourd'hui ? Aujourd'hui les héros sont flics (Les Misérables, malgré son titre), ou des gens juste un peu déprimés (mais à la fin ça ira mieux). Même la happy end de City Lights est terrible comparée à ce qui se fait aujourd'hui.
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asketoner
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Le Faubourg, Boris Barnet, 1933

Barnet est très fort pour saisir certains aspects de la vie quotidienne : comment on travaillait, comment on draguait, comment on faisait la vaisselle ou la grève... Il y a une dimension documentaire chez lui qui est plus ou moins absente du cinéma d'Eisenstein, plus emporté, plus esthète. Barnet est patient (et parfois légèrement ennuyeux, empêtré dans des précisions), et sa patience s'accompagne d'une forme réjouissante de candeur vis-à-vis du communisme. Il essaie vraiment d'en faire quelque chose : une morale, un sentiment commun à presque tous les personnages. (Alors qu'aucun cinéaste n'a pu transformer le capitalisme en quelque chose de plus qu'un intérêt.)

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce film. La bande-son est notable, pas du tout réaliste, créée de toutes pièces après coup, et donc très épurée (les dialogues sont souvent entourés de silence brut), ce qui est assez fascinant. J'aimerais voir un film d'aujourd'hui pensant le son en termes de création et non simplement d'ambiance (c'est très rare). Par exemple dans le film de Barnet, il y a un cheval qui baille - eh bien Barnet en profite pour lui donner une voix et le faire jurer (à part Lars von Trier et son renard dans Antichrist, je ne sais pas qui a tenté quelque chose comme ça).
Et le montage aussi est très réussi, aussi enlevé et fou que chez Eisenstein, mais comme il y a chez Barnet plus de plans triviaux, banals, il y a aussi beaucoup de surprises dans les éventuels collages qui sont tentés (la machine à clouer les semelles et le fusil mitrailleuse, par exemple).
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cyborg
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". J'aimerais voir un film d'aujourd'hui pensant le son en termes de création et non simplement d'ambiance (c'est très rare)."

Oui !!! Et c'est pourtant absolument crucial !
Les plus grands ont toujours mis en avant l'importance de l'oreille par rapport à l’œil dans le medium cinéma (Welles, Godard...) mais bon nombre de cinéastes contemporains semblent vraiment avoir oublié cet aspect dans leurs créations...
Ca serait un top très intéressant à faire que de classer les films pour leur rapport au son plus que leur rapport à l'image...
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Aussi divertissant que secondaire. Sophia Loren divine, comme toujours.

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Fernandel joue un médecin d'une petite ville du Sud de la France (Arles), à la vie bien rangée, mariée à une femme qui organise chacun de ses gestes, qui tombe amoureux fou d'une jeune femme rencontrée par hasard, rencontre qui va bouleverser sa vie. Je ne m'y attendais pas, mais je me suis pris une grosse calotte. Le film est superbement écrit, complexe, riche, bien dialogué, et superbement mis en scène. Verneuil s'inspire clairement des plus grands du cinéma Hollywoodien, évoquant Mankiewicz, Lang ou Wilder. Le film s'ouvre sur un flashback, la construction de la mise en scène joue des masses de noir, des effets de miroirs, des complexités de personnages, etc... C'est assez démentiel de voir ça dans le cinéma français de 1952, surtout que le film est aussi assez osé (nudité, crudité, etc.). Un mot aussi sur Fernandel, qui est totalement hallucinant dans un rôle 100% dramatique, chose rare chez lui, et ce rôle permet de comprendre vraiment quel acteur génial il était.

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Du coup, ça m'a donné envie de voir cet autre drame avec Fernandel, dont le sujet est encore plus lourd puisqu'il s'agit de l'euthanasie. Devant sa femme malade d'un cancer incurable, Fernandel décide d'abréger ses souffrances. Le film parle surtout du rapport avec ses deux frères, deux notables bien odieux, qui décident de le faire passer pour fou pour l'envoyer en asile plutôt qu'en prison, afin d'éviter le scandale. Le film traite plutôt de ces rapports familiaux que de la question de l'euthanasie qui est posée en ouverture mais pas vraiment traitée. C'est touchant, encore une fois Fernandel est très bon, mais un peu ampoulé et beaucoup moins moderne que le Verneuil évoqué plus haut. Le film est surtout pertinent quand il dresse un portrait au vitriol de cette bourgeoisie rance prête à tout pour sauver les apparences.

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Un film de Walter Hill bénéficie toujours d'un capital sympathie même en étant à moitié raté. C'est le cas ici dans un polar noir un peu mal branlé mais rendu original par un personnage à la Elephant Man joué par Mickey Rourke alors au fait de sa gloire et qui se met à changer de gueule en plein milieu du film passant du statut de monstre à celui de beau gosse. Ce qu'il y a de plus fascinant dans ce film, c'est qu'il suit à la virgule la trajectoire physique de Mickey Rourke à l'envers. Il a commencé beau gosse pour finir monstre bouffi par l'alcool et le botox et son visage aujourd'hui ressemble à s'y méprendre à celui couvert de maquillage qu'il arborait au début de ce film.
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J'ai vingt ans, Marlen Khoutsiev, 1962

J'ai presque honte de ne pas aimer ce film tant il est impressionnant.
Le plan séquence de la première scène déploie à peu près autant de virtuosité technique que trois films de De Palma. Mais pour montrer quoi ? J'ai vingt ans consiste en une série de circulations, qui sont autant de prouesses, soit dans les mouvements de caméra, soit dans la direction d'acteurs et des figurants (Tarkovski apparaît quelques secondes, au détour d'une fête). Il en résulte l'impression d'un grouillement, d'une instabilité (j'ai vingt ans et je ne tiens pas en place, pourrait-on résumer), mais aussi d'une certaine superficialité. La désillusion des trois amis semble bien futile, voire bourgeoise, comme le pensa sans doute le comité qui censura le film.
Je retiens le passage des saisons, toujours inattendu. C'est Sergei, le blond, qui nous guide de l'une à l'autre, observant un changement à travers la fenêtre : la neige est là, ou bien elle se met à fondre. Il allume une cigarette, observe un peu le monde et puis sort de chez lui. Chaque nouvelle saison est l'occasion de modifier son désir. A force d'esquiver toute profondeur, Khoutsiev en vient à nous faire éprouver comment le corps de l'homme ne fait qu'un avec celui de la ville. Sergei vit chez sa mère, mais le portrait qui est fait d'elle est si vague (une veuve un peu malheureuse) que le jeune homme semble être moins son fils qu'un enfant de Moscou. Un enfant de Moscou, encore pris dans le ventre de la ville. Si le film atteint une forme de beauté, c'est bien à cet endroit.
Ce qui ne va pas, c'est cette mise en scène grandiose, grandiloquente, au service d'affects un peu fades, au mieux doux-amers, au pire normatifs. Le film a beau brasser du monde et s'étendre sur près de trois heures, il ne laisse aucune chance aux personnages secondaires. C'est l'histoire de trois amis, mais Khoutsiev réussit la prouesse d'exclure le troisième, celui qui est déjà marié, posé en pur faire-valoir au milieu des plans. Une scène caractéristique : Kolya un soir de grand dépit amical parle enfin à la contrôleuse du tramway, qui jusqu'alors n'avait eu le droit que de sourire bêtement. Elle lui dit qu'elle écrivait des poèmes autrefois, Kolya lui répond "moi aussi" et récite un des poèmes qu'il écrivait quand il était petit. Ceux de la contrôleuse, on ne les entendra pas. Le cinéaste choisit de laisser la parole à celui qui l'a déjà.

J'ai quand même insisté (parce que ce n'est pas tout à fait rien non plus) :

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Pluie de juillet, Marlen Khoutsiev, 1967

Même inconsistance mondaine, personnages vaguement blasés, cherchant tellement l'élégance qu'ils en deviennent vulgaires (existentialisme de salon). J'espérais que le caractère "mineur" de cette production (c'est moins long, il y a moins de figurants, ça ne parle pas du traumatisme de la seconde guerre mondiale) permettrait au réalisateur d'aller plus en profondeur : pas du tout. C'est seulement moins grandiose, et encore plus lent que J'ai vingt ans.
Pour faire bref je dirais que c'est du mauvais Antonioni (il paraît que Khoutsiev n'avait jamais vu de film d'Antonioni - il aurait dû !).
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cyborg
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cyborg a écrit :
ven. 5 févr. 2021 01:25
". J'aimerais voir un film d'aujourd'hui pensant le son en termes de création et non simplement d'ambiance (c'est très rare)."

Oui !!! Et c'est pourtant absolument crucial !
Les plus grands ont toujours mis en avant l'importance de l'oreille par rapport à l’œil dans le medium cinéma (Welles, Godard...) mais bon nombre de cinéastes contemporains semblent vraiment avoir oublié cet aspect dans leurs créations...
Ca serait un top très intéressant à faire que de classer les films pour leur rapport au son plus que leur rapport à l'image...

En repensant à tout ceci je me demande si elle n'est pas là, au final, la vraie différence entre "cinéma" et "vidéo" que l'on va toujours chercher à trouver en terme de différences techniques, visuelles etc... alors que ça pourrait être en fait dans le son ? Le fait que avec la vidéo le son est "intégré", souvent "implémenté" à même la machine, comme présent par défaut, alors que dans le cinéma il a toujours fallu le penser "en plus" ? Cela aboutissant à des réflexions, des modes de faire et des imaginaires très différents. Enfin, ce n'est qu'une idée qui me vient en passant...
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@cyborg oui, et globalement le cinéma cherche à faire comme si c'était un son intégré, mais propre.
je crois qu'il y a une confusion (ou plutôt une absence de séparation) entre deux présupposés sonores : il faut que ce soit compréhensible, et il faut que ce soit réaliste.
la science-fiction pourrait inventer quelque chose à cet endroit mais c'est rare. on invente des monstres verts mais quand ils marchent, le bruit de leurs pas est tout ce qu'il y a de plus normal. tiens, ça me fait penser à Ma Loute de Dumont, qui faisait grincer ses personnages quand ils se déplaçaient (c'était assez génial, ça).
(et il y a les films de Bresson, qui sonnent toujours de façon très singulière, comme si tout concordait à l'abstraction (ou plutôt l'extraction) des gestes des personnages)
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asketoner a écrit :
dim. 7 févr. 2021 14:44
on invente des monstres verts mais quand ils marchent, le bruit de leurs pas est tout ce qu'il y a de plus normal.
Réflexion étrange. On peut imaginer l'allure biologique d'un être (et aussi modifier les sons qu'il émet, je pense que le cinéma est plein de cris étranges et de langues extraterrestre), mais on ne change pas les propriétés physiques du bruit de pas.
Ou alors c'est qu'on a carrément basculé dans un monde où les propriétés (sonores ou visuelles) du notre ne s'appliquent plus (l'au delà de 2001 ?), mais alors difficile de laisser quelconque repère au spectateur.

Après, on peut modifier des sons volontairement pour créer un effet décalé (p. ex. comique comme dans Ma Loute que tu cites, mais on peut aussi rechercher le malaise ou autre du fait de ce décalage), mais dans ce cas là, les exemples se comptent à la pelle. Il suffit par exemple d'aller chercher du côté du cinéma d'animation, où le son est peut être encore plus pensé à part que dans le cinéma en prise de vues réelles, et alors tu pourras trouver ta dose de bruits étranges, grincements ou autres couinements :D
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cyborg
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@yhi : alors dans ce cas tu pars encore dans un autre paradigme, ou plus rien "n'existe en soi" et il faut tout inventer : les images, les corps, les sons. Et chaque animateur/créateur crée sa propre logique (la réalité des dessins animés de Tex Avery n'ont rien à voir avec la réalité des dessins animés de Walt Disney) Donc ça me parait être difficilement comparable par rapport au débat ici ?
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cyborg
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La mer et les jours - Alain Kaminker, Raymond Vogel - 1958

Documentaire magnifique sur la communauté de pécheurs de l’ile de Sein. Les images sont incroyables et décrivent un mode de vie d'une rudesse extrême paraissant d'un autre âge et datant pourtant d'il y a seulement 60 ans... La voix-off est un commentaire de Chris Marker, ce qui n'est pas pour rien dans la réussite du projet.

Il est ici : https://chrismarker.org/la-mer-et-les-jours/


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Les hommes de la nuit - Henri Fabiani - 1952

Dans la même veine que le précédent, sidérant documentaire sur le premier jour de travail de gamins destinés à devenir mineurs de fond dans le bassin houiller lorrain. Le documentaire suit leur brève formation jusqu'à leur première descente à plus de 700 mètres de fond. La pénombre des lieux, couplé au gros grain de la pellicule, donne un résultat incroyable.


Puis l'occasion de renouer avec un cinéaste expérimental incroyable, Stefen Dwoskin, dont je n'avais vu jusqu'à présent que deux films.
Désormais j'ai vu aussi :

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Des corps, des tas de corps, qui s’entremêlent, qui se touchent, qui s'habillent, se déshabillent, qui se parlent, qui s'éloignent, qui se confrontent. Sans son direct 95 % du temps. La bande-son, magnifique, est une composition de Gavin Bryars. Le tout dure 2h20. Le projet est extrêmement 70s dans l'idée, puisqu'il s'agissait de réunir des acteurs/performeurs sur une scène, avec quelques accessoires (du maquillages, des costumes) et de les laisser faire ce qu'ils voulaient, scruter leurs interactions et l'évolution de la situation. Le tout sur plusieurs sessions d'après un entretien que j'ai lu de Dwoskin. Mais la force du film est qu'il n'y a aucune contextualisation et que ce découpage temporel "réel" n'est jamais ressenti ou expliqué. Et on à l'impression qu'à chaque plan les corps se démultiplient, apparaissent et disparaissent comme des spectres, au détour d'un incompréhensible labyrinthe invisible. Le travail, tant de captation que de montage, est pharamineux. Il faut garder à l'esprit que Dwoskin, atteint de polio, est handicapé. La question du désir, du corps féminin notamment mais pas seulement, est toujours là, fascinante, et doublé d'un rapport extrêmement sensuel à la chair. Il est dur de parle de ce film, car il est indéscriptible, purement cinématographique d'une certaine façon, et surtout profondément hypnotisant, les plus de 2h de film passant en un temps éclair.

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Outside In - Stefen Dwoskin - 1981

Comme dans Behindert, il s'agit de la veine plus intime de Dwoskin. Outside In est un enchainement de scénettes durant 1h50 dans lesquelles Dwoskin se met en scène. Certaines reviennent parfois deux ou trois fois créant ainsi une simili-linéarité. Ou plus exactement il met en scène son handicap et la rapport que cela crée entre lui et le monde, entre le monde et lui, entre son cinéma et le monde. Il est sidérant de voir à quel point son film atteint à la fois une honnête frontale mais aussi une pudeur dénuée de tout misérabilisme ou apitoiement. Ces propositions de réflexion et de cinéma me semble unique (je ne crois pas connaitre d'autres réalisateurs handicapés, ou du moins qui le revendiquent autant pour en faire une matière première de leurs créations).
Si le film me captive moins que Central Bazaar vu la veille je crois qu'il m'aide à comprendre comment Dwoskin a construit son rapport au médium et pourquoi il y excelle. Je crois qu'il a trouvé dans la caméra de cinéma un medium, un outil, qui est déjà un être au monde à part entière, qui s'y inscrit pleinement (au contraire, par exemple, du dessin ou de l'écriture qui surgissent quand on "les active" (pour dire cela rapidement et très mal)), mais qui s'y inscrit pleinement "très mal" ou "très pauvrement". La caméra est un peu comme un corps handicapé qui ne pourrait que voir mais qui ne peut ni penser, ni se déplacer etc... Il se crée ainsi un rapport de compréhension entre l'auteur et son médium, une sorte de connivence qui démultiplie le pouvoir de la caméra. Et qui, en se complétant étrangement, n'a jamais aussi bien filmé les corps et leur mystérieuse façon d'être des masses de chair animées et engoncés dans la société qu'ils composent. Incroyable, une fois encore.


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Succédant deux ans plus tard à La Salamandre, "Le Retour d'Afrique" (1973) est déjà la 11ème réalisation d'Alain Tanner (si on compte ses courts). Le film s'inscrit totalement dans la mouvance de la Nouvelle Vague, mais dans son versant désenchanté. Je pense par exemple à Week-End de Godard, qui est une sorte de départ in-fine impossible, à qui il emprunte il me semble quelques idées au passage, des discussions en baignoire, aux discussions en foret ou aux extraits de poésie qui émaille le film (ici : Cahier d'un retour au pays natal de Césaire).
Sur un coup de tête, ou presque, un jeune couple décide de partir vivre en Algérie pour y rejoindre un ami et s'y inventer une nouvelle vie. Mais la veille du départ arrive un télégramme : "Ne venez pas, problème sur place. Plus d'information par lettre". Problème : la lettre d'explication tarde à arriver et, le couple s'enferme (se confine !) dans son ancien appartement, n'osant plus se confronter à ceux à qui ils ont dit au revoir... Retour d'Afrique est donc un film sur la perte des idéaux de mai 68 (soudain, déjà...), avec ce départ, cette lettre, qui, comme le grand soir, semble ne jamais arriver, mettant à rude épreuve idéaux et réalité quotidienne. Comme souvent chez Tanner la structure de son film et de sa pensée est assez claire, évidente. Mais la meilleure idée du film est qu'une fois le choc passé (si il n'y a pas départ, si il n'y a pas changement, il faut pourtant bien continuer à vivre) l'idéal révolutionnaire n'est plus porté vers l'au-delà de l'étranger et de la nouveauté inconnue, mais se recentre au sein de la cellule familiale elle même : comment se vie le couple, quelle est la place de la femme dans le foyer, dans le travail, dans l'éducation de l'enfant qui va arriver ? Et si la première et essentielle bataille à mener était avant tout ici dans le cercle intime ? Et cela malgré les incessants bruits d'avions qui survolent sans cesse le nouvel HLM du couple, pénibles échos d'un futur idéal que l'on n'a pas vécu.


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Soft & Hard - Jean Luc Godard & Anne-Marie Miéville

Si la vidéo à permis de révolutionner la communication du monde entier et de faire surgir ses quatre coins dans les salons, elle à également, en sens inverse, permis d'observer au plus proche l'intimité du quotidien. Godard et Miéville l'ont bien compris durant leurs années de réflexion sur leur médium et se prêtent donc à l'exercice. Le "couple" (forme particulière du "montage", bien sur - on parle d'ailleurs ici des liens entre "faire œuvre" et "faire un enfant"...) ayant été le moteur de tous le cinéma de Godard, ils se prêtent ainsi à l'expérience en filmant leur foyer et leur intimité. Tout d'abord en se mettant ouvertement en scène ( entre promenade-lecture-tache ménagère-tennis en intérieur) puis en laissant la place totale à la parole, comme une sorte de thérapie de couple ou chacun semble se découvrir (vraiment ?!) durant une longue conversation. Si je conseillerai ce film avant tout aux aficionados des deux auteurs, le résultat est néanmoins un intéressant making-off de leurs pensées, parfois assez réjouissant dans ce qu'il laisse à voir ou à imaginer.
Modifié en dernier par cyborg le dim. 7 févr. 2021 16:43, modifié 1 fois.
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yhi
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cyborg a écrit :
dim. 7 févr. 2021 15:37
@yhi : alors dans ce cas tu pars encore dans un autre paradigme, ou plus rien "n'existe en soi" et il faut tout inventer : les images, les corps, les sons. Et chaque animateur/créateur crée sa propre logique (la réalité des dessins animés de Tex Avery n'ont rien à voir avec la réalité des dessins animés de Walt Disney) Donc ça me parait être difficilement comparable par rapport au débat ici ?
Oui c'est vrai. Le parallèle que je trouve confus plus haut, c'est la comparaison entre l'introduction d'une invention dans une réalité donnée (le monstre vert, mais conforme aux règles de cette réalité, juste inconnu), avec une modification complète de cette réalité.
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asketoner
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@yhi : je me suis mal exprimé : je ne cherche pas la bizarrerie (pas spécialement), mais souvent le son des films est banal (il soutient les images, fait jouer le hors-champ, etc...). Et c'est souvent très plein plutôt qu'épuré.
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asketoner
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Lettres d'un homme mort, Konstantin Lopouchanski, 1985

Le film, qui raconte l'histoire de quelques êtres humains réfugiés sous terre après une grave explosion nucléaire en URSS, est connu pour être sorti quelques semaines avant le désastre de Tchernobyl. Une fois passée la sidération de la coïncidence, il ne reste pas grand chose. J'ai eu l'impression d'assister à une représentation des Justes de Camus : c'est explicatif, bavard, thématisé à outrance. On dirait que le film a été fait pour ceux qui n'auraient vraiment pas compris Stalker - sauf qu'en guise de mise en scène et de poésie, il n'y a qu'un affreux filtre jaune posé sur l'objectif de la caméra. J'ai eu du mal à voir ces images autrement que comme les illustrations un peu simplettes d'un scénario bien glauque.
Il y a néanmoins quelques effets de montage très réussis, et quelques scènes (celles qui sont muettes) notables (la fin, par exemple, quand les enfants décident de sortir quand même, est très émouvante - cf le photogramme ci-dessus).
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groil_groil
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L'accroche de l'affiche est on ne peut plus explicite : "Bonne nouvelle : Jonathan a enfin pris son pied ! Mauvaise nouvelle : c'est avec la mère de son pote !" Tout cela est donc bien dans le film, sauf que la mère du pote, c'est Jacqueline Bisset, et que, malgré sa coupe de caniche royal (la pauvre, comment peut-on lui faire ça), elle est d'une beauté et d'une classe telle qu'elle tire le film dans des sphères que ne laissent pas supposer l'affiche. Elle n'est pas la seule responsable de cette qualité, le film est beaucoup moins graveleux que ce qu'il peut laisser supposer, c'est au contraire un film assez fin, assez mélancolique, parfois proche d'un Eté 42, sur l'incapacité d'aimer ou d'être aimé de quelqu'un qui a le double de son âge, et ce uniquement à cause du regard des autres, surtout quand ce regard-là est celui du fils de son amante qui n'est autre que son propre pote. On peut reprocher au film de ne pas assez développer le rôle de Bisset, et de lui poser parfois un regard un peu macho voire condescendant, ce serait oublier qu'on est quand même dans un film de Fac de garçons et que celui-ci s'en tire haut-la-main comme l'un des meilleurs du genre.

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Revu ce bon thriller 90's qui tient encore très bien la route aujourd'hui et qui est surtout incroyablement pessimiste (rarement vu un film du genre se terminant aussi mal). Juste un truc qu'il faut accepter quand même, sinon le film ne tient pas la route deux secondes : nous avons donc un héros qui est un prof d'histoire dont la spécialité est l'étude du terrorisme et des terroristes, et le type qui vient habiter pile en face de chez lui dans une petite banlieue pavillonnaire on ne peut plus calme est justement... un terroriste !

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Beaucoup mieux que la première fois où j'avais trouvé ça pénible. Là, j'y ai vu un bon polar de genre, qui passe à toute vitesse avec une règle imposée très forte. Deux bémols néanmoins : je trouve les effets spéciaux atroces, ces mouvements où la caméra se promène de partout rentre dans les tuyaux, passe à travers les murs, on dirait vraiment une démo digne d'une émission de Stéphane Plazza, c'est atroce. Et le second point, c'est que malgré cet appart dingue de 390m² sur 3 niveaux, je trouve que la topographie des lieux n'est pas assez exploitée, surtout connaissant Fincher, et qu'il y avait matière à faire un film où l'appartement en tant que personnage pouvait jouer un rôle beaucoup plus important.

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Etant confiné, comme on n'a plus l'occasion d'aller au cinéma, on a parfois envie de voir des nouveautés, c'est ce que je vais faire cette semaine. J'avais lu deux trois bons échos du nouveau film de cet esbroufeur de Kounen, alors pourquoi pas tenter... Quelle erreur... quelle horreur ! Le film est abominable de bout en bout, à tous niveaux, et la morale est absolument abjecte. C'est un gros gros film de droite bien capitaliste qui ne dit qu'une chose : oui il faut se rabibocher avec sa famille dans un seul but, posséder, acheter, ici le domaine qui produit le Bordeaux le plus rare et le plus cher au monde, ravalé par la boite des deux cousins, sorte de Pernod-Ricard fictif. Le pire dans tout ça : Lindon souffre d'agueusie (il a perdu le goût, artifice totalement pompé sur L'Aile ou la Cuisse), donc il ne connait pas le goût de ce vin, il souhaite donc racheter le domaine non pas parce que c'est le meilleur Bordeaux du Monde, il n'en sait rien, mais juste parce que c'est le plus cher.
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asketoner a écrit :
dim. 7 févr. 2021 20:10
sauf qu'en guise de mise en scène et de poésie, il n'y a qu'un affreux filtre jaune posé sur l'objectif de la caméra
estime-toi heureux : ça aurait pu être couleur caca, dirait groil :D
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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@groil_groil : je ris sans pouvoir m'arrêter depuis que j'ai lu ta comparaison entre un film de Fincher et Stéphane Plaza
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cyborg
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@asketoner : tiens j'ai vu aussi ce Lopouchanski, que d'après mes notes je comparais à un sous "Jeunet & Caro" slave coloré d'un filtre jaune pisse. Et je notais aussi que c'était, comme tu le dis, totalement du sous-Stalker tout en brandissant une explication possible : Lopouchanski fut l'assistant de Tarko sur Stalker....

J'ai vu deux autres films de Lopouchanski également (The Role et Le Visiteur du Musée) que j'avais légèrement préféré (mais rien de fou non plus)



Et sinon je ne sais pas qui est Stéphane Plaza :(
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@cyborg

Stéphane Plaza, lui, n'a pas été l'assistant de Tarkovski. C'est un agent immobilier qui passe à la télé et qui force des gens à acheter des appartements.

Je dois t'avouer que ce seul Lopouchanski m'a refroidi, je ne verrai pas les autres, d'autant que les commentaires positifs que je lis se résument souvent à : "pour les fans de Stalker !"
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