Le Centre de Visionnage : Films et débats

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Tyra
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Attention je raconte pas mal le film.
Un couple de réalisateurs (en haut sur l'affiche) prend quelques vacances sur l'ile suédoise de Faro, connue par les cinéphiles pour avoir été le lieu de tournage et la résidence d'Ingmar Bergman. Il espèrent retrouver l'inspiration sous l'influence magique du lieu chargé de cinéma. C'est là que vient le problème, le cinéma de MHL n'a aucune parenté avec Bergman, de près ou de loin. Du coup, elle ne fait strictement rien du cinéma de Bergman, ne s'y confronte pas, et ne fait rien d'autre du lieu que de dérouler un dépliant touristique. Cette partie touristique n'est d'ailleurs pas déplaisante, parce qu'on découvre comment l'ile vivote et fait commerce du mythe Bergman, ce que j'ignorais totalement.
Par la suite, on se coltine une énième variation sur la fiction qui s'entremêle avec la réalité. La femme du couple, qui semble ne plus aimer son compagnon, plus connu et reconnu qu'elle et qui ne s'intéresse pas assez à son écriture (prend ça Assayas), s'éloigne petit à petit de lui, d'abord pour écrire un scénario, puis pour flirter avec un jeune local. Elle ne trompera pas son mec, et se contentera de développer les frissons de l'adultère dans son scénario, que l'on verra donc à l'image via une histoire d'amour défendue entre deux jeunes gens (au milieu de l'affiche) qui se retrouvent en cachette de leur couple respectif. Histoire dans l'histoire totalement inintéressante, d'une grande platitude. Ellipse, puis on découvre le tournage de ce scenario, avec les mêmes acteurs pour jouer ces mêmes rôles. Là encore flirte avec l'acteur qui joue son fantasme dans le scénario, là encore non concrétisé. Puis retour à la normal à la fin du film où elle retrouve son mari avec leur fille. Raconté comme ça, on peut penser à du Hong Sang-soo, mais sans la malice, sans le vertige et sans brouillage du réel et de la fiction.
J'avais aimé L'Avenir de MHL, mais depuis force est de constater que ce n'est pas la grande forme.
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sokol
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asketoner a écrit :
dim. 18 juil. 2021 22:51
c'est vraiment Tarantino la figure tutélaire
Je viens de lire quelques part : "...la danse tarantinesque (sur d'ailleurs une variante de "About her" de Malcolm McLaren dans "Kill Bill 2")".

Je ne savais même pas. Comme quoi !!
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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groil_groil
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Pas revu depuis tellement longtemps que c'était une vraie redécouverte, et je reste traumatisé à jamais par les extraits explicites du film vus à la Séquence du Spectateur quand j'étais tout minot. J'ai donc revu le film grâce à la très belle copie remasterisée sortie en bluray cette semaine avec plus d'un an et demi de report, ça avait fini par devenir une Arlésienne. J'adore Landis, et ce film est vraiment à part dans sa filmo, même si il a souvent abordé le fantastique, et qu'il est surtout connu comme auteur de comédies, ce film est à part car il est son film fantastique le plus sérieux, le moins drôle (même si il y a quand même quelques scènes non dénuées d'humour), alors que tous les autres en sont remplis. A revoir aujourd'hui, Le Loup Garou de Londres est toujours un film passionnant, et il est surtout passionnant par son étrangeté. C'est un film totalement bancal, dans le sens où il oscille entre plusieurs genres, le film d'épouvante 60's à la Hammer, le gore (la scène de transformation est un exemple de réussite du genre), le thriller psychologique à la Kubrick (on pense parfois à Orange Mécanique), et un humour à l'ancienne qui tombe parfois à plat et qui a pour lui de déréaliser complètement l'ensemble. Le film se termine par une grande scène d'accident de voitures en cascade, à la Blues Brothers, et c'est d'ailleurs le film qu'il réalise après les Blues Brothers, et juste avant Un Fauteuil pour Deux, insérant ainsi son film d'horreur le plus sombre au milieu de ses deux comédies les plus célèbres, et sans doute les plus réussies. C'est ce mélange des genres qui donne toute sa saveur au film, car jamais nous n'avons l'impression que Landis ne sait pas choisir, mais plutôt qu'il donne sa version, ô combien personnelle, du mythe du loup-garou.

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Après Le Loup-Garou de Londres, j'ai évidemment revu le long clip de Thriller réalisé par Landis en 1983, soit juste après et très proche thématiquement. J'ai longtemps rêvé qu'il soit restauré et ajouté au bluray en bonus, mais ce n'est malheureusement pas le cas, pour des histoires de droits qu'on imagine insolubles. Bref, ce clip est la parfaite continuité du lou-garou de Londres, la transformation de Jackson en loup-garou est la même, en plus rapide, que celle du film. Ce long clip de 13 minutes brasse les thèmes du loup-garou, des morts vivants, du cimétière et de la maison hanté dans une esthétique très 50's qui rappelle les préoccupations de la Amblin, et c'est toujours une franche réussite. Je me souviens combien ce clip fut important pour notre génération, diffusion en exclus chez Drucker en prime-time, des millions d'ados et de gamins devant leur poste, et une génération marquée à jamais. Je me souviens de ça, de l'importance que ça a eu sur cette génération, et je me dis que si je suis autant fan de films d'horreurs et de cinéma bis, ce clip y est sans doute pour quelque chose.

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Sans doute le meilleur Siodmak de sa période française, un film ample et ambitieux, et une troisième rencontre entre Harry Baur et Robert Lynen après Poil de Carotte et Un Carnet de Bal, même s'ils n'ont ici que très peu de scènes ensemble, mais je suis toujours très ému de les voir jouer ensemble alors que quelques années plus tard ils seront tous les deux assassinés par les nazis.
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groil_groil
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J'adore Stuart Gordon et ses deux autres adaptations de Lovecraft sont superbes. Mais là, et même si on m'a dit que l'adaptation était archi-fidèle, ce n'est pas possible, je n'y crois pas deux secondes. En fait, je pense que c'est pour une raison simple, ce film arrive trop tard. Il date en effet de 2001 et ce cinéma-là est un cinéma des années 80, basta. Là on voit les trucages numériques moches (alors que le vrai fantastique c'est de la bricole) et une image dégueu tendance débuts de la DV alors que ça peut n'exister qu'en pellicule. Comme c'est une prod espagnole, ça complique encore la donne avec des seconds rôles espagnols face à des protagonistes américains, tout ça ne prend jamais et ressemble au projet bancal par excellence, qui n'aurait jamais dû se monter.

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C'est du cinéma courageux, tranché, vif, d'une profonde honnèteté, vraiment destabilisant, choquant à plus d'un tour (moi qui suis un habitué du gore j'ai du me cacher les yeux deux ou trois fois) mais dont aucun plan n'est problématique, car tout est filmé avec une grande honnèteté, et avec un talent monstrueux, le gap franchi entre Grave et Titane est énorme. Je trouve vraiment courageux que le jury cannois ait récompensé un film aussi atypique, c'est une date qui va rester je pense, au même titre que les palmes pour Pialat, ou le jury Cronenberg. Je ne vois pas meilleure façon de révolutionner ce festival.

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Du Talentueux Mr. Ripley like (c'est aussi adapté de Patricia Highsmith), avec certes moins de talent, mais tout à fait acceptable.

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Un très très bon cru de Bruno Podalydès, cinéaste de droite, qui flatte donc toujours le petit côté réac qui est en chacun de nous, mais ce n'est jamais gênant ici car déjà c'est super drôle, secondo il a raison sur absolument tout ce qu'il moque, et enfin c'est hyper tendre. D'une tendresse infinie qui emporte tout, même les facilités de scénario, même les petits accès de c'était mieux avant. Un vrai petit bonheur qui, comme le Playlist de Nine Antico, prend beaucoup de plaisir à dézinguer ces nouvelles entreprises où les patrons se la jouent hyper cool tout en étant de grosses merdes.

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je débute ici un mini-ciné-club avec mon fils de 7 ans, qui a déjà vu tout Tati et qui n'aime pas les dessins animés long métrage, donc parfait. Il a adoré.

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Quelle cruelle déception. Un sujet fabuleux et même plus, et un film qui passe complètement à côté de ce sujet, ne tentant jamais d'expliquer les mystères de ce tableau, préférant demander leurs avis à des soi-disants artistes (dont Michel Onfray s'il vous plait...) plutôt qu'à des historiens de l'art...

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Revu ce Schrader sur Mishima que j'adore, film qui est devenu une sorte de classique avec le temps alors que c'est un drôle de film, souvent très bancal et qui marque les esprits pour trois points : l'image, digne de la production Coppola / Lucas qu'elle est, très belle et criarde, le système narratif en 4 tableaux, et la musique de Philip Glass.

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Là aussi beaucoup d'émotion car c'était la première fois que ma fille de 4 ans voyait un film en soirée avec toute la famille. Elle a bien sûr adoré, et j'ai moins souffert que prévu (sauf durant les chansons)...

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Vous savez que je suis un inconditionnel de Walsh, et je n'avais encore volontairement pas vu L'Enfer est à lui, je me le gardais secrètement comme un trésor que je chérissais. C'est donc désormais chose faite, et c'est la calotte attendue. Ce n'est pas mon Walsh favori mais il est dans le top 5, gros chef-d'oeuvre de sa race, encore ultra moderne et pertinent.
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
lun. 26 juil. 2021 16:41

Un très très bon cru de Bruno Podalydès, cinéaste de droite,

Ah, tu le trouves de droite ?
Moi je l'ai toujours vu de gauche molle. Du genre à voter PS depuis toujours, à trouver que le mandat d'Hollande "ça va, c'était pas si mal"... donc oui, ok, un peu de droite quand même, maaiiiiis par exemple je l'imagine plus avoir voté Hamon que Macron au premier tour de 2017 ^^

Bref, moi je continue de penser que Podalydès n'arrive plus à retrouver son haut niveau depuis le terrible Bancs Publics. Je suis notamment surpris d'à quel point ce n'est pas très beau, lui qui était si créatif dans le visuel de ses films, avant. Mais le film a des qualités. Surtout via le personnage de Bruno Podalydès, qui est le vrai personnage intéressant dans cet univers absurde, celui qui devrait vraiment être point de vue. Malheureusement, en tant qu'acteur il est moins bon que son frère.
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Narval
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Quelle cruelle déception. Un sujet fabuleux et même plus, et un film qui passe complètement à côté de ce sujet, ne tentant jamais d'expliquer les mystères de ce tableau, préférant demander leurs avis à des soi-disants artistes (dont Michel Onfray s'il vous plait...) plutôt qu'à des historiens de l'art...
Oh yes, une vraie calamité ce film je m'en souviens très bien. Les intervenants n'avaient que des banalités à dire sur ce tableau, rien n'était un peu creusé. Comme quoi il suffit d'avoir des personnalités devant la caméra pour sortir au cinoche... C'est bête qu'un film pareil sorte au cinéma car à côté il y a de super réalisateurs de films sur l'art qui poussent vraiment leur sujet, mais ces films là ne sortent jamais sur nos écrans, ce sont des films de musée.
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 26 juil. 2021 18:29
groil_groil a écrit :
lun. 26 juil. 2021 16:41

Un très très bon cru de Bruno Podalydès, cinéaste de droite,

Ah, tu le trouves de droite ?
Moi je l'ai toujours vu de gauche molle. Du genre à voter PS depuis toujours, à trouver que le mandat d'Hollande "ça va, c'était pas si mal"... donc oui, ok, un peu de droite quand même, maaiiiiis par exemple je l'imagine plus avoir voté Hamon que Macron au premier tour de 2017 ^^

Bref, moi je continue de penser que Podalydès n'arrive plus à retrouver son haut niveau depuis le terrible Bancs Publics. Je suis notamment surpris d'à quel point ce n'est pas très beau, lui qui était si créatif dans le visuel de ses films, avant. Mais le film a des qualités. Surtout via le personnage de Bruno Podalydès, qui est le vrai personnage intéressant dans cet univers absurde, celui qui devrait vraiment être point de vue. Malheureusement, en tant qu'acteur il est moins bon que son frère.
Je te trouve dur car dans ce film-là j'ai moi retrouvé une certaine poésie de ses grandes heures, et je trouve qu'il est sur la bonne pente.
en revanche, si la glaviole est évidente, impossible de dénicher la fusée de Tintin, tu l'as trouvée toi ?
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groil_groil
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Narval a écrit :
lun. 26 juil. 2021 21:24
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Quelle cruelle déception. Un sujet fabuleux et même plus, et un film qui passe complètement à côté de ce sujet, ne tentant jamais d'expliquer les mystères de ce tableau, préférant demander leurs avis à des soi-disants artistes (dont Michel Onfray s'il vous plait...) plutôt qu'à des historiens de l'art...
Oh yes, une vraie calamité ce film je m'en souviens très bien. Les intervenants n'avaient que des banalités à dire sur ce tableau, rien n'était un peu creusé. Comme quoi il suffit d'avoir des personnalités devant la caméra pour sortir au cinoche... C'est bête qu'un film pareil sorte au cinéma car à côté il y a de super réalisateurs de films sur l'art qui poussent vraiment leur sujet, mais ces films là ne sortent jamais sur nos écrans, ce sont des films de musée.
Quelle déception... et que ce truc soit sorti en salle c'est en effet incompréhensible, surtout qu'il ne dure que 45mn...
les bonus du dvd sont dix fois plus intéressants que le film, et sans être géniaux non plus.
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groil_groil
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Une maman et jeune mamie, veuve, tente de s'en sortir en élevant seule ses nombreux enfants ainsi que deux petits enfants. L'un de ses enfants étant en prison, elle est obligée de cumuler deux boulots et de revendre ses bijoux, dont son alliance, pour lui payer ses frais d'avocat ou lui acheter du shit qu'elle passe en douce au parloir. C'est le second film de l'actrice Hafsia Herzi, j'avais raté le 1er, je vais vite le rattraper, et je vous le dis tout de suite, ce n'est pas un film d'actrice, mais vraiment un film de cinéaste ! C'est dingue comme c'est puissamment mis en scène, choisissant de filmer en scope pour inscrire ses personnages dans un environnement (les quartiers Nord de Marseille) qui prennent des allures légendaires par le cadrage et la mise en scène. C'est brillamment écrit, c'est drôle et tragique en même temps, elle sait choisir et filmer ses acteurs, et surtout, ce qu'il y a de plus appréciable dans le film, c'est de voir combien Herzi aime ses personnages et comment elle les magnifie. Réussite totale.

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Sans atteindre la grâce de ses trois premiers films, Mia Hansen-Love redresse tout de même la barre par rapport aux trois derniers qui étaient super décevants (pour rester poli). Bergman Island raconte l'histoire d'un couple de cinéastes (on ne saura pas jusqu'à quel point c'est autobiographique) qui se rendent sur Faro, l'île de Bergman, pour y écrire chacun un nouveau scénario, lui participant également à des conférences / projections de son oeuvre. Les relations de couple, sans parler de crises, ni de scènes de vie conjugale, deviennent le centre du film. Evidemment c'est un film dans lequel la cinéaste peut assouvir, et le spectateur avec, sa fan attitude sur le cinéma de Bergman, la silhouette du maître planant de partout, on y organise même, et je pense que c'est vrai, des "Safari Bergman", se rendant en bus sur les lieux de tournages de ses films. Le film est bien, inspiré, mais bizarrement construit. En plein milieu, la femme, géniale Vicki Krieps, raconte son scénario à son mari, parce qu'elle semble dans une impasse. Et là, le film change, et ce qui nous est donné à voir est le scénario de la jeune femme mis en images, et se déroulant également à Faro, avec de nouveaux acteurs. C'est bancal, car faire ça est aussi un aveu d'échec, signifiant que ce qu'on a à raconter n'est pas suffisant pour tenir sur le long métrage, mais il se trouve que cette seconde partie est aussi intéressante et bien jouée et qu'on finit par se prendre au jeu. En gros, une jeune femme se rend sur l'île de Faro pour le mariage d'une amie, et retrouve un amour de jeunesse (venu seul, mais marié et avec enfant), avec qui elle revit une histoire d'amour (puisqu'elle n'avait jamais cessé de l'aimer). Et ce qu'il y a de très réussi dans le film, c'est qu'à la fin les deux histoires vont se mêler, autour de la maison (véridique) de Bergman, la cinéaste va se retrouver nez à nez avec son acteur, et l'on va comprendre que le temps a passé et qu'elle est revenue sur l'île pour y tourner son film. Mais la dernière scène nous dit le contraire, puisqu'elle est une suite logique de la première partie. On se dit alors que ce tournage, elle a dû le rêver, ou qu'il interviendra prochainement, en tout cas elle semble avoir trouvé une solution pour achever son récit. La forme du film est étrange, bancale disais-je, car il est difficile d'en extraire un squelette narratif à l'ossature précise, ça semble partir où le vent de Faro voudra bien pousser le récit, il n'y a pas vraiment de fin, mais disons que ces hésitations, ces non-dits, sont clairement affirmés comme des choix et finissent par donner au film une structure, certes originale, mais réelle.
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Tyra
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C'est vachement bien tout ça ! Le film a l'air de passer un peu inaperçu, c'est dommage, c'est du vrai bon cinéma classique au service des personnages et des acteurs, tous fabuleux. Ils permettent au film de dépasser le cadre un peu programmatique du film, reconstituer fidèlement la vie de ce soldat et sa troupe qui ont continué la guerre du pacifique alors que celle ci était terminée, pendant presque 30 ans.
Un gros bémol sur la photographie : on a l'impression qu'il y a une volonté de retrouver la chaleur de la pellicule des anciens films de guerre, mais c'est probablement tourné en numérique, il y a un effet dégueu qui recouvre tout, c'est dommage.

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Il y a quelques beaux moments, lorsque le film s'assume comme pur cauchemar, dont il est impossible de sortir, et enchaine les morceaux de bravoures que lui permettent son pitch sur le vieillissement accéléré. Mais le film n'arrive pas vraiment à lier ces idées en un tout cohérent, et les personnages tous archétypaux sont dessinés à gros trait. Du coup ce qui aurait pu être une belle histoire sur une famille en crise confrontée à son vieillissement et à sa mortalité ne produit pas grand chose d'autre que du cliché et du grand-guignole (sauf à la limite lors de la belle scène de mort des parents de vieillesse).
Et puis, évidemment, Shyamalan oblige, le fantastique pur doit être expurgé et rationalisé par un twist explicatif sur les raisons du dérèglement, qui achève de plomber le film au niveau du nanar.
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit :
mar. 27 juil. 2021 10:53
Je te trouve dur car dans ce film-là j'ai moi retrouvé une certaine poésie de ses grandes heures, et je trouve qu'il est sur la bonne pente.
en revanche, si la glaviole est évidente, impossible de dénicher la fusée de Tintin, tu l'as trouvée toi ?
En fait, je trouve que le film est niveau Adieu Berthe, et je me souviens que déjà pour celui là, tu étais plus fan que moi.
Mais je ne le rejette pas à 100%. Disons bêtement qu'à une époque, un Podalydès qui ne terminait pas dans mon top 10 de l'année de sa sortie, ça n'existait pas. Je suis juste nostalgique de cela.
Et non, pas vu la fusée Tintin. Mais je suis un faux fan sur ce point, je n'ai jamais le réflexe de la chercher :D



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Impressionnant de maitrise. Voila un autre second film français qui aurait mérité une palme d'or s'il avait été en compétition. J'aurais adoré que le film dure le double pour diminuer la frustration de certaines ellipses (en vérité très bien gérées).
Et je trouve la photo magnifique, j'avoue ne pas très bien comprendre la remarque de Tyra à ce sujet.


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Je pense préférer Tu mérites un amour , car il était plus fou, plus libre, j'étais sans cesse surpris des directions prises, contrairement à ce Bonne Mère plus scolaire, où tu sens très vite le cahier des charges et les scènes à venir.
Ceci étant dit, ça reste un très bon second film (#thématiquedujour), Hafsia Herzi conservant son point de vue d'autrice léger, jamais jugeur ni moralisateur. Et cela est d'autant plus salvateur que, cette fois, le sujet se veut plus grave. On quitte le récit d'apprentissage amoureux un brin bourgeois pour parler de la précarité, refusant tout misérabilisme sans pour autant sous-estimer la violence du quotidien de ses personnages. C'est mine de rien assez fort de réussir ça. Seule fausse note : la musique.
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groil_groil
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salut !
j'ai listé ce que j'avais envie de voir jusqu'à la fin de l'année.
j'espère que j'y arriverai.

- 28 juillet
o Jungle Cruise – Jaume Collet-Serra

- 18 août
o Drive my Car - Ryusuke Hamaguchi

- 25 août
o France – Bruno Dumont

- 1er septembre
o Atarrabi et Mikelats – Eugène Green

- 8 septembre
o Serre-moi fort – Mathieu Amalric
o Délicieux – Eric Besnard

- 15 septembre
o Les Amours d’Anaïs - Charline Bourgeois-Tacquet
o Le Genou d’Ahed – Nadav Lapid

- 29 septembre
o Rifkin’s Festival – Woody Allen

- 6 octobre
o Mourir peut attendre - Cary Joji Fukunaga
o Tralala – Arnaud & Jean-Marie Larrieu

- 13 octobre
o Julie (en 12 chapitres) – Joachim Trier

- 20 octobre
o Halloween Kills – David Gordon Green
o Illusions perdues – Xavier Giannoli

- 27 octobre
o The French Dispatch – Wes Anderson
o Tre Piani – Nanni Moretti
o First Cow – Kelly Reichardt

- 3 novembre
o Les Olympiades – Jacques Audiard
o Albatros – Xavier Beauvois

- 10 novembre
o SOS Fantômes – L’Héritage – Jason Reitman
o Cry Macho – Clint Eastwood

- 17 novembre
o Amants – Nicole Garcia
o Vitalina Varela – Pedro Costa

- 24 novembre
o House of Gucci – Ridley Scott
o J’étais à la maison, mais… - Angela Shanelec

- 8 décembre
o West Side Story – Steven Spielberg

- 15 décembre
o Bad Luck Banging or Loony Porn – Radu Jude

- 29 décembre
o Tromperie – Arnaud Desplechin
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Tyra
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Je crois qu'on a tous un peu les mêmes. :zorro:

Grosse semaine du 27 octobre avec la sortie des Anderson, Reichardt et Moretti. :star: :star: :star:

J'ai très peur pour le Desplechin.
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groil_groil
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Film de vacances idéal, le meilleur Mulligan pour moi, que je revoyais avec beaucoup de plaisir dans sa superbe copie restaurée br, ça reste superbement beau et d'un gros indice de mignoncité, malgré les nombreux clichés liés à l'époque. Mais alors l'Italie filmée ainsi... quel bonheur.

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Alias Diffamation

Une prof de collège est victime de diffamation après la diffusion d'une photo d'elle nue sur les réseaux sociaux. La jeune femme disparait, des traces de son sang sont retrouvées dans sa maison, a-t-elle été assassinée, et par qui ? Ce n'est qu'un téléfilm, et ça se voit un peu, la mise en scène manque de personnalité même si l'ensemble n'est pas dénué d'intérêt.

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Un autre film de vacances parfait, une merveille totale où Cary Grant débarque au Japon en pleins JO et découvre son hôtel complet et va devoir partager une petite colloc avec une charmante jeune femme, puis avec un athlète, tous les trois étant évidemment anglo-américains. C'est drôle, enjoué, plein d'élégance, et servi par une BOF magnifique de Quincy Jones.

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Je me suis souvenu que j'avais entrepris de revoir tout Ceylan et donc celui-ci est son premier court, magnifique déjà, très graphique bien sûr, avec ses parents comme acteurs, une influence Tarkovskienne évidente, un gros travail sur le son, mais sur l'image encore plus, où l'on sent que Ceylan est vraiment un cinéaste plasticien.

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Avec l'envie consciente de voir une daube, mais en fait c'est au-delà de la daube, le terme n'a pas encore été inventé pour désigner ce genre d'abominable étron. C'est censé être un remake du plus escorc des deux, de Frank Oz, avec M. Caine et S. Martin, qui n'est pas un grand film déjà... mais là, c'est du Dreyer à côté...
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groil_groil
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C'est un ersatz d'Indiana Jones pour enfants, croisé avec African Queen et une fin fantastique qui évoque Avatar, mais malgré ces références pesantes et le fait que la quasi intégralité soit tournée sur fond vert, le film est très plaisant, bien construit et joliment fait.
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Tamponn Destartinn
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Je viens de voir la bande annonce des Amours d'Anais, qui n'a pas l'air passionnant mais qu'importe : quelqu'un peut m'expliquer depuis quand Denis Podalydès est (re)devenu un tombeur de ses dames ? Ici, il pécho Anaïs Demoustier, là où dans le prochain Desplechin, il pécho Léa Seydoux... ^^ ^^
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B-Lyndon
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Sans doute que ça exprime ce que sont devenus les cinéastes français vieillissants : des gros dégueulasse accros aux belles meufs jeunes.
Ca en dit sans doute long sur leurs film et leur cinéma du coup :D

(Bon cela dit si on faisait un top 5 des films où Poda pécho de la zouz, j'aurai Camille Redouble en premier, où toutes les scènes qui concernent le sujet sont magnifique, mais ça compte sans doute pas car la jeune meuf est jouée par une quadra :D )
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
len'
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Fast and furious 7 de James Wan

Il est loin le temps où j'étais fan de ce genre de films. Mais il faut avouer que même dans ces années-là, c'était surtout les John McTiernan et Michael Bay, moins les fast and furious. J'ai un bon souvenir du premier qu'on pourrait presque qualifier d'artisanal au regard de la grosse machine bien huilée que c'est devenu ensuite, et j'ai surtout un souvenir de la VHS louée probablement au vidéo club du coin (ah, ces lieux qui me manquent...). Les acteurs y sont toujours, 20 ans après, comme s'il s'agissait d'un travail à la chaîne, certes plutôt bien payé. Mais ils ont l'air contents d'être là, même si les plans durent si peu de temps que leurs visages semblent disparaître. D'ailleurs, Paul Walker étant décédé en cours de tournage, a été apparemment remplacé par ses frères pour certaines séquences et je n'y ai vu que du feu. J'ai aussi l'impression d'avoir vu ce genre de découpage des centaines de fois, et c'est bien beau de faire traverser un bolide d'immeuble en immeuble, si la manière de réaliser ne change pas, à quoi bon ? Vu la progression du truc, j'attends une course de bagnoles dans l'espace pour les prochains épisodes (peut-être avec l'aide d'Elon Musk et de Jeff Bezos, qui sait ?). C'est donc plutôt rapide, plutôt routinier, plutôt bourré de fric, plutôt polluant, plutôt sans visage (Michelle Rodriguez s'en sort un peu mieux malgré tout, elle paraît plus naturelle avec l'âge). A noter que le seul moment vraiment troublant du film est ce dialogue sur la bière entre Kurt Russel et Vin Diesel où ce dernier finit par dire : "Moi, j'aime la corona". Bref, encore un film qui donne envie d'aller élever des chèvres dans le Larzac.
Modifié en dernier par len' le lun. 25 oct. 2021 12:56, modifié 3 fois.
Kahled
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len' a écrit :
jeu. 5 août 2021 13:33
Fast and furious 7 de James Wan

Difficile à regarder jusqu'au bout sans m'endormir : il est loin le temps où j'étais fan de ce genre de films. Mais il faut avouer que même dans ces années-là, c'était surtout les films de John McTiernan et Michael Bay, moins les fast and furious. J'ai un bon souvenir du premier qu'on pourrait presque qualifier d'artisanal au regard de la grosse machine bien huilée que c'est devenu ensuite, et j'ai surtout un souvenir de la VHS louée probablement au vidéo club du coin (ah, ces lieux qui me manquent...). Les acteurs y sont toujours, 20 ans après, comme s'il s'agissait d'un travail à la chaîne, certes plutôt bien payé. Mais ils ont l'air contents d'être là, même si les plans durent si peu de temps que leurs visages semblent disparaître. D'ailleurs, Paul Walker étant décédé en cours de tournage, a été apparemment remplacé par ses frères pour certaines séquences et je n'y ai vu que du feu. J'ai aussi l'impression d'avoir vu ce genre de découpage des centaines de fois, et c'est bien beau de faire traverser un bolide d'immeuble en immeuble, si la manière de réaliser ne change pas, à quoi bon ? Vu la progression du truc, j'attends une course de bagnoles dans l'espace pour les prochains épisodes (peut-être avec l'aide d'Elon Musk et de Jeff Bezos, qui sait ?). C'est donc plutôt rapide, plutôt routinier, plutôt bourré de fric, plutôt polluant, plutôt sans visage (Michelle Rodriguez s'en sort un peu mieux malgré tout, elle paraît plus naturelle avec l'âge). A noter que le seul moment vraiment troublant du film est ce dialogue sur la bière entre Kurt Russel et Vin Diesel où ce dernier finit par dire : "Moi, j'aime la corona". Bref, encore un film qui donne envie d'aller élever des chèvres dans le Larzac.
J’ai eu des retours du dernier : tu crois pas si bien dire…
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Pale
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Kahled a écrit :
jeu. 5 août 2021 18:08
J’ai eu des retours du dernier : tu crois pas si bien dire…
J'ai quand même l'impression que c'est une sorte de pied de nez (d'autant plus que le film ne s'attarde pas sur ça) de la part des producteurs à l'intention des gens qui n'arrêtent pas de dire "Bientôt ils iront dans l'espace" :D
len'
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Ils pourraient faire un tour de piste autour de la galaxie ou dans la 4ème dimension que ce serait toujours aussi plat.
Michael Bay, quand il fait Transformers, c'est grandiloquent, c'est bête, mais ça n'a rien de plat (même si lui aussi il aurait pu s'arrêter au 3).

Pas étonnant que ce soit James Wan à la réalisation. C'est le même qui a contribué à aseptiser les films d'horreur depuis 15 ans. Pourtant, j'avais aussi trouvé death sentence et le premier saw plutôt sympas à l'époque, mais si seulement il s'était arrêté là...
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cyborg
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Pfiou l'été n'aide pas à voir des films, malgré de belles choses en salles mais pas forcément encore sorties à Bruxelles.
Je n'ai rien vu depuis un siècle et cela me manque. Mais avant cette disette ce fut :


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Etrange film, très construit, assez inégal même si dans l'ensemble je crois qu'il m'indiffère.
"Nous sommes tous encore ici" s'ouvre comme du sous Straub&Huillet puis glisse vers une petite histoire de couple au prise avec la médiocrité du quotidien. Sauf que, fait notable, l'un des élément du couple est ici Godard lui même, tandis que l'autre moitié n'est autre qu'AMM (bien que joué par une actrice...).
Le couple comme forme de "montage" possible étant point central du cinéma godarien, la mise en abyme n'est pas mal venue. Mais Mièville n'en fait pas grand chose et la question semble se transformer en "comment faire son propre cinéma quand on est en couple avec l'une des figures les plus éminentes de l'histoire du cinéma ?". La réponse n'est pas évidente mais plutôt que de s'émanciper et larguer les amarres, Mièville semble se prendre au piège d'une sorte de revanche en se donnant à coeur joie de faire figurer JLG dans les postures les plus dépréciatives possible : mangeant une banane, portant un gros bonnet en laine, ronchonnant... C'est au final une certaine tendresse qui gagne comme une flamme qui se reveillerait après avoir doucement souffler sur les braises. Mais tout ça pour ça ?


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Viva la muerte - Fernando Arrabal - 1971

Punaise j'avais un truc intéressant à dire mais j'ai oublié depuis le temps :D
Un petit garçon (Arrabal, j'imagine ?) se retrouve seul avec sa mère suite à l'arrestation de son père par de mystérieuse forces armées. Entre ces scènes surgissent des plans. étranges en monochrome qu'on imagine être des rêves ou des fantasmes. Les deux finissent plus ou moins par se mélanger... Le résultat est une sorte d'archétype du cinéma d'avant-garde/artistique/engagé de la fin des années 60/début 70 : rapport au corps et à la sexualité, critique de la religion, de la consommation, du fascisme... qui n'hésite pas à aller jusqu'au bout de ses provocations.

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Helvetica - Gary Hustwit

Documentaire d'1h30 sur la typographie Helvetica, sa conception, son triomphe, son rejet, son lien avec l'esprit du capitalisme etc. C'est à la fois passionnant mais aussi un peu une déception car le style de réalisation de Hustwit est totalement banal et sans personalité (comprendre : télévisuel).

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Urbanized - Gary Hustwit

Documentaire sur le design urbain à travers le monde par le même Hustwit. Le style est toujours aussi quelconque, mais en plus le sujet est survolé en voulant montrer trop d'exemples. On a l'impression d'être face à un catalogue d'idées mais il n'y aucune conceptualisation générale sur le design urbain, la conception des villes et leur organisation. Le résultat est assez décevant.



Et sinon je ne sais plus si j'en ai déjà parlé ici ou non mais j'ai vu
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6 des derniers courts-métrages de Robert Frank (True Story, The Present, Sanyu, Harry Smith at the Breslin Hotel, Paper Route, Energy and how to get it) dont on connait surtout les tout premiers datant de sa période beat tel que Pull My Daisy.
Ce dernier m'avait particulièrement ennuyé quand je l'ai vu il y a plus de 10 ans (peut-être faudrait-il que je le revois) mais c'est ici tout le contraire. A part Energy and how to get it qui trempe dans la fiction, ces courts sont à peu près extraordinaires, journaux filmés hyper pauvre en dv dégueulasse, mais doté d'un sens de la poétique, dumontage et du commentaire incroyable, toujours fragile et tremblotant, mais profondément humain, porté par la seule force créative. L'ensemble m'a énormément touché. Je les recommande tous, mais surtout le faux dyptique The Present et True Story.
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cyborg
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Ha tiens, un truc que j'ai oublié !


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Mes connaissances en Giallo sont limités mais celui-ci me semble un parfait cas paradigmatique du genre. On y retrouve dans une sorte d'enchainement infini l'ensemble des éléments fétiches du style : corps féminin, meurtres, gants, sang etc... mais sans que jamais il n'y ai une once de scénario ou d'intrigue. Tout sera finalement résolu en 20 secondes à la fin, sans que cela ai la moindre importance pour personne. Le film repose sur une sorte de pure plaisir scopique, basé sur l'apparition régulière de certains éléments totalement codifiés.
Il est assez intéressant de faire un parallèle conceptuel avec une scène au milieu du film. Dans celle-ci un professeur nous explique que le tueur reprend le mode d'action de la tarentule au ventre noir : elle pique sa proie pour l'immobiliser mais sans la tuer, la pauvre bestiole reste alors en vie et ressent la dévoration fatale qui s'en suit. Le spectateur est dans le même état que ces fameuses victimes, totalement paralysé et passif devant cette enchainement d'images attendues dans lesquels il ne peux pourtant aucunement s'investir.
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cyborg
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Michel-Ange (Il Peccato) - Andrey Konchalovsky

Le premier plan, paysage toscan aplati et pictural, filmé au zoom, évoque immédiatement Sokourov. D'autres points de détails (reflets et déformations d'images, protubérances monstrueuses, onirisme brouillé) viennent confirmer cette influence. Mais jamais la folie ne fait corps avec les images, le film reste dans son ensemble d'un académisme illustratif. Toujours nous restons à distance de la folie, de l'avarice, du narcissisme de Michel-Ange. Ce film est un-sous Faust, comme une variation à laquelle on aurait soustrait toute audace.
A vrai dire si j'avais su en amont que Konchalovsky était le frère de Nikita Mikhalkov je me serais sans doute abstenu du visionnage. Je ne sais pas si il souffre des mêmes tares politiques, mais cinématographiquement il n'a pas l'air bien meilleur.


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L'histoire est fascinante, extraordinaire, sans doute l'une des plus folles que l'Humanité contemporaine ai connu : un homme, seul ou presque, à continué la deuxième guerre mondiale pendant 30 ans isolé sur une île. Et le réalisateur semble persuadé que cette histoire incroyable suffira à faire film. Erreur. J'imagine que c'est ce que Sokol appelle "film à programme". La première heure et demi est une longue mise en place dont on aurait pu probablement se passer, la deuxième moitié du film se permet un peu d'audaces quand le point de solitude est atteint, mais c'est alors que s'enchainent les ellipses. Avant de finir sur ce gamin qui vient chercher Onoda, que l'on sorte nous même de l'ile et que le film s'enfonce dans un forme sirupeuse qui fait définitivement tendre le film vers une forme très américaine, comme si le réalisateur semblait enfin assumer ses références.

Le cinéaste ne fait rien de son personnage, de sa folie, de son rapport au monde, pas plus qu'il ne nous dit quelque chose du monde ou de nous même. Le savoir-faire est indéniable et l'on ne s'ennuie presque pas malgré les près de 3h de film mais pour un résultat malheureusement assez convenu. Le tout dernier plan est, en fait, le plus beau : Onoda emporté en hélicoptère, dont on voit simplement, sans contre-champ, le visage et le regard, observant l'île qu'il a mainte fois parcouru et cartographié, mais sans jamais la voir de haut et dans son ensemble. C'est ici que se tenait le passionant point de folie entre la carte et le territoire, malheureusement Arthur Harari aura décidé d'en faire un autre film.

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Bien heureux d'enfin voir un film récent de Rabat Ameur-Zaïmeche, dont je n'avais rien vu depuis trop longtemps.
Terminal Sud surprend par sa sécheresse assumée, sa raideur tendant vers l'abstraction, alors que ses précédents, par une proximité avec la forme documentaire, ma paraissaient plus amples et généreux. Pour bien appréhender le film je pense qu'il faut vraiment le voir, du début à la fin, comme un rêve, ou plutôt bien évidemment un cauchemar. Cauchemar d'un état policier, autoritaire, gangréné par des milices, sans que l'on ne puisse rien y faire ni n'y comprenne rien, mais subissant de plein fouet ses attaques sur nos quotidiens et nos vies intimes. Le résultat est imparfait mais audacieux, et est donc à saluer.

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Les retours mitigés ou négatifs lus ici ou là sur Benedetta n'ont manqué de me surprendre. Le voir qualifié de kitsch, de bis, de dépassé, de vulgaire, de grotesque pour discréditer le film...n'est ce pas précisément ce qu'est le cinéma de Verhoeven ? Verhoeven, cinéaste-caméléon par excellence, se grimant sous toutes les formes possibles pour nous parler de tout autre chose que du sujet qu'il met en scène.
On est quand même face à un auteur qui à vu l'un de ses film, Showgirl, qualifier de "plus mauvais film du monde" pendant près de 20 ans avant de le voir porter aux nu par la critique et les cinéphiles. Et c'est exactement de cela que nous parle Benedetta. Pour un cinéaste qui s'est toujours intéressé aux rapports entre chair et esprit, entre sensible et intelligence, le cadre d'un couvent et de nonnes perverses était on ne peut plus évident, au point de se demander pourquoi il ne l'a pas utilisé plus tôt. Le seul comparatif à faire dans sa filmographie est avec le très grand "La chair et le sang", qui était son film de transition de l'Europe vers les États-Unis, et dont celui-ci est le modèle inverse de retour vers l'Europe (même si "Elle" et "Black Book" se sont intercalés depuis lors...). Comme dans une bonne part de sa filmographie, Verhoeven nous parle ici avant tout de lui, de la carrière mouvementé bien réelle de ses films à double-fonds. Il n'est ici question de que croyance, de conviction, de dédoublement entre ce qui est vu et ce qui est dit, entre ce qui peut être cru et ce qui peut-être compris, d'adoubement instantané et de déchéance aussi rapide, tandis que rôde invisible une peste bubonique qui ravira même les plus puissants et les plus purs. Ceci pourrait bien sur être extrêmement prétentieux mais il n'en est rien car comme toujours Verhoeven ne délaisse jamais son récit au premier degrè et, surtout, mène sont projet avec beaucoup d'humour et de distance.


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Dans une époque indéterminée des punks s'affrontent dans de mystérieuses arènes, traqués par les services du gouvernement. Le récit est lacunaire, faussement linéaire, puisant ses références partout, de Godard au cinéma muet. Le film s'appréciera avant tout pour sa fougue, son énergie brute et honnête, trace de ce que pouvait être alors l'esthétique new-wave dans sa forme la plus pure, posture d’esthète n'ayant d'autres prétentions qu'être elle-même.
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groil_groil
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Après avoir vu ce truc, je découvre que le type en avait déjà fait un roman, puis une pièce de théâtre... Il exploite le filon de sa "marque", mais on pourrait au moins penser qu'il y tient, qu'il y a quelque chose de personnel dedans. Que dalle, c'est de la merde en barre, du pur cinéma de producteur, servant juste à couvrir ses frais pour pouvoir produire le suivant. C'est fou car c'est exactement le même sujet que le récent et merveilleux film de Guillaume Brac, A l'Abordage, et cela prouve qu'en fonction du type qui est derrière on peut faire un chef-d'oeuvre comme un étron. Au moins des films comme La Boum étaient correctement écrit, et sonnaient, à défaut de 'vrai', suffisamment bien pour qu'on y croit. Ici, jamais, aucune réplique n'est pensable dans la réalité, on sent juste à chaque scène, les pages de scénario qui se tournent, en se demandant comment un producteur peut accepter des situations et des dialogues pareils. Heureusement, il y a Poelvoorde, géniallissime, qui sauve le film du zéro pointé.

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J'ai décidé de découvrir le cinéma de Doniol-Valcroze, l'un des fondateurs des Cahiers, et dont l'oeuvre est beaucoup moins connue que celle des cinéastes qu'il accueilla dans la revue. La Dénonciation est un beau film qui, à la manière du Petit Soldat, dénonce le comportement français durant la Guerre d'Algérie, mais de manière moins frontale, noyée dans un polar d'espionnage parano que n'aurait pas renié le Rivette de l'époque. Bref, c'est un film totalement ancré dans son temps et dans le mouvement qui est en train de naitre, même si sa narration et son déroulé sont plus sages, plus classiques, que ceux des films des jeunes turcs.

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Revu, en bluray, pour montrer à mon fils. Merveilleux. La plus belle comédie musicale hollywoodienne. Et la première que mon gamin voyait.

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Une certaine, et nouvelle, tendance du cinéma français consiste à mêler de cinéma de genre, en l'occurence le cinéma fantastique, ou gore, ou d'horreur, au cinéma mainstream. C'est ce que réalise formidablement bien Just Philippot ici, incroyable de maitrise pour un premier film, en opérant un croisement idéal entre, disons, Petit Paysan et Grave, tout en faisant indéniablement penser à Phase IV de Saul Bass, ainsi qu'à tous les films d'invasions d'insectes, sous-genre admiré d'une seule poignée de nerds fans de cinéma bis dont je fais bien évidemment partie. On pourrait dire que le film manque un peu d'originalité dans son déroulé, mais c'est tout de même une vraie réussite, car il tient son truc jusqu'au bout, aidée par une comédienne géniale, Suliane Brahim,

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Re-re-revu, le plus beau film de Rappeneau, merveille de divertissement historique en mouvement permanent, idéal pour l'été.

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Le premier Doniol-Valcroze est un merveilleux vaudeville, un marivaudage toujours virevoltant, dans une grande batisse bourgeoise. Son souci : un scénario un peu usé jusqu'à la corde sans rien de vraiment novateur, et une vision du rapport homme / femme retrograde qui semble venir d'un autre monde. Mais sa mise en scène et son montage le tirent vers la modernité que le cinéaste revendique via sa revue Les Cahiers du Cinéma et le film peut bien être considéré comme appartenant à la Nouvelle Vague même si ses innovations ne sont pas aussi franches que celles d'A bout de Souffle et des 400 Coups qui débarquent la même année ou la suivante. Casting magnifique, et BO sublimissime de Gainsbourg et Goraguer.

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Le dernier film en date de Hosoda (avant le tout dernier présenté à Cannes, Belle, qui sortira le 29 décembre) est un magnifique film sur l'enfance, narrant la difficulté pour un ainé d'accueillir sa petite soeur dans le cocon familial, quittant ainsi et malgré lui sa place centrale de privilégié. Recourant au fantastique et à de nombreux sauts temporels, montrant ses personnages adultes enfants, ou les enfants adultes, dans des séquences mêlant humour, féérie et nostalgie, le cinéaste construit un film complexe et en même temps à la narration ultra limpide, et incroyablement ambitieux sur un sujet on ne peut plus simple et minimal. On ne quitte quasiment jamais la petite maison de la famille, tout en voyageant à travers le monde et à travers le temps. Lumineux. J'ai vu ce film avec mes deux gamins qui malgré leur jeune âge ont adoré et n'ont jamais été perdus par les compléxités de la narration, comme si Hosoda avait l'intelligence suprême de savoir s'adresser à différents types de spectateurs en même temps, sans jamais en laisser un sur le côté.
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sokol
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cyborg a écrit :
dim. 15 août 2021 17:02
Le cinéaste ne fait rien de son personnage
Comme j'étais intrigué par le fait que quasiment toute la presse était dithyrambique à propos de ce film, j'ai voulu lire une critique négative. Et je suis tombé sur ça : https://www.critikat.com/actualite-cine ... -jungle-2/ . Plus que le fait que le cinéaste ne fait rien de son personnage, ils critiquent le fait qu'il ne fait rien de la jungle (en prenant un exemple précis d'une scène du film - que je n'ai pas vu puisque j'étais déjà parti du cinéma). Tu verras.
cyborg a écrit :
dim. 15 août 2021 17:02
Bien heureux d'enfin voir un film récent de Rabat Ameur-Zaïmeche, dont je n'avais rien vu depuis trop longtemps.
J'avais beaucoup aimé ce film. Pourtant, je n'avais pas aimé du tout ses films historiques (ni "Les Chants de Mandrin" ni "Histoire de Juda" : il faut qu'il fasse que des films actuels, il excelle, car il est brillantissime du point de vu, on va dire, Politique (avec un P majuscule), tout comme son chef d'œuvre "Dernier maquis".
Je me souviendrais toute ma vie de "Terminal Sud" car c'est le seul film au monde qui non seulement ne fait pas référence à un pays précis (des films comme ça, il y en a des milliers !), mais parce au contraire, il fait bien référence à 2-3 pays en même temps ! Donc, comme tu dis, oui, on doit voir le film comme un rêve car, en fait, c'est une uchronie mais, contrairement à "Punishment park" où il est claire et net qu'il s'agit des Etats Unis, cette fois-ci, parfois c'est un pays, parfois c'en est un autre.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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@sokol : oui c'est vrai que rien n'est vraiment fait du contexte/de la jungle non plus, cette critique que tu postes rejoins ce que je souligne dans l'ensemble : l'ensemble est trop convenu pour être vraiment un grand film.


Pour Watkins, c'est vrai mais je pense que c'est un choix volontaire, il a toujours encré très fortement et ouvertement ses films (lieu, époque : La Commune de Paris, le Royaume-Unis de Culloden ou de la Bombe, la Norvège de Munch...) sans pour autant desservir l'humanisme/l'universalisme de son propos à mon sens.
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sokol
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cyborg a écrit :
lun. 16 août 2021 13:59
Pour Watkins, c'est vrai mais je pense que c'est un choix volontaire, il a toujours encré très fortement et ouvertement ses films
C'était tout sauf une critique. mais comme j'évoquais les uchronies au cinéma, j'ai automatiquement pensé au film de Watkins (que j'adore, comme tous ses films d'ailleurs !!)
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Magnifique surprise dont je ne dévoilerai rien pour ne gâcher votre futur plaisir tant le fait de rien savoir en avance est ici savoureux, mais sachez simplement que Beckett est le nom d'un touriste américain visitant la Grèce qu'on tente à tout prix d'assassiner sans qu'il ne sache pourquoi. Le film est très fort car il ne part de rien (le premier quart d'heure est même très chiant) et prend de l'ampleur au fil du temps pour devenir, assez rapidement tout de même, absolument passionnant. Le cinéaste réactive ici le polar politique seventies, placé sous l'hégémonie d'Hitchcock (ainsi que de Polanski puisqu'on pense en permanence à Frantic) puisqu'en permanence le spectateur est embarqué avec le personnage et n'en sait jamais plus que lui, et est embarqué avec lui au fil du récit. Le rythme narratif et la mise en scène sont passionnants, secs, arides et rythmés, tout en prenant leur temps pour que chaque scène ait la place de s'installer, aidés en cela par le choix incroyable de tourner intégralement en Grèce, intégralement en décors naturels, montrant un pays froid et pas franchement accueillant allant à l'encontre de son imagerie carte-postale. La Grèce est aux côtés de l'excellent Washington l'autre personnage principal du film, son omniprésence - tantôt urbaine, tantôt campagnarde ou montagneuse - donnant évidemment au film un contexte politique fort. L'excellente bande-son de Sakamoto venant bien évidemment accentuer ces ambiances et parfaire l'une des belles réussites de 2021.
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Tamponn Destartinn
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OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire

On a vu ce que donnait Michel Hazanavicius sans Jean-François Halin à l'écriture : des films ultra oubliables (The Search, Le Prince Oublié), voire honteux (Le Redoutable). Donc évitons d'en faire le saint qu'il manquait pour sauver ce 3ème volet, c'est une vision de l'Histoire qui m'intéresse pas.
Cela étant dit, la réussite indéniable des 2 premiers OSS est notamment dû à leur rythme impeccable, élément indispensable pour la comédie. Il ne s'agit pas forcément d'aller vite, mais d'éviter toutes sortes de fioritures inutiles, de s'embourber dans des ajouts qui abiment plus qu'autre chose le gag initial. Avec l'obsession complémentaire de rester toujours dans le pastiche. Bref, ça, Hazanavicius a su s'y tenir (quoique, le derniers tiers du 2...), contrairement à Bedos Jr qui n'est clairement pas à la hauteur de la tâche. Le film dure 20 minutes de plus que les 2 autres et ce n'est pas un hasard. Bedos n'a pas su utiliser le carcan du pastiche pour éviter de se laisser déborder par des acteurs probablement trop libres et je le soupçonne aussi fortement d'avoir ajouté des gags à lui, mais en les additionnant à ceux déjà écrit, amenant trop souvent le "gag de trop" ou l'étirement d'une blague qui s'essouffle avant sa fin. Certaines scènes qui échappent à cela permettent d'entrevoir le bon film perdu dans ce montage mou (par exemple, le serpent ou certains passage dans la savane). C'est dommage.
Cependant, il y a à mon sens un autre souci dont je voudrais parler, et qui n'est cette fois pas forcément imputable à Bedos : le personnage de Pierre Niney. Il prend ici la place de Bérénice Bejo et Louise Monot, le personnage compétent qui renvoie à la gueule les aneries de Dujardin. Sauf qu'avant, c'était des femmes membres de la diversité bêtement moqué par Hubert, qui avaient une ligne claire pour faire le parfait contre-point. Niney doit à la fois jouer le moralisateur et l'homme blanc français du futur qui joue au coq et fait des concours de bite avec Dujardin. C'est confus et en plus ça aboutit à sa défaite, pour se faire remplacer par Fatou N'Diaye qui n'a pas du tout eu l'espace nécessaire pour tenir tête à Hubert comme il faudrait. A diviser les rôles contre-point, à vouloir l'attaquer sur différents secteurs, OSS finit ironiquement par régner sans partage, sans jamais être inquiété. Là dessus aussi, c'est dommage.

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Kaamelott

Boah là alors, niveau comédie ambitieuse qui se prend les pieds dans le tapis, c'est quand même bien plus catastrophique. La structure narrative n'a aucun sens notamment dans sa seconde partie, et visuellement ben... Autant parfois je me demande pourquoi Halin n'est pas tenté par la réalisation de ses scénarios, autant là je me demande pourquoi Astier se sent obligé de tout faire tout seul.

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Annette

Revu, et ça fonctionne mieux au 2nd visionnage. Je me souvenais de quasiment chaque scène, dans le bon ordre, et maintenant je peux définitivement raconter tout son déroulé sans omettre un détail. Mine de rien, c'est très rare et - sauf exception - c'est la marque des grands films. C'est aidé par le côté musical de la chose (une scène = une track, le film = un album), mais qu'importe, c'est bel et bien le plus bel objet de cinéma vu pour l'instant cette année. Seul défaut persistant : le personnage de Cotillard pas assez mis en avant dans la première partie. Ca minimise le propos du film, je trouve.

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The Suicide Squad

Je déteste l'expression mais je pourrais le qualifier de "plaisir coupable". Le film ne fait pas grand chose de sa prémisse pourtant intéressante, mais il est rigolo et surtout jusqu'au boutiste, dans style viscéral rare pour Hollywood (l'inverse des 2 films Marvel de son auteur, que je n'aime pas du tout).
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groil_groil
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Revu ce "classique" à la française, que j'avais bien sûr découvert en salle (je venais d'avoir 10 ans), film qui serait impensable aujourd'hui, et qui ma foi, est un énorme WTF, mais qui n'a pas plus vieilli que ce que mes souvenirs me le faisaient appréhender, et dont la "poésie" du livre dont il est tiré ressort peut-être d'avantage aujourd'hui. mais c'est tout de même et surtout un énorme WTF.

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Un thriller à la papa qui a comme originalité de se dérouler dans un théâtre. Avec un star de l'époque qui a totalement disparu des préoccupations actuelles, Raymond Rouleau, et deux acteurs en début de carrière, Jeanne Moreau et de Funès, parfaits tous les deux. Le film est bien, Decoin assure le minimum syndical, mais manque cruellement d'ampleur dans sa mise en scène, ce qui l'handicape pas mal. On aurait par exemple aimer voir la scène inaugurale, celle qui déclenche tout et sur laquelle repose le suspense du film, ce qui aurait à mon avis tout changé.

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Le Decoin m'a donné envie de voir un autre early De Funès, et le choix s'est porté sur cette comédie italienne signée Steno, film qui a la particularité d'opposer notre monstre comique au plus grand monstre comique italien d'après-guerre, Toto. Le film est marrant, part sur un postulat amusant, mais s'essouffle rapidement et n'est en rien comparable aux bonnes comédies italiennes de l'époque. Le gros souci étant cette coproduction si en vogue à l'époque tenant à faire jouer des stars de différents pays pour exporter le film plus facilement. Du coup chacun joue dans sa langue et l'osmose entre les acteurs n'advient vraiment jamais. Oubliable.

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Autant le premier, sans parler de bonne surprise, se regardait, disons, autant ce volet 2, dont l'intrigue est épaisse comme une saucisse végétarienne et ne démarre qui plus est qu'au bout d'une heure, et dont les insupportables chansons (le mot est faible) débarquent environ toutes les 3 minutes, est une purge intérsidérale. Mais que voulez-vous, j'aime ma fille et ses yeux qui brillent.
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Tyra
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La grosse douche froide. C'est donc ça, la dernière sensation cannoise "qui méritait mieux au palmarès". Jusque là j'étais plutôt gentil, sur la réserve, concernant les précédents films du cinéaste, mais ici, trop c'est trop. Marre de ce cinéma frigide (oui, bien que l'acte sexuelle soit montré comme moteur de la création dans la première partie), et plat, terriblement plat. En résumé (si vous me permettez l'outrage de séparer fond et forme), je dirais : plat formellement, plein de platitudes sur le fond. Le parcours laborieux sur plusieurs d'années d'un homme pour arriver à la conclusion qu'il n'aimait pas l'infidélité de sa femme et qu'il se taisait par lâcheté. Epiphanie et surmontement du deuil à la toute fin qui viennent par le travail du théâtre. Vision thérapeutique de l'art que je déteste.
Le film hésite constamment entre le développement de longues séquences théâtrales d'un coté, de longues séquences de voiture avec la "réincarnation" de sa fille morte de l'autre. Or il n'arrive rien du tout des deux cotés. Coté voiture, parce que Hamaguchi n'est pas Kiarostami, et qu'il ne sait que faire d'une voiture, comment construire tout un film sur cet espace restreint, comment filmer l'intérieur, comment filmer l'extérieur qu'on y voit.
Les séquences théâtrales de l'autre coté, qui sont décevantes, parasités par un personnage irritant, l'amant de la femme défunte, qui éclipse toute la troupe de comédiens qu'on aimerait voir, laisser vivre un peu. A un moment du film, après une répétition, les personnages principaux sortent de la pièce, et on assiste quelques minutes au débrief des comédiens, on les laisse vivre enfin, déborder un peu du scénario, et puis plus rien, retour au ron-ron programmatique du trauma à surmonter. J'ai l'impression que c'est souvent ça le cinéma d'Hamaguchi, plusieurs scènes pourraient être biens, faire basculer le film vers autre chose, mais ça n'arrive jamais.

Si un défenseur du film veut bien parler de ce qu'il a aimé, j'en serais très curieux. :)
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sokol
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Tyra a écrit :
mer. 25 août 2021 14:20
Si un défenseur du film veut bien parler de ce qu'il a aimé, j'en serais très curieux. :)
Tu as bien raison car comme a dit quelqu'un,

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Mais il faut que j'aille le voir ce week-end (je compte les jours ! :love: )
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil
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Tyra a écrit :
mer. 25 août 2021 14:20
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La grosse douche froide. C'est donc ça, la dernière sensation cannoise "qui méritait mieux au palmarès". Jusque là j'étais plutôt gentil, sur la réserve, concernant les précédents films du cinéaste, mais ici, trop c'est trop. Marre de ce cinéma frigide (oui, bien que l'acte sexuelle soit montré comme moteur de la création dans la première partie), et plat, terriblement plat. En résumé (si vous me permettez l'outrage de séparer fond et forme), je dirais : plat formellement, plein de platitudes sur le fond. Le parcours laborieux sur plusieurs d'années d'un homme pour arriver à la conclusion qu'il n'aimait pas l'infidélité de sa femme et qu'il se taisait par lâcheté. Epiphanie et surmontement du deuil à la toute fin qui viennent par le travail du théâtre. Vision thérapeutique de l'art que je déteste.
Le film hésite constamment entre le développement de longues séquences théâtrales d'un coté, de longues séquences de voiture avec la "réincarnation" de sa fille morte de l'autre. Or il n'arrive rien du tout des deux cotés. Coté voiture, parce que Hamaguchi n'est pas Kiarostami, et qu'il ne sait que faire d'une voiture, comment construire tout un film sur cet espace restreint, comment filmer l'intérieur, comment filmer l'extérieur qu'on y voit.
Les séquences théâtrales de l'autre coté, qui sont décevantes, parasités par un personnage irritant, l'amant de la femme défunte, qui éclipse toute la troupe de comédiens qu'on aimerait voir, laisser vivre un peu. A un moment du film, après une répétition, les personnages principaux sortent de la pièce, et on assiste quelques minutes au débrief des comédiens, on les laisse vivre enfin, déborder un peu du scénario, et puis plus rien, retour au ron-ron programmatique du trauma à surmonter. J'ai l'impression que c'est souvent ça le cinéma d'Hamaguchi, plusieurs scènes pourraient être biens, faire basculer le film vers autre chose, mais ça n'arrive jamais.

Si un défenseur du film veut bien parler de ce qu'il a aimé, j'en serais très curieux. :)
Merci, je n'avais déjà pas très envie, je redoutais, même, tu viens de me convaincre de ne pas me déranger :D
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Ce n'est pas le meilleur Grangier, mais c'est un bon thriller à la française, dont le climax est un retournement de situation inattendu, qui est devenu un classique dans le thriller contemporain, notamment américain, mais qui pour l'époque et qui plus est en France est assez surprenant et bienvenu. Et les dialogues d'Audiard sont plutôt sobres et ne gâchent pas tout.

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Je ne sais pas pourquoi mais j'ai voulu redonner une dernière chance au cinéma de Jaoui, mais rien à faire, c'est définitivement et totalement nul, d'un entre-soi et d'un nombrilisme rare. Une sorte de version totalement ratée du Sens de la Fête (qui n'est certes pas un chef-d'oeuvre mais au moins un bon divertissement) centrée sur la question de célébrité. Affligeant.
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Mr-Orange
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groil_groil a écrit :
jeu. 26 août 2021 08:37
Tyra a écrit :
mer. 25 août 2021 14:20
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La grosse douche froide. C'est donc ça, la dernière sensation cannoise "qui méritait mieux au palmarès". Jusque là j'étais plutôt gentil, sur la réserve, concernant les précédents films du cinéaste, mais ici, trop c'est trop. Marre de ce cinéma frigide (oui, bien que l'acte sexuelle soit montré comme moteur de la création dans la première partie), et plat, terriblement plat. En résumé (si vous me permettez l'outrage de séparer fond et forme), je dirais : plat formellement, plein de platitudes sur le fond. Le parcours laborieux sur plusieurs d'années d'un homme pour arriver à la conclusion qu'il n'aimait pas l'infidélité de sa femme et qu'il se taisait par lâcheté. Epiphanie et surmontement du deuil à la toute fin qui viennent par le travail du théâtre. Vision thérapeutique de l'art que je déteste.
Le film hésite constamment entre le développement de longues séquences théâtrales d'un coté, de longues séquences de voiture avec la "réincarnation" de sa fille morte de l'autre. Or il n'arrive rien du tout des deux cotés. Coté voiture, parce que Hamaguchi n'est pas Kiarostami, et qu'il ne sait que faire d'une voiture, comment construire tout un film sur cet espace restreint, comment filmer l'intérieur, comment filmer l'extérieur qu'on y voit.
Les séquences théâtrales de l'autre coté, qui sont décevantes, parasités par un personnage irritant, l'amant de la femme défunte, qui éclipse toute la troupe de comédiens qu'on aimerait voir, laisser vivre un peu. A un moment du film, après une répétition, les personnages principaux sortent de la pièce, et on assiste quelques minutes au débrief des comédiens, on les laisse vivre enfin, déborder un peu du scénario, et puis plus rien, retour au ron-ron programmatique du trauma à surmonter. J'ai l'impression que c'est souvent ça le cinéma d'Hamaguchi, plusieurs scènes pourraient être biens, faire basculer le film vers autre chose, mais ça n'arrive jamais.

Si un défenseur du film veut bien parler de ce qu'il a aimé, j'en serais très curieux. :)
Merci, je n'avais déjà pas très envie, je redoutais, même, tu viens de me convaincre de ne pas me déranger :D
Idem. :D Déjà qu'il ne me reste absolument plus rien des deux précédents, extrêmement portés aux nues (on devrait revenir, avec le recul, sur tout le marketing qui a entouré le découpage d'Happy Hour/Senses)....
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groil_groil
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Mr-Orange a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:22
groil_groil a écrit :
jeu. 26 août 2021 08:37
Tyra a écrit :
mer. 25 août 2021 14:20
Image
La grosse douche froide. C'est donc ça, la dernière sensation cannoise "qui méritait mieux au palmarès". Jusque là j'étais plutôt gentil, sur la réserve, concernant les précédents films du cinéaste, mais ici, trop c'est trop. Marre de ce cinéma frigide (oui, bien que l'acte sexuelle soit montré comme moteur de la création dans la première partie), et plat, terriblement plat. En résumé (si vous me permettez l'outrage de séparer fond et forme), je dirais : plat formellement, plein de platitudes sur le fond. Le parcours laborieux sur plusieurs d'années d'un homme pour arriver à la conclusion qu'il n'aimait pas l'infidélité de sa femme et qu'il se taisait par lâcheté. Epiphanie et surmontement du deuil à la toute fin qui viennent par le travail du théâtre. Vision thérapeutique de l'art que je déteste.
Le film hésite constamment entre le développement de longues séquences théâtrales d'un coté, de longues séquences de voiture avec la "réincarnation" de sa fille morte de l'autre. Or il n'arrive rien du tout des deux cotés. Coté voiture, parce que Hamaguchi n'est pas Kiarostami, et qu'il ne sait que faire d'une voiture, comment construire tout un film sur cet espace restreint, comment filmer l'intérieur, comment filmer l'extérieur qu'on y voit.
Les séquences théâtrales de l'autre coté, qui sont décevantes, parasités par un personnage irritant, l'amant de la femme défunte, qui éclipse toute la troupe de comédiens qu'on aimerait voir, laisser vivre un peu. A un moment du film, après une répétition, les personnages principaux sortent de la pièce, et on assiste quelques minutes au débrief des comédiens, on les laisse vivre enfin, déborder un peu du scénario, et puis plus rien, retour au ron-ron programmatique du trauma à surmonter. J'ai l'impression que c'est souvent ça le cinéma d'Hamaguchi, plusieurs scènes pourraient être biens, faire basculer le film vers autre chose, mais ça n'arrive jamais.

Si un défenseur du film veut bien parler de ce qu'il a aimé, j'en serais très curieux. :)
Merci, je n'avais déjà pas très envie, je redoutais, même, tu viens de me convaincre de ne pas me déranger :D
Idem. :D Déjà qu'il ne me reste absolument plus rien des deux précédents, extrêmement portés aux nues (on devrait revenir, avec le recul, sur tout le marketing qui a entouré le découpage d'Happy Hour/Senses)....
bien résumé...
Je n'ai vu qu'Asako... quelle souffrance.
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Kahled
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groil_groil a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:26
Mr-Orange a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:22
groil_groil a écrit :
jeu. 26 août 2021 08:37


Merci, je n'avais déjà pas très envie, je redoutais, même, tu viens de me convaincre de ne pas me déranger :D
Idem. :D Déjà qu'il ne me reste absolument plus rien des deux précédents, extrêmement portés aux nues (on devrait revenir, avec le recul, sur tout le marketing qui a entouré le découpage d'Happy Hour/Senses)....
bien résumé...
Je n'ai vu qu'Asako... quelle souffrance.
:??:

D’après mon SC Asako tu l’avais plutôt aimé non ? :D

Sinon, Senses est pour l’un des films les plus importants de ces 10 dernières années (au même titre que An Elephant Sitting Still , autre long film fleuve asiatique) et j’ai super hâte de voir Drive my car (comme Sokol c’est ce we aussi pour moi). :hot:
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asketoner
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Je n'ai pas pu voir Drive my car hier soir, c'était complet,
alors finalement j'ai vu le dernier Yorgos Lanthimos :

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France, Bruno Dumont

Dumont tombe dans les mêmes travers que ceux qu'il entend épingler : en préférant le choc à la dramaturgie, il se voit contraint d'enchaîner les sujets et de ne les traiter que selon son propre discours, sans jamais se laisser la chance de les rencontrer. Une scène telle que celle de France embarquant avec des migrants pour traverser la Méditerranée aurait pu faire un film en soi, mais elle dure à peine dix minutes, dit des choses déjà montrées par ailleurs, et n'a pour fonction que d'enfoncer le clou du sarcasme dans la tête du spectateur. Difficile de construire un film comme un récit initiatique (où France apprendrait à pleurer vraiment, à poser son regard sur le monde pour de bon, ou encore à se fondre dans la violence du monde), quand aucune forme d'initiation, d'apprentissage, de changement n'est possible. France n'apprend rien, ne gagne jamais en profondeur, en densité, en grâce. La réalité l'épargne constamment. Elle ne tremble pas, elle fait juste un burn-out. Pourtant Dumont la filme comme Jeanne d'Arc, en très gros plan, regardant le ciel sans qu'on sache si elle pense qu'il est vide ou plein... On ne trouve dans les scènes aucune vie, aucune espérance, aucune révolte - rien que ce petit sarcasme qui ne m'a pas passionné. D'ailleurs l'ensemble est d'une grande mollesse. Dumont n'a jamais été un génie du tempo, mais au moins il s'amusait à créer des contretemps qui venaient détraquer nos attentes et ouvraient d'autres pistes. Ici, tout est seulement lent : Léa Seydoux ne joue pas vraiment le jeu de la journaliste, gardant son phrasé un peu blasé, traînant, impossible ; et face à elle, Blanche Gardin ne vise rien de plus que le sketch (et je ne parle pas de Benjamin Biolay, ni de l'amoureux tout droit sorti des Quatre nuits d'un rêveur : tous les acteurs sont épouvantables : Dumont a abandonné la maladresse magnifique des amateurs pour montrer l'absence de grâce des professionnels : à quoi bon ?). Le son n'est même plus pensé pour surprendre (comme les grincements de l'inspecteur dans Ma Loute) : il est seulement laid, abandonné à sa seule fonction (accompagner l'image). Et l'arbitraire survient à la fin du scénario sans rien déplacer. Dumont a fait un film cynique sur le cynisme.

(J'ai l'impression que les premiers films français souffrent d'être trop écrits (il faut qu'on puisse voir le film avant de le faire pour le produire), mais dès lors que les cinéastes se font un nom, ils se mettent à tourner des brouillons, des trucs à peine pensés, monolithiques, sans ampleur autre que celle du budget qu'on leur laissera (France est rempli de fumigènes et de cascades), comme si leurs premières années les avaient dégoûtés de toute forme de préparation. Pour autant, ces cinéastes ne vont pas vers l'expérimental, ils restent totalement soumis à la narration, mais leur manière de s'en émanciper est de mimer un récit plutôt que d'y plonger vraiment. D'où toute une série de films d'auteurs sans générosité, sans intensité, à l'âme lasse.)
(Mais j'ai lu que Dumont n'assistait plus aux tournages des scènes que depuis sa voiture, à l'écart. Je ne sais pas si c'est systématique, ou bien seulement un truc qui est arrivé une fois et qu'on répète pour faire rire dans les journaux. Cela dit, son film manque vraiment de corps et de présence.)
(Comme dans Flandres, Dumont n'a pas pu s'empêcher de filmer une guerre (et même deux) comme s'il s'agissait de toutes les guerres. (Ou de LA GUERRE, comme le gros titre d'un journal. Bref, d'une guerre idéale, idéelle.) Mais cette fois, il le sait. Et après un très malin champ contrechamp "ruines assiégées" / "hôtel des journalistes" (où le raccord est une maison en flammes), il organise la rencontre entre sa reporter écervelée et l'interprète du coin. Elle s'étonne qu'il soit architecte, s'écriant que c'est magnifique. L'interprète lui rétorque que l'adjectif est déplacé dans ce contexte. Et c'est tout. A l'ignorance, Dumont ne peut opposer que la solennité.)
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Kahled a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:47
Sinon, Senses est pour l’un des films les plus importants de ces 10 dernières années
Si on met à part "Adieu au langage" (qui peut être vu comme "Numéro trois" de Godard), oui : "Senses" est sans aucun doute LE plus important de ces 10 dernières années, (important par son apport cinématographique, et pas forcement "le plus beau film", "le plus grand film" bla bla bla). Je ne vois pas d'autres (Spring breakers, Synonymes, Toni Erdmann, Patterson, Aquarius, Paul Sanchez, Cemetery of splendeur... ok, sont de très beaux films, mais pas important car ils "ne changent pas la face du cinéma"). "Senses" si, ne serait ce que par le fait qu'il s'agit d'une fiction (avec des acteurs totalement amateurs) de 5h30 vendu comme une... série ! (Hamaguchi dit dans une de ses interview que, en voyant "Deseperate housewives" il s'est dit : mais pourquoi ces cinéastes maltraitent leurs héroïnes à ce point ?").

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Jean-Marie Straub
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Pour moi, "Senses" c'est 4 x "L'avventura" ! (de surcroît, avec des scènes d'une puissance rare au cinéma) :

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"Qu'est-ce-que vous voulez dire ?" -demande le juge.

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Mr-Orange a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:22
Idem. :D Déjà qu'il ne me reste absolument plus rien des deux précédents, extrêmement portés aux nues (on devrait revenir, avec le recul, sur tout le marketing qui a entouré le découpage d'Happy Hour/Senses)....
Oui c'est ce consensus mou autour du film qui me gêne, toutes les chapelles critiques adoubent le film sans rien dire d'intéressant, en se refilant des formules toutes faites. Cela dit, les salles semblent assez remplies, le public au rendez-vous, alléché par la critique, et le film obtient une très bonne note spectateurs sur allociné (4/5). Des spectateurs parlent de leurs larmes en sortant de la salle...
Hâte de lire Asketoner ou Sokol sur le film du coup.
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B-Lyndon
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Tyra a écrit :
jeu. 26 août 2021 16:10

Oui c'est ce consensus mou autour du film qui me gêne, toutes les chapelles critiques adoubent le film sans rien dire d'intéressant, en se refilant des formules toutes faites. Cela dit, les salles semblent assez remplies, le public au rendez-vous, alléché par la critique, et le film obtient une très bonne note spectateurs sur allociné (4/5). Des spectateurs parlent de leurs larmes en sortant de la salle...
Hâte de lire Asketoner ou Sokol sur le film du coup.

Attention quand même à ne pas surréagir de façon inverse, je veux dire par rapport à la façon dont le film a été accueilli à Cannes. C'était la même chose avec Toni Erdmann, ou avec Burning et récemment Titane par exemple. On regarde le film et si on est déçu on répond qu'il y a eu un consensus mou, on dit "faux chef-d'oeuvre", "survendu", etc.
Personnellement je m'en contrefous de Cannes et je pense que la majorité des spectateurs (dont j'ai vu l'engouement aussi à la sortie des salles, cachée sous les masques) aussi, et donc qu'il faut être lucide de l'hysétrie collective critique qui s'empare des critiques festivaliers chaque année (du style "Holy Motors cette fête joyeuse du cinéma !" ou "Toni Erdmann, la comédie de l'année" et autres récits des applaudissements pendant les scènes :D )

Personnellement j'ai trouvé Drive My Car somptueux, pour ses quatre ou cinq scènes pivots, des vrais morceaux de bravoure, des moments inouïs, qu'on voit peu au cinéma (les deux dernière grandes scènes notamment que je ne révèlerais pas), la douce majesté de sa mise en scène, sa limpidité, son amour pour les personnages et sa lumière, sublime. Comment peut-on reprocher au film sa forme ça je me le demande. C'est un film qui nous laisse libre mais dont la fin, encore une fois, m'a bouleversé. Je lui reproche un léger manque d'humour, bien qu'on sourit souvent, et c'est tout. Sense me parait être un plus grand film, bien que moins maîtrisé peut-être, ne serait-ce que pour sa force politique sous-jacente, là ou Drive My Car s'attelle (magnifiquement) à la peinture des sentiments. Voilà, c'est tout ce que je peux arriver à te dire : je suis fâché avec l'écriture sur le cinéma en ce moment, je n'arrive pas à aligner deux lignes. Simplement, j'ai déjà vu le film deux fois et je n'exclus pas d'y retourner encore. :)

Je te conseille également de lire le très beau papier de Mathieu Macheret dans les Cahiers de cet été ; il dit tout le bien que j'en pense et s'en se servir de formules toutes faites, et c'est quasi le seul (cela étant dit je suis d'accord avec toi sur ce point, d'ailleurs les critiques je ne les lis plus avant d'aller voir le film, le milieu est un océan de nazes en ce moment :D )
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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Mr-Orange a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:22
on devrait revenir, avec le recul, sur tout le marketing qui a entouré le découpage d'Happy Hour/Senses)....
Justement ! Un film (au fond, le seul de ces 10 dernières que j'ai envie de revoir aujourd'hui, pourtant je l'ai revu sous-titré en anglais il y a quelques temps !) qui ne perd rien de sa puissance même quand il est vu comme une série en trois parties (tout le contraire des séries prétendues de Bruno Dumont, pour prendre un exemple, qui veut nous faire croire qu'une fiction existe aussi en forme d'une série - à propos, pas vu le dernier Lynch)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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B-Lyndon a écrit :
jeu. 26 août 2021 16:29

Attention quand même à ne pas surréagir de façon inverse, je veux dire par rapport à la façon dont le film a été accueilli à Cannes. C'était la même chose avec Toni Erdmann, ou avec Burning et récemment Titane par exemple. On regarde le film et si on est déçu on répond qu'il y a eu un consensus mou, on dit "faux chef-d'oeuvre", "survendu", etc.
Personnellement je m'en contrefous de Cannes et je pense que la majorité des spectateurs (dont j'ai vu l'engouement aussi à la sortie des salles, cachée sous les masques) aussi, et donc qu'il faut être lucide de l'hysétrie collective critique qui s'empare des critiques festivaliers chaque année (du style "Holy Motors cette fête joyeuse du cinéma !" ou "Toni Erdmann, la comédie de l'année" et autres récits des applaudissements pendant les scènes :D )

Personnellement j'ai trouvé Drive My Car somptueux, pour ses quatre ou cinq scènes pivots, des vrais morceaux de bravoure, des moments inouïs, qu'on voit peu au cinéma (les deux dernière grandes scènes notamment que je ne révèlerais pas), la douce majesté de sa mise en scène, sa limpidité, son amour pour les personnages et sa lumière, sublime. Comment peut-on reprocher au film sa forme ça je me le demande. C'est un film qui nous laisse libre mais dont la fin, encore une fois, m'a bouleversé. Je lui reproche un léger manque d'humour, bien qu'on sourit souvent, et c'est tout. Sense me parait être un plus grand film, bien que moins maîtrisé peut-être, ne serait-ce que pour sa force politique sous-jacente, là ou Drive My Car s'attelle (magnifiquement) à la peinture des sentiments. Voilà, c'est tout ce que je peux arriver à te dire : je suis fâché avec l'écriture sur le cinéma en ce moment, je n'arrive pas à aligner deux lignes. Simplement, j'ai déjà vu le film deux fois et je n'exclus pas d'y retourner encore. :)

Je te conseille également de lire le très beau papier de Mathieu Macheret dans les Cahiers de cet été ; il dit tout le bien que j'en pense et s'en se servir de formules toutes faites, et c'est quasi le seul (cela étant dit je suis d'accord avec toi sur ce point, d'ailleurs les critiques je ne les lis plus avant d'aller voir le film, le milieu est un océan de nazes en ce moment :D )
Merci pour ton retour. :jap:
Je vais relire la critique des cahiers, oui.
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Je suis un immense fan de Senses ET de Asako, chacun mon top 1 de leur année de sortie respective.
Je sors de Drive my car, et je l'ai un poil moins aimé. Il est moins surprenant, a quelques gros sabots en plus... Mais je serais près à le défendre malgré tout, dès que j'ai le temps de m'y attarder un peu plus.

Cela dit, juste une chose :
Tyra a écrit :
mer. 25 août 2021 14:20
Epiphanie et surmontement du deuil à la toute fin qui viennent par le travail du théâtre. Vision thérapeutique de l'art que je déteste.
Je ne suis pas d'accord avec cette analyse. (SPOILER) Le surmontement du deuil ne vient par le travail et par l'art, c'est même tout l'inverse. Et le fait qu'il revienne sur les planches à la fin est juste l'illustration qu'il a surmonté son trauma, ce qui est très différent.
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Mysoginie hétéro-beauf poussée à un tel extrême que le film va jusqu'à supprimer les femmes de l'écran. Et lorsqu'on parle d'elles, c'est le mot "salopes" qui revient quasi systématiquement. D'un point de vue cinématographique, c'est tout aussi consternant : une si mauvaise utilisation de l'espace cinématographique (à part une séquence sur la plage, les lieux sont tellement mal filmés qu'ils sont la plus part du temps eux aussi ignorés), du montage et de la musique semblent impensables,
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Kahled a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:47
groil_groil a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:26
Mr-Orange a écrit :
jeu. 26 août 2021 09:22


Idem. :D Déjà qu'il ne me reste absolument plus rien des deux précédents, extrêmement portés aux nues (on devrait revenir, avec le recul, sur tout le marketing qui a entouré le découpage d'Happy Hour/Senses)....
bien résumé...
Je n'ai vu qu'Asako... quelle souffrance.
:??:

D’après mon SC Asako tu l’avais plutôt aimé non ? :D

Sinon, Senses est pour l’un des films les plus importants de ces 10 dernières années (au même titre que An Elephant Sitting Still , autre long film fleuve asiatique) et j’ai super hâte de voir Drive my car (comme Sokol c’est ce we aussi pour moi). :hot:
Possible, en tout cas il a beaucoup dévalué dans mon esprit depuis la sortie.
Vous venez tous de me motiver pour Senses en tout cas.
pour Drive my Car, la longueur du film sera pour moi un obstacle pour le voir en salle, je risque donc de le voir sur support dans quelques mois...
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asketoner a écrit :
jeu. 26 août 2021 10:31
Je n'ai pas pu voir Drive my car hier soir, c'était complet,
alors finalement j'ai vu le dernier Yorgos Lanthimos :

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France, Bruno Dumont

Dumont tombe dans les mêmes travers que ceux qu'il entend épingler : en préférant le choc à la dramaturgie, il se voit contraint d'enchaîner les sujets et de ne les traiter que selon son propre discours, sans jamais se laisser la chance de les rencontrer. Une scène telle que celle de France embarquant avec des migrants pour traverser la Méditerranée aurait pu faire un film en soi, mais elle dure à peine dix minutes, dit des choses déjà montrées par ailleurs, et n'a pour fonction que d'enfoncer le clou du sarcasme dans la tête du spectateur. Difficile de construire un film comme un récit initiatique (où France apprendrait à pleurer vraiment, à poser son regard sur le monde pour de bon, ou encore à se fondre dans la violence du monde), quand aucune forme d'initiation, d'apprentissage, de changement n'est possible. France n'apprend rien, ne gagne jamais en profondeur, en densité, en grâce. La réalité l'épargne constamment. Elle ne tremble pas, elle fait juste un burn-out. Pourtant Dumont la filme comme Jeanne d'Arc, en très gros plan, regardant le ciel sans qu'on sache si elle pense qu'il est vide ou plein... On ne trouve dans les scènes aucune vie, aucune espérance, aucune révolte - rien que ce petit sarcasme qui ne m'a pas passionné. D'ailleurs l'ensemble est d'une grande mollesse. Dumont n'a jamais été un génie du tempo, mais au moins il s'amusait à créer des contretemps qui venaient détraquer nos attentes et ouvraient d'autres pistes. Ici, tout est seulement lent : Léa Seydoux ne joue pas vraiment le jeu de la journaliste, gardant son phrasé un peu blasé, traînant, impossible ; et face à elle, Blanche Gardin ne vise rien de plus que le sketch (et je ne parle pas de Benjamin Biolay, ni de l'amoureux tout droit sorti des Quatre nuits d'un rêveur : tous les acteurs sont épouvantables : Dumont a abandonné la maladresse magnifique des amateurs pour montrer l'absence de grâce des professionnels : à quoi bon ?). Le son n'est même plus pensé pour surprendre (comme les grincements de l'inspecteur dans Ma Loute) : il est seulement laid, abandonné à sa seule fonction (accompagner l'image). Et l'arbitraire survient à la fin du scénario sans rien déplacer. Dumont a fait un film cynique sur le cynisme.

(J'ai l'impression que les premiers films français souffrent d'être trop écrits (il faut qu'on puisse voir le film avant de le faire pour le produire), mais dès lors que les cinéastes se font un nom, ils se mettent à tourner des brouillons, des trucs à peine pensés, monolithiques, sans ampleur autre que celle du budget qu'on leur laissera (France est rempli de fumigènes et de cascades), comme si leurs premières années les avaient dégoûtés de toute forme de préparation. Pour autant, ces cinéastes ne vont pas vers l'expérimental, ils restent totalement soumis à la narration, mais leur manière de s'en émanciper est de mimer un récit plutôt que d'y plonger vraiment. D'où toute une série de films d'auteurs sans générosité, sans intensité, à l'âme lasse.)
(Mais j'ai lu que Dumont n'assistait plus aux tournages des scènes que depuis sa voiture, à l'écart. Je ne sais pas si c'est systématique, ou bien seulement un truc qui est arrivé une fois et qu'on répète pour faire rire dans les journaux. Cela dit, son film manque vraiment de corps et de présence.)
(Comme dans Flandres, Dumont n'a pas pu s'empêcher de filmer une guerre (et même deux) comme s'il s'agissait de toutes les guerres. (Ou de LA GUERRE, comme le gros titre d'un journal. Bref, d'une guerre idéale, idéelle.) Mais cette fois, il le sait. Et après un très malin champ contrechamp "ruines assiégées" / "hôtel des journalistes" (où le raccord est une maison en flammes), il organise la rencontre entre sa reporter écervelée et l'interprète du coin. Elle s'étonne qu'il soit architecte, s'écriant que c'est magnifique. L'interprète lui rétorque que l'adjectif est déplacé dans ce contexte. Et c'est tout. A l'ignorance, Dumont ne peut opposer que la solennité.)
Merci ami, pour mettre des mots si justes sur ce que je pense de Dumont depuis des années. C'était l'un de mes cinéastes préférés sur ses deux premiers films, et surtout sur L'Humanité qui est un chef-d'oeuvre bouleversant, mais je pense ce que tu écris depuis Flandres en fait (même si j'avais plutôt aimé Flandres à sa sortie d'ailleurs, mais je ne me souviens que de ses défauts, et je ne veux surtout pas le revoir). En fait, comme tu l'écris, je pense que désormais Dumont s'en fout. Il s'en fout de ce qu'il filme, il sait qu'il a une signature, que la presse le reconnait pour cela, et il impose cette signature partout, de manière systématique et irréfléchie, il pourrait presque y avoir une Citroën Dumont comme il y a une Citroën Picasso.
Et ce que tu dis sur les conditions de production et, ce qui en découle, sur le manque d'implication d'une grande partie des cinéastes français dits "auteurs", est tellement juste. Il y a une solution pour sortir de ça, sans doute, mais comment la trouver...
I like your hair.
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asketoner
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groil_groil a écrit :
ven. 27 août 2021 08:38
Merci ami, pour mettre des mots si justes sur ce que je pense de Dumont depuis des années. C'était l'un de mes cinéastes préférés sur ses deux premiers films, et surtout sur L'Humanité qui est un chef-d'oeuvre bouleversant, mais je pense ce que tu écris depuis Flandres en fait (même si j'avais plutôt aimé Flandres à sa sortie d'ailleurs, mais je ne me souviens que de ses défauts, et je ne veux surtout pas le revoir). En fait, comme tu l'écris, je pense que désormais Dumont s'en fout. Il s'en fout de ce qu'il filme, il sait qu'il a une signature, que la presse le reconnait pour cela, et il impose cette signature partout, de manière systématique et irréfléchie, il pourrait presque y avoir une Citroën Dumont comme il y a une Citroën Picasso.
Et ce que tu dis sur les conditions de production et, ce qui en découle, sur le manque d'implication d'une grande partie des cinéastes français dits "auteurs", est tellement juste. Il y a une solution pour sortir de ça, sans doute, mais comment la trouver...
:hello: :love2:

Malheureusement je pense que tu as raison, il s'en fout, et ça se voit. (Il s'en fout, et ce n'est même pas libre ni même léger.)
Quand on pense à La Vie de Jésus et à L'Humanité, c'est terrible.
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