Salut !
encore 15 films de retard, encore moins de temps qu'avant, et encore que quelques mots jetés.
j'espère que ça ira mieux l'année prochaine !
en tout cas je ne lâche pas le site, et j'en ai d'ailleurs parlé dans une interview récemment, je vous indiquerai sa publication prochaine, je suis certain que ça va faire venir du monde
Christian-Jacque croise deux romans de Maupassant pour un résultat pas inintéressant mais pépère et secondaire.
J'avais peur que Joe adoucisse ou dénature son style à cause de la déterritorialisation de son nouveau film, mais il n'en est rien. Au contraire, Memoria est sans doute son film le plus radical, le plus obscur et le moins facile à décrypter automatiquement. Tant mieux d'ailleurs, car c'est pour cela qu'on va voir ses films. J'en suis sorti déboussolé, charmé bien sûr, en état d'apesanteur grâce à la seconde partie, mais j'avais besoin de remettre les choses en place avant d'affiner mon sentiment. Je n'ai rien lu sur le film, et je n'ai pas envie de lire dessus dans l'immédiat afin de me préserver de l'influence extérieure, ma relation avec Joe est aussi longue qu'intime. Si je pense qu'en sortant de la salle la première partie m'avait un peu déçu, sans doute par manque d'exotisme et par son caractère urbain, il n'en est rien quelques jours après. J'aime son côté citadin, son travail sur le son prodigieux, et ses mystères cachés. J'ai toujours comparé le cinéaste à Lynch, car ils sont les seuls de leur génération à posséder et déployer un univers personnel, qui ne ressemble à rien de ce qui existait au préalable et qui est totalement autonome, indépendant du cinéma contemporain qui se fait à côté du leur (tout en ayant influencé des générations de cinéastes en devenir qui feront toujours des pales copies de leur travail, on n'imite pas le génie), et le fait que Weerasethakul propose un tel travail sur le son est une preuve de plus de la parenté des deux cinéastes. Encore une fois coupé en deux, Memoria est un film qui ne cesse de grandir en moi depuis que je l'ai vu, et qui finira de toute évidence dans le peloton de tête de l'année.
Enième revisionnage de cette bonne série B et cette fois en copie br restaurée de toute beauté. C'est surtout le livre qui est important pour moi, car il fut le 1er King lu à la prime adolescence, et je me souviens encore du traumatisme. Sans l'égaler, de loin, le film est tout de même de bonne facture.
Si j'aime l'idée de faire un film branchouille sur le personnage en calquant l'intrigue sur celle du Diable s'habille en Prada et en balançant à burnes toute la bande son du rock fin 60's et 70's, le résultat, malgré une Emma Stone qui se démène, est une catastrophe totale. Car la référence au Diable est plus que gênante, c'est une pompe intégrale, et j'irai même jusqu'à dire que les seules choses intéressantes du film proviennent de cet emprunt fâcheux. Et parce que le film est monté comme une pub épileptique de 2h30 ou presque, avec des plans qui dépassent difficilement la seconde (il doit y en avoir des milliers) et qu'il en est de même avec la musique : 10 secondes de Beatles, succèdent à 10 secondes des Stones, puis à 10 secondes des Stooges, etc, sans temps mort et jusqu'à épuisement total du spectateur. On comprend vite que le cinéaste essaie de faire de Cruella son nouveau Joker, mais le résultat est aussi catastrophique qu'il était réussi avec l'ennemi juré de Batman.
Je n'avais jamais autant apprécié le film que ce coup-ci en le montrant à mon gamin qui se cachait sous le plaid de peur (c'est que ça fonctionne encore) mais qui semblait aimer ça.
Avec ce troisième volet on bascule doucement vers sûrement de la série B à la série Z mais ça reste encore un chouette plaisir coupable (à la limite certes) avec sa dose d'hémoglobine, de monstres dégueu et d'indice nichons.
Un film de la Hammer aussi original qu'esthétique, dans un superbe noir et blanc, tourné intégralement en Camargue, avec donc de nombreux extérieurs, et une intrigue digne de Boileau-Narcejac, Clouzot ou Hitchcock. ça reste bien sûr de la série B, mais tant mieux car c'est justement le principe.
Une des dernières adaptations de King "classique" avant qu'elles ne tombent quasiment toutes dans la série B (au mieux), et c'est chouette. ça pourrait être mieux, mais c'est quand même pas mal, un beau casting, une ampleur dans la reconstitution, ça manque juste de génie de mise en scène. A noter que j'ai vu la version restaurée de deux heures, et que je verrai un jour la version de 3 heures mais elle n'est pas restaurée, donc forcément moins attirante a priori.
Des Places dans les Villes - Angela Schanelec (1999)
Deuxième long métrage de l'exigeante (le mot est faible) cinéaste allemande, et déjà toute sa grammaire présente et maitrisée. Une toute jeune femme en conflit léger avec sa mère, part en voyage scolaire en France, rencontre brièvement un garçon, rentre chez elle, se rend compte qu'elle est tombée enceinte, et repart à la recherche du garçon. Son style épuré, froid, minimal, colle très bien à ce récit et lui donne une épaisseur, une solidité aussi imposantes que le geste de la cinéaste.
Prague, mars 92 - Angela Schanelec (1992)
un court-métrage de début de carrière très beau, à mi-chemin entre fiction (ou tentative de fiction) et documentaire.
ça reste un chouette moment parce que c'est toujours cool de voir des films d'aventures de cette époque, avec des stars comme Gary Cooper, mais franchement c'est pas non plus géniale, la Mayo ne prend pas quoi... Déjà, alors que ce film est LA promesse de voyage idéale, le grand périple de Marco Polo est filmé en 30 secondes chrono, pas une de plus, il est quasi instantanément balancé en Chine, dans des scènes d'intérieur uniquement et avec des acteurs et actrices occidentaux aux yeux tirés avec du scotch pour faire chinois. Et puis, son aventure se résume au fait qu'il tombe amoureux d'une jeune femme déjà promise... Sans compter la misogynie latente qui est, même adoucie par le temps passé, franchement insupportable.
Belle surprise, surtout venant d'un cinéaste dont je n'attend pas (plus) grand chose (mais je vais tout de même voir son dernier). Celui-ci est un formidable pont tiré entre le cinéma d'auteur et le cinéma de genre, montrant que les deux peuvent parfaitement cohabiter, qui plus est aux moyens d'une mise en scène, d'une photographie et d'une ambiance générale absolument magnifiques.
Alors qu'elle se rend à l'hopital assister à la mort de sa mère, une femme mariée y rencontre un homme et en tombe éperdument amoureuse. Débute une liaison aussi intense que dévastatrice. Un Bergman peu connu, tourné à moitié en suédois et (très très grosse moitié) en anglais, mais un film aussi mal aimable que magnifique, dans lequel Bergman se fait caméléon, car sans rien renier de son style, de ses obsessions, de sa science du cadre, il joue aussi à merveille au cinéaste américain de comédie dramatique des 70's, anticipant des oeuvres phares comme Love Story, Kramer contre Kramer, ce genre. Bref, un petit bijou que je crois méconnu.
Je ne l'avais jamais vu, c'est même le genre de films sur lequel je daubais à l'époque de sa sortie, mais ça fait un ou deux que j'avais envie de le voir, ce film me paraissait malgré mes réserves plein de promesses, et plein de choses que j'ai envie de voir en ce moment. C'est bien de changer, d'évoluer dans sa cinéphilie, car j'ai bien évidemment adoré, c'est une merveilleuse comédie romantique, magnifiquement écrite, interprétée et réalisée (c'est en effet l'un des plus beaux films de Peter Weir à mes yeux). MacDowell et Depardieu sont monstrueux, magnifiques, ils brûlent l'écran de leur grâce naturelle. C'est dire le génie de Depardieu d'ailleurs, on le parachute dans un rôle taillé pour Harrison Ford, dans un film d'une major américaine signé par un maitre du genre et il brille de mille feux, il est incandescent. Ah et l'image est sublime, l'appartement du faux couple est hallucinant (j'accorde beaucoup d'importance aux lieux de vie dans les films, j'ai longtemps voulu écrire dessus et je ne le ferais sans doute jamais, dommage, et celui-ci est totalement génial), et la ville de New York fin 80's magnifiquement filmée, sublimée, si besoin était... Voilà de toute évidence un de mes nouveaux films doudous, à ranger juste à côté de Working Girl.
Que je n'avais étonnamment jamais vu. C'est un cinéma radical, à forte personnalité, à ranger entre les Buñuel français et les Joël Séria où il trouve parfaitement sa place. C'est violent et sans concession, et même si Lafont est absolument brillante dans le rôle, mon seul bémol vient peut-être du côté un peu trop schématique de l'ensemble, c'est à dire que les profils psychologiques sont vraiment trop gras, tracés à la truelle, sans finesse aucune. Mais bien évidemment c'est pour enfoncer le clou de ce qu'il y a à dénoncer, et comme c'est fait par une femme, c'est évidemment encore plus acceptable, défendable, essentiel.