Un Pixar mineur mais plutôt réussi quand même !
Alors oui le fil rouge narratif est quand même rapidement attendu dans son déroulé (surtout si on a vu d'autres films du studio à la lampe), mais Elemental arrive à user de son concept commun de base avec un certain brio à intervalles réguliers.
En adoptant les éléments comme entités, Pixar use du plus grand dénominateur commun (et qui peut donc parler à tous dans la grande tradition du studio) pour traiter du rapport à l'autre, de l'intégration, les différences culturelles et surtout en faire le film le plus romantique du studio.
Car s'il est dommage de reléguer l'Air et la Terre au 3e plan, c'est clairement l'Eau et le Feu les vraies stars via un vrai bon duo de persos complémentaires. Et les animateurs usent des textures et de la nature polymorphe de ces éléments dans pas mal de séquences. C'est ludique, ça se regarde avec plaisir, et la BO de Thomas Newman est de qualité.
Ça méritait + de génie sans doute, mais en l'état il y a un bon film derrière ce Pixar plutôt mineur
6,5/10 soit 3.5/5
Un excellent film et un de mes favoris de cette cuvée Cannoise de 2023. Avec La Passion de Dodin Bouffant, Tran Anh Hung signe une romance en mode "In The Food for Love", où la poésie ambiante, la délicatesse de la mise en scène et l'excellent duo Magimel-Binoche signent une déclaration d'amour culinaire de haute volée.
Dès les 20 premières minutes où la caméra capte la préparation des mets, le film parvient à saisir, sublimée par une photographie travaillée.
Au fur et à mesure, on comprend que le postulat est de mettre sur le même plan l'art culinaire et la romance, faite sans cynisme.
Magimel est excellent en gourmet philosophe (avec son lot d'humour), tandis que Binoche est encore une fois impeccable.
Même la conclusion offre une légèreté bienvenue
Si Hark filmait la gastronomie comme un film de kung-fu, Tran Anh Hung la filme telle du Wong Kar-wai
8,5 ou 9/10
La Chimera : le meilleur film d'Alice Rohrwacher pour moi ! Dans cet anti-Indiana Jones, la réalisatrice dresse encore une fois un portrait pittoresque de l'Italie (avec une superbe photo en pellicule) et d'un pilleur de tombe anglais hanté par la perte de l'être-aimé. Josh O'Connor est impeccable tout comme le reste du casting, conférant un côté "film de potes" au 1er abord avant d'offrir un regard plus amer sur ces chasseurs de trésors à la petite semaine.
Et surtout, la fin du film est une des plus belles que j'ai vu récemment.
7.5/10
Gros kiff que ce Farang, retour en grâce de Xavier Gens aprés sa période DTV (sympathiques au demeurant !) qui a accumulé tout son bagage de Gangs of London pour accoucher d'un film d'action ultra vénère.
Déjà faut le dire : c'est facilement le meilleur film d'action français qu'on ait eu depuis...20 ans (oui on oublie pas Nid de Guêpes d'Emilio Siri)? C'est assez admirable de voir un tel truc, au croisement entre Bloodsport, Une Prière avant l'Aube et The Raid (vraiment faut remonter aux Van Damme et compagnie).
Du cinoche à 3 millions d'euros seulement, mais où tout l'argent est à l'écran : on voyage dans des recoins thaïlandais qui évitent le côté carte postale, les setpieces semblent tout droit dortis d'un film de Gareth Evans, et c'est viscéral en plus d'être surprennamment gore (le climax convoquant Old Boy et se finissant dans une cage d'ascenseur est à ce titre un des morceaux d'action les plus sanglants qu'on ait eu depuis un moment). Pour notre plus grand bonheur il y a même de l'égorgement de femmes, ou du concassé de crâne à coup de balle de billard !
Le pitch est ultra simple et balisé (un expatrié au passé criminel refait sa vie en Thaïlande, mais se voit contraint à la vengeance après avoir contrarié les mauvaises personnes) mais Gens sait incarner tout cela.
Et surtout l'accent est mis sur la dramaturgie et les persos (on a presque pas d'action pendant 40 bonnes minutes) pour que la violence fasse sens par la suite.
Grosse surprise venant de Nassim Lyes qui est ici ultra badass (le gars fait youtes ses cascades) et crédible dans le drama sans en faire des caisses.
J'aurai aimé des action pieces plus longs, et une une emphase émotionnelle plus prononcée encore (d'autant que le film aborde aussi le traffic de mineures) mais en l'état on tient un vrai bon film d'action français...et un vrai bon film d'action tout court en fait !
7/10 ou 7.5/10
Moins bien que le 1er qui se suffisait à lui-même, ce 2nd opus fait tout de meme preuve d'un gros savoir faire en terme d'action bien burnée, notamment via 2 gros morceaux de bravoure centraux.
Dommage que la dramaturgie globale soit sommaire et la fin bcp plus convenue (pour teaser le 3e opus), mais sympatoche tout de même pour sa première moitié extrêmement impressionnante !
5.5/10
Plutot sympa ce Sisu, mais au potentiel inachevé pour ma part. C'est dommage car le real je le suis depuis 13 ans mtn et son très bon Rare Exports, mais il faut croire qu'il n'a jamais pu reiterer ce petit exploit.
Ici du vieux badass, du désert lapon, des nazis, de l'or et du sang : y avait tout pour une série B subversive et mega badass, mais au fur et à mesure on se rend compte que le tout reste un film bcp plus léger. Trop léger parfois devant le manque de densité dramatique global, et le coté biserie à la Steven Seagal (clairement on est pas sur le meme film que le trailer).
Heureusement c'est carré, divertissant, bien fichu, mais au final un ptit sous Tarantino et sous De l'Or pour les braves qui s'étiole passée une première partie sympathique
5/10
Bon bein belle réussite que Nimona, cela fait vraiment plaisir.
Déjà c'est top d'enfin voir ce film, qui était pour rappel en dev chez Blue Sky Studios avant que Disney ferme le studio (après Les Incognitos, et là c'est par les mêmes reals).
Et 4 ans plus tard les équipes ont pu se reformer avec Annapurna pour faire le film avec Netflix et le studio DNEG (déjà derrière Entergalactic)
Et tout comme Sea Beast l'an dernier, on a un film solide qui pourtant parait complètement singulier en comparaison de ce que fait Disney, Dreamworks ou Sony.
Déjà l'univers du film est cool : dans un univers de fantasy, la Reine guerrière Gorleth a combattu les forces du Mal et engendré une paix millénaire avec son armada de guerriers.
Et 1000 ans plus tard, on est dans un univers à la FF, en mode cyberpunk/medieval futurism.
Et on suit Ballister Blackheart (excellent doublage par Riz Ahmed), un chevalier issu d'un milieu roturier qui s'apprête à être promu défenseur en chef de la Cité (au profit de son compagnon qui est le descendant de sang royal).
Mais au moment de son sacre, un laser jaillit de don épée et tue la Reine. Il est donc déclaré ennemi numéro 1 et traqué.
Mais dans sa quête pour laver son nom, il va rencontrer une mystérieuse fille du nom de Nimona, qui a la capacité de se métamorphoser en n'importe quelle forme de vie
'Est drôle, rythmé, régulièrement fun et même assez émouvant lorsque la dramaturgie s'attarde sur le passé de Nimona, le tiraillement de Ballister ou bien le questionnement sur qui sont désormais les monstres dans une société à la vision normée archaïque.
Le style graphique peut déconcerter par une certaine épure, mais offre selon moi un vrai cachet, aidé d'une belle direction artistique.
Je regrette cependant une figure antagoniste qui aurait mérité plus de travail (même si finalement la nature des enjeux ne repose pas sur elle), ainsi qu'une utilisation des transformations de Nimona qui est sans foute un peu classique (gorille, poisson, rhinocéros, baleine, souris..). De ce côté là cela fonctionne tout de même au sein de chaque séquence, jusque dans un climax à la Ori.
Par contre, énorme réussite que ce personnage (Chloe Moretz fait un sacré bon travail au doublage également) à la fois punk, jovial, carnassier et toujours enclin à semer le chaos...mais cachant une vraie fragilité avec une backstory des plus touchantes.
Le côté buddy movie fonctionne très bien, et Christophe Beck (Frozen, Ant-Man) livre une chouette BO (bien que l'aspect épique aurait pu être renforcé sur quelques scènes d'action très bien animées).
Au final, ce Nimona se regarde avec un vrai plaisir, et constitue pour moi une proposition d'univers tout à fait rafraichissante (à noter une romance gay qui n'est jamais utilisée comme un gimmick, mais qui fait tout à fait sens) : une suite est plus que bienvenue !
7.5/10
Immense plaisir que ce nouveau Michel Gondry !
Une très bonne comédie sur l'effervescence créative, où un Pierre Niney absolument parfait incarne un réalisateur maniaco-lunatique faisant vivre l'enfer à son entourage, et bien décidé à faire son film de manière indépendante.
Ainsi la majeure partie du métrage est sacrément drole, avant de progressivement bifurquer vers quelque chose de beaucoup plus touchant (comme souvent chez Gondry).
Et derrière son vernis relativement simple, Le Livre des Solutions devient à la fois une belle construction de personnages enfermé dans sa logique interne, et une petite pépite créative à intervalles réguliers.
En terme de narration, de montage et de justesse émotionnelle, on est sir de l'assez haut niveau.
Je regrette simplement que la romance introduite ne soit pas mieux amorcée (10 min de film en + n'étaient pas de refus).
À part ça un très bon film de Gondry !
8/10
L'Enlèvement
Après que Spielberg ait failli réaliser un film sur cette histoire, Bellochio la reprend pour livrer un très bon film, à la mise en scène maîtrisée et à la reconstitution d'époque exemplaire.
Cette histoire d'un enfant juif secrètement baptisé et récupéré par le Pape se suit avec un immense plaisir, entre exploration d'un clergé absolutiste et douloureuse quête familiale sur des années pour récupérer leur enfant.
Les acteurs sont tous excellents, et après Esterno Notte, c'est vraiment passionnant de voir Bellochio aborder une page sombre de l'Histoire de son pays.
La scène finale est d'ailleurs une des meilleures de sa filmographie
8/10
C'est mieux que La Nuée, mais x'est toujours pas ça ce nouveau film de Just Philippot. Acide part d'un point de départ excitant, et se révèle bien efficace pendant 45 bonnes minutes. On a même un Guillaume Canet bien employé, tout en distillant ça et là des séquences de survie dans la droite lignée du post-apo. Malheureusement, arrivée à la dernière demi-heure, les incohérences s'enchaînent tout comme l'aspect baclé d'un scénario expédiant certains personnages et même sa fin.
Un potentiel inexploité donc, malgré une facture visuelle respectable, une tension bien dosée et un très bon sound design.
2.5/5
Une bonne comédie signée Kim Jee-woon, qui ne côtoie toujours pas le sommet de sa filmo (la décennie 00's) mais qui se révèle drôle, rythmée, maîtrisée formellement et à charge contre les producteurs. Une déclaration d'amour au chaos et aux réalisateurs artisans,quelque part entre Coupez!, La Nuit Américaine et Ave César!
Song Kang-ho est comme d'hab impeccable en cinéaste démiurge voulant reshooter l'entiéreté de son film, et le reste du casting propose là aussi son lot de rires, jusqu'à son final salvateur.
C'est peut-être un chouilla long 2h15 pour ce que c'est, mais le plaisir reste là : une belle pioche
7/10