Ferrari, par Michael Mann

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Redzing
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Gekko a écrit :
mer. 18 oct. 2023 21:54
Vu ce trailer hier en salles (avant Killers of the FLower Moon), ça envoyait quand même du pâté. A part la séquence de l'accident où la voiture valdingue contre le poteau, immonde (j'espère que les FX n'étaient pas finis !).
A la fin ils annonçaient une sortie en salles UK pour le 26/12, donc 2023 maintenu à priori.
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NaughtyDog
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Après 9 ans de hiatus cinéma, (quasi) totalement conquis par ce retour de Michael Mann avec Ferrari :love2:
Mais là encore le grand public ne s'y retrouvera pas. Comme Ali, on est pas sur un biopic hagiographique tissant un destin factice, on se concentre sur le crépuscule d'Enzo Ferrari lors de l'été le plus important de sa vie.

Étonnemment c'est ptet le film le plus intimiste de Mann, sous forme d'un requiem funèbre proche d'une tragédie grecque.
Adam Driver et Penelope Cruz (encore une performance féminine folle cette année) sont géniaux, et le style visuel est assez surprenant quand on a eu 20 ans d'imagerie numérique à l'épaule avec Mann.
Là il bosse avec le chef op' actuel de Fincher (Erik Messerschmidt) et les scènes de dialogue captent totalement l'ambiance d'époque en Emilia-Romania, tout en ayant un coté crepusculaire marqué (malgré qu'on soit en été). Loin de tout aspect glamourisant, les scenes de course sont cependant hyper dynamiques et immersives (un peu comme Ford v Ferrari mais en plus naturaliste)...bien que peu nombreuses sauf lors du climax où tout se joue.

Mais point de film sportif ou triomphal, le focus est vraiment sur Enzo Ferrari, sorte de Parrain/Héphaistos de la mécanique sportive, dont la compagnie et la vie privée sont au bord du précipice, alors que le spectre métaphorique de la mort de son fils plane encore (tout comme le contexte d'après-guerre).

Dès lors ce Ferrari est vraiment un drame intime qui ne prend pas le spectateur pour un idiot, sans manichéisme, mais avec un vrai coeur de conteur romantique derrière (l'Italie n'a pas été aussi bien filmée par un cinéaste américain depuis des lustres). On sent tout le travail de documentation et d'imprégnation de Mann, si bien qu'on oublie le léger accent même des acteurs anglophones du cast secondaire (Shailene Woodley ou Patrick Dempsey).

Si il est étonnant que la performance de Cruz ne fasse pas plus de bruit, gros plaisir de voir que ce Parrain de Modena incarné par Driver est totalement dans la lignée archétypale du protagoniste chez Mann : solitaire, tiraillé entre un devoir professionnel (quasi religieux) et l'horizon fantasmé d'une échappatoire intime (comme McCauley, Crockett, Frank, Shiherlis, Hawkeye, Ali, Max..).
Si je devais avoir une réserve c'est peut-être sur le fait que j'aurai aimé un film un peu plus long pour développer un peu plus quelques personnages des pilotes..mais bon visiblement ce n'est pas le but, Mann préférant l'intime à l'ampleur ici.

Bref c'est vraiment très bon, meilleur (anti)biopic de l'année pour moi !

8 /10

(Et en plus Mann reutilise Sacrifice de Lisa Gerrard à un moment comme dans le chef-d'œuvre The Insider)
Modifié en dernier par NaughtyDog le lun. 1 janv. 2024 12:54, modifié 1 fois.
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Redzing
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D'abord, bonne année 2024 à tous !

J'ai profité de l'accalmie du 31/12 (et du mauvais temps) pour aller voir Ferrari en salles. Pas le seul d'ailleurs, la salle était à 3/4 pleine !
Avis positif pour ma part, mais pas aussi emballé que @NaughtyDog.

Je suis déjà content que Michael Mann a sorti un autre film 8 ans et demi (!) après le moyen Blackhat (film vu en salles le jour où j'ai rencontré ma femme, c'est dire si une vie s'est écoulée depuis #3615 mylife :o )

Ferrari n'a rien d'un biopic, ni d'une success story automobile. On est à des années lumière de Ford v. Ferrari de Mangold, auquel il sera sans doute comparé vu son sujet.
C'est un drame familial intimiste sur les Ferrari. Enzo et sa femme qui font encore le deuil de leur fils. Enzo qui a un maîtresse et un autre fils, et se pose la question de le reconnaître officiellement. Et ses problèmes financiers qui vont secouer tout ça. La participation à la course Mille Miglia est finalement presque secondaire, à l'image des pilotes assez peu développés dans le récit.

Et ce n'est pas une oeuvre calibrée pour le grand public. Pas de méchant (genre comme les cadres caricaturaux dans Ford v. Ferrari). Même Maserati, un temps présenté comme pseudo antagoniste, est finalement complètement sous-employé. Pas de personnage vraiment attachant. Pas d'enjeu sportif autre que les tourments du couple principal. Je doute qu'il cartonne au box office !

Néanmoins tout est fait avec maîtrise et finesse. Les acteurs sont excellents, Adam Driver et Penelope Cruz en tête. La mise en scène est maîtrisée, dont de magnifiques séquences en voiture à travers l'Italie, surtout dans le dernier acte (et pourtant les bagnoles je m'en tamponne l'oreille avec un babouche). J'ai bien aimé aussi la séquence d'église, avec ces parallèles entre des hosties et des chronomètres ! Le scénario présente bien les tourments et contradictions d'Enzo Ferrari. Un homme exigeant, perfectionniste, mais dont la vie de famille part en morceaux. Un homme qui donne à son écurie une allure familiale, mais qui s'émeut peu de la mort de ses pilotes. Le film montre aussi de manière évocatrice son aura et sa puissance en Italie : la séquence de la conférence de presse ou il fait dégager illico les journalistes qui lui ont déplu :lol:

Par contre les quelques séquences de crash m'ont paru très peu convaincantes, comme je le craignais au vu des trailers.
Le premier est très numérique (surtout le corps du pilote dans les airs). Et il a l'air de manquer la moitié des plans (pas d'impact du pilote au sol par ex.). Ferrari parait très détaché : je veux bien qu'il soit peu ému, mais tout de même, on a l'impression de voir 2 scènes différentes !
Et puis le fameux crash de la Mille Miglia, beaucoup trop numérique... J'ai eu l'impression de voir Neo qui fait du bowling avec les Smith dans Matrix Reloaded... :crazy:
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NaughtyDog
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Perso c'est surtout la 1e scene de crash où j'ai esquissé un sourcil mais rien de vraiment problematique

Tandis que la derniere est suffisamment choc pour etre efficace je trouve
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Riggs_007
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Redzing
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Riggs_007 a écrit :
mar. 2 janv. 2024 11:12
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Sans surprise, ça capote :benetton:
Peu étonnant : sortie à Noël, film pas du tout grand public, oserais-je dire exigeant, et grosse concurrence de Wonka.
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NaughtyDog
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Ça fait supra chier pour Mann, qui livre son meilleur film depuis 20 ans

Nul doute que son prochain devrait etre un succès ceci dit
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ConFucKamus
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Vu le film

Un retour agréable mais je ne suis pas arrivé à m'investir complètement dedans.

Mann n'essaie pas de rendre Enzo Ferrari aimable, et franchement il l'est pas. J'avais plus d'empathie pour Laura Ferrari (P. Cruz superbe) et Lina Lardi.

J'ai trouvé les enjeux limpides (sauver l'entreprise, sauvegarder une certaine unité familiale) mais il manque un vrai point d'ancrage émotionnel.

Par contre, c'est plaisant de retrouver un Mann précis, dynamique. Le réalisateur filme très bien la vitesse, notamment lors de la course de mille miglia.

Et la fin est je trouve très réussie car le temps d'un dialogue, Mann donne une tout autre dimension à cette union des Ferrari, pathétique.

:star: :star: :star: :passtar: :passtar:
"Bloodshot est la meilleure chose qui soit arrivée au cinéma en 2020 " - ©MisterM
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MisterM
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Le démarrage est poussif mais une fois que les enjeux sont posés ça devient très agréable à suivre, et une bien belle scène de course historique, filmée avec classe, alors que Howard et Mangold sont déjà passés par là. Cruz et Driver sont particulièrement justes, les vraies mécaniques huilées du film.

J'ai tout de même beaucoup de mal à saisir la morale à la fin : Ferrari a poussé l'obsession de gagner chez ses pilotes au point d'en amener un à l'imprudence avec des conséquences absolument catastrophiques, mais tout est fait comme s'il n'y avait aucun lien de cause à effet, y compris dans la psychologie de Ferrari. :??: Pourquoi avoir voulu raconter cet évènement dans ce cas ?

Il y a aussi des bizarreries de montage, j'ai vu que certains ici les avaient également relevées mais ce n'est pas réservé à la scène de crash.

6/10
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