Pour décompresser un peu entre les journées de solitude confinées, petite soirée films d'horreur hier avec deux amis.
Avec deux films parus sur le plateforme Shadowz récemment (franchement sympa comme plateforme pour qui aime les films de genre et qui commence à rapatrier certains contenus de son homologue américain Shudder) :
Hasard de nos choix, ce sont deux films qui dans les faits sont des tentatives de détournements des codes de leur genre respectif pour tenter de faire passer un message plus ou moins précis et pertinent.
Lucky (2020)
Sur ce film sorti il y a tout juste quelques jours sur Shadowz, on lorgne à priori du côté du slasher et du "home invasion". Mais dans les faits, il ne faut pas s'attendre à de la peur et du jump scare à gogo. Je dirais même que le tueur n'est finalement jamais représenté comme une réelle menace pour l'héroïne (la charmante
Brea Grant, habituée de l'horreur et surtout connue pour son rôle dans la saison 3 de Heroes à l'époque. Elle est ici également la scénariste de Lucky).
Sans trop en dire, le gimmick du film repose sur le fait que chaque jour, un mystérieux tueur masqué s'introduit chez elle et tente de la tuer. Sauf qu'autour d'elle, personne, y compris son mari pourtant partie prenante, ne semble prendre au sérieux ce qui se passe.
Le résultat est parfois bancal, et surtout oublie en fait trop souvent le genre auquel il appartient pour s'avérer vraiment efficace. La réalisatrice
Natasha Kermani étant plus attachée à développer le message qu'elle veut faire passer plutôt qu'aux actions d'un tueur un peu trop inoffensif pour être crédible. Dans les faits, je n'ai jamais pu ressentir de réelle tension ou avoir peur pour le personnage principal.
En revanche le concept, très métaphorique, est plutôt bien intégré dans le récit. Sans vraiment dévoiler l'histoire parce que le film repose beaucoup sur des explications qui se font volontairement attendre, on a, comme souvent en ce moment, à faire avec un film évoquant à sa façon les violences subies par les femmes et comment elles peuvent le combattre.
Techniquement, même si l'on ressent le manque de moyens au vu du peu de décors disponibles, c'est plutôt propre et il y a quelques tentatives esthétiques de ci de là, notamment sur les jeux de couleurs.
Rien de très marquant donc, mais une petite curiosité au message en plein dans notre époque (malheureusement) et méritant quand même que les amateurs y jettent un œil.
The Witch In The Window (2018)
Changement d'ambiance et l'on passe du côté de la maison hantée.
Ici, derrière un pitch on ne peut plus classique de "on déménage dans une grande maison à la campagne et y a un fantôme dedans", ici le vrai sujet du film est la question de la paternité et les responsabilités qui en découlent. Tout le film tourne autour de la relation entre un père divorcé et son fils, au point même que les deux en viennent vite à accepter la présence fantomatique qui les entoure, point finalement assez original dans le récit. Il n'y a d'ailleurs jamais de réel affrontement entre les protagoniste et l'entité.
Mais, même s'il n'use que très peu du jump scare (et tant mieux parce qu'il ne le fait pas très bien), le metteur en scène
Andy Mitton oublie moins la sensation d'oppression et de peur que sa consoeur évoqué plus haut dans ce post. On est souvent dans la même idée que les multiples spectres sagement cachés dans le cadre de
The Haunting of Hill House (de Mike Flanagan), et ça fonctionne plutôt bien, en plus d'être un moyen efficace de contourner le manque de budget tout en posant une vraie ambiance et un malaise.
Mais il va aussi plus loin avec notamment une scène téléphonique vraiment très réussie et originale dans sa forme. A noter aussi que le film se déroule le plus souvent en plein jour et j'aime quand un réalisateur évite la facilité de la peur du noir.
Même si le film est imparfait à pas mal d'égards, j'ai un peu le même sentiment qu'à l'époque où je découvrais
The Mirror de Mike Flanagan (encore lui oui, mais clairement il y a une parenté à mon sens) : voilà un metteur en scène qui a probablement un potentiel qui mérite d'être travaillé et exploité dans le futur.
Andy Mitton est un nom à retenir,
The Witch In The Window étant son premier film en solo. Il connaît son sujet, maitrise le genre et ses codes, le rythme et sait se montrer inventif pour faire avec le budget qu'il a et éviter la redite.