"
The Deep House" et "
Kandisha" de Alexandre Bustillo et Julien Maury
Les innombrables décalages covidiens ont impliqué l'an passé que le duo français spécialisé dans l'horreur Bustillo et Maury ont sorti deux films en un mois.
Si The Deep House a les honneurs des salles, Kandisha a lui été finalement sacrifié sur l'autel de la VOD.
Les deux hommes m'intriguent pas mal. Vrais passionnés, ils sont souvent plein d'idées et ont un certain talent de mise en scène et photo. Pour autant, il y a quasiment toujours quelque chose qui ne va pas et plombe leurs propositions.
Je vais critiquer les deux films ensemble vu que je les ai vus à la suite et que malgré leur contexte très très différents, ils fonctionnent un peu sur le même schéma.
Le concept part toujours du même principe : prendre un sous-genre horrifique classique du Cinéma et le transposer dans un univers jamais ou rarement travaillé dans le genre. Ainsi
Kandisha amène une réelle légende démoniaque marocaine (très proche du principe de Candyman dans l'idée) dans le cadre urbain des cités de banlieue parisienne et
The Deep House déplace littéralement la maison hantée sous l'eau.
Dans les deux cas toujours, le premier rôle est féminin et parait un peu en décalage avec son environnement ou son entourage.
Et de même la pratique de l'urbex est prégnante dans les deux œuvres puisque d'un côté on a un trio de jeunes femmes galérant en Cité, partant la nuit faire du graffiti dans une vieille tour abandonnée proche d'être détruite. De l'autre on suit un duo de youtubeur le pratiquant dans l'espoir de percer sur la plateforme.
Aussi on a là deux films très courts, sous l'heure et demi, réduisant au maximum son décorum pour se concentrer sur son action, quitte à parfois oublier un peu le mystère.
Je vais le dire de suite, pas de miracle et les deux films ne sont pas des réussites au global, même s'il n'y a pas que du mauvais à en ressortir.
Bustillo et Maury ont un vrai truc accrocheur côté réalisation, mais leur écriture finit toujours par leur faire défaut. Et malgré leur passion sincère et évidente pour le Cinéma d'horreur, on peut se demander si dans les faits ils ne devraient pas essayer d'explorer autre chose dans le futur, pour mieux maîtriser la situation.
Ainsi
Kandisha réussit pas mal de choses visuellement, surtout dans sa dernière demi-heure, mais ne parvient jamais vraiment à se départir du cliché de ses personnages et peine vraiment à faire monter la tension, même si les deux dernières mises à mot ont plus de gueule que le reste.
The Deep House est lui un véritable tour de force visuel et technique, le film se déroulant à 80% réellement sous l'eau dans les méandres de cette maison étrangement bien conservée sous un lac artificiel. Rien que pour ça il mérite d'être vu. Mais derrière... C'est un peu le néant. Le cadre sont donc fait son effet au départ, mais le scénario ne le prend quasi jamais en compte du coup le soufflé retombe vite. Et on ne s'attache jamais au couple principal coincé dans leur combi de plongée et du coup inexpressifs. D'autant plus que les 20 premières minutes hors de l'eau nous ont plutôt présenté un couple un peu dysfonctionnel mais qui peine à se l'avouer qu'autre chose.
Kandisha souffre également d'un autre souci important. La moitié de ses mises à mort (les dernières) sont plutôt réussies, dures et inquiétantes. Mais les premières sont ratées, tant dans l'intention que visuellement (FX affreux sur une scène notamment). Du coup on met du temps à être vraiment inquiété par le personnage et c'est d'autant plus frustrant que la mythologie qui l'entoure est vraiment cool.
The Deep House se rate un peu moins là-dessus, mais c'est l'inverse niveau intérêt et originalité, le curseur est mis à zéro.
Autre problème de Kandisha, c'est l'absence parfois littérale ou parfois de réaction des protagonistes secondaires. L'impression trop souvent de voir une cité morte, non pas socialement, mais juste littéralement. X meurtres atroces en 3 jours et tout le monde continue sa petite vie quasi normalement.
Du positif, il y en a quand même un peu dans tout ça :
Dans Kandisha je retiendrai la prestation de l'héroïne Mathilde La Busse et le personnage de Kandisha. Sans spoiler, je l'ai trouvé très cheap sur les deux tiers de ses interventions, mais elle prend soudainement une nouvelle ampleur intéressante à mesure qu'on approche du final.
Et sur The Deep House, je l'ai déjà dit, mais techniquement ce que l'équipe a réussi à mettre en image est fort. Ils ont du bien en chier sur le tournage et chapeau aussi au chef décorateur qui a établi un gros gros travail sur la maison.
Aussi, si ils peinent avec les CGI, faute de moyen pour en faire des bons, les films utilisent majoritairement des effets pratiques et en général ils sont vraiment bons !
Malgré ses défauts criants, ma préférence ira à Kandisha au concept intéressant et qui profite de 20 dernières minutes plus réussies que le reste.
The Deep House tient lui trop de la coquille vide pour tenir la longueur.
Kandisha :
The Deep House :