Film SF, Fantastique, film d'Horreur et Giallo
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Robocop, film de science-fiction de José PADILHA (USA, 2014), sur un scénario de Joshua ZETUMER, Edward NEUMEIER et Michael MINER, avec Joel KINNAMAN, Gary OLDMAN, Michael KEATON, Abbie CORNISH, Jacjie EARLE HALEY, Michael Kenneth WILLIAMS, Jennifer EHLE, Jay BARUCHEL, Marianne JEAN-BAPTISTE...
Aux USA, à Détroit en 2028, le policier Alex MURPHY (J. Kinnaman) est gravement blessé dans l'exercice de ses fonctions. La grande entreprise OmniCorp, spécialisée dans la création de robots de maintien de l'ordre, sous l'impulsion de son responsable Raymond Sellars (M. Keaton) assisté du Dr Dennett Norton (G. Oldman), décide de l'utiliser pour mettre en application son plan de créer un cyborg policier, aux capacités démultipliées par rapport à un humain normal...
Comme tous les remakes d'œuvres classiques mais atypiques, cette réécriture du flic cyborg était risquée. Les deux pièges les plus fréquents en pareil cas sont le remake copié-collé, et la bouse blockbusterienne racoleuse qui veut se mettre au “goût du jour” en en mettant plein la vue à l'aide d'explosions et de scènes de super-kung-fu à 100 à l'heure à foison (piège dans lequel était tombé l'alors récent Total Recall). José Padilha a sans doute subi plein de pressions de la part des studios dans ce sens, mais au vu du résultat, il a réussi à les écarter, se démarquant de son modèle tout en en conservant les bases (si certains de mes amis ont contesté son appellation de remake, à mes yeux il retient assez des thèmes et enjeux de son prédécesseur pour mériter ce nom), et en ne laissant pas les scènes d'action et la débauche technologique envahir le scénario.
Si l'imagerie de la première version est bien respectée (pas trop de “goût du jour” là), cette nouvelle mouture a choisi un angle différent. Si dans les deux cas on a un homme qui est greffé sur un robot, transformé en cyborg quoi, l'approche est cependant inverse. La part d'humanité de Murphy est ici beaucoup plus importante que chez Verhoeven, où on avait un homme qui ne conservait quasiment rien de son identité, les concepteurs voulant en faire un robot, et qui récupérait ensuite sa part d'humanité (c'est à dire sa personnalité). Là, on a un homme qui conserve d'emblée sa personnalité, les concepteurs jouant ouvertement la carte cyborg (mais qui dissimulent le fait que Murphy est beaucoup plus contrôlé par ses logiciels qu'il ne s'en rend compte), et qui doit lutter pour rester humain en évitant d'être submergé par la machine. Cela a des conséquences sur ses relations avec la police (dont fait partie son ancien partenaire) et le public, sa nature de cyborg étant assumée alors que chez Verhoeven elle était secrète (exit donc le côté super-héros de comics). Et bien sûr sur ses relations avec sa famille, là beaucoup plus développées que dans l'original.
La violence est moins montrée, les scènes d'action sont rapides et contenues, la bande-annonce les incluant à peu près toutes. Elles ne paraissent pas beaucoup intéresser Padilha, ce qui ne les empêche pas d'être de bonne facture. Son but est vraiment de s'étendre sur le devenir de Murphy, sur les questions posées par la fusion entre homme et machine et le refus de Murphy de devenir l'esclave de son programme, de par là les questions sur ce qui fait l'identité et la personnalité, et ses relations avec sa famille et son passé. Mais c'est sûr que je regrette un peu l'absence du côté cynique de Verhoeven, qui ne survit guère que dans le présentateur de télé manipulateur Novak et les scènes d'occupation de l'Iran, avec leur côté raciste implicite, et la moindre présence de l'OCP (en revanche, il est sûr que la présentation de ce qui reste vraiment de Murphy sous son armure compense largement l'absence de certaines des scènes crues de l'original). Mais d'un autre côté, il est bon de voir que ce nouveau Robocop a réussi à s'affranchir de son modèle tout en respectant une bonne partie de son essence, offrant une œuvre qui ne sera peut-être pas le même classique, mais est intelligente et solide et bénéficie d'une réalisation et d'une interprétation de bonne facture.
15/20
Aux USA, à Détroit en 2028, le policier Alex MURPHY (J. Kinnaman) est gravement blessé dans l'exercice de ses fonctions. La grande entreprise OmniCorp, spécialisée dans la création de robots de maintien de l'ordre, sous l'impulsion de son responsable Raymond Sellars (M. Keaton) assisté du Dr Dennett Norton (G. Oldman), décide de l'utiliser pour mettre en application son plan de créer un cyborg policier, aux capacités démultipliées par rapport à un humain normal...
Comme tous les remakes d'œuvres classiques mais atypiques, cette réécriture du flic cyborg était risquée. Les deux pièges les plus fréquents en pareil cas sont le remake copié-collé, et la bouse blockbusterienne racoleuse qui veut se mettre au “goût du jour” en en mettant plein la vue à l'aide d'explosions et de scènes de super-kung-fu à 100 à l'heure à foison (piège dans lequel était tombé l'alors récent Total Recall). José Padilha a sans doute subi plein de pressions de la part des studios dans ce sens, mais au vu du résultat, il a réussi à les écarter, se démarquant de son modèle tout en en conservant les bases (si certains de mes amis ont contesté son appellation de remake, à mes yeux il retient assez des thèmes et enjeux de son prédécesseur pour mériter ce nom), et en ne laissant pas les scènes d'action et la débauche technologique envahir le scénario.
Si l'imagerie de la première version est bien respectée (pas trop de “goût du jour” là), cette nouvelle mouture a choisi un angle différent. Si dans les deux cas on a un homme qui est greffé sur un robot, transformé en cyborg quoi, l'approche est cependant inverse. La part d'humanité de Murphy est ici beaucoup plus importante que chez Verhoeven, où on avait un homme qui ne conservait quasiment rien de son identité, les concepteurs voulant en faire un robot, et qui récupérait ensuite sa part d'humanité (c'est à dire sa personnalité). Là, on a un homme qui conserve d'emblée sa personnalité, les concepteurs jouant ouvertement la carte cyborg (mais qui dissimulent le fait que Murphy est beaucoup plus contrôlé par ses logiciels qu'il ne s'en rend compte), et qui doit lutter pour rester humain en évitant d'être submergé par la machine. Cela a des conséquences sur ses relations avec la police (dont fait partie son ancien partenaire) et le public, sa nature de cyborg étant assumée alors que chez Verhoeven elle était secrète (exit donc le côté super-héros de comics). Et bien sûr sur ses relations avec sa famille, là beaucoup plus développées que dans l'original.
La violence est moins montrée, les scènes d'action sont rapides et contenues, la bande-annonce les incluant à peu près toutes. Elles ne paraissent pas beaucoup intéresser Padilha, ce qui ne les empêche pas d'être de bonne facture. Son but est vraiment de s'étendre sur le devenir de Murphy, sur les questions posées par la fusion entre homme et machine et le refus de Murphy de devenir l'esclave de son programme, de par là les questions sur ce qui fait l'identité et la personnalité, et ses relations avec sa famille et son passé. Mais c'est sûr que je regrette un peu l'absence du côté cynique de Verhoeven, qui ne survit guère que dans le présentateur de télé manipulateur Novak et les scènes d'occupation de l'Iran, avec leur côté raciste implicite, et la moindre présence de l'OCP (en revanche, il est sûr que la présentation de ce qui reste vraiment de Murphy sous son armure compense largement l'absence de certaines des scènes crues de l'original). Mais d'un autre côté, il est bon de voir que ce nouveau Robocop a réussi à s'affranchir de son modèle tout en respectant une bonne partie de son essence, offrant une œuvre qui ne sera peut-être pas le même classique, mais est intelligente et solide et bénéficie d'une réalisation et d'une interprétation de bonne facture.
15/20
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Sinister, film fantastique de Scott DERRICKSON (USA/Royaume-Uni-Canada, 2012), sur un scénario de C. Robert CARGILL et Scott DERRICKSON, avec Ethan HAWKE, Juliet RYLANCE, James RANSOME, Fred THOMPSON, Michael HALL D'ADDARIO, Clare FOLEY...
Ellison OSWALT ( E. Hawke), un auteur de romans policiers, emménage avec sa famille dans une maison où a eu lieu un crime sanglant, en laissant celle-ci dans l'ignorance de ce fait. Son but est de découvrir des indices au sujet de cette affaire non élucidée afin de s'en inspirer pour écrire un nouveau livre. Mais il tombe sur un film très inquiétant, qui semble lié à ce meurtre...
On se retrouve avec une nouvelle intrigue tournant autour de hantises mêlées avec un film aux propriétés maléfiques (C. Robert Cargill aurait tiré son inspiration pour l'histoire après avoir eu un cauchemar suite à un visionnage de The ring-Le cercle), l'originalité étant qu'elle est combinée avec le récit d'enquête journalistique menée par un écrivain à succès en recherche de nouveau best-seller. Le truc étant ainsi que les événements extraordinaires sont au cœur de l'enquête menée par un homme qui tente de résoudre l'énigme que leurs précédentes récurrences ont générée autrefois, sans se douter un instant de ce qui l'attend.
L'écrivain en question est un personnage classique d'enquêteur/journaliste dont le souci affiché de rechercher la vérité cache en fait le désir d'assouvir un égo surdimensionné. Il arrive dans une petite ville, bien décidé à mettre les choses sens dessus dessous, et au besoin à troubler la tranquillité du voisinage. D'où l'hostilité du shériff local, partiellement compensée par l'aide qu'un de ses adjoints admirateurs lui apporte. Les éléments que ce dernier lui amènent vont cependant contribuer à sceller son sort. Car cette fois-ci, l'enquêteur obstiné va tomber sur plus fort que lui et être pour la première fois confronté à une situation qui le dépasse. Son enquête va porter ses fruits, comme il l'espérait, mais ce sont justement ses découvertes et son succès qui vont causer sa perte. On retrouve des schémas classiques ; l'homme aux pieds sur terre et sûr de lui qui essaie de rationaliser ; l'opposition entre le mari décidé et rationaliste, qui refuse les explications paranormales ; et la femme lassée, puis apeurée et désireuse de partir. Le tout débouchant sur un renversement de situation quand le mari, convaincu par ce qu'il a confronté, craque et décide de ficher le camp. Scott Derrickson gère bien la montée de l'angoisse, et se révèle à l'aise dans l'épouvante à base de grand-guignol peut-être un peu trop classique, mais assez bien amené pour faire sursauter à foison. Les scènes dans le grenier sont flippantes à souhait.
À comparer, la fin peut paraître plus convenue, un peu trop prévisible. Mais elle se justifie, car elle met en évidence que Elison Oswalt reste jusqu'au bout guidé (et trahi) par sa vanité. Au lieu de brûler le film original, il ne peut pas s'empêcher de le visionner, ce qui permet à la mécanique qu'il avait pourtant identifiée de se conclure. On retrouve là le moralisme chrétien de Derrickson, fil conducteur d'une grande partie de sa carrière.
Un long-métrage très bien servi de plus par l'interprétation, qui mérite dans l'ensemble les bonnes critiques qu'il avait reçues lors de sa sortie.
14,5/20
Ellison OSWALT ( E. Hawke), un auteur de romans policiers, emménage avec sa famille dans une maison où a eu lieu un crime sanglant, en laissant celle-ci dans l'ignorance de ce fait. Son but est de découvrir des indices au sujet de cette affaire non élucidée afin de s'en inspirer pour écrire un nouveau livre. Mais il tombe sur un film très inquiétant, qui semble lié à ce meurtre...
On se retrouve avec une nouvelle intrigue tournant autour de hantises mêlées avec un film aux propriétés maléfiques (C. Robert Cargill aurait tiré son inspiration pour l'histoire après avoir eu un cauchemar suite à un visionnage de The ring-Le cercle), l'originalité étant qu'elle est combinée avec le récit d'enquête journalistique menée par un écrivain à succès en recherche de nouveau best-seller. Le truc étant ainsi que les événements extraordinaires sont au cœur de l'enquête menée par un homme qui tente de résoudre l'énigme que leurs précédentes récurrences ont générée autrefois, sans se douter un instant de ce qui l'attend.
L'écrivain en question est un personnage classique d'enquêteur/journaliste dont le souci affiché de rechercher la vérité cache en fait le désir d'assouvir un égo surdimensionné. Il arrive dans une petite ville, bien décidé à mettre les choses sens dessus dessous, et au besoin à troubler la tranquillité du voisinage. D'où l'hostilité du shériff local, partiellement compensée par l'aide qu'un de ses adjoints admirateurs lui apporte. Les éléments que ce dernier lui amènent vont cependant contribuer à sceller son sort. Car cette fois-ci, l'enquêteur obstiné va tomber sur plus fort que lui et être pour la première fois confronté à une situation qui le dépasse. Son enquête va porter ses fruits, comme il l'espérait, mais ce sont justement ses découvertes et son succès qui vont causer sa perte. On retrouve des schémas classiques ; l'homme aux pieds sur terre et sûr de lui qui essaie de rationaliser ; l'opposition entre le mari décidé et rationaliste, qui refuse les explications paranormales ; et la femme lassée, puis apeurée et désireuse de partir. Le tout débouchant sur un renversement de situation quand le mari, convaincu par ce qu'il a confronté, craque et décide de ficher le camp. Scott Derrickson gère bien la montée de l'angoisse, et se révèle à l'aise dans l'épouvante à base de grand-guignol peut-être un peu trop classique, mais assez bien amené pour faire sursauter à foison. Les scènes dans le grenier sont flippantes à souhait.
À comparer, la fin peut paraître plus convenue, un peu trop prévisible. Mais elle se justifie, car elle met en évidence que Elison Oswalt reste jusqu'au bout guidé (et trahi) par sa vanité. Au lieu de brûler le film original, il ne peut pas s'empêcher de le visionner, ce qui permet à la mécanique qu'il avait pourtant identifiée de se conclure. On retrouve là le moralisme chrétien de Derrickson, fil conducteur d'une grande partie de sa carrière.
Un long-métrage très bien servi de plus par l'interprétation, qui mérite dans l'ensemble les bonnes critiques qu'il avait reçues lors de sa sortie.
14,5/20
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Abraham Lincoln : Chasseur de vampires, film fantastique de Timur BEKMAMBETOV (Abraham Lincoln : Vampire Hunter, USA-Russie, 2012), sur un scénario de Seth GRAHAME-SMITH d'après son propre roman, avec Benjamin WALKER, Rufus SEWELL, Dominic COOPER, Anthony MACKIE, Mary Elizabeth WINSTEAD, Marton CSOKAS, Jimmi SIMPSON, Joseph MAWLE...
Lorsque Abraham Lincoln (B. Walker) est élu président des USA en 1860, ses électeurs ignorent que le nouveau locataire de la Maison-Blanche sait depuis des années que les vampires existent, et qu'ils sont décidés à prendre le pouvoir dans leur pays. Lincoln est bien décidé à les en empêcher...
J'ai mis longtemps à le voir, et hélas, c'était pour m'apercevoir que les critiques globalement négatives étaient justes dans l'ensemble. Certes, le thème n'était pas évident à traiter. Les combats historiques de Lincoln qui cachaient une lutte contre les vampires... oui ! Un sujet craignos par excellence, mais je suppose que vu l'intérêt qu'il suscitait, le roman devait bien s'en sortir, ce qui laisse supposer qu'il était plus subtil et livrait un bon numéro d'histoire cachée. Las, Bekmambetov livre un film inégal. De belles images, notamment de superbes prises de vue crépusculaires, une esthétique sépia convenant bien à un tel thème fantastique, une reconstitution d'époque soignée et sans fard. Mais un beau contenant peut révéler un contenu faisandé. Le réalisateur fait ce qu'il peut pour introduire par touches un Abraham Lincoln parallèle mais crédible dans le contexte de son époque, ce qui constitue en soi une belle réussite. L'illusion dure un peu, et puis patratas. Dès qu'on entre dans le vif du sujet, les apparences s'écroulent. On a droit à une série de combats et de cascades sans crédibilité. Face à des vampires surpuissants et super-rapides, le très normal Abraham Lincoln se met à virevolter et à sauter dans tous les sens avec l'aisance de Blade ou de Buffy, qui eux avaient l'excuse de posséder des super-pouvoirs. Défonçant à tour de bras des adversaires qui devraient le surpasser sans qu'on comprenne comment, réalisant des acrobaties surhumaines, se permettant de sauter de dos de cheval à dos de cheval au milieu d'une horde paniquée, de dévaler une falaise, de bondir d'un wagon à l'autre au milieu d'un carambolage sur un pont en train de s'effondrer. En bref, on croirait le scénario écrit par Joss Whedon pour ses épisodes les plus ridicules de Buffy et Angel (je ne vais pas me faire que des amis par là).
Les acteurs sont corrects, je pense que si leur prestation a parfois été mal reçue, cela vient surtout de ce qu'ils ont été mal soutenus. La véritable erreur de casting vient de Bekmambetov. Le spécialiste du film d'action à 100 à l'heure qu'il est n'était pas l'homme qu'il fallait pour un sujet aussi complexe (même si c'est filmé de façon plus lisible que dans ses précédents films; que j'ai il est vrai toujours considérés comme surestimés).
Au mieux, à voir comme une parodie involontaire, mais agaçante car le ton se prend quand même au sérieux.
8/20
Lorsque Abraham Lincoln (B. Walker) est élu président des USA en 1860, ses électeurs ignorent que le nouveau locataire de la Maison-Blanche sait depuis des années que les vampires existent, et qu'ils sont décidés à prendre le pouvoir dans leur pays. Lincoln est bien décidé à les en empêcher...
J'ai mis longtemps à le voir, et hélas, c'était pour m'apercevoir que les critiques globalement négatives étaient justes dans l'ensemble. Certes, le thème n'était pas évident à traiter. Les combats historiques de Lincoln qui cachaient une lutte contre les vampires... oui ! Un sujet craignos par excellence, mais je suppose que vu l'intérêt qu'il suscitait, le roman devait bien s'en sortir, ce qui laisse supposer qu'il était plus subtil et livrait un bon numéro d'histoire cachée. Las, Bekmambetov livre un film inégal. De belles images, notamment de superbes prises de vue crépusculaires, une esthétique sépia convenant bien à un tel thème fantastique, une reconstitution d'époque soignée et sans fard. Mais un beau contenant peut révéler un contenu faisandé. Le réalisateur fait ce qu'il peut pour introduire par touches un Abraham Lincoln parallèle mais crédible dans le contexte de son époque, ce qui constitue en soi une belle réussite. L'illusion dure un peu, et puis patratas. Dès qu'on entre dans le vif du sujet, les apparences s'écroulent. On a droit à une série de combats et de cascades sans crédibilité. Face à des vampires surpuissants et super-rapides, le très normal Abraham Lincoln se met à virevolter et à sauter dans tous les sens avec l'aisance de Blade ou de Buffy, qui eux avaient l'excuse de posséder des super-pouvoirs. Défonçant à tour de bras des adversaires qui devraient le surpasser sans qu'on comprenne comment, réalisant des acrobaties surhumaines, se permettant de sauter de dos de cheval à dos de cheval au milieu d'une horde paniquée, de dévaler une falaise, de bondir d'un wagon à l'autre au milieu d'un carambolage sur un pont en train de s'effondrer. En bref, on croirait le scénario écrit par Joss Whedon pour ses épisodes les plus ridicules de Buffy et Angel (je ne vais pas me faire que des amis par là).
Les acteurs sont corrects, je pense que si leur prestation a parfois été mal reçue, cela vient surtout de ce qu'ils ont été mal soutenus. La véritable erreur de casting vient de Bekmambetov. Le spécialiste du film d'action à 100 à l'heure qu'il est n'était pas l'homme qu'il fallait pour un sujet aussi complexe (même si c'est filmé de façon plus lisible que dans ses précédents films; que j'ai il est vrai toujours considérés comme surestimés).
Au mieux, à voir comme une parodie involontaire, mais agaçante car le ton se prend quand même au sérieux.
8/20
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La légende de Beowulf, film fantastique (héroïque-fantaisie) de Robert ZEMECKIS (Beowulf, USA/Royaume-Uni, 2007), sur un scénario de Neil GAIMAN et Roger AVARY, d'après le poème médiéval du même nom, avec Ray WINSTONE, Crispin GLOVER, Angelina JOLIE, Robin WRIGHT, Anthony HOPKINS, Sonje FORTAG, Sharisse BAKER-BERNARD, Charlotte SALT, Julene RENEE, Greg ELLIS...
En 507, au Danemark, Grendel (C. Glover), un troll monstrueux, répand la terreur. Le roi Hrothgar (A. Hopkins) offre une récompense pour qui en viendra à bout. Beowulf (R. Winstone) vient alors relever le défi. Suite à une bataille épique, il entre alors dans l'antre de la mère du monstre, une fée des eaux (A. Jolie), et passe un marché démoniaque avec elle. Devenu roi, des années plus tard, Beowulf doit faire face à une nouvelle menace...
Déjà, Beowulf , dont les rendus de tous les personnages sont générés informatiquement pour revêtir les corps des acteurs, captés à l'aide d'une forme de performance-capture, le tout sur des décors entièrement en images de synthèse, est-il un film d'animation ? Personnellement, j'ai du mal à le considérer purement comme tel. Je crois d'ailleurs que l'académie des Oscars ne classe pas ce type de réalisation, en pure motion et performance capture, dans la catégorie animation (d'autres académies, comme celle des Golden Globes si je me souviens bien, ne font cependant pas cette distinction). Les aventures de Tintin de Spielberg n'avait pas pu concourir comme tel chez elle. Au moins dans ce cas, les personnages avaient un rendu nettement cartoony. Par contre, quand j'ai regardé le long-métrage de Zemeckis, j'ai plus eu l'impression de visionner un film d'heroïc fantasy classique, avec des acteurs réels, simplement au look retravaillé afin de l'harmoniser aux décors. De toute façon, la limite entre animation et film "live" est devenue très incertaine, vue l'importance prise par les effets de synthèse, en matière de décors comme de personnages dans ces derniers. Ce n'est pas une situation nouvelle. Déjà auparavant, on utilisait la technique du mate-painting à foison. Les effets numériques ont permis une expansion encore plus grande de ce type de procédés. À tel point que souvent, sur des portions complètes de film, seuls les acteurs sont réels sur des fonds entièrement peints. Et faisant souvent face à des personnages eux aussi entièrement animés, pour mieux brouiller la distinction.
La différence reste qu'aussi bonne soit la "capture", le rendu des personnages n'est pas, ne peut pas être complètement le même . Leurs mouvements sont très réalistes, mais leur "surface" est différente. Beaucoup de signes subtils, comme le mouvement des muscles, de la peau, des poils, n'apparaissent pas. Beowulf verse donc dans une ambiance un peu surréaliste, à la fois réaliste et subtilement décalée.
Si le recours à cette technique a souvent été critiqué à sa sortie comme étant un pur gadget, (un participant de l'ancien forum d'Allociné l'avait même qualifié de "l'inutile au sommet de son art"), je l'ai moi apprécié. Il relevait certes d'une expérience artistique, d'une tentative de repousser les limites d'un mode de création encore récent, mais il n'était pas creux pour autant. Car l'ambiance un peu étrange qui en résulte convient bien à ce récit d'héroïc-fantasy médiévale. On ressent les performances les acteurs, et les tons à la fois chaleureux et sombres des décors transcrivent l'atmosphère torturée de l'Europe du Nord de cette période, soumise à la progression d'un christianisme sournois autant qu'agressif (le prosélyte chrétien en prenant pour son grade). Ce long-métrage a beaucoup plus de souffle épique, et d'ambiance magique, on sent d'ailleurs nettement l'influence de Neil Gaiman au scénario, que bien des œuvres dites "en images réelles". C'est l'intérêt à mes yeux de cette alchimie DA/réel de faire disparaître la distance que l'on peut trouver sur bien des films à effets spéciaux mêlant images réelles et décors de synthèse. Parce que sinon, il est sûr qu'il n'y en aurait aucun à ne pas se contenter d'acteurs en chair et en os "bruts", au-delà de la pure performance artistique, bien sûr. Robert Zemeckis, habitué de films à l'ambiance plus légère, réussit ainsi bien son pari de donner dans un ton plus grave, et de livrer enfin une adaptation digne du plus vieux poème médiéval connu à être écrit dans une langue relevant du vieil anglais.
14/20
En 507, au Danemark, Grendel (C. Glover), un troll monstrueux, répand la terreur. Le roi Hrothgar (A. Hopkins) offre une récompense pour qui en viendra à bout. Beowulf (R. Winstone) vient alors relever le défi. Suite à une bataille épique, il entre alors dans l'antre de la mère du monstre, une fée des eaux (A. Jolie), et passe un marché démoniaque avec elle. Devenu roi, des années plus tard, Beowulf doit faire face à une nouvelle menace...
Déjà, Beowulf , dont les rendus de tous les personnages sont générés informatiquement pour revêtir les corps des acteurs, captés à l'aide d'une forme de performance-capture, le tout sur des décors entièrement en images de synthèse, est-il un film d'animation ? Personnellement, j'ai du mal à le considérer purement comme tel. Je crois d'ailleurs que l'académie des Oscars ne classe pas ce type de réalisation, en pure motion et performance capture, dans la catégorie animation (d'autres académies, comme celle des Golden Globes si je me souviens bien, ne font cependant pas cette distinction). Les aventures de Tintin de Spielberg n'avait pas pu concourir comme tel chez elle. Au moins dans ce cas, les personnages avaient un rendu nettement cartoony. Par contre, quand j'ai regardé le long-métrage de Zemeckis, j'ai plus eu l'impression de visionner un film d'heroïc fantasy classique, avec des acteurs réels, simplement au look retravaillé afin de l'harmoniser aux décors. De toute façon, la limite entre animation et film "live" est devenue très incertaine, vue l'importance prise par les effets de synthèse, en matière de décors comme de personnages dans ces derniers. Ce n'est pas une situation nouvelle. Déjà auparavant, on utilisait la technique du mate-painting à foison. Les effets numériques ont permis une expansion encore plus grande de ce type de procédés. À tel point que souvent, sur des portions complètes de film, seuls les acteurs sont réels sur des fonds entièrement peints. Et faisant souvent face à des personnages eux aussi entièrement animés, pour mieux brouiller la distinction.
La différence reste qu'aussi bonne soit la "capture", le rendu des personnages n'est pas, ne peut pas être complètement le même . Leurs mouvements sont très réalistes, mais leur "surface" est différente. Beaucoup de signes subtils, comme le mouvement des muscles, de la peau, des poils, n'apparaissent pas. Beowulf verse donc dans une ambiance un peu surréaliste, à la fois réaliste et subtilement décalée.
Si le recours à cette technique a souvent été critiqué à sa sortie comme étant un pur gadget, (un participant de l'ancien forum d'Allociné l'avait même qualifié de "l'inutile au sommet de son art"), je l'ai moi apprécié. Il relevait certes d'une expérience artistique, d'une tentative de repousser les limites d'un mode de création encore récent, mais il n'était pas creux pour autant. Car l'ambiance un peu étrange qui en résulte convient bien à ce récit d'héroïc-fantasy médiévale. On ressent les performances les acteurs, et les tons à la fois chaleureux et sombres des décors transcrivent l'atmosphère torturée de l'Europe du Nord de cette période, soumise à la progression d'un christianisme sournois autant qu'agressif (le prosélyte chrétien en prenant pour son grade). Ce long-métrage a beaucoup plus de souffle épique, et d'ambiance magique, on sent d'ailleurs nettement l'influence de Neil Gaiman au scénario, que bien des œuvres dites "en images réelles". C'est l'intérêt à mes yeux de cette alchimie DA/réel de faire disparaître la distance que l'on peut trouver sur bien des films à effets spéciaux mêlant images réelles et décors de synthèse. Parce que sinon, il est sûr qu'il n'y en aurait aucun à ne pas se contenter d'acteurs en chair et en os "bruts", au-delà de la pure performance artistique, bien sûr. Robert Zemeckis, habitué de films à l'ambiance plus légère, réussit ainsi bien son pari de donner dans un ton plus grave, et de livrer enfin une adaptation digne du plus vieux poème médiéval connu à être écrit dans une langue relevant du vieil anglais.
14/20
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Elysium, film de science-fiction écrit et réalisé par Neill BLONKAMP (USA-Canada, 2013), avec Matt DAMON, Jodie FOSTER, Sharlto COPLEY, Alice BRAGA, Diego LUNA, Wagner MOURA, William FICHTNER, Brandon AURET, Josh BLACKER, Emma TREMBLAY, Jose Pablo CANTILLO...
En 2154, le monde est divisé en deux classes très inégales : les riches vivent sur une ville-station spatiale appelée Elysium (l'Élysée), et la grande majorité pauvre vit sur une Terre surpeuplée et ruinée. Nombre d'entre eux tentent tous les subterfuges afin de se faire admettre sur l'opulente cité en orbite. Suite à une série de revers, Max (Matt Damon) se retrouve coincé et, sa vie étant en danger, obligé d'accepter une mission audacieuse, qui pourrait non seulement lui permettre de se tirer d'affaire, mais aussi d'amener plus d'égalité à cette société ultra-divisée...
Pour son deuxième film d'envergure après District 9, Neill Blonkamp, qui apparaissait comme le nouvel enfant terrible de la S-F, bénéficiait d'un budget plus conséquent. Il s'est sorti assez bien de l'exercice périlleux d'une réalisation soumise pour cette raison à un contrôle plus strict de la part des producteurs, non sans y laisser cependant quelques plumes ; mais cela restait encore mesuré par rapport à d'autres cinéastes originaux, trop souvent passés à l'essoreuse hollywoodienne.
Elysium était déjà un petit événement en ce qu'il marquait le retour en super-production du cyberpunk, genre qui s'était fait discret à l'écran depuis le milieu des années 90, en dehors de quelques dessins animés japonais. Pour cette raison, les reproches faits au film de caricaturer à l'excès les défauts de notre société sont à mon sens hors de propos, dans la mesure où une des caractéristiques du cyberpunk (une de ses raisons d'être, même) est justement d'appuyer sur les défauts de la société moderne, jusqu'à les sublimer à l'extrême (cela explique sans doute le déclin dont le genre a été victime depuis la fin des années 90, l'état d'esprit triomphaliste prédominant ne pouvant pas s'accorder avec une vision si critique et pessimiste). Elysium participait aussi du renouveau il y a 10 ans de l'anticipation classique, comme Oblivion. Remettant à l'honneur les cités-arches spatiales à gravité artificielle réalisée par rotation, une idée qui avait progressivement glissé dans l'oubli, et l'imagerie de la conquête spatiale, elle aussi un peu oubliée.
Elysium nous plonge donc, comme le veulent les règles de ce sous-genre, dans un monde de conflits entre classes sur fond de ségrégation et inégalités sociales exacerbées et de technologies cybernétiques disséminées dans la population pauvre, mais sans améliorer son malheur, une mode générale proche de l'actuelle. Rien n'étant vraiment original, tout ayant des précédents dans des œuvres plus anciennes. La cité des nantis flottant hors de portée de la plèbe se retrouve par exemple dans Gunnm, inspiration évidente, qui a eu droit depuis à son adaptation grand écran. Ce type de monde est inquiétant en ce qu'il est si similaire au nôtre, dévoyant les symboles de ce que nous considérons être le progrès au service d'un ordre inique. D'une façon justement très crédible, trop crédible, en ce qu'il représente un aboutissement logique aux tendances de notre civilisation. On imagine aisément que cette société s'est mise en place par petits à-coups, sans que personne ne proteste. La plus savoureuse trouvaille étant la salle de contrôle de la défense manœuvrée par des top-models à la mode années 60, lourde de sens du point de vue symbolique.
D'entrée, le film s'avère de bonne facture. Le propos séduit vite, on rentre dans l'histoire, le sujet est bien servi par les comédiens. Mais super-production, cela veut dire actuellement blockbuster, donc une certaine dose d'action. Blonkamp doit livrer sa commande en ce domaine. Il ne s'en sort pas mal, après tout District 9 s'y laissait aller aussi parfois. Cela déséquilibre quand même le film. Niveau rythme, narration, montage, réalisation, il assure. Mais le long-métrage fonctionne mieux sur les 70 premières minutes. Après, le récit s'égare, entre omniprésence de l'action saupoudrée de quelques raccourcis (sans cependant tomber dans l'impossibilité pure) et déplacement dans la partie terminale de la menace principale sur Kruger. Sharto Copley donne une interprétation survoltée du mercenaire sadique et déjanté, mais la ministre de la défense Delacourt faisait la meilleure méchante en chef. S'il y a vraisemblablement eu pressions de la production pour ré-orienter l'intrigue dans cette direction plus élitistiquement correcte, l'attrait de Blonkamp pour les personnages au style marginal (bien démontré depuis dans Chappie) a pu aussi jouer. La fin me laisse sur un sentiment ambivalent. Elle se termine d'une façon fausse et facile, à la Métropolis de Fritz Lang, mais en même temps se montre iconoclaste, car se terminant par la mort du héros. Assez inhabituel dans le cinéma actuel à gros budget pour être signalé.
Ces défauts ne suffisent pas à ternir complètement les mérites du long-métrage. Et on prend plaisir à une interprétation de qualité. Avec Sharto Copley donc, et Matt Damon, dans un rôle assez inhabituel et avec un physique plus banalisé, William Fichtner en homme d'affaires cynique et glaçant, Jodie Foster en ministre retorse, et Alice Braga en mère tourmentée.
Sorti en un été 2013 bien chargé en matière de grosses sorties, Elysium avait bien tenu la corde en termes de qualité, et s'en sort toujours bien dix ans plus tard. Du cinéma de SF intelligent, plutôt à l'ancienne, même s'il se laisse aller à quelques facilités pour satisfaire les desiderata des producteurs obsédés par leur souci de plaire au public à moindres risques.
13,5/20
En 2154, le monde est divisé en deux classes très inégales : les riches vivent sur une ville-station spatiale appelée Elysium (l'Élysée), et la grande majorité pauvre vit sur une Terre surpeuplée et ruinée. Nombre d'entre eux tentent tous les subterfuges afin de se faire admettre sur l'opulente cité en orbite. Suite à une série de revers, Max (Matt Damon) se retrouve coincé et, sa vie étant en danger, obligé d'accepter une mission audacieuse, qui pourrait non seulement lui permettre de se tirer d'affaire, mais aussi d'amener plus d'égalité à cette société ultra-divisée...
Pour son deuxième film d'envergure après District 9, Neill Blonkamp, qui apparaissait comme le nouvel enfant terrible de la S-F, bénéficiait d'un budget plus conséquent. Il s'est sorti assez bien de l'exercice périlleux d'une réalisation soumise pour cette raison à un contrôle plus strict de la part des producteurs, non sans y laisser cependant quelques plumes ; mais cela restait encore mesuré par rapport à d'autres cinéastes originaux, trop souvent passés à l'essoreuse hollywoodienne.
Elysium était déjà un petit événement en ce qu'il marquait le retour en super-production du cyberpunk, genre qui s'était fait discret à l'écran depuis le milieu des années 90, en dehors de quelques dessins animés japonais. Pour cette raison, les reproches faits au film de caricaturer à l'excès les défauts de notre société sont à mon sens hors de propos, dans la mesure où une des caractéristiques du cyberpunk (une de ses raisons d'être, même) est justement d'appuyer sur les défauts de la société moderne, jusqu'à les sublimer à l'extrême (cela explique sans doute le déclin dont le genre a été victime depuis la fin des années 90, l'état d'esprit triomphaliste prédominant ne pouvant pas s'accorder avec une vision si critique et pessimiste). Elysium participait aussi du renouveau il y a 10 ans de l'anticipation classique, comme Oblivion. Remettant à l'honneur les cités-arches spatiales à gravité artificielle réalisée par rotation, une idée qui avait progressivement glissé dans l'oubli, et l'imagerie de la conquête spatiale, elle aussi un peu oubliée.
Elysium nous plonge donc, comme le veulent les règles de ce sous-genre, dans un monde de conflits entre classes sur fond de ségrégation et inégalités sociales exacerbées et de technologies cybernétiques disséminées dans la population pauvre, mais sans améliorer son malheur, une mode générale proche de l'actuelle. Rien n'étant vraiment original, tout ayant des précédents dans des œuvres plus anciennes. La cité des nantis flottant hors de portée de la plèbe se retrouve par exemple dans Gunnm, inspiration évidente, qui a eu droit depuis à son adaptation grand écran. Ce type de monde est inquiétant en ce qu'il est si similaire au nôtre, dévoyant les symboles de ce que nous considérons être le progrès au service d'un ordre inique. D'une façon justement très crédible, trop crédible, en ce qu'il représente un aboutissement logique aux tendances de notre civilisation. On imagine aisément que cette société s'est mise en place par petits à-coups, sans que personne ne proteste. La plus savoureuse trouvaille étant la salle de contrôle de la défense manœuvrée par des top-models à la mode années 60, lourde de sens du point de vue symbolique.
D'entrée, le film s'avère de bonne facture. Le propos séduit vite, on rentre dans l'histoire, le sujet est bien servi par les comédiens. Mais super-production, cela veut dire actuellement blockbuster, donc une certaine dose d'action. Blonkamp doit livrer sa commande en ce domaine. Il ne s'en sort pas mal, après tout District 9 s'y laissait aller aussi parfois. Cela déséquilibre quand même le film. Niveau rythme, narration, montage, réalisation, il assure. Mais le long-métrage fonctionne mieux sur les 70 premières minutes. Après, le récit s'égare, entre omniprésence de l'action saupoudrée de quelques raccourcis (sans cependant tomber dans l'impossibilité pure) et déplacement dans la partie terminale de la menace principale sur Kruger. Sharto Copley donne une interprétation survoltée du mercenaire sadique et déjanté, mais la ministre de la défense Delacourt faisait la meilleure méchante en chef. S'il y a vraisemblablement eu pressions de la production pour ré-orienter l'intrigue dans cette direction plus élitistiquement correcte, l'attrait de Blonkamp pour les personnages au style marginal (bien démontré depuis dans Chappie) a pu aussi jouer. La fin me laisse sur un sentiment ambivalent. Elle se termine d'une façon fausse et facile, à la Métropolis de Fritz Lang, mais en même temps se montre iconoclaste, car se terminant par la mort du héros. Assez inhabituel dans le cinéma actuel à gros budget pour être signalé.
Ces défauts ne suffisent pas à ternir complètement les mérites du long-métrage. Et on prend plaisir à une interprétation de qualité. Avec Sharto Copley donc, et Matt Damon, dans un rôle assez inhabituel et avec un physique plus banalisé, William Fichtner en homme d'affaires cynique et glaçant, Jodie Foster en ministre retorse, et Alice Braga en mère tourmentée.
Sorti en un été 2013 bien chargé en matière de grosses sorties, Elysium avait bien tenu la corde en termes de qualité, et s'en sort toujours bien dix ans plus tard. Du cinéma de SF intelligent, plutôt à l'ancienne, même s'il se laisse aller à quelques facilités pour satisfaire les desiderata des producteurs obsédés par leur souci de plaire au public à moindres risques.
13,5/20
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La forme de l'eau, film fantastique de Guillermo DEL TORO (The shape of water, Mexique-USA, 2017), sur un scénario de Vanessa TAYLOR et Guillermo DEL TORO, avec Sally HAWKINS, Octavia SPENCER, Michael SHANNON, Doug JONES, Richard JENKINS, Michael STUHLBARG, David HEWLETT, Nick SEARCY, Stewart ARNOTT...
En 1962, aux USA, une femme seule, Elisa ESPOSITO (S. Hawkins), travaille dans un laboratoire ultra-secret du gouvernement, où elle découvre qu'est gardée une étrange créature humanoïde aquatique. S'éprennant d'elle, elle décide de la faire évader avec l'aide de son amie Zelda Fuller (O. Spencer)...
Voilà un film à plusieurs visages, au caractère un peu formaté idéologiquement, dont le politiquement correct explique sans doute en partie son succès aux oscars (je suis pas sûr qu'il ait vraiment été le film de l'année 2017, mais bon, c'est toujours bien de voir un vrai film fantastique primé !)... Mais il serait simpliste de s'en tenir à ça, car j'ai trouvé que c'était un assez bon Del Toro, pas le meilleur de ce qu'il a fait mais dans la veine de ses précédentes réalisations. Et qu'il peut faire parfois vraiment mal là où cela peut déplaire.
Il est certain que pour cette nouvelle fable sur la monstruosité et l'attirance trouble des contraires, il a trouvé un bon cadre dans les incertitudes de cette époque, qui est 1962 et non "les années 60" comme on l'a trop souvent présenté, une distinction importante, car à maints égards on reste encore plus proche de 1956 que de 1966. Le puritanisme de l'après-guerre n'est pas encore vaincu, les mouvements de libération n'en étant qu'à leurs débuts. Cela permet à Del Toro de jouer sur le caractère très coloré de la période, autant qu'avec l'envers de son décor, sale et sinistre à souhait, un jeu qu'il affectionne. Et cela change d'appuyer les choses du point de vue de personnages minoritaires, un peu à la façon dont Jordan Peele est devenu coutumier.
La façon dont il dépeint les aspects contrastés de l'époque a un petit côté Mad Men indiscutable, avec la peinture de la femme de Strickland au foyer campée par Lauren Lee Smith, qui renvoie indiscutablement à Betty Draper, le personnage le plus réactionnaire de cette série. L'influence des séries télé peut aussi se retrouver du côté du personnage de l'agent Strickland par Michael Shannon, très semblable à celui qu'il jouait au même moment dans Boardwalk Empire, un G-man psychorigide et très sûr de lui et du système qu'il sert au départ, mais qui se révèle fragile par la suite. Il n'y a cependant guère de manichéisme, si les femmes sont plutôt dépeintes sous un jour favorable, on voit ainsi illustrées les difficultés au sein des minorités à travers les rapports difficiles entre Zelda et Brewster Fuller, ce dernier illustrant la frustration qui étreignait tant d'hommes noirs quelques années avant les émeutes des ghettos ; leurs tensions conjugales nous rappelant que les mêmes problèmes peuvent s'y rencontrer qu'au sein des couples blancs (Zelda subissant la double oppression, en tant que femme et en tant que noire). L'agent Strickland, s'il peut apparaître comme la quintessence du WASP arrogant et oppresseur, à la tête d'une famille idéale du rêve américain des années 50 comme les publicitaires la promouvaient, se révèle finalement comme autant victime du système que les autres, une victime encore plus pitoyable car il veut à tout prix en être le meilleur élément, sans parvenir à voir en quoi il est pervers en soi, étant incapable de le remettre en cause – le plan où on le voit lire un ouvrage de développement personnel l'illustrant tristement. La petite dispute avec sa femme au sujet des programmes télé que regardent leurs enfants, trop violents à son goût, est tout aussi éclairante, car elle illustre une des graves ambiguïtés de ce système, en mettant en évidence que l'épouse ne perçoit pas que son foyer si idéal est le produit d'une grande violence socio-politique sous-jacente. Et vers la fin, le général Hoyt lui-même, dont dépend Strickland, crache froidement le morceau à celui-ci lorsqu'il le morigène pour avoir laissé se produire l'évasion, lui avouant tout de go que tous les beaux discours sur le devoir et la responsabilité dont ils abreuvent le peuple ne sont que du pipeau. Seule comptent la force et la loi du plus fort.
On ne retrouve pas non plus de manichéisme du côté de l'homme-poisson. S'il renvoie délibérément, au niveau de l'apparence physique, à celui de L'étrange créature du Lac Noir, Del Toro prend aussi nettement ses distances avec son modèle. Le monstre d'Arnold était une bête, qu'il insérait bizarrement dans des scènes au caractère sexuel surréaliste, mais qui ne pouvait aller plus loin qu'une étrangeté artificielle, car il restait un animal ; il ne pouvait pas avoir de vraie relation avec l'héroïne. Là, la créature est une sorte d'élémental au caractère paranormal, qui lui donne certains aspects d'une divinité, et qui éprouve ouvertement une attirance pour Elisa Esposito, attirance que l'on suppose liée à cette nature divine/paranormale. Il est avec cette dernière le vrai "héros", si tant est qu'on puisse employer ce terme. Car Del Toro na aucune hésitation à le montrer comme une créature certes prodigieuse, capable de générosité et de guérir autrui, mais en même temps toute aussi susceptible de tuer sauvagement un chat et de le dévorer. L'homme-monstre est certes plutôt un bon, mais un bon monstre qui diffère donc radicalement des gentils monstres édulcorés des films Disney pour enfants.
C'est de ce côté, plus que dans le politiquement correct, que Del Toro essaie de faire sentir sa différence, en égratignant les clichés du cinéma moderne, avec en plus de ce monstre brutal, ses "héroïnes" atypiques, brutes de décoffrage autant que "minoritaires", donc, vivant dans la saleté et loin ainsi à tous les points de vue des canons hollywoodiens, son agent du KGB qui se révèle être le seul à la base qui se soucie du bien-être de l'homme-poisson etc... Une fable de plus donc de sa part sur le respect de la différence extrême, aussi répugnante puisse-t'elle nous paraître. Del Toro adore les monstres, et honnêtement j'aimerais bien qu'il nous fasse toujours des films aussi"balisés" à l'avenir.
15/20
En 1962, aux USA, une femme seule, Elisa ESPOSITO (S. Hawkins), travaille dans un laboratoire ultra-secret du gouvernement, où elle découvre qu'est gardée une étrange créature humanoïde aquatique. S'éprennant d'elle, elle décide de la faire évader avec l'aide de son amie Zelda Fuller (O. Spencer)...
Voilà un film à plusieurs visages, au caractère un peu formaté idéologiquement, dont le politiquement correct explique sans doute en partie son succès aux oscars (je suis pas sûr qu'il ait vraiment été le film de l'année 2017, mais bon, c'est toujours bien de voir un vrai film fantastique primé !)... Mais il serait simpliste de s'en tenir à ça, car j'ai trouvé que c'était un assez bon Del Toro, pas le meilleur de ce qu'il a fait mais dans la veine de ses précédentes réalisations. Et qu'il peut faire parfois vraiment mal là où cela peut déplaire.
Il est certain que pour cette nouvelle fable sur la monstruosité et l'attirance trouble des contraires, il a trouvé un bon cadre dans les incertitudes de cette époque, qui est 1962 et non "les années 60" comme on l'a trop souvent présenté, une distinction importante, car à maints égards on reste encore plus proche de 1956 que de 1966. Le puritanisme de l'après-guerre n'est pas encore vaincu, les mouvements de libération n'en étant qu'à leurs débuts. Cela permet à Del Toro de jouer sur le caractère très coloré de la période, autant qu'avec l'envers de son décor, sale et sinistre à souhait, un jeu qu'il affectionne. Et cela change d'appuyer les choses du point de vue de personnages minoritaires, un peu à la façon dont Jordan Peele est devenu coutumier.
La façon dont il dépeint les aspects contrastés de l'époque a un petit côté Mad Men indiscutable, avec la peinture de la femme de Strickland au foyer campée par Lauren Lee Smith, qui renvoie indiscutablement à Betty Draper, le personnage le plus réactionnaire de cette série. L'influence des séries télé peut aussi se retrouver du côté du personnage de l'agent Strickland par Michael Shannon, très semblable à celui qu'il jouait au même moment dans Boardwalk Empire, un G-man psychorigide et très sûr de lui et du système qu'il sert au départ, mais qui se révèle fragile par la suite. Il n'y a cependant guère de manichéisme, si les femmes sont plutôt dépeintes sous un jour favorable, on voit ainsi illustrées les difficultés au sein des minorités à travers les rapports difficiles entre Zelda et Brewster Fuller, ce dernier illustrant la frustration qui étreignait tant d'hommes noirs quelques années avant les émeutes des ghettos ; leurs tensions conjugales nous rappelant que les mêmes problèmes peuvent s'y rencontrer qu'au sein des couples blancs (Zelda subissant la double oppression, en tant que femme et en tant que noire). L'agent Strickland, s'il peut apparaître comme la quintessence du WASP arrogant et oppresseur, à la tête d'une famille idéale du rêve américain des années 50 comme les publicitaires la promouvaient, se révèle finalement comme autant victime du système que les autres, une victime encore plus pitoyable car il veut à tout prix en être le meilleur élément, sans parvenir à voir en quoi il est pervers en soi, étant incapable de le remettre en cause – le plan où on le voit lire un ouvrage de développement personnel l'illustrant tristement. La petite dispute avec sa femme au sujet des programmes télé que regardent leurs enfants, trop violents à son goût, est tout aussi éclairante, car elle illustre une des graves ambiguïtés de ce système, en mettant en évidence que l'épouse ne perçoit pas que son foyer si idéal est le produit d'une grande violence socio-politique sous-jacente. Et vers la fin, le général Hoyt lui-même, dont dépend Strickland, crache froidement le morceau à celui-ci lorsqu'il le morigène pour avoir laissé se produire l'évasion, lui avouant tout de go que tous les beaux discours sur le devoir et la responsabilité dont ils abreuvent le peuple ne sont que du pipeau. Seule comptent la force et la loi du plus fort.
On ne retrouve pas non plus de manichéisme du côté de l'homme-poisson. S'il renvoie délibérément, au niveau de l'apparence physique, à celui de L'étrange créature du Lac Noir, Del Toro prend aussi nettement ses distances avec son modèle. Le monstre d'Arnold était une bête, qu'il insérait bizarrement dans des scènes au caractère sexuel surréaliste, mais qui ne pouvait aller plus loin qu'une étrangeté artificielle, car il restait un animal ; il ne pouvait pas avoir de vraie relation avec l'héroïne. Là, la créature est une sorte d'élémental au caractère paranormal, qui lui donne certains aspects d'une divinité, et qui éprouve ouvertement une attirance pour Elisa Esposito, attirance que l'on suppose liée à cette nature divine/paranormale. Il est avec cette dernière le vrai "héros", si tant est qu'on puisse employer ce terme. Car Del Toro na aucune hésitation à le montrer comme une créature certes prodigieuse, capable de générosité et de guérir autrui, mais en même temps toute aussi susceptible de tuer sauvagement un chat et de le dévorer. L'homme-monstre est certes plutôt un bon, mais un bon monstre qui diffère donc radicalement des gentils monstres édulcorés des films Disney pour enfants.
C'est de ce côté, plus que dans le politiquement correct, que Del Toro essaie de faire sentir sa différence, en égratignant les clichés du cinéma moderne, avec en plus de ce monstre brutal, ses "héroïnes" atypiques, brutes de décoffrage autant que "minoritaires", donc, vivant dans la saleté et loin ainsi à tous les points de vue des canons hollywoodiens, son agent du KGB qui se révèle être le seul à la base qui se soucie du bien-être de l'homme-poisson etc... Une fable de plus donc de sa part sur le respect de la différence extrême, aussi répugnante puisse-t'elle nous paraître. Del Toro adore les monstres, et honnêtement j'aimerais bien qu'il nous fasse toujours des films aussi"balisés" à l'avenir.
15/20
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The Neon demon, film d'horreur de Nicolas WINDING REFN (USA-Danemark-Belique-France, 2016), sur un scénario de Nicolas WINDING REFN, Mary LAWS et Polly STENHAM, avec Elle FANNING, Christina HENDRICKS, Keanu REEVES, Karl GLUSMAN, Jena MALONE, Bela HEATHCOTE, Abbey LEE, Desmond HARRINGTON, Charles BAKER, Jamie CLAYTON...
Jesse (E. Fanning) débarque à Los Angeles dans le but de devenir mannequin. Elle sympathise avec trois membres du milieu, qui l'aident à progresser en la présentant à Roberta Hoffmann (C. Hendricks), une influente responsable d'agence. Mais alors que Jesse se montre de plus en plus arrogante au fur et à mesure qu'elle monte, les trois "amies" se comportent de façon qui suggère qu'elles pourraient avoir des intentions peu avouables...
Difficile de trancher et de dire clairement si ce film de Winding Refn (son dernier long-métrage à ce jour) est une œuvre réussie ou non
C'est un film un peu hybride, entre scénario éprouvé et désir de faire un film d'épouvante subversif pour le public de maintenant, dans son style classieux, à la fois naturaliste et éthéré, qui joue sur les perceptions inconscientes. Notamment en plaçant le récit dans le milieu de la mode et des top-models, mettant en scène une apprentie certes au départ un peu timorée, mais qui se révèle vaniteuse et aux dents longues, à la recherche narcissique des projecteurs (les "néons" du titre), et qui va découvrir qu'à ce jeu, d'autres filles de sa classe d'âge (mais le sont-elles vraiment ?) vont se révéler bien plus retorses qu'elle, et ne voient en elle qu'une proie pour son physique avantageux. Plutôt que "l'aura" (ou le charisme), il me paraissait clair qu'elles cherchaient à capturer sa beauté et sa jeunesse. On a donc là une histoire assez classique du fantastique, peu important au passage qu'elles soient vraiment des sorcières qui réussissent dans leur entreprise ou si elles sont des illusionnées qui croient seulement qu'elles vont réussir à prolonger leur jeunesse (et leur vie) en réalisant de soit-disant rites (j'avais cependant l'impression qu'elles n'en étaient pas à leur coup d'essai, car elles semblent avoir une grande expérience, ce qui va bien dans le sens des trois sorcières prédatrices, sans doute plus vieilles qu'elles ne paraissent). Vraisemblablement, le milieu et la culture du mannequinat, fondée sur le culte narcissique de l'apparence et de la jeunesse, convient-il parfaitement à un tel récit, les sorcières cannibales et vampiriques en question aussi bien que leur victime participant pleinement de cette mentalité prétentieuse guidée par le culte du superficiel.
Pour appuyer le propos, s'il recourt à son habituel style mélancolique, voire un peu lancinant dans sa peinture quelque peu space des événements (ce qui en agace certains), Refn parsème l'histoire de quelques excès qui renvoient à la propension qu'a ce milieu à en générer de toutes sortes (ainsi, la scène de nécrophilie, qui prend de plus un sens ironique vers la fin), et donne beaucoup dans des effets de style effrénés, qui peuvent se marier assez bien avec sa mentalité "spotlight" et ultra-clinquante. Au risque cependant de s'y noyer parfois un peu à son tour. La fin est menée dans un style très déjanté, au point qu'un esprit peu réceptif peut très bien ressentir la même impression de vacuité que celle qu'il entend dénoncer. L'exercice est donc toujours un peu sur le fil du rasoir. The Neon Demon est ainsi un film d'horreur atypique, qui peut avoir du mal à trouver son public, car ces excès stylistiques peuvent paraître paradoxalement comme une retenue aux yeux d'un amateur d'horreur traditionnelle, ainsi qu'un excès d'intellectualisme, tandis que les spectateurs plus généralistes peuvent se trouver sourds à son message et être un peu fatigués par les effets visuels clinquants.
Pour ma part, j'admets avoir été un peu choqué, mais pas autant transporté que je l'aurais espéré. C'est pour cela qu'il est à mes yeux un film fantastique inhabituel, qui réussit ses effets, révulsant par moments, mais un peu desservi par le désir de Refn de faire un chef-d'œuvre en dehors des clous en jouant sur l'exercice de style.
13/20
Jesse (E. Fanning) débarque à Los Angeles dans le but de devenir mannequin. Elle sympathise avec trois membres du milieu, qui l'aident à progresser en la présentant à Roberta Hoffmann (C. Hendricks), une influente responsable d'agence. Mais alors que Jesse se montre de plus en plus arrogante au fur et à mesure qu'elle monte, les trois "amies" se comportent de façon qui suggère qu'elles pourraient avoir des intentions peu avouables...
Difficile de trancher et de dire clairement si ce film de Winding Refn (son dernier long-métrage à ce jour) est une œuvre réussie ou non
C'est un film un peu hybride, entre scénario éprouvé et désir de faire un film d'épouvante subversif pour le public de maintenant, dans son style classieux, à la fois naturaliste et éthéré, qui joue sur les perceptions inconscientes. Notamment en plaçant le récit dans le milieu de la mode et des top-models, mettant en scène une apprentie certes au départ un peu timorée, mais qui se révèle vaniteuse et aux dents longues, à la recherche narcissique des projecteurs (les "néons" du titre), et qui va découvrir qu'à ce jeu, d'autres filles de sa classe d'âge (mais le sont-elles vraiment ?) vont se révéler bien plus retorses qu'elle, et ne voient en elle qu'une proie pour son physique avantageux. Plutôt que "l'aura" (ou le charisme), il me paraissait clair qu'elles cherchaient à capturer sa beauté et sa jeunesse. On a donc là une histoire assez classique du fantastique, peu important au passage qu'elles soient vraiment des sorcières qui réussissent dans leur entreprise ou si elles sont des illusionnées qui croient seulement qu'elles vont réussir à prolonger leur jeunesse (et leur vie) en réalisant de soit-disant rites (j'avais cependant l'impression qu'elles n'en étaient pas à leur coup d'essai, car elles semblent avoir une grande expérience, ce qui va bien dans le sens des trois sorcières prédatrices, sans doute plus vieilles qu'elles ne paraissent). Vraisemblablement, le milieu et la culture du mannequinat, fondée sur le culte narcissique de l'apparence et de la jeunesse, convient-il parfaitement à un tel récit, les sorcières cannibales et vampiriques en question aussi bien que leur victime participant pleinement de cette mentalité prétentieuse guidée par le culte du superficiel.
Pour appuyer le propos, s'il recourt à son habituel style mélancolique, voire un peu lancinant dans sa peinture quelque peu space des événements (ce qui en agace certains), Refn parsème l'histoire de quelques excès qui renvoient à la propension qu'a ce milieu à en générer de toutes sortes (ainsi, la scène de nécrophilie, qui prend de plus un sens ironique vers la fin), et donne beaucoup dans des effets de style effrénés, qui peuvent se marier assez bien avec sa mentalité "spotlight" et ultra-clinquante. Au risque cependant de s'y noyer parfois un peu à son tour. La fin est menée dans un style très déjanté, au point qu'un esprit peu réceptif peut très bien ressentir la même impression de vacuité que celle qu'il entend dénoncer. L'exercice est donc toujours un peu sur le fil du rasoir. The Neon Demon est ainsi un film d'horreur atypique, qui peut avoir du mal à trouver son public, car ces excès stylistiques peuvent paraître paradoxalement comme une retenue aux yeux d'un amateur d'horreur traditionnelle, ainsi qu'un excès d'intellectualisme, tandis que les spectateurs plus généralistes peuvent se trouver sourds à son message et être un peu fatigués par les effets visuels clinquants.
Pour ma part, j'admets avoir été un peu choqué, mais pas autant transporté que je l'aurais espéré. C'est pour cela qu'il est à mes yeux un film fantastique inhabituel, qui réussit ses effets, révulsant par moments, mais un peu desservi par le désir de Refn de faire un chef-d'œuvre en dehors des clous en jouant sur l'exercice de style.
13/20
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Pacific Rim, film de science-fiction de Guillermo DEL TORO (USA/Mexique, 2013), sur un scénario de Travis BEACHAM et Guillermo DEL TORO, avec Idriss ELBA, Charlie HUNNAM, KIKUCHI Rinko, Charlie DAY, Diego KLATTENHOFF, Burn GORMAN, Max MARTINI, Robert KAZINSKY, Clifton COLLINS Jr, Ron PERLMAN...
Depuis des années, la Terre est assaillie par les Kaijus, des monstres gigantesques surgis de la mer, apparemment sous le contrôle d'extra-terrestres. Afin de les combattre, a été mise au point une force spéciale, constituée de tout aussi gargantuesques robots de combat, les Jaegers, contrôlés mentalement par des pilotes spécialement formés. L'humanité semble néanmoins se rapprocher de la défaite, à ce moment se forme une équipe constituée d'un pilote déchu, Raleigh Beckett (C. Hunnam) et d'une novice, Mako Mori (Kikuchi Rinko), qui reprennent les rênes d'un modèle de Jaeger considéré comme obsolète, afin de constituer unje nouvelle force de frappe...
Avec Pacific Rim, Guillermo Del Toro continue son exploration des ressorts du cinéma fantastique, s'attaquant cette fois au genre du film de monstre japonais, le Kaiju Eiga, et plus généralement à son dérivé télévisuel, le tokutatsu. Ressortant ces deux emblèmes qu'en sont le monstre destructeur, souvent issu de sous terre, du fond de la mer ou d'une autre planète ou dimension, combinant ici les deux derniers ; et le robot géant piloté, lorgnant plus particulièrement du côté de Neon Genesis Evangelion.
Le résultat a suscité la polémique. Les personnages sont clichés, l'ambiance dégouline d'héroïsme, les combattants sont très “génériques”, à part le directeur Stacker Pentecost et Mori Mako. Les familles Beckett et Hansen sont des condensés de poncifs guerriers, avec en sus l'opposition traditionnelle entre le pondéré et la tête brulée qui s'opposent mais finissent par se retrouver. Mais on retrouve là ce qui fait les caractéristiques du tokutatsu, et il ne faudrait pas perdre de vue que c'est là le but du film ! C'est ce même désir de retranscrire l'univers des films et séries télé japonais qui justifie l'accent mis sur l'importance des traumatismes récurrents des personnages principaux qui ressortent sous forme de flashbacks, et l'existence de personnages déjantés et haut en couleurs comme les deux savants geeks et Hannibal Chau. Del Toro réussit là à pasticher tous les aspects du genre sans sombrer dans la caricature, ce qui n'était pas évident tellement ce domaine est stéréotypé par nature, souvent au point d'apparaître auto-caricatural.
Bien sûr l'histoire présente certains défauts, son déroulement apparaît tracé à l'avance, la fin est facile et incohérente (le déroulement final de la bataille contredisant les règles qu'on avait établies un peu plus tôt). Mais c'est là encore la matière même du thème traité par le film. Reprocher à Pacific Rim ces facilités, c'est un peu comme de reprocher à France Five de présenter des situations irréalistes, prévisibles et stéréotypées ! Guillermo Del Toro a choisi de faire ce qu'il fait le mieux, une œuvre hommage à un pan du genre fantastique. Comme d'habitude, son long-métrage est empli de références à différents niveaux. Le fait même de mettre en scène des personnages très typés n'empêche pas de développer des relations riches entre eux, situation souvent retrouvée dans le cadre du kokutatsu. Les mises en abîmes et les développements sociologiques, sur le merchandising et les cultes liés aux Kaiju, sont forcément un peu courts vue la longueur du film, mais ajoutent intelligemment à la toile de fond du récit (ainsi même si Ron Perlman peut paraître trop appuyé en Hannibal Chau, le personnage est là pour illustrer ce goût pour les références et les produits dérivés de Del Toro, et l'enthousiasme parfois dérangeant qui affecte les fans). Conçu ou non pour ressembler à un blockbuster de saison estivale, il est cependant plus qu'un simple blockbuster.
J'ai cependant parfois été laissé sur ma fin. Manque de destructions, ce qui est un peu surprenant pour un film qui se veut un hommage au Kaiju Eiga, et c'est ce qu'on est en droit d'attendre en pareil cas. Même remarque pour le manque de présence à l'écran des monstres et de combats, il faut vraiment attendre la partie finale pour en avoir des développés dignes de ce nom. Mais bon, il a bien fallu sacrifier du temps pour permettre de développer les relations entre personnages. Il est simplement difficile de retranscrire en un film ce qui relève normalement de la matière d'une série entière. Et sans aucune ironie, il y avait la question des moyens. Le film avait déjà coûté assez cher comme ça en effets spéciaux, symptomatique d'une tendance à l'inflation des budgets déjà à l'œuvre (il a d'ailleurs failli ne pas être rentabilisé en salles, en dépit d'un bon succès public). Ce que j'aurais donc juste aimé est qu'il aurait mérité sans doute un gros quart d'heure de plus, mais encore une fois, les finances ne le permettaient sans doute pas.
Car entre effets spéciaux impressionnants, la peinture des monstres et robots étant d'un réalisme bluffant, scènes de haute volée et multiples références, Del Toro a réussi son pari de réaliser son hommage à un genre spécifiquement japonais mais qui a exercé une profonde influence en Occident.
15/20
Depuis des années, la Terre est assaillie par les Kaijus, des monstres gigantesques surgis de la mer, apparemment sous le contrôle d'extra-terrestres. Afin de les combattre, a été mise au point une force spéciale, constituée de tout aussi gargantuesques robots de combat, les Jaegers, contrôlés mentalement par des pilotes spécialement formés. L'humanité semble néanmoins se rapprocher de la défaite, à ce moment se forme une équipe constituée d'un pilote déchu, Raleigh Beckett (C. Hunnam) et d'une novice, Mako Mori (Kikuchi Rinko), qui reprennent les rênes d'un modèle de Jaeger considéré comme obsolète, afin de constituer unje nouvelle force de frappe...
Avec Pacific Rim, Guillermo Del Toro continue son exploration des ressorts du cinéma fantastique, s'attaquant cette fois au genre du film de monstre japonais, le Kaiju Eiga, et plus généralement à son dérivé télévisuel, le tokutatsu. Ressortant ces deux emblèmes qu'en sont le monstre destructeur, souvent issu de sous terre, du fond de la mer ou d'une autre planète ou dimension, combinant ici les deux derniers ; et le robot géant piloté, lorgnant plus particulièrement du côté de Neon Genesis Evangelion.
Le résultat a suscité la polémique. Les personnages sont clichés, l'ambiance dégouline d'héroïsme, les combattants sont très “génériques”, à part le directeur Stacker Pentecost et Mori Mako. Les familles Beckett et Hansen sont des condensés de poncifs guerriers, avec en sus l'opposition traditionnelle entre le pondéré et la tête brulée qui s'opposent mais finissent par se retrouver. Mais on retrouve là ce qui fait les caractéristiques du tokutatsu, et il ne faudrait pas perdre de vue que c'est là le but du film ! C'est ce même désir de retranscrire l'univers des films et séries télé japonais qui justifie l'accent mis sur l'importance des traumatismes récurrents des personnages principaux qui ressortent sous forme de flashbacks, et l'existence de personnages déjantés et haut en couleurs comme les deux savants geeks et Hannibal Chau. Del Toro réussit là à pasticher tous les aspects du genre sans sombrer dans la caricature, ce qui n'était pas évident tellement ce domaine est stéréotypé par nature, souvent au point d'apparaître auto-caricatural.
Bien sûr l'histoire présente certains défauts, son déroulement apparaît tracé à l'avance, la fin est facile et incohérente (le déroulement final de la bataille contredisant les règles qu'on avait établies un peu plus tôt). Mais c'est là encore la matière même du thème traité par le film. Reprocher à Pacific Rim ces facilités, c'est un peu comme de reprocher à France Five de présenter des situations irréalistes, prévisibles et stéréotypées ! Guillermo Del Toro a choisi de faire ce qu'il fait le mieux, une œuvre hommage à un pan du genre fantastique. Comme d'habitude, son long-métrage est empli de références à différents niveaux. Le fait même de mettre en scène des personnages très typés n'empêche pas de développer des relations riches entre eux, situation souvent retrouvée dans le cadre du kokutatsu. Les mises en abîmes et les développements sociologiques, sur le merchandising et les cultes liés aux Kaiju, sont forcément un peu courts vue la longueur du film, mais ajoutent intelligemment à la toile de fond du récit (ainsi même si Ron Perlman peut paraître trop appuyé en Hannibal Chau, le personnage est là pour illustrer ce goût pour les références et les produits dérivés de Del Toro, et l'enthousiasme parfois dérangeant qui affecte les fans). Conçu ou non pour ressembler à un blockbuster de saison estivale, il est cependant plus qu'un simple blockbuster.
J'ai cependant parfois été laissé sur ma fin. Manque de destructions, ce qui est un peu surprenant pour un film qui se veut un hommage au Kaiju Eiga, et c'est ce qu'on est en droit d'attendre en pareil cas. Même remarque pour le manque de présence à l'écran des monstres et de combats, il faut vraiment attendre la partie finale pour en avoir des développés dignes de ce nom. Mais bon, il a bien fallu sacrifier du temps pour permettre de développer les relations entre personnages. Il est simplement difficile de retranscrire en un film ce qui relève normalement de la matière d'une série entière. Et sans aucune ironie, il y avait la question des moyens. Le film avait déjà coûté assez cher comme ça en effets spéciaux, symptomatique d'une tendance à l'inflation des budgets déjà à l'œuvre (il a d'ailleurs failli ne pas être rentabilisé en salles, en dépit d'un bon succès public). Ce que j'aurais donc juste aimé est qu'il aurait mérité sans doute un gros quart d'heure de plus, mais encore une fois, les finances ne le permettaient sans doute pas.
Car entre effets spéciaux impressionnants, la peinture des monstres et robots étant d'un réalisme bluffant, scènes de haute volée et multiples références, Del Toro a réussi son pari de réaliser son hommage à un genre spécifiquement japonais mais qui a exercé une profonde influence en Occident.
15/20
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L'expérience interdite, film d'épouvante de Niels ARDEN OPLEV (Flatliners, USA-Canada, 2017), sur un scénario de Peter FILARDI et Ben RIPLEY, avec Ellen PAGE, Diego LUNA, Nina DOBREV, James NORTON, Kiersey CLEMONS, Kiefer SUTHERLAND, Madison BRYDGES...
Une reprise du film de Joel Shumacher de 1990, tournant autour de cinq étudiants en médecine qui réalisent de dangereuses expériences de mort imminentes (E.M.I., aussi connues en anglais comme des N.D.E.) induites afin de pouvoir étudier les mystères de l'après-vie en repoussant les limites de la mort...
J'ai vu ce remake avec certaines préventions, car les critiques n'étaient pas bonnes. Il n'a cependant pas été déplaisant à regarder, il n'était en effet pas si mauvais que ça au niveau de la réalisation et de l'interprétation. Mais les problèmes se situent à un autre niveau. Car il est vrai qu'il n'est pas plus mal réalisé, pas plus mal joué (grâce notamment à la présence de quelques interprètes connus), pas plus mal écrit non plus que de nombreux autres films fantastiques honnêtes qui se sont succédés ces dernières années. Seulement, dans l'autre sens, il n'apporte rien, et plus encore en tant que remake ; et tous les trucs utilisés l'ont déjà été de multiples fois (ah, les jumping scares !). Il y a pas mal d'années, il aurait pu surprendre, mais là on a vraiment une impression de redite de scènes vues et encore revues. De plus, ce long-métrage est assez faible du point de vue artistique, et d'un goût très discutable ; la représentation de l'au-delà, trop empreinte d'effets de synthèse à coups de pseudo-kaléidoscopes et de défilés fulgurants, est ainsi terne et peu imaginative, en-deça de ce que proposait la précédente mouture, quand les effets de synthèse étaient moins présents et moins aboutis que maintenant, un comble (mais hélas vrai pour de nombreuses autres œuvres récentes).
On voit bien qu'il y a eu une tentative de renouvellement au niveau du scénario, afin de justifier le besoin d'un remake : car si le message est toujours le même qu'avant (et toujours aussi moralisateur religieux, d'ailleurs), à savoir qu'il ne faut pas toucher au domaine de la mort et de l'au-delà, qui doivent rester interdits, les scénaristes ont décidé de l'illustrer cette fois par une malédiction du même type que dans Oui-ja ou Vérónica, l'entité attirée par les EMI agissant de plus en jouant sur les peurs de ses victimes (Ça et tant d'autres). Donc, en voulant apporter un ton différent, les scénaristes ont en réalité donné un sérieux air de déjà-vu, en reprenant deux thèmes déjà sur-exploités !
En plus de son caractère inutile, ce remake pas très effrayant en raison de son caractère très balisé illustre à mes yeux une vraie fatigue du cinéma d'horreur, souvent condamné à se répéter en se donnant un semblant d'apparence de différence, qui ne trompe pas.
9/20
Une reprise du film de Joel Shumacher de 1990, tournant autour de cinq étudiants en médecine qui réalisent de dangereuses expériences de mort imminentes (E.M.I., aussi connues en anglais comme des N.D.E.) induites afin de pouvoir étudier les mystères de l'après-vie en repoussant les limites de la mort...
J'ai vu ce remake avec certaines préventions, car les critiques n'étaient pas bonnes. Il n'a cependant pas été déplaisant à regarder, il n'était en effet pas si mauvais que ça au niveau de la réalisation et de l'interprétation. Mais les problèmes se situent à un autre niveau. Car il est vrai qu'il n'est pas plus mal réalisé, pas plus mal joué (grâce notamment à la présence de quelques interprètes connus), pas plus mal écrit non plus que de nombreux autres films fantastiques honnêtes qui se sont succédés ces dernières années. Seulement, dans l'autre sens, il n'apporte rien, et plus encore en tant que remake ; et tous les trucs utilisés l'ont déjà été de multiples fois (ah, les jumping scares !). Il y a pas mal d'années, il aurait pu surprendre, mais là on a vraiment une impression de redite de scènes vues et encore revues. De plus, ce long-métrage est assez faible du point de vue artistique, et d'un goût très discutable ; la représentation de l'au-delà, trop empreinte d'effets de synthèse à coups de pseudo-kaléidoscopes et de défilés fulgurants, est ainsi terne et peu imaginative, en-deça de ce que proposait la précédente mouture, quand les effets de synthèse étaient moins présents et moins aboutis que maintenant, un comble (mais hélas vrai pour de nombreuses autres œuvres récentes).
On voit bien qu'il y a eu une tentative de renouvellement au niveau du scénario, afin de justifier le besoin d'un remake : car si le message est toujours le même qu'avant (et toujours aussi moralisateur religieux, d'ailleurs), à savoir qu'il ne faut pas toucher au domaine de la mort et de l'au-delà, qui doivent rester interdits, les scénaristes ont décidé de l'illustrer cette fois par une malédiction du même type que dans Oui-ja ou Vérónica, l'entité attirée par les EMI agissant de plus en jouant sur les peurs de ses victimes (Ça et tant d'autres). Donc, en voulant apporter un ton différent, les scénaristes ont en réalité donné un sérieux air de déjà-vu, en reprenant deux thèmes déjà sur-exploités !
En plus de son caractère inutile, ce remake pas très effrayant en raison de son caractère très balisé illustre à mes yeux une vraie fatigue du cinéma d'horreur, souvent condamné à se répéter en se donnant un semblant d'apparence de différence, qui ne trompe pas.
9/20
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Percy Jackson : Le voleur de foudre, film fantastique de Chris Columbus (Percy Jackson & the Olympians : The Lignthning Thief, USA, 2010), sur un scénario de Craig TITLEY d'après le roman de Rick RIORDAN, avec Logan LERMAN, Kevin McKIDD, Steve COOGAN, Brandon T. JACKSON, Alexandro DADDARIO, Jake ABEL, Sean BEAN, Pierce BROSNAN, Rosario SAWSON, Melina KANAKAREDES, Catherine KEENER...
Percy Jackson (L. Lerman) est un adolescent dont la vie est affligée de nombreux problèmes : il vit dans une famille recomposée dysfonctionnelle, son beau-père se montrant odieux à son égard. Mais il apprend un secret fantastique : il est un demi-dieu, son père n'étant autre que Poséidon, le dieu des mers. Il se retrouve entraîné malgré lui dans une grave intrigue autour de la vie de l'Olympe, car on l'accuse d'avoir volé l'éclair de Zeus, un méfait qui risque de déboucher sur une guerre entre les dieux de l'Olympe...
Une nouvelle adaptation de roman pour Chris Columbus, après deux Harry Potter, qui montrait hélas un certain essouflement de sa part. A moins qu'in ne s'agissait tout simplement d'un essouflement du système hollywoodien qui lui commandait ces adaptations. Car s'il paraît que les romans parviennent à donner un certain souffle mythologique à l'épopée de Percy Jackson, là on a qu'un film racoleur et démagogique. Un de plus trop formaté pour ne pas déplaire à un public le plus large possible, avec une ambiance djeun trop marquée, ainsi le satire au comportement de rapeur caricatural qui balance des vannes à deux balles (mais bon, il est noir, il faut bien jouer sur les clichés, quoi...), les relations simplistes entre le "couple de héros", et des créatures édulcorées. Manifestement, encore une adaptation ciblée pour les adolescents, et qui prend ces derniers pour des crétins. Tandis que la représentation "démoniaque" de Hadès, ça commence à bien faire. Il faudrait que les scénaristes d'Hollywood commencent à apprendre ne serait-ce qu'un minimum de choses sur la mythologie gréco-romaine, au lieu d'essayer de décalquer dessus des modèles chrétiens anachroniques (et simplistes pour ne rien gâcher).
L'apparition de Uma Thurman en gorgone surnage un peu, enfin un rôle notable qui nous changeait au moment de la sortie des comédies pépères dans lesquelles sa carrière s'était enlisée les années précédentes (mais bon, elle n'est quand même pas d'un niveau fantastique). Mais dans l'ensemble, la mythologie est mal exploitée et expédiée. Mieux vaut encore revoir le remake du Choc des Titans et sa suite, malgré leur relative médiocrité. Après, le caractère un peu gnangnan pourra peut-être plaire aux familles et aux vraiment très jeunes. On se retrouve au final avec une belle occasion gâchée de fantaisie mythologique, dont le potentiel était prometteur.
8/20
Percy Jackson (L. Lerman) est un adolescent dont la vie est affligée de nombreux problèmes : il vit dans une famille recomposée dysfonctionnelle, son beau-père se montrant odieux à son égard. Mais il apprend un secret fantastique : il est un demi-dieu, son père n'étant autre que Poséidon, le dieu des mers. Il se retrouve entraîné malgré lui dans une grave intrigue autour de la vie de l'Olympe, car on l'accuse d'avoir volé l'éclair de Zeus, un méfait qui risque de déboucher sur une guerre entre les dieux de l'Olympe...
Une nouvelle adaptation de roman pour Chris Columbus, après deux Harry Potter, qui montrait hélas un certain essouflement de sa part. A moins qu'in ne s'agissait tout simplement d'un essouflement du système hollywoodien qui lui commandait ces adaptations. Car s'il paraît que les romans parviennent à donner un certain souffle mythologique à l'épopée de Percy Jackson, là on a qu'un film racoleur et démagogique. Un de plus trop formaté pour ne pas déplaire à un public le plus large possible, avec une ambiance djeun trop marquée, ainsi le satire au comportement de rapeur caricatural qui balance des vannes à deux balles (mais bon, il est noir, il faut bien jouer sur les clichés, quoi...), les relations simplistes entre le "couple de héros", et des créatures édulcorées. Manifestement, encore une adaptation ciblée pour les adolescents, et qui prend ces derniers pour des crétins. Tandis que la représentation "démoniaque" de Hadès, ça commence à bien faire. Il faudrait que les scénaristes d'Hollywood commencent à apprendre ne serait-ce qu'un minimum de choses sur la mythologie gréco-romaine, au lieu d'essayer de décalquer dessus des modèles chrétiens anachroniques (et simplistes pour ne rien gâcher).
L'apparition de Uma Thurman en gorgone surnage un peu, enfin un rôle notable qui nous changeait au moment de la sortie des comédies pépères dans lesquelles sa carrière s'était enlisée les années précédentes (mais bon, elle n'est quand même pas d'un niveau fantastique). Mais dans l'ensemble, la mythologie est mal exploitée et expédiée. Mieux vaut encore revoir le remake du Choc des Titans et sa suite, malgré leur relative médiocrité. Après, le caractère un peu gnangnan pourra peut-être plaire aux familles et aux vraiment très jeunes. On se retrouve au final avec une belle occasion gâchée de fantaisie mythologique, dont le potentiel était prometteur.
8/20
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Simetierre, film fantastique de Kevin KÖLSCH et Dennis WIDMYER (Pet Semetary, USA, 2019), sur un scénario de Matt GREENBERG et Jeff BUHLER, avec Jason CLARKE, Amy SEIMETZ, John LIGHTGOW, Jeté LAURENCE, Hugo LAVOIE, Lucas LAVOIE, Obssa AHMED, Alyssa LEVINE, Maria HERRERA, Frank SCHORPION...
Le docteur Louis Creed (J. Clarke), sa femme Rachel (A. Seimetz) et leurs deux enfants Elli (J. Laurence) et Gage (H. et L. Lavoie) partent de Boston pour aller s'installer dans la campagne du Maine. Ils découvrent peu après la présence d'un curieux cimetière dans un bois proche, qui se révèle vite doté de pouvoirs de ressurection effrayants...
Si les comparaisons avec la version de Mary Lambert sont inévitables, ce n'est pas en raison des différences avec cette dernière que je n'ai pas aimé cette nouvelle interprétation, ni même en raison d'une moindre qualité (même si elle est présente). Mais bien à cause de choix très discutables au niveau de l'approche. Là où la vision de 1988 était certes simplifiée (ce qui est inévitable dans le cadre de la mise en images d'un roman si long et si dense), mais fidèle, il y a cette fois trop de libertés prises tant avec la lettre qu'avec l'esprit (le message étant vraiment très différent).
Les infidélités sont en effet surprenantes, qui parfois travestissent tellement la trame que le message du roman en est bouleversé. Celui-ci était chargé de sens autour des thèmes du traumatisme moral et du deuil, là il manque simplement trop des choses qui lui donnaient cette saveur si particulière. Le changement à la fin n'est vraiment pas bien venu. Il y a certes des tentatives de méta-commentaires et de mise en abîme, ou tout simplement de surprendre, de faire différent, on peut voir cette modification de la fin comme en relevant, mais cet aspect est plus particulièrement présent au moment de la mort de l'enfant du couple, qui commence par un gros plan sur Gage, exactement comme dans le roman et la première adaptation, et qui se termine en nous montrant en fait Ellie être écrasée, alors que tout le monde s'attendait évidemment à ce que ce soit Gage la victime. Le parti-pris de surprendre en prenant le contrepied du récit original ne paraît que trop évident ; mais j'ai eu aussi le sentiment qu'il pouvait plutôt s'agir d'une certaine volonté d'édulcorer, l'histoire de King étant considérée comme trop violente psychologiquement, sentiment que j'ai eu aussi avec la nouvelle fin. Car avec une victime plus âgée, le choc est moindre que dans cette dernière.
À la place de ce récit si particulier et si puissant, il n'en reste qu'un film d'horreur très générique, plein de moments chocs d'angoisse et grand-guignolesques, et de maquillages effrayants, efficaces mais déjà vus maintes fois. Avec la réalisation et l'interprétation de film d'épouvante typique qui va avec ce genre de produit (le contraste étant là encore grand avec l'œuvre de Mary Lambert, qui demeure un des films d'épouvante les plus effrayants à mes yeux). Il y a certes cette scène surprenante, d'une procession à l'aspect de carnaval d'enfants portant des masques d'animaux, dont le style païen renvoie manifestement à The Wicker Man. Destinée sans doute à amener une touche d'originalité et d'ambiance un peu inquiétante. Mais qui paraît cependant un peu gratuite, ne s'incorporant pas bien avec le reste. Certes, cette nouvelle adaptation peut suffire à satisfaire le spectateur prêt à accepter de grands changements par rapport au livre, ou l'amateur de gore et de pure épouvante, le genre qui s'enfile des Dossiers Warren à la louche, mais qui risque de l'oublier de sitôt. Il aura plus de mal à satisfaire l'amateur tant de vraiment bons films de Stephen King, que de fantastique plus élaboré, qui risquent de préférer s'en tenir au roman ou à la première version cinéma.
10,5/20
Le docteur Louis Creed (J. Clarke), sa femme Rachel (A. Seimetz) et leurs deux enfants Elli (J. Laurence) et Gage (H. et L. Lavoie) partent de Boston pour aller s'installer dans la campagne du Maine. Ils découvrent peu après la présence d'un curieux cimetière dans un bois proche, qui se révèle vite doté de pouvoirs de ressurection effrayants...
Si les comparaisons avec la version de Mary Lambert sont inévitables, ce n'est pas en raison des différences avec cette dernière que je n'ai pas aimé cette nouvelle interprétation, ni même en raison d'une moindre qualité (même si elle est présente). Mais bien à cause de choix très discutables au niveau de l'approche. Là où la vision de 1988 était certes simplifiée (ce qui est inévitable dans le cadre de la mise en images d'un roman si long et si dense), mais fidèle, il y a cette fois trop de libertés prises tant avec la lettre qu'avec l'esprit (le message étant vraiment très différent).
Les infidélités sont en effet surprenantes, qui parfois travestissent tellement la trame que le message du roman en est bouleversé. Celui-ci était chargé de sens autour des thèmes du traumatisme moral et du deuil, là il manque simplement trop des choses qui lui donnaient cette saveur si particulière. Le changement à la fin n'est vraiment pas bien venu. Il y a certes des tentatives de méta-commentaires et de mise en abîme, ou tout simplement de surprendre, de faire différent, on peut voir cette modification de la fin comme en relevant, mais cet aspect est plus particulièrement présent au moment de la mort de l'enfant du couple, qui commence par un gros plan sur Gage, exactement comme dans le roman et la première adaptation, et qui se termine en nous montrant en fait Ellie être écrasée, alors que tout le monde s'attendait évidemment à ce que ce soit Gage la victime. Le parti-pris de surprendre en prenant le contrepied du récit original ne paraît que trop évident ; mais j'ai eu aussi le sentiment qu'il pouvait plutôt s'agir d'une certaine volonté d'édulcorer, l'histoire de King étant considérée comme trop violente psychologiquement, sentiment que j'ai eu aussi avec la nouvelle fin. Car avec une victime plus âgée, le choc est moindre que dans cette dernière.
À la place de ce récit si particulier et si puissant, il n'en reste qu'un film d'horreur très générique, plein de moments chocs d'angoisse et grand-guignolesques, et de maquillages effrayants, efficaces mais déjà vus maintes fois. Avec la réalisation et l'interprétation de film d'épouvante typique qui va avec ce genre de produit (le contraste étant là encore grand avec l'œuvre de Mary Lambert, qui demeure un des films d'épouvante les plus effrayants à mes yeux). Il y a certes cette scène surprenante, d'une procession à l'aspect de carnaval d'enfants portant des masques d'animaux, dont le style païen renvoie manifestement à The Wicker Man. Destinée sans doute à amener une touche d'originalité et d'ambiance un peu inquiétante. Mais qui paraît cependant un peu gratuite, ne s'incorporant pas bien avec le reste. Certes, cette nouvelle adaptation peut suffire à satisfaire le spectateur prêt à accepter de grands changements par rapport au livre, ou l'amateur de gore et de pure épouvante, le genre qui s'enfile des Dossiers Warren à la louche, mais qui risque de l'oublier de sitôt. Il aura plus de mal à satisfaire l'amateur tant de vraiment bons films de Stephen King, que de fantastique plus élaboré, qui risquent de préférer s'en tenir au roman ou à la première version cinéma.
10,5/20
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La malédiction Winchester, film fantastique de Michael et Peter SPIERIG (Winchester, 2018), avec Jason CLARKE, Helen MIRREN, Sarah SNOOK, Finn SCICLUNA-O'PREY, Emm WISEMAN, Tyler COPPIN, Michael CARMAN, Angus SAMPSON...
Environs de San Francisco, 1906. Sarah Winchester (H. Mirren), héritière de la fortune de son mari William, créateur des armes du même nom, est obsédée par ses visions des fantômes de ceux tués par les armes produites par sa firme et se retrouve engoncée dans l'extension perpétuelle de sa maison afin de les accueillir. Craignant pour sa santé mentale, les autres actionnaires de la compagnie font venir le docteur Price (Clarke) afin de l'examiner, dans l'espoir qu'il la déclarera folle. Mais si son caractère de rationaliste dogmatique paraît en faire la personne idéale pour mener une telle tâche, il dissimule un secret issu de son passé, un secret si contraire à ses convictions qu'il se le cache à lui-même...
Les frères Spierig ont décidé de faire appel à l'histoire bien réelle de Sarah Pardee Winchester et sa maison à tiroirs qu'elle agrandissait et rénovait sans cesse, dans les mêmes buts que ceux décrits dans le film (et dont les escaliers étaient en effet très bas, en raison des problèmes physiques de Sarah Pardee). Il s'y ajoute à côté une bonne dose de fiction ; le docteur Price est purement fictif (même si son nom pourrait faire référence au fameux chasseur de fantômes britannique Harry Price), la nièce Marion Marriott (en fait Daisy) et son fils (dans la réalité, une fille adoptive !) sont très éloignés de leurs modèles réels, le massacre dans le salon d'exposition des Winchester est entièrement inventé, et la firme Winchester n'a pas commencé à produire des rollerskates avant 1920 (une modification peut-être destinée à détourner l'attention de l'incongruité du comportement de la vraie Sarah Winchester, qui par cupidité n'a jamais envisagé l'étape logique consistant à cesser la production de ses fusils !). Le but est surtout d'offrir une quête personnelle dans le cadre d'un film d'angoisse, une confrontation entre deux personnalités aux vues radicalement divergentes sur le spiritisme dans une ambiance paranormale. On est là en effet bien dans un film d'ambiance plus que dans un vrai film d'horreur, les frères Spierig jouant sur le cadre inquiétant des intérieurs de la maison, avec ses structures surréalistes, ses constructions non fonctionnelles, ses escaliers ne menant nulle part, et aussi ses innovations rétro (ainsi le système de téléphone acoustique pour communiquer d'un bout à l'autre de la bâtisse). Et bien sûr, sur son obscurité, ses ombres inquiétantes, où les suggestions de présence d'esprits paraissent naturelles. Leur réalisation est assez bien maîtrisée, mais très classique, sans grande surprise, avec un aspect un peu théâtral (renforcé par le choix des couleurs et lumières, destiné à donner un aspect purement rétro) les quelques effets d'effroi ayant été vus bien des fois.
Mais ce récit fantastique s'agrémente de celui de la découverte de soi d'un médecin rationaliste fermé, qui confronté à la médiumnité de Sarah Winchester et aux manifestations de la maison hantée, après une étape de déni, se retrouve obligé de voir en face ce qu'en raison de ses convictions idéologiques il se cachait obstinément, ses propres facultés parapsychiques qu'il avait acquis à la suite d'une expérience de mort imminente. Facultés qui lui révèlent la vérité du monde spirituel qu'il refusait d'admettre.
C'est donc un film fantastique reposant sur l'ambiance tout en étant d'une orientation spirite assumé, qui vaut plus par l'originalité de son cadre et ses références historiques que par sa mise en scène assez adroite mais très dans la norme, sans génie particulier.
11,5/20
Au sujet de la maison Winchester, très proche de sa représentation dans le film et toujours là, devenue un monument
historique visité par de nombreux touristes :
http://documystere.com/fantomes-demons/ ... inchester/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Myst%C3%A9 ... Winchester
Environs de San Francisco, 1906. Sarah Winchester (H. Mirren), héritière de la fortune de son mari William, créateur des armes du même nom, est obsédée par ses visions des fantômes de ceux tués par les armes produites par sa firme et se retrouve engoncée dans l'extension perpétuelle de sa maison afin de les accueillir. Craignant pour sa santé mentale, les autres actionnaires de la compagnie font venir le docteur Price (Clarke) afin de l'examiner, dans l'espoir qu'il la déclarera folle. Mais si son caractère de rationaliste dogmatique paraît en faire la personne idéale pour mener une telle tâche, il dissimule un secret issu de son passé, un secret si contraire à ses convictions qu'il se le cache à lui-même...
Les frères Spierig ont décidé de faire appel à l'histoire bien réelle de Sarah Pardee Winchester et sa maison à tiroirs qu'elle agrandissait et rénovait sans cesse, dans les mêmes buts que ceux décrits dans le film (et dont les escaliers étaient en effet très bas, en raison des problèmes physiques de Sarah Pardee). Il s'y ajoute à côté une bonne dose de fiction ; le docteur Price est purement fictif (même si son nom pourrait faire référence au fameux chasseur de fantômes britannique Harry Price), la nièce Marion Marriott (en fait Daisy) et son fils (dans la réalité, une fille adoptive !) sont très éloignés de leurs modèles réels, le massacre dans le salon d'exposition des Winchester est entièrement inventé, et la firme Winchester n'a pas commencé à produire des rollerskates avant 1920 (une modification peut-être destinée à détourner l'attention de l'incongruité du comportement de la vraie Sarah Winchester, qui par cupidité n'a jamais envisagé l'étape logique consistant à cesser la production de ses fusils !). Le but est surtout d'offrir une quête personnelle dans le cadre d'un film d'angoisse, une confrontation entre deux personnalités aux vues radicalement divergentes sur le spiritisme dans une ambiance paranormale. On est là en effet bien dans un film d'ambiance plus que dans un vrai film d'horreur, les frères Spierig jouant sur le cadre inquiétant des intérieurs de la maison, avec ses structures surréalistes, ses constructions non fonctionnelles, ses escaliers ne menant nulle part, et aussi ses innovations rétro (ainsi le système de téléphone acoustique pour communiquer d'un bout à l'autre de la bâtisse). Et bien sûr, sur son obscurité, ses ombres inquiétantes, où les suggestions de présence d'esprits paraissent naturelles. Leur réalisation est assez bien maîtrisée, mais très classique, sans grande surprise, avec un aspect un peu théâtral (renforcé par le choix des couleurs et lumières, destiné à donner un aspect purement rétro) les quelques effets d'effroi ayant été vus bien des fois.
Mais ce récit fantastique s'agrémente de celui de la découverte de soi d'un médecin rationaliste fermé, qui confronté à la médiumnité de Sarah Winchester et aux manifestations de la maison hantée, après une étape de déni, se retrouve obligé de voir en face ce qu'en raison de ses convictions idéologiques il se cachait obstinément, ses propres facultés parapsychiques qu'il avait acquis à la suite d'une expérience de mort imminente. Facultés qui lui révèlent la vérité du monde spirituel qu'il refusait d'admettre.
C'est donc un film fantastique reposant sur l'ambiance tout en étant d'une orientation spirite assumé, qui vaut plus par l'originalité de son cadre et ses références historiques que par sa mise en scène assez adroite mais très dans la norme, sans génie particulier.
11,5/20
Au sujet de la maison Winchester, très proche de sa représentation dans le film et toujours là, devenue un monument
historique visité par de nombreux touristes :
http://documystere.com/fantomes-demons/ ... inchester/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Myst%C3%A9 ... Winchester
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À la poursuite de demain, film de science-fiction de Brad BIRD (Tommorowland, USA, 2015), sur un scénario de Damon LINDELOF, Jeff JENSEN et Brad BIRD, avec George CLOONEY, Britt ROBERSTON, Hugh LAURIE, Raffrey CASSIDY, Tim McGRAW, Katryn HAHN, Keegan-Michael KEY, Chris BAUER, Thomas ROBINSON, Pierce GAGNON...
Casey Newton (B. Robertson), une adolescente douée et débordante de curiosité pour les sciences, se retrouve sur les traces de Frank Walker (G. Clooney), un ancien génie et inventeur qui serait lié à Tommorowland, une sorte de cité futuriste dont le projet aurait été abandonnée il y a des décennies. Mais elle pourrait très bien avoir été vraiment construite, et son existence dissimulée par une conspiration sinistre, qui va croiser rapidement sa route, car Walker pourrait être la clé permettant de la retrouver...
Si ce film a été critiqué à sa sortie, pour sa fin facile (en effet, trop facile, mais qui a mené trop de contempteurs décidés d'avance à l'être – en raison de sa nature de film de promotion d'attraction pour Disney – à ignorer ses qualités), il n'en apportait pas moins une vraie bouffée d'air frais à une époque d'hyper-standardisation.
Avant tout, le film est une véritable ode à l'anticipation d'antan, à la nostalgie d'une certaine naïveté perdue, des promesses envolées d'un avenir où la technologie résoudrait tous nos problèmes dans l'entraide et la coopération. Il n'hésite pas à se demander pourquoi les choses ont déraillé, et à la place nous avons hérité d'un monde si morne et si pessimiste*. Brad Bird était le réalisateur tout indiqué pour un tel projet, ayant déjà fait ses preuves avec des œuvres à l'esprit sinon au thème très similaire, notamment Les Indestructibles. Il fait preuve d'une réalisation virtuose, ainsi quand il présente la ville du futur à travers les envolées hors de contrôle du jeune Frank Warren. L'ambiance techno-nostalgique se reflète dans tous les aspects du film ; la conception artistique, la cité de Tommorowland, conçue comme l'incarnation de cette anticipation optimiste, étant un vrai modèle de design rétrofuturiste ; la galerie de personnages de techno-nerds anciens et actuels ; ou les péripéties, de la transformation de la Tour Eiffel en fusée vernienne, au magasin de produits dérivés de cinéma, comics et SF, l'activité même de passionnés (ou de nerds, geeks, ou otakus si on préfère) – souci qui se retrouve avec l'usage judicieux du badge de l'exposition universelle de 1964, type même de produit collector ; les rares scènes d'action sont imprégnées de ce caractère technophile, notamment celles du magasin avec ses désintégrateurs désuets (la boutique, haut-lieu de l'imaginaire scientifique, étant le lieu idéal pour les faire passer de la fiction à la réalité) et de l'assaut du repère de Frank Walker par les robots Hommes en noir, avec ses pièges dignes de l'inventivité désuète d'un vieux roman de Jules Verne ou du Club des Cinq. Et les acteurs sont tous manifestement convaincus par leur sujet.
Pourquoi n'a-t'il pas rencontré le succès qu'il aurait mérité ? Peut-être bien pour toutes ces raisons, à une époque où on préfère les blockbusters qui ne font pas réfléchir. De là, peut-être aussi dans la métaphore finale, qui laisse entendre que ce sont les intérêts des puissants qui les ont menés à conditionner le public. Cependant, si elle est amenée d'une façon un peu trop simple, il reste qu'elle était quand même assez juste dans ses dénonciations. Mais dans tous les cas, il n'y avait pas là de quoi plaire au public formaté, spectateurs comme critiques. Hélas, son relatif échec public (doublé d'un grave échec financier, car le film était victime de la tendance à l'inflation financière liée à la surenchère d'effets spéciaux, même si là principalement destinés aux décors, plus qu'à l'action) pas inciter les producteurs à faire dans l'originalité.
* On peut trouver une compilation des innovations qui ne se sont jamais réalisées ou diffusées en lisant ce livre : Where's
My Jetpack?: A Guide to the Amazing Science Fiction Future that Never Arrived.
http://www.amazon.fr/Wheres-My-Jetpack- ... 1596911360
(À noter que le propulseur dorsal à la Buck Rogers ou Rocketeer existe bien, ainsi celui qu'on avait vu sans trucage dans un film de James Bond. Mais il n'a jamais pu être diffusé, son autonomie étant trop réduite - bien que beaucoup augmentée depuis 40 ans - et les investisseurs n'ayant jamais vu l'intérêt de le perfectionner.)
16/20
Casey Newton (B. Robertson), une adolescente douée et débordante de curiosité pour les sciences, se retrouve sur les traces de Frank Walker (G. Clooney), un ancien génie et inventeur qui serait lié à Tommorowland, une sorte de cité futuriste dont le projet aurait été abandonnée il y a des décennies. Mais elle pourrait très bien avoir été vraiment construite, et son existence dissimulée par une conspiration sinistre, qui va croiser rapidement sa route, car Walker pourrait être la clé permettant de la retrouver...
Si ce film a été critiqué à sa sortie, pour sa fin facile (en effet, trop facile, mais qui a mené trop de contempteurs décidés d'avance à l'être – en raison de sa nature de film de promotion d'attraction pour Disney – à ignorer ses qualités), il n'en apportait pas moins une vraie bouffée d'air frais à une époque d'hyper-standardisation.
Avant tout, le film est une véritable ode à l'anticipation d'antan, à la nostalgie d'une certaine naïveté perdue, des promesses envolées d'un avenir où la technologie résoudrait tous nos problèmes dans l'entraide et la coopération. Il n'hésite pas à se demander pourquoi les choses ont déraillé, et à la place nous avons hérité d'un monde si morne et si pessimiste*. Brad Bird était le réalisateur tout indiqué pour un tel projet, ayant déjà fait ses preuves avec des œuvres à l'esprit sinon au thème très similaire, notamment Les Indestructibles. Il fait preuve d'une réalisation virtuose, ainsi quand il présente la ville du futur à travers les envolées hors de contrôle du jeune Frank Warren. L'ambiance techno-nostalgique se reflète dans tous les aspects du film ; la conception artistique, la cité de Tommorowland, conçue comme l'incarnation de cette anticipation optimiste, étant un vrai modèle de design rétrofuturiste ; la galerie de personnages de techno-nerds anciens et actuels ; ou les péripéties, de la transformation de la Tour Eiffel en fusée vernienne, au magasin de produits dérivés de cinéma, comics et SF, l'activité même de passionnés (ou de nerds, geeks, ou otakus si on préfère) – souci qui se retrouve avec l'usage judicieux du badge de l'exposition universelle de 1964, type même de produit collector ; les rares scènes d'action sont imprégnées de ce caractère technophile, notamment celles du magasin avec ses désintégrateurs désuets (la boutique, haut-lieu de l'imaginaire scientifique, étant le lieu idéal pour les faire passer de la fiction à la réalité) et de l'assaut du repère de Frank Walker par les robots Hommes en noir, avec ses pièges dignes de l'inventivité désuète d'un vieux roman de Jules Verne ou du Club des Cinq. Et les acteurs sont tous manifestement convaincus par leur sujet.
Pourquoi n'a-t'il pas rencontré le succès qu'il aurait mérité ? Peut-être bien pour toutes ces raisons, à une époque où on préfère les blockbusters qui ne font pas réfléchir. De là, peut-être aussi dans la métaphore finale, qui laisse entendre que ce sont les intérêts des puissants qui les ont menés à conditionner le public. Cependant, si elle est amenée d'une façon un peu trop simple, il reste qu'elle était quand même assez juste dans ses dénonciations. Mais dans tous les cas, il n'y avait pas là de quoi plaire au public formaté, spectateurs comme critiques. Hélas, son relatif échec public (doublé d'un grave échec financier, car le film était victime de la tendance à l'inflation financière liée à la surenchère d'effets spéciaux, même si là principalement destinés aux décors, plus qu'à l'action) pas inciter les producteurs à faire dans l'originalité.
* On peut trouver une compilation des innovations qui ne se sont jamais réalisées ou diffusées en lisant ce livre : Where's
My Jetpack?: A Guide to the Amazing Science Fiction Future that Never Arrived.
http://www.amazon.fr/Wheres-My-Jetpack- ... 1596911360
(À noter que le propulseur dorsal à la Buck Rogers ou Rocketeer existe bien, ainsi celui qu'on avait vu sans trucage dans un film de James Bond. Mais il n'a jamais pu être diffusé, son autonomie étant trop réduite - bien que beaucoup augmentée depuis 40 ans - et les investisseurs n'ayant jamais vu l'intérêt de le perfectionner.)
16/20
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Miss Peregrine et les Enfants particuliers, film fantastique de Tim BURTON (Miss Peregrine's Home for Peculiar Children, USA, 2016), sur un scénario de Jane GOLDMAN d'après le roman de Ransom RIGGS, avec Eva GREEN, Asa BUTTERFIELD, Samuel L. JACKSON, Judi DENCH, Rupert EVERETT, Alison JANNEY, Chris O'DOWD, Terence STAMP, Ella PURNELL, Finlay MacMILLAN, Lauren McCROSTIE...
Le jeune Jacob (A. Butterfield) découvre de curieux indices autour d'une île au large de la Grande-Bretagne, suggérant un étrange mystère spatio-temporel. Ses investigations le mènent alors à découvrir une demeure étrange, nommée l'École pour Enfants particuliers, dirigée par la très "particulière" Miss Peregrine (E. Green). Il découvre progressivement que les enfants de cette école ont tous des pouvoirs paranormaux, et que l'école semble prise dans une bulle spatio-temporelle afin d'échapper au danger posé par un groupe aux sinistres visées...
Cette réalisation a amené bien sûr au moment de sa sortie son lot de récriminations de la part des habituels grincheux qui geignent de ne pas retrouver le "Tim Burton d'antan", hors de propos car il s'en sort fort bien sur cette histoire de fantaisie, comme sur la plupart de ses films récents. Il serait grand temps d'arrêter d'être trop exigeant avec lui. Plutôt que vouloir à tout prix retrouver Beetlejuice et Edward aux mains d'argent, en imposant des conditions qui auraient amené à les trouver médiocres si on les avait appliquées à l'époque de leur sortie, on ferait mieux d'apprécier la qualité de ses films présents. Et la qualité, cette ambiance de féérie et d'épique qui le caractérise, je l'ai trouvée là et bien là comme dans la plupart de ses films récents. Il se dépêtre très bien de l'adaptation d'un matériau qui n'est pas de sa création, certes du genre à lui convenir mais qui restait très difficile à transposer à l'écran. Il réussit à restituer assez de magie de ce petit univers si particulier, même si bâti à partir d'un présupposé assez classique qui ne déparerait pas d'un comics Marvel (comment ne pas penser à l'école pour surdoués du Pr Xavier) ou d'un livre de J. K. Rawling (avec celle pour sorciers de Harry Potter), avec comme à son habitude une grande déférence envers les différents et les proscrits (même si sans vrai manichéisme, les mauvais de l'histoire venant de leurs rangs). Si les membres de l'école sont empreints de magie, les méchants sont vraiment savoureux, ignobles à souhait, l'aspect visuel et la direction artistique sont très bonnes, les morceaux de bravoure comme d'ignominie sont de haute volée, on a droit à de très bonnes prestations, bien sûr Eva Green et aussi un Samuel Jackson époustouflant en méchant en chef déjanté.
Le film a ses défauts, même s'il est un peu abusif d'y faire figurer le fait que manquent d'approfondissement certains des enfants particuliers ; car s'ils en sont réduits à faire de la figuration, il était impossible de leur accorder le même traitement sur un seul film, vu leur nombre ; en revanche, la période de la deuxième guerre mondiale aurait mérité d'être évoquée plus longuement (et on se demande si la femme oiseau méchante passe son temps à bailler aux corneilles à moins que ce soit à gober des mouches lors de la bataille de la fin). Mais le résultat final est largement à la hauteur de la plupart des films de Burton, avec sa bonne dose de magie et de folie si spécifique (et avec peut-être à la clé une métaphore du système hollywoodien derrière cette assemblée de costume-cravates malfaisants, qui cherchent à détruire les talents originaux en s'abreuvant de leur énergie).
14/20
Le jeune Jacob (A. Butterfield) découvre de curieux indices autour d'une île au large de la Grande-Bretagne, suggérant un étrange mystère spatio-temporel. Ses investigations le mènent alors à découvrir une demeure étrange, nommée l'École pour Enfants particuliers, dirigée par la très "particulière" Miss Peregrine (E. Green). Il découvre progressivement que les enfants de cette école ont tous des pouvoirs paranormaux, et que l'école semble prise dans une bulle spatio-temporelle afin d'échapper au danger posé par un groupe aux sinistres visées...
Cette réalisation a amené bien sûr au moment de sa sortie son lot de récriminations de la part des habituels grincheux qui geignent de ne pas retrouver le "Tim Burton d'antan", hors de propos car il s'en sort fort bien sur cette histoire de fantaisie, comme sur la plupart de ses films récents. Il serait grand temps d'arrêter d'être trop exigeant avec lui. Plutôt que vouloir à tout prix retrouver Beetlejuice et Edward aux mains d'argent, en imposant des conditions qui auraient amené à les trouver médiocres si on les avait appliquées à l'époque de leur sortie, on ferait mieux d'apprécier la qualité de ses films présents. Et la qualité, cette ambiance de féérie et d'épique qui le caractérise, je l'ai trouvée là et bien là comme dans la plupart de ses films récents. Il se dépêtre très bien de l'adaptation d'un matériau qui n'est pas de sa création, certes du genre à lui convenir mais qui restait très difficile à transposer à l'écran. Il réussit à restituer assez de magie de ce petit univers si particulier, même si bâti à partir d'un présupposé assez classique qui ne déparerait pas d'un comics Marvel (comment ne pas penser à l'école pour surdoués du Pr Xavier) ou d'un livre de J. K. Rawling (avec celle pour sorciers de Harry Potter), avec comme à son habitude une grande déférence envers les différents et les proscrits (même si sans vrai manichéisme, les mauvais de l'histoire venant de leurs rangs). Si les membres de l'école sont empreints de magie, les méchants sont vraiment savoureux, ignobles à souhait, l'aspect visuel et la direction artistique sont très bonnes, les morceaux de bravoure comme d'ignominie sont de haute volée, on a droit à de très bonnes prestations, bien sûr Eva Green et aussi un Samuel Jackson époustouflant en méchant en chef déjanté.
Le film a ses défauts, même s'il est un peu abusif d'y faire figurer le fait que manquent d'approfondissement certains des enfants particuliers ; car s'ils en sont réduits à faire de la figuration, il était impossible de leur accorder le même traitement sur un seul film, vu leur nombre ; en revanche, la période de la deuxième guerre mondiale aurait mérité d'être évoquée plus longuement (et on se demande si la femme oiseau méchante passe son temps à bailler aux corneilles à moins que ce soit à gober des mouches lors de la bataille de la fin). Mais le résultat final est largement à la hauteur de la plupart des films de Burton, avec sa bonne dose de magie et de folie si spécifique (et avec peut-être à la clé une métaphore du système hollywoodien derrière cette assemblée de costume-cravates malfaisants, qui cherchent à détruire les talents originaux en s'abreuvant de leur énergie).
14/20
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Ghost in the Shell, film de science-fiction de Rupert SANDERS (USA/Inde/Hong Kong/Chine/Canada, 2017), sur un scénario de Jamie MOSS et William WHEELER d'après l'œuvre de SHIROW Masamune, avec Scarlett JOHANSSON, Pilou ASBÆK, KITANO Takeshi, Juliette BINOCHE, Micahel PITT, DANUSIA Samal, Lasarus RATUERE, CHIN HAN, IZUMIHARA Yutaka, Peter FERDINANDO...
Dans un futur plus ou moins proche, de plus en plus d'humains sont augmentés par voie d'implants cybernétiques. La firme Hanka Robotics développe un moyen encore plus avancé sous la forme d'un corps artificiel, testé pour la première fois sur la victime atrocement mutilée d'une attaque terroriste, Mira Killian (S. Johansson). Surmontant les objections du Dr Ouellet (J. Binoche), le directeur de Hanka (P. Ferdinando) décide alors d'utiliser Killian comme une puissante agente anti-terroriste...
Le défi de ce film était de prétendre adapter aux impératifs d'une grosse production hollywoodienne une franchise de mangas et de japanimation réputée pour son côté ésotérique et réflexif. Une entreprise périlleuse, mais plutôt bien réussie. C'est vrai, l'intrigue a été simplifiée, mais pas trop ; car s'il n'y a plus les dérangeantes questions que posait la fin du film animée quant au devenir de l'intelligence artificielle rebelle, les enjeux portant sur le questionnement de l'identité face aux agressions portées par les technologies cybernétique sont quand même bien là, l'action est parfois spectaculaire et profite des possibilités fournies par ce cadre mais sans être envahissante, la fidélité à esthétique de Shirow et de Oshii est grande ; elle l'est aussi assez du point de vue scénaristique, car s'il prend quelques distances par rapport au premier film de Oshii auquel on le compare inévitablement, tout en copiant de près certaines scènes emblématiques, il respect l'essence tant des mangas que des adaptations animées ; et même si ces scènes copiées sont (un peu) moins efficaces que dans le long-métrage animé de 1995, on ne le reprochera guère, car il était difficile de se mettre au niveau exceptionnel atteint par ce dernier. Si Kusanagi est là , on retrouve bien presque autant le vertige devant les dangers de la robotisation que les intrigues complexes autour des manipulations d'agences étatiques et para-étatiques. Ce n'est donc pas un simple remake, mais bien une nouvelle déclinaison de l'œuvre première de Shirow. On notera que dans la tradition de la franchise, il alterne bien les passages "animés" et ceux plus contemplatifs. Mais sans aller aussi loin dans la mise en avant de la mélancolie que chez Oshii, dont le rythme était parfois lancinant, qui parvenait à le faire bien passer grâce à la musique de Kawaï et des dialogues un peu démonstratifs mais efficaces dont il s'est fait une spécialité. Sanders se laisse moins aller à ça, mais la durée plus longue lui permet de prendre son temps pour développer et faire ressentir les enjeux.
Alors, même si le passage par Hollywood a un peu simplifié l'enjeu, plus terre-à-terre et moins psychédélique dans ses interrogations que le film de 1995 (qui n'hésitait à aller jusqu'à verser dans le post-humanisme), Sanders sort son épingle du jeu en maîtrisant avec équilibre cette suite de scènes très différentes, tandis que l'ensemble de comédiens est bon. Scarlet Johanson confirme qu'elle est à l'aise pour incarner des personnages à l'identité chancelante, tandis que Peter Asbæk est trop parfait en Batô, on regrettera juste qu'il n'ait pas de scène bien à lui. L'accompagnement musical est lui, certes adapté au thème, mais assez ordinaire, dommage que la musique de Kawaï n'ait pas été reprise.
Une bonne adaptation hollywoodienne d'un classique de SF, mariant bien action et réflexion, qui malheureusement a eu du mal à trouver son public (sans doute parce que encore trop réflexif en dépit de sa tournure plus classique).
14,5/20
Dans un futur plus ou moins proche, de plus en plus d'humains sont augmentés par voie d'implants cybernétiques. La firme Hanka Robotics développe un moyen encore plus avancé sous la forme d'un corps artificiel, testé pour la première fois sur la victime atrocement mutilée d'une attaque terroriste, Mira Killian (S. Johansson). Surmontant les objections du Dr Ouellet (J. Binoche), le directeur de Hanka (P. Ferdinando) décide alors d'utiliser Killian comme une puissante agente anti-terroriste...
Le défi de ce film était de prétendre adapter aux impératifs d'une grosse production hollywoodienne une franchise de mangas et de japanimation réputée pour son côté ésotérique et réflexif. Une entreprise périlleuse, mais plutôt bien réussie. C'est vrai, l'intrigue a été simplifiée, mais pas trop ; car s'il n'y a plus les dérangeantes questions que posait la fin du film animée quant au devenir de l'intelligence artificielle rebelle, les enjeux portant sur le questionnement de l'identité face aux agressions portées par les technologies cybernétique sont quand même bien là, l'action est parfois spectaculaire et profite des possibilités fournies par ce cadre mais sans être envahissante, la fidélité à esthétique de Shirow et de Oshii est grande ; elle l'est aussi assez du point de vue scénaristique, car s'il prend quelques distances par rapport au premier film de Oshii auquel on le compare inévitablement, tout en copiant de près certaines scènes emblématiques, il respect l'essence tant des mangas que des adaptations animées ; et même si ces scènes copiées sont (un peu) moins efficaces que dans le long-métrage animé de 1995, on ne le reprochera guère, car il était difficile de se mettre au niveau exceptionnel atteint par ce dernier. Si Kusanagi est là , on retrouve bien presque autant le vertige devant les dangers de la robotisation que les intrigues complexes autour des manipulations d'agences étatiques et para-étatiques. Ce n'est donc pas un simple remake, mais bien une nouvelle déclinaison de l'œuvre première de Shirow. On notera que dans la tradition de la franchise, il alterne bien les passages "animés" et ceux plus contemplatifs. Mais sans aller aussi loin dans la mise en avant de la mélancolie que chez Oshii, dont le rythme était parfois lancinant, qui parvenait à le faire bien passer grâce à la musique de Kawaï et des dialogues un peu démonstratifs mais efficaces dont il s'est fait une spécialité. Sanders se laisse moins aller à ça, mais la durée plus longue lui permet de prendre son temps pour développer et faire ressentir les enjeux.
Alors, même si le passage par Hollywood a un peu simplifié l'enjeu, plus terre-à-terre et moins psychédélique dans ses interrogations que le film de 1995 (qui n'hésitait à aller jusqu'à verser dans le post-humanisme), Sanders sort son épingle du jeu en maîtrisant avec équilibre cette suite de scènes très différentes, tandis que l'ensemble de comédiens est bon. Scarlet Johanson confirme qu'elle est à l'aise pour incarner des personnages à l'identité chancelante, tandis que Peter Asbæk est trop parfait en Batô, on regrettera juste qu'il n'ait pas de scène bien à lui. L'accompagnement musical est lui, certes adapté au thème, mais assez ordinaire, dommage que la musique de Kawaï n'ait pas été reprise.
Une bonne adaptation hollywoodienne d'un classique de SF, mariant bien action et réflexion, qui malheureusement a eu du mal à trouver son public (sans doute parce que encore trop réflexif en dépit de sa tournure plus classique).
14,5/20
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The Devil's Candy, film d'horreur de Sean BYRNE (2015, USA), sur son scénario, avec Ethan EMBRY, Shiri APLLEBY, Pruitt TAYLOR VINCE, Kiara GLASCO, Tony AMENDOLA...
Jesse HELMMAN (EMBRY), peintre de son état, s'installe dans une vieille maison avec sa femme Astrid (APPLEBY) et sa fille Zooey (GLASCO). La maison est financièrement une très bonne affaire, mais il se révèle que c'est en raison d'un passé mystérieux. Mais au moment de concevoir un nouveau tableau, Helmman se retrouve comme possédé, sentant ce qu'il perçoit comme la présence d'enfants qui veulent sortir à travers lui. Et peu à peu surgit sous son pinceau une fresque inquiétante d'enfants grimaçant de terreur et de douleur. D'autant que le fils obèse et manifestement déséquilibré de précédents propriétaires (TAYLOR VINCE), se manifeste. Il se révèle qu'il a été interné il y a longtemps après avoir tué une petite fille, et est persuadé que Satan le pousse à commettre des meurtres d'enfants, ce qui pourrait avoir un lien avec la genèse du mystérieux tableau...
Ce film d'horreur appartient à la catégorie de ceux qui sont basés sur l'ambiance, jouant sur une classique montée progressive de tension, avec cette histoire de famille bien tranquille plongée brusquement face à une menace diabolique. Ce qui rend un ton un peu original est que la famille en question se retrouve confrontée à une double source d'inquiétude ; d'abord la possession de Helmman lorsqu'il peint, génératrice d'une angoisse malsaine sur la maisonnée, le tableau apparaissant comme un personnage à part entière ; ensuite du tueur en série possédé, incapable de résister à ce qu'on hésite à interpréter comme pulsions personnelles ou possession, et de plus en plus entreprenant au fil du récit, le lien entre les deux se faisant vers la fin. Le scénario brasse divers thèmes d'horreur, entre psycho-killer, satanisme, hantise et home invasion. La mayonnaise parvient assez bien à prendre, grâce à l'esthétisme de la réalisation, quelques bonnes séquences d'angoisse et de violence meurtrière, et à de bonnes prestations, notamment de Ethan Embry et de Pruitt Taylor Vince. Les ingrédients là d'un bon petit film fantastique, si ce n'est que la partie finale les plombent un peu, en montrant Jesse Helmman se faire poignarder en bonne et due forme, et n'en subir aucune conséquence dans les scènes qui suivent. Une dérive commune à nombre de films d'horreur et d'action ces dernières années, qui empêchent ce long-métrage d'être à la hauteur.
11/20
Jesse HELMMAN (EMBRY), peintre de son état, s'installe dans une vieille maison avec sa femme Astrid (APPLEBY) et sa fille Zooey (GLASCO). La maison est financièrement une très bonne affaire, mais il se révèle que c'est en raison d'un passé mystérieux. Mais au moment de concevoir un nouveau tableau, Helmman se retrouve comme possédé, sentant ce qu'il perçoit comme la présence d'enfants qui veulent sortir à travers lui. Et peu à peu surgit sous son pinceau une fresque inquiétante d'enfants grimaçant de terreur et de douleur. D'autant que le fils obèse et manifestement déséquilibré de précédents propriétaires (TAYLOR VINCE), se manifeste. Il se révèle qu'il a été interné il y a longtemps après avoir tué une petite fille, et est persuadé que Satan le pousse à commettre des meurtres d'enfants, ce qui pourrait avoir un lien avec la genèse du mystérieux tableau...
Ce film d'horreur appartient à la catégorie de ceux qui sont basés sur l'ambiance, jouant sur une classique montée progressive de tension, avec cette histoire de famille bien tranquille plongée brusquement face à une menace diabolique. Ce qui rend un ton un peu original est que la famille en question se retrouve confrontée à une double source d'inquiétude ; d'abord la possession de Helmman lorsqu'il peint, génératrice d'une angoisse malsaine sur la maisonnée, le tableau apparaissant comme un personnage à part entière ; ensuite du tueur en série possédé, incapable de résister à ce qu'on hésite à interpréter comme pulsions personnelles ou possession, et de plus en plus entreprenant au fil du récit, le lien entre les deux se faisant vers la fin. Le scénario brasse divers thèmes d'horreur, entre psycho-killer, satanisme, hantise et home invasion. La mayonnaise parvient assez bien à prendre, grâce à l'esthétisme de la réalisation, quelques bonnes séquences d'angoisse et de violence meurtrière, et à de bonnes prestations, notamment de Ethan Embry et de Pruitt Taylor Vince. Les ingrédients là d'un bon petit film fantastique, si ce n'est que la partie finale les plombent un peu, en montrant Jesse Helmman se faire poignarder en bonne et due forme, et n'en subir aucune conséquence dans les scènes qui suivent. Une dérive commune à nombre de films d'horreur et d'action ces dernières années, qui empêchent ce long-métrage d'être à la hauteur.
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Le jour où la terre s'arrêta, film de science-fiction de Scott Derrickson (The day the Earth stood still, USA, 2008), avec Keanu REEVES, Jennifer CONNELLY, Kathy BATES, Jon HAMM, Kyle CHANDLER, Jaden SMITH, John CLEESE...
Helen Benson, professeur d'exobiologie de son état, est quasiment enlevée à son domicile par des agents du gouvernement des USA qui la contraignent à se rendre à une réunion très secrète avec d'autres savants réquisitionnés, où ils sont informés qu'un objet céleste non identifié se dirige à toute vitesse vers la Terre. Après avoir appris qu'un système de missiles qui devait être employé pour dévier l'objet a été désactivé, le directeur Michael Grenier, organisateur de la réunion, envoie l'équipe de savants vers le point d'impact, à New York. L'objet se révèle être un vaisseau spatial sphérique, à la surface brumeuse, d'où débarque un humanoïde. Celui-ci est abattu par un soldat, et a juste le temps de désactiver un robot géant chargé de le protéger, avant d'être emmené à un hôpital militaire sécurisé. Là, se revêtant d'une forme humaine, il révèle s'appeler Klaatu et être venu afin de faire une communication importante aux Nations-Unies...
Le jour du quinzième anniversaire de sa sortie en France et quelques autres pays (c'était deux jours plus tard aux USA), il est approprié d'en faire une revue, qui se révèle à certains égards instructives quand on le replace dans l'évolution du cinéma depuis. Lorsque je l'avais vu en salles, à cette même date, j'avais surtout en tête de comparer avec le film de Robert Wise, sur fond d'étonnement devant le manque apparent d'entrain de la Fox à le sortir, de polémiques d'abord sur un éventuel contact extra-terrestre ou sinon divulgation à venir (oui, dans les milieux intéressés, c'était un sujet brûlant), et ensuite sur les innombrables remakes, reboots, suites et préludes qui infestaient déjà le cinéma avant la mode Marvel, du manque flagrant d'imagination de l'industrie du cinéma qu'ils révélaient et de son aptitude à affadir de vieux chefs-d'œuvre en les mettant "au goût du jour" pour le plus grand plaisir d'un public abêti.
Bon, en toute honnêteté, par-delà ces considérations, cinquante-sept ans plus tard, une version mise à jour pouvait se justifier. Bien des nouvelles versions n'ont pas attendu une telle durée pour être tournées, loin s'en faut. Ensuite, le scénario faisait le choix de prendre certes un point de départ similaire, mais de donner un développement bien différent, et même à bien des égards à l'opposé (Klaatu vient cette fois délibérément interférer dans l'évolution tant de la Terre que de l'humanité), avec une conclusion entièrement distincte, et il faut le reconnaître, étrangement audacieuse, d'une audace qui ne serait sans doute plus acceptée aujourd'hui (et qui expliquait sans doute déjà les réticences de la Fox, qui avec le recul, ne savait manifestement pas quoi en faire). Cependant, ces choix avaient fait l'objet d'un traitement plutôt maladroit, débouchant sur un résultat artistique assez décevant. Pourtant, avec le temps, ses défauts n'apparaissent plus forcément aussi rédhibitoires, et je pense qu'on a été aussi sévère parce qu'à l'époque les standards étaient plus élevés, et c'est vraiment là qu'une nouvelle vision nous permet de mesurer le chemin parcouru - et il n'y a guère ce doutes que de nos jours, le film ferait l'objet de re-tournages de scènes entières, là où la Fox s'était alors contentée de quelques coupes. Il n'empêche que ses défauts étaient réels, déjà sous l'effet de ces coupes, qui affectaient certainement son rythme. Mais avant cela, il était plombé par un vraiment grand nombre de simplicités sinon facilités scénaristiques.
Ce n'est pas tellement le comportement stupide de la ministre de la Défense et de ses subordonnés, qui croient qu'ils peuvent tenir tête, et même contrôler une force capable d'une telle décélération depuis Jupiter, de mettre en berne leurs missiles et toutes leurs armes et sources d'énergie ; stupidité doublée d'une insupportable arrogance, car ils se croient autorisés à soustraire l'être venu d'ailleurs au reste de l'humanité, alors qu'il est là pour la contacter dans son ensemble. Les scénaristes ont bel et bien l'intention de montrer les responsables politiques et militaires des USA comme des brutes épaisses, militaristes et obsédées par le secret-défense et la manipulation de l'information, dans un but de défense minable de leur pouvoir, alors même qu'un événement dépassant toute l'humanité se déroule ; mais après tout, c'est ce qu'ils sont dans la réalité. On voit là d'ailleurs le chemin perçu depuis, car il est très peu vraisemblable qu'ils soient encore décrits ainsi dans une super-production (et peut là encore contribuer à expliquer pourquoi la direction de la Fox était si réticente). Mais il y a vraiment plusieurs erreurs et invraisemblances, tant scientifiques qu'au niveau opérationnel :
-Les "scientifiques" du gouvernement sont vraiment des gros nuls, s'ils sont incapables de comprendre qu'un objet qui ne se déplace pas en chute libre est contrôlé artificiellement. Cela signifie en effet qu'il reçoit une énergie extérieure, donc "non naturelle", donc qu'une intelligence est en jeu. Cela m'avait paru une incongruité dès ma première vision il y a quinze ans.
-Comment les gens du gouvernement peuvent-ils croire que leurs missiles sont capables d'arrêter un objet doté d'une telle énergie cinétique ? Il se déplace quand même à un dixième de la vitesse de la lumière. Des savants et des militaires devraient comprendre que Armageddon (le gros navet pompeux avec Bruce Willis), c'est du pipeau (même si on a vu apparaître un discours allant dans ce sens récemment).
-Pourquoi l'équipe de savants assemblés par Michael Granier est-elle envoyée sur le lieu de l'impact, s'ils pensent que ce dernier va tout détruire ? Cela pourrait avoir un sens s'ils s'attendaient à un contact extra-terrestre, mais ils sont apparemment toujours à ce moment dans leur trip météorite géante/astéroïde/comète/trou noir en vadrouille ou autre phénomène naturel.
- Même dans l'optique d'un contact avec une entité étrangère, il est anormal qu'ils soient envoyés en première ligne, pour des raisons de sécurité et d'efficacité évidentes.
Après, le scénario a cherché à se démarquer de l'original (le film de 1952, pas la nouvelle) en complexifiant le propos, et principalement les relations entre Klaatu et Helen Benson. C'est là que ça a pêché, ces relations sont un peu trop élaborées pour tenir dans un film de 1h40 de façon crédible. Klaatu décide déjà bien trop vite de détruire la race humaine après avoir été capturé et être allé consulter son collègue dans le restaurant, puis change à nouveau bien trop vite d'avis après avoir parlé avec le Pr Barnhardt (et ce dans un dialogue pas très emballant à vrai dire, en-deça de ce qu'on était en droit d'attendre) et avoir vu l'amour que porte Helen à son fils adoptif. Lors de son entretien avec Barnhardt, il révèle que son espèce a pu changer lorsqu'elle a été confrontée à un désastre stellaire, ce qui le fait réfléchir sur ce que les mêmes possibilités pourraient aussi s'offrir à l'humanité. Bien, mais ils n'avaient vraiment pas eu l'occasion de penser aux implications avant ? Bon, bien sûr, on répondra que sans ça il n'y aurait pas de film ! Mais il n'empêche que la simplicité de l'original marchait mieux. Et certains passages auraient vraiment mérité plus de développement.
Il est peu facile avec ça de ressentir grand chose pour les personnages principaux. D'abord parce que Jacob est conçu pour personnifier les défauts de l'humanité moderne, ne pensant qu'à court terme et embrigadé dans la haine de tout ce qui remet en cause son mode de vie, et réussit un peu trop bien. Ensuite en raison de la différence d'approche sur Klaatu. Michael Rennie jouait sur son charisme. Il portait une figure christique d'outre-monde ambigüe, un peu effrayante mais puissante, qui pouvait magnétiser quand il déclamait son message. Le remake met au contraire l'accent sur son inhumanité. Il est un être complètement étranger greffé sur un corps humain artificiel (ce dont on pouvait bien sûr se douter dans le premier, car quelle chance y-a-t'il pour qu'un E.T. ait un corps parfaitement humain ?, mais ce n'était au mieux que suggéré, et de toute façon l'époque était différente). Keanu Reeves était l'acteur parfait pour ça, certes, et il parvient vraiment par moments à lui donner un aspect inquiétant, vraiment extraterrestre, entre un faux détachement et une absence apparente complète d'empathie par son absence de réactions humaines, qui tranche avec son souci pour la Terre (ainsi dans la scène où il détruit les deux hélicoptères). Mais avec pour conséquence qu'il est moins facile de s'attacher à Klaatu (il est vrai que s'attacher à lui n'était probablement pas le but recherché).
Il faut reconnaître que le propos frappe par son audace par son approche écologiste extrême, ce qui serait là aussi très difficile à présenter dans un blockbuster de nos jours (et a là aussi du jouer dans les hésitations de la Fox). Cependant, Scott Derrickson réussit à être un bon réalisateur durant environ quarante minutes, quand on est face aux enjeux du contact extraterrestre ; mais après l'évasion de Klaatu, le film baisse très nettement d'intensité. Derrickson pouvant curieusement être moins à l'aise dans les scènes plus intimistes qui suivent, alors que c'est plutôt son point fort ; il est vrai qu'on sent là certainement l'effet des coupes opérées par la Fox, mais les facilités du scénario déjà évoquées jouent aussi. De plus, la métaphore de l'Arche de Noé, si elle ajoute de l'intensité dramatique, s'ajoute aux incohérences citées plus haut (les micro-machines ne seraient-elles tout simplement pas programmées pour ne détruire que ce qui est d'origine humaine, comme on semble d'ailleurs le voir à la fin ?). Il y a cependant quelques scènes qui atteignent une vraie intensité, telles la résurrection du policier et ses suites, et la confrontation au cimetière de Klaatu avec Jacob, tandis que les images télévisuelles aperçues en arrière-plan qui dressent un tableau de la situation mondiale entretiennent l'intérêt et une certaine tension, dans la lignée de l'introduction. Quant aux rares scènes d'action ou de catastrophe (loin de certaines critiques qui ont curieusement voulu en faire un film d'action/catastrophe "exagéré"), de par leur sobriété (ainsi la destruction de la brigade blindée) elles présentent une vraie originalité (un blockbuster de maintenant avec si peu de grand spectacle aurait peu de chances d'être accepté par les studios). On est également surpris par la radicalité de la fin, où si le pire est évité, on est à l'opposé d'une happy end, en se voyant offrir une "moins pire" de deux solutions qui se révèle cependant une catastrophe intégrale pour l'humanité, avec destruction complète de la civilisation industrielle (et famines, guerres de domination avec milliards de morts à la clé en résultant). La plus extrême depuis Los Angeles 2013 (mais c'était un film de John Carpenter !).
La réalisation de Scott Derrickson parvient donc juste à maintenir une certaine attention dans les deux derniers tiers de l'ensemble, mais il faut dire que le scénario, un peu court et empli d'incohérences, ne lui facilitait pas la tâche, David Scarpa s'étant attaqué à une tâche trop difficile pour lui. Car sinon les acteurs sont plutôt bons, Keanu Reeves remplissant donc bien son office, Kathy Bates, David Chandler et Jon Hamm n'ayant pas à rougir, et si le film avait paru alors être un accroc dans la carrière de Jennifer Connelly, il faut reconnaître que c'est de loin un de ses rôles les plus marquants, sinon le plus marquant, de ces quinze dernières années. Avec le temps, vue son audace subversive, qui n'est désormais plus envisageable (et résulterait en re-tournages de chapitres entiers, débouchant sur un édulcorage sinon complet du moins massif), et sa représentation hors des entiers battus des E.T.s et de leur gigantesque avance technologique, en dépit de ses défauts toujours aussi manifestes, je suis plus enclin à voir ce long-métrage avec de l'indulgence, même si on est toujours loin d'un chef-d'œuvre.
11/20
Helen Benson, professeur d'exobiologie de son état, est quasiment enlevée à son domicile par des agents du gouvernement des USA qui la contraignent à se rendre à une réunion très secrète avec d'autres savants réquisitionnés, où ils sont informés qu'un objet céleste non identifié se dirige à toute vitesse vers la Terre. Après avoir appris qu'un système de missiles qui devait être employé pour dévier l'objet a été désactivé, le directeur Michael Grenier, organisateur de la réunion, envoie l'équipe de savants vers le point d'impact, à New York. L'objet se révèle être un vaisseau spatial sphérique, à la surface brumeuse, d'où débarque un humanoïde. Celui-ci est abattu par un soldat, et a juste le temps de désactiver un robot géant chargé de le protéger, avant d'être emmené à un hôpital militaire sécurisé. Là, se revêtant d'une forme humaine, il révèle s'appeler Klaatu et être venu afin de faire une communication importante aux Nations-Unies...
Le jour du quinzième anniversaire de sa sortie en France et quelques autres pays (c'était deux jours plus tard aux USA), il est approprié d'en faire une revue, qui se révèle à certains égards instructives quand on le replace dans l'évolution du cinéma depuis. Lorsque je l'avais vu en salles, à cette même date, j'avais surtout en tête de comparer avec le film de Robert Wise, sur fond d'étonnement devant le manque apparent d'entrain de la Fox à le sortir, de polémiques d'abord sur un éventuel contact extra-terrestre ou sinon divulgation à venir (oui, dans les milieux intéressés, c'était un sujet brûlant), et ensuite sur les innombrables remakes, reboots, suites et préludes qui infestaient déjà le cinéma avant la mode Marvel, du manque flagrant d'imagination de l'industrie du cinéma qu'ils révélaient et de son aptitude à affadir de vieux chefs-d'œuvre en les mettant "au goût du jour" pour le plus grand plaisir d'un public abêti.
Bon, en toute honnêteté, par-delà ces considérations, cinquante-sept ans plus tard, une version mise à jour pouvait se justifier. Bien des nouvelles versions n'ont pas attendu une telle durée pour être tournées, loin s'en faut. Ensuite, le scénario faisait le choix de prendre certes un point de départ similaire, mais de donner un développement bien différent, et même à bien des égards à l'opposé (Klaatu vient cette fois délibérément interférer dans l'évolution tant de la Terre que de l'humanité), avec une conclusion entièrement distincte, et il faut le reconnaître, étrangement audacieuse, d'une audace qui ne serait sans doute plus acceptée aujourd'hui (et qui expliquait sans doute déjà les réticences de la Fox, qui avec le recul, ne savait manifestement pas quoi en faire). Cependant, ces choix avaient fait l'objet d'un traitement plutôt maladroit, débouchant sur un résultat artistique assez décevant. Pourtant, avec le temps, ses défauts n'apparaissent plus forcément aussi rédhibitoires, et je pense qu'on a été aussi sévère parce qu'à l'époque les standards étaient plus élevés, et c'est vraiment là qu'une nouvelle vision nous permet de mesurer le chemin parcouru - et il n'y a guère ce doutes que de nos jours, le film ferait l'objet de re-tournages de scènes entières, là où la Fox s'était alors contentée de quelques coupes. Il n'empêche que ses défauts étaient réels, déjà sous l'effet de ces coupes, qui affectaient certainement son rythme. Mais avant cela, il était plombé par un vraiment grand nombre de simplicités sinon facilités scénaristiques.
Ce n'est pas tellement le comportement stupide de la ministre de la Défense et de ses subordonnés, qui croient qu'ils peuvent tenir tête, et même contrôler une force capable d'une telle décélération depuis Jupiter, de mettre en berne leurs missiles et toutes leurs armes et sources d'énergie ; stupidité doublée d'une insupportable arrogance, car ils se croient autorisés à soustraire l'être venu d'ailleurs au reste de l'humanité, alors qu'il est là pour la contacter dans son ensemble. Les scénaristes ont bel et bien l'intention de montrer les responsables politiques et militaires des USA comme des brutes épaisses, militaristes et obsédées par le secret-défense et la manipulation de l'information, dans un but de défense minable de leur pouvoir, alors même qu'un événement dépassant toute l'humanité se déroule ; mais après tout, c'est ce qu'ils sont dans la réalité. On voit là d'ailleurs le chemin perçu depuis, car il est très peu vraisemblable qu'ils soient encore décrits ainsi dans une super-production (et peut là encore contribuer à expliquer pourquoi la direction de la Fox était si réticente). Mais il y a vraiment plusieurs erreurs et invraisemblances, tant scientifiques qu'au niveau opérationnel :
-Les "scientifiques" du gouvernement sont vraiment des gros nuls, s'ils sont incapables de comprendre qu'un objet qui ne se déplace pas en chute libre est contrôlé artificiellement. Cela signifie en effet qu'il reçoit une énergie extérieure, donc "non naturelle", donc qu'une intelligence est en jeu. Cela m'avait paru une incongruité dès ma première vision il y a quinze ans.
-Comment les gens du gouvernement peuvent-ils croire que leurs missiles sont capables d'arrêter un objet doté d'une telle énergie cinétique ? Il se déplace quand même à un dixième de la vitesse de la lumière. Des savants et des militaires devraient comprendre que Armageddon (le gros navet pompeux avec Bruce Willis), c'est du pipeau (même si on a vu apparaître un discours allant dans ce sens récemment).
-Pourquoi l'équipe de savants assemblés par Michael Granier est-elle envoyée sur le lieu de l'impact, s'ils pensent que ce dernier va tout détruire ? Cela pourrait avoir un sens s'ils s'attendaient à un contact extra-terrestre, mais ils sont apparemment toujours à ce moment dans leur trip météorite géante/astéroïde/comète/trou noir en vadrouille ou autre phénomène naturel.
- Même dans l'optique d'un contact avec une entité étrangère, il est anormal qu'ils soient envoyés en première ligne, pour des raisons de sécurité et d'efficacité évidentes.
Après, le scénario a cherché à se démarquer de l'original (le film de 1952, pas la nouvelle) en complexifiant le propos, et principalement les relations entre Klaatu et Helen Benson. C'est là que ça a pêché, ces relations sont un peu trop élaborées pour tenir dans un film de 1h40 de façon crédible. Klaatu décide déjà bien trop vite de détruire la race humaine après avoir été capturé et être allé consulter son collègue dans le restaurant, puis change à nouveau bien trop vite d'avis après avoir parlé avec le Pr Barnhardt (et ce dans un dialogue pas très emballant à vrai dire, en-deça de ce qu'on était en droit d'attendre) et avoir vu l'amour que porte Helen à son fils adoptif. Lors de son entretien avec Barnhardt, il révèle que son espèce a pu changer lorsqu'elle a été confrontée à un désastre stellaire, ce qui le fait réfléchir sur ce que les mêmes possibilités pourraient aussi s'offrir à l'humanité. Bien, mais ils n'avaient vraiment pas eu l'occasion de penser aux implications avant ? Bon, bien sûr, on répondra que sans ça il n'y aurait pas de film ! Mais il n'empêche que la simplicité de l'original marchait mieux. Et certains passages auraient vraiment mérité plus de développement.
Il est peu facile avec ça de ressentir grand chose pour les personnages principaux. D'abord parce que Jacob est conçu pour personnifier les défauts de l'humanité moderne, ne pensant qu'à court terme et embrigadé dans la haine de tout ce qui remet en cause son mode de vie, et réussit un peu trop bien. Ensuite en raison de la différence d'approche sur Klaatu. Michael Rennie jouait sur son charisme. Il portait une figure christique d'outre-monde ambigüe, un peu effrayante mais puissante, qui pouvait magnétiser quand il déclamait son message. Le remake met au contraire l'accent sur son inhumanité. Il est un être complètement étranger greffé sur un corps humain artificiel (ce dont on pouvait bien sûr se douter dans le premier, car quelle chance y-a-t'il pour qu'un E.T. ait un corps parfaitement humain ?, mais ce n'était au mieux que suggéré, et de toute façon l'époque était différente). Keanu Reeves était l'acteur parfait pour ça, certes, et il parvient vraiment par moments à lui donner un aspect inquiétant, vraiment extraterrestre, entre un faux détachement et une absence apparente complète d'empathie par son absence de réactions humaines, qui tranche avec son souci pour la Terre (ainsi dans la scène où il détruit les deux hélicoptères). Mais avec pour conséquence qu'il est moins facile de s'attacher à Klaatu (il est vrai que s'attacher à lui n'était probablement pas le but recherché).
Il faut reconnaître que le propos frappe par son audace par son approche écologiste extrême, ce qui serait là aussi très difficile à présenter dans un blockbuster de nos jours (et a là aussi du jouer dans les hésitations de la Fox). Cependant, Scott Derrickson réussit à être un bon réalisateur durant environ quarante minutes, quand on est face aux enjeux du contact extraterrestre ; mais après l'évasion de Klaatu, le film baisse très nettement d'intensité. Derrickson pouvant curieusement être moins à l'aise dans les scènes plus intimistes qui suivent, alors que c'est plutôt son point fort ; il est vrai qu'on sent là certainement l'effet des coupes opérées par la Fox, mais les facilités du scénario déjà évoquées jouent aussi. De plus, la métaphore de l'Arche de Noé, si elle ajoute de l'intensité dramatique, s'ajoute aux incohérences citées plus haut (les micro-machines ne seraient-elles tout simplement pas programmées pour ne détruire que ce qui est d'origine humaine, comme on semble d'ailleurs le voir à la fin ?). Il y a cependant quelques scènes qui atteignent une vraie intensité, telles la résurrection du policier et ses suites, et la confrontation au cimetière de Klaatu avec Jacob, tandis que les images télévisuelles aperçues en arrière-plan qui dressent un tableau de la situation mondiale entretiennent l'intérêt et une certaine tension, dans la lignée de l'introduction. Quant aux rares scènes d'action ou de catastrophe (loin de certaines critiques qui ont curieusement voulu en faire un film d'action/catastrophe "exagéré"), de par leur sobriété (ainsi la destruction de la brigade blindée) elles présentent une vraie originalité (un blockbuster de maintenant avec si peu de grand spectacle aurait peu de chances d'être accepté par les studios). On est également surpris par la radicalité de la fin, où si le pire est évité, on est à l'opposé d'une happy end, en se voyant offrir une "moins pire" de deux solutions qui se révèle cependant une catastrophe intégrale pour l'humanité, avec destruction complète de la civilisation industrielle (et famines, guerres de domination avec milliards de morts à la clé en résultant). La plus extrême depuis Los Angeles 2013 (mais c'était un film de John Carpenter !).
La réalisation de Scott Derrickson parvient donc juste à maintenir une certaine attention dans les deux derniers tiers de l'ensemble, mais il faut dire que le scénario, un peu court et empli d'incohérences, ne lui facilitait pas la tâche, David Scarpa s'étant attaqué à une tâche trop difficile pour lui. Car sinon les acteurs sont plutôt bons, Keanu Reeves remplissant donc bien son office, Kathy Bates, David Chandler et Jon Hamm n'ayant pas à rougir, et si le film avait paru alors être un accroc dans la carrière de Jennifer Connelly, il faut reconnaître que c'est de loin un de ses rôles les plus marquants, sinon le plus marquant, de ces quinze dernières années. Avec le temps, vue son audace subversive, qui n'est désormais plus envisageable (et résulterait en re-tournages de chapitres entiers, débouchant sur un édulcorage sinon complet du moins massif), et sa représentation hors des entiers battus des E.T.s et de leur gigantesque avance technologique, en dépit de ses défauts toujours aussi manifestes, je suis plus enclin à voir ce long-métrage avec de l'indulgence, même si on est toujours loin d'un chef-d'œuvre.
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Krampus, film fantastique de Michael DOUGHERTY (USA, 2015), sur un scénario de Todd CASEY, Michael DOUGHERTY, Zacvh SHIELDS, avec Adam SCOTT, Toni COLLETTE, David KOECHNER, Allison TOLMAN, Emjay ANTHONY, Stefania LAVIE OWEN, Krtista STADLER, Conchata FERRELL, Maverick FLACK, Queenie SAMUEL, Lolo OWEN...
Pour le jeune Max (E. Anthony), ce Noël est une épreuve : comme à l'accoutumé, il est l'occasion de voir réunie sa famille élargie, en l'occurrence sa famille nucléaire citadine, de tendance progressiste, et celle campagnarde et nettement moins raffinée de son oncle, aux idées très affirmées (et évidemment aux antipodes de celles de ses parents). Le courant ne passant pas très bien entre sa fratrie et ses deux cousines germaines, son intention imprudente de tourner le dos à l'esprit de la fête mène sans qu'il s'en rende compte à l'invocation d'une sorte de fée-démon liée à Noël, le Krampus. Les conséquences vont en être incontrôlables...
Le film d'horreur sur Noël et son apparat par excellence...
Michael Dougherty essaie clairement de marcher dans les pas de Joe Dante, que ce soit sur le plan de l'esprit, avec un ton oscillant entre satire voire parodie et épouvante bon teint, que sur celui des thèmes assortis d'un fort arrière-plan social, le questionnement de Noël revenant dans certains des films de Dante, dont Gremlins, le long-métrage auquel il est impossible de ne pas penser en regardant Krampus. Dougherty n'a peut-être pas la grande maîtrise de Dante pour ce qui est de manier le délicat équilibre entre ces approches, mais son pari est néanmoins assez réussi ; découpant son film en chapitres classiques, introduction des personnages et de l'acte entraînant les répercussions dramatiques à venir, montée de la tension, puis véritable sarabande d'effroi, il réussit à osciller entre comédie caustique même si bien appuyée, n'hésitant pas à jouer sur les clichés de l'opposition familiale entre progressistes des villes et réacs des champs, et véritable horreur. À laquelle il prend bien soin de donner un goût à l'ancienne, bien années 80 (le choix d'effets spéciaux par animatroniques n'étant pas pour peu dans la réussite de cette entreprise), ce qui le rapproche de son modèle. Le choix de s'intéresser au Krampus, une sorte de père fouettard à l'allure de dieu Pan du folklore austro-bavarois, peu connu en dehors de ces régions, est approprié pour s'attaquer à l'esprit de Noël, en même temps qu'il amène une vraie touche d'originalité.
Et au final, pour défendre cet esprit, un peu à la manière du conte des fantômes de Dickens. Cependant, le message selon lequel il convient de ne pas insulter cette fête et de savoir se dépasser à son occasion pour surmonter nos différences, ne serait-ce qu'une fois dans l'année, aurait pu nous laisser sur une sempiternelle happy-end, et c'est ce que tout le monde croît un moment, avant qu'on découvre qu'il n'en est rien. Une fin donc assez audacieuse, jouant même un instant sur la crainte que tout n'ait été qu'un rêve, avant que le doute ne soit levé.
Pas un chef-d'œuvre inoubliable comme l'est Gremlins, mais un bon moment approprié.
13,5/20
Pour le jeune Max (E. Anthony), ce Noël est une épreuve : comme à l'accoutumé, il est l'occasion de voir réunie sa famille élargie, en l'occurrence sa famille nucléaire citadine, de tendance progressiste, et celle campagnarde et nettement moins raffinée de son oncle, aux idées très affirmées (et évidemment aux antipodes de celles de ses parents). Le courant ne passant pas très bien entre sa fratrie et ses deux cousines germaines, son intention imprudente de tourner le dos à l'esprit de la fête mène sans qu'il s'en rende compte à l'invocation d'une sorte de fée-démon liée à Noël, le Krampus. Les conséquences vont en être incontrôlables...
Le film d'horreur sur Noël et son apparat par excellence...
Michael Dougherty essaie clairement de marcher dans les pas de Joe Dante, que ce soit sur le plan de l'esprit, avec un ton oscillant entre satire voire parodie et épouvante bon teint, que sur celui des thèmes assortis d'un fort arrière-plan social, le questionnement de Noël revenant dans certains des films de Dante, dont Gremlins, le long-métrage auquel il est impossible de ne pas penser en regardant Krampus. Dougherty n'a peut-être pas la grande maîtrise de Dante pour ce qui est de manier le délicat équilibre entre ces approches, mais son pari est néanmoins assez réussi ; découpant son film en chapitres classiques, introduction des personnages et de l'acte entraînant les répercussions dramatiques à venir, montée de la tension, puis véritable sarabande d'effroi, il réussit à osciller entre comédie caustique même si bien appuyée, n'hésitant pas à jouer sur les clichés de l'opposition familiale entre progressistes des villes et réacs des champs, et véritable horreur. À laquelle il prend bien soin de donner un goût à l'ancienne, bien années 80 (le choix d'effets spéciaux par animatroniques n'étant pas pour peu dans la réussite de cette entreprise), ce qui le rapproche de son modèle. Le choix de s'intéresser au Krampus, une sorte de père fouettard à l'allure de dieu Pan du folklore austro-bavarois, peu connu en dehors de ces régions, est approprié pour s'attaquer à l'esprit de Noël, en même temps qu'il amène une vraie touche d'originalité.
Et au final, pour défendre cet esprit, un peu à la manière du conte des fantômes de Dickens. Cependant, le message selon lequel il convient de ne pas insulter cette fête et de savoir se dépasser à son occasion pour surmonter nos différences, ne serait-ce qu'une fois dans l'année, aurait pu nous laisser sur une sempiternelle happy-end, et c'est ce que tout le monde croît un moment, avant qu'on découvre qu'il n'en est rien. Une fin donc assez audacieuse, jouant même un instant sur la crainte que tout n'ait été qu'un rêve, avant que le doute ne soit levé.
Pas un chef-d'œuvre inoubliable comme l'est Gremlins, mais un bon moment approprié.
13,5/20
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Rings, film d'horreur de F. Javier GUTTIÉREZ (2017), avec Matilda LUTZ, Alex ROE, Johny GALECKI, Vincent D'ONOFRIO, Aimee TEEGARDEN, Bonnie MORGAN...
Cette nouvelle déclinaison de la malédiction vidéo de Samara, qui reprend toutes les recettes des précédentes, a pour cette raison été assez mal reçue, beaucoup criant au manque d'originalité et à la servilité. Pourtant, plusieurs séquences sont vraiment réussies, particulièrement celle du début dans l'avion (qui tient du chef-d'œuvre, jouant sur les nerfs du spectateur en montrant jusqu'à quel point la malédiction de Samara peut se montrer obstinée, même lorsqu'elle se retrouve face à un environnement qui semblerait rebelle à sa manifestation), et parviennent à apporter quelques innovations par rapport aux premiers. Ainsi cette même séquence initiale, ou l'accent mis davantage sur les procédés retors auxquels les victimes potentielles de la malédiction sont acculées afin de refiler la malédiction à un autre. Après une première partie très axée sur l'angoisse pure, la deuxième partie se dégonfle quelque peu en se concentrant sur une enquête sur l'origine de la malédiction, plus poussée que dans les premiers épisodes ; avant de faire repartir la tension à la hausse tout à la fin. La révélations sur la vraie nature de Samara n'est cependant pas forcément très bienvenue, car elle veut faire de la franchise un nouvel exemple d'histoire à la The Omen de plus. Pas suffisant cependant pour gâcher complètement les qualités de ce film d'horreur assez bien mené.
12/20
Cette nouvelle déclinaison de la malédiction vidéo de Samara, qui reprend toutes les recettes des précédentes, a pour cette raison été assez mal reçue, beaucoup criant au manque d'originalité et à la servilité. Pourtant, plusieurs séquences sont vraiment réussies, particulièrement celle du début dans l'avion (qui tient du chef-d'œuvre, jouant sur les nerfs du spectateur en montrant jusqu'à quel point la malédiction de Samara peut se montrer obstinée, même lorsqu'elle se retrouve face à un environnement qui semblerait rebelle à sa manifestation), et parviennent à apporter quelques innovations par rapport aux premiers. Ainsi cette même séquence initiale, ou l'accent mis davantage sur les procédés retors auxquels les victimes potentielles de la malédiction sont acculées afin de refiler la malédiction à un autre. Après une première partie très axée sur l'angoisse pure, la deuxième partie se dégonfle quelque peu en se concentrant sur une enquête sur l'origine de la malédiction, plus poussée que dans les premiers épisodes ; avant de faire repartir la tension à la hausse tout à la fin. La révélations sur la vraie nature de Samara n'est cependant pas forcément très bienvenue, car elle veut faire de la franchise un nouvel exemple d'histoire à la The Omen de plus. Pas suffisant cependant pour gâcher complètement les qualités de ce film d'horreur assez bien mené.
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Oblivion, film de science-fiction de Joseph KOSINSKI (USA, 2013), sur un scénario de Karl GAJDUSEK, Michael ARNDT et Joseph KOSINSKI, avec Tom CRUISE, Morgan FREEMAN, Andrea RISEBOROUGH, Olga KURYLENKO, Nikolaj COSTER-WALDAU, Melissa LEO, Zoë BELL...
Après une invasion extra-terrestre de la Terre par les "Chacals", ceux-ci ayant échoué et étant réduits à des groupes épars, un ancien combattant est chargé d'extraire les ressources restantes de la Terre à bord d'un puissant vaisseau industriel. Mais il commence à noter des détails curieux, qui l'amènent à remettre peu à peu en cause sa mission...
A l'époque, j'avais été assez partagé avant de voir ce nouveau film grand spectacle de l'acteur vedette de blockbuster Tom Cruise. Ce qui m'avait décidé à me lancer, c'était la bande-annonce qui avait su éveiller ma curiosité, en raison de son opacité ; puis différents avis qui m'avaient conforté dans l'idée qu'il y avait là quelque chose de différent. Et ne l'avais pas regretté. Ce n'est certes pas une œuvre facile à appréhender, elle est même assez exigeante, choses qui me plaisent ; et depuis on peut considérer qu'elle est devenue un classique.
Plusieurs points ne sont pas clairs ou mal explicités. On pourrait y voir des incohérences, mais je pense que si l'histoire laisse quelques questions sans réponse, c'est afin d'amener le spectateur à faire travailler ses méninges. On peut ainsi trouver plusieurs explications au fait que le Tet ait employé des armées entières de clones pour ravager la Terre, ce qui semble au premier abord incohérent. S'il pouvait déshumaniser ses créatures, pourquoi n'a-t'il pas fait de même plus tard lorsqu'il les a envoyées protéger ses installations et entretenir les drones ? Peut-être parce qu'il s'est aperçu que ceux-ci devenaient difficiles à contrôler au bout d'un moment, leurs souvenirs ressurgissant. Ce motif représente une des lignes directrices principales du scénario, justifiant le réeffacement des mémoires (en réalité la suppression des clones et leur remplacement). Mais les événements se sont déjà déroulés sur une soixantaine d'années, et il est plausible que le Tet n'ait pas découvert tout de suite les défauts de ses créatures, la phase de bataille ayant été assez courte.
Plus fondamental serait le fait que le scénario emploie certains postulats de SF “classique”, très contestables en eux-mêmes. Une machine ou une forme de vie cybernétique/robotique extraterrestre, appelons-la comme on veut, qui se nourrirait des planètes n'aurait ainsi pas à priori de raisons de se diriger d'abord vers la Terre quand elle pénétrerait dans le système solaire. Elle exploiterait les planètes qu'elle rencontrerait en premier. La Terre n'est guère plus remarquable du point de vue des ressources que les autres (et qu'on ne me parle pas de l'eau liquide, une entité hyper-évoluée n'en aurait pas grand-chose à faire que l'eau soit liquide ou pas et disposerait à ce titre de gigantesques quantités de glace dans les bords extérieurs du système solaire). De même, les clones ne conservent pas les souvenirs des originaux. Mais ce sont là des raccourcis fréquents en SF, à accepter pour leur charge symbolique. Ce rôle du Tet se justifie parce qu'il est le symbole d'un impérialisme exploiteur, celui des clones parce qu'ils permettent de poser certaines questions au sujet de l'identité et du contrôle des individus.
Cela n'a donc pas été une raison suffisante de bouder mon plaisir devant un film de SF à l'ancienne. Empli d'interrogations et de rebondissements à la P. K. Dick, avec en plus la surprise de voir un récit sur l'exploration de l'espace comme il s'en faisait il y a trente ans. Et le traitement en mode blockbuster reste contenu. Les scènes d'action sont spectaculaires mais assez limitées pour être au service du récit et non l'inverse.
Après, est-il original ? Je pense que la réponse dépend de la familiarité du spectateur avec la SF spéculative. Personnellement, je m'attendais à un retournement de ce genre dès la bande-annonce. Les incohérences de la situation générale de la Terre et de l'humanité au début du film n'ont fait que renforcer mes soupçons. À quoi cela rimait de dire que les humains ont gagné la guerre contre les “chacals” s'ils doivent quitter la Terre et la laisser entre leurs mains ?
Mais le renversement de situation n'en est pas moins très efficace, et bien servi par des rythmes contemplatifs qui font bien ressentir le désarroi de Jack au fur et à mesure qu'il découvre sa vraie condition de pion d'une force étrangère. Toute la peinture assez rassurante de la normalité du quotidien de Jack et Vika se voit réinterprétée sous un angle d'humour noir très caustique. À un autre niveau de lecture, on peut voir derrière cette peinture et le but mensonger assigné aux forçats afin d'accepter leur misérable rôle une dénonciation de l'idéologie sociale du début du 21ème siècle, de la manipulation médiatique des masses, et plus généralement des structures religieuses. Jack et Vika ne sont au fond que des ouvriers-soldats au service d'une machine d'exploitation capitaliste.
Le récit a certes certains défauts. Je regrette que Vika soit délaissée à la fin. La prestation d'Olga Kurylenko est moyenne. La scène finale oblige encore le spectateur à travailler pour trouver toutes les réponses, mais ce que je lui reproche est d'apporter une touche un peu facile. Mais ils sont assez mineurs pour ne pas gâcher ce qui est une assez belle surprise.
15/20
Après une invasion extra-terrestre de la Terre par les "Chacals", ceux-ci ayant échoué et étant réduits à des groupes épars, un ancien combattant est chargé d'extraire les ressources restantes de la Terre à bord d'un puissant vaisseau industriel. Mais il commence à noter des détails curieux, qui l'amènent à remettre peu à peu en cause sa mission...
A l'époque, j'avais été assez partagé avant de voir ce nouveau film grand spectacle de l'acteur vedette de blockbuster Tom Cruise. Ce qui m'avait décidé à me lancer, c'était la bande-annonce qui avait su éveiller ma curiosité, en raison de son opacité ; puis différents avis qui m'avaient conforté dans l'idée qu'il y avait là quelque chose de différent. Et ne l'avais pas regretté. Ce n'est certes pas une œuvre facile à appréhender, elle est même assez exigeante, choses qui me plaisent ; et depuis on peut considérer qu'elle est devenue un classique.
Plusieurs points ne sont pas clairs ou mal explicités. On pourrait y voir des incohérences, mais je pense que si l'histoire laisse quelques questions sans réponse, c'est afin d'amener le spectateur à faire travailler ses méninges. On peut ainsi trouver plusieurs explications au fait que le Tet ait employé des armées entières de clones pour ravager la Terre, ce qui semble au premier abord incohérent. S'il pouvait déshumaniser ses créatures, pourquoi n'a-t'il pas fait de même plus tard lorsqu'il les a envoyées protéger ses installations et entretenir les drones ? Peut-être parce qu'il s'est aperçu que ceux-ci devenaient difficiles à contrôler au bout d'un moment, leurs souvenirs ressurgissant. Ce motif représente une des lignes directrices principales du scénario, justifiant le réeffacement des mémoires (en réalité la suppression des clones et leur remplacement). Mais les événements se sont déjà déroulés sur une soixantaine d'années, et il est plausible que le Tet n'ait pas découvert tout de suite les défauts de ses créatures, la phase de bataille ayant été assez courte.
Plus fondamental serait le fait que le scénario emploie certains postulats de SF “classique”, très contestables en eux-mêmes. Une machine ou une forme de vie cybernétique/robotique extraterrestre, appelons-la comme on veut, qui se nourrirait des planètes n'aurait ainsi pas à priori de raisons de se diriger d'abord vers la Terre quand elle pénétrerait dans le système solaire. Elle exploiterait les planètes qu'elle rencontrerait en premier. La Terre n'est guère plus remarquable du point de vue des ressources que les autres (et qu'on ne me parle pas de l'eau liquide, une entité hyper-évoluée n'en aurait pas grand-chose à faire que l'eau soit liquide ou pas et disposerait à ce titre de gigantesques quantités de glace dans les bords extérieurs du système solaire). De même, les clones ne conservent pas les souvenirs des originaux. Mais ce sont là des raccourcis fréquents en SF, à accepter pour leur charge symbolique. Ce rôle du Tet se justifie parce qu'il est le symbole d'un impérialisme exploiteur, celui des clones parce qu'ils permettent de poser certaines questions au sujet de l'identité et du contrôle des individus.
Cela n'a donc pas été une raison suffisante de bouder mon plaisir devant un film de SF à l'ancienne. Empli d'interrogations et de rebondissements à la P. K. Dick, avec en plus la surprise de voir un récit sur l'exploration de l'espace comme il s'en faisait il y a trente ans. Et le traitement en mode blockbuster reste contenu. Les scènes d'action sont spectaculaires mais assez limitées pour être au service du récit et non l'inverse.
Après, est-il original ? Je pense que la réponse dépend de la familiarité du spectateur avec la SF spéculative. Personnellement, je m'attendais à un retournement de ce genre dès la bande-annonce. Les incohérences de la situation générale de la Terre et de l'humanité au début du film n'ont fait que renforcer mes soupçons. À quoi cela rimait de dire que les humains ont gagné la guerre contre les “chacals” s'ils doivent quitter la Terre et la laisser entre leurs mains ?
Mais le renversement de situation n'en est pas moins très efficace, et bien servi par des rythmes contemplatifs qui font bien ressentir le désarroi de Jack au fur et à mesure qu'il découvre sa vraie condition de pion d'une force étrangère. Toute la peinture assez rassurante de la normalité du quotidien de Jack et Vika se voit réinterprétée sous un angle d'humour noir très caustique. À un autre niveau de lecture, on peut voir derrière cette peinture et le but mensonger assigné aux forçats afin d'accepter leur misérable rôle une dénonciation de l'idéologie sociale du début du 21ème siècle, de la manipulation médiatique des masses, et plus généralement des structures religieuses. Jack et Vika ne sont au fond que des ouvriers-soldats au service d'une machine d'exploitation capitaliste.
Le récit a certes certains défauts. Je regrette que Vika soit délaissée à la fin. La prestation d'Olga Kurylenko est moyenne. La scène finale oblige encore le spectateur à travailler pour trouver toutes les réponses, mais ce que je lui reproche est d'apporter une touche un peu facile. Mais ils sont assez mineurs pour ne pas gâcher ce qui est une assez belle surprise.
15/20
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Get out, film fantastique écrit et réalisé par Jordan PEELE (USA, 2017), avec Daniel KALUYA, Allison WILLIAMS, Bradley WHITFORD, Catherine KEENER, Caleb LANDRY JONES, Marcus HENDERSON, Betty GABRIEL, LaKeith STANFIELD, Stephen ROOT, Lil Rel HOWERY, ASHLEY LeCONTE CAMPBELL, John WILMOT, Caren L. LARKEY...
Chris WASHINGTON (D. Kaluya), un étudiant noir, se rend avec sa petite amie blanche Rose Armitage (A. Williams) rendre visite aux parents de cette dernière pour un week-end. Ceux-ci, qui se présentent comme de bons grands bourgeois libéraux se voulant bienveillants, exhibent cependant des comportements un peu inquiétants, que Chris interprète d'abord comme autant de signes qu'ils ne sont pas autant à l'aise avec la liaison interraciale de leur fille qu'ils veulent bien le faire croire. Mais des vérités plus troubles paraissent progressivement émerger...
Avec ce film caustique, aux multiples niveaux de lecture, Jordan Peele amène comme à son habitude le point de vue d'un artiste afro-américain qui ne se contente pas d'être récupéré par le système hollywoodien pour écrire et réaliser des histoires repeintes en blanc, mais amène vraiment les perspectives qu'un noir vivant dans un système raciste dominé par les blancs ressent tous les jours. Cependant, il va plus loin que la simple question du racisme, car c'est un thème que, d'un point de vue frontal, il n'évoque finalement qu'assez à la marge (avec le flic raciste et certains rappels des problèmes qu'un noir peut rencontrer quotidiennement aux USA, mais ça ne suffirait pas à en faire un pamphlet anti-raciste, simplement un film qui rappele que tout n'est pas rose pour un noir dans ce pays). On l'avait beaucoup évoqué dans sa campagne de promotion, par paresse, par désir de faire parler, à moins que ce n'ait été tout simplement de lancer sur une fausse piste, de dissimuler le fait que les sujets traités sont beaucoup plus variés, et donnent au film une profondeur plus grande que celle d'un simple film anti-raciste exprimant le point de vue d'un noir, très différent de celui d'un blanc. Et il est certain que Peele amène des perspectives inhabituelles, mais souvent là où on ne l'attend pas, et qui doit faire rire jaune de nombreux progressistes. Ainsi quand il ose dépeindre ces bons bourgeois blancs qui tiennent du libéral très condescendant (la scène où le père Armitage explique tout de go à Chris Washington qu'il aurait bien voté une troisième fois pour Obama, sans que ce dernier amène en rien la conversation sur le sujet, est à cet égard éclairante). Satire grinçante de la gauche caviar, ou gauche en limousine comme on dit aux USA, volontiers adeptes d'un racisme inversé qui veut que les noirs soient physiquement supérieurs (même si ce n'est pas forcément toujours évident, après tout quand on voit que Rose Armitage se base sur les listes des espoirs sportifs des universités pour trouver ses proies, il se trouve simplement que la plupart des espoirs en athlétisme sont noirs, sans que rien indique donc que ses proies soient recherchés spécifiquement pour leur couleur), mais pas toujours exempts de racisme classique en dépit de leurs prétentions, car le patriarche Armitage glisse brièvement que les Blancs sont au contraire intellectuellement supérieurs.
Mais le racisme "bienveillant" (en "compensation" de leur adhésion à certains préjugés intellectuels) de ces bourgeois blancs supposément progressistes se retrouve mêlé à un profond classisme, qui imprègne chacun de leurs actes. À vrai dire, la question du racisme reste indissociable du rapport de domination économico-social qui existe entre les communautés noires et blanches. Ces "libéraux" restent basiquement de grands bourgeois blancs qui considèrent comme allant de soi que les classes inférieures soient à leur service. Au point qu'ils puissent aller aller à se comporter comme étant tout à l'opposé de racistes, paraissant n'en avoir vraiment rien à faire de la race ou de la couleur de peau de leurs proies. Et que loin de faire de leurs victimes noires leurs esclaves, comme on en peut en avoir l'impression lorsqu'on découvre au début certaines d'entre elles (solution facile, trop facile comme on le voit assez vite), ils les utilisent pour "transférer" leurs cerveaux dans leurs corps afin de prolonger un semblant d'existence ! C'est peut-être là qu'est le message le plus violent que délivre le film, sa vraie cible serait à chercher du côté des "transhumanistes". Et de la propension de certains d'entre eux, de la haute société, à traiter les classes populaires comme des faire-valoir dont ils peuvent s'accommoder comme bon leur semble.
Il n'y a aucun doute que les vilains du film relèvent de cette idéologie, jusqu'à l'obsession. Car quand on parle de transfert des capacités mentales, cela prête à sourire, vu l'état de béatitude dans lequel sont plongées les transférés/lobotomisés. Ce qui me mène à voir là de riches angoissés qui cherchent un moyen désespéré de prolonger leur existence à tout prix, même à celui de leur intégrité mentale.
Une grille de lecture multiple, donc. Ainsi, quand Rose Armitage empêche le policier blanc raciste de contrôler son ami noir, quand on y réfléchit à deux fois, on peut estimer qu'elle ne le fait pas par désir de contrer un acte de racisme, mais parce que si l'identité de ce dernier était relevée, cela pourrait donner une piste permettant de remonter à lui une fois qu'il sera devenu la victime d'un transfert. Peele nous offre aussi une scène aussi drôle que consternante où Rod Williams, le copain policier de Chris Washington, se retrouve face à trois policiers butés, alors que tous sont noirs (et s'il est compréhensible qu'ils soient sceptiques, la femme est insupportable de stupidité, une vraie tête-à-claques), un détail lourd de signification sur ce que le propos du film est ou n'est pas, ; quand il nous montre que les noirs peuvent être tout aussi fermés et bornés que les blancs (critique possible de ce qu'ils peuvent entièrement intérioriser les codes et façons de penser de la société dominée par les blancs, l'inspectrice se comportant au passage comme une féministe ultra-remontée).
Un récit qui tient en fait d'un croisement entre La porte des secrets et Frankenstein, qui évolue entre suspense angoissant (beaucoup) et horreur gore et viscérale (un petit peu, mais vraiment extrême, on peut dire que la qualité compense le manque de quantité), mais dont la force repose surtout sur la surprise, choquante, et le jeu de fausses pistes. Et, les métaphores sous-jacentes. J'aurais aimé par contre que la fin soit plus proche de celle qui était initialement envisagée, au moins avec une mort de Chris Washington abattu par la police, et que le "divertissement" béat soit laissé de côté. Dans tous les cas, il paraît quand même difficile d'imaginer comment Chris et Rod vont faire pour effacer toutes traces du premier, et il n'est pas tiré d'affaire.
S'il n'est pas transcendant, le sujet devrait assurer qu'il reste dans les mémoires.
13,5/20
Chris WASHINGTON (D. Kaluya), un étudiant noir, se rend avec sa petite amie blanche Rose Armitage (A. Williams) rendre visite aux parents de cette dernière pour un week-end. Ceux-ci, qui se présentent comme de bons grands bourgeois libéraux se voulant bienveillants, exhibent cependant des comportements un peu inquiétants, que Chris interprète d'abord comme autant de signes qu'ils ne sont pas autant à l'aise avec la liaison interraciale de leur fille qu'ils veulent bien le faire croire. Mais des vérités plus troubles paraissent progressivement émerger...
Avec ce film caustique, aux multiples niveaux de lecture, Jordan Peele amène comme à son habitude le point de vue d'un artiste afro-américain qui ne se contente pas d'être récupéré par le système hollywoodien pour écrire et réaliser des histoires repeintes en blanc, mais amène vraiment les perspectives qu'un noir vivant dans un système raciste dominé par les blancs ressent tous les jours. Cependant, il va plus loin que la simple question du racisme, car c'est un thème que, d'un point de vue frontal, il n'évoque finalement qu'assez à la marge (avec le flic raciste et certains rappels des problèmes qu'un noir peut rencontrer quotidiennement aux USA, mais ça ne suffirait pas à en faire un pamphlet anti-raciste, simplement un film qui rappele que tout n'est pas rose pour un noir dans ce pays). On l'avait beaucoup évoqué dans sa campagne de promotion, par paresse, par désir de faire parler, à moins que ce n'ait été tout simplement de lancer sur une fausse piste, de dissimuler le fait que les sujets traités sont beaucoup plus variés, et donnent au film une profondeur plus grande que celle d'un simple film anti-raciste exprimant le point de vue d'un noir, très différent de celui d'un blanc. Et il est certain que Peele amène des perspectives inhabituelles, mais souvent là où on ne l'attend pas, et qui doit faire rire jaune de nombreux progressistes. Ainsi quand il ose dépeindre ces bons bourgeois blancs qui tiennent du libéral très condescendant (la scène où le père Armitage explique tout de go à Chris Washington qu'il aurait bien voté une troisième fois pour Obama, sans que ce dernier amène en rien la conversation sur le sujet, est à cet égard éclairante). Satire grinçante de la gauche caviar, ou gauche en limousine comme on dit aux USA, volontiers adeptes d'un racisme inversé qui veut que les noirs soient physiquement supérieurs (même si ce n'est pas forcément toujours évident, après tout quand on voit que Rose Armitage se base sur les listes des espoirs sportifs des universités pour trouver ses proies, il se trouve simplement que la plupart des espoirs en athlétisme sont noirs, sans que rien indique donc que ses proies soient recherchés spécifiquement pour leur couleur), mais pas toujours exempts de racisme classique en dépit de leurs prétentions, car le patriarche Armitage glisse brièvement que les Blancs sont au contraire intellectuellement supérieurs.
Mais le racisme "bienveillant" (en "compensation" de leur adhésion à certains préjugés intellectuels) de ces bourgeois blancs supposément progressistes se retrouve mêlé à un profond classisme, qui imprègne chacun de leurs actes. À vrai dire, la question du racisme reste indissociable du rapport de domination économico-social qui existe entre les communautés noires et blanches. Ces "libéraux" restent basiquement de grands bourgeois blancs qui considèrent comme allant de soi que les classes inférieures soient à leur service. Au point qu'ils puissent aller aller à se comporter comme étant tout à l'opposé de racistes, paraissant n'en avoir vraiment rien à faire de la race ou de la couleur de peau de leurs proies. Et que loin de faire de leurs victimes noires leurs esclaves, comme on en peut en avoir l'impression lorsqu'on découvre au début certaines d'entre elles (solution facile, trop facile comme on le voit assez vite), ils les utilisent pour "transférer" leurs cerveaux dans leurs corps afin de prolonger un semblant d'existence ! C'est peut-être là qu'est le message le plus violent que délivre le film, sa vraie cible serait à chercher du côté des "transhumanistes". Et de la propension de certains d'entre eux, de la haute société, à traiter les classes populaires comme des faire-valoir dont ils peuvent s'accommoder comme bon leur semble.
Il n'y a aucun doute que les vilains du film relèvent de cette idéologie, jusqu'à l'obsession. Car quand on parle de transfert des capacités mentales, cela prête à sourire, vu l'état de béatitude dans lequel sont plongées les transférés/lobotomisés. Ce qui me mène à voir là de riches angoissés qui cherchent un moyen désespéré de prolonger leur existence à tout prix, même à celui de leur intégrité mentale.
Une grille de lecture multiple, donc. Ainsi, quand Rose Armitage empêche le policier blanc raciste de contrôler son ami noir, quand on y réfléchit à deux fois, on peut estimer qu'elle ne le fait pas par désir de contrer un acte de racisme, mais parce que si l'identité de ce dernier était relevée, cela pourrait donner une piste permettant de remonter à lui une fois qu'il sera devenu la victime d'un transfert. Peele nous offre aussi une scène aussi drôle que consternante où Rod Williams, le copain policier de Chris Washington, se retrouve face à trois policiers butés, alors que tous sont noirs (et s'il est compréhensible qu'ils soient sceptiques, la femme est insupportable de stupidité, une vraie tête-à-claques), un détail lourd de signification sur ce que le propos du film est ou n'est pas, ; quand il nous montre que les noirs peuvent être tout aussi fermés et bornés que les blancs (critique possible de ce qu'ils peuvent entièrement intérioriser les codes et façons de penser de la société dominée par les blancs, l'inspectrice se comportant au passage comme une féministe ultra-remontée).
Un récit qui tient en fait d'un croisement entre La porte des secrets et Frankenstein, qui évolue entre suspense angoissant (beaucoup) et horreur gore et viscérale (un petit peu, mais vraiment extrême, on peut dire que la qualité compense le manque de quantité), mais dont la force repose surtout sur la surprise, choquante, et le jeu de fausses pistes. Et, les métaphores sous-jacentes. J'aurais aimé par contre que la fin soit plus proche de celle qui était initialement envisagée, au moins avec une mort de Chris Washington abattu par la police, et que le "divertissement" béat soit laissé de côté. Dans tous les cas, il paraît quand même difficile d'imaginer comment Chris et Rod vont faire pour effacer toutes traces du premier, et il n'est pas tiré d'affaire.
S'il n'est pas transcendant, le sujet devrait assurer qu'il reste dans les mémoires.
13,5/20
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Enlèvement, film fantastique de Clay STAUB (Devil's gate, 2018, Canada), sur un scénario de Peter APERLO et Clay STAUB, avec Amanda SCHULL, Shawn ASHMORE, Milo VENTIMIGLIA, Bridget REGAN, Jonathan FRAKES, Sarah CONSTIBLE, Beverly NDUKWU, Jan SKENE...
L'agente spéciale du FBI Daria Francis (A. Schull) est envoyée dans la petite ville de Devil's Gate, dans le Dakota du Nord, afin d'enquêter sur la disparition d'une fermière, Maria Pritchard (B. Regan), et de son fils. Elle soupçonne leur mari et père, Jackson Pritchard (M. Ventimiglia), d'être le coupable, mais se heurte au scepticisme du shériff Gruenwell (J. Frakes). L'adjoint Conrad "Colt" Salter (S. Ashmore) accompagne Francis, qui suite à une conversation avec la sœur de la disparue pense que J. Pritchard pourrait cacher dans leur ferme sa femme et son fils. Arrivés à sa demeure, ils sont menacés par Jackson, et après l'avoir arrêté, Francis se rend à l'intérieur de la ferme, sans se douter de la surprise qui l'attend...
Cette production Netflix tente de compenser sa facture de petit film d'horreur en campagne très classique dans son approche, avec ses étapes habituelles, en surprenant au niveau du scénario et de la nature de la menace. Alors que le cadre, le titre et les premiers développements laissent logiquement penser au début à une affaire de culte diabolique, l'histoire s'oriente vers une histoire d'enlèvement extra-terrestre, un thème en déclin ces dernières années (et qui, contrairement à ce que disent certains grincheux de mauvaise foi, à moins qu'ils ne souffrent d'hallucinations, n'a pas souvent été traité au cinéma). Qui plus est, des enlèvements à répétition, sur plusieurs générations. La présence d'un agent du FBI ne trompant pas, il y a une volonté de séduire un public proche de X-Files, un public justement souvent oublié récemment. Sinon, le film tient la distance du point de la réalisation, tant dans les relations entre personnages que dans l'ambiance d'angoisse et par les effets spéciaux, corrects compte-tenu d'un budget restreint, et de celui interprétation, plusieurs noms connus étant présents.
13/20
L'agente spéciale du FBI Daria Francis (A. Schull) est envoyée dans la petite ville de Devil's Gate, dans le Dakota du Nord, afin d'enquêter sur la disparition d'une fermière, Maria Pritchard (B. Regan), et de son fils. Elle soupçonne leur mari et père, Jackson Pritchard (M. Ventimiglia), d'être le coupable, mais se heurte au scepticisme du shériff Gruenwell (J. Frakes). L'adjoint Conrad "Colt" Salter (S. Ashmore) accompagne Francis, qui suite à une conversation avec la sœur de la disparue pense que J. Pritchard pourrait cacher dans leur ferme sa femme et son fils. Arrivés à sa demeure, ils sont menacés par Jackson, et après l'avoir arrêté, Francis se rend à l'intérieur de la ferme, sans se douter de la surprise qui l'attend...
Cette production Netflix tente de compenser sa facture de petit film d'horreur en campagne très classique dans son approche, avec ses étapes habituelles, en surprenant au niveau du scénario et de la nature de la menace. Alors que le cadre, le titre et les premiers développements laissent logiquement penser au début à une affaire de culte diabolique, l'histoire s'oriente vers une histoire d'enlèvement extra-terrestre, un thème en déclin ces dernières années (et qui, contrairement à ce que disent certains grincheux de mauvaise foi, à moins qu'ils ne souffrent d'hallucinations, n'a pas souvent été traité au cinéma). Qui plus est, des enlèvements à répétition, sur plusieurs générations. La présence d'un agent du FBI ne trompant pas, il y a une volonté de séduire un public proche de X-Files, un public justement souvent oublié récemment. Sinon, le film tient la distance du point de la réalisation, tant dans les relations entre personnages que dans l'ambiance d'angoisse et par les effets spéciaux, corrects compte-tenu d'un budget restreint, et de celui interprétation, plusieurs noms connus étant présents.
13/20
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Ready Player One, film de science-fiction de Steven SPIELBERG (USA-Inde, 2018), sur un scénario de Zak PENN et Ernest CLINE d'après le roman de ce dernier, avec Tye SHERIDAN, Olivia COOKE, Ben MENDLESOHN, Lena WAITHE, T. J. MILLER, Simon PEGG, Mark RYLANCE, Philip ZHAO...
En 2045, la vie est tellement dure que de nombreuses personnes vont chercher l'évasion dans un immense univers virtuel interactif dénommé OASIS. Quand James Halliday (M. .Rylance), le fondateur de ce dernier, meurt, est délivrée au public une vidéo où il lance un défi aux joueurs de son monde virtuel : une chasse au trésor, dont le vainqueur héritera de sa fortune. Wade Watte alias Parzival (T. Sheridan), un des nombreux geeks visés, décide de tenter sa chance...
Que dire de cette nouvelle grosse machine de Spielberg, encore plus ambitieuse qu'à l'habitude (au point de sortir une campagne promotionnelle insistant lourdement sur cette ambition de faire un film référence sur la culture hollywoodienne fantastique de ces 40 dernières années) ? Batailles virtuelles à gogo, déversement d'effets visuels à tout va, références culturelles multiples qu'on doit s'amuser à repérer, on en sort forcément un peu étourdi. Oui, c'est généreux, fait avec du cœur, cette volonté de célébration de la culture de deux générations de cinéphiles et de joueurs vidéos tant vantée est bel et bien présente, et beaucoup de ces cibles seront ravies d'y retrouver leurs passions. Mais au niveau du résultat, ça ne nourrit pas son homme. Car finalement, ce n'est qu'un Spy Kids avec de plus gros moyens. À de nombreux égards, on peut même dire que l'exercice auquel il se livre parvient au but inverse de celui qu'il recherche : il représente en fait un des plus grands travaux de démontage de cette tradition du cinéma qu'il entend célébrer. Cela parce qu'en raison de son enthousiasme naïf, il ressort de façon éclatante qu'il n'y a aucune distance entre ce média cinématographique et la culture populaire qu'il convoie, cibles de son hommage, et le jeu vidéo survolté que représente la Matrice – pardon, l'Oasis. Car malheureusement, par cette débauche d'effets spéciaux, ce kaléidoscope d'univers artificiels grandioses, empreints de ces références à tout va à tout un aréopage de films, sa représentation de foules de geeks/joueurs en réalité virtuelle qui sont autant de métaphores de la motion-capture, il ne peut pas éviter de nous rappeler cette réalité désolante que le cinéma hollywoodien à gros budget n'est depuis longtemps plus qu'un grand jeu vidéo à surenchère d'effets visuels si semblable à celui pour lequel les protagonistes luttent. Et si Spielberg s'échine à nous faire détester les grands méchants, qui sont définis comme tels parce qu'ils veulent faire payer l'accès à la Matrice, il lui est bien difficile de nous faire oublier qu'il leur ressemble en cela exactement. Un producteur et un réalisateur qui est un rouage essentiel de cette machine à générer et empocher des millions qu'est Hollywood.
Alors, par ses qualités de réalisation et son esthétique visuelle, ça a tout pour plaire au jeune spectateur moderne. Moins à mes yeux au vrai cinéphile, qui risque surtout de n'y voir qu'un film de Marvel qui se laisse déborder par sa débauche de moyens et se prend trop au sérieux.
9,5/20
En 2045, la vie est tellement dure que de nombreuses personnes vont chercher l'évasion dans un immense univers virtuel interactif dénommé OASIS. Quand James Halliday (M. .Rylance), le fondateur de ce dernier, meurt, est délivrée au public une vidéo où il lance un défi aux joueurs de son monde virtuel : une chasse au trésor, dont le vainqueur héritera de sa fortune. Wade Watte alias Parzival (T. Sheridan), un des nombreux geeks visés, décide de tenter sa chance...
Que dire de cette nouvelle grosse machine de Spielberg, encore plus ambitieuse qu'à l'habitude (au point de sortir une campagne promotionnelle insistant lourdement sur cette ambition de faire un film référence sur la culture hollywoodienne fantastique de ces 40 dernières années) ? Batailles virtuelles à gogo, déversement d'effets visuels à tout va, références culturelles multiples qu'on doit s'amuser à repérer, on en sort forcément un peu étourdi. Oui, c'est généreux, fait avec du cœur, cette volonté de célébration de la culture de deux générations de cinéphiles et de joueurs vidéos tant vantée est bel et bien présente, et beaucoup de ces cibles seront ravies d'y retrouver leurs passions. Mais au niveau du résultat, ça ne nourrit pas son homme. Car finalement, ce n'est qu'un Spy Kids avec de plus gros moyens. À de nombreux égards, on peut même dire que l'exercice auquel il se livre parvient au but inverse de celui qu'il recherche : il représente en fait un des plus grands travaux de démontage de cette tradition du cinéma qu'il entend célébrer. Cela parce qu'en raison de son enthousiasme naïf, il ressort de façon éclatante qu'il n'y a aucune distance entre ce média cinématographique et la culture populaire qu'il convoie, cibles de son hommage, et le jeu vidéo survolté que représente la Matrice – pardon, l'Oasis. Car malheureusement, par cette débauche d'effets spéciaux, ce kaléidoscope d'univers artificiels grandioses, empreints de ces références à tout va à tout un aréopage de films, sa représentation de foules de geeks/joueurs en réalité virtuelle qui sont autant de métaphores de la motion-capture, il ne peut pas éviter de nous rappeler cette réalité désolante que le cinéma hollywoodien à gros budget n'est depuis longtemps plus qu'un grand jeu vidéo à surenchère d'effets visuels si semblable à celui pour lequel les protagonistes luttent. Et si Spielberg s'échine à nous faire détester les grands méchants, qui sont définis comme tels parce qu'ils veulent faire payer l'accès à la Matrice, il lui est bien difficile de nous faire oublier qu'il leur ressemble en cela exactement. Un producteur et un réalisateur qui est un rouage essentiel de cette machine à générer et empocher des millions qu'est Hollywood.
Alors, par ses qualités de réalisation et son esthétique visuelle, ça a tout pour plaire au jeune spectateur moderne. Moins à mes yeux au vrai cinéphile, qui risque surtout de n'y voir qu'un film de Marvel qui se laisse déborder par sa débauche de moyens et se prend trop au sérieux.
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Under the skin, film fantastique de Jonathan GLAZER (USA/Grande-Bretagne/Suisse, 2013), sur un scénario de Walter CAMPBELL, Milo ADDICA et Jonathan GLAZER d'après le roman de Michel FABER, avec Scarlett JOHANSSON; Jeremy McWILLIAMS, Mynsay TAYLOR MACKAY, Dougie McCONNELL, Kevin McALINDEN, D. MEADE, Andrew GORMAN, Paul BRANNIGAN...
Une entité extraterrestre a revêtu la forme d'une humaine et se sert de cette dernière afin d'attirer des victimes de sexe masculin dans des lieux désolés d'Écosse, qu'elle semble consumer. Mais progressivement, elle semble affectée par cette vie sur Terre, et ses émotions se mettent à changer...
À bien des égards, c'est une œuvre très inhabituelle, sous un scénario qui à première vue pourrait pourtant paraître banal. Car il n'y a rien d'inhabituel dans le thème de l'extra-terrestre se promenant parmi nous sous apparence humaine, et guère plus que celle-ci soit féminine afin d'user de ses charmes pour choisir des victimes mâles - il suffit par exemple de penser au 16ème épisode de la deuxième série The outer limits, avec Alyssa Milano dans le rôle titre. Mais justement, il ne présente habituellement qu'une créature motivée par le désir de consumer sexuellement ses victimes dans une ivresse mortelle, une métaphore de la femme fatale ou de la mante religieuse. Là, le personnage de Scarlett Johanson n'est guidé par aucune pulsion sexuelle, son apparence n'est destinée qu'à leurrer ses proies, elle ne ressent elle-même aucun attrait pour les humains ; et si consumation il y a, elle n'est dotée d'aucun aspect sexuel, les hommes qu'elle attire vers la mort étant apparemment dépouillés de leur chair dans un but purement industriel. Si ce comportement apparaît purement froid et clinique, dépourvu tant d'empathie que de haine envers ses victimes, l'approche de Jonathan Glazer est pourtant empreinte d'aspects oniriques et extatiques, versant tant dans le vertige de l'anéantissement que dans le trip éthéré et planant, et la fable existentielle. Que ne démentent pas le caractère mystérieux de la mission des extraterrestres, leur caractère distant et implacable, qui renforce l'impression que toute l'histoire est filmée d'un point de vue lointain et étranger, et en même temps réaliste et terre-à-terre, par son cadre gris et triste. La décision d'utiliser des gens normaux en guise d'acteurs pour certaines scènes, voire des personnes qui n'étaient même pas au courant qu'elles étaient filmées, est à cet égard géniale. Tout comme le fait d'utiliser une personne vraiment défigurée par la neurofibromatose, dans une scène de séduction bluffante par ce qu'on pourrait appeler son surréalisme paradoxal. Et qui, d'une façon terrifiante au second degré, renvoie à l'inhumanité du prédateur d'outre-espace. À cet égard, la longue scène où une famille de baigneurs se noie en laissant leur enfant en pleurs sur la plage tandis que l'être de l'espace vaque tranquillement à ses occupations sans réagir le moins du monde est encore plus glaçante, un vrai sommet d'épouvante psychologique.
La suite du film semble embrayer sur la révolte existentielle de "l'appât", qui souhaite se détacher de ce rôle, au risque de s'attirer les foudres de ses compagnons. C'est l'occasion d'une fuite au milieu de paysages désormais ruraux mais aussi mornes, et en même temps étonnamment séduisants par leur caractère sauvage brut. On peut d'ailleurs se demander si la femme dont elle prend les habits au début n'est pas une semblable qui a connu elle aussi les mêmes affres. La prédatrice livre alors un visage vulnérable, la fin la laissant dans l'expectative sur un dernier plan envoutant, une fois dépouillée de son enveloppe humaine (seul vrai regret du film, l'apparence beaucoup trop banale de l'extraterrestre). Certainement, un film bizarre, qui à l'époque des productions survoltées et superficielles ne peut pas satisfaire tout le monde par son rythme lent et souvent contemplatif, nécessaire cependant pour présenter le point de vue étranger sur un monde humain qu'il découvre progressivement. Le genre d'œuvre qui parle surtout à un niveau inconscient, et très bien servie par l'interprétation toute en nuances simples de son actrice principale.
14/20
Une entité extraterrestre a revêtu la forme d'une humaine et se sert de cette dernière afin d'attirer des victimes de sexe masculin dans des lieux désolés d'Écosse, qu'elle semble consumer. Mais progressivement, elle semble affectée par cette vie sur Terre, et ses émotions se mettent à changer...
À bien des égards, c'est une œuvre très inhabituelle, sous un scénario qui à première vue pourrait pourtant paraître banal. Car il n'y a rien d'inhabituel dans le thème de l'extra-terrestre se promenant parmi nous sous apparence humaine, et guère plus que celle-ci soit féminine afin d'user de ses charmes pour choisir des victimes mâles - il suffit par exemple de penser au 16ème épisode de la deuxième série The outer limits, avec Alyssa Milano dans le rôle titre. Mais justement, il ne présente habituellement qu'une créature motivée par le désir de consumer sexuellement ses victimes dans une ivresse mortelle, une métaphore de la femme fatale ou de la mante religieuse. Là, le personnage de Scarlett Johanson n'est guidé par aucune pulsion sexuelle, son apparence n'est destinée qu'à leurrer ses proies, elle ne ressent elle-même aucun attrait pour les humains ; et si consumation il y a, elle n'est dotée d'aucun aspect sexuel, les hommes qu'elle attire vers la mort étant apparemment dépouillés de leur chair dans un but purement industriel. Si ce comportement apparaît purement froid et clinique, dépourvu tant d'empathie que de haine envers ses victimes, l'approche de Jonathan Glazer est pourtant empreinte d'aspects oniriques et extatiques, versant tant dans le vertige de l'anéantissement que dans le trip éthéré et planant, et la fable existentielle. Que ne démentent pas le caractère mystérieux de la mission des extraterrestres, leur caractère distant et implacable, qui renforce l'impression que toute l'histoire est filmée d'un point de vue lointain et étranger, et en même temps réaliste et terre-à-terre, par son cadre gris et triste. La décision d'utiliser des gens normaux en guise d'acteurs pour certaines scènes, voire des personnes qui n'étaient même pas au courant qu'elles étaient filmées, est à cet égard géniale. Tout comme le fait d'utiliser une personne vraiment défigurée par la neurofibromatose, dans une scène de séduction bluffante par ce qu'on pourrait appeler son surréalisme paradoxal. Et qui, d'une façon terrifiante au second degré, renvoie à l'inhumanité du prédateur d'outre-espace. À cet égard, la longue scène où une famille de baigneurs se noie en laissant leur enfant en pleurs sur la plage tandis que l'être de l'espace vaque tranquillement à ses occupations sans réagir le moins du monde est encore plus glaçante, un vrai sommet d'épouvante psychologique.
La suite du film semble embrayer sur la révolte existentielle de "l'appât", qui souhaite se détacher de ce rôle, au risque de s'attirer les foudres de ses compagnons. C'est l'occasion d'une fuite au milieu de paysages désormais ruraux mais aussi mornes, et en même temps étonnamment séduisants par leur caractère sauvage brut. On peut d'ailleurs se demander si la femme dont elle prend les habits au début n'est pas une semblable qui a connu elle aussi les mêmes affres. La prédatrice livre alors un visage vulnérable, la fin la laissant dans l'expectative sur un dernier plan envoutant, une fois dépouillée de son enveloppe humaine (seul vrai regret du film, l'apparence beaucoup trop banale de l'extraterrestre). Certainement, un film bizarre, qui à l'époque des productions survoltées et superficielles ne peut pas satisfaire tout le monde par son rythme lent et souvent contemplatif, nécessaire cependant pour présenter le point de vue étranger sur un monde humain qu'il découvre progressivement. Le genre d'œuvre qui parle surtout à un niveau inconscient, et très bien servie par l'interprétation toute en nuances simples de son actrice principale.
14/20
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Le Roi Arthur-La Légende D'Excalibur, film d'héroïque-fantaisie de Guy RITCHIE (King Arthur : Legend of the Sword, USA, 2017), sur un scénario de Joby HAROLD, David DOBKIN, Guy RITCHIE et Lionel WIGRAM, avec Charlie HUNMAN, Astrid BERGÈS-FRISBEY, Jude LAW, ,Djimon HOUNSOU, Eric BANA, Aidan GILLEN, Freddie FOX, Craig McGINLAY, Tom WU, Kingsley BEN-ADIR, Katie McGRATH, Annabelle WALLIS...
Dans cette version alternative des aventures du Roi Arthur, ce dernier, jeune, est devenu orphelin et voué à vivre dans les bas-fonds après que son père le roi Uther Pendragon ait été tué par Vortigern. Ce dernier, décidé à retrouver la trace d'Arthur afin de s'en débarrasser, décide d'obliger tous les jeunes hommes du royaume à essayer de retirer du rocher où elle est encastrée l'épée magique Excalibur, car il est dit que seul l'héritier légitime du trône peut le faire...
Alors, cette nouvelles mouture des aventures du roi Arthur est un film étonnant à bien des égards. Étonnant parce qu'il réussit à réunir à peu près tous les éléments incitant à interrompre sa vision et de passer à autre chose. Un interprète peu charismatique dans ce rôle, un cinéaste adepte de baston tape-à-l'œil, qui essaye certes d'apporter de l'originalité, mais réussit surtout à donner dans le hors-sujet.
C'est que l'originalité, ça n'est pas forcément bien, ça peut même être déplacé. Certaines scènes sont ainsi, comment dire, déroutantes. Ainsi les présentations résumées de certains points d'intrigue par le biais de plusieurs cases et vignettes, procédé qui peut être à sa place dans une adaptation de super-héros (on se souvient des expérimentations en la matière de Ang Lee dans Hulk), mais qui ne va pas aider à donner un sens épique à une œuvre d'héroique-fantaisie. Ainsi aussi les visions qui assaillent Arthur lorsqu'il tire Excalibur. Ajoutée à tout cela, l'approche "bas-fonds crados", sans doute adoptée pour faire plus moderne et parler plus directement au public ado de nos jours, n'arrange pas les choses. Surtout quand s'y ajoute, encore une fois, le style de Charlie Hunman, mélange paradoxal de sérieux et de vulgarité, aussi impliqué dans son rôle et décidé à apporter une présence ait-il été, et le caractère décontracté et anachronique des acolytes de Arthur, toujours pour plaire aux djeunes. Aidan Gillen qui fait du Aidan Gillen, Djimon Hounsou, Kingsley Ben-Adir et Tom Wu complètement déplacés en un lieu et une époque où ils n'ont rien à faire (les quotas, ça commence à bien faire), Kathie McGrath qui a du sa dire qu'elle était là en terrain pendragonnien connu mais qui, non, aurait mieux fait de rester dans la série Merlin... Bon, donc, avec ce mélange détonnant, le côté épique et le sens de l'épopée ne seront pas au rendez-vous, on s'en doute... Et évidemment, il ne faudra pas compter sur les scènes psychologiques, sur l'initiation d'Arthur, que Guy Ritchie filme avec la subtilité d'un ogre des cavernes perclus de rhumatismes, ni sur les scènes de combat sorties droit d'un jeu vidéo, dans la tradition de tant de blockbusters modernes, pour rattraper le coup. Restent la prestation magnétique de Jude Law, cependant sans surprise, et de beaux costumes et décors. Mais hélas, l'armure de Vortigern, qui avec son style frazzettien-sauronesque essayait d'apporter un vrai esprit d'héroïque-fantaisie, aussi barbarienne soit-elle, rappelle trop celle de tant de jeux vidéo. Le film s'est planté artistiquement en essayant de faire un long-métrage de fantaisie pour le jeune public, d'où cette quantité de choix douteux ; et qui au final, n'ont même pas réussi à attirer ce public blasé. Mais au-delà de ça, cette sous-culture vidéo/numérique a déjà tellement repris les codes de la fantaisie qu'elle a fini par les galvauder.
Quoi qu'il en soit, échec sur toute la ligne, cette nouvelle adaptation de la geste arthurienne rejoindra probablement les rangs de tant d'autres qu'on a oubliées.
8/20
Dans cette version alternative des aventures du Roi Arthur, ce dernier, jeune, est devenu orphelin et voué à vivre dans les bas-fonds après que son père le roi Uther Pendragon ait été tué par Vortigern. Ce dernier, décidé à retrouver la trace d'Arthur afin de s'en débarrasser, décide d'obliger tous les jeunes hommes du royaume à essayer de retirer du rocher où elle est encastrée l'épée magique Excalibur, car il est dit que seul l'héritier légitime du trône peut le faire...
Alors, cette nouvelles mouture des aventures du roi Arthur est un film étonnant à bien des égards. Étonnant parce qu'il réussit à réunir à peu près tous les éléments incitant à interrompre sa vision et de passer à autre chose. Un interprète peu charismatique dans ce rôle, un cinéaste adepte de baston tape-à-l'œil, qui essaye certes d'apporter de l'originalité, mais réussit surtout à donner dans le hors-sujet.
C'est que l'originalité, ça n'est pas forcément bien, ça peut même être déplacé. Certaines scènes sont ainsi, comment dire, déroutantes. Ainsi les présentations résumées de certains points d'intrigue par le biais de plusieurs cases et vignettes, procédé qui peut être à sa place dans une adaptation de super-héros (on se souvient des expérimentations en la matière de Ang Lee dans Hulk), mais qui ne va pas aider à donner un sens épique à une œuvre d'héroique-fantaisie. Ainsi aussi les visions qui assaillent Arthur lorsqu'il tire Excalibur. Ajoutée à tout cela, l'approche "bas-fonds crados", sans doute adoptée pour faire plus moderne et parler plus directement au public ado de nos jours, n'arrange pas les choses. Surtout quand s'y ajoute, encore une fois, le style de Charlie Hunman, mélange paradoxal de sérieux et de vulgarité, aussi impliqué dans son rôle et décidé à apporter une présence ait-il été, et le caractère décontracté et anachronique des acolytes de Arthur, toujours pour plaire aux djeunes. Aidan Gillen qui fait du Aidan Gillen, Djimon Hounsou, Kingsley Ben-Adir et Tom Wu complètement déplacés en un lieu et une époque où ils n'ont rien à faire (les quotas, ça commence à bien faire), Kathie McGrath qui a du sa dire qu'elle était là en terrain pendragonnien connu mais qui, non, aurait mieux fait de rester dans la série Merlin... Bon, donc, avec ce mélange détonnant, le côté épique et le sens de l'épopée ne seront pas au rendez-vous, on s'en doute... Et évidemment, il ne faudra pas compter sur les scènes psychologiques, sur l'initiation d'Arthur, que Guy Ritchie filme avec la subtilité d'un ogre des cavernes perclus de rhumatismes, ni sur les scènes de combat sorties droit d'un jeu vidéo, dans la tradition de tant de blockbusters modernes, pour rattraper le coup. Restent la prestation magnétique de Jude Law, cependant sans surprise, et de beaux costumes et décors. Mais hélas, l'armure de Vortigern, qui avec son style frazzettien-sauronesque essayait d'apporter un vrai esprit d'héroïque-fantaisie, aussi barbarienne soit-elle, rappelle trop celle de tant de jeux vidéo. Le film s'est planté artistiquement en essayant de faire un long-métrage de fantaisie pour le jeune public, d'où cette quantité de choix douteux ; et qui au final, n'ont même pas réussi à attirer ce public blasé. Mais au-delà de ça, cette sous-culture vidéo/numérique a déjà tellement repris les codes de la fantaisie qu'elle a fini par les galvauder.
Quoi qu'il en soit, échec sur toute la ligne, cette nouvelle adaptation de la geste arthurienne rejoindra probablement les rangs de tant d'autres qu'on a oubliées.
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Hercule, péplum fantastique de Brett RATNER (Hercules, USA-Hongrie, 2014), sur un scénario de Ryan J. CONDAL, Evan SPILIOTOPOULOS, Steve MOORE, avec Dwayne JOHNSON, John HURT, Ian McSHANE, Joseph FIENNES, Rufus SEWELL, Aksel HENNIE, Ingrid BOLSØ-BERDAL, Reece RITCHIE, Tobias SANTELMANN, Peter MULAN, Rebecca FERGUSON...
Le demi-dieu Hercule (D. Johnson) vit auréolé de la gloire de ses douze travaux fabuleux, largement surfaits car il a eu recours à divers artifices avec sa bande de mercenaires pour les mettre en scène. Le roi de Thrace Cotys (J. Hurt) et sa fille Ergenia (R. Ferguson) leur demandent alors de les assister contre les menaces d'invasion du roi tyrannique Eurystheus (J. Fiennes)...
Ce n'était pas gagné avec un tâcheron comme Ratner, mais cette nouvelle mouture de Hercule tient nombre de ses promesses, même si son parti-pris risque d'en décevoir certains. C'est là qu'on doit en effet se contenter de parler d'une partie de ses promesses, car il repose en effet sur le choix de la démythification partielle, Hercule étant renvoyé au statut d'un guerrier exceptionnel servi par une équipe de combattants eux aussi hors-pair, et qui joue de sa légende naissante pour faire accepter ses services, car ils ne sont au fond que des mercenaires avides de sang et de combat, n'hésitant pas à recourir à des procédés relevant de la pure mystification. Cette approche risquée fonctionne cependant bien. Oui, c'est vrai, les amateurs de mythologie et héroïque-fantaisie se seront fait voler leur sujet, les scènes de monstres que l'on voyait tant mises en avant dans la bande-annonce se révélant avoir été presque toutes montrées à cette occasion (même si l'hommage à Ray Harryhausen subsiste vraiment), et la rationalisation de l'Hydre paraîtra sans doute plutôt malvenue. Mais Rattner nous livre un nettement meilleur travail que Conan de Markus Nispel sorti trois ans avant. Avec de superbes scènes de bataille de masse empreintes de sauvagerie, ainsi que des combats singuliers très violents, sur un scénario digne d'un bon péplum à l'ancienne avec ses trahisons et retournements et de vrais méchants classiques pour ce genre, auquel il parvient à insuffler la dose se souffle épique nécessaire. L'histoire s'accommode aussi bien des questionnements qui gagnent les personnages principaux quand ils réalisent où leur amour du combat et de l'argent les a menés. Tant Hercule (très bon Dwayne Johnson qui semble avoir été fait pour le rôle) que son équipe de Hercule et les dirigeants et soldats thraces héritent d'un bon casting, manifestement enthousiaste.
Un bon péplum à l'ancienne, c'est ainsi qu'il faut le voir. Mais si le film ultime sur Hercule et ses douze travaux devra encore attendre, il reste que l'humanisation du personnage présente une grande ambiguïté, car s'il est montré dans la majeure partie du film comme étant simplement extrêmement athlétique, capable certes de jeter un homme à plusieurs mètres mais pouvant rester dans des limites humaines, la scène finale le montre faisant preuve d'une force vraiment surhumaine. Le scénario garde donc un élément fantastique, en entretenant donc un doute sur sa nature de demi-dieu ou non (ou mutant, surhomme ou autre...), sur laquelle Hercule lui-même reste il est vrai très évasif tout au long de l'histoire.
13,5/20
Le demi-dieu Hercule (D. Johnson) vit auréolé de la gloire de ses douze travaux fabuleux, largement surfaits car il a eu recours à divers artifices avec sa bande de mercenaires pour les mettre en scène. Le roi de Thrace Cotys (J. Hurt) et sa fille Ergenia (R. Ferguson) leur demandent alors de les assister contre les menaces d'invasion du roi tyrannique Eurystheus (J. Fiennes)...
Ce n'était pas gagné avec un tâcheron comme Ratner, mais cette nouvelle mouture de Hercule tient nombre de ses promesses, même si son parti-pris risque d'en décevoir certains. C'est là qu'on doit en effet se contenter de parler d'une partie de ses promesses, car il repose en effet sur le choix de la démythification partielle, Hercule étant renvoyé au statut d'un guerrier exceptionnel servi par une équipe de combattants eux aussi hors-pair, et qui joue de sa légende naissante pour faire accepter ses services, car ils ne sont au fond que des mercenaires avides de sang et de combat, n'hésitant pas à recourir à des procédés relevant de la pure mystification. Cette approche risquée fonctionne cependant bien. Oui, c'est vrai, les amateurs de mythologie et héroïque-fantaisie se seront fait voler leur sujet, les scènes de monstres que l'on voyait tant mises en avant dans la bande-annonce se révélant avoir été presque toutes montrées à cette occasion (même si l'hommage à Ray Harryhausen subsiste vraiment), et la rationalisation de l'Hydre paraîtra sans doute plutôt malvenue. Mais Rattner nous livre un nettement meilleur travail que Conan de Markus Nispel sorti trois ans avant. Avec de superbes scènes de bataille de masse empreintes de sauvagerie, ainsi que des combats singuliers très violents, sur un scénario digne d'un bon péplum à l'ancienne avec ses trahisons et retournements et de vrais méchants classiques pour ce genre, auquel il parvient à insuffler la dose se souffle épique nécessaire. L'histoire s'accommode aussi bien des questionnements qui gagnent les personnages principaux quand ils réalisent où leur amour du combat et de l'argent les a menés. Tant Hercule (très bon Dwayne Johnson qui semble avoir été fait pour le rôle) que son équipe de Hercule et les dirigeants et soldats thraces héritent d'un bon casting, manifestement enthousiaste.
Un bon péplum à l'ancienne, c'est ainsi qu'il faut le voir. Mais si le film ultime sur Hercule et ses douze travaux devra encore attendre, il reste que l'humanisation du personnage présente une grande ambiguïté, car s'il est montré dans la majeure partie du film comme étant simplement extrêmement athlétique, capable certes de jeter un homme à plusieurs mètres mais pouvant rester dans des limites humaines, la scène finale le montre faisant preuve d'une force vraiment surhumaine. Le scénario garde donc un élément fantastique, en entretenant donc un doute sur sa nature de demi-dieu ou non (ou mutant, surhomme ou autre...), sur laquelle Hercule lui-même reste il est vrai très évasif tout au long de l'histoire.
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Modifié en dernier par aureliagreen le jeu. 28 mars 2024 14:46, modifié 1 fois.
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Cloud Atlas, film fantastique de Andy et Lana WACHOWSKI (USA-Allemagne-Chine-Singapour-Hong-Kong, 2012), avec Tom HANKS, Halle BERRY, Hugh GRANT, Hugo WEAVING, Jim BROADBENT, Jim STURGESS, Bae DOONA, Ben WHISHAW, Keith DAVID, James D'ARCY, ZHOU Xun, David GYASI, Susan SARANDON, Robert FYFE...
Un intrigue complexe, liant des événements divers ayant lieu à des périodes différentes, mêle de nombreuses destinées qui s'entrelacent à de nombreuses époques (du milieu du XIXème siècle au futur), à travers de nombreuses réincarnations...
Voilà un film qui avait eu droit à une durée d'exploitation en salles vraiment courte, ce qui ne m'avait pas vraiment alors laissé le temps de le voir, ce qui était un peu dommage car il apportait certainement un certain rafraichissement. Cloud Atlas change en effet agréablement de nombreuses super-productions actuelles, et montre qu'on peut encore faire du cinéma à la fois ambitieux, original et intelligent. Les frères/sœurs Wachowski ont beau être habitués de ces prises de risque très (voire trop) ambitieuses, leur pari n'était pas gagné avec cette histoire qui suit la réincarnation et l'évolution de plusieurs personnes à travers des âges différents, que les réalisateurs ont choisi d'illustrer en faisant le choix audacieux de faire interpréter leurs différentes incarnations à travers les âges par les mêmes interprètes. Ce qui mène à faire jouer des noirs par des blancs, des blancs par des noirs, des jaunes par des blancs, des blancs par des jaunes, des hommes par des femmes et des femmes par des hommes, à chaque fois avec le maquillage approprié. Ce qui a pu en déconcerter quelques-uns, mais est parfaitement logique vu le contexte de l'histoire (qu'un des deux réalisateurs ait été transsexuel – et l'autre allant le devenir – a sans doute aussi joué dans cette approche...), et peut être considéré comme un choix approprié.
Mais si la réussite artistique était dans l'ensemble au rendez-vous, sans grande surprise, du côté de la fréquentation, il n'en a rien été, l'échec public (et financier...) a été vif, particulièrement aux USA ; trop innovant et pas assez spectaculaire (en dépit d'une dose de scènes musclées) pour un public moderne habitué à l'ultra-vitesse et à peu de réflexion. Et aussi, dans son pays d'origine, en raison d'une diffusion aberrante (à dessein ?), sans oublier que certains ont pu être rebutés par la durée du film aussi bien que par sa construction, faite d'allers et retours entre personnages et époques. C'est le type même du long-métrage qui se regarde de préférence à la télévision, avec enregistrement ou vidéo, afin de revoir longuement tous ces louvoiements et de ne pas se perdre entre eux. A pu aussi jouer le fait que les Wachowski avaient paru depuis quelques années rentrer dans le rang, devenir des yes-men de studios de plus.
Alors que ce long-métrage renouait avec leur sens de l'innovation. Pour l'analyse du récit lui-même, il s'agit d'une fable sur l'évolution personnelle et la chance que chacun pourrait avoir de s'améliorer au fil de diverses renaissances, le thème ayant de nombreuses tonalités mystiques. Seul Hugo Weaving ne semblant pas incarner une "âme" unique mais plutôt un pôle, celui de l'oppresseur à travers les époques. On y retrouve aussi un certain ton de SF classique et d'anticipation prospective de la fin des années 60 et début des 70, l'époque post-apocalyptique pseudo-antédiluvienne rappelant les films préhistoriques de la Hammer. Que la variété des périodes historiques permet de mêler à des récits d'aventure classique du XIXème siècle. Un vaste pot-pourri qui prend bien et se laisse regarder avec beaucoup de plaisir pour le renouvellement qu'il apporte.
16/20
Un intrigue complexe, liant des événements divers ayant lieu à des périodes différentes, mêle de nombreuses destinées qui s'entrelacent à de nombreuses époques (du milieu du XIXème siècle au futur), à travers de nombreuses réincarnations...
Voilà un film qui avait eu droit à une durée d'exploitation en salles vraiment courte, ce qui ne m'avait pas vraiment alors laissé le temps de le voir, ce qui était un peu dommage car il apportait certainement un certain rafraichissement. Cloud Atlas change en effet agréablement de nombreuses super-productions actuelles, et montre qu'on peut encore faire du cinéma à la fois ambitieux, original et intelligent. Les frères/sœurs Wachowski ont beau être habitués de ces prises de risque très (voire trop) ambitieuses, leur pari n'était pas gagné avec cette histoire qui suit la réincarnation et l'évolution de plusieurs personnes à travers des âges différents, que les réalisateurs ont choisi d'illustrer en faisant le choix audacieux de faire interpréter leurs différentes incarnations à travers les âges par les mêmes interprètes. Ce qui mène à faire jouer des noirs par des blancs, des blancs par des noirs, des jaunes par des blancs, des blancs par des jaunes, des hommes par des femmes et des femmes par des hommes, à chaque fois avec le maquillage approprié. Ce qui a pu en déconcerter quelques-uns, mais est parfaitement logique vu le contexte de l'histoire (qu'un des deux réalisateurs ait été transsexuel – et l'autre allant le devenir – a sans doute aussi joué dans cette approche...), et peut être considéré comme un choix approprié.
Mais si la réussite artistique était dans l'ensemble au rendez-vous, sans grande surprise, du côté de la fréquentation, il n'en a rien été, l'échec public (et financier...) a été vif, particulièrement aux USA ; trop innovant et pas assez spectaculaire (en dépit d'une dose de scènes musclées) pour un public moderne habitué à l'ultra-vitesse et à peu de réflexion. Et aussi, dans son pays d'origine, en raison d'une diffusion aberrante (à dessein ?), sans oublier que certains ont pu être rebutés par la durée du film aussi bien que par sa construction, faite d'allers et retours entre personnages et époques. C'est le type même du long-métrage qui se regarde de préférence à la télévision, avec enregistrement ou vidéo, afin de revoir longuement tous ces louvoiements et de ne pas se perdre entre eux. A pu aussi jouer le fait que les Wachowski avaient paru depuis quelques années rentrer dans le rang, devenir des yes-men de studios de plus.
Alors que ce long-métrage renouait avec leur sens de l'innovation. Pour l'analyse du récit lui-même, il s'agit d'une fable sur l'évolution personnelle et la chance que chacun pourrait avoir de s'améliorer au fil de diverses renaissances, le thème ayant de nombreuses tonalités mystiques. Seul Hugo Weaving ne semblant pas incarner une "âme" unique mais plutôt un pôle, celui de l'oppresseur à travers les époques. On y retrouve aussi un certain ton de SF classique et d'anticipation prospective de la fin des années 60 et début des 70, l'époque post-apocalyptique pseudo-antédiluvienne rappelant les films préhistoriques de la Hammer. Que la variété des périodes historiques permet de mêler à des récits d'aventure classique du XIXème siècle. Un vaste pot-pourri qui prend bien et se laisse regarder avec beaucoup de plaisir pour le renouvellement qu'il apporte.
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- Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54
Total recall : Mémoires programmées, film de science-fiction de Len WISEMAN (Total Recall, USA/Canada/Royaume-Uni, 2012), sur un scénario de Kurt WIMMER, Marck BOMBACK et Ronald SHUSETT d'après la nouvelle de Philip K. DICK, avec Colin FARRELL, Bokeem WOODBINE, Bryan CRANSTON, Kate BECKINSALE, Jessica BIEL, Bill NIGHY, John CHO, Will Yun LEE...
Simple ouvrier d'usine au XXIIème siècle, en une époque où n'existent plus que la Fédération Unie de Grande-Bretagne et la Colonie (sur Mars), Douglas Quaid (C. Farrell) décide de s'offrir un moment d'évasion en se rendant à une entreprise spécialisée dans l'implant de souvenirs fictifs d'aventures grandioses, Rekall. Mais la greffe des mémoires programmées d'un voyage sur Mars débouche sur de curieuses conséquences, et il en vient à se demander si n'auraient pas été réveillés des souvenirs enfouis de vraies aventures. Serait-il un espion dont on aurait effacé la mémoire ?
On sort de la vision de ce remake avec la tête qui tourne, comme avec beaucoup de grosses productions récentes, mais comme avec celles-ci pas bien satisfait pour autant. Je dis remake, car c'en est bien un, contrairement au battage que la production avait voulu faire autour du fait que non, ce n'en était pas un, mais une nouvelle adaptation de la nouvelle de Dick (et plus fidèle, pour justifier le choix d'en faire une de plus). Mais non, désolé, la référence qui a a été prise est indiscutablement et à tous égards le film de 1990 et non la nouvelle de Dick. Pratiquement toutes les scènes en sont reprises, et quasiment tous les apports de l'adaptation faite par Verhoeven (ce qui fait que non, cette nouvelle mouture n'est pas plus fidèle à l'œuvre écrite) ; oh bien sûr, comme dans (presque) tous les remakes, ce n'est pas du plan par plan, on s'amusera à noter les quelques variations ; ainsi, Quaid/Hauser (car les noms aussi sont repris) n'a pas le temps de s'endormir à Rekall, la police vient l'y chercher tout de suite au lieu que ce soient ses collègues qui l'interceptent plus tard, lors de la fameuse scène où on essaie de lui faire croire qu'il rêve, Melina est présente et ce n'est pas un employé de Rekall qui vient le convaincre mais son ancien contact chargé de le surveiller à son insu, Harry (qu'il n'a donc pas tué cette fois), et c'est sur le visage de Melina qu'il voit perler les gouttes de sueur etc... De simples détails qui ne détournent pas de façon significative de la trame du film de 1990. On s'amusera aussi des quelques détournements en guise de clins d'œil comme Harry et son collègue de travail qui disent à Quaid qu'à Rekall on vit des voyages sur Mars, tandis que pour la scène du contrôle aux portiques, on voit une femme grosse qui ressemble au déguisement de Hauser dans le premier (j'admets que je ne m'y suis pas laissé prendre, il était un peu trop évident que Hauser déguisé était celui qui suivait).
Passés ces plaisirs de cinéphile, c'est bien le premier film que je préfère. Car pour celui-là, les choses sont claires, c'est l'action qui prime. Et c'est sûr que les scènes de combat sont enlevées, ce n'est pas pour rien que Wiseman est à la réalisation. Mais voilà, comme dans tant de films récents, elles s'envolent trop haut, jusqu'à ne plus toucher terre, et sont trop omniprésentes au détriment du suspense. Le long-métrage s'empêtre comme tant d'autres blockbusters dans la surenchère à tout va. Et on touche au ridicule suprême avec l'affrontement final entre Cohaagen et Hauser, et c'est là simplement la logique de ce type de film d'action formaté poussé jusqu'au bout (enfin, le qualificatif de final est de trop, car on s'en paie encore un avec Laurie). Le scénario pêche à certains égards autant par simplification que par emmêlage de pinceaux ; car si on retrouve à peu près la même manipulation (mâtinée d'un arrière-plan d'attentats sous faux drapeau, mode géopolitique oblige), les reproches souvent faits au moment de la sortie en salles sont justifiés : la phrase de Cohaagen sur le fait qu'Hauser aurait été "corrompu" la fait moins bien passer. Il y a aussi plusieurs appauvrissements, ainsi les télépathes ont disparu, d'où un mobile au lavage de cerveau pour approcher Matthias nettement moins crédible. Quant aux personnages, si les acteurs essaient de se défoncer (notamment Kate Beckinsale, déchaînée, mais dont la présence dans ce long-métrage bancal ne redorera pas sa carrière), ils sont plus stéréotypés et unidimensionnels, surtout Cohaagen et Laurie - cela en dépit, paradoxe ironique, du fait qu'elle représente une fusion de la première Laurie et de Richter, dont l'absence se fait sentir, en même temps que celle de toute forme d'humour. Et on a un Bryan Cranston qui pérore au mileu de la pièce en surjouant, son personnage est vraiment un méchant stéréotypé ; il est notable aussi que les passages où Cohaagen communique avec Laurie lors de la traque de Quaid sont beaucoup moins nombreux que ceux où il le faisait avec Richter, et de là aussi leurs accrochages qui donnaient du piment au tout -mais bon, cela ralentissait les scènes d'action... Quand à la scène où Cohaagen révèle son complot contient beaucoup moins d'émotion que dans la première version. Et si au niveau de l'action, donc, le premier n'en était pas avare, elles étaient moins au centre du récit, et elles étaient vraiment violentes et crues, sans fioritures, c'est à dire plus réalistes – et de là plus choquantes. Alors que la version de Wiseman donne dans la même violence déconnectée du réel que tant d'œuvres récentes. En fait, ce qui sépare ces deux films, c'est toute l'évolution de l'industrie hollywoodienne en 22 ans... Tout un symbôle.
On pourra certes voir poindre un petit potentiel subversif, dans la présentation des médias qui traitent l'information en reprenant sans distance les déclarations des autorités ( mais il est vraiment en arrière-plan).
Alors, bon, le film de Verhoeven avait beau ne pas être parfait, il bat largement cette nouvelle mouture, dont les scènes d'actions échevelées et saoûlantes ne comptent comme atout qu'auprès de la plus jeune génération nourrie aux jeux vidéos survoltés, et qui n'a comme autre qualité que sa création artistique. Car oui, elle est excellente, on a là la meilleure représentation de mégalopoles futuristes, surpassant largement celles de Minority report et I,robot, pourtant déjà performantes en la matière. Seule celle de À la poursuite de demain peut s'y comparer en qualité, mais pas au niveau de la quantité. Mais ce n'est pas assez, et surtout on se dira qu'elle aurait été mieux employée sur un autre film, avec plus de mérites. Il échoue comme remake aussi bien que comme film d'anticipation/SF (et qu'adaptation de Dick !). Quant à la question de l'ambiguïté sur la nature réelle des aventures de Quaid, elle ne resurgit qu'à la toute fin, par le biais d'une image fugitive ; présente, donc, mais manifestement rajoutée d'une façon quelque peu forcée, parce qu'obligée, il fallait quand même la mettre ; suivant en cela le délaissement de l'esprit dickien, ce caractère obligatoire transparaissant déjà dans la scène où Harry tente de convaincre Quaid. Cela même si le caractère imaginaire de ses aventures semble couler encore plus de source que dans la version de Verhoeven.
9/20
Simple ouvrier d'usine au XXIIème siècle, en une époque où n'existent plus que la Fédération Unie de Grande-Bretagne et la Colonie (sur Mars), Douglas Quaid (C. Farrell) décide de s'offrir un moment d'évasion en se rendant à une entreprise spécialisée dans l'implant de souvenirs fictifs d'aventures grandioses, Rekall. Mais la greffe des mémoires programmées d'un voyage sur Mars débouche sur de curieuses conséquences, et il en vient à se demander si n'auraient pas été réveillés des souvenirs enfouis de vraies aventures. Serait-il un espion dont on aurait effacé la mémoire ?
On sort de la vision de ce remake avec la tête qui tourne, comme avec beaucoup de grosses productions récentes, mais comme avec celles-ci pas bien satisfait pour autant. Je dis remake, car c'en est bien un, contrairement au battage que la production avait voulu faire autour du fait que non, ce n'en était pas un, mais une nouvelle adaptation de la nouvelle de Dick (et plus fidèle, pour justifier le choix d'en faire une de plus). Mais non, désolé, la référence qui a a été prise est indiscutablement et à tous égards le film de 1990 et non la nouvelle de Dick. Pratiquement toutes les scènes en sont reprises, et quasiment tous les apports de l'adaptation faite par Verhoeven (ce qui fait que non, cette nouvelle mouture n'est pas plus fidèle à l'œuvre écrite) ; oh bien sûr, comme dans (presque) tous les remakes, ce n'est pas du plan par plan, on s'amusera à noter les quelques variations ; ainsi, Quaid/Hauser (car les noms aussi sont repris) n'a pas le temps de s'endormir à Rekall, la police vient l'y chercher tout de suite au lieu que ce soient ses collègues qui l'interceptent plus tard, lors de la fameuse scène où on essaie de lui faire croire qu'il rêve, Melina est présente et ce n'est pas un employé de Rekall qui vient le convaincre mais son ancien contact chargé de le surveiller à son insu, Harry (qu'il n'a donc pas tué cette fois), et c'est sur le visage de Melina qu'il voit perler les gouttes de sueur etc... De simples détails qui ne détournent pas de façon significative de la trame du film de 1990. On s'amusera aussi des quelques détournements en guise de clins d'œil comme Harry et son collègue de travail qui disent à Quaid qu'à Rekall on vit des voyages sur Mars, tandis que pour la scène du contrôle aux portiques, on voit une femme grosse qui ressemble au déguisement de Hauser dans le premier (j'admets que je ne m'y suis pas laissé prendre, il était un peu trop évident que Hauser déguisé était celui qui suivait).
Passés ces plaisirs de cinéphile, c'est bien le premier film que je préfère. Car pour celui-là, les choses sont claires, c'est l'action qui prime. Et c'est sûr que les scènes de combat sont enlevées, ce n'est pas pour rien que Wiseman est à la réalisation. Mais voilà, comme dans tant de films récents, elles s'envolent trop haut, jusqu'à ne plus toucher terre, et sont trop omniprésentes au détriment du suspense. Le long-métrage s'empêtre comme tant d'autres blockbusters dans la surenchère à tout va. Et on touche au ridicule suprême avec l'affrontement final entre Cohaagen et Hauser, et c'est là simplement la logique de ce type de film d'action formaté poussé jusqu'au bout (enfin, le qualificatif de final est de trop, car on s'en paie encore un avec Laurie). Le scénario pêche à certains égards autant par simplification que par emmêlage de pinceaux ; car si on retrouve à peu près la même manipulation (mâtinée d'un arrière-plan d'attentats sous faux drapeau, mode géopolitique oblige), les reproches souvent faits au moment de la sortie en salles sont justifiés : la phrase de Cohaagen sur le fait qu'Hauser aurait été "corrompu" la fait moins bien passer. Il y a aussi plusieurs appauvrissements, ainsi les télépathes ont disparu, d'où un mobile au lavage de cerveau pour approcher Matthias nettement moins crédible. Quant aux personnages, si les acteurs essaient de se défoncer (notamment Kate Beckinsale, déchaînée, mais dont la présence dans ce long-métrage bancal ne redorera pas sa carrière), ils sont plus stéréotypés et unidimensionnels, surtout Cohaagen et Laurie - cela en dépit, paradoxe ironique, du fait qu'elle représente une fusion de la première Laurie et de Richter, dont l'absence se fait sentir, en même temps que celle de toute forme d'humour. Et on a un Bryan Cranston qui pérore au mileu de la pièce en surjouant, son personnage est vraiment un méchant stéréotypé ; il est notable aussi que les passages où Cohaagen communique avec Laurie lors de la traque de Quaid sont beaucoup moins nombreux que ceux où il le faisait avec Richter, et de là aussi leurs accrochages qui donnaient du piment au tout -mais bon, cela ralentissait les scènes d'action... Quand à la scène où Cohaagen révèle son complot contient beaucoup moins d'émotion que dans la première version. Et si au niveau de l'action, donc, le premier n'en était pas avare, elles étaient moins au centre du récit, et elles étaient vraiment violentes et crues, sans fioritures, c'est à dire plus réalistes – et de là plus choquantes. Alors que la version de Wiseman donne dans la même violence déconnectée du réel que tant d'œuvres récentes. En fait, ce qui sépare ces deux films, c'est toute l'évolution de l'industrie hollywoodienne en 22 ans... Tout un symbôle.
On pourra certes voir poindre un petit potentiel subversif, dans la présentation des médias qui traitent l'information en reprenant sans distance les déclarations des autorités ( mais il est vraiment en arrière-plan).
Alors, bon, le film de Verhoeven avait beau ne pas être parfait, il bat largement cette nouvelle mouture, dont les scènes d'actions échevelées et saoûlantes ne comptent comme atout qu'auprès de la plus jeune génération nourrie aux jeux vidéos survoltés, et qui n'a comme autre qualité que sa création artistique. Car oui, elle est excellente, on a là la meilleure représentation de mégalopoles futuristes, surpassant largement celles de Minority report et I,robot, pourtant déjà performantes en la matière. Seule celle de À la poursuite de demain peut s'y comparer en qualité, mais pas au niveau de la quantité. Mais ce n'est pas assez, et surtout on se dira qu'elle aurait été mieux employée sur un autre film, avec plus de mérites. Il échoue comme remake aussi bien que comme film d'anticipation/SF (et qu'adaptation de Dick !). Quant à la question de l'ambiguïté sur la nature réelle des aventures de Quaid, elle ne resurgit qu'à la toute fin, par le biais d'une image fugitive ; présente, donc, mais manifestement rajoutée d'une façon quelque peu forcée, parce qu'obligée, il fallait quand même la mettre ; suivant en cela le délaissement de l'esprit dickien, ce caractère obligatoire transparaissant déjà dans la scène où Harry tente de convaincre Quaid. Cela même si le caractère imaginaire de ses aventures semble couler encore plus de source que dans la version de Verhoeven.
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Terminator Genisys, film de science-fiction d'Alan TAYLOR (USA/Canada, 2015), sur un scénario de Laeta KALOGRIDIS et Patrick LUSSIER, avec Arnold SCHWARZENEGGER, Jason CLARKE, Emilia CLARKE, Jai COURTNEY, J.K. SIMMONS, Dayo OK2NIYI, Matt SMITH, Courtney B. VANCE, LEE Byung-Hun, Michael GLADIS, Sandrine HOLT...
John Connor (J. Clarke), comme on le sait déjà après avoir vu les précédents films mettant en scène les terminators, renvoie le sergent Kyle Reese dans le passé afin de protéger son moi passé des tueurs robotiques envoyés par Skynet. Seulement, il se révèle qu'existe un véritable entrelac de lignes temporelles, sur lesquelles joue Skynet afin d'assurer sa victoire. Réalités divergentes qui permettent même un twist ultime...
S i ce n'est pas le super-navet décrié par certains, il reste que le résultat est laborieux, trop laborieux pour un volet de la saga Terminator, loin de ce qu'on est en droit d'attendre d'un épisode de cette saga, malgré une volonté de "rendre hommage" et de "revenir aux sources" (sans doute trop).
Mais bon, la tâche était sans doute impossible.
Ce n'est pas au niveau de la présence d'Emilia Clarke en Sarah Connor que cela pêche, car de façon étonnante, en dépit de son peu de ressemblance avec Linda Hamilton, elle parvient à la rappeler de façon frappante au détour de telle ou telle pose ou expression (pour la petite histoire, elle devient après Lena Headey la deuxième actrice ayant incarné une reine du Trône de fer à jouer Sarah Connor). Pas tellement au niveau du scénario, qui manie des concepts parfois absurdes, mais pas plus que les deux précédents, et se défend dans le cadre d'un Terminator.
Par rapport à Jurassic World, sorti à peu près en même temps, et lui aussi habité d'une volonté de "rendre hommage aux poncifs de sa franchise", il joue avec et détourne beaucoup mieux ces clichés de sa saga, il sait surprendre en recyclant certaines scènes emblématiques de façon bien amenée. La nostalgie autour de Scharzenegger, la mise en contraste entre ses différents "âges" sont bien maîtrisés, la séquence d'interrogatoire après la bagarre sur le pont est vraiment drôle et bien pensée. Le choix a été fait de lier cet opus avec les autres par le biais de l'idée que Skynet essaie de créer des lignes temporelles alternatives dans lesquelles il se transfère, déjà présente dans le 3 (qui pour le coup est rejetée au rang d'alternative sans lien directe avec l'espace-temps du 5, au même titre que le 4 et la série télé, et cela était sans doute le choix la plus avisé à prendre)). Et avoir John Connor en Terminator, le film paraît amener la saga à son terme en la faisant se mordre la queue, mais après tout, il ne s'agit que de la continuation d'un thème ébauché dans le 4, celui de l'humain cybernétisé en terminator, et n'oublions pas qu'au début (du tournage du 4) cela aurait déjà du être John Connor, si le tour n'avait pas été éventé trop tôt. Mais il a du mal à apparaître autre chose qu'un T-1000 amélioré. Un des signes des nombreux défauts de ce qui se veut un film qui déménage tout en rendant hommage à ses glorieux aînés, mais ne parvient à décoller que par moments.
C'est que vouloir "rendre hommage" et de "revenir aux sources", ça ne suffit pas à faire un bon film, il faut aussi maîtriser la chose, et la réalisation de Taylor est honnête sans plus et ne suffit pas à créer une bonne ambiance, il n'est pas très à l'aise dans les relations entre personnages, amenant une certaine impression de froideur, les scènes d'action sont au mieux moyennes, oscillant entre le correct mais sans imagination et peu emballant, reprenant beaucoup de plans des précédents films au passage (ainsi la sortie des flammes du T-3000, dont on ne sent là que trop qu'il est une resucée en mode surenchère du T-1000, ce qui vaut à nouveau pour la scène de poursuite sur le pont), et le plus pur jeu vidéo (ainsi l'invraisemblable poursuite en hélicoptère), fléau des films d'action modernes, avec toujours cette tendance très actuelle à en faire trop.
De façon plus générale, du fait de cette réalisation un peu didactique, tout ça a du mal à avoir beaucoup d'âme, en dépit de l'implication évidente de Schwarzenegger et de Clarke. C'est bien de vouloir "renouer avec l'esprit de la saga", et sans doute est-il plus proche de l'esprit des deux de Cameron que des deux suivants, mais il convient de le rappeler avec insistance, et comme on l'a vu avec Jurassic World et Le réveil de la force, cela ne suffit pas pour faire un bon film.
À cela s'ajoutent plein d'invraisemblances et de facilités de scénario. Pourquoi un inspecteur demande-t'il à Pops qu'il a été vu en train de combattre un homme sur le Goden Gate, alors qu'il n'y a pas affronté le T-3000 en face, en revanche il ne lui demande pas comment il a fait pour tenir un car à une main alors que cela tout le monde l'a vu, y compris les policiers ? Et quelle force doit avoir Sarah, pour arriver à tenir Kyle et elle-même à la fin de cette même scène du pont ? Si "Pops" ne tue pas les humains, pourquoi laisse-t'il exploser un camion de carburant avec le conducteur à bord ? Si "Pops" a travaillé dans l'usine de Cyberdyne, pourquoi n'a-t'il pas déjà caché des explosifs dans les conduits d'aération, entre autres possibilités ? Comment le T-5000 et les machines temporelles fonctionnaient-elles encore après que la résistance ait désactivé le réseau ? Pourquoi par contre les T-800 s'arrêtent-ils ? Comment Kyle Reese fait-il pour se relever sans aucune blessure après avoir été heurté par une voiture à grande vitesse quand il arrive à Los Angeles en 2017 ? Pourquoi à la fin, quand Sarah et Kyle prennent un ascenseur alors que les terminators s'affrontent, Skynet, qui contrôle les installations, n'arrête-t'il pas cet ascenseur ? Et plein de petites ou grosses questions techniques, comme la question de la régénération de la peau de "Pops". À quoi Alan Taylor répond en demandant en quoi cela affecterait son film, désolé s'il ne le comprend pas on ne peut rien faire pour lui. Tout cela est significatif de la tendance qu'ont les scénaristes de nos jours d'écrire les films en se fichant de tout souci de cohérence, ou en bref d'écrire un récit qui tienne la route. Terminator Genysis n'est guère là qu'un de ces blockbusters ternes de plus, en dépit de son évidente ambition (ratée) d'être un produit brillant. Un symptôme de plus du syndrome hollywoodien actuel.
En dépit de la scène intra-générique, une suite est peu probable, vu l'accueil médiocre réservé à celui-là. De toute façon, avec la transformation de John Connor, on peut considérer que la boucle est bouclée. Il aurait mieux valu laisser la saga là où elle en était, mais l'on sait que depuis, les requins de Hollywood n'ont pas pas pu s'empêcher d'en faire une suite (même si se dotant d'un contexte très différent).
9,5/20
John Connor (J. Clarke), comme on le sait déjà après avoir vu les précédents films mettant en scène les terminators, renvoie le sergent Kyle Reese dans le passé afin de protéger son moi passé des tueurs robotiques envoyés par Skynet. Seulement, il se révèle qu'existe un véritable entrelac de lignes temporelles, sur lesquelles joue Skynet afin d'assurer sa victoire. Réalités divergentes qui permettent même un twist ultime...
S i ce n'est pas le super-navet décrié par certains, il reste que le résultat est laborieux, trop laborieux pour un volet de la saga Terminator, loin de ce qu'on est en droit d'attendre d'un épisode de cette saga, malgré une volonté de "rendre hommage" et de "revenir aux sources" (sans doute trop).
Mais bon, la tâche était sans doute impossible.
Ce n'est pas au niveau de la présence d'Emilia Clarke en Sarah Connor que cela pêche, car de façon étonnante, en dépit de son peu de ressemblance avec Linda Hamilton, elle parvient à la rappeler de façon frappante au détour de telle ou telle pose ou expression (pour la petite histoire, elle devient après Lena Headey la deuxième actrice ayant incarné une reine du Trône de fer à jouer Sarah Connor). Pas tellement au niveau du scénario, qui manie des concepts parfois absurdes, mais pas plus que les deux précédents, et se défend dans le cadre d'un Terminator.
Par rapport à Jurassic World, sorti à peu près en même temps, et lui aussi habité d'une volonté de "rendre hommage aux poncifs de sa franchise", il joue avec et détourne beaucoup mieux ces clichés de sa saga, il sait surprendre en recyclant certaines scènes emblématiques de façon bien amenée. La nostalgie autour de Scharzenegger, la mise en contraste entre ses différents "âges" sont bien maîtrisés, la séquence d'interrogatoire après la bagarre sur le pont est vraiment drôle et bien pensée. Le choix a été fait de lier cet opus avec les autres par le biais de l'idée que Skynet essaie de créer des lignes temporelles alternatives dans lesquelles il se transfère, déjà présente dans le 3 (qui pour le coup est rejetée au rang d'alternative sans lien directe avec l'espace-temps du 5, au même titre que le 4 et la série télé, et cela était sans doute le choix la plus avisé à prendre)). Et avoir John Connor en Terminator, le film paraît amener la saga à son terme en la faisant se mordre la queue, mais après tout, il ne s'agit que de la continuation d'un thème ébauché dans le 4, celui de l'humain cybernétisé en terminator, et n'oublions pas qu'au début (du tournage du 4) cela aurait déjà du être John Connor, si le tour n'avait pas été éventé trop tôt. Mais il a du mal à apparaître autre chose qu'un T-1000 amélioré. Un des signes des nombreux défauts de ce qui se veut un film qui déménage tout en rendant hommage à ses glorieux aînés, mais ne parvient à décoller que par moments.
C'est que vouloir "rendre hommage" et de "revenir aux sources", ça ne suffit pas à faire un bon film, il faut aussi maîtriser la chose, et la réalisation de Taylor est honnête sans plus et ne suffit pas à créer une bonne ambiance, il n'est pas très à l'aise dans les relations entre personnages, amenant une certaine impression de froideur, les scènes d'action sont au mieux moyennes, oscillant entre le correct mais sans imagination et peu emballant, reprenant beaucoup de plans des précédents films au passage (ainsi la sortie des flammes du T-3000, dont on ne sent là que trop qu'il est une resucée en mode surenchère du T-1000, ce qui vaut à nouveau pour la scène de poursuite sur le pont), et le plus pur jeu vidéo (ainsi l'invraisemblable poursuite en hélicoptère), fléau des films d'action modernes, avec toujours cette tendance très actuelle à en faire trop.
De façon plus générale, du fait de cette réalisation un peu didactique, tout ça a du mal à avoir beaucoup d'âme, en dépit de l'implication évidente de Schwarzenegger et de Clarke. C'est bien de vouloir "renouer avec l'esprit de la saga", et sans doute est-il plus proche de l'esprit des deux de Cameron que des deux suivants, mais il convient de le rappeler avec insistance, et comme on l'a vu avec Jurassic World et Le réveil de la force, cela ne suffit pas pour faire un bon film.
À cela s'ajoutent plein d'invraisemblances et de facilités de scénario. Pourquoi un inspecteur demande-t'il à Pops qu'il a été vu en train de combattre un homme sur le Goden Gate, alors qu'il n'y a pas affronté le T-3000 en face, en revanche il ne lui demande pas comment il a fait pour tenir un car à une main alors que cela tout le monde l'a vu, y compris les policiers ? Et quelle force doit avoir Sarah, pour arriver à tenir Kyle et elle-même à la fin de cette même scène du pont ? Si "Pops" ne tue pas les humains, pourquoi laisse-t'il exploser un camion de carburant avec le conducteur à bord ? Si "Pops" a travaillé dans l'usine de Cyberdyne, pourquoi n'a-t'il pas déjà caché des explosifs dans les conduits d'aération, entre autres possibilités ? Comment le T-5000 et les machines temporelles fonctionnaient-elles encore après que la résistance ait désactivé le réseau ? Pourquoi par contre les T-800 s'arrêtent-ils ? Comment Kyle Reese fait-il pour se relever sans aucune blessure après avoir été heurté par une voiture à grande vitesse quand il arrive à Los Angeles en 2017 ? Pourquoi à la fin, quand Sarah et Kyle prennent un ascenseur alors que les terminators s'affrontent, Skynet, qui contrôle les installations, n'arrête-t'il pas cet ascenseur ? Et plein de petites ou grosses questions techniques, comme la question de la régénération de la peau de "Pops". À quoi Alan Taylor répond en demandant en quoi cela affecterait son film, désolé s'il ne le comprend pas on ne peut rien faire pour lui. Tout cela est significatif de la tendance qu'ont les scénaristes de nos jours d'écrire les films en se fichant de tout souci de cohérence, ou en bref d'écrire un récit qui tienne la route. Terminator Genysis n'est guère là qu'un de ces blockbusters ternes de plus, en dépit de son évidente ambition (ratée) d'être un produit brillant. Un symptôme de plus du syndrome hollywoodien actuel.
En dépit de la scène intra-générique, une suite est peu probable, vu l'accueil médiocre réservé à celui-là. De toute façon, avec la transformation de John Connor, on peut considérer que la boucle est bouclée. Il aurait mieux valu laisser la saga là où elle en était, mais l'on sait que depuis, les requins de Hollywood n'ont pas pas pu s'empêcher d'en faire une suite (même si se dotant d'un contexte très différent).
9,5/20
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Predators, filkm de science-fiction de Nimrod ANTALS (USA, 2010), sur un scénario d'Alex Litvak, Mitchel FINCH et Jim THOMAS, avec Adrien BRODY, Topher GRACE, Alice BRAGA, Walton GOGGINS, Oleg TAKTAROV, Laurence FISHBURNE, Danny TREJO, Louis OZAWA CHANGCHIEN, Mahershala ALI...
J'ai vu cette suite à sa sortie en salles avec une certaine appréhension. Car le nom de Prédator n'avait récemment pas été associé à grand-chose de positif (quelque chose qui il est vrai n'a pas vraiment changé depuis). Entre un premier Aliens vs Predator ridicule, un deuxième beaucoup plus sérieux, mais très défaillant du point de vue artistique, tout ça ne prédisposait pas à l'optimisme. J'étais néanmoins sorti de la salle assez satisfait, on était loin de la bouse annoncée par certains, sans doute avec trop d'enthousiasme. Si on l'a souvent critiqué, j'ai trouvé Adrian Brody assez convaincant dans un rôle atypique, livrant une prestation elle-même atypique pour ce genre de personnage, et sans doute assez réaliste. Désireux d'éviter les redites paresseuses, le scénario s'est permis de réserver quelques surprises qui marchent bien, comme la réserve extra-terrestre, les "chiens de chasse" des Prédators, la présence de deux races parmi eux, aux relations difficiles. Il y a assez de références pour satisfaire les fans de la première heure, assez d'innovations pour en faire un film à part entière. Et c'est assez caustique de voir l'un des plus "méchants" survivre, même si on s'en doute dès le départ.
Le film est cependant affaibli par les clichés qui alourdissent certains personnages (mais pas à mon avis le yakuza manieur de sabre de samouraï ; il devait y avoir une raison pour laquelle il avait été choisi - le combat lui-même n'est par contre pas crédible). Stans (Walter Goggins) est vraiment une caricature sur pattes. Le médecin tueur en série n'est pas présenté de façon très plausible, il est vraiment bizarre que personne ne soupçonne rien à son sujet, même parmi les plus aguerris. Le personnage de Noland (Laurence Fishburne), s'il est au départ prometteur, est mal exploité, comment se fait-il avoir si facilement après avoir duré si longtemps, finalement il se révèle inutile. Quant à la réalisation de Nimròd Antals, elle atteint son but, mais fait un peu trop moderne.
11,5/20
J'ai vu cette suite à sa sortie en salles avec une certaine appréhension. Car le nom de Prédator n'avait récemment pas été associé à grand-chose de positif (quelque chose qui il est vrai n'a pas vraiment changé depuis). Entre un premier Aliens vs Predator ridicule, un deuxième beaucoup plus sérieux, mais très défaillant du point de vue artistique, tout ça ne prédisposait pas à l'optimisme. J'étais néanmoins sorti de la salle assez satisfait, on était loin de la bouse annoncée par certains, sans doute avec trop d'enthousiasme. Si on l'a souvent critiqué, j'ai trouvé Adrian Brody assez convaincant dans un rôle atypique, livrant une prestation elle-même atypique pour ce genre de personnage, et sans doute assez réaliste. Désireux d'éviter les redites paresseuses, le scénario s'est permis de réserver quelques surprises qui marchent bien, comme la réserve extra-terrestre, les "chiens de chasse" des Prédators, la présence de deux races parmi eux, aux relations difficiles. Il y a assez de références pour satisfaire les fans de la première heure, assez d'innovations pour en faire un film à part entière. Et c'est assez caustique de voir l'un des plus "méchants" survivre, même si on s'en doute dès le départ.
Le film est cependant affaibli par les clichés qui alourdissent certains personnages (mais pas à mon avis le yakuza manieur de sabre de samouraï ; il devait y avoir une raison pour laquelle il avait été choisi - le combat lui-même n'est par contre pas crédible). Stans (Walter Goggins) est vraiment une caricature sur pattes. Le médecin tueur en série n'est pas présenté de façon très plausible, il est vraiment bizarre que personne ne soupçonne rien à son sujet, même parmi les plus aguerris. Le personnage de Noland (Laurence Fishburne), s'il est au départ prometteur, est mal exploité, comment se fait-il avoir si facilement après avoir duré si longtemps, finalement il se révèle inutile. Quant à la réalisation de Nimròd Antals, elle atteint son but, mais fait un peu trop moderne.
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The Lovely Bones, film fantastique de Peter JACKSON (USA/Royaume-Uni/Nouvelle-Zélande, 2009), sur un scénario de Fran WALSH, Philippa BOYENS et Peter JACKSON d'après le roman d'Alice SEBOLD, avec Mark WAHLBERG, Rachel WEISZ, Susan SARANDON, Stanley TUCCI, Michael IMPERIOLI, Soairse RONAN, Rose McIVER, Christian ASHDALE, Reece RITCHIE...
Susie Salmon (S. Ronan) est une jeune fille qui a été tuée en 1970 en Pennsylvanie par le tueur en série George Harvey (S. Tucci). Mais pour elle, cela ne signifie pas la fin de sa présence sur terre, car coincée dans un entre-deux-mondes comme un purgatoire, elle tente comme elle le peut d'influencer par télépathie ses proches, afin de leur faire deviner la vérité sur son meurtre et de les protéger...
S'il est assez bien réalisé, comme on peut s'y attendre d'un film de Peter Jackson, je n'ai pas été complètement convaincu par ce film fantastique.
Peut-être que j'avais des attentes trop élevées justement parce que c'était un film de Peter Jackson, qui avait déjà donné dans un registre assez proche avec Fantômes contre fantômes. Mais l'histoire tourne quand même beaucoup autour du ressenti de Susie Salmon dans l'au-delà, et je n'ai pas... ressenti grand-chose de ce côté. La représentation de l'au-delà est un peu un condensé des clichés de l'époque des effets numériques, en versant dans la facilité. Et j'ai trouvé que les longs monologues de l'héroïne ne véhiculaient guère d'émotion. Beaucoup de lacrymal, mais ça ne suffit pas à transmettre la charge émotionnelle. Le problème, c'est que Peter Jackson fait là du Peter Jackson. Alors qu'il s'agit d'une histoire très tragique (comme l'indique le titre), qui ne laisse guère de place à une ambiance de fantaisie, et justement Jackson veut faire comme à son habitude, c'est-à-dire mettre une ambiance de fantaisie à ce qui devrait être un film d'horreur (comme il l'avait fait justement avec Fantômes contre fantômes, mais il s'agissait d'une œuvre de sa création, conçue pour cette vision, grosse nuance ; alors que le roman d'Alice Sebold n'était pas du tout conçu pour un tel traitement).
Et s'il y a beaucoup de bons acteurs, aucun ne ressort vraiment. Car aucun n'a de personnage qui surnage vraiment, tous sont d'importance plus ou moins similaires, ce qui n'aide pas beaucoup. Ainsi, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Michael Imperioli n'ont guère l'occasion de faire briller leur talent – surtout que Weisz et Imperioli ont vu beaucoup de leurs scènes coupées, dommage car on sentait bien leur implication, d'autant que leur interaction était très importante pour la progression du récit, d'où un sens de manque en ce qui concerne leurs personnages, leur liaison étant passée à l'as). À l'exception de Stanley Tucci, excellent comme d'habitude, qui ajoute à sa palette de compositions déjà variée celle d'un tueur en série effrayant par son apparence de paumé minable. Il confirme à mes yeux qu'il est l'un des acteurs les plus sous-estimés de sa génération.
En fait, Peter Jackson est sans doute plus à l'aise dans des films chocs, extrêmes, conçus pour une approche déjantée, comme Fantômes contre fantômes, toujours, ou Brain Dead, sommet de satire d'horreur loin des enjeux macabres et dramatiques de The lovely bones.
13,5/20
Susie Salmon (S. Ronan) est une jeune fille qui a été tuée en 1970 en Pennsylvanie par le tueur en série George Harvey (S. Tucci). Mais pour elle, cela ne signifie pas la fin de sa présence sur terre, car coincée dans un entre-deux-mondes comme un purgatoire, elle tente comme elle le peut d'influencer par télépathie ses proches, afin de leur faire deviner la vérité sur son meurtre et de les protéger...
S'il est assez bien réalisé, comme on peut s'y attendre d'un film de Peter Jackson, je n'ai pas été complètement convaincu par ce film fantastique.
Peut-être que j'avais des attentes trop élevées justement parce que c'était un film de Peter Jackson, qui avait déjà donné dans un registre assez proche avec Fantômes contre fantômes. Mais l'histoire tourne quand même beaucoup autour du ressenti de Susie Salmon dans l'au-delà, et je n'ai pas... ressenti grand-chose de ce côté. La représentation de l'au-delà est un peu un condensé des clichés de l'époque des effets numériques, en versant dans la facilité. Et j'ai trouvé que les longs monologues de l'héroïne ne véhiculaient guère d'émotion. Beaucoup de lacrymal, mais ça ne suffit pas à transmettre la charge émotionnelle. Le problème, c'est que Peter Jackson fait là du Peter Jackson. Alors qu'il s'agit d'une histoire très tragique (comme l'indique le titre), qui ne laisse guère de place à une ambiance de fantaisie, et justement Jackson veut faire comme à son habitude, c'est-à-dire mettre une ambiance de fantaisie à ce qui devrait être un film d'horreur (comme il l'avait fait justement avec Fantômes contre fantômes, mais il s'agissait d'une œuvre de sa création, conçue pour cette vision, grosse nuance ; alors que le roman d'Alice Sebold n'était pas du tout conçu pour un tel traitement).
Et s'il y a beaucoup de bons acteurs, aucun ne ressort vraiment. Car aucun n'a de personnage qui surnage vraiment, tous sont d'importance plus ou moins similaires, ce qui n'aide pas beaucoup. Ainsi, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Michael Imperioli n'ont guère l'occasion de faire briller leur talent – surtout que Weisz et Imperioli ont vu beaucoup de leurs scènes coupées, dommage car on sentait bien leur implication, d'autant que leur interaction était très importante pour la progression du récit, d'où un sens de manque en ce qui concerne leurs personnages, leur liaison étant passée à l'as). À l'exception de Stanley Tucci, excellent comme d'habitude, qui ajoute à sa palette de compositions déjà variée celle d'un tueur en série effrayant par son apparence de paumé minable. Il confirme à mes yeux qu'il est l'un des acteurs les plus sous-estimés de sa génération.
En fait, Peter Jackson est sans doute plus à l'aise dans des films chocs, extrêmes, conçus pour une approche déjantée, comme Fantômes contre fantômes, toujours, ou Brain Dead, sommet de satire d'horreur loin des enjeux macabres et dramatiques de The lovely bones.
13,5/20
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District 9, film de science-fiction de Neil BLONKAMP, sur un scénario de Terri TATCHELL et Neil BLONKAMP, avec Sharlto COPLEY, david JAMES, Jason COPE, Vanessa HAYWOOD, Mandla GADUKA, Kenneth NKOSI...
Une race extraterrestre s'est réfugiée sur Terre il y a quelques années et s'est retrouvée forcée de vivre dans des conditions insalubres, mais elle trouve soudainement un alter ego dans un agent du gouvernement hostile au départ, mais forcé de coopérer après avoir été exposé à sa biotechnologie.
Je n'ai pas eu l'impression de voir un grand classique. Mais le film était vraiment empli de bonnes surprises. Et je pense qu'il gagne à être vu de façon plus approfondie.
Il ne joue pas sur le glamour. Wikus van der Merwe est un faux héros. Le début du film est présenté de son point de vue. En fait de celui de ses supérieurs, qui essaient de le faire passer pour une figure médiatique charismatique. Mais il se révèle plutôt antipathique. On ne découvre pas la situation immédiatement, divers mensonges dans lesquels il est impliqué sont dévoilés progressivement. On ne nous présente pas les ET sous un bon jour. On ne comprend que plus tard ce qu'il en est vraiment. Ce qu'on voyait, c'était la manipulation des autorités pour les faire passer pour des méchants.
Au départ, il donne l'impression d'être un film consensuel. Puis il renverse tous les codes. Les personnages ne font que semblant de répondre à ceux de l'héroïsme. Ils n'hésitent pas à se trahir. On n'a même pas de happy end. Le faux héros se retrouve dans une situation dramatique, il ne sait pas s'il pourra vraiment redevenir comme avant. Un million d'ET se retrouvent coincés sur Terre, on ne sait pas non plus s'ils pourront être sauvés.
Dans son côté violence à la fois dépouillée, brute et surréaliste, décalée, il tient un peu de Verhoeven et surtout Carpenter.
C'est vrai que c'est un film qui oblige le spectateur à faire les rapprochements par lui-même, à l'aide de renseignements qui sont disséminés un peu partout. Ce qui déplait à beaucoup, à l'époque où tout le monde a l'habitude d'être bercé/assisté/tenu par la main.
La première partie commence comme un faux reportage à la Cloverfield ou à la Rec. Elle est emplie d'un humour décalé très british, reposant sur le comique de situations. C'est peut-être l'aspect le plus réussi du film. Wikus van der Merwe lui-même et ses acolytes sont présentés comme vaniteux et superficiels. Ensuite, le ton devient plus grave, évoluant même parfois vers l'épouvante, en même temps qu'est abandonnée la construction en reportage live (mais censuré). Wikus van der Merwe, de personnage privilégié au cœur de l'action gouvernementale, perd d'un coup son statut. Il devient ignorant de ce qui se trame dans l'ombre, au même titre que n'importe quel quidam. Il est d'abord présenté comme superficiel ; mais il est choisi pour mener une opération importante, parce qu'il convient parfaitement d'un point de vue médiatique, en dépit de ses insuffisances - ou plutôt, en raison d'elles. Il est protégé par son statut d'acteur important du gouvernement, et se gargarise de son importance. En le faisant tomber de son piédestal, le film le dépouille même de ce privilège, il se trouve réduit à rien. Voir un personnage se mettre à ressembler à son ennemi est un truc qui a déjà été exploité ailleurs, mais qui reste efficace. Toute la première partie, en révélant l'envers du décor et les grosses ficelles de la manipulation, sert à désamorcer la suffisance dont se prévalent les personnages officiels.
À mes yeux, c'est la partie importante du message du film : dégonfler autorités et médias, en les montrant sous un jour vain et manipulateur. Il s'en prend aussi à la passivité, la paresse et la complaisance du public, qui se laisse bercer et manipuler. Que le film oblige le spectateur à reconstituer les faits par lui-même est dans la logique de ce message : il s'agit de l'inciter à réfléchir, à ne pas se reposer sur ce qu'on lui montre à la télé. On peut avoir l'impression d'un spectacle un peu superficiel, quelque peu pop-corn. Mais il est beaucoup plus profond que ça. Il donne l'impression de n'être qu'un spectacle se reposant sur les recettes éprouvées des films commerciaux de la génération djeun. Mais c'est en fait pour les détourner dans un but subversif. Après, beaucoup risquent de n'en retenir que la surface. C'est le risque de cette formule (même si elle est efficace d'un point de vue box-office).
14/20
Une race extraterrestre s'est réfugiée sur Terre il y a quelques années et s'est retrouvée forcée de vivre dans des conditions insalubres, mais elle trouve soudainement un alter ego dans un agent du gouvernement hostile au départ, mais forcé de coopérer après avoir été exposé à sa biotechnologie.
Je n'ai pas eu l'impression de voir un grand classique. Mais le film était vraiment empli de bonnes surprises. Et je pense qu'il gagne à être vu de façon plus approfondie.
Il ne joue pas sur le glamour. Wikus van der Merwe est un faux héros. Le début du film est présenté de son point de vue. En fait de celui de ses supérieurs, qui essaient de le faire passer pour une figure médiatique charismatique. Mais il se révèle plutôt antipathique. On ne découvre pas la situation immédiatement, divers mensonges dans lesquels il est impliqué sont dévoilés progressivement. On ne nous présente pas les ET sous un bon jour. On ne comprend que plus tard ce qu'il en est vraiment. Ce qu'on voyait, c'était la manipulation des autorités pour les faire passer pour des méchants.
Au départ, il donne l'impression d'être un film consensuel. Puis il renverse tous les codes. Les personnages ne font que semblant de répondre à ceux de l'héroïsme. Ils n'hésitent pas à se trahir. On n'a même pas de happy end. Le faux héros se retrouve dans une situation dramatique, il ne sait pas s'il pourra vraiment redevenir comme avant. Un million d'ET se retrouvent coincés sur Terre, on ne sait pas non plus s'ils pourront être sauvés.
Dans son côté violence à la fois dépouillée, brute et surréaliste, décalée, il tient un peu de Verhoeven et surtout Carpenter.
C'est vrai que c'est un film qui oblige le spectateur à faire les rapprochements par lui-même, à l'aide de renseignements qui sont disséminés un peu partout. Ce qui déplait à beaucoup, à l'époque où tout le monde a l'habitude d'être bercé/assisté/tenu par la main.
La première partie commence comme un faux reportage à la Cloverfield ou à la Rec. Elle est emplie d'un humour décalé très british, reposant sur le comique de situations. C'est peut-être l'aspect le plus réussi du film. Wikus van der Merwe lui-même et ses acolytes sont présentés comme vaniteux et superficiels. Ensuite, le ton devient plus grave, évoluant même parfois vers l'épouvante, en même temps qu'est abandonnée la construction en reportage live (mais censuré). Wikus van der Merwe, de personnage privilégié au cœur de l'action gouvernementale, perd d'un coup son statut. Il devient ignorant de ce qui se trame dans l'ombre, au même titre que n'importe quel quidam. Il est d'abord présenté comme superficiel ; mais il est choisi pour mener une opération importante, parce qu'il convient parfaitement d'un point de vue médiatique, en dépit de ses insuffisances - ou plutôt, en raison d'elles. Il est protégé par son statut d'acteur important du gouvernement, et se gargarise de son importance. En le faisant tomber de son piédestal, le film le dépouille même de ce privilège, il se trouve réduit à rien. Voir un personnage se mettre à ressembler à son ennemi est un truc qui a déjà été exploité ailleurs, mais qui reste efficace. Toute la première partie, en révélant l'envers du décor et les grosses ficelles de la manipulation, sert à désamorcer la suffisance dont se prévalent les personnages officiels.
À mes yeux, c'est la partie importante du message du film : dégonfler autorités et médias, en les montrant sous un jour vain et manipulateur. Il s'en prend aussi à la passivité, la paresse et la complaisance du public, qui se laisse bercer et manipuler. Que le film oblige le spectateur à reconstituer les faits par lui-même est dans la logique de ce message : il s'agit de l'inciter à réfléchir, à ne pas se reposer sur ce qu'on lui montre à la télé. On peut avoir l'impression d'un spectacle un peu superficiel, quelque peu pop-corn. Mais il est beaucoup plus profond que ça. Il donne l'impression de n'être qu'un spectacle se reposant sur les recettes éprouvées des films commerciaux de la génération djeun. Mais c'est en fait pour les détourner dans un but subversif. Après, beaucoup risquent de n'en retenir que la surface. C'est le risque de cette formule (même si elle est efficace d'un point de vue box-office).
14/20
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Le règne du feu, film fantastique de Rob BOWMAN (Reign of Fire, USA, 2002), sur un scénario de Gregg CHABOT, Kevin PETERKA et Matt GREENBERG, avec Matthew McCONAUGHEY, Christian Bale, Izabella SCORUPCO, Gerard BUTLER, Scott MOUTTER, David KENNEDY, Alexander SIDDIG, Ned DENNEHY...
Des dragons endormis sous terre depuis des temps immémoriaux se réveillent, puis se multiplient par milliers et éradiquent la civilisation, les humains en étant réduits à survivre pour l'essentiel dans des abris fortifiés. 20 ans plus tard, Quinn Abercromby (C. Bale), témoin du réveil d'un des premiers dragons en plein cœur de Londres, suite à des travaux de construction de digue supervisés par sa mère, est le chef d'une communauté vivant dans un de ces refuges. Arrive alors une petite armée de chasseurs de dragons dirigés par Denton Van Zan (M. McCanaughey), dont les membres sont adeptes de méthodes de combat à base d'usage de parachutes particulièrement dangereuses...
On pouvait craindre de voir un film à débauche d'effets spéciaux, mais j'avais été satisfait de voir un bon film à l'ancienne, qui préfère jouer sur les relations entre personnages et les autres aspects du récit, dont bien sûr les dragons, tout en offrant de l'action solide (mais non étouffante). Les seuls à ne pas être contents étaient quelques décérébrés intoxiqués aux films de Michael Bay, qui s'attendaient en effet à une superproduction ripolinée de plus. Rob Bowman savait bien doser les effets, les interactions entre protagonistes, la description du monde post-apocalyptique, et les scènes d'apparition des dragons ne gênent pas les précédentes mais s'enchaînent très bien avec elles, les monstres sont très réussis, ils tiennent la vedette comme attendu sans écraser le film. Les scènes d'action sont bien présentes et vraiment spectaculaires, mais pertinentes, même le personnage de soldat de Van Zan, s'il est excessif, ne dépare pas l'ensemble, étant assez bien géré pour le servir et apporter un plus, là où une approche blockbusterienne en aurait fait un cabotineur insupportable. Hélas, on ne voit plus trop ce genre de film à la fois original et doté d'une âme.
Un bon petit classique, efficace et ambitieux sans être prétentieux en ces temps de navets formatés.
16/20
Des dragons endormis sous terre depuis des temps immémoriaux se réveillent, puis se multiplient par milliers et éradiquent la civilisation, les humains en étant réduits à survivre pour l'essentiel dans des abris fortifiés. 20 ans plus tard, Quinn Abercromby (C. Bale), témoin du réveil d'un des premiers dragons en plein cœur de Londres, suite à des travaux de construction de digue supervisés par sa mère, est le chef d'une communauté vivant dans un de ces refuges. Arrive alors une petite armée de chasseurs de dragons dirigés par Denton Van Zan (M. McCanaughey), dont les membres sont adeptes de méthodes de combat à base d'usage de parachutes particulièrement dangereuses...
On pouvait craindre de voir un film à débauche d'effets spéciaux, mais j'avais été satisfait de voir un bon film à l'ancienne, qui préfère jouer sur les relations entre personnages et les autres aspects du récit, dont bien sûr les dragons, tout en offrant de l'action solide (mais non étouffante). Les seuls à ne pas être contents étaient quelques décérébrés intoxiqués aux films de Michael Bay, qui s'attendaient en effet à une superproduction ripolinée de plus. Rob Bowman savait bien doser les effets, les interactions entre protagonistes, la description du monde post-apocalyptique, et les scènes d'apparition des dragons ne gênent pas les précédentes mais s'enchaînent très bien avec elles, les monstres sont très réussis, ils tiennent la vedette comme attendu sans écraser le film. Les scènes d'action sont bien présentes et vraiment spectaculaires, mais pertinentes, même le personnage de soldat de Van Zan, s'il est excessif, ne dépare pas l'ensemble, étant assez bien géré pour le servir et apporter un plus, là où une approche blockbusterienne en aurait fait un cabotineur insupportable. Hélas, on ne voit plus trop ce genre de film à la fois original et doté d'une âme.
Un bon petit classique, efficace et ambitieux sans être prétentieux en ces temps de navets formatés.
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Scream 4, film d'horreur de Wes CRAVEN (USA, 2011), avec Neve CAMPBELL, Courteney COX, David ARQUETTE, Emma ROBERTS, Rory CULKIN, Lucy HALE, Roger JACKSON, Shenae GRIMES, Dane FARWELL, Anna PAQUIN, Kristen BELL, Aimee TEEGARDEN, Alison BRIE, Hayden PANETTIERE...
10 ans après les événements tragiques de Scream 3, Sidney Prescott (N. Campbell) s'est reconstruite grâce à l'écriture. Et tout semblerait derrière elle, si ce n'est qu'une nouvelle version de Ghostface se manifeste. Le cauchemar semble ne jamais devoir s'arrêter...
Si à sa sortie, beaucoup criaient à la "résurrection de la franchise", au retour de l'efficacité ou de la qualité, j'avais trouvé ces réactions très surfaites. Car je ne l'avais pas trouvé meilleur dans l'ensemble que les précédents. Du moins pas que le 3. Le 2 était lui un peu lourd et didactique, mais les principes sur lesquels les 3 derniers épisodes d'alors étaient bâtis étaient exactement les mêmes : mise en abîme, auto-références et décortiquage des procédés du film d'horreur pour jeunes, réflexion sur l'interaction entre les médias et la société, notamment le culte de la célébrité et l'influence qu'ils exercent sur certaines personnes.
Ressortent donc dans cette suite les mêmes recettes. Après une crispante double introduction en abyme (enfin, le film commence), on retrouve la journaliste concurrente et cupide, les fausses pistes, un tueur révélé parmi l'entourage d'un des protagonistes principaux... Au minimum, il fallait se douter qu'il y aurait deux tueurs, recette qui avait déjà été présente dans les volets précédents. Et qui avait il est vrai pour grand avantage qu'on ne pouvait éliminer personne de la liste des suspects, ce même si on le ou la voyait poursuivi(e) par Ghostface.
De même, que Charlie se fasse tuer n'est pas vraiment surprenant. Il suffisait de se souvenir du 2 et du sort de Mickey pour le voir venir. Et au final, que sa complice soit Jill est tout à fait logique.
Mais justement, je pense que pour aller au bout de la logique, il aurait fallu tuer Sydney. Et on croit d'ailleurs vraiment à un moment que cette logique a été suivie, que Jill réussit dans cette tâche. Avant que Craven ne nous fasse déchanter. Car s'il a certainement voulu jouer à déjouer nos prévisions, il reste qu'un volet où le tueur finirait à son avantage aurait vraiment renouvelé le propos, bouclant la boucle. Tout en laissant la porte entrouverte à une éventuelle suite (qui a eu lieu !). Mais finalement, ce n'est qu'un faux semblant de plus, bien sûr bien dans le propos de cette saga qui joue à prendre en défaut les attentes du spectateur tout en jouant sur ses propres clichés et sa propre prévisibilité autant que celle du genre. Mais c'est néanmoins un peu dommage.
Après, bien sûr, ça faisait tout drôle de revoir après tout ce temps dans leurs rôles titres Courteney Cox, David Arquette et surtout Neve Campbell, discrète alors depuis quelques années (par choix, à ce qu'il semble, et qui a pour l'essentiel continué dans cette direction depuis). Dans un cadre qui n'a quasiment pas changé. Et oui, le spectacle est bon, la regretté Wes Craven faisant ce qu'il sait faire. Plus angoissant certes que vraiment effrayant, avec quelques références à l'actualité du film d'horreur durant ces 10 ans entre les deux épisodes (parfois un peu faciles il est vrai). La permanence de l'histoire (ou son impermanence ?) est finalement assez attrayante. Et même si c'était prévisible, je m'y suis alors laissé aller, les années suivantes montrant de plus qu'on pouvait encore tirer sur la ficelle avec efficacité.
13,5/20
10 ans après les événements tragiques de Scream 3, Sidney Prescott (N. Campbell) s'est reconstruite grâce à l'écriture. Et tout semblerait derrière elle, si ce n'est qu'une nouvelle version de Ghostface se manifeste. Le cauchemar semble ne jamais devoir s'arrêter...
Si à sa sortie, beaucoup criaient à la "résurrection de la franchise", au retour de l'efficacité ou de la qualité, j'avais trouvé ces réactions très surfaites. Car je ne l'avais pas trouvé meilleur dans l'ensemble que les précédents. Du moins pas que le 3. Le 2 était lui un peu lourd et didactique, mais les principes sur lesquels les 3 derniers épisodes d'alors étaient bâtis étaient exactement les mêmes : mise en abîme, auto-références et décortiquage des procédés du film d'horreur pour jeunes, réflexion sur l'interaction entre les médias et la société, notamment le culte de la célébrité et l'influence qu'ils exercent sur certaines personnes.
Ressortent donc dans cette suite les mêmes recettes. Après une crispante double introduction en abyme (enfin, le film commence), on retrouve la journaliste concurrente et cupide, les fausses pistes, un tueur révélé parmi l'entourage d'un des protagonistes principaux... Au minimum, il fallait se douter qu'il y aurait deux tueurs, recette qui avait déjà été présente dans les volets précédents. Et qui avait il est vrai pour grand avantage qu'on ne pouvait éliminer personne de la liste des suspects, ce même si on le ou la voyait poursuivi(e) par Ghostface.
De même, que Charlie se fasse tuer n'est pas vraiment surprenant. Il suffisait de se souvenir du 2 et du sort de Mickey pour le voir venir. Et au final, que sa complice soit Jill est tout à fait logique.
Mais justement, je pense que pour aller au bout de la logique, il aurait fallu tuer Sydney. Et on croit d'ailleurs vraiment à un moment que cette logique a été suivie, que Jill réussit dans cette tâche. Avant que Craven ne nous fasse déchanter. Car s'il a certainement voulu jouer à déjouer nos prévisions, il reste qu'un volet où le tueur finirait à son avantage aurait vraiment renouvelé le propos, bouclant la boucle. Tout en laissant la porte entrouverte à une éventuelle suite (qui a eu lieu !). Mais finalement, ce n'est qu'un faux semblant de plus, bien sûr bien dans le propos de cette saga qui joue à prendre en défaut les attentes du spectateur tout en jouant sur ses propres clichés et sa propre prévisibilité autant que celle du genre. Mais c'est néanmoins un peu dommage.
Après, bien sûr, ça faisait tout drôle de revoir après tout ce temps dans leurs rôles titres Courteney Cox, David Arquette et surtout Neve Campbell, discrète alors depuis quelques années (par choix, à ce qu'il semble, et qui a pour l'essentiel continué dans cette direction depuis). Dans un cadre qui n'a quasiment pas changé. Et oui, le spectacle est bon, la regretté Wes Craven faisant ce qu'il sait faire. Plus angoissant certes que vraiment effrayant, avec quelques références à l'actualité du film d'horreur durant ces 10 ans entre les deux épisodes (parfois un peu faciles il est vrai). La permanence de l'histoire (ou son impermanence ?) est finalement assez attrayante. Et même si c'était prévisible, je m'y suis alors laissé aller, les années suivantes montrant de plus qu'on pouvait encore tirer sur la ficelle avec efficacité.
13,5/20
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High Life, film de science-fiction écrit et réalisé par Claire DENIS (2018, France-Royaume-Uni-Allemagne-Pologne-USA), Jean-Paul FARGEAU et Geoff COX, avec Robert PATTINSON, Juliette BINOCHE, André BENJAMIN, Mia GOTH, Agata BUZEK, Lars EIDINGER, Claire TRAN, Ewan MITCHELL, Gloria OBIYANO...
Un groupe de prisonniers a été envoyé dans un vaisseau spatial loin hors du système solaire, en direction d'un trou noir. Tous ont été sacrifiés dans un voyage dont ils ne reviendront pas afin de participer à des expériences sensées bénéficier à l'humanité. Au cours du périple, certains décident de tenter de procréer, en dépit de perspectives très défavorables dans ce milieu baigné de radiations...
Son profil de film auteurisant a permis à High life de remporter un certain nombre de succès en festival et auprès de la grande presse ciné. Il satisfera moins le pur amateur de cinéma de science-fiction, de par son rythme lent et contemplatif, centré sur les rapports humains, et certains de ses choix typiquement esthétisants, notamment le réalisme paradoxalement cru et la construction en allers-retours qui complique la narration. Mais le nombre de ses thèmes relatifs aux difficultés du voyage spatial, tant les défis scientifiques afférents que les problèmes psychologiques, abordés de façon parfois audacieuse, voire même un peu choquante, peuvent le séduire. Et les prestations d'interprètes "psychologiques", notamment, aux côtés de Juliette Binoche dans son élément, un Robert Pattinson qui ne cesse d'avoir à cœur de prouver qu'il vaut beaucoup mieux que Twilight, aident à rendre l'ensemble regardable, pour qui ne cherche pas à voir un grand space-opéra d'action. En dépit de sa lenteur et de son côté lénifiant, j'ai encore préféré à Passengers (mais je comprends parfaitement que l'aspect intellectualisant, parfois à l'extrême, puisse rebuter).
11,5/20
Un groupe de prisonniers a été envoyé dans un vaisseau spatial loin hors du système solaire, en direction d'un trou noir. Tous ont été sacrifiés dans un voyage dont ils ne reviendront pas afin de participer à des expériences sensées bénéficier à l'humanité. Au cours du périple, certains décident de tenter de procréer, en dépit de perspectives très défavorables dans ce milieu baigné de radiations...
Son profil de film auteurisant a permis à High life de remporter un certain nombre de succès en festival et auprès de la grande presse ciné. Il satisfera moins le pur amateur de cinéma de science-fiction, de par son rythme lent et contemplatif, centré sur les rapports humains, et certains de ses choix typiquement esthétisants, notamment le réalisme paradoxalement cru et la construction en allers-retours qui complique la narration. Mais le nombre de ses thèmes relatifs aux difficultés du voyage spatial, tant les défis scientifiques afférents que les problèmes psychologiques, abordés de façon parfois audacieuse, voire même un peu choquante, peuvent le séduire. Et les prestations d'interprètes "psychologiques", notamment, aux côtés de Juliette Binoche dans son élément, un Robert Pattinson qui ne cesse d'avoir à cœur de prouver qu'il vaut beaucoup mieux que Twilight, aident à rendre l'ensemble regardable, pour qui ne cherche pas à voir un grand space-opéra d'action. En dépit de sa lenteur et de son côté lénifiant, j'ai encore préféré à Passengers (mais je comprends parfaitement que l'aspect intellectualisant, parfois à l'extrême, puisse rebuter).
11,5/20
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Légion : L'Armée des anges, film fantastique de Scott STEWART, sur un scénario de Peter SCHINK et Scott STEWART (Legion, USA, 2011), avec Paiul BETTANY, Dennis QUAID, Charles S. DUTTON, Lucas BLACK, Tyrese GIBSON, Adrianne PALICKI, Jon TENNEY, Kevin DURAND, Willa HOLLAND, Kate WALSH...
Un groupe d'inconnus se retrouve pris au piège d'un restoroute banal lorsque des hordes démoniaques s'abattent autour d'eux, craignant que tout le pays voire le monde soit soumis à cette attaque, et que l'Apocalypse soit en cours. Mais le mystérieux Michael (P. Bettany) apparaît alors, et affirme que l'enfant porté par une serveuse est le dernier espoir de l'humanité.
Le scénario se veut original, Dieu est présenté comme le méchant, les anges sont ses sbires qui viennent anéantir le monde... On s'écarte donc des sempiternelles bondieuseries pour attardés de la Bible Belt à coups de déferlements de sermons bibliques sur combien il faut croire à la lettre les Écritures et à l'opposé combien c'est pas bien d'adorer Satan et de s'opposer au Christ etc..., genre La septième prophétie. Mais s'il faut reconnaître qu'on a droit à quelques scènes choc, genre la petite vieille qui se transforme en ange sanguinaire, le propos est sous-exploité, et au final on a juste un autre film d'action/kung-fu/zombies/road-movie/western à huis clos ultra-violent, où on sulfate des anges/zombies/vampires à tout va, et ça charcle de tous les côtés. Avec combats tape-à-l'œil et ringards à force d'avoir été déjà vus mille fois.
Une impression qui se confirme de plus en plus : les CGI, ça rend si facilement accessibles la confection de scènes autrefois très dures à réaliser, que finalement n'aide pas à la créativité. C'est l'inconvénient de la facilité. Abondance de biens ne nuit pas, dit-on. Eh bien si. Le mélange débridé des genres est un autre signe du manque d'imagination qu'on essaie de compenser en puisant de tous les côtés.
Quant à Paul Bettany, il est sans doute le moins mauvais aspect du film, mais sa présence illustrait le tournant désarçonnant que prenait alors sa carrière, ratant toujours le coche entre productions prospères se révélant formatées, et petits films se voulant en dehors des clous mais ratant toujours leur effet.
8/20
Un groupe d'inconnus se retrouve pris au piège d'un restoroute banal lorsque des hordes démoniaques s'abattent autour d'eux, craignant que tout le pays voire le monde soit soumis à cette attaque, et que l'Apocalypse soit en cours. Mais le mystérieux Michael (P. Bettany) apparaît alors, et affirme que l'enfant porté par une serveuse est le dernier espoir de l'humanité.
Le scénario se veut original, Dieu est présenté comme le méchant, les anges sont ses sbires qui viennent anéantir le monde... On s'écarte donc des sempiternelles bondieuseries pour attardés de la Bible Belt à coups de déferlements de sermons bibliques sur combien il faut croire à la lettre les Écritures et à l'opposé combien c'est pas bien d'adorer Satan et de s'opposer au Christ etc..., genre La septième prophétie. Mais s'il faut reconnaître qu'on a droit à quelques scènes choc, genre la petite vieille qui se transforme en ange sanguinaire, le propos est sous-exploité, et au final on a juste un autre film d'action/kung-fu/zombies/road-movie/western à huis clos ultra-violent, où on sulfate des anges/zombies/vampires à tout va, et ça charcle de tous les côtés. Avec combats tape-à-l'œil et ringards à force d'avoir été déjà vus mille fois.
Une impression qui se confirme de plus en plus : les CGI, ça rend si facilement accessibles la confection de scènes autrefois très dures à réaliser, que finalement n'aide pas à la créativité. C'est l'inconvénient de la facilité. Abondance de biens ne nuit pas, dit-on. Eh bien si. Le mélange débridé des genres est un autre signe du manque d'imagination qu'on essaie de compenser en puisant de tous les côtés.
Quant à Paul Bettany, il est sans doute le moins mauvais aspect du film, mais sa présence illustrait le tournant désarçonnant que prenait alors sa carrière, ratant toujours le coche entre productions prospères se révélant formatées, et petits films se voulant en dehors des clous mais ratant toujours leur effet.
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Star Trek : Sans limites, film de science-fiction de Justin LIN (Star Trek Beyond, USA/Chine, 2016), sur un scénario de Simon PEGG et Doug JUNG, avec Chris PINE, Zacary QUINTO, Karl URBAN, Zoe SALDANA, Simon PEGG, John CHO, Anton YELCHIN, Idris ELBA, Sofia BOUTELLA, Joe TASLIM, Lydia WILSON, Deep ROY...
Lors d'une exploration dans les bordures de l'espace de la Fédération, l'USS Enterprise est mis hors de combat par une armada d'ennemis inconnus. L'équipage se retrouve échoué sur une planète toute aussi inconnue, et apparemment sans moyens d'être sauvé. Ils vont devoir à nouveau faire face à leurs mystérieux ennemis, qui se révèlent animés par une haine bien établie de la Fédération...
Je me suis retrouvé très partagé à la vision de ce Star Trek. Beaucoup de commentaires disaient qu'il essayait de faire la part belle entre l'approche des deux films précédents et celle des anciens films et séries, mais je pense que ce qui prédomine c'est quand même la première, avec primauté au spectaculaire. Et que malheureusement, ce qui est "ancien" ne marche pas forcément bien non plus.
Je voudrais bien m'arrêter sur les bonnes performances des nouveaux acteurs de la saga, qui nous font découvrir les versions jeunes des personnages classiques avec plaisir, ainsi que les jolies images de l'espace et de la planète de Krall, les humanoïdes à la touche bien trekienne, le discours fidèle à l'imagerie des séries. Mais, le film ne peut pas s'empêcher de verser dans la surenchère hollywoodienne moderne, il y a vraiment trop d'explosions, de scènes d'action et de combat spatial certes adroitement menées, mais très "génériques", sans originalité. C'est là qu'on se rappelle malheureusement que Justin Lin est le réalisateur de plusieurs des films de la franchise "Fast and Furious". Non, vraiment, cela ne peut pas convenir à Star Trek.
Le scénario est lui aussi très générique ; s'efforçant là encore de revenir à la grande tradition d'exploration spatiale des séries d'origine, avec le manque d'originalité résultant ; lequel, dans ce contexte, n'est pas gênant, encore faut-il que le récit soit bien conçu. Ainsi Krall est un personnage extravagant et caricatural, servant à illustrer un discours très, trop naïf sur la guerre et sur la paix, bien dans la lignée de ces séries. Cela pourrait plaire tout au plus aux trekkies. Et surtout, encore ne faudrait-il pas que l'histoire soit enfouie sous de grosses fautes de logique, hélas typiques des blockbusters modernes. Ainsi, pourquoi Krall essaie-t'il d'attirer l'Enterprise afin de s'emparer d'une machine qui doit lui permettre de tuer plein de gens dans la Fédération, si j'ai bien compris, alors que ce qu'on voit sa flotte faire à la fin montre qu'il pouvait amplement le réaliser avec elle seule ?
Alors, même si la certaine légèreté dont est empreint l'ensemble est agréable, l'accent mis sur le spectaculaire joint à la banalité de l'histoire affaiblissent l'ensemble. Ce n'est pas ce que j'attendais d'un Star Trek. Et il semble que ç'ait été vrai de beaucoup d'autres, car cet épisode a marqué une grosse baisse d'intérêt du public, le film n'ayant pas pu être rentable en raison de sa gabegie financière (surenchère d'effets spéciaux, quand tu nous tiens...), et de là un arrêt de la franchise.
9,5/20
Lors d'une exploration dans les bordures de l'espace de la Fédération, l'USS Enterprise est mis hors de combat par une armada d'ennemis inconnus. L'équipage se retrouve échoué sur une planète toute aussi inconnue, et apparemment sans moyens d'être sauvé. Ils vont devoir à nouveau faire face à leurs mystérieux ennemis, qui se révèlent animés par une haine bien établie de la Fédération...
Je me suis retrouvé très partagé à la vision de ce Star Trek. Beaucoup de commentaires disaient qu'il essayait de faire la part belle entre l'approche des deux films précédents et celle des anciens films et séries, mais je pense que ce qui prédomine c'est quand même la première, avec primauté au spectaculaire. Et que malheureusement, ce qui est "ancien" ne marche pas forcément bien non plus.
Je voudrais bien m'arrêter sur les bonnes performances des nouveaux acteurs de la saga, qui nous font découvrir les versions jeunes des personnages classiques avec plaisir, ainsi que les jolies images de l'espace et de la planète de Krall, les humanoïdes à la touche bien trekienne, le discours fidèle à l'imagerie des séries. Mais, le film ne peut pas s'empêcher de verser dans la surenchère hollywoodienne moderne, il y a vraiment trop d'explosions, de scènes d'action et de combat spatial certes adroitement menées, mais très "génériques", sans originalité. C'est là qu'on se rappelle malheureusement que Justin Lin est le réalisateur de plusieurs des films de la franchise "Fast and Furious". Non, vraiment, cela ne peut pas convenir à Star Trek.
Le scénario est lui aussi très générique ; s'efforçant là encore de revenir à la grande tradition d'exploration spatiale des séries d'origine, avec le manque d'originalité résultant ; lequel, dans ce contexte, n'est pas gênant, encore faut-il que le récit soit bien conçu. Ainsi Krall est un personnage extravagant et caricatural, servant à illustrer un discours très, trop naïf sur la guerre et sur la paix, bien dans la lignée de ces séries. Cela pourrait plaire tout au plus aux trekkies. Et surtout, encore ne faudrait-il pas que l'histoire soit enfouie sous de grosses fautes de logique, hélas typiques des blockbusters modernes. Ainsi, pourquoi Krall essaie-t'il d'attirer l'Enterprise afin de s'emparer d'une machine qui doit lui permettre de tuer plein de gens dans la Fédération, si j'ai bien compris, alors que ce qu'on voit sa flotte faire à la fin montre qu'il pouvait amplement le réaliser avec elle seule ?
Alors, même si la certaine légèreté dont est empreint l'ensemble est agréable, l'accent mis sur le spectaculaire joint à la banalité de l'histoire affaiblissent l'ensemble. Ce n'est pas ce que j'attendais d'un Star Trek. Et il semble que ç'ait été vrai de beaucoup d'autres, car cet épisode a marqué une grosse baisse d'intérêt du public, le film n'ayant pas pu être rentable en raison de sa gabegie financière (surenchère d'effets spéciaux, quand tu nous tiens...), et de là un arrêt de la franchise.
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Super 8, film fantastique écrit et réalisé par J. J. ABRAMS (USA, 2011), avec Elle FANNING, A.J. MICHALKA, Kyle CHANDLER, Joel COURTNEY, Jessiac TUCK, Joel McKINNON MILLER, Ryan LEE, Zach MILLS, Riley GRIFFITHS, Gabriel BASSO...
Lors de l'été 1979, un groupe d'amis adolescents en train de tourner un film amateur se retrouve à enquêter sur les événements inexpliqués qui suivent un accident de train...
Le genre des films hommages est affectionné par Joe Dante et Quentin Tarentino. J. J. Abrams n'avait pas la réputation d'en être un spécialiste, c'en aurait même été le contraire. Mais il livre là un coup de cœur réussi, une réalisation d'authentique passionné.
On a deux intrigues en parallèle, l'une s'articulant autour de la genèse du film d'horreur amateur, ciblant les réalisations de passionnés type Dante et les films tournant autour d'adolescents comme Les goonies. L'autre, autour de l'extra-terrestre, prend pour référent les films d'horreur et de SF des années 70 et 80, type Le Blob. Le lien entre les deux est assuré par la caméra à terre qui filme l'évasion de l'E.T., dont l'aspect (plus original qu'à l'habitude) ne nous sera révélé qu'à la fin.
On y trouve les erreurs typiques des films de cette époque : ainsi les ados qui courent le long du chemin de fer au lieu de filer à toute allure dans le champ, et néanmoins s'en tirent quasiment sans une égratignure ; le prof dans sa voiture qui est encore vivant après avoir heurté de plein fouet le train, les militaires qui font des mesures sans prendre de précautions ; les renforts qui n'arrivent pas ; la route secondaire qui n'est pas gardée alors que le village est sensément bouclé ; le shérif qui n'est gardé que par un seul homme et s'évade donc facilement ; les ados qui trouvent facilement les archives du Dr Woodward, là où les militaires n'ont pas pensé à regarder ; l'E.T. convoyé dans un train sans précautions particulières etc... Loin d'être bâclé, le scénario fait au contraire montre de recherche et d'une bonne connaissance du sujet. Tous les personnages y passent aussi, du shériff au mauvais garçon en passant par le jeune futile, les militaires bornés, le scientifique dissident etc... Et bien sûr le gang d'ados passionnés et intrépides qui n'hésitent pas à se lancer dans une aventure rocambolesque.
La façon de filmer reproduit aussi celle de cette époque. La seule concession concerne les effets spéciaux pour l'E.T. Mais le fait de ne montrer l'étranger de l'espace qu'à la toute fin rejoint aussi ces anciens films où on devait limiter l'apparition de la créature pour cause d'effets spéciaux. Certes, n'est pas Joe Dante qui veut, et cela ressemble parfois plus à Invaders from Mars version Tobe Hooper. Mais cela ne dessert pas vraiment le propos de Super 8, puisque c'est justement ce genre de film qui était visé. Et pour citer SFX, "le film rend un bel hommage à une époque où les enfants pouvaient être représentés dans un film sans que ce dernier ne s'adresse exclusivement à eux". Loin des films formatés et commerciaux "ciblés d'jeuns" et de l'humour à ras des paquerettes. Nous apportant ainsi un changement rafraichissant.
15/20
Lors de l'été 1979, un groupe d'amis adolescents en train de tourner un film amateur se retrouve à enquêter sur les événements inexpliqués qui suivent un accident de train...
Le genre des films hommages est affectionné par Joe Dante et Quentin Tarentino. J. J. Abrams n'avait pas la réputation d'en être un spécialiste, c'en aurait même été le contraire. Mais il livre là un coup de cœur réussi, une réalisation d'authentique passionné.
On a deux intrigues en parallèle, l'une s'articulant autour de la genèse du film d'horreur amateur, ciblant les réalisations de passionnés type Dante et les films tournant autour d'adolescents comme Les goonies. L'autre, autour de l'extra-terrestre, prend pour référent les films d'horreur et de SF des années 70 et 80, type Le Blob. Le lien entre les deux est assuré par la caméra à terre qui filme l'évasion de l'E.T., dont l'aspect (plus original qu'à l'habitude) ne nous sera révélé qu'à la fin.
On y trouve les erreurs typiques des films de cette époque : ainsi les ados qui courent le long du chemin de fer au lieu de filer à toute allure dans le champ, et néanmoins s'en tirent quasiment sans une égratignure ; le prof dans sa voiture qui est encore vivant après avoir heurté de plein fouet le train, les militaires qui font des mesures sans prendre de précautions ; les renforts qui n'arrivent pas ; la route secondaire qui n'est pas gardée alors que le village est sensément bouclé ; le shérif qui n'est gardé que par un seul homme et s'évade donc facilement ; les ados qui trouvent facilement les archives du Dr Woodward, là où les militaires n'ont pas pensé à regarder ; l'E.T. convoyé dans un train sans précautions particulières etc... Loin d'être bâclé, le scénario fait au contraire montre de recherche et d'une bonne connaissance du sujet. Tous les personnages y passent aussi, du shériff au mauvais garçon en passant par le jeune futile, les militaires bornés, le scientifique dissident etc... Et bien sûr le gang d'ados passionnés et intrépides qui n'hésitent pas à se lancer dans une aventure rocambolesque.
La façon de filmer reproduit aussi celle de cette époque. La seule concession concerne les effets spéciaux pour l'E.T. Mais le fait de ne montrer l'étranger de l'espace qu'à la toute fin rejoint aussi ces anciens films où on devait limiter l'apparition de la créature pour cause d'effets spéciaux. Certes, n'est pas Joe Dante qui veut, et cela ressemble parfois plus à Invaders from Mars version Tobe Hooper. Mais cela ne dessert pas vraiment le propos de Super 8, puisque c'est justement ce genre de film qui était visé. Et pour citer SFX, "le film rend un bel hommage à une époque où les enfants pouvaient être représentés dans un film sans que ce dernier ne s'adresse exclusivement à eux". Loin des films formatés et commerciaux "ciblés d'jeuns" et de l'humour à ras des paquerettes. Nous apportant ainsi un changement rafraichissant.
15/20
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Inception, film de science-fiction écrit et réalisé par Christopher NOLAN (USA, 2010), avec Leonardo DI CAPRIO, Joseph GORDON-LEVITT, Ellen PAGE, WATANABE Ken, Tom HARDY, Dileep RAO, Cillian MURPHY, Tom BERENGER, Marion COTILLARD, Pete POSTLEWAITHE, Michael CAINE, Lukas HAAS...
Dans un futur où a été mise au point une technologie permettant de voyager dans l'inconscient d'une personne, ce qui permet à des individus peu scrupuleux d'en extraire des informations importantes, Cobb (Di Caprio), un voleur rompu à ces techniques, se voit poussé à faire l'inverse, à savoir implanter une idée dans l'esprit d'un PDG. Désireux de se racheter de graves erreurs passées, qui lui ont notamment coûté sa famille, il n'a d'autre choix que d'accepter...
Parfois brocardé comme une grosse production pseudo-intelligente, Inception m'a laissé une impression positive par son brocardage subtil des codes de ces mêmes grosses productions, autant que par la maîtrise à la réalisation qu'à l'écriture de Nolan. Di Caprio confirmait alors son ascension au rang d'acteur majeur, et Marion Cotillard son intégration à Hollywood, le reste du casting permettant d'apprécier Ellen Page, Tom Berenger, Ken Watanabe etc... J'aime bien ce type de scénario à tiroirs, qui multiplie les mises en abîmes, nous mettant dans la même position que les personnages, coincés dans différents "plans" de réalité, forcés de suivre diverses intrigues en parallèle. On en ressort sens dessus dessous, tout en ayant l'impression d'avoir été bien divertis.
Certaines polémiques sur ce film ne se réfèrent qu'à des passages fugitifs, dont la signification peut paraître difficile à saisir, en raison des multiples références maniées par Nolan. Personnellement le symbolisme sur la personnalité, avec les "fétiches", n'est pas celui qui m'a le plus intéressé, avec ses innombrables clés semées par ci par là, ce qui a pu perturber nombre de spectateurs, mais il est certain que Nolan a fait preuve de beaucoup de maîtrise de relations très complexes et approfondies. Je me pencherai plus sur le message profond du film. J'ai été satisfait de voir un film qui fait en même temps passer un très bon moment de détente, mais parvient dans le même temps vraiment à manier des concepts et des procédés complexes qui amènent à réfléchir sur notre perception la réalité, sur la relation entre imaginaire et monde réel. Nolan livrait là le meilleur exemple du genre depuis Matrix. Action et moments "réflexifs" s'équilibrent bien. Mais comme je le disais plus haut, certains ont écrit que tout cela n'était que du verbiage pseudo-intellectuel destiné à faire passer un simple film d'action mercantile de plus pour un produit recherché. Inception ne serait donc, pour reprendre l'expression de Will Self, qu' "un film, qui, loin d'être intelligent, n'est que l'idée qu'un imbécile se fait d'un film intelligent" (Courrier International 1039, p.53). Posture de grincheux ?
Il est vrai que l'aspect très blockbuster, immanquablement jamesbondien du film quand les personnages attaquent le bâtiment montagnard situé dans le niveau le plus profond, peut donner cette impression que tout cela n'est qu'un vernis. On tomberait alors définitivement dans la démesure hollywoodienne de ces dernières années. À ma première vision j'avais certes trouvé que cela passait en douceur, grâce à une montée progressive en puissance tout au long de la descente dans chaque niveau. Mais il est vrai que cela ne changerait pas ce constat fait par les détracteurs. Mais il y a une autre façon, beaucoup plus pertinente à mon avis de voir la chose : plus on s'enfonce dans des niveaux de plus en plus profonds, plus la réalité qu'ils contiennent devient hollywoodienne et irréaliste. Je n'ai aucun doute qu'il s'agisse d'une métaphore volontaire, par laquelle Nolan essaie d'illustrer que ce n'est que dans les rêves que la réalité peut ressembler aux films hollywoodiens. Il est significatif que le niveau “jamesbondien” se trouve juste au-dessus de celui où les lois de la physique se détraquent. Le message étant que la réalité vraie, celle dans laquelle nous vivons est elle beaucoup plus banale, et qu'il ne faut pas chercher à imiter le cinéma. Au-delà d'une tentative d'en mettre plein les yeux au spectateur., qui peut certes marcher au premier degré auprès d'une partie du public moins exigeante, Nolan a à mon avis réellement donné un coup de griffe à la machine hollywoodienne à blockbusters en surfant sur ce côté spectaculaire et en paraissant ainsi satisfaire la demande des états-majors de la Warner.
16,5/20
Dans un futur où a été mise au point une technologie permettant de voyager dans l'inconscient d'une personne, ce qui permet à des individus peu scrupuleux d'en extraire des informations importantes, Cobb (Di Caprio), un voleur rompu à ces techniques, se voit poussé à faire l'inverse, à savoir implanter une idée dans l'esprit d'un PDG. Désireux de se racheter de graves erreurs passées, qui lui ont notamment coûté sa famille, il n'a d'autre choix que d'accepter...
Parfois brocardé comme une grosse production pseudo-intelligente, Inception m'a laissé une impression positive par son brocardage subtil des codes de ces mêmes grosses productions, autant que par la maîtrise à la réalisation qu'à l'écriture de Nolan. Di Caprio confirmait alors son ascension au rang d'acteur majeur, et Marion Cotillard son intégration à Hollywood, le reste du casting permettant d'apprécier Ellen Page, Tom Berenger, Ken Watanabe etc... J'aime bien ce type de scénario à tiroirs, qui multiplie les mises en abîmes, nous mettant dans la même position que les personnages, coincés dans différents "plans" de réalité, forcés de suivre diverses intrigues en parallèle. On en ressort sens dessus dessous, tout en ayant l'impression d'avoir été bien divertis.
Certaines polémiques sur ce film ne se réfèrent qu'à des passages fugitifs, dont la signification peut paraître difficile à saisir, en raison des multiples références maniées par Nolan. Personnellement le symbolisme sur la personnalité, avec les "fétiches", n'est pas celui qui m'a le plus intéressé, avec ses innombrables clés semées par ci par là, ce qui a pu perturber nombre de spectateurs, mais il est certain que Nolan a fait preuve de beaucoup de maîtrise de relations très complexes et approfondies. Je me pencherai plus sur le message profond du film. J'ai été satisfait de voir un film qui fait en même temps passer un très bon moment de détente, mais parvient dans le même temps vraiment à manier des concepts et des procédés complexes qui amènent à réfléchir sur notre perception la réalité, sur la relation entre imaginaire et monde réel. Nolan livrait là le meilleur exemple du genre depuis Matrix. Action et moments "réflexifs" s'équilibrent bien. Mais comme je le disais plus haut, certains ont écrit que tout cela n'était que du verbiage pseudo-intellectuel destiné à faire passer un simple film d'action mercantile de plus pour un produit recherché. Inception ne serait donc, pour reprendre l'expression de Will Self, qu' "un film, qui, loin d'être intelligent, n'est que l'idée qu'un imbécile se fait d'un film intelligent" (Courrier International 1039, p.53). Posture de grincheux ?
Il est vrai que l'aspect très blockbuster, immanquablement jamesbondien du film quand les personnages attaquent le bâtiment montagnard situé dans le niveau le plus profond, peut donner cette impression que tout cela n'est qu'un vernis. On tomberait alors définitivement dans la démesure hollywoodienne de ces dernières années. À ma première vision j'avais certes trouvé que cela passait en douceur, grâce à une montée progressive en puissance tout au long de la descente dans chaque niveau. Mais il est vrai que cela ne changerait pas ce constat fait par les détracteurs. Mais il y a une autre façon, beaucoup plus pertinente à mon avis de voir la chose : plus on s'enfonce dans des niveaux de plus en plus profonds, plus la réalité qu'ils contiennent devient hollywoodienne et irréaliste. Je n'ai aucun doute qu'il s'agisse d'une métaphore volontaire, par laquelle Nolan essaie d'illustrer que ce n'est que dans les rêves que la réalité peut ressembler aux films hollywoodiens. Il est significatif que le niveau “jamesbondien” se trouve juste au-dessus de celui où les lois de la physique se détraquent. Le message étant que la réalité vraie, celle dans laquelle nous vivons est elle beaucoup plus banale, et qu'il ne faut pas chercher à imiter le cinéma. Au-delà d'une tentative d'en mettre plein les yeux au spectateur., qui peut certes marcher au premier degré auprès d'une partie du public moins exigeante, Nolan a à mon avis réellement donné un coup de griffe à la machine hollywoodienne à blockbusters en surfant sur ce côté spectaculaire et en paraissant ainsi satisfaire la demande des états-majors de la Warner.
16,5/20
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Lucy, film Fantastque écrit et réalisé par Luc BESSON (France-Allemagne-Taïwan-Canada, 2014), avec Scarlett JOHANSSON, Morgan FREEMAN, CHOI Min-sik, Amr WAKED, Juilan RHIND-TUTT, Pilou ASBÆK, Analeigh TIPTON, Nicolas PHONGPHETH...
Au début simplement chargée de remettre une valise à Mr Jang (Choi M.), Lucy (S. Johansson) se retrouve obligée de faire la mule pour une nouvelle drogue synthétique sensée être très puissante . Mais un des sacs qu'elle convoie dans son estomac se déchire, et la drogue a sur elle des effets complètement inattendus, en développant les pouvoirs de son esprit d'une façon inimaginable. Elle décide alors de se venger de ceux qui l'ont capturée et forcée à faire la mule...
Dans ce film, Luc Besson a simplement voulu écrire une histoire de super-héros sans avoir à payer de droits de licence, à un moment où Marvel accumulait les succès. Les super-héros ne sont certes pas vraiment de la SF, pas exclusivement en tout cas, tenant plus dans l'ensemble de la fantaisy, mais le point important est qu'il avait besoin d'un principe quelconque pour justifier les pouvoirs de l'héroïne. Leur origine est aussi idiote que celle de plein de super-héros de comics (piqure d'araignée radio-active, explosion de bombe gamma, exposition des parents à la radio-activité ou la pollution chimique etc...). De là, le récit présente les défauts et les qualités de nombreuses bandes de ce genre, avec les raccourcis scénaristiques et facilités d'écriture de rigueur. C'est ainsi que doit à mon sens se comprendre le fait que Lucy laisse en vie Mr Jang.
Ce qui je trouve plus gênant est la présence d'invraisemblances bien dans le style bessonien traditionnel. Comment les tueurs de Jang peuvent-ils oser monter une opération en plein jour pour aller récupérer les sachets de drogue dans les locaux de la police ? On reconnaît là les gros sabots habituels de Besson, qui dans la même veine ne peut pas s'empêcher d'introduire quelques scènes de poursuite et d'accidents spectaculaires. Ces passages divertissent du propos du film, dont la prétention à donner dans la métaphysique prête déjà à sourire. Mais celui-ci se tient comme histoire de super-héros déjantée. Il est porté à bout de bras par la réalisation solide de Luc Besson, même si la scène finale montre qu'en matière d'élans métaphysiques il ne peut pas égaler un Kubrick (le coup du voyage dans le temps étant visible d'avance à des kilomètres), et le charisme de ses acteurs, surtout de l'actrice principale. Et si je ne suis pas un fan de Scarlett Johanson en raison de son côté diva, son magnétisme joue là à fond, d'autant qu'on peut deviner qu'elle semble vraiment s'être amusée dans une production qui n'est pas dans son style habituel (tout comme pour Morgan Freeman).
10,5/20
Au début simplement chargée de remettre une valise à Mr Jang (Choi M.), Lucy (S. Johansson) se retrouve obligée de faire la mule pour une nouvelle drogue synthétique sensée être très puissante . Mais un des sacs qu'elle convoie dans son estomac se déchire, et la drogue a sur elle des effets complètement inattendus, en développant les pouvoirs de son esprit d'une façon inimaginable. Elle décide alors de se venger de ceux qui l'ont capturée et forcée à faire la mule...
Dans ce film, Luc Besson a simplement voulu écrire une histoire de super-héros sans avoir à payer de droits de licence, à un moment où Marvel accumulait les succès. Les super-héros ne sont certes pas vraiment de la SF, pas exclusivement en tout cas, tenant plus dans l'ensemble de la fantaisy, mais le point important est qu'il avait besoin d'un principe quelconque pour justifier les pouvoirs de l'héroïne. Leur origine est aussi idiote que celle de plein de super-héros de comics (piqure d'araignée radio-active, explosion de bombe gamma, exposition des parents à la radio-activité ou la pollution chimique etc...). De là, le récit présente les défauts et les qualités de nombreuses bandes de ce genre, avec les raccourcis scénaristiques et facilités d'écriture de rigueur. C'est ainsi que doit à mon sens se comprendre le fait que Lucy laisse en vie Mr Jang.
Ce qui je trouve plus gênant est la présence d'invraisemblances bien dans le style bessonien traditionnel. Comment les tueurs de Jang peuvent-ils oser monter une opération en plein jour pour aller récupérer les sachets de drogue dans les locaux de la police ? On reconnaît là les gros sabots habituels de Besson, qui dans la même veine ne peut pas s'empêcher d'introduire quelques scènes de poursuite et d'accidents spectaculaires. Ces passages divertissent du propos du film, dont la prétention à donner dans la métaphysique prête déjà à sourire. Mais celui-ci se tient comme histoire de super-héros déjantée. Il est porté à bout de bras par la réalisation solide de Luc Besson, même si la scène finale montre qu'en matière d'élans métaphysiques il ne peut pas égaler un Kubrick (le coup du voyage dans le temps étant visible d'avance à des kilomètres), et le charisme de ses acteurs, surtout de l'actrice principale. Et si je ne suis pas un fan de Scarlett Johanson en raison de son côté diva, son magnétisme joue là à fond, d'autant qu'on peut deviner qu'elle semble vraiment s'être amusée dans une production qui n'est pas dans son style habituel (tout comme pour Morgan Freeman).
10,5/20
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Chappie, film de science-fiction de Neill BLONKAMP (USA, 2015), sur un scénario de Terri TATCHELL et Neill BLONKAMP, avec Sharlto COPLEY, Dev PATEL, Hugh JACKMAN, Sigourney WEAVER, NINJA, Yo-Landi VISSER, Jose Pablo CANTILLO, Brandon AURET, Johnny SELEMA, Anderson COOPER...
A Johannesbourg, dans un futur proche, la police a réussi à diminuer la criminalité en utilisant des robots de la Compagnie Tetravaal. L'ingénieur Deon Wilson, leur concepteur, développe une nouvelle I.A. très avancée, qu'il place dans 22, un robot destiné à la casse. La directrice de Tetravaal, Michelle Bradley (S. Weaver) lui demande de mettre fin au projet, mais il est alors enlevé par le gang formé de Ninja (... Ninja), Yo-Landi (... Yo-Landi Visser) et America (J. P. Cantillo), qui lui ordonnent de cesser de créer des robots policiers. Ils tombent sur 22, et ordonnent à Wilson de le programmer pour les aider à commettre des hold-ups et l'appellent Chappie. Mais celui-ci, en raison de son I.A. très avancée, agit plus comme un enfant humain qui a besoin d'apprendre...
Voilà un film pour lequel ne faut pas se laisser intimider par certaines critiques négatives, car Blonkamp livre là un nouveau travail remarquable et en finesse, et surtout le cadre à nouveau sud-africain, avec tous ses à-côtés qui dépaysent des habituelles productions, le libérant des ingérences trop pesantes d'une grosse major.
Au-delà d'une jolie parabole sur l'intelligence artificielle et les aléas de ses démêlés avec des humains guidés par des intentions rarement bienveillantes, Blonkamp sait faire sentir son amour du genre ; contrairement à d'autres (pas de nom...), il sait placer ses références, à Robocop, à la culture manga/japanimation (le look des robots renvoyant directement à Bubble Gum Crisis), aux thématiques du genre cyberpunk qui émaillent son récit... Et surtout il n'hésite pas à surprendre en faisant de son robot-enfant non seulement le révélateur des turpitudes humaines par le biais de ses hasardeuses interactions avec elles, mais aussi des traits prodigieux qui peuvent se cacher derrière elles.
Il n'a pas peur ainsi de sortir des cadres établis de la bien-pensance ; se gardant bien de condamner tout de go, n'hésitant pas à donner une chance à des personnages de bandits au premier abord répugnants, entre Ninja brutal et à fleur de peau et Amerika brutal et manipulateur, qui finissent par paraître attachants, incarnés par les membres d'un groupe rock que beaucoup auraient pensé inappropriés, mais qui se révèlent au contraire tout indiqués pour ce récit ; tandis que Vincent Moore qui se révèle être le plus grand ennemi de Chappie, il n'est pas dépeint non plus de façon unilatéralement mauvaise, il apparaît au départ comme un inventeur génial saqué par une dirigeante froide, cynique et sans scrupules ; celle-là même qu'on attendait comme la grande méchante de l'histoire. Par ces renversements de situation et de caractère, il ne craint pas de prendre le risque de choquer. Ce qui explique probablement l'échec aux USA où l'absence de cadre manichéen n'a pas du être apprécié. Alors qu'au final, comme l'ont souligné beaucoup d'autres, ce qu'il fait sur Chappie est exactement dans le ton de ce qu'il faisait sur ses films précédents, moins l'influence subie de la part des producteurs sur Elysium (à ce sujet, on pourrait être tenté de retrouver dans le duo Vincent Moore/Michel Bradley le pendant de celui formé par la ministre Delacourt et Kruger, notamment au sujet de leur inversion de position, mais quoi qu'il en soit, le traitement bien plus avisé indique qu'il était là beaucoup plus libre de ses mouvements), ce mélange si personnel de spéculation sociale, d'humour si particulier et de performances d'acteurs atypiques.
14,5/20
A Johannesbourg, dans un futur proche, la police a réussi à diminuer la criminalité en utilisant des robots de la Compagnie Tetravaal. L'ingénieur Deon Wilson, leur concepteur, développe une nouvelle I.A. très avancée, qu'il place dans 22, un robot destiné à la casse. La directrice de Tetravaal, Michelle Bradley (S. Weaver) lui demande de mettre fin au projet, mais il est alors enlevé par le gang formé de Ninja (... Ninja), Yo-Landi (... Yo-Landi Visser) et America (J. P. Cantillo), qui lui ordonnent de cesser de créer des robots policiers. Ils tombent sur 22, et ordonnent à Wilson de le programmer pour les aider à commettre des hold-ups et l'appellent Chappie. Mais celui-ci, en raison de son I.A. très avancée, agit plus comme un enfant humain qui a besoin d'apprendre...
Voilà un film pour lequel ne faut pas se laisser intimider par certaines critiques négatives, car Blonkamp livre là un nouveau travail remarquable et en finesse, et surtout le cadre à nouveau sud-africain, avec tous ses à-côtés qui dépaysent des habituelles productions, le libérant des ingérences trop pesantes d'une grosse major.
Au-delà d'une jolie parabole sur l'intelligence artificielle et les aléas de ses démêlés avec des humains guidés par des intentions rarement bienveillantes, Blonkamp sait faire sentir son amour du genre ; contrairement à d'autres (pas de nom...), il sait placer ses références, à Robocop, à la culture manga/japanimation (le look des robots renvoyant directement à Bubble Gum Crisis), aux thématiques du genre cyberpunk qui émaillent son récit... Et surtout il n'hésite pas à surprendre en faisant de son robot-enfant non seulement le révélateur des turpitudes humaines par le biais de ses hasardeuses interactions avec elles, mais aussi des traits prodigieux qui peuvent se cacher derrière elles.
Il n'a pas peur ainsi de sortir des cadres établis de la bien-pensance ; se gardant bien de condamner tout de go, n'hésitant pas à donner une chance à des personnages de bandits au premier abord répugnants, entre Ninja brutal et à fleur de peau et Amerika brutal et manipulateur, qui finissent par paraître attachants, incarnés par les membres d'un groupe rock que beaucoup auraient pensé inappropriés, mais qui se révèlent au contraire tout indiqués pour ce récit ; tandis que Vincent Moore qui se révèle être le plus grand ennemi de Chappie, il n'est pas dépeint non plus de façon unilatéralement mauvaise, il apparaît au départ comme un inventeur génial saqué par une dirigeante froide, cynique et sans scrupules ; celle-là même qu'on attendait comme la grande méchante de l'histoire. Par ces renversements de situation et de caractère, il ne craint pas de prendre le risque de choquer. Ce qui explique probablement l'échec aux USA où l'absence de cadre manichéen n'a pas du être apprécié. Alors qu'au final, comme l'ont souligné beaucoup d'autres, ce qu'il fait sur Chappie est exactement dans le ton de ce qu'il faisait sur ses films précédents, moins l'influence subie de la part des producteurs sur Elysium (à ce sujet, on pourrait être tenté de retrouver dans le duo Vincent Moore/Michel Bradley le pendant de celui formé par la ministre Delacourt et Kruger, notamment au sujet de leur inversion de position, mais quoi qu'il en soit, le traitement bien plus avisé indique qu'il était là beaucoup plus libre de ses mouvements), ce mélange si personnel de spéculation sociale, d'humour si particulier et de performances d'acteurs atypiques.
14,5/20
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Chronicle, film fantastique de Josh TRANK (USA, 2013), sur un scénario de Max LANDIS et Josh TRANK, avec Dane DeHAAN, Alex RUSSELL, Michael B. JORDAN, Michael KELLY, Ashley HINSHAW, Bo PETERSEN, Anna WOOD, Rudi MALCOLM, Luke TYLER...
Deux cousins, Andrew Detmer (D. DeHaan), Matt Garetty (A. Russell) et leur camarade de lycée Steve Montgomery (M. B. Jordan) font une découverte étonnante dans un tunnel, qui leur donne des facultés paranormales prodigieuses, super-force, invulnérabilité, faculté de voler etc... Ils les utilisent d'abord simplement pour s'amuser, mais Detmer, qui vit avec un père alcoolique et violent et une mère malade, se retrouve confronté à l'aggravation de la maladie de cette dernière. N'ayant pas d'argent pour payer son traitement, et aigri, il commence à devenir dangereux...
Une bonne surprise avec ce long-métrage atypique.
Ce film de “super-héros réaliste” tranche par rapport à la plupart des œuvres de ce genre. Pas de costumes colorés, pas de grands discours sur le super-héroïsme, la responsabilité qu'amène le pouvoir etc... Non, ce qu'on a ce sont juste trois jeunes de maintenant, baignés de culture internet instantanée, en relation avec tout le monde à tout instant, ce qui ne les empêche pas forcément de se retrouver isolés et livrés à eux-mêmes. Ce sont donc des gens très ordinaires, mais caractérisés par un caractère sûr d'eux, à l'image de beaucoup de membres de la jeune génération qui croient tout savoir et maîtriser parce qu'ils ont ou pensent avoir accès à toute l'information disponible, alors que leur manque d'expérience est flagrant. Ils se retrouvent ainsi pris par quelque chose qu'ils ne comprennent pas et les dépasse alors qu'ils croient la maîtriser, et en conséquence s'enferment dans une spirale désastreuse. Et si un d'eux tourne mal, il ne sera point question de voir un illuminé de comics de service se mettant à rêver de conquête du monde. Non, simplement, il se trouve qu'il est simplement un peu plus fragile que les autres en raison de son environnement familial, mais néanmoins très décent, normal donc, la façon dont il tourne au “super-vilain” apparaissant ainsi crédible car amenée d'une façon très naturelle.
Avec des moyens réduits, qui n'empêchent pas le spectaculaire d'être présent, Josh Trank réussit à faire une œuvre à la progression bien maîtrisée, la fin tragique étant amenée grâce à une montée en tension qui la fait paraître inéluctable. Deux réserves cependant. Le style found footage est un peu gratuit et pas vraiment utile au film. Je comprends que l'omniprésence des caméras renvoie à la culture geek, à cette omniprésence d'internet, des blogs et de youtube à laquelle se rattachent tant de jeunes de maintenant, dont les protagonistes du film. Dont le discours essaie d'exposer le vide qui se cache derrière. Seulement, il y avait des manières plus subtiles de l'illustrer.
Enfin, et plus gênant, les policiers qui commentent le spectacle incroyable qu'ils ont sous les yeux à la fin paraissent bien impassibles, acceptant ce qu'ils voient sans que cela paraisse leur poser plus de problèmes. Ce qui est complètement irréaliste, car manifestement incrédulité totale et ahurissement devraient présider à leurs réactions.
14/20
Deux cousins, Andrew Detmer (D. DeHaan), Matt Garetty (A. Russell) et leur camarade de lycée Steve Montgomery (M. B. Jordan) font une découverte étonnante dans un tunnel, qui leur donne des facultés paranormales prodigieuses, super-force, invulnérabilité, faculté de voler etc... Ils les utilisent d'abord simplement pour s'amuser, mais Detmer, qui vit avec un père alcoolique et violent et une mère malade, se retrouve confronté à l'aggravation de la maladie de cette dernière. N'ayant pas d'argent pour payer son traitement, et aigri, il commence à devenir dangereux...
Une bonne surprise avec ce long-métrage atypique.
Ce film de “super-héros réaliste” tranche par rapport à la plupart des œuvres de ce genre. Pas de costumes colorés, pas de grands discours sur le super-héroïsme, la responsabilité qu'amène le pouvoir etc... Non, ce qu'on a ce sont juste trois jeunes de maintenant, baignés de culture internet instantanée, en relation avec tout le monde à tout instant, ce qui ne les empêche pas forcément de se retrouver isolés et livrés à eux-mêmes. Ce sont donc des gens très ordinaires, mais caractérisés par un caractère sûr d'eux, à l'image de beaucoup de membres de la jeune génération qui croient tout savoir et maîtriser parce qu'ils ont ou pensent avoir accès à toute l'information disponible, alors que leur manque d'expérience est flagrant. Ils se retrouvent ainsi pris par quelque chose qu'ils ne comprennent pas et les dépasse alors qu'ils croient la maîtriser, et en conséquence s'enferment dans une spirale désastreuse. Et si un d'eux tourne mal, il ne sera point question de voir un illuminé de comics de service se mettant à rêver de conquête du monde. Non, simplement, il se trouve qu'il est simplement un peu plus fragile que les autres en raison de son environnement familial, mais néanmoins très décent, normal donc, la façon dont il tourne au “super-vilain” apparaissant ainsi crédible car amenée d'une façon très naturelle.
Avec des moyens réduits, qui n'empêchent pas le spectaculaire d'être présent, Josh Trank réussit à faire une œuvre à la progression bien maîtrisée, la fin tragique étant amenée grâce à une montée en tension qui la fait paraître inéluctable. Deux réserves cependant. Le style found footage est un peu gratuit et pas vraiment utile au film. Je comprends que l'omniprésence des caméras renvoie à la culture geek, à cette omniprésence d'internet, des blogs et de youtube à laquelle se rattachent tant de jeunes de maintenant, dont les protagonistes du film. Dont le discours essaie d'exposer le vide qui se cache derrière. Seulement, il y avait des manières plus subtiles de l'illustrer.
Enfin, et plus gênant, les policiers qui commentent le spectacle incroyable qu'ils ont sous les yeux à la fin paraissent bien impassibles, acceptant ce qu'ils voient sans que cela paraisse leur poser plus de problèmes. Ce qui est complètement irréaliste, car manifestement incrédulité totale et ahurissement devraient présider à leurs réactions.
14/20
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Star Trek Into Darkness, fim de science-fiction de J. J. ABRAMS (USA, 2013) sur un scénario de Roberto ORCI, Alex KURTZMAN et Damon LINDELOF, avec Chris PINE, Zachary QUINTO, Zoë SALDANA, Benedict CUMBERBATCH, Leonard NIMOY, Karl URBAN, Simon PEGG, John CHO, Anton YELCHIN, Bruce GREENWOOD, Peter WELLER, Alice EVE...
Après les événements du film précédent qui ont complètement changé le contexte de l'historie de la Fédération Galactique, l'équipage de l'USS Enterprise se retrouve face à une crise majeure, une partie de la Flotte ayant été détruite par des attentats venant de l'intérieur. Le capitaine Kirk se retrouve face au défi de mettre hors d'état de nuire les coupables, mais il se retrouve face à un homme qui semble aussi redoutable qu'une arme de destruction massive à lui tout seul...
J'avais mis un peu de temps à le voir après sa sortie, Et je dois dire que la principale curiosité qui m'animait alors était de visionner le long-métrage qui avait peu auparavant amené à choisir J. J. Abrams pour réaliser le nouveau Star Wars, le concept même de relancer une nouvelle continuité temporelle me laissant sceptique. Et en effet, je n'ai alors pas trop compris l'enthousiasme qu'il avait soulevé. C'est d'un discours assez gentillet, comme la plupart des films de Star Trek, mais en quelque peu moins sérieux. Ce trait de caractère avait souvent déjà été reproché à certains des films plus anciens de la saga, mais il n'était pas nécessaire de recourir à un ton quasi-badin pour la plupart des personnages, surtout James T. Kirk. Autant Zoë Saldana en Uhura, le regretté Anton Yelchin en Chekov et même Zachary Quinto en Spock passent bien, je n'accroche pas à cette version de Kirk par Chris Pine, vraiment trop éloignée de celle qu'on connaît (même si on peut désormais s'amuser de voir l'acteur au début de son ascension en icône du cinéma de SF). Il y a là une volonté d'être plus en phase avec la nouvelle génération (sans jeu de mots), mais cela dessert le ton général, qui aurait bien besoin d'un Kirk plus en phase. Car le scénario se défend, et nous réserve son lot de moment graves ; mais sans casser des barres, il faut dire qu'en matière de Star Trek il était déjà difficile au moment de sa réalisation de ne pas se répéter. À vrai dire, c'est un problème consubstantiel avec l'initiation d'une nouvelle ligne temporelle, certains des sujets déjà traités ressurgissant inévitablement, ne serait-ce que parce que certains éléments étaient déjà en place avant le point de divergence. En l'occurrence on a là une nouvelle dérivation sur Les derniers tyrans. Khan était sans doute vu comme une valeur sûre, idéal pour ancrer une nouvelle saga. Benedict Cumberbatch s'en sort bien dans ce rôle un peu casse-gueule, étant donnée l'ombre de Ricardo Montalban planant en permanence au-dessus de lui, mais il campe très efficacement l'adversaire quasi-inhumain qui donne du relief à une histoire sinon assez convenue.
La réalisation de J. J. Abrams aide à relèver la sauce, notamment ses scènes de combat spatial ou dans les airs, et c'est sans doute ce qui a alors décidé Disney à lui confier les rênes de ses films de space-opéra à venir. Mais ça ne suffit pas complètement à empêcher la légèreté générale de plomber un peu le film. Mais on appréciera le tout dernier rôle de Leonard Nimoy, qui plus est dans la peau du personnage qui a fait sa renommée.
12/20
Après les événements du film précédent qui ont complètement changé le contexte de l'historie de la Fédération Galactique, l'équipage de l'USS Enterprise se retrouve face à une crise majeure, une partie de la Flotte ayant été détruite par des attentats venant de l'intérieur. Le capitaine Kirk se retrouve face au défi de mettre hors d'état de nuire les coupables, mais il se retrouve face à un homme qui semble aussi redoutable qu'une arme de destruction massive à lui tout seul...
J'avais mis un peu de temps à le voir après sa sortie, Et je dois dire que la principale curiosité qui m'animait alors était de visionner le long-métrage qui avait peu auparavant amené à choisir J. J. Abrams pour réaliser le nouveau Star Wars, le concept même de relancer une nouvelle continuité temporelle me laissant sceptique. Et en effet, je n'ai alors pas trop compris l'enthousiasme qu'il avait soulevé. C'est d'un discours assez gentillet, comme la plupart des films de Star Trek, mais en quelque peu moins sérieux. Ce trait de caractère avait souvent déjà été reproché à certains des films plus anciens de la saga, mais il n'était pas nécessaire de recourir à un ton quasi-badin pour la plupart des personnages, surtout James T. Kirk. Autant Zoë Saldana en Uhura, le regretté Anton Yelchin en Chekov et même Zachary Quinto en Spock passent bien, je n'accroche pas à cette version de Kirk par Chris Pine, vraiment trop éloignée de celle qu'on connaît (même si on peut désormais s'amuser de voir l'acteur au début de son ascension en icône du cinéma de SF). Il y a là une volonté d'être plus en phase avec la nouvelle génération (sans jeu de mots), mais cela dessert le ton général, qui aurait bien besoin d'un Kirk plus en phase. Car le scénario se défend, et nous réserve son lot de moment graves ; mais sans casser des barres, il faut dire qu'en matière de Star Trek il était déjà difficile au moment de sa réalisation de ne pas se répéter. À vrai dire, c'est un problème consubstantiel avec l'initiation d'une nouvelle ligne temporelle, certains des sujets déjà traités ressurgissant inévitablement, ne serait-ce que parce que certains éléments étaient déjà en place avant le point de divergence. En l'occurrence on a là une nouvelle dérivation sur Les derniers tyrans. Khan était sans doute vu comme une valeur sûre, idéal pour ancrer une nouvelle saga. Benedict Cumberbatch s'en sort bien dans ce rôle un peu casse-gueule, étant donnée l'ombre de Ricardo Montalban planant en permanence au-dessus de lui, mais il campe très efficacement l'adversaire quasi-inhumain qui donne du relief à une histoire sinon assez convenue.
La réalisation de J. J. Abrams aide à relèver la sauce, notamment ses scènes de combat spatial ou dans les airs, et c'est sans doute ce qui a alors décidé Disney à lui confier les rênes de ses films de space-opéra à venir. Mais ça ne suffit pas complètement à empêcher la légèreté générale de plomber un peu le film. Mais on appréciera le tout dernier rôle de Leonard Nimoy, qui plus est dans la peau du personnage qui a fait sa renommée.
12/20
Modifié en dernier par aureliagreen le ven. 15 nov. 2024 22:42, modifié 1 fois.
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Gods of Egypt, film fantastique mythologique d'Alex PROYAS (USA/Australie/Chine/Hong-Kong, 2016) sur un scénario de Matt SAZAMA et Burk SHARPLESS, avec Brenton TWAITHES, Nikolaj COSTER-WALDAU, Gerard BUTLER, Chadwick BOSEMAN, John SAMAHA, Courtney EATON, Paula ARUNDELL, Alia SEROR-O'NEILL, Emily WHEATON, Elodie YOUNG, Rachael BLAKE...
Le dieu des ténèbres Set (G. Butler) a usurpé le trône d'Égypte et a impitoyablement plongé cet empire autrefois paisible et prospère dans le chaos et les guerres. Bek (B Twaithes), un mortel, noue une alliance improbable avec le dieu Horus (N. Coster-Waldau), ennemi traditionnel de Set, et plusieurs de ses pairs, afin de reprendre le pouvoir à ce dernier.
Alors, un mot : déconcerté. Je n'arrive pas à comprendre ce que cherchait Proyas.
En dépit d'une énorme recherche au niveau des décors, l'esthétique, d'abord, est criarde, le cadre est surréaliste (mais pas dans le bon sens du terme), le concept improbable (une Égypte ancienne de pacotille divisée entre mortels et dieux matériels mais simplement plus grands et plus forts que les mortels), et je n'ai jamais pu accrocher à ce bizarre ensemble (comme une bonne partie du public, d'ailleurs).
Les acteurs se débrouillent comme ils peuvent, mais si Gérard Butler tire encore assez bien son épingle du jeu, et Chadwick Boseman sort un numéro original en Thoth, en revanche Nikolaj Coster-Waldau n'est vraiment pas crédible en dieu, pas plus que Rachael Blake en Isis, Elodie Yung en Hathor, et pas davantage Brenton Thwaites en leur allié mortel (à nous faire regretter Harry Hamlin en Persée dans Le choc des Titans de 1981). Et si Anubis, entièrement peint en images de synthèse, passe pour cette raison mieux, Bryan Brown nous rappelle que dans les anciens péplums, un acteur ne pouvait être crédible en roi des dieux que s'il était un personnage aux apparitions fugitives. C'est un des gros problèmes de la réalisation de Proyas, ces péplums mythologiques fonctionnaient parce qu'ils mettaient en scène comme personnages principaux des mortels ou de temps en temps un demi-dieu, les dieux n'apparaissant qu'en arrière-plan.
Là, ils sont présents en permanence, et il est difficile d'accorder foi à des péripéties aussi premier degré les mettant en scène. Le truc des armures divines outrageusement pompées des Chevaliers du Zodiaque ne rattrape pas le coup, étant de plus desservi par des effets spéciaux spéciaux étonnamment faibles pour un tel budget. On a vraiment l'impression parfois de voir le récent film 3-D des mêmes saints zodiacaux.
On n'a pas l'impression un instant d'être dans l'ancienne Égypte. Pas plus qu'on ne ressent le feeling qui siérait à un péplum mythologique moderne. Et non, on n'y retrouve pas davantage le charme désuet d'un vieux péplum comme, disons, un Hercule avec Steve Reeves, ou même avec Lou Ferrigno. Nonobstant tous les efforts manifestes de Gérard Butler en Set de donner dans cette veine. Quant à celle d'une japanimation à la Saint Seiya, comme dit, on en est loin, quelque soit l'inspiration évidente puisée de ce côté, bien plus loin que l'était Les Immortels de Tarsem Singh, qui en dépit de ses défauts avait assez bien réussi à en capter la touche. Proyas rate son entreprise par quelque bout qu'on la prenne, pour la simple raison qu'il n'était pas là dans son élément naturel. A se demander justement pourquoi il s'est jeté dans une telle entreprise.
Sa réalisation reste néanmoins un des quelques points forts du film, mais le déluge d'effets de synthèse moyens et clinquants nous donne vraiment l'impression d'assister à un grand jeu vidéo, avec bien sûr quelques scènes de surenchère à la clé. Bref, du grand n'importe quoi, que ce soit au niveau de l'esthétique, de l'histoire comme des personnages. Finalement, mieux vaut qu'on n'ait pas eu droit à Paradise Lost ! Ce long-métrage a confirmé en tous cas un certain déclin du cinéaste ; il faut reconnaître qu'il l'a certainement desservi au niveau de sa carrière, au ralenti depuis.
8/20
Le dieu des ténèbres Set (G. Butler) a usurpé le trône d'Égypte et a impitoyablement plongé cet empire autrefois paisible et prospère dans le chaos et les guerres. Bek (B Twaithes), un mortel, noue une alliance improbable avec le dieu Horus (N. Coster-Waldau), ennemi traditionnel de Set, et plusieurs de ses pairs, afin de reprendre le pouvoir à ce dernier.
Alors, un mot : déconcerté. Je n'arrive pas à comprendre ce que cherchait Proyas.
En dépit d'une énorme recherche au niveau des décors, l'esthétique, d'abord, est criarde, le cadre est surréaliste (mais pas dans le bon sens du terme), le concept improbable (une Égypte ancienne de pacotille divisée entre mortels et dieux matériels mais simplement plus grands et plus forts que les mortels), et je n'ai jamais pu accrocher à ce bizarre ensemble (comme une bonne partie du public, d'ailleurs).
Les acteurs se débrouillent comme ils peuvent, mais si Gérard Butler tire encore assez bien son épingle du jeu, et Chadwick Boseman sort un numéro original en Thoth, en revanche Nikolaj Coster-Waldau n'est vraiment pas crédible en dieu, pas plus que Rachael Blake en Isis, Elodie Yung en Hathor, et pas davantage Brenton Thwaites en leur allié mortel (à nous faire regretter Harry Hamlin en Persée dans Le choc des Titans de 1981). Et si Anubis, entièrement peint en images de synthèse, passe pour cette raison mieux, Bryan Brown nous rappelle que dans les anciens péplums, un acteur ne pouvait être crédible en roi des dieux que s'il était un personnage aux apparitions fugitives. C'est un des gros problèmes de la réalisation de Proyas, ces péplums mythologiques fonctionnaient parce qu'ils mettaient en scène comme personnages principaux des mortels ou de temps en temps un demi-dieu, les dieux n'apparaissant qu'en arrière-plan.
Là, ils sont présents en permanence, et il est difficile d'accorder foi à des péripéties aussi premier degré les mettant en scène. Le truc des armures divines outrageusement pompées des Chevaliers du Zodiaque ne rattrape pas le coup, étant de plus desservi par des effets spéciaux spéciaux étonnamment faibles pour un tel budget. On a vraiment l'impression parfois de voir le récent film 3-D des mêmes saints zodiacaux.
On n'a pas l'impression un instant d'être dans l'ancienne Égypte. Pas plus qu'on ne ressent le feeling qui siérait à un péplum mythologique moderne. Et non, on n'y retrouve pas davantage le charme désuet d'un vieux péplum comme, disons, un Hercule avec Steve Reeves, ou même avec Lou Ferrigno. Nonobstant tous les efforts manifestes de Gérard Butler en Set de donner dans cette veine. Quant à celle d'une japanimation à la Saint Seiya, comme dit, on en est loin, quelque soit l'inspiration évidente puisée de ce côté, bien plus loin que l'était Les Immortels de Tarsem Singh, qui en dépit de ses défauts avait assez bien réussi à en capter la touche. Proyas rate son entreprise par quelque bout qu'on la prenne, pour la simple raison qu'il n'était pas là dans son élément naturel. A se demander justement pourquoi il s'est jeté dans une telle entreprise.
Sa réalisation reste néanmoins un des quelques points forts du film, mais le déluge d'effets de synthèse moyens et clinquants nous donne vraiment l'impression d'assister à un grand jeu vidéo, avec bien sûr quelques scènes de surenchère à la clé. Bref, du grand n'importe quoi, que ce soit au niveau de l'esthétique, de l'histoire comme des personnages. Finalement, mieux vaut qu'on n'ait pas eu droit à Paradise Lost ! Ce long-métrage a confirmé en tous cas un certain déclin du cinéaste ; il faut reconnaître qu'il l'a certainement desservi au niveau de sa carrière, au ralenti depuis.
8/20
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Sans un bruit, film fantastique de et avec John KRASINSKI (A quiet place, USA, 2018), sur un scénario de Scott BECK, John KRASINSKI et Bryan WOODS, avec Emily BLUNT, Millicent SIMMONDS, Noah JUPE, Cade WOODWARD...
Suite à une apocalypse causée par une arrivée massive de prédateurs extra-terrestres aveugles mais dotés d'une ouïe surpuissante, la famille Abbott tente de survivre au jour le jour dans un monde dévasté. Une tâche herculéenne, car le moindre bruit peut attirer les prédateurs, et ce n'est qu'au prix de multiples précautions que les Abbott parviennent à faire le chemin d'un repère à un autre et à subvenir à leurs besoins...
Un film post-apocalyptique assez ordinaire dans son principe, les extraterrestres aux multiples oreilles remplaçant simplement les pillards, zombies, infectés..., avec un minimum de personnages comme il se doit dans un monde dépeuplé, en se concentrant sur les difficultés de leur survie jour après jour. Il est certain que si le concept des monstres, si particulier, implique que les survivants doivent trouver des solutions appropriées à la menace auxquelles ils doivent se tenir, il est difficile d'éviter certaines incohérences. Ainsi, le coup d'"aveugler" les créatures avec un bruit très fort et/ou très long, s'il va de soi il ne m'avait pas échappé au moment de la vision en salles qu'il était vraiment étonnant que personne d'autre n'y ait pensé, et ensuite qu'il n'y avait aucune raison à priori de penser que cela ne marcherait pas avec beaucoup d'autres sons que celui qu'on nous présente maladroitement comme un panacée. C'est donc un de ces films fantastiques qui réclament une certaine suspension d'incrédulité, et d'accepter que soit suivie la règle archi-connue du Talon d'Achille étudiée par Shyamalan dans Signes. Si on décide de l'accepter, c'est un de ces bons petits films d'épouvante, plus basé sur l'angoisse que sur l'horreur brute, les monstres ne sont pas tellement effrayants (si on nous avait présenté leur dévoilement comme étant le clou du film, je n'ai pas vraiment apprécié leur aspect, trop lisse, trop technique), mais il y a une bonne ambiance oppressante et les acteurs sont bien dans le coup. Sans plus cependant, puisque les péripéties sont assez convenues.
13/20
Suite à une apocalypse causée par une arrivée massive de prédateurs extra-terrestres aveugles mais dotés d'une ouïe surpuissante, la famille Abbott tente de survivre au jour le jour dans un monde dévasté. Une tâche herculéenne, car le moindre bruit peut attirer les prédateurs, et ce n'est qu'au prix de multiples précautions que les Abbott parviennent à faire le chemin d'un repère à un autre et à subvenir à leurs besoins...
Un film post-apocalyptique assez ordinaire dans son principe, les extraterrestres aux multiples oreilles remplaçant simplement les pillards, zombies, infectés..., avec un minimum de personnages comme il se doit dans un monde dépeuplé, en se concentrant sur les difficultés de leur survie jour après jour. Il est certain que si le concept des monstres, si particulier, implique que les survivants doivent trouver des solutions appropriées à la menace auxquelles ils doivent se tenir, il est difficile d'éviter certaines incohérences. Ainsi, le coup d'"aveugler" les créatures avec un bruit très fort et/ou très long, s'il va de soi il ne m'avait pas échappé au moment de la vision en salles qu'il était vraiment étonnant que personne d'autre n'y ait pensé, et ensuite qu'il n'y avait aucune raison à priori de penser que cela ne marcherait pas avec beaucoup d'autres sons que celui qu'on nous présente maladroitement comme un panacée. C'est donc un de ces films fantastiques qui réclament une certaine suspension d'incrédulité, et d'accepter que soit suivie la règle archi-connue du Talon d'Achille étudiée par Shyamalan dans Signes. Si on décide de l'accepter, c'est un de ces bons petits films d'épouvante, plus basé sur l'angoisse que sur l'horreur brute, les monstres ne sont pas tellement effrayants (si on nous avait présenté leur dévoilement comme étant le clou du film, je n'ai pas vraiment apprécié leur aspect, trop lisse, trop technique), mais il y a une bonne ambiance oppressante et les acteurs sont bien dans le coup. Sans plus cependant, puisque les péripéties sont assez convenues.
13/20
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Godzilla, film fantastique de Gareth EDWARDS (USA/Japon, 2013), sur un scénario de Dave CALLAHAN et Max BORENSTEIN, avec Aaron TAYLOR-JOHNSON, elizabeth OLSEN, Bryan CRANSTON, Ken WATANABE, C. J. ADAMS, Carson BOLDE, Sally HAWKINS, Juliette BINOCHE, David STRATHAIN, Richard T. JONES...
En 1999, la centrale nucléaire de Janjira, au Japon, fut détruite dans des conditions étranges, entraînant de nombreuses morts, dont la femme du superviseur de la centrale Joe Brody (B. Cranston). Des années plus tard, Ford Brody (A. Taylor-Jonhson), le fils de ce dernier, retourne au Japon pour rejoindre son père qui recherche depuis obsessivement les causes de l'accident. Ensemble, ils découvrent qu'une monstrueuse créature y a établi un cocon, et qu'elle est sur le point de se réveiller, laissant présager une immense catastrophe. D'autant qu'au même moment, un autre géant semble elle aussi se révéler
On avait là un projet très casse-gueule après le semi-fiasco de 1998. Mais les concepteurs nord-américains semblaient avoir retenu les leçons de l'échec de Roland Emmerich. La première étant : quand on veut refaire une adaptation d'un monstre de cinéma légendaire depuis près d'un demi-siècle, ne pas trahir le matériau d'origine en cherchant à épater le monde en présentant un nouveau look mis au goût du jour, soit-disant “amélioré”, et encore moins en en faisant un personnage de jeu vidéo ultra-rapide en dépit de toute vraisemblance. Et ne pas pousser l'outrance jusqu'à montrer un “Godzilla” simplement abattu par des avions militaires. Respecter l'esprit de l'original c'est bien mieux, ce n'est pas pour rien qu'il a été populaire si longtemps.
Ayant compris que c'est dans les vieux plats qu'on cuisine les meilleurs recettes, Gareth Edwards a pu livrer enfin une déclinaison hollywoodienne honnête du roi des monstres. Son aspect est ainsi proche de celui qu'on connaît, en simplement un peu plus massif, il est à nouveau un monstre antédiluvien réveillé par des expériences atomiques. Il reprend les recettes de tous les bons Kaiju Eiga de la série des Godzilla. Ainsi on retrouve l'intrigue qui débute par un mystère, où interviennent scientifiques, gouvernants, militaires, enquêteurs, la présence de plusieurs monstres, l'échec de l'armée, l'omniprésence des sujets nucléaires, les scènes de destruction massives. Les lieux de l'action se retrouvent partagés entre le traditionnel Japon et les USA, côté Pacifique bien sûr. Dans le même temps le scénario a intégré les évolutions récentes du film de monstre ravageur. Aussi, le choix de traiter toute la première partie du film sur un mode proche de Cloverfield est-il apparent ; il se révèle qu'il se marie très bien avec l'hommage à l'approche classique. Ainsi en ne dévoilant Godzilla que progressivement, durant une bonne partie du film même s'il peut être montré complètement il l'est toujours furtivement. Le premier muto l'est lui plus vite, mais là encore après une montée en puissance le laissant longtemps dans l'ombre. Dans le même temps, le look des mutos est proche de celui des Kaijus de Pacific Rim (mâtiné de Starship Troopers le film), dont l'influence paraît aussi présente dans les scènes de combat.
Comme à l'accoutumé, le choix est fait de montrer la progression de l'action à travers les yeux de personnages secondaires liés à l'intrigue principale. L'arrière-plan familial de Ford Brody est assez peu prenant, à l'image à vrai dire de beaucoup de films de kaijus ; au moins on nous épargne les épanchements larmoyants qui infestent tant de superproductions. Et le mystère du début lié à son père et son enfance est très bien amené. L'un des tours de force de cette métaphore de Fukushima est de ménager une surprise quant à l'identité du responsable de la catastrophe.
On a droit à une bonne montée en puissance dramatique, et les affrontements tant entre monstres qu'avec l'armée sont prenants et cataclysmiques à souhait. Le ton général est sombre, et on a droit à une violence digne des films japonais récents de Godzilla. Quant au fait de savoir s'il est un “héros” ou pas, le problème ne se pose pas ainsi. Godzilla n'est ici ni “bon” ni “méchant”, c. a. d. ni hostile ni bien disposé envers l'humanité. Il est juste une force de la nature, plus ancienne que l'humanité. Son rôle de pourfendeur des mutos peut le faire paraître comme un “héros” à la fin aux yeux d'une population qu'il a sauvé, mais il n'a fait ça que parce qu'il était leur prédateur, il n'en a pas moins pourfendu au passage navires, ponts et immeubles à la pelle juste parce qu'ils étaient sur son passage. Les mutos ne sont pas davantage “méchants”, mais eux aussi des forces naturelles cherchant à survivre.
Ces tours scénaristiques et ce ton assez dépouillé et réaliste avaient ainsi permis de plutôt bien réussir ce premier essai par la Warner de son « monsterverse » à venir. On attendait alors de voir s'ils seraient capables de transformer l'essai et de bien exploiter ce succès en maintenant le ton et la qualité pour les suites ; on sait depuis qu'il n'en a rien été, facilité et invraisemblances régnant sur les derniers épisodes. Mais ce la ne doit pas mener à faire la fine bouche et à bouder son plaisir en revoyant ce premier volet, dont les qualités restent intactes.
14,5/20
En 1999, la centrale nucléaire de Janjira, au Japon, fut détruite dans des conditions étranges, entraînant de nombreuses morts, dont la femme du superviseur de la centrale Joe Brody (B. Cranston). Des années plus tard, Ford Brody (A. Taylor-Jonhson), le fils de ce dernier, retourne au Japon pour rejoindre son père qui recherche depuis obsessivement les causes de l'accident. Ensemble, ils découvrent qu'une monstrueuse créature y a établi un cocon, et qu'elle est sur le point de se réveiller, laissant présager une immense catastrophe. D'autant qu'au même moment, un autre géant semble elle aussi se révéler
On avait là un projet très casse-gueule après le semi-fiasco de 1998. Mais les concepteurs nord-américains semblaient avoir retenu les leçons de l'échec de Roland Emmerich. La première étant : quand on veut refaire une adaptation d'un monstre de cinéma légendaire depuis près d'un demi-siècle, ne pas trahir le matériau d'origine en cherchant à épater le monde en présentant un nouveau look mis au goût du jour, soit-disant “amélioré”, et encore moins en en faisant un personnage de jeu vidéo ultra-rapide en dépit de toute vraisemblance. Et ne pas pousser l'outrance jusqu'à montrer un “Godzilla” simplement abattu par des avions militaires. Respecter l'esprit de l'original c'est bien mieux, ce n'est pas pour rien qu'il a été populaire si longtemps.
Ayant compris que c'est dans les vieux plats qu'on cuisine les meilleurs recettes, Gareth Edwards a pu livrer enfin une déclinaison hollywoodienne honnête du roi des monstres. Son aspect est ainsi proche de celui qu'on connaît, en simplement un peu plus massif, il est à nouveau un monstre antédiluvien réveillé par des expériences atomiques. Il reprend les recettes de tous les bons Kaiju Eiga de la série des Godzilla. Ainsi on retrouve l'intrigue qui débute par un mystère, où interviennent scientifiques, gouvernants, militaires, enquêteurs, la présence de plusieurs monstres, l'échec de l'armée, l'omniprésence des sujets nucléaires, les scènes de destruction massives. Les lieux de l'action se retrouvent partagés entre le traditionnel Japon et les USA, côté Pacifique bien sûr. Dans le même temps le scénario a intégré les évolutions récentes du film de monstre ravageur. Aussi, le choix de traiter toute la première partie du film sur un mode proche de Cloverfield est-il apparent ; il se révèle qu'il se marie très bien avec l'hommage à l'approche classique. Ainsi en ne dévoilant Godzilla que progressivement, durant une bonne partie du film même s'il peut être montré complètement il l'est toujours furtivement. Le premier muto l'est lui plus vite, mais là encore après une montée en puissance le laissant longtemps dans l'ombre. Dans le même temps, le look des mutos est proche de celui des Kaijus de Pacific Rim (mâtiné de Starship Troopers le film), dont l'influence paraît aussi présente dans les scènes de combat.
Comme à l'accoutumé, le choix est fait de montrer la progression de l'action à travers les yeux de personnages secondaires liés à l'intrigue principale. L'arrière-plan familial de Ford Brody est assez peu prenant, à l'image à vrai dire de beaucoup de films de kaijus ; au moins on nous épargne les épanchements larmoyants qui infestent tant de superproductions. Et le mystère du début lié à son père et son enfance est très bien amené. L'un des tours de force de cette métaphore de Fukushima est de ménager une surprise quant à l'identité du responsable de la catastrophe.
On a droit à une bonne montée en puissance dramatique, et les affrontements tant entre monstres qu'avec l'armée sont prenants et cataclysmiques à souhait. Le ton général est sombre, et on a droit à une violence digne des films japonais récents de Godzilla. Quant au fait de savoir s'il est un “héros” ou pas, le problème ne se pose pas ainsi. Godzilla n'est ici ni “bon” ni “méchant”, c. a. d. ni hostile ni bien disposé envers l'humanité. Il est juste une force de la nature, plus ancienne que l'humanité. Son rôle de pourfendeur des mutos peut le faire paraître comme un “héros” à la fin aux yeux d'une population qu'il a sauvé, mais il n'a fait ça que parce qu'il était leur prédateur, il n'en a pas moins pourfendu au passage navires, ponts et immeubles à la pelle juste parce qu'ils étaient sur son passage. Les mutos ne sont pas davantage “méchants”, mais eux aussi des forces naturelles cherchant à survivre.
Ces tours scénaristiques et ce ton assez dépouillé et réaliste avaient ainsi permis de plutôt bien réussir ce premier essai par la Warner de son « monsterverse » à venir. On attendait alors de voir s'ils seraient capables de transformer l'essai et de bien exploiter ce succès en maintenant le ton et la qualité pour les suites ; on sait depuis qu'il n'en a rien été, facilité et invraisemblances régnant sur les derniers épisodes. Mais ce la ne doit pas mener à faire la fine bouche et à bouder son plaisir en revoyant ce premier volet, dont les qualités restent intactes.
14,5/20
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The Predator, film de science-fiction de Shane BLACK (USA/Canada/Royaume-Uni, 2018), sur un scénario de Fred DEKKER, Jim THOMAS et Shane BLACK, avec Boyd HOLBROOK, Trevante RHODES, Jacob TREMBLAY, Keegan-Michael KEY, Olivia MUNN, Sterling K. BROWN, Thomas JANE, Alfie ALLEN, Augusto AGUILERA, Jake BUSEY, Yvonne STRAHOVSKI...
À nouveau, un Predator se rend sur terre ; mais pour une fois, ce n'est pas pour chasser, mais pour remettre aux Terriens des armes qui pourraient permettre de combattre une caste de ses congénères plus grands et plus puissants, décidés eux à venir à leur tour faire leur safari sur Terre...
Je dois m'accorder avec la majorité des critiques, mais Shane Black ou pas, cette première incursion de Disney dans le monde des Predators suite à son rachat de la Fox n'est vraiment pas terrible. Bon, il est vrai qu'on attendait sans doute trop de la présence de ce réalisateur, car même s'il est une idole auprès d'un certain public adepte d'un cinéma d'action déjanté, son répertoire est justement limité à ce domaine-là, il a écrit et réalisé essentiellement des films de studio, et la subtilité n'a jamais été son fort. Il a donc fait là exactement ce qu'il sait faire.
Non, je n'y mets là aucune ironie, mais non seulement Predator 2, mais aussi Predators, étaient bien meilleurs et plus fidèles à l'esprit de la saga. On avait beaucoup reproché à ce dernier d'être terne, à Adrian Body de manquer de charisme en dépit de ses efforts, alors qu'il n'essayait que de camper (et avec réussite) une personne ordinaire brisée par le combat, mais ce n'était pas ce qui pêchait réellement aux yeux de leurs contradicteurs, ni même le manque parfois d'ambition au niveau de la réalisation de Attal, pas si mauvaise dans l'ensemble en réalité ; non, ce qui faisait problème à leurs yeux, était que le film faisait trop sérieux, trop réaliste. Alors, Disney et Shane Black ont "retenu la leçon", et ont décidé de livrer une œuvre qui, attention, déménagerait. Mais voilà, ça ne marche pas. Car ce sont toujours les recettes qui ont plombé tant de films récents qui ont été appliquées, une approche qui privilégie décontraction et coolisme à base d'humeur facile au détriment de toute réflexion.
Le côté subversif qu'on reconnaît parfois à Shane Black semble se limiter à bâtir une galerie de militaires des forces spéciales machos et faussement cools prompts à balancer des vannes bien viriles. Mais cela m'a paru simplement être de la désinvolture, ce qui pose problème. Et alors l'hommage qu'on peut croire voir aux films des années 80 tourne là bien court. Car en repensant au premier et à ses suites, je crois qu'on peut mesurer l'ampleur des changements qui se sont accumulés dans le mauvais sens, et pas seulement au niveau de la surenchère d'effets spéciaux, évidemment bien présente dans la version de Black. Autant le film avec Schwarzenegger était sobre et mesuré tant dans ses scènes d'action que dans la peinture de ses personnages, autant le nouvel épisode verse dans dans l'excès à la limite parfois de la vulgarité. Black n'a malheureusement guère été inspiré par son souvenir de sa participation en tant qu'acteur à ce classique.
L'approche de Black est en réalité d'une grande tiédeur, et en plus de ses concessions au djeunisme, elle prend aussi peu de risques que possible, versant même dans un certain conformisme. On notera un nouvel exemple de la tendance gênante des scénaristes à faire tenir le mauvais rôle à de faux soldats, des mercenaires de compagnies militaires privées à qui l'on peut faire endosser tous les méfaits du Pentagone et que l'on peut faire plus facilement tuer par les gentils (sans oublier qu'en dépit de leur soit-disant super-entraînement, ils se révèlent d'une facilité déconcertante à dézinguer). Et là, il est vrai que ce long-métrage y va franco du côté des effusions de sang. J'ai l'impression que du côté de Disney, on s'est dit qu'il suffirait de donner un côté gore prononcé pour donner un aspect "mature", sérieux au film, en compensation du djeunisme ambiant. Ah, et ils comptaient aussi sur l'apport de la scientifique et les allusions à l'autisme et à la "nouvelle étape de l'évolution", mais la mayonnaise ne prend pas, le personnage de Casey Bracket apparaît surajouté et les références scientifiques sont souvent téléphonées.
J'ajouterai que la même scientifique est de moins en moins crédible au fur et à mesure que le film avance, que les morceaux de bravoure sont trop faciles, que certains reshoots sont trop visibles (et où est passé le molosse des McKenna ?), que les "chiens" reptiliens des Predators sont sans vraie surprise après ceux de Predators (et l'utilisation à la limite du cartoon de celui qui a été lobotomisé détonne, symptôme de ce que le réalisateur ne savait pas trop sur quel pied danser pour trouver quel ton donner à son film), tandis que le nouveau super-Predator paraît de même une tentative de surenchérir sur ses prédécesseurs du même volet. Et Boyd Holbrook semble se croire toujours dans Logan.
Disney voulait faire capitaliser son nouveau catalogue de franchises (car c'est bien de ça qu'il s'agit à ses yeux, des franchises commerciales et non des sagas artistiques) acquises auprès de la Fox, afin d'essayer de rentabiliser son très couteux achat. Mais au vu des résultats au box-office, cette nouvelle approche à base de marvellisation à outrance a été dans l'ensemble rejetée par le public. C'est que ce "savoir-faire" ne peut pas toujours être transféré vers n'importe quelle franchise. Et c'est tant mieux. Car la scène finale nous promettait une suite outrageusement jeu vidéo. La résurrection de la marque avait ainsi de bonnes chances d'être morte-née, mais hélas, Disney ne semble pas avoir renoncé complètement...
9/20
À nouveau, un Predator se rend sur terre ; mais pour une fois, ce n'est pas pour chasser, mais pour remettre aux Terriens des armes qui pourraient permettre de combattre une caste de ses congénères plus grands et plus puissants, décidés eux à venir à leur tour faire leur safari sur Terre...
Je dois m'accorder avec la majorité des critiques, mais Shane Black ou pas, cette première incursion de Disney dans le monde des Predators suite à son rachat de la Fox n'est vraiment pas terrible. Bon, il est vrai qu'on attendait sans doute trop de la présence de ce réalisateur, car même s'il est une idole auprès d'un certain public adepte d'un cinéma d'action déjanté, son répertoire est justement limité à ce domaine-là, il a écrit et réalisé essentiellement des films de studio, et la subtilité n'a jamais été son fort. Il a donc fait là exactement ce qu'il sait faire.
Non, je n'y mets là aucune ironie, mais non seulement Predator 2, mais aussi Predators, étaient bien meilleurs et plus fidèles à l'esprit de la saga. On avait beaucoup reproché à ce dernier d'être terne, à Adrian Body de manquer de charisme en dépit de ses efforts, alors qu'il n'essayait que de camper (et avec réussite) une personne ordinaire brisée par le combat, mais ce n'était pas ce qui pêchait réellement aux yeux de leurs contradicteurs, ni même le manque parfois d'ambition au niveau de la réalisation de Attal, pas si mauvaise dans l'ensemble en réalité ; non, ce qui faisait problème à leurs yeux, était que le film faisait trop sérieux, trop réaliste. Alors, Disney et Shane Black ont "retenu la leçon", et ont décidé de livrer une œuvre qui, attention, déménagerait. Mais voilà, ça ne marche pas. Car ce sont toujours les recettes qui ont plombé tant de films récents qui ont été appliquées, une approche qui privilégie décontraction et coolisme à base d'humeur facile au détriment de toute réflexion.
Le côté subversif qu'on reconnaît parfois à Shane Black semble se limiter à bâtir une galerie de militaires des forces spéciales machos et faussement cools prompts à balancer des vannes bien viriles. Mais cela m'a paru simplement être de la désinvolture, ce qui pose problème. Et alors l'hommage qu'on peut croire voir aux films des années 80 tourne là bien court. Car en repensant au premier et à ses suites, je crois qu'on peut mesurer l'ampleur des changements qui se sont accumulés dans le mauvais sens, et pas seulement au niveau de la surenchère d'effets spéciaux, évidemment bien présente dans la version de Black. Autant le film avec Schwarzenegger était sobre et mesuré tant dans ses scènes d'action que dans la peinture de ses personnages, autant le nouvel épisode verse dans dans l'excès à la limite parfois de la vulgarité. Black n'a malheureusement guère été inspiré par son souvenir de sa participation en tant qu'acteur à ce classique.
L'approche de Black est en réalité d'une grande tiédeur, et en plus de ses concessions au djeunisme, elle prend aussi peu de risques que possible, versant même dans un certain conformisme. On notera un nouvel exemple de la tendance gênante des scénaristes à faire tenir le mauvais rôle à de faux soldats, des mercenaires de compagnies militaires privées à qui l'on peut faire endosser tous les méfaits du Pentagone et que l'on peut faire plus facilement tuer par les gentils (sans oublier qu'en dépit de leur soit-disant super-entraînement, ils se révèlent d'une facilité déconcertante à dézinguer). Et là, il est vrai que ce long-métrage y va franco du côté des effusions de sang. J'ai l'impression que du côté de Disney, on s'est dit qu'il suffirait de donner un côté gore prononcé pour donner un aspect "mature", sérieux au film, en compensation du djeunisme ambiant. Ah, et ils comptaient aussi sur l'apport de la scientifique et les allusions à l'autisme et à la "nouvelle étape de l'évolution", mais la mayonnaise ne prend pas, le personnage de Casey Bracket apparaît surajouté et les références scientifiques sont souvent téléphonées.
J'ajouterai que la même scientifique est de moins en moins crédible au fur et à mesure que le film avance, que les morceaux de bravoure sont trop faciles, que certains reshoots sont trop visibles (et où est passé le molosse des McKenna ?), que les "chiens" reptiliens des Predators sont sans vraie surprise après ceux de Predators (et l'utilisation à la limite du cartoon de celui qui a été lobotomisé détonne, symptôme de ce que le réalisateur ne savait pas trop sur quel pied danser pour trouver quel ton donner à son film), tandis que le nouveau super-Predator paraît de même une tentative de surenchérir sur ses prédécesseurs du même volet. Et Boyd Holbrook semble se croire toujours dans Logan.
Disney voulait faire capitaliser son nouveau catalogue de franchises (car c'est bien de ça qu'il s'agit à ses yeux, des franchises commerciales et non des sagas artistiques) acquises auprès de la Fox, afin d'essayer de rentabiliser son très couteux achat. Mais au vu des résultats au box-office, cette nouvelle approche à base de marvellisation à outrance a été dans l'ensemble rejetée par le public. C'est que ce "savoir-faire" ne peut pas toujours être transféré vers n'importe quelle franchise. Et c'est tant mieux. Car la scène finale nous promettait une suite outrageusement jeu vidéo. La résurrection de la marque avait ainsi de bonnes chances d'être morte-née, mais hélas, Disney ne semble pas avoir renoncé complètement...
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Tron : L'Héritage, film de science-fiction de Joseph KOSINSKI (Tron : Legacy, États-Unis/Inde/Royaume-Uni/Mexique/Japon/Canada, 2011) sur un scénario de Edward KITSIS, Adam HOROWITZ, Brian KLUGMAN, Lee STERNTHAL, avec Jeff BRIDGES, Garrett HEDLUND, Olivia WILDE, Bruce BOXLEITNER, James FRAIN, Beau GARRETT, Michael SHEEN, Anis CHEURFA, les Daft Punk...
20 années après la disparition de son père Kevin Flynn (J. Bridges), son fils féru de technologie Sam Flynn (G. Hedlund) part à sa recherche et se retrouve plongé dans le même monde de programmes violents et de jeux de gladiateurs où son père a résidé tout ce temps. Aidés de la confidente loyale de Kevin, Quorra (O. Wilde), le père et le fils voyagent à travers un monde informatique visuellement stupéfiant qui s'est beaucoup développé et est devenu très dangereux. Cela alors que le programme malveillant CLU qui a pris le contrôle de ce monde digital projette d'envahir le monde réel et fera ainsi tout pour les empêcher de s'enfuir...
Je suis toujours réticent quand on parle de suite ou de remake d'un classique. Surtout quand Disney est derrière. Et Tron était quand même une œuvre très particulière, un pur produit de son époque. Sortie de son contexte, elle ne voulait plus dire grand-chose. Pourtant, j'ai été séduit dans l'ensemble, par l'esthétique, le ton, le sens de l'hommage (jusqu'au retour de Jeff Bridges) et en partie du moins par le discours.
Bien sûr, cette suite ne peut pas évoquer les mêmes choses que le premier film. Le contexte est complètement différent. En 1982, Tron marquait une entrée dans une nouvelle ère. Je l'ai vu l'année suivante, je venais juste d'avoir mon premier ordinateur domestique et ma console Atari. 28 ans plus tard, l'informatique et le multi-média sont partout, et les effets spéciaux de synthèse sont désormais monnaie courante au cinéma. Même les écrans digitaux qui impressionnaient les spectateurs du début des années 80 commencent à se banaliser.
Le film a plein de petits défauts, on peut regretter par exemple que Tron soit sous-utilisé. Mais il prend ; les acteurs sont bons, le scénario, simple à première vue, révèle des richesses cachées. Et surtout, l'ambiance est une réussite. Tron l'héritage conserve une mentalité de baroudeur, qui peut paraître déplacée à une époque où les moyens de contrôle se sont renforcés ; la scène où Sam va voler les plans n'est plus vraiment crédible à notre époque. Mais cela participe aussi à son charme. Il prolonge la tradition des films anciens d'aventure. Quand Tron était sorti, on était encore imprégné de tous ces films et BD où les personnages plongeaient dans d'autres dimensions, des micro-mondes atomiques, des postes de télévision, le monde des rêves, derrière le miroir, des villes miniaturisées dans une bouteille etc... Cette fantaisie a à peu près disparu, ne réapparaissant qu'à l'occasion, Tim Burton étant quasiment le seul à la ressortir encore.
Même les scènes d'action séduisent. Elles conservent une sorte de fraîcheur, par leur côté épuré et sans fioritures. Ce qui est une gageure à notre époque inondée d'actionneurs et de films à SFX standardisés répétant les mêmes scènes "hyper-spectaculaires" destinées à en mettre plein la vue. Elles réussissent à être vraiment spectaculaires, tout en conservant un aspect de nouveauté.
En ça, la « séquelle » reste fidèle à l'esprit du premier film. Aidé par le fait qu'elle a su reprendre son esthétique. Avec une mise à niveau inévitable, bien sûr, mais sans la trahir au nom d'un "goût du jour" qui masque en fait la recherche de facilité. La plus grande réussite des créateurs Tron l'héritage, c'est justement d'être parvenus à faire une suite crédible, en résistant à la facilité de produire un fade remake ou reboot de plus.
Après, le côté un peu désespéré, je l'ai ressenti moi aussi. Il participe de cette ambiance si particulière. Une trentaine d'années plus tard, les perspectives ne sont plus aussi optimistes. Les nouvelles technologies ont certes facilité la communication et l'accès à quantité de nouveaux services à domicile, mais dans le même temps elles ont facilité aussi la surveillance, et renforcé le pouvoir des magnats et des services répressifs. Elles n'ont pas transformé l'ordre social. Et si Tron l'héritage est fidèle à l'ancienne tradition de liberté des films d'aventure et de SF, il en souligne aussi le caractère dépassé. Il est comme un dinosaure égaré à notre époque.
Cette critique sociale à tendance progressiste peut paraître inhabituelle chez un film de Disney, firme habituellement consensuelle. Il y a cependant un autre aspect, dont on parle en général peu, et qui est davantage dans sa ligne (et que j'apprécie personnellement beaucoup moins) : le côté pro-religieux. Dans Tron, les concepteurs étaient nettement une métaphore de Dieu. Les dirigeants malveillants de la Grille qui niaient leur existence apparaissaient comme une représentation de l'athéisme. Dans Tron l'héritage, Clu ne nie pas la réalité des concepteurs ; mais il se vante d'avoir libéré la Grille de leur influence et débarrassé les programmes de l'oppression religieuse. Approche nietzschéenne encore plus nette quand on pense que le monde de la Grille a évolué indépendamment depuis le premier film sous l'influence de Clu. Il a même éliminé les ISO, qui apparaissent comme une création originale (cadeau de Dieu ?) dont l'apparition lui échappe et remet en question son emprise sur ce monde. Comme Clu est nettement présenté comme un méchant, le parti-pris est donc bien pro-religieux et contre sa vision prométhéenne.
On peut aussi voir ceci comme une condamnation de l'utilisation de la technologie pour contrôler et uniformiser le monde. Clu est aussi le symbole des dangers de la volonté de créer un monde parfait, ce dont Kevin Flynn avait fini par reconnaître le caractère illusoire. Ce qui explique qu'il ait changé de camp en se retournant contre son concepteur. Une chose est sûre, Tron l'héritage a différents niveaux de lecture, tout le monde n'y trouvera pas la même chose. Et cette propagande religieuse, quoique discrète, risque d'en rebuter plus d'un (moi-même n'en suis pas fan) Mais à mes yeux (et je sais être là dans la minorité), il est une vraie surprise, tant comme film d'action que comme suite.
14/20
20 années après la disparition de son père Kevin Flynn (J. Bridges), son fils féru de technologie Sam Flynn (G. Hedlund) part à sa recherche et se retrouve plongé dans le même monde de programmes violents et de jeux de gladiateurs où son père a résidé tout ce temps. Aidés de la confidente loyale de Kevin, Quorra (O. Wilde), le père et le fils voyagent à travers un monde informatique visuellement stupéfiant qui s'est beaucoup développé et est devenu très dangereux. Cela alors que le programme malveillant CLU qui a pris le contrôle de ce monde digital projette d'envahir le monde réel et fera ainsi tout pour les empêcher de s'enfuir...
Je suis toujours réticent quand on parle de suite ou de remake d'un classique. Surtout quand Disney est derrière. Et Tron était quand même une œuvre très particulière, un pur produit de son époque. Sortie de son contexte, elle ne voulait plus dire grand-chose. Pourtant, j'ai été séduit dans l'ensemble, par l'esthétique, le ton, le sens de l'hommage (jusqu'au retour de Jeff Bridges) et en partie du moins par le discours.
Bien sûr, cette suite ne peut pas évoquer les mêmes choses que le premier film. Le contexte est complètement différent. En 1982, Tron marquait une entrée dans une nouvelle ère. Je l'ai vu l'année suivante, je venais juste d'avoir mon premier ordinateur domestique et ma console Atari. 28 ans plus tard, l'informatique et le multi-média sont partout, et les effets spéciaux de synthèse sont désormais monnaie courante au cinéma. Même les écrans digitaux qui impressionnaient les spectateurs du début des années 80 commencent à se banaliser.
Le film a plein de petits défauts, on peut regretter par exemple que Tron soit sous-utilisé. Mais il prend ; les acteurs sont bons, le scénario, simple à première vue, révèle des richesses cachées. Et surtout, l'ambiance est une réussite. Tron l'héritage conserve une mentalité de baroudeur, qui peut paraître déplacée à une époque où les moyens de contrôle se sont renforcés ; la scène où Sam va voler les plans n'est plus vraiment crédible à notre époque. Mais cela participe aussi à son charme. Il prolonge la tradition des films anciens d'aventure. Quand Tron était sorti, on était encore imprégné de tous ces films et BD où les personnages plongeaient dans d'autres dimensions, des micro-mondes atomiques, des postes de télévision, le monde des rêves, derrière le miroir, des villes miniaturisées dans une bouteille etc... Cette fantaisie a à peu près disparu, ne réapparaissant qu'à l'occasion, Tim Burton étant quasiment le seul à la ressortir encore.
Même les scènes d'action séduisent. Elles conservent une sorte de fraîcheur, par leur côté épuré et sans fioritures. Ce qui est une gageure à notre époque inondée d'actionneurs et de films à SFX standardisés répétant les mêmes scènes "hyper-spectaculaires" destinées à en mettre plein la vue. Elles réussissent à être vraiment spectaculaires, tout en conservant un aspect de nouveauté.
En ça, la « séquelle » reste fidèle à l'esprit du premier film. Aidé par le fait qu'elle a su reprendre son esthétique. Avec une mise à niveau inévitable, bien sûr, mais sans la trahir au nom d'un "goût du jour" qui masque en fait la recherche de facilité. La plus grande réussite des créateurs Tron l'héritage, c'est justement d'être parvenus à faire une suite crédible, en résistant à la facilité de produire un fade remake ou reboot de plus.
Après, le côté un peu désespéré, je l'ai ressenti moi aussi. Il participe de cette ambiance si particulière. Une trentaine d'années plus tard, les perspectives ne sont plus aussi optimistes. Les nouvelles technologies ont certes facilité la communication et l'accès à quantité de nouveaux services à domicile, mais dans le même temps elles ont facilité aussi la surveillance, et renforcé le pouvoir des magnats et des services répressifs. Elles n'ont pas transformé l'ordre social. Et si Tron l'héritage est fidèle à l'ancienne tradition de liberté des films d'aventure et de SF, il en souligne aussi le caractère dépassé. Il est comme un dinosaure égaré à notre époque.
Cette critique sociale à tendance progressiste peut paraître inhabituelle chez un film de Disney, firme habituellement consensuelle. Il y a cependant un autre aspect, dont on parle en général peu, et qui est davantage dans sa ligne (et que j'apprécie personnellement beaucoup moins) : le côté pro-religieux. Dans Tron, les concepteurs étaient nettement une métaphore de Dieu. Les dirigeants malveillants de la Grille qui niaient leur existence apparaissaient comme une représentation de l'athéisme. Dans Tron l'héritage, Clu ne nie pas la réalité des concepteurs ; mais il se vante d'avoir libéré la Grille de leur influence et débarrassé les programmes de l'oppression religieuse. Approche nietzschéenne encore plus nette quand on pense que le monde de la Grille a évolué indépendamment depuis le premier film sous l'influence de Clu. Il a même éliminé les ISO, qui apparaissent comme une création originale (cadeau de Dieu ?) dont l'apparition lui échappe et remet en question son emprise sur ce monde. Comme Clu est nettement présenté comme un méchant, le parti-pris est donc bien pro-religieux et contre sa vision prométhéenne.
On peut aussi voir ceci comme une condamnation de l'utilisation de la technologie pour contrôler et uniformiser le monde. Clu est aussi le symbole des dangers de la volonté de créer un monde parfait, ce dont Kevin Flynn avait fini par reconnaître le caractère illusoire. Ce qui explique qu'il ait changé de camp en se retournant contre son concepteur. Une chose est sûre, Tron l'héritage a différents niveaux de lecture, tout le monde n'y trouvera pas la même chose. Et cette propagande religieuse, quoique discrète, risque d'en rebuter plus d'un (moi-même n'en suis pas fan) Mais à mes yeux (et je sais être là dans la minorité), il est une vraie surprise, tant comme film d'action que comme suite.
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Offseason, film d'horreur écrit et réalisé par Mickey KEATING (USA, 2021), avec Jocelin DONAHUE, Joe SWANBERG, Richerd BRAKE, Melora WALTERS, Jremy GARDNER, April LINSCOTT, Jonathan MEDINA, Eliza SHIN, Jess VARLEY, Andrew VILAR...
Marie ALDRICH (J. Donahue) mène une vie très ordinaire dans une grande ville des USA, troublée par une missive au ton énigmatique envoyée par Haskell Grierson, le gardien du cimetière de Lone Palm Beach, une station balnéaire de Floride située sur une île, lui annonçant que la tombe de sa mère Ava a été vandalisée, et lui demande de revenir afin de régler la situation. Elle décide de s'y rendre avec un ancien petit ami George Darrow, et arrivés à Lone Palm, le gardien du pont qui relie l'île au continent leur annonce qu'elle vient d'être fermée aux touristes jusqu'au printemps prochain, et qu'ils devront revenir sur la terre ferme avant la tombée de la nuit, car le pont sera alors levé pour toute la morte saison. Mais sur place, ils vont être assaillis par une série d'événements de plus en plus incongrus...
Offseason de Mickey KEATING est un film d'horreur d'atmosphère, jouant sur plusieurs niveaux. On y verra bien sûr une métaphore de ces villes touristiques qui disparaissent quasiment lors de la morte saison, et aussi celle des dessous forcément peu reluisants de ces stations balnéaires si agréables au vacancier, mais qui ne servent au fond qu'à apporter leur pitance aux locaux, sans oublier celle de la quête de ces gens d'extraction rurale qui rêvent d'échapper à leur milieu d'origine, trop ennuyeux à leurs yeux, pour aller se perdre dans une grande ville où ils espèrent pouvoir assouvir leurs ambitions d'une vie plus palpitante (mais qui se révèlent souvent des jungles dangereuses et déshumanisées, à l'opposé des petits villages chaleureux qu'ils ont quitté). L'histoire elle-même fera penser à des œuvres comme Les châtiments de Stephen Hopkins ou Le cauchemar d'Innsmouth de Lovecraft, mais au profit d'un traitement d'atmosphère donc, basé sur un choix artistique de décors rétros soutenant une ambiance d'irréalisme, hors du monde, et centré sur un personnage principal qui découvre progressivement la réalité derrière la vie de sa mère, particulièrement ses origines, dans une ambiance de cauchemar grandissant. Le traitement non linéaire (efficace dans la révélation progressive et angoissante de la vérité) rebutera certains, ainsi que la sobriété des effets spéciaux (il y en a quand même un petit peu, minimalistes, néanmoins assez efficaces dans l'effroi). Avec ses allures de long épisode de La quatrième dimension et son ton décalé basé sur l'ambiance et la rencontre entre des citadins modernes et un milieu rural littéralement enraciné dans son passé (appuyé par une construction reposant sur l'emploi de la technique ancienne des interludes, au style volontairement rétro), il ne plaira certainement pas à l'amateur d'action, mais est une bonne surprise pour un spectateur plus cérébral.
14/20
Marie ALDRICH (J. Donahue) mène une vie très ordinaire dans une grande ville des USA, troublée par une missive au ton énigmatique envoyée par Haskell Grierson, le gardien du cimetière de Lone Palm Beach, une station balnéaire de Floride située sur une île, lui annonçant que la tombe de sa mère Ava a été vandalisée, et lui demande de revenir afin de régler la situation. Elle décide de s'y rendre avec un ancien petit ami George Darrow, et arrivés à Lone Palm, le gardien du pont qui relie l'île au continent leur annonce qu'elle vient d'être fermée aux touristes jusqu'au printemps prochain, et qu'ils devront revenir sur la terre ferme avant la tombée de la nuit, car le pont sera alors levé pour toute la morte saison. Mais sur place, ils vont être assaillis par une série d'événements de plus en plus incongrus...
Offseason de Mickey KEATING est un film d'horreur d'atmosphère, jouant sur plusieurs niveaux. On y verra bien sûr une métaphore de ces villes touristiques qui disparaissent quasiment lors de la morte saison, et aussi celle des dessous forcément peu reluisants de ces stations balnéaires si agréables au vacancier, mais qui ne servent au fond qu'à apporter leur pitance aux locaux, sans oublier celle de la quête de ces gens d'extraction rurale qui rêvent d'échapper à leur milieu d'origine, trop ennuyeux à leurs yeux, pour aller se perdre dans une grande ville où ils espèrent pouvoir assouvir leurs ambitions d'une vie plus palpitante (mais qui se révèlent souvent des jungles dangereuses et déshumanisées, à l'opposé des petits villages chaleureux qu'ils ont quitté). L'histoire elle-même fera penser à des œuvres comme Les châtiments de Stephen Hopkins ou Le cauchemar d'Innsmouth de Lovecraft, mais au profit d'un traitement d'atmosphère donc, basé sur un choix artistique de décors rétros soutenant une ambiance d'irréalisme, hors du monde, et centré sur un personnage principal qui découvre progressivement la réalité derrière la vie de sa mère, particulièrement ses origines, dans une ambiance de cauchemar grandissant. Le traitement non linéaire (efficace dans la révélation progressive et angoissante de la vérité) rebutera certains, ainsi que la sobriété des effets spéciaux (il y en a quand même un petit peu, minimalistes, néanmoins assez efficaces dans l'effroi). Avec ses allures de long épisode de La quatrième dimension et son ton décalé basé sur l'ambiance et la rencontre entre des citadins modernes et un milieu rural littéralement enraciné dans son passé (appuyé par une construction reposant sur l'emploi de la technique ancienne des interludes, au style volontairement rétro), il ne plaira certainement pas à l'amateur d'action, mais est une bonne surprise pour un spectateur plus cérébral.
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Passengers, film de science-fiction de Mortel TYLDUM sur un scénario de John SPAIHTS (USA, 2016), avec Jennifer LAWRENCE, Chris PRATT, Michael SHEEN, Lawrence FISHBURNE.
Dans un futur éloigné, le vaisseau de transport interstellaires de passengers Avalon convoie plus de 5000 personnes en hibernation vers la planète Homestead 2 en un voyage au long cours de 120 ans. 30 ans après son départ, un impact avec un astéroïde endommage les systèmes de régulation, résultant en une série de malfonctions, au premier rang desquelles le réveil prématuré d'un des passagers, James Preston (Chris Pratt), un mécanicien et électronicien. Celui-ci tente désespérément de remédier à sa situation, mais au bout d'un an, se rendant compte qu'il ne parviendra à rien et proche du suicide, il décide de réveiller une autre passagère, la romancière Aurora Lane (Jennifer Lawrence), afin d'avoir une compagne. Ignorante du stratagème de Preston, cette dernière finit par se lier d'amitié avec lui, avant de découvrir ce qu'il a fait. Folle de colère, elle décide alors de le rejeter ; mais les dysfonctionnements du navire tendent à se multiplier, faisant craindre le pire...
On a là une histoire très classique de space-opéra et d'intrigue en milieu confiné, un genre dont il est au départ difficile de tirer un chef-d'œuvre tant ses codes sont assez étriqués. Et de plus, le film part déjà sur des bases assez peu séduisantes. Le futur présenté n'est pour commencer pas bien réjouissant. La vie sur terre semble morne et sans perspectives, la compagnie de transport est à son image, une entité commerciale qui vise à soutirer le maximum d'argent de ses clients pour le moindre de leurs actes. L'illustre à merveille la façon dont elle "communique" (guillemets vraiment de rigueur !) avec eux par le biais de ses robots sur un mode aseptisé et formaté, à coups de phrases faussement sympathiques, en fait prédigérées, impersonnelles et manifestement tirées d'un manuel de relations publiques. Tout est contrôlé de près, automatisé, un environnement capitaliste et froid qui extrapole sur les pratiques du 20ème et du début du 21ème siècle. Alors, bien sûr, on se retrouve ainsi en un milieu familier, facilement assimilable par le spectateur de notre époque ; bon, c'est vrai, c'était déjà le cas pour les films au sujet similaire des périodes précédentes, seulement la nôtre n'a plus l'optimisme qui pouvait caractériser les années 50 à 70, et ça se ressent terriblement dans l'ambiance. L'exploration spatiale, autrefois synonyme de danger, mais aussi d'optimisme et de rêve, a été domestiquée et affadie, même le rêve offert aux passagers de s'échapper à leur vie ne suscite plus de sentiment d'évasion comme on ressentait auparavant.
Le scénario est très prévisible. Le long-métrage essaye bien de le compenser par ses qualités artistiques. D'abord la bonne prestation de Pratt et Lawrence, qui parviennent à animer et rendre aimables des caractères très convenus, pour ne pas dire fade dans le cas de Preston, tandis que même l'enthousiasme et l'expérimentation de la romancière paraissent finalement très consensuels, l'illustration des valeurs d'une société du spectacle où on cherche à épater son audience (même si je comprends ce qui a pu attirer Jennifer Lawrence dans ce rôle). Ensuite l'aspect visuel, la représentation de l'espace interstellaire et ses nébuleuses colorées est assez réussi, mais celles-ci sont peut-être trop colorées, elle ne parvient pas vraiment à surprendre, on a un peu mal à ressentir de souffle lorsque Preston se lance en scaphandre dans le noir galactique, on est loin de Gravity ! L'esthétique des couloirs du vaisseau est un peu dans la même veine, travaillée, un peu froide, mais qui ne parvient que partiellement à établir une ambiance d'isolement glacée comme on en a dans Alien ou Dark Star, en raison de son caractère propret, trop lisse et commercial. Il parait un peu difficile de justifier une telle débauche de moyens (induisant des effets spéciaux trop poussés et souvent inutiles, comme dans la scène où Aurora Lane manque de se noyer dans une bulle d'eau en apesanteur, dont le comportement n'est même pas réaliste du point de vue de la physique ; abondance de biens peut nuire, contrairement au dicton, la recherche du spectaculaire primant sur le réalisme). Prévisible, le scénario, oui, et jusqu'au climax proche de la fin qui manque beaucoup trop de vraisemblance pour séduire. Avec un happy end, ou quasi-happy end qui, hélas, illustre bien le problème de maturité des blockbusters hollywoodiens actuels, on est là loin d'un Cargo ou même d'un Pandorum, qui faisaient finalement nettement mieux en matière d'ambiance spatiale avec beaucoup moins de moyens.
Ce qui ramène donc à la question de l'abondance de ces derniers, vu le résultat, et de la tendance à l'inflation des budgets qu'elle souligne. Une autre des dérives hollywoodiennes modernes, où on ne sait plus rien faire sans une surenchère d'argent. Avec un budget annoncé à 115 millions de dollars, frais de publicité non inclus, mais probablement au moins de 20 millions vu le tintouin fait dans les médias les semaines précédant sa sortie. Ce qui a certainement posé des problèmes de rentabilité financière, même si le film a trouvé son public en mal de sensations fortes mais pas trop exigeantes tant que d'amourettes à millions de dollars (294,5 millions de dollars de 2016-2017 dans le monde, c'est un bon score, surtout pour un space-opéra, mais Gravity avait quand même fait beaucoup mieux). Mais pour moi il ne restera pas parmi les classiques du genre.
11/20 (pour les deux acteurs)
Problème de vraisemblance, au passage, au-delà même de la façon ahurissante dont le sauvetage du vaisseau a été conduit : le premier message fait remarquer que si Preston ne se réveillait pas, ce sauvetage n'aurait pas eu lieu et le vaisseau aurait couru à la catastrophe. Mais les concepteurs du vaisseau n'ont pas été capables de penser à un tel cas de figure ? Ils ne savent pas que dans l'espace, les gros astéroïdes, ça n'a rien d'incongru ?
Dans un futur éloigné, le vaisseau de transport interstellaires de passengers Avalon convoie plus de 5000 personnes en hibernation vers la planète Homestead 2 en un voyage au long cours de 120 ans. 30 ans après son départ, un impact avec un astéroïde endommage les systèmes de régulation, résultant en une série de malfonctions, au premier rang desquelles le réveil prématuré d'un des passagers, James Preston (Chris Pratt), un mécanicien et électronicien. Celui-ci tente désespérément de remédier à sa situation, mais au bout d'un an, se rendant compte qu'il ne parviendra à rien et proche du suicide, il décide de réveiller une autre passagère, la romancière Aurora Lane (Jennifer Lawrence), afin d'avoir une compagne. Ignorante du stratagème de Preston, cette dernière finit par se lier d'amitié avec lui, avant de découvrir ce qu'il a fait. Folle de colère, elle décide alors de le rejeter ; mais les dysfonctionnements du navire tendent à se multiplier, faisant craindre le pire...
On a là une histoire très classique de space-opéra et d'intrigue en milieu confiné, un genre dont il est au départ difficile de tirer un chef-d'œuvre tant ses codes sont assez étriqués. Et de plus, le film part déjà sur des bases assez peu séduisantes. Le futur présenté n'est pour commencer pas bien réjouissant. La vie sur terre semble morne et sans perspectives, la compagnie de transport est à son image, une entité commerciale qui vise à soutirer le maximum d'argent de ses clients pour le moindre de leurs actes. L'illustre à merveille la façon dont elle "communique" (guillemets vraiment de rigueur !) avec eux par le biais de ses robots sur un mode aseptisé et formaté, à coups de phrases faussement sympathiques, en fait prédigérées, impersonnelles et manifestement tirées d'un manuel de relations publiques. Tout est contrôlé de près, automatisé, un environnement capitaliste et froid qui extrapole sur les pratiques du 20ème et du début du 21ème siècle. Alors, bien sûr, on se retrouve ainsi en un milieu familier, facilement assimilable par le spectateur de notre époque ; bon, c'est vrai, c'était déjà le cas pour les films au sujet similaire des périodes précédentes, seulement la nôtre n'a plus l'optimisme qui pouvait caractériser les années 50 à 70, et ça se ressent terriblement dans l'ambiance. L'exploration spatiale, autrefois synonyme de danger, mais aussi d'optimisme et de rêve, a été domestiquée et affadie, même le rêve offert aux passagers de s'échapper à leur vie ne suscite plus de sentiment d'évasion comme on ressentait auparavant.
Le scénario est très prévisible. Le long-métrage essaye bien de le compenser par ses qualités artistiques. D'abord la bonne prestation de Pratt et Lawrence, qui parviennent à animer et rendre aimables des caractères très convenus, pour ne pas dire fade dans le cas de Preston, tandis que même l'enthousiasme et l'expérimentation de la romancière paraissent finalement très consensuels, l'illustration des valeurs d'une société du spectacle où on cherche à épater son audience (même si je comprends ce qui a pu attirer Jennifer Lawrence dans ce rôle). Ensuite l'aspect visuel, la représentation de l'espace interstellaire et ses nébuleuses colorées est assez réussi, mais celles-ci sont peut-être trop colorées, elle ne parvient pas vraiment à surprendre, on a un peu mal à ressentir de souffle lorsque Preston se lance en scaphandre dans le noir galactique, on est loin de Gravity ! L'esthétique des couloirs du vaisseau est un peu dans la même veine, travaillée, un peu froide, mais qui ne parvient que partiellement à établir une ambiance d'isolement glacée comme on en a dans Alien ou Dark Star, en raison de son caractère propret, trop lisse et commercial. Il parait un peu difficile de justifier une telle débauche de moyens (induisant des effets spéciaux trop poussés et souvent inutiles, comme dans la scène où Aurora Lane manque de se noyer dans une bulle d'eau en apesanteur, dont le comportement n'est même pas réaliste du point de vue de la physique ; abondance de biens peut nuire, contrairement au dicton, la recherche du spectaculaire primant sur le réalisme). Prévisible, le scénario, oui, et jusqu'au climax proche de la fin qui manque beaucoup trop de vraisemblance pour séduire. Avec un happy end, ou quasi-happy end qui, hélas, illustre bien le problème de maturité des blockbusters hollywoodiens actuels, on est là loin d'un Cargo ou même d'un Pandorum, qui faisaient finalement nettement mieux en matière d'ambiance spatiale avec beaucoup moins de moyens.
Ce qui ramène donc à la question de l'abondance de ces derniers, vu le résultat, et de la tendance à l'inflation des budgets qu'elle souligne. Une autre des dérives hollywoodiennes modernes, où on ne sait plus rien faire sans une surenchère d'argent. Avec un budget annoncé à 115 millions de dollars, frais de publicité non inclus, mais probablement au moins de 20 millions vu le tintouin fait dans les médias les semaines précédant sa sortie. Ce qui a certainement posé des problèmes de rentabilité financière, même si le film a trouvé son public en mal de sensations fortes mais pas trop exigeantes tant que d'amourettes à millions de dollars (294,5 millions de dollars de 2016-2017 dans le monde, c'est un bon score, surtout pour un space-opéra, mais Gravity avait quand même fait beaucoup mieux). Mais pour moi il ne restera pas parmi les classiques du genre.
11/20 (pour les deux acteurs)
Problème de vraisemblance, au passage, au-delà même de la façon ahurissante dont le sauvetage du vaisseau a été conduit : le premier message fait remarquer que si Preston ne se réveillait pas, ce sauvetage n'aurait pas eu lieu et le vaisseau aurait couru à la catastrophe. Mais les concepteurs du vaisseau n'ont pas été capables de penser à un tel cas de figure ? Ils ne savent pas que dans l'espace, les gros astéroïdes, ça n'a rien d'incongru ?