Film de Western, Cape et épée, Aventures et Chanbara

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Zarbon Hayase
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Western :

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Cape et épée :

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Film D'aventure :

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Chanbara :

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Kit
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:hello: Zarbounet, tu vas bien ?
Vosg'patt de cœur
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Zarbon Hayase
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:hello: Salut Kitounet , moi sa va tres bien et toi ?
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Kit
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ça va, merci, je suis en repos, je reprends samedi soir
bon appétit
Vosg'patt de cœur
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Amchi
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Tout d'abord une précision si vous n'avez jamais vu Colorado surtout regardez la version complète et non celle écourtée
La première fois que je vis ce western de Sergio Sollima je fus un peu déçu, Colorado bénéficie souvent d'excellentes critiques or j'avais vu une version tronquée (durant 1h25) qui fait perdre beaucoup de sa force et de sa faveur heureusement que j'ai pu le revoir dans son version normale (à ma connaissance seulement en V.O.S.T.) ce qui change tout.

Ainsi c'est donc un très bon western italien, superbement bien campé par un duo qui va s'opposer tout au long du film, Lee Van Cleef transpire de charisme en chasseur de prime tout de noir vêtu face à lui Tomas Milián joue Cuchillo un péon illettré mais malicieux un peu tête à claques par moment (rôle qu'il reprendra dans la suite du film, Saludos, hombre mais c'est aussi un type de personnage qu'il interprétera dans de nombreux autres westerns comme ceux de Sergio Corbucci).
L'histoire est riche avec pas mal de critiques distillées sur la société et le comportement des hommes (le réalisateur est un homme de gauche) par contre niveau style, ce film a parfois l'aspect d'une série B et la mise en scène de Sollima n'est pas aussi belle que celle de Sergio Leone.
On retrouve à la musique Morricone qui signe une musique captivante, au scénario des noms importants du cinéma italien comme Donati et Solinas tous au service d'un film solide et prenant (ce type de cinéma m'emporte avec plaisir dans son sillage).

Si on ne retrouve pas le lyrisme et la beauté des films du Maestro Leone, Colorado fait clairement partie du haut du panier des westerns italiens.
Pour ceux qui ne l'ont jamais vu et qui voudrait se lancer dans le genre, je vous le recommande chaleureusement. 8/10
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Kit
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pour Colorado je connais le feuilleton qui n'a rien à voir (Centennial)
Vosg'patt de cœur
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Zarbon Hayase
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La filmo de Sergio Sollima est une film qui interssant forcement pour sa reputation de 3ème Sergio.
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Kit
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aujourd'hui sur France 3 à 14h il y avait le très beau film de John Ford Les Cheyennes de 1964 avec Richard Wydmark, Carroll Baker (je lui reproche juste la partie Wyatt Earp (James Stewart) qui aurait pu être coupée)
demain de nouveau un western de John Ford Les Cavaliers (The Horse Soldiers) de 1959 avec John Wayne et William Holden
mercredi Les Cowboys (The Cowboys) de Mark Rydell de 1972
jeudi Rio Bravo d'Howard Hawks avec John Wayne, Dean Martin, Angie Dickinson, Walter Brennan, Rick Nelson
Modifié en dernier par Kit le ven. 19 janv. 2024 14:00, modifié 2 fois.
Vosg'patt de cœur
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Kit
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et ce soir sur Arte, le magnifique western d'Anthony Mann Les Affameurs avec James Stewart
Vosg'patt de cœur
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Amchi
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^^

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La légende du Dragon est la suite d'un film que je n'ai pas vu, inspiré d'une nouvelle de Nicolas Gogol qui a déjà connu une adaptation dans les années 60, Viy apparemment un film culte en Russie, je l'avais vu il y a quelques années et il est à découvrir.
The Mystery of the Dragon Seal (son titre international je présume) et à mon avis injustement critiqué, je suis surpris qu'autant de mauvaises notes lui soient attribuées.
Alors, oui il s'agit bien d'un bonbon trop sucré, son histoire est touffue voire saugrenue, l'intrigue se disperse trop, il y a de multiples personnages dont certains ont une apparition très brève (comme Rutger Hauer ayant à peine 3 minutes à l'écran) sans oublier des effets numériques qui ne sont pas les plus au point.
Malgré tout cela, c'est aussi un film d'aventures très généreux, sans temps mort, généreux aussi en action et si visuellement c'est kitsch, ce film possède aussi son charme car ses effets spéciaux ne sont pas laids non plus.
Pour ma part, j'ai passé un excellent moment devant ce film, je l'ai trouvé très entraînant et son casting international permet la rencontre entre Jackie Chan et Arnold Schwarzenegger. Ils vont d'affronter durant un combat assez titanesque.
Cette production sino-russe, m'a enchanté même si je suis conscient de ses faiblesses, cependant ce film ne mérite pas d'être tant descendu. 7/10
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Amchi
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Andrew V. McLaglen n'est pas un grand réalisateur mais un faiseur qui peut parfois être très efficace, malheureusement ce n'est pas le cas ici.
Le Rendez-vous des dupes a un début vraiment prenant, on suit 3 prisonniers fraîchement sortis de taule dont l'un possède un chèque de 25 000 $ à encaisser (son salaire pour avoir travaillé pendant de nombreuses en prison).
Un coup est monté contre eux, pour empêcher que cet argent soit versé à cet ancien taulard or passé environ les 15 premières minutes ce film cela sérieusement à avoir un problème de tempo...et cela durera jusqu'au final.
Si c'est bien réalisé et si l'histoire n'est pas mauvaise, je ne peux pas dire que j'ai accroché. Il y a bien sur ce manque de rythme pénalisant ce récit qui se veut quelque peu picaresque, le contexte historique (cela se déroule en 1935) passe rapidement sous la trappe, le casting est étrangement moyennement convaincant, si James Stewart est bon en même temps on ne croit jamais que son personnage a fait 40 ans de prison, je suis fan de Kurt Russell mais son jeu est maladroit (il est très jeune), Strother Martin joue un personnage un peu agaçant et qui finalement ne sert pas à grand chose. George Kennedy incarne le méchant du film, un personnage singulier qui est peut-être le plus original du film, il est moderne en plus avec ses tennis blanches.
Le Rendez-vous des dupes a pas mal d'atouts en poche, qui ne sont pas concrétisés. 5/10
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Zarbon Hayase
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Andrew V. McLaglen de façon général c'est meme un réalisateur tres moyen, les bon film bien mise en scène sont plus exception chez lui que la règle.
aureliagreen
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Never Grow Old, western de Ivan KAVANAUGH, sur un scénario de Ivan KAVANAUGH (Irlande-Royaume-Uni-France-Belgique-Luxembourg, 2018), avec Emile HIRSCH, John CUSACK, Déborah FRANÇOIS, Molly McCANN, Quinn TOPPER MARCUS, Sam LOUWYCK, Danny WEBB...

1849, dans une petite ville-frontière sur la piste de Californie. Le pasteur local (D. Webb) a imposé la fermeture du saloon, ce qui a diminué le dynamisme économique de cette bourgade reculée, mais a aussi fait nettement décliner la violence locale. Patrick Tate (E. Hirsch), le croque-mort d'origine irlandaise, qui goûte peu au caractère austère qu'a pris la vie paysanne depuis, pense à quitter l'endroit pour se rendre dans la Californie voisine, mais sa femme d'origine française Audrey (D. François) insiste pour rester. La vie de Tate va prendre un tour nettement plus pimenté lorsqu'arrive une bande de pistoleros, à la poursuite d'un des leurs qui s'est établi dans les environs. Car leur chef, le brutal Dutch Albert (J. Cusack), décide de rouvrir le saloon. Rapidement, les morts s'accumulent. Tate se satisfait au départ de cette situation qui le favorise financièrement. Mais le prix personnel à payer va commencer à lui peser...

Never Grow Old est un de ces surprenants westerns européens récents, au ton social, réalisés avec peu de moyens (et en Irlande !), mais qui réussissent à nous plonger dans une ambiance de réalisme cru. À travers le portrait d'un nombre réduit de personnages, il parvient à esquisser de nombreux thèmes peu présents dans les westerns traditionnels (influence des religieux, vie des fermiers et des simples travailleurs, dégâts de l'alcool et des lieux de débauche, comme on disait alors, discriminations contre certaines communautés blanches...), vus à travers les yeux de simples quidams, un peu à la façon de La petite maison dans la prairie. C'est loin d'être la première fois qu'on nous montre une populace de l'Ouest terrorisée par le règne de desperados, mais cette fois on le vit principalement du point de vue de l'autre versant du peuple des pionniers, celui qui, sous la conduite d'un pasteur ou d'une ligue de vertu, militait pour la tempérance ou allait parfois jusqu'à démolir les saloons, celui qui était terrifié par les as de la gâchette, un versant souvent ignoré de Hollywood. Comme dans beaucoup de westerns récents, le point de vue des femmes, ici de simples fermières, n'est ainsi pas mis de côté. Si Dutch Albert est le principal méchant de l'histoire, relevant d'un portrait de pistolero brutal classique, Kavanaugh évite soigneusement tout manichéisme simple, peu de gens en sortant indemnes. Il ne nous épargnera pas une plongée dans une très grande violence, tant physique que psychologique, montrant comment de simples caractères peuvent être transformés lorsque celle-ci est omniprésente. La fin défie elle toute convention, à mille lieux des traditions hollywoodiennes.

Porté par une réalisation simple mais convenable, qui sait imposer une ambiance très sombre, et par une interprétation investie, ce nouveau western à l'approche originale et pour public averti ne dépare pas parmi les représentants de cette récente tradition.
15/20
aureliagreen
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Lady Gun Fighter, western de Niall JOHNSON (Nouvelle-Zélande, 2015), sur un scénario de Emily CORCORAN, avec Alice EVE, Graham McTAVISH, Jack DAVENPORT, Richard O'BRIEN, Cohen HOLLOWAY, Gillian MACGREGOR, Glen LEVY...

En 1882, Charlotte Lockton (Eve), une immigrée britannique aisée, installée en Nouvelle-Zélande avec son mari, suite au meurtre de ce dernier et à l'enlèvement de son fils, choisit de quitter sa demeure confortable afin de retrouver sa progéniture. S'engage alors un voyage dangereux vers une ville minière de l'Île du Sud, où elle trouve quelques amitiés inattendues, entre prostituées, immigrés chinois et guerriers Maoris. Lorsqu'après des péripéties mouvementées, elle retrouve la trace de son fils, elle doit confronter l'homme qui est derrière tout cela...

Un de ces nouveaux westerns, sis dans un environnement très semblable à celui des territoires coloniaux de l'Amérique du Nord de la même époque, au temps de ruée vers l'or qui eut lieu en Nouvelle-Zélande après la conclusion d'un traité de paix avec les indigènes dans les années 1860. On apprécie la belle cinématographie, la reconstitution des conditions de vie d'alors, l'ambiance du voyage en chariot et de la ville minière. La réalisation est correcte, le rythme en douceur donné par Niall Johnson nous permettant de nous immerger dans le milieu et le récit. Des bémols conséquents sont cependant à apporter, au niveau du manque de crédibilité de certains passages. On sent un évident désir de faire un western féministe, avec une héroïne manifestement inspirée de certains westerns avec Joan Crawford. Mais en allant un peu trop vite en besogne, cela se fait au détriment de la vraisemblance. Déjà, les raisons de l'enlèvement du fils de Charlotte Lockton ne sont pas claires, ce qui peut encore s'expliquer ; mais la façon dont elle parvient à s'échapper avec lui est vraiment peu crédible, le coupable apparaissant réellement benêt. Ensuite, Alice Eve et ses faux airs de Nicole Kidman livre certes une prestation acceptable, mais elle a un peu de mal à faire oublier le peu de plausibilité de l'évolution brutale de son personnage, dont on a un peu de mal à croire en sa métamorphose si rapide en Annie Oakley.
Il reste un joli film, dans un cadre à la fois familier et inhabituel, peu utilisé par le cinéma (on se souvient de ce long-métrage violent et célébré en son temps qu'est Utu, datant déjà de 1983), agréable à regarder, mais que le manque de vraisemblance vers la fin plombe un peu.
11/20
aureliagreen
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L'état sauvage, western de David PERRAULT (France-Canada-Belgique, 2019), sur son propre scénario, avec Alice ISAAZ, Kevin JANSSENS, Déborah FRANÇOIS, Bruno TODESCHINI, Constance DOLLÉ, Armelle ABIBOU, Maryne BERTIEAUX, Kate MORAN...

En 1861, au cœur des États-Unis, alors que la Guerre de Sécession fait rage, des colons français installés depuis une vingtaine d'années dans le Missouri reçoivent la consigne de leur gouvernement de ne surtout pas s'impliquer dans cette dernière. Mais il leur sera bien difficile de ne pas être affectés, même chez ceux qui s'efforcent de respecter à tout prix cette consigne de neutralité (d'autant que ne joue pas en leur faveur le fait que des miliciens français aient eux choisi de prendre parti pour les sudistes). Edmond (B. Todeschnini), chef de famille fortuné, décide néanmoins de s'accrocher à tout prix à sa propriété, refusant de suivre les conseils de ceux qui lui demandent de retourner au moins temporairement en France. Jusqu'à ce qu'un soir, des soldats nordistes émêchés troublent violemment une soirée organisée dans sa demeure, tuant une domestique au passage. Là, il décide de commencer avec toute sa famille un voyage périlleux vers le sud jusqu'à un port du Golfe du Mexique, guidé par Victor (K Janssens), un pistolero dévoué mais qui a laissé derrière lui un certain nombre de comptes non soldés ; ces derniers vont poursuivre la petite troupe, sous la forme d'une ex-compagne (K. Moran) accompagnée d'un groupe de miliciens encagoulés...

Ce film s'inscrit dans une certaine tradition des westerns récents, consistant à explorer des arrière-plans assez peu connus, ainsi que des populations longtemps négligées par le cinéma et le cinéma, et porte ainsi un regard certainement original sur la Guerre de Sécession. Sur fond de cette histoire de pionniers français, déracinés comme tout pionnier, plus isolés et désemparés que jamais par une guerre brutale (et particulièrement dans cette région, où ont sévi des guérilleros sudistes et des contre-guérilleros nordistes sauvages à l'extrême), il met évidemment plus spécialement en avant la condition des femmes, blanches comme noires (et souvent esclaves, anciennes esclaves ou filles d'esclaves). Incluant une figure de cavalière quasi-fantômatique à la poursuite de Victor, qui parait tout droit sortie d'une œuvre de Leiji Matsumoto. Perrault est sans doute intéressé par ce thème du déracinement, que cette époque charnière faisait ressentir particulièrement, une époque non seulement meurtrie par la guerre, mais aussi bouleversée par la marche du progrès en avant. En effet, on est déjà dans les temps de la mondialisation galopante... Un dialogue mené par Victor, au sujet du train qui va bientôt être construit, qu'il maudit car il va contribuer à détruire leur mode de vie, pour conclure en disant que "de toute façon, ce foutu train, on montera dedans comme tout le monde".

David Perrault se débrouille bien pour faire avec un budget très réduit, parvenant à livrer une reconstruction vraiment minimaliste de la Guerre de Sécession. Les montagnes du Québec représentant le sud des Appalaches ou les Monts Ozarks, mais comme l'a expliqué Perrault, c'est une représentation finalement assez réaliste du voyage, car durant ce conflit, les principaux axes de communication étaient coupés, et il fallait prendre des voies de côté. Il parvient à alterner plans contemplatifs (de mise dans ce type de western), scènes de tension et séquences d'affrontements assez percutantes, mais aux effets assez originaux. Le scénario surprend assez souvent, notamment en supprimant quelques personnages ou en en faisant évoluer de façon inattendue (notamment sur la fin un Victor que l'on croyait connaître en bien), et se permet même une petite incursion dans le fantastique à la toute fin. Le film n'est certes pas exempt de défauts, il souffre parfois d'une construction un peu décousue ; la scène avec le chariot cassé au bord du précipice, si elle est filmée avec pas mal de tension, m'a semblé surtout être là pour montrer que les filles sont plus malignes. Et il met, surtout vers la fin, beaucoup d'accent sur la débrouillardise féminine, parfois au détriment de la vraisemblance. Pour une première réalisation, Perrault se sort tout de même bien d'affaire, en évitant certains pièges, livrant une œuvre sobre avec un côté touche-à-tout mêlé à un certain ton intemporel. Cependant, par son approche un peu trop touche-à-tout, ce petit western d'auteur se retrouve parfois un peu décousu à force de chercher à un peu trop embrasser.
11/20
Modifié en dernier par aureliagreen le dim. 31 oct. 2021 22:25, modifié 1 fois.
aureliagreen
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Brimstone, western de Martin KOOLHOVEN (Pays-Bas-Allemagne-Belgique-USA-Suède, 2015) avec Dakota FANNING, Paul ANDERSON, Guy PEARCE, Kit HARRINGTON, Carice VAN HOUTEN...

Un très long film (2h20), doté de nombreuses scènes éprouvantes, à l'ambiance souvent très pesante, à l'ambiance quasi-gothique, confinant parfois au fantastique, tourné en Europe dans des paysages très variés (de l'Allemagne à l'Andalousie) qui reflètent à s'y méprendre ceux de l'Amérique du Nord. Comme beaucoup de nouveaux westerns, il présente certaines originalités, d'abord, comme le réalisateur est néerlandais, de tourner autour de la vie de colons néerlandais intégristes récemment immigrés, animés par l'intention nettement affiché de tirer un trait sur leur vie passée. Mais ils ont du mal à s'extraire de leur culture religieuse, et le film baigne dans l'arrière-plan fondamentaliste de certaines sectes protestantes néerlandaises. Un récit donc très éprouvant sur le drame d'une déracinée, Liz, doublement déracinée d'ailleurs, de sa culture d'origine et de sa famille, le drame de beaucoup de pionniers du Nouveau Monde ; situation encore aggravée par sa condition de muette. Rien ne lui est épargnée, elle se retrouve poursuivie par les assiduités d'un prêcheur fanatique, contrainte de s'exiler et de tomber dans une situation qui est plus celle d'un western "classique", celle de devoir vivre comme une prostituée sous les ordres d'un maître cruel, membre d'un petit comité régnant de manière tyrannique sur une ville frontière minière.

Si le film jette un regard cru et sans complaisance sur la réalité de la condition d'une femme dans un milieu très conservateur du XIXème siècle, et sur les outrages qu'elle est susceptible de subir sous les yeux complaisants de sa communauté, son discours ne porte cependant en réalité pas tellement sur le féminisme et encore moins sur l'oppression sexuelle ; il tourne plus autour du fanatisme religieux et de la thématique de l'exploitation (du mari sur sa femme ou ses enfants, et de l'entrepreneur sur les employés). Ainsi l'oppression que subissent Liz et ses collègues dans le saloon de la ville minière est d'ordre capitaliste, elle s'inscrit dans un système d'asservissement des travailleurs, étant destinée à faciliter celle des mineurs exténués par le rythme de travail qu'on leur inflige à la mine, et qui trouvent là un exutoire facile à leur frustration, qui pourrait sinon grandir et mettre en danger cet ordre capitaliste brutal. Mâles comme femelles étant traités à la même aune. Le révérend en rappelle d'autres, comme celui du récent Shériff Jackson, le type même du croyant détraqué par les Écritures qu'il cite sans cesse.
Rien ne sera donc épargné à l'héroïne, et pas davantage au spectateur qui n'aura même pas droit à un happy end. Spectateur qui pourra être désorienté par la construction atypique en quatre actes car disposés dans un ordre non chronologique. Qui peut cependant se justifier, car si on ne perd pas le fil du récit, la terreur qui poursuit Liz peut en être mieux ressentie. Si c'est sans doute le point qui peut le plus rebuter (et qui rend ce long-métrage plus facile à regarder à la télévision qu'en salles), on ne doit pas rejeter cette œuvre assez atypique, digne représentant des nouveaux westerns, à la fois sobre et efficace, et servie par de très bonnes prestations de Dakota Fanning et Guy Pearce.
15/20
Modifié en dernier par aureliagreen le lun. 24 janv. 2022 11:15, modifié 1 fois.
aureliagreen
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La bataille de San Sebastian, western de Henri Verneuil (France-Mexique-Italie-USA, 1968), avec Anthony QUINN, Anjanette COMER, Charles BRONSON, Sam JAFFE, Silvia PINAL, Jaime FERNÁNDEZ, Jorge MARTINEZ DE HOYOS, Fernand GRAVEY, Pancho CÓRDOBA...

Au cœur du Mexique espagnol, en 1743, le déserteur et hors-la loi Leon Alastray (Quinn) tente de fuir l'armée espagnole et trouve asile auprès d'un prêtre, le père Joseph (Jaffe). Ce dernier est chargé par l'évêque, furieux de l'avoir vu protéger un fugitif, de diriger la paroisse d'un village perdu au cœur des sierras, San Sebastian, "nomination" manifestement effectuée dans un but de sanction. Alastray, reconnaissant, se charge de l'amener à bon port. Le village se révèle déserté par ses habitants, réfugiés dans des collines voisines suite aux attaques des amérindiens Yaquis, conduits par Lance d'Argent (Fernández), lui-même aiguillonné par le métis Teclo (Bronson). Le père Joseph est tué par ces derniers, mais les villageois prennent Alastray pour un prêtre car il s'est revêtu de sa tenue. Il essaie de les détromper, mais les événements et les beaux yeux de Kinita (Comer) l'amènent à prendre en main le village. Il fait alors jouer une ancienne connaissance bien placée pour obtenir l'aide de la cavalerie, afin de contraindre les villageois encore réticents à revenir et de leur fournir de nombreuses armes. Après le départ des soldats, il organise leur défense contre les Yaquis, ce qui inclut de grands préparatifs militaires...

Si elle se déroule en plein milieu du XVIIIème siècle, et dans le cadre inhabituel de l'Amérique coloniale espagnole (celui que l'on a plutôt l'habitude de voir dans les adaptations de Zorro), cette coproduction italo-franco-mexicaine colorée est bien un western, dont l'intrigue de départ rappelle Les Sept Samouraïs. Autant le dire tout de suite, on se plaît à revoir ce bon vieux film comme on en faisait antan, servi par quelques vedettes inspirées qui se plaisent au jeu, la qualité de la reconstitution, les superbes paysages (pour une fois filmés sur place, en plein cœur du Mexique, et avec beaucoup d'acteurs locaux, dont Quinn lui-même), la réalisation de Henri Verneuil, à l'aise tant dans les scènes de discours que dans celles de bataille, somptueuses, et les nombreux thèmes qu'il évoque. Verneuil explore ainsi la façon dont la religion peut être utilisée pour galvaniser le peuple, l'antagonisme entre hiérarchie épiscopale bien portante au service des élites et petits prêtres au service du peuple, y compris des bandits, qui peuvent se révéler avoir grand cœur, et plus généralement entre élites vivant à l'abri dans leur luxe et petits paysans livrés à eux-mêmes ; et bien sûr en cette époque de colonisation violente aux dépens de peuples indigènes, le choc des civilisations et des cultures, où certains parviennent à trouver leur place et d'autres non, opposition illustrée par l'antagonisme entre Alastray et Teclo. On notera que la bataille est menée par un faux religieux, qui ne croît pas en Dieu et est porté par un faux miracle, thème rare dans les westerns produits aux USA. Le ton des discours est parfois un peu solennel, mais Verneuil sait surfer dessus pour rendre l'importance des enjeux et Quinn jongler entre gravité et un peu de légèreté.

La reconstitution de l'époque est elle excellente. Si les mousquets sont un modèle de l'époque napoléonienne, cela n'est pas très important dans la mesure où ils sont proches par l'aspect de ceux d'alors. Et la bataille se déroule fidèlement aux obligations imposés par l'armement de l'époque, notamment celle de recharger à chaque coup (il n'y a qu'au moment où Alastray et le Père Joseph arrivent à San Sebastian qu'on assiste à un affrontement douteux pour l'époque, dans la mesure où on entend plusieurs coups de feu rapprochés, alors qu'il ne semble y avoir qu'un homme armé d'un seul fusil). Et la cavalerie coloniale espagnole (les presidials) est rendue de façon très exacte, y compris les cache-poussière en peau de mouton (vus depuis dans Le Masque de Zorro).
Et avec tout ça, la superbe partition de Morricone. Que demander de plus ?
16/20
aureliagreen
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Shériff Jackson (Sweetwater, 2013) western de Logan et Noah MILLER, avec Ed HARRIS, January JONES, Jason ISAACS, Eduardo NORIEGA, Stephen ROOT, Jason ALDINN...

Dans le territoire du Nouveau-Mexique vers 1880, le beau-fils du gouverneur et son frère vont rendre visite en chariot à leur beau-père, quand ils cassent une roue. N'en ayant pas de rechange et obligés de se contenter d'expédients, ils tuent deux moutons appartenant à un prêcheur mormon ultra-fanatique, et aussi violent et raciste pour ne rien gâcher (J. Isaacs) qui a établi une communauté religieuse à proximité, ce qui leur vaut d'être abattus sommairement par ce dernier. Au même moment, Miguel Ramirez, un rancher d'origine mexicaine (E. Noriega), essaie difficilement de gagner sa vie avec sa femme Sarah (J. Jones), une ancienne prostituée bien décidée à se ranger. Ils se retrouvent confrontés à leur voisin, qui se trouve être le même dangereux prophète. Ce dernier tue Miguel, tandis qu'arrive dans la région un shérif excentrique et à sa façon tout aussi violent (Ed Harris). Son but ? Établir ce qu'est devenu le gendre du gouverneur, à la demande ce dernier. La rencontre entre le prophète, le shérif et la veuve éprise de vengeance va marquer le début d'une série de meurtres sanglants...

Sweetwater ne dépare pas parmi les westerns récents, à tendance nettement spaghetti. On y retrouve une confrontation entre des caractères forts et extrêmes sur fond de paysages désolés et magnifiques (filmés sur place au Nouveau-Mexique). Bien sûr, avec ce genre de récit il n'y a pas de tromperie sur la marchandise, d'emblée on est englouti par la certitude de la progression vers une apothéose finale de violence, tant il est évident que le choc entre le pasteur psychopathe et le shériff, tout aussi exalté mais dans un genre bien différent, ne peut que mal finir, tandis que parallèlement la veuve monte implacablement son entreprise de vengeance... Comme l'exposait Sergio Leone, dans ce type de western la mort est partout en filigrane, le rythme contemplatif sert à rappeler son omniprésence, les paysages sont un personnage à part entière, faisant mieux ressentir la fragilité des autres protagonistes ; on sent que peu en sortiront vivants. On sait donc que la collision est inévitable entre ces trois personnages limites. Mais cette prévisibilité n'empêche pas les Miller de bien maîtriser sans brusquerie ni temps mort cette montée en puissance, sur fond de palette de personnages hauts en couleurs, secondés par quelques portraits de citadins et notables odieux, entre épicier lubrique, banquier rapace et shériff des lieux indigne. On leur a parfois reproché un certain désordre, mais voulu ou pas, il sert finalement bien le récit, chaotique dans sa nature même, quasi élémental. Ils se permettent aussi quelques pirouettes un peu inattendues et ironiques lors du déroulé du grand règlement de compte final, en un pied de nez aux clichés... Les prestations des acteurs principaux sont à la hauteur de l'enjeu, Jason Isaacs s'en donnant à cœur joie en prêcheur fou convaincu que Dieu lui a donné le droit de prendre la terre d'autrui, comme il y en avait tant dans l'Ouest ; Ed Harris donnant lui dans un registre à la Tommy Lee Jones, avec ce shériff "insolite" comme il se décrit, personnage bouffonnant à première vue, mais se révélant velléitaire et violent ; tandis que January Jones livre le portrait d'une de ces femmes de l'Ouest fortes que les nouveaux westerns se sentent obligées de mettre en avant, ancienne fille de joie devenue fermière déterminée puis se muant en amazone vengeresse laissant un sillage de sang sur son passage ; la pirouette finale écartant cependant toute emphase trop pseudo-héroïque en rappelant sa vulnérabilité. Ce sera néanmoins sur l'image de sa renaissance, dévêtue devant un grand feu, que le film se termine. Tous ces ingrédients donnent un western paroxysmatique certes avec peu de vraie surprise, si ce n'est dans le final, mais digne de rester dans les annales du genre.
15/20
aureliagreen
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Blackthorn, la dernière chevauchée de Butch Cassidy, western de Mateo GIL (Blackthorn, 2011), avec Sam SHEPARD, Eduardo NORIEGA, Stephen REA, Magaly SOLIER, Nikolaj COSTER-WALDAU, Pádraic DELANEY, Dominique McELLIGOTT..., sur un scénario de Miguel BARROS.

En 1927, James Blackthorne (Shepard) vit tranquillement sur l'Altiplano bolivien d'un élevage de chevaux avec sa femme. Sa tranquillité est troublée lorsqu'il rencontre un ingénieur espagnol, Eduardo Apodaca (Noriega), en fuite après avoir braqué les caisses d'une mine d'or tenue par un grand magnat qui exploite brutalement ses ouvriers. Il décide de sortir de sa retraite afin de l'aider à échapper à ses poursuivants, car en fait, Blackthorne est Robert Leroy Parker, alias Butch Cassidy, qui avec son légendaire comparse Harry Alonzo Longabaugh dit Sundance Kid avait échappé à sa supposée mort en 1908 près de San Vicente en Bolivie...

Intrigante co-production hispano-franco-britannico-bolivienne, qui explore d'une façon innovante le mythe de Robert Parker dit Butch Cassidy, en capitalisant sur les légendes récurrentes au sujet de sa survie*. Nappant cette réécriture dans le style "cow-boy parti dans sa dernière chevauchée", dans un style crépusculaire, typique des "nouveaux westerns". La photographie est ainsi magnifique, profitant pleinement des grands espaces arides des hauts-plateaux et cordillères boliviennes, parsemés de hameaux désolés habités d'amérindiens rustiques ; le film étant réellement tourné sur place, à la différence de Butch Cassidy et le Kid. À ces visions on peut regretter que ce dernier n'ait pas choisi en 1968 ce cadre, ce pays sud-américain valant largement à cet aulne le grand Ouest des USA.

Comme souvent dans ce sous-genre, la mise en scène joue sur l'antagonisme qu'inspire ce cadre naturel largement inviolé, incarnant la liberté, tout en écrasant les personnages. Les deux acteurs principaux sont très bons, portés par cette ambivalence, Eduardo Noriega dans ce rôle de pilleur qui cherche à profiter de cet espace sans loi pour faire fortune avant de s'en échapper, Sam Shepard très inspiré dans ce portrait d'un Butch Cassidy rangé tant bien que mal, mais qui se révèle toujours respirer la liberté, et pour cela décidé à reprendre du service une dernière fois. Là s'y greffe une ambiance de fin d'époque, comme dans les films de Sam Peckinpah ; quand Cassidy part dans cette ultime chevauchée, on pense qu'il va à la rencontre d'une probable mort. Et en filigrane, dans le même temps, c'est tout son monde, à l'agonie, un monde beaucoup plus libre que celui qui s'établit peu à peu, qui s'éteint. À la fin, cependant, on restera sur l'image de ce cavalier solitaire qui part vers une région sauvage, pour ne plus être revu – car si sa légende s'est éteinte il faut ménager l'autre légende au sujet de la possibilité de sa survie.
Une bonne surprise que cette production européenne et sud-américaine.
14/20

* Il est vrai que les choses n'ont jamais pu être éclaircies, les autorités n'ayant pas pu formellement identifier les deux cadavres, et des recherches récentes menées à l'endroit où ils ont été enterrés ayant abouti à la conclusion de l'absence des corps de Parker et Longabough, ce que mentionne l'introduction du film. Il n'est même pas certain que ces deux hommes aient été présents lors de la fusillade à San Vicente, alors que la version de leur histoire retenue par le film suit au moins cet aspect de l'historiographie officielle, les deux morts étant de leurs complices, et fait mourir Sundance Kid peu de temps après avoir réussi à s'échapper. S'écartant par là de certaines affirmations selon lesquelles il aurait été vu vivant des années plus tard. De même, plusieurs personnes, dont la propre sœur de Parker, ont affirmé avoir rencontré ce dernier dans les années 20 et 30 – d'où probablement le doute laissé à la fin du film (cependant, cette dernière a affirmé avoir fait cette rencontre en 1924 ou 1925 dans leur ville natale, ce qui contredit la chronologie retenue par le scénario).
Pour un exemple de lien résumant leur vie et les controverses à ce sujet, le mystère demeurant plus d'un siècle plus tard :
http://www.westernmagazinedigest.com/20 ... nd_17.html
Un peu plus complet, sur les fiches de Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sundance_K ... A9c%C3%A8s
http://fr.wikipedia.org/wiki/Butch_Cass ... de_sa_mort
Modifié en dernier par aureliagreen le dim. 31 oct. 2021 22:24, modifié 1 fois.
aureliagreen
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The Homesman, western de Tommy Lee JONES (USA-France, 2014), avec Tommy Lee JONES, Hilary SWANK, Grace GRUMMER, Miranda OTTO, Sonja RICHTER, Jo Harvey ALLEN, Barry CORBIN..., sur un scénario de Tommy Lee JONES, Kieran FITZGERALD et Wesley A. OLIVER, d'après un roman de Glendon SWARTHOUT.

En 1855, dans le territoire du Nebraska, Marie Bee Cuddy (Swank), une pionnière pieuse au caractère endurci, est chargée de convoyer trois femmes que la vie de pionnier a rendues folles. Devant le manque d'entrain de ses concitoyens pour l'aider, elle doit se résoudre à accepter d'être accompagnée par un vagabond, George Briggs (Jones), en délicatesse avec la loi locale et désireux d'échapper au shériff...

Tommy Lee Jones livre ici un western vraiment original, au style crépusculaire. Assez audacieux par certains des thèmes qu'il aborde. Ainsi, celui de la solitude à laquelle son comportement fort et entreprenant pouvait condamner une femme dans une communauté pionnière, parce que forte et entreprenante, trop forte et entreprenante en fait et donc indépendante, et de là isolée. Par là et par beaucoup d'autres aspects, ce film renverse la plupart des codes du genre. Un peu comme dans The Salvation, les gens considérés comme bien comme il faut sont les plus lâches et ceux de moins d'aide, la fausse héroïne devant recevoir cette aide d'un malfrat errant. Un vétéran de guerres indiennes que celles-ci ont laissé passablement dérangé, qui confirmera sa mauvaise impression initiale, pouvant se montrer violent et fort peu recommandable. Mais finalement bien moins odieux que certains de ces piliers de communauté, caractérisés par leur fermeture d'esprit et leur intolérance envers les marginales. Le périple en territoire sauvage et hostile de ce couple improbable sera émaillé d'incidents et de surprises, incluant quelques épisodes attendus (les peaux-rouges, le desperado), mais traités avec un ton particulier (ainsi, la rencontre avec les amérindiens est beaucoup plus réaliste que dans les westerns du vieux Hollywood) ; l'intrigue incluant un immense rebondissement inattendu.

S'il reprend quelques thèmes personnels (ainsi celui de la quête et du respect de la volonté d'un mort qu'il avait déjà exploré dans ce western moderne qu'est Trois enterrements), Tommy Lee Jones confirme là son intention de bousculer les conventions, nous laissant ainsi avec un "héros" pas du tout comme il faut. Le film bénéficie aussi d'une très belle photographie, et d'un rythme contemplatif qui mettent très bien en relief les grands espaces magnifiques dans lesquels se meuvent les personnages, dont ils constituent en quelque sorte une partie du casting, comme il se doit pour tout western de ce type. Dans ces grands espaces, le danger n'est jamais loin, la mort rode omniprésente, et la violence la plus extrême s'apprête à percer à tout moment. Et peu survivront.

Une deuxième œuvre de Tommy Lee Jones à découvrir.
16/20
aureliagreen
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Retour à Cold Mountain, western et film de guerre écrit et réalisé par Anthony MINGHELLA (Cold Mountain, USA/Italie/ Roumanie, 2003), d'après le roman de Charles FRAZIER, avec Jude LAW, Nicole KIDMAN, Renée ZELLWEGER, Eileen ATKINS, Brednan GLEESON, Philip Seymour HOFFMAN, Natalie PORTMAN, Giovanni RIBISI, Donald SUTHERLAND, Ray WINSTONE...

Été 1864, théâtre est des opérations de la Guerre de Sécession ; alors que celle-ci tourne mal pour les sudistes, W. P. Inman (J. Law), un soldat confédéré, est grièvement blessé suite à un affrontement sauvage lors de la campagne de Richmond. Il décide alors de déserter afin de rejoindre sa promise Ada (N. Kidman) qui l'attend depuis le début de la guerre dans sa ferme de Cold Mountain, un petit village perdu au milieu des Appalaches de Caroline du Nord. Commence alors pour lui une traversée périlleuse en terrain hostile. Tandis que Ada, qui vient de perdre son père, doit se débrouiller tant bien que mal pour faire tourner sa ferme. Elle qui manque gravement d'expérience en ce domaine reçoit l'aide d'une désœuvrée, Ruby Thewes (R. Zellwegger). Une aide qui se révèle précieuse quand la jeune femme se révèle très habile pour survivre, d'autant que l'exploitation est en danger de tomber dans les mains du brutal capitaine Teague (R. Winstone), un chef de milice qui pourchasse les déserteurs et tous ceux qu'il pense leur venir en aide...

Grosse production au casting 4 étoiles, un film efficace, porté par ses grands sentiments, sa belle photographie de superbes paysages (curieusement filmé dans les régions du récit, mais aussi en Roumanie dans les Carpathes...), ses scènes à grand spectacle, ses flonflons et ses performances à Oscars (7 nominations en tout !). Car il ne faut pas s'y tromper, il s'agit bien d'une usine à Oscars. Et derrière cette façade rutilante, cela est sans grand génie, un peu formaté, comme tant de grandes productions de ce genre. Les scènes de bataille m'ont de plus paru manquer de réalisme sur certains points.
Seulement, si elle brasse plein de poncifs au sujet de la dureté de la guerre, l'histoire a un gros mérite, celui de parler de certaines zones d'ombre peu connues de la Guerre de Sécession. Et notamment le sort des civils sudistes durant la guerre, ainsi que des déserteurs de leur camp et leur traitement par les miliciens. Si une certaine iconographie apologétique a dépeint l'image nostalgique d'un Sud tout voué à la défense de sa Cause Perdue, la réalité était assez éloignée. Les soldats manquaient souvent de motivation, la désertion était un mal endémique de l'armée confédérée, et cela dès le début de la guerre, pas lorsque les opérations ont commencé à très mal tourner pour elle, à partir de 1863. Et les civils étaient souvent impatients de voir la fin de la guerre advenir, et leurs proches revenir. Surtout dans cette région des Appalaches, où les esclaves étaient peu nombreux, et en conséquence, l'attachement à la sécession moindre. Et ces mêmes civils, surtout dans les régions reculées, étaient souvent soumis aux exactions de soldats nordistes prompts à piller et violer, ainsi que des forces locales réprimant tous ceux qui pouvaient faire montre de "défaitisme" en secourant les déserteurs. Montrer ce versant peu connu était à faire, le cinéma hollywoodien ayant été peu porté là-dessus, en raison de l'influence de la mythologie précitée. C'est là encore le plus grand mérite de ce long-métrage.

13/20
aureliagreen
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Les Frères Sisters, western de Jacques AUDIARD (2018, France-Espagne-Roumanie-Belgique-USA), sur un scénario de Jacques AUDIARD et Thomas BIGEDAIN d'après un roman de Patrick DEWITT, avec John C. REILLY, Joaquin PHOENIX, Jake GYLLENHAAL, Riz AHMED, Rebecca ROOT, Rutger HAUER, Carol KANE...

Oregon, 1851. Les tous débuts de la grande ruée vers l'or. Deux frères pistoleros et tueurs de leur état, Eli et Charlie Sisters sont chargés par leur chef de poursuivre un prospecteur d'or qui aurait trouvé une formule chimique capable de simplifier considérablement le travail des chercheurs d'or. Mais la course est très longue, Eli commence à douter de lui-même, et leur cible, le dénommé Hermann Kermit Warm, pourrait être capable de proposer une offre plus attrayante aux deux frères...

Audiard livre là un western différent, qui tout en semblant de facture classique au niveau du récit, questionne les fondamentaux du genre. C'est certes une approche habituelle des westerns spaghetti et crépusculaires de montrer des personnes peu recommandables comme protagonistes centraux. Mais déjà, il s'agit d'un faux western crépusculaire, qui n'en reprend que certaines apparences. Car s'il comporte son lot de morts brutales, il s'écarte par moments des conventions de ce genre en ne montrant quasiment rien de plusieurs affrontements au pistolet, entendus plus que vus, de loin, voire entièrement cachés à notre regard. Et s'agissant de montrer des tueurs en faux héros, il pousse un peu plus loin que d'habitude. Car il montre dès les premiers temps de la ruée vers l'or, dans des terres encore très sauvages, tout juste en train d'être investies par les colons blancs, des pistoleros déjà bien fatigués.Déjà, le déroulé du film se joue des attentes, comme de la structure classique d'un bon vieux récit d'aventure à l'ancienne.

Ainsi, il apparaît peu à peu que la traque menée par les Sisters pour le compte de leur patron va se terminer en une happy end, avec eux connaissant une rédemption, se rangeant du bon côté avec leur cible Herman Kermit, et aidant à la récupération et la mise à l'abri de sa formule miracle hors d'atteinte des griffes du Commodore. Suivant un schéma tout tracé d'avance qu'on nous a fait bien miroiter. Seulement, la formule miracle en question va disparaître avec son inventeur dans un désastre imprévisible, du à l'impéritie du plus instable des deux frères ; le naturel revenant au galop pour gâcher la tranquille retraite qu'il était en train de s'aménager. Formule sur laquelle on ne saura rien de plus, disparaissant pour de bon dans les brumes de l'Histoire – tout cela, toute cette quête qui aurait pu les faire entrer dans l'Histoire, aura été en vain. Et ensuite, il se livre à un travail de déconstruction, en décrivant de l'intérieur les ressorts de ces gros durs, de ces tueurs impitoyables qui écument les terres hostiles de l'Ouest. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils en sortent violemment écornés. Le duo du frère instable et tête brulée, et de celui qui le suit dans la descente dans le crime, mais en gardant les pieds sur terre et avec l'intention bien affirmée de garder ce dernier sur les rails, rappelle certainement celui de ce récent western moderne qu'est Comancheria. Audiard va cependant plus loin, en décryptant leurs ressorts ; ils se révèlent finalement n'être que des figures pitoyables, des traumatisés battus par leur père, prisonniers d'un monde englué dans la sauvagerie, et cherchant à s'en venger par la violence. Mais face à l'enchaînement d'événements contraires qu'ils déchaînent, ils finissent par ne trouver rien d'autre que de tenter envers et contre tout de se raccrocher à leur attachement à leur mère, la dernière bouée qui leur permette de se sentir encore reliés à ce monde.

Dans ce western ne manquent ni les superbes paysages sauvages, en passe d'être souillés par la "civilisation" galopante (la formule du sympathique Herman Kermit, qu'il a en toute bonne conscience conçue dans le but de soulager le destin des chercheurs d'or, se révélant ainsi un vrai désastre écologique), ni la galerie de personnages pittoresques, pour ne pas dire déjantés, qui trouvaient refuge dans un Far-West encore relativement vierge de règles (ainsi le tyran local travesti, pré-transsexuel Mayfield, joué d'ailleurs par une femme !), et donc ouvert à tous les excès. Cependant, tous se révèlent prisonniers d'une véritable comédie des erreurs, où tout va de travers, leurs entreprises ne débouchant sur rien, toutes leurs quêtes et projets échouant. Les deux frères Sisters sont les seuls à survivre, mais le sort ne leur laissera même pas l'occasion de se venger du Commodore. L'Ouest vierge et sauvage est la destination de tous les ambitieux et tous les aventuriers, mais là il se révèle le cimetière de toutes les futiles ambitions humaines. Et finalement, lorsque les deux frères retrouvent leur mère, et la normalité de leur chez-soi, là perce une lueur d'espoir. Avec ses moyens réduits, Audiard nous livre une vraie petite réussite, impertinente et audacieuse.

16/20 (et un César bien mérité).
aureliagreen
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Slow West, western de John McLEAN (Nouvelle-Zélande, 2015), avec Kodi-Smith Mc PHEE, Michael FASSBENDER, Ben MENDLESOHN, Caren PISTORIUS, Rory McCANN, Andrew ROBERT, etc...

En 1870, Jay Cavendish, un jeune écossais tout fraîchement immigré aux USA (Mc Phee), effectue un dangereux périple à travers les contrées sauvages de l'ouest du pays afin de retrouver sa fiancé Rose (Pistorius), qui a fui récemment son pays avec son père John Ross (McCann), suite à la mort d'un homme très important, le propre oncle de Jay, un noble important de son pays. Sur le chemin, il rencontre un pistolero abrupt, Silas Selleck (Fassbender), qui se propose de le protéger des dangers du voyage. Jay Cavendish ignore cependant que Selleck a une autre idée en tête, car une prime pour meurtre poursuit John et Rose par-delà les océans. À son corps défendant, Jay va voir les cadavres s'accumuler le long de son parcours.

Sur une trame générale assez proche de Dead man (le jeune homme un peu naïf qui se retrouve propulsé dans l'ouest et est malgré lui entraîné dans une spirale sanguinaire), John McLean nous convie à un western crépusculaire dans tous les sens du terme, mélange de "nouveau western", genre fondé sur une approche inhabituelle, et de western des années 60-70. À peine la guerre de Sécession terminée, le monde de la Frontière, refuge de tous les proscrits à la recherche de liberté, apparaît déjà en sursis. On y rencontre les dernières reliques de la civilisation indigène, sévèrement ébranlée par l'arrivée des premiers blancs, et déjà ces derniers, qui désiraient encore conserver un monde sauvage, sont à leur tour menacés par l'arrivée de la "civilisation" corruptrice. Ils sentent que le refuge que constitue pour eux les Rocheuses du Territoire du Colorado est voué à prendre fin dans quelques décennies. Ce rythme et ce questionnement contemplatifs se couplent avec les recettes scénaristiques du spaghetti, terrible fusillade en apothéose en prime. Cela nous donne un aspect de film des Cohen qui se croiserait avec Sergio Leone ; comme le dit l'anthropologue allemand Werner, "dans peu de temps, cela paraîtra des siècles en arrière". Jay Cavendish chemine ainsi à travers les grandes plaines puis les premiers contreforts des Rocheuses (filmés dans les paysages immaculés de la Nouvelle-Zélande, l'illusion étant invisible tant ils peuvent passer pour une copie de l'Ouest des USA), croisant quelques soldats maraudeurs, amérindiens en perdition, chasseurs de prime brutaux, souvent pires que les hors-la-loi qu'ils traquent, voleurs en tout genre et immigrés du monde entier en quête d'espoir ou de fuite.

Ou de fuite, donc, comme sa fiancée et son père. À ce sujet, pour répondre à une objection parfois avancée par certains spectateurs, il n'est pas invraisemblable qu'une prime soit affichée pour leur capture. Même si leur "crime" n'est qu'un homicide involontaire et qu'il a été commis outre-Atlantique (au Royaume-Uni, en Écosse plus précisément), et bien que la grande majorité des fuyards locaux qui rejoignaient l'Ouest étaient simplement perdus de vue et y vivaient à l'abri de tout souci juridique pour leurs infractions passées, il se trouve que leur victime était un lord, peut-être même avec de hautes responsabilités, et le gouvernement britannique aurait eu assez d'influence pour qu'ils soient pourchassés jusqu'à l'autre bout du monde. Seulement, si les fonctionnaires de Sa Majesté peuvent avoir le bras très long, ils ont sans doute du mal à se représenter les mœurs sanguinaires des chasseurs de prime locaux, pour qui "mort ou vif" signifie "mort ou mort". Car ces cupides personnes n'allaient pas s'encombrer d'un prisonnier vivant. Le film nous fait ainsi assister en un rythme crescendo à la montée lente mais sûre vers l'explosion de violence finale, fidèle aux règles de ce genre de western. Et là on a droit à une fusillade littéralement démente, et aussi bien maîtrisée que dans les classiques du genre, digne du Grand Silence ; à l'écart des canons modernes, mais justement superbe pour cette raison, concise dans sa brutalité en évitant la surenchère. Jay ne survivra pas à cette confrontation avec la sauvagerie des lieux, néanmoins la fin se termine sur une note d'optimisme, à travers une famille brisée par la violence ambiante, mais recomposée ; en cela, la réunion hasardeuse de Rose et Selleck avec les deux orphelins mêmes dont ce dernier avait du supprimer les parents, à l'ombre de montagnes demeurées vierges, est revêtue d'un fort symbôlisme, car elle représente cette promesse de nouvelle chance que venaient chercher ces déracinés. Quand bien même on sent, hélas, que ce bonheur n'est que provisoire...

15/20
aureliagreen
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Les professionnels, western écrit et réalisé par Richard BROOKS (The Professionals, 1966), d'après le roman de Frank O'ROURKE, avec Burt LANCASTER, Lee MARVIN, Robert RYAN, Woody STRODE, Jack PALANCE, Claudia CARDINALE, Ralph BELLAMY, Joe DE SANTIS, Rafael BERTRAND, Jorge MARTINEZ DE HOYOS, Marie GOMEZ...

En 1917, un milliardaire texan arrogant, J. W. GRANT (BELLAMY) convoque trois mercenaires réputés afin de leur demander de libérer sa femme Maria (CARDINALE), enlevée par un révolutionnaire mexicain, Jesus RAZA (PALANCE). Le chef du groupe, Rico FARDAN (MARVIN) insiste pour qu'un quatrième, spécialisé dans les explosifs soit intégré, et la bande accepte ensuite le contrat. Mais après une série de rencontres mouvementées, au vu de certains indices, ils en viennent à se demander si Maria Grant a vraiment été enlevée...

Cinquante-deux ans plus tard, ce western très marqué dans son propos quelque peu désabusé par l'évolution du genre dans les années 60, qui par son cadre de grande violence brute et de gueules cassées et fatiguées, rappelle de près l'ambiance des œuvres de Sam Peckinpah qui viendraient peu après, n'a pas plus vieilli que ces dernières. Brooks ne compte guère sur un script très classique, et assez prévisible, tout en posant quelques questions pertinentes sur le concept de révolution, et ce qui peut guider tant les dissidents que les différents chiens de guerre qui choisissent de s'y joindre ; préférant mettre l'accent sur les interactions entre un fameux ensemble d'acteurs connus, tous de grandes gueules du cinéma d'action, et très impliqués dans leurs rôles d'aventuriers voués à la violence, sans illusions sur eux-même, égarés à la frontière entre deux époques, ou de révolutionnaires perdus, voués à la fuite en avant. Cette œuvre oscillant entre ambiance crépusculaire mélancolique, que la beauté du cadre ne fait que renforcer encore, et déchaînements de violence pure, demeure un grand moment de cinéma.
16,5/20
aureliagreen
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Lawman, western de Wyeth CLARKSON (The Mountie, Canada, 2011), sur un scénario de Charles JOHNSTON, Grant SAUVE et Wyeth CLARKSON, avec Andrew W. WALKER, Jessica PARÉ, Earl PASTKO, John WILDMAN, George BUZA, Tony MUNCH, Matthew G. TAYLOR, Andray IVCHENKO...

En 1894, dans le territoire du Yukon, un caporal de la Police Montée Royale du Canada est chargé d'examiner des recoins reculés afin de déterminer si un fort peut y âtre construit. Tombant sur le corps d'un pendu, il décide d'enquêter et aperçoit un village sommaire à proximité. Soupçonnant à juste titre que ses habitants doivent être liés à cette mort, il découvre qu'il est habité par une communauté de Russes et de Lettons, lesquels semblent décidés à demeurer en ces lieux, car ils y font brutalement prospérer leur trafic d'opium. Quitte à s'opposer à un représentant de la loi...

Un film qui se veut à la fois de l'école des nouveaux westerns, qui se caractérisent notamment par l'exploration de lieux et/ou de situations peu fréquentes dans les westerns hollywoodiens, et de celle des spaghettis/crépusculaires (dont il reprend effectivement les ingrédients de base). Si l'arrière-plan peut ainsi en décontenancer certains, c'est à tort, car il est exact par rapport à ce qu'on est en droit d''attendre d'un film se déroulant au Canada à cette époque, avec ses "Mounties" (souvent délaissés par Hollywood), et étant notamment fidèlement restitué du point de vue historique. Les immigrants de l'Empire Russe étaient en effet nombreux dans cette région. La réalisation est assez ordinaire, mais peut séduire par son réalisme assez cru (notamment l'affrontement final), à l'image de la plupart des acteurs. Certes, à côté d'eux, Walker se la joue un peu trop Clint Eastwood, ce qui tranche avec le ton d'ensemble, mais ce western très sobre réussit son pari d'un certain renouvellement tout en jouant le classicisme.
12/20
aureliagreen
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The salvation, western de Kristian LEVRING (Danemark/Royaume-Uni/Belgique/Afrique du Sud/Suède, 2014), sur un scénario de Anders Thomas JENSEN et Kristian LEVRING, avec Mads MIKKELSEN, Eva GREEN, Jeffrey Dean MORGAN, Éric CANTONA, Mikael PERSBRANT, Douglas HENSHALL, Michael RAYMOND-JAMES, Jonathan PRYCE, Alexander ARNOLD, Nanna ØLAND FABRTICIUS...

Sur fond d'histoire classique de vengeance, celle d'immigrés danois récemment installés dans l'Ouest américain en 1870, dirigée contre un chef de gang qui joue les tyrans locaux auprès d'une population lâche et terrorisée, on a là une œuvre violente et sans concession ; suivant en cela la pratique bien établie des westerns récents (Sweetwater, Slow West, Jane got a gun...) de s'inscrire dans la tradition sanguinolente des westerns spaghettis et crépusculaires des années 60-70, dans la lignée du Grand Silence, dont l'influence est évidente ; en souvenir d'une époque où le western européen était un grand pourvoyeur de ce genre... Visages burinés, description crue de la réalité de la brutale société locale, gang de pistoleros faisant régner leur loi, tout en étant de mèche avec la compagnie industrielle désireuse de s'emparer des terres des locaux de service, sanglantes scènes d'affrontement sur un rythme contemplatif et sur fond de paysages naturels sauvages et hostiles, paysages qui font partie intégrante des personnages, tous les fondements de cette branche du western sont au rendez-vous (et si tout cela a été filmé en Afrique du Sud, cela est invisible, l'illusion de se croire au Kansas est parfaite). Madds MIKKELSEN est excellent dans son portrait d'un ancien soldat danois mu par le désespoir, face au despote incarné par un très bon Jeffrey Dean MORGAN, secondé par un shérif odieux et hypocrite (Douglas HENSHALL) ; tandis que Eva GREEN tient un de ces rôles tragiques qu'elle affectionne, celui d'une femme muette et maudite, prisonnière d'un destin inexorable, et Éric CANTONA celui inattendu d'un ancien légionnaire corse, déserteur du corps expéditionnaire envoyé par Napoléon III au Mexique (dont beaucoup de membres avaient en effet choisi de rester en Amérique, un détail par lequel le fait que le film soit européen fait sentir sa différence tout en apportant une indéniable touche de réalisme).

Si les somptueux paysages rendent mieux au cinéma (je l'avais vu lors de sa sortie il y a plus de sept ans, avec une diffusion assez restreinte), il mérite d'être découvert sur petit écran par un public plus large. Il devrait rejoindre le panthéon du western aux côtés du film de Sergio Corbucci.
15/20
aureliagreen
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Vorace, western fantastique de Antonia BIRD (Ravenous, 1999, Tchéquie-Gr. Bretagne-USA-Mexique), sur un scénario de Ted GRIFFIN, avec Guy PEARCE, Robert CARLYLE, David ARQUETTE, Jeremy DAVIES, Jeffrey JONES, John SPENCER, Stephen SPINELLA, Neal McDONOUGH, Joseph RUNNINGFOX, Bill BROCTRUP, Sheila ROUSEY...

En 1847, durant la guerre USA-Mexique, le lieutenant de l'US Army John BOYD (PEARCE) s'évanouit lors d'un combat, et pris pour mort se retrouve entassé avec des cadavres par les soldats mexicains. Il avale accidentellement le sang d'un des morts puis par chance parvient à capturer le QG ennemi. Promu capitaine, il est exilé dans un fort de la Sierra Nevada par un général qui n'est pas dupe que sa bravoure cache un acte de lâcheté. Peu après son arrivée en plein cœur de l'hiver, la garnison très clairsemée du fort accueille un immigrant écossais exténué, du nom de F. W. COLQHOUN (CARLYLE), qui leur raconte une histoire stupéfiante. Son groupe de pionniers a été égaré dans les montagnes par un colonel IVES, puis bloqué par la neige ils ont commencé à dévorer leurs morts sous les auspices du même colonel. Lequel aurait développé un goût de la chair humaine et s'en serait pris aux autres. Un groupe part alors sous le commandement du colonel HART (JONES) sauver la dernière autre survivante selon Calqhoun, une certaine Mrs McReady. Mais sur le chemin, le guide amérindien George (RUNNINGFOX) prévient Boyd que comme il a goûté à la chair humaine, Calqhoun pourrait être devenu un wendigo, assoiffé de chair humaine. Comme Boyd se souvient de son expérience au Mexique, qui pourrait lui avoir donné la force de perpétrer son exploit guerrier, une interrogation qui le hante depuis, il est troublé. Arrivé sur place, le groupe se rend compte que Calqhoun est l'organisateur du massacre, et la plupart d'entre eux sont tués dans un piège. Boyd parvient à lui survivre, mais Calqhoun se révèle une force de la nature, et il doit lui échapper et fuir jusqu'au fort...

Prenant comme point de départ une histoire réelle de cannibalisme au sein d'un convoi de pionniers coincé dans la Sierra Nevada en 1847-48, Vorace est une tentative originale de traiter le thème du cannibalisme sous un angle fantastique, mettant l'accent sur les pouvoirs magiques que diverses traditions attribuent à la chair humaine et sa consommation. On est donc là loin par exemple d'un Cannibal Holocaust, qui n'utilisait cette pratique que pour montrer gratuitement de l'horreur. On sait que la rencontre entre western et fantastique, ici dans son versant gore, n'a pas toujours bien marché, mais Bird se sort bien de l'entreprise, livrant une œuvre intrigante, à l'ambiance particulière, le fantastique se mettant lentement en place sans brusquerie, en dépit du caractère extrême du sujet. Jonglant notamment sur le contraste entre le parcours personnel en demi-teinte du personnage principal, illustré par une musique légère et aventureuse, tout en captant remarquablement le caractère primitif des lieux (Damon Albarn et Michael Nyman ayant remporté un Satellite Award pour leur composition), de grands espaces montagneux sauvages (filmés dans les Tatras), évoquant tour à tour liberté et inquiétude par leur primitivité, et l'horreur brute des actes de Ives/Colqhoun. Côté acteurs, Pearce livre un protagoniste central inhabituel, en la personne de ce militaire à la personnalité sans relief, par les yeux duquel le choix est fait de présenter l'histoire, manifestement mal à l'aise depuis l'origine dans l'armée, et refusant toujours d'admettre ce qui lui est arrivé, même après son "exploit". Il est le moyen d'accoutumer progressivement le spectateur à la réalité brutale qui va lui être assénée, tout en réalisant le pendant de Ives, qui complète ce duo de ressuscités (au sens littéral du terme) en embraçant pleinement le plaisir addictif nouvellement découvert de la chair humaine, doublé d'effets guérisseurs magiques ; un personnage porté par un Carlyle manifestement très inspiré. Parmi les autres performances, toutes bonnes, on notera plus particulièrement celles de Sheila Trousey en amérindienne mutique et de Neal McDonough en soldat très bourru. Le scénario apporte de plus une dimension supplémentaire en n'hésitant pas à faire du cannibalisme de Ives et Hart une métaphore du capitalisme exploiteur et de l'expansion des USA qui lui est liée. Un message franchement subversif, liant Vorace à nombre de films gore de la scène underground.

Une bonne curiosité dans le mélange des genres.
15/20
aureliagreen
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The Duel, western (téléfilm) de Kiran DARCY-SMITH (2016), sur un scénario de Matt COOK, avec Woody HARRELSON, Liam HEMSWORTH, Alice BRAGA, Emory COHEN, Felicity PRICE, William SADLER, Christopher James BAKER, Christopher BERRY...

En 1887, une série de disparitions frappe les environs de la ville de Helena, au Texas, située près de la frontière avec le Mexique et qui se trouve sous la coupe d'un personnage tyrannique au caractère mystique (HARRELSON). Le gouverneur du Texas (SADLER) s'inquiète plus particulièrement lorsque le neveu et la nièce d'un général mexicain disparaissent à leur tour et que ce dernier menace d'intervenir sur le territoire des USA. Il charge alors le Texas Ranger David KINGSTON (HEMSWORTH), dont le père a été autrefois tué par ce même prédicateur mégalomane, de mener l'enquête et de retrouver les proches du général Calderon avant que l'irréparable se produise.

The Duel ne nous épargne guère avec une histoire assez classique de vengeance, mais très brutale, y compris psychologiquement, et même franchement malsaine, de par la personnalité du prédicateur aussi autoritaire que dément autour duquel elle tourne, parsemée d'explosions de violence extrême. Elle est servie par un casting cinq étoiles pour un téléfilm, qui nous offre de bons numéros d'acteurs, particulièrement la confrontation entre Harrelson, au charisme toujours intact quand il s'agit incarner des personnages très limites, et Hemsworth. Leur mérite est grand, car ils doivent parvenir à faire passer une histoire assez improbable, des caractères déjà vus maintes fois ailleurs, et une réalisation très téléfilm, vraiment faiblarde, qui a bien du mal à créer une ambiance. Les acteurs en sont donc quitte pour le faire à la place de Darcy-Smith, et se retrouvent ainsi contraints de porter entièrement l'œuvre sur leurs épaules. Ce qu'ils arrivent à faire relativement bien, et à rendre l'ensemble regardable. Mais la tâche était un peu trop grande pour parvenir à en faire un bon film.
10,5/20
aureliagreen
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El mercenario, western de Sergio CORBUCCI (Il mercenario, Italie-Espagne-Grande-Bretagne, 1968), sur un scénario de Franco SOLINAS et Giorgio ARLORIO, avec Franco NERO, Tony MUSANTE, Eduardo FAJARDO, Franco RESSEL, Álvaro de LUNA, Jack PALANCE, Giovanna RALLI...

En 1915, en plein cœur d'un Mexique ravagé par la guerre civile, le mercenaire polonais cynique Kowalski (NERO) se retrouve à aider Paco Roman (MUSANTE), un ouvrier devenu bandit, à réaliser des pillages et à échapper à l'armée. Roman, s'il est certainement entraîné par l'ambiance révolutionnaire du moment, n'est d'abord guidé que par la motivation de se venger de la société sans voir plus loin, mais il prend peu à peu goût à se voir en véritable insurgé, et décide de réaliser ses larcins pour venir en aide aux opprimés, sous le patronnage de Kowalski.

On touche là aux sommets du western-spaghetti, la créativité du genre se trouvant alors au plus haut. Outre les habituelles scènes de fusillade relevées, n'ayant pas peur de l'excès, on y trouve cette fois en sus des séquences d'action audacieuses, pouvant se permettre d'être un peu limite du point de vue réalisme, tandis que Franco Nero promène sa prestance eastwoodienne au milieu de gueules cassées et de paysages désolés. Corbucci, Salinas et Arlorio agrémentent cette symphonie violente d'un discours sur les motivations diverses qui peuvent guider un révolutionnaire, et les aléas inhérents à toutes les entreprises de ce genre. Une présentation qui en est forcément raccourcie, en raison des 1h45 du long-métrage, mais ce western énergique et bien mené, à la manière habituelle de Corbucci, amène du changement en même temps que les éléments obligés qu'attendent tous les amateurs.
15/20
aureliagreen
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Hostiles, western de Scott COOPER (USA, 2018), sur un scénario de Scott COPPER et Donald E. STEWART, avec Christian BALE, Rosamund PIKE, Scott SHEPHERD, David MIDTHUNDER, Gray Wolf HERRERA, Rory COCHRANE, Wes STUDY...

En 1892, le capitaine Joseph BLOCKER (BALE), vétéran adulé des guerres indiennes, reçoit un ordre qui lui déplaît fortement, celui d'escorter le vieux chef amérindien Yellow Hawk (STUDI), promis à une mort prochaine, jusqu'à son territoire ancestral afin qu'il y soit inhumé. Contraint et forcé de s'en acquitter, sa tâche lui sera rendue encore plus compliquée lorsqu'il doit recueillir Rosalee QUAID (PIKE), une femme de colon dont la famille vient d'être massacrée par une bande de Comanches en maraude. Une série de rencontres supplémentaires, fort déplaisantes, va cependant peu à peu ébranler ses convictions racistes.

Ce western crépusculaire, annoncé avec pas mal de bruit lors de sa sortie début 2018, est empli de très bonnes qualités formelles, au niveau de l'interprétation (notamment Christian Bale et Rosamund Pike), de la réalisation, avec des scènes d'affrontements très crues, de la photographie, des personnages etc... Qualités quelque peu entravées par certains défauts au niveau du déroulé de l'histoire. Le scénario est certainement très ambitieux, visant à décortiquer la violence extrême jusqu'au génocidaire et le racisme qui définissaient la conquête de l'Ouest par les États-Unis. Cette générosité explique cependant ces défauts.

Je pense que le discours du film projette en effet d'illustrer tout ce que la conquête de l'Ouest à la fin du 19ème siècle a compté de tragique, en y confrontant à tour de rôle les protagonistes, et notamment le lieutenant Blocker, d'où une construction en une série de tranches d' "épisodes" : après qu'il se soit retrouvé en charge du chef cheyenne et de sa famille, autrefois poussés à bout par le conflit, mais qui ont accepté de capituler dans la dignité devant la furie conquérante des Blancs incarnés par ce même Blocker, on rencontre leur miroir, en des Comanches désespérés et ensauvagés. Eux savent bien que leur civilisation est morte, et qu'ils ne peuvent plus rien y changer, mais ils ont refusé de se soumettre et il ne leur reste que la vengeance la plus brutale. Puis Blocker doit convoyer le sergent Wills, qui représente ce qu'il pourrait très bien devenir, lui qui est simplement allé plus loin que Blocker dans la déchéance en brisant le tabou de tuer des civils blancs qu'ils s'étaient jurés de servir. Comme Wills lui explique, il n'y a pas de vraie différence, cela ne représente qu'un petit cran de plus, après avoir passé leur vie à tuer ; ou pour dire plus crument, la seule chose qui protégeait les blancs de la furie meurtrière des soldats, c'était le racisme de ces derniers – une bien faible protection. Puis on croise les trois chasseurs de bison blancs, bons représentants de la faune pionnière plus sauvage encore que la faune animale indigène ; symboles de plus du grand massacre de la nature nord-américaine, qui a contribué à mettre à genoux les Amérindiens, autant qu'incarnations de la misogynie par excellence. Et enfin, la famille de colons possessifs et autoritaires, très représentatifs de ces pionniers aussi racistes qu'intolérants envers qui met le pied sur leur terre, de quelque race qu'il soit ; là, Blocker se retrouve mis brutalement face au résultat des guerres sauvages qu'il a mené contre les Peaux-Rouges, c'est lui-même qui a permis à de tels gens de prendre possession de ce pays, alors que les indigènes qu'il a du raccompagner ont eux eu un comportement honorable envers lui, malgré qu'il ait été leur ennemi, et un ennemi vraiment malveillant qui plus est. Quand il réalise que toute sa vie de guerrier n'aura finalement servi qu'à ça, il franchit le pas d'ouvrir le feu sur des Blancs qui ont pourtant la loi pour eux ; cette loi qu'il devait faire appliquer depuis des années, provoquant par là la mort de ceux-là même qu'il devait protéger. Si cette scène dérange, c'est une chose positive, car elle a une grande force symbolique, et conclut la confrontation de Blocker et Wills. À défaut de pouvoir vraiment réparer tout ce mal qu'il a fait, Blocker tue symboliquement ce qu'il a été.

Cette saga s'inscrit dans une ambiance austère et désespérée de fin d'un monde, mêlant celles de L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford et de Slow West. Un film où comme dans tout western crépusculaires ce ton violent entre en conflit avec la beauté de paysages sauvages immaculés, et où les personnages, venant d'horizons très variés, goûtent tous à la violence, finissant quasiment tous par mourir, les vieilles gueules cassées datant de la Guerre de Sécession comme le jeune bleu (francophone, qui plus est – cajun, ou immigré ?), tous étant traités à égalité par la dureté de ce monde ; ceux qui sont "sympathiques" étant ainsi aussi maltraités que les "brutes". Un "nouveau western" très ambitieux du point de vue thématique, donc, et même sans doute un peu trop. À force de vouloir trop embrasser, il en résulte certains déséquilibres dans le rythme du long-métrage, d'où l'impression de certaines longueurs en dépit de ses nombreuses qualités. Sans doute, le passage avec les chasseurs de bison violeurs est le plus dispensable. Je le mets sur le compte de la tendance récente à imposer, dans tout bon western, un petit speech sur les difficultés de la condition féminine au Far West.

Ça ne m'a pas gâché le plaisir de le regarder, même si le qualificatif de meilleur western depuis Impitoyable attribué par certaines critiques à sa sortie est clairement exagéré. Il y a juste que la fin peut sembler un peu politiquement correct, avec la femme blanche survivante du massacre de sa famille qui adopte le garçon amérindien survivant, ce qui satisfera le spectateur blanc. Mais cette fin est à double-sens, car d'un autre côté, car on peut aussi y voir une pionnière blanche qui refuse de rester dans l'Ouest sauvage pour retourner à la "civilisation", et renonce ainsi à la colonisation (son geste apparaissant ainsi comme le seul compromis vraiment possible).
13/20
aureliagreen
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Jane got a Gun western de Gavin O'CONNOR (USA, 2015), sur un scénario de Brian DUFFIELD, Joel EDGERTON et Anthony TAMBAKIS, avec Natalie PORTMAN, Joel EDGERTON, Ewan McGREGOR, Noah EMMERICH etc...

Dans l'Ouest des USA, vers la fin du XIXème siècle, Joan Hammond (N. Portman) a reconstruit sa vie avec son mari Bill (N. Emmerich), après avoir échappé au gang des Bishop Boys conduit par le brutal et vénal John Bishop (E. Mc Gregor). Ceux-ci l'ont cependant retrouvée, et elle va être obligé de chercher de l'aide du côté de son ancien amant Dan Frost (J. Edgerton).

À sa sortie, j'avais été un peu déçu, après toute la publicité qu'on avait faite autour de lui, clamant un western moderne dans la lignée des «nouveaux westerns», et des sorties sans cesse repoussées qui laissaient supposer un travail peaufiné. On le vendait comme une nouvelle ode féministe à une femme forte du temps des pionniers, mais c'est là son plus gros défaut. Car au fond, c'est le seul argument de ce western, de n'être qu'un nouveau film à destination des féministes du début du 21ème siècle.

Jane est donc une femme forte mais meurtrie, une ancienne prostituée au passé traumatisant, comme dans Il était une fois dans l'Ouest, et comme dans les récents Shériff Jackson et The salvation (encore que pour ce dernier je ne suis plus sûr qu'elle était une prostituée, mais elle avait certainement un passé très traumatisant de femme dominée) etc... Bon, c'est vrai que dans un western le choix pour les personnages féminins ne sont pas très variés si on veut rester dans un réalisme historique ; comme le disait Charlier quand on lui reprochait son manque de personnages féminins pour ses BD de Blueberry, « je n'avais guère le choix, les femmes de l'Ouest étaient des prostituées ou des fermières » (à moins que ce soit Morris pour Lucky Luke, je ne sais plus trop, mais bon...). Ça tombe bien, Jane est aussi une fermière au début du film (comme dans Shériff Jackson, tiens...)... Tout cela débouche sur une progression très classique, mais le manque d'originalité du scénario n'est pas bien grave en tant que tel. Il n'y a pas tant de variantes de base d'histoires de westerns que ça après tout... Le problème, c'est que la réalisation de Gavin O'Connor est trop quelconque, trop sage pour le propos. Le genre se veut crépusculaire, bien sûr, et c'est là qu'on se rend compte qu'il n'est pas si facile à maîtriser. Trop technique, O'Connor se contente de filmer les acteurs sur fond de jolis paysages sauvages, et ne sait pas donner ce type d'ambiance parlant plus au ressenti inconscient qui nappe tant de westerns de ce type. Ainsi, avec lui, quand des bandits criblent une maison de salves de coups de feu, c'est juste une maison dont les façades se couvrent d'impacts de balles, quand Jane et son amant s'enlacent dans un champ c'est juste des gens qui se roulent par terre. Et aussi aboutie soit sa photographie, des personnages filmés devant un paysage sauvage et grandiose, cela reste simplement des gens filmés devant un superbe paysage primitif. En fait, je pense qu'aussi grandes soient ses qualités, le réalisateur de Warrior n'était là pas dans son élément, et l'insistance qu'il met à revenir sur les relations de Jane avec ses amants ne fait que le souligner – le seul résultat étant de faire paraître le film un peu longuet.
Alors, les interprètes sont investis, Natalie Portman est sérieuse et sans doute très impliquée, Ewan McGregor détonne dans son rôle d'exploiteur raffiné et cruel, et Joel Edgerton est parfait en ancien amant éconduit. Mais il manque la folie et la sauvagerie d'un Shériff Jackson ou d'un The salvation, ou la maîtrise du regard quasi-zoologique de Slow West pour que cela décolle vraiment. À la place on a un western joli esthétiquement et agréable à regarder, mais un peu tiède.
11/20
Modifié en dernier par aureliagreen le dim. 3 juil. 2022 21:53, modifié 1 fois.
aureliagreen
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The dark valley (Das finstere Tal, 2014), western germano-autrichien de Andreas PROCHASKA avec Sam RILEY, Tobias MORETI, Paula BEER, Thomas SCHUBERT.

Qu'on ne s'y trompe pas ; même si sis dans les Alpes tyroliennes au milieu de chalets d'architecture locale typique (si aucune localisation précise n'est donnée dans le film, le fait que la langue employée par les acteurs, langue comprise de l'étranger solitaire, soit un dialecte tyrolien - information accessible uniquement en VO aux spectateurs germanophones - l'indique ; le lieu de tournage se situant lui-même dans le Tyrol du Sud, dans le Schnaltal ou Val Senales près de Meran, la vallée d'Ötzi), il s'agit bien là d'un western en mode spaghetti/crépusculaire se déroulant à la fin du XIXème siècle. Tout, de la caractérisation des personnages à la cinématographie des paysages en passant par les péripéties en atteste. On a comme personnage principal un mystérieux cavalier solitaire qui surgit avec son fusil dans une communauté retirée, à la recherche de sa vengeance et en butte à la lâcheté d'une population recluse, figure manifestement "eastwoodienne", en hommage direct à L'homme des hautes plaines et Pale rider, le scénario en étant quasiment un décalque (avec quelques aspects du Grand silence). Les scénaristes se paient en outre le luxe de jouer à l'inversion des rôles, là on a un nord-américain qui vient chercher l'aventure en Europe (procédé qui aide aussi à légitimer la nature westernienne du récit).

Le traitement crépusculaire est manifeste dans la peinture des caractères, peu creusés voire unidimensionnels, mais que le réalisateur fait échapper au piège d'être réduits à des clichés en les élevant au statut d'archétypes. Figures sombres et tragiques évoluant dans un rythme contemplatif au sein de paysages naturels préservés dans leur sauvagerie, magnifiques landes alpines roussies de l'automne et sombres forêts de mélèzes, épicéas et arolles, prés et rochers enfouis sous la neige immaculée sous les intimidants pics vertigineux. Comme il se doit dans ce genre, les sentiments sont exprimés non par les dialogues mais ressentis à un niveau profond, inconscient. Force est de reconnaître que Prochaska manie bien ce style, et parvient à faire ressentir le grandiose du cadre et le tragique des destinées humaines. La cinématographie des combats au fusil est traitée selon le même mode, la violence, très grande comme il se doit, avec ses morts et agonies filmés en gros plan et lentement, étant bien intégrée à l'ensemble (et incluant de manière très réaliste les conséquences du décalage au niveau de l'armement entre l'américain armé de sa Winchester à multiple répétition et les alpins qui ne connaissent que les fusils à deux coups). Les acteurs de leur côté ont une bonne synergie avec le réalisateur. Sam Riley n'est pas gêné par son physique de jeune premier pour, bien passer dans le rôle principal du justicier solitaire déterminé et impitoyable.

Un OVNI cinématographique à découvrir, dont l'originalité devrait suffire à lui garantir un statut de petit classique du genre.
16/20
aureliagreen
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Bone Tomahawk, western et film d'horreur réalisé et scénarisé par S. CRAIG ZAHLER (USA/Royaume-Uni, 2015), avec Kurt RUSSELL, Patrick WILSON, Matthew FOX, Richard JENKINS, Lili SIMMONS, Evan JONIGKEIT, David ARQUETTE, Fred MELAMED...

Vers 1900, près de la limite entre Texas et Nouveau-Mexique. Deux hors-la-loi, pillards de peu d'envergure, ont violé les limites d'un cimetière sacré appartenant à un groupe très particulier d'Amérindiens troglodytes et cannibales. Rattrapés par ces troglodytes, un seul d'entre eux parvient à s'enfuir. Il les amène malgré lui à la petite ville pionnière de Bright Hope. Les troglodytes l'enlèvent ainsi que quelques habitants de la ville, dont la femme d'un fermier. Le shériff (K. Russell) décide alors de monter un posse pour les retrouver...

Un western d'auteur très particulier, violent et au sujet particulièrement relevé, le réalisateur et scénariste n'hésitant pas à montrer des images choc de cannibalisme. Les portraits de personnages crus de pionniers sont souvent prenants, servis par quelques bons numéros d'acteurs, notamment Kurt Russell en shérif bourru. S. Craig Zahler n'hésite pas pour autant à leur en faire prendre pour leur grade, notamment lorsqu'il les met face à la perspicacité d'une femme enlevée, qui leur reproche leur bêtise d'être venus jusque là pour la sauver, contre toute raison. Il est juste dommage qu'on ait droit à ce personnage d' "idiot" (pour reprendre ses termes), qui se ramène jusqu'au repaire des cannibales en boitant, et qui contre toute logique parvient à la ramener. Cela même si Patrick Wilson est très impliqué dans ce rôle. Très dommage, parce que ce faux pas grossier gâche une poursuite bien gérée jusque là, et va même contre la logique d'un récit qui n'hésitait pas à faire disparaître les protagonistes principaux, et souvent punis de leur bêtise.

11/20 seulement pour cette raison.
aureliagreen
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L'honneur de la cavalerie, western de Ken OLIN (In pursuit of honor, USA, 1995), sur un scénario de Dennis Lynton CLARK, avec Don JOHNSON, Craig SHEFFER, Gabrielle ANWAR, Bob GUNTON, Rod STEIGER, John Dennis JOHNSTON, Robert COLEBY, Neil MELVILLE, James SIKKING...

En 1935, le lieutenant de cavalerie Marshall Buxton (C. Sheffer) est affecté dans un fort d'Arizona. Le vieux Colonel Owen Stuart (R. Steiger), partant à la retraite, est peu après remplacé par le brutal colonel John Hardesty (B. Gunton), qui sitôt en place, ordonne d'appliquer un ordre radical de la part du général Douglas MacArthur : en raison du développement grandissant des véhicules à moteur, 400 chevaux du régiment doivent être abattus. Lorsque l'exécution commence dans un coin du désert de Sonora, Buxton, appuyé par les sergents John Libey (D. Johnson), Thomas Mulcahey (J. D. Johnston) et Robert Coleby (James Shattuck), se rebellent et emmènent avec eux les chevaux au loin. Commence alors une longue course-poursuite jusqu'au Montana, puis au Canada...

Ce téléfilm dans un cadre de western tardif raconte une histoire certainement très originale, partant du dilemme auquel peuvent être soumis des soldats qui se retrouvent à avoir à choisir entre leur honneur et leur devoir d'obéissance aux ordres, aussi répugnants soient-ils, en l'occurence des ordres motivés par la soumission à la marche irrémédiable des choses. Il y a un vrai souffle épique, porté par une brochette d'acteurs très convaincus par leur rôle et par le message que relaie le film, que ce soit du côté des rebelles (avec un Don Johnson remarqué en sergent bourru) ou de leurs adversaires, James Sikking livrant notamment un numéro court mais marquant en MacArthur. Vue l'attitude sans concessions observée par ces derniers, mais assez réaliste du point de vue de personnes qui se placent d'un point de vue militaire et rationnel (MacArthur, si brutal, faisant au moins l'effort de détailler son point de vue, à la différence de Hardesty, qui ne jure que par la discipline pure et dure, sûr de son bon droit jusqu'à la bêtise bornée et ainsi aveugle au risque de braquer ses hommes), on se prend bien sûr de sympathie pour les mutins, et leur cause perdue d'avance. La fin leur ménagera quand même une porte de sortie, à défaut de pouvoir changer le cours des choses.
14/20
aureliagreen
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La mort était au rendez-vous, western de Giulio PETRONI (Da uomo a uomo, Italie, 1967), sur un scénrio de Luciano VINCENZONI, avec Lee VAN CLEEF, John Philip LAW, mario BREGA, Luigi PISTILLI, Anthony DAWSON, José TORRES, Franco BALDUCCI, Bruno CORAZZARI...

Un jeune pistolero (LAW) cherche à se venger sans le sang de la bande qui a massacré sa famille déjà quinze ans auparavant. Ryan, un vieux desperado (VAN CLEEF), cherche à se venger des mêmes, ses anciens coéquipiers, qui l'ont laissé moisir en prison durant le même temps. Le chemin des deux va inévitablement se croiser, mais l'alliance va être malaisée à conclure, les vues de Ryan divergeant de celles du jeune Bill MECEITA...

Un western-spaghetti très typique, où on a droit à notre dose de paysages désolés, de gueules burinées, de fusillades, de hordes de desperados sauvages etc... Lee Van Cleef nous offre une de ses compositions tout aussi typique, tandis que John Philip Law et ses faux airs de Terence Hill nous gratifie d'un personnage classique d'ange vengeur taciturne à la Clint Eastwood. Oui, la mort était au rendez-vous, comme il se doit, et on a droit à notre lot de vies fauchées par une balle en gros plan. Un assez bon western italien, avec l'inévitable partition de Ennio Morricone, bien mené mais sans génie particulier, qui nous sert donc toutes les obligations syndicales du genre, cependant il n'y a pas de vraies surprises, et l'invincibilité peu vraisemblable des deux justiciers dessert quelque peu les enjeux.
12,5/20
aureliagreen
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L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, western de Andrew DOMINICK (The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford, USA-Canada-R.-U., 2007), sur son propre scénario d'après le roman de Ron HANSEN, avec Brad PITT, Mary-Louise PARKER, Casey AFFLECK, Sam ROCKWELL, Jeremy RENNER, Sam SHEPARD, Garet DILLAHUNT, Paul SCHNEIDER...

Une représentation de la fin de Jesse James et du destin de son fameux meurtrier, le "petit lâche" Robert Ford.

Je ne suis pas surpris que ce film soit considéré par beaucoup comme étant la meilleure représentation des frères James à l'écran. Il ne fait preuve d'aucune complaisance envers les personnages historiques, notamment Jesse James. Si le titre parle de son meurtrier comme d'un lâche, c'est simplement pour faire référence au fait historique que la conscience populaire l'a considéré ainsi. Là, Jesse James n'apparaît pas comme un Robin des Bois du Far West, qu'il n'a jamais été et que le public sait de toute façon depuis longtemps être un mythe. Le pilleur de trains et de diligences se considérait en fait comme un guérillero, un portrait que le script plante dès le départ afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, même s'il ne s'étale pas sur son idéologie pro-sécessioniste et opposé aux grands possédants et aux oppresseurs du peuple (du moins, les possédants et les oppresseurs nordistes). Certains l'ont critiqué, mais Brad Pitt est excellent dans ce rôle très difficile, il réussit sans doute à être très proche du véritable Jesse James. D'une façon générale, l'interprétation est très bonne, Casey Affleck notamment parvenant à donner un portrait tout en subtilité de Robert Ford.

Andrew Dominic a donné à son œuvre une ambiance austère toute baignée de mélancolie, renforcée par la magnifique photographie, les paysages grandioses qui font ressortir encore plus la détresse de Jesse James, les commentaires de la voix off, une musique lancinante. Une ambiance de fin d'une époque, racontée à travers la déchéance de hors-la-loi fameux, broyés par les mâchoires du destin. Le fait que l'on sait comment l'histoire se finira n'est pas une faiblesse, comme cela peut être le cas dans les films historiques, car il renforce l'impression d'inéluctabilité omniprésente. Tous les personnages paraissent à ce titre pathétiques. Les deux rôles titres, bien sûr, mais aussi tous les autres, Frank James, Charley Ford, Wood Hite, Ed Miller etc... Jesse James se sait traqué, sans issue possible, en dépit du soutien populaire dont il bénéficie ; lui qui n'a jamais accepté l'issue de la Guerre de Sécession sait qu'il ne peut plus influer la marche du monde. Cela se traduit chez lui par une angoisse résultant en une instabilité de plus en plus grande, son calme affecté pouvant à tout moment laisser place à une brute démente. Robert Ford se retrouve peu à peu amené à trahir l'homme qu'il chérissait auparavant. Le film a le mérite de ne pas s'arrêter là, à la mort de Jesse James, comme ses prédécesseurs. Il s'étend longuement sur la gloire aussi bien que les nombreux déboires qui allaient accabler Robert Ford et son frère Charley. Les accusations d'être un lâche qui allaient le poursuivre, parfaitement naturelles vu son geste, mais lui ne pouvait pas se voir comme tel, ce que le scénario s'attache à nous faire comprendre. Car il avait été obligé de confronter le plus grand hors-la-loi de l'époque, une tâche dangereuse s'il en était. Il ne pouvait pas faire le poids en combat singulier, et savait qu'il risquait d'être démasqué à tout moment, ce qui aurait signifié très probablement sa fin. Andrew Dominic a sans doute voulu inclure dans ce film historique une réflexion sur les aléas de la recherche de célébrité dans le monde moderne. Quel meilleur moyen de l'illustrer que le destin de Robert Ford, qui sera pathétique jusqu'au bout, car il sera tué tout aussi lâchement par Edward O'Kelley à la recherche de gloire. O'Kelley à qui le public n'allait pas reprocher son geste, au point qu'il serait gracié dix ans plus tard à la demande populaire (on mesure combien Ford était lui impopulaire dans la région !). Le film aurait d'ailleurs pu pousser encore plus loin la démonstration, en rappelant que O'Kelley allait lui aussi connaître une fin minable moins de deux ans après sa libération, lors d'une rixe avec un policier avec lequel il avait eu plusieurs altercations ; il était sans doute trop instable pour profiter de sa célébrité. Mais Andrew Dominick a peut-être considéré que le timing de la fin était trop parfait pour se laisser distraire par ce qu'il considérait peut-être comme une digression, mais on peut le regretter.

Une œuvre qui renoue avec le meilleur de la tradition du western crépusculaire, tout en suivant la vérité historique de près, parvenant même à négocier voire surfer sur les incertitudes. 2h 40, certes, mais je ne les ai guère vues passer.
16/20
aureliagreen
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The Revenant, western d'Alejandro G. IÑÁRRITU (USA-Hong-Kong-Taïwan, 2016), sur un scénario de Mark L. SMITH et A. G. IÑÁRRITU, d'après le roman de Michael PUNKE, avec Leonardo DI CAPRIO, Tom HARDY, Will POULTER, Domnhall GLEESON, Forest GOODLUCK, Duane HOWARD...

En 1823, Hugh GLASS (Di Caprio), un pionnier faisant partie d'une expédition de commerce de fourrures est attaqué par un ours et laissé pour mort par sa propre équipe de chasse, trompé par le retors John Fitzgerald (T. Hardy). Ayant survécu miraculeusement, il doit se battre en plein hiver pour sa survie et espérer rejoindre son équipe et prendre sa revanche contre son ex-équipier félon, devant échapper tant aux indigènes qu'aux nombreux pièges de la nature.

Autant dire que je n'ai pas été aussi enthousiasmé que la majorité de la grande presse et des jurys de cinéma l'ont été à sa sortie. Ce long-métrage tient autant du film-choc qui nous tient en haleine, au point que je n'ai pas vu passer la durée, que de la grosse machine hollywoodienne avec ressorts aussi éprouvés qu'un peu faciles. Il bénéficie d'une magnifique cinématographie, mais justement parfois un peu trop fouillée au niveau des images. Car les décors naturels ont souvent été retouchés par ordinateur, d'une façon vraiment inutile, car ils n'en avaient nul besoin, justement, pour être magnifiques. Je préfère l'approche d'un Jeremiah Johnson, d'un Grand Silence, ou de tant d'autres westerns/survivals qui utilisaient vraiment des paysages authentiques immaculés. Là, Iñarritu donne trop dans le travail d'esthète oscarisant. L'intrigue se focalise trop sur la quête de vengeance après un personnage de méchant un peu trop hollywoodien, là où le roman aussi bien que l'histoire vraie tournaient autour de la survie d'un homme dans la nature, sans qu'il soit besoin pour lui d'être motivé par l'accomplissement d'une revanche pour parvenir à ces exploits (surtout qu'ironiquement, l'accomplissement inévitable, trop inévitable de sa vengeance semble déboucher sur sa mort prochaine). La survie de Hugh Glass, à force de rebondissements incroyables, verse aussi parfois dans le fantastique pur et simple ; entre sa dévalade sur plusieurs kilomètres dans des rapides glacés (suivie par un simple feu, alors que ses vêtements sont trempés, ce qui le forcerait à se dévêtir autour de l'âtre), et sa chute d'une falaise se terminant par l'atterrissage dans le faîte d'un conifère, il apparaît increvable – au point qu'on se demande ce qu'il va vraiment advenir de lui à la fin, va-t'il encore s'en sortir ? Et comment d'ailleurs interpréter la scène surréaliste, juste avant la fin, où il croise à nouveau la route des indigènes qu'il avait déjà rencontrés (indiquerait-t'elle sa mort ?) ?

Alors, oui, grâce au travail des décorateurs et à la réalisation planante d'Iñarritu, le spectacle est grandiose ; on ressent une vraie connivence primale avec la nature, qui a peu amener à parler de ressenti panthéiste de la part de certains qui n'en ont habituellement rien à faire de la nature mais sautent sur l'occasion de se donner un air d'écologiste facile. L'interprétation tant de Di Caprio que de Hardy est emballante, notamment dans leur sauvagerie. Et le film a son lot de scènes sublimes, l'attaque des amérindiens (joué par des vrais pour une fois) au début et surtout celle de l'ours. Il reste que derrière ses prétentions de film d'auteur naturaliste, il cède beaucoup plus aux ressorts hollywoodiens qu'on ne le dit (et oui, comment se fait-il que lorsqu'il perd la trace de Fitzgerald lors de leur affrontement ultime, Glass ne pense pas à suivre ses traces dans la neige, tout bêtement ? Comme le ferait le premier débutant venu ?).

13/20 pour le film qui aura enfin valu un oscar à Di Caprio (qui le valait, même si un peu trop annoncé à l'avance et si d'autres auraient pu y prétendre ; en revanche, le film était un peu trop grandiloquent pour être primé à mon avis).
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aureliagreen
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Dans le silence de l'Ouest, western de Daniel BARBER (The keeping room, USA, 2014), sur un scénario de Julia HART, avec Brit MARLING, Hailee STEINFELD, Sam WORTHINGTON, Muna OTARU, Kyle SOLLER, Nicholas PINNOCK Amy NUTTALL, Neb DENNEHY...

Durant l'été 1864, dans le sud de la Géorgie, trois femmes, deux blanches et leur esclave noire, s'évertuent à cultiver leur terre, alors que les orages de la Guerre de Sécession se rapprochent inexorablement.

Dans le silence de l'Ouest est un de ces westerns récents (inédit en salles en France, et visible seulement cette année à la télévision bien que datant déjà de 2014) qui explorent des situations habituellement oubliées de Hollywood. En l'occurence, celle de ces civils du Sud durant la Guerre de Sécession, oubliés du conflit (mais plus pour très longtemps, car la main du destin devenait plus proche), un sujet qui a été traité par exemple par Retour à Cold Mountain, situé cependant un peu plus au nord, dans les Appalaches. Là, on a deux femmes blanches, délaissées de leurs hommes mobilisés, et leur esclave en Géorgie, obligés de vaquer à leurs activités agricoles pour survivre, qui aimeraient bien que la guerre se finisse mais sont soumis aux signes inquiétants que celle-ci se rapproche.

Le film est lent, pour faire mieux ressentir le quotidien banal et ennuyeux de ces simples personnes, puis les inquiétudes tout aussi terre-à-terre qui commencent à les assaillir, les nouvelles de l'approche de l'armée nordiste du général Sherman et des dévastations qu'elle commet parvenant à leurs oreilles. Et elles en ont un avant-goût lorsqu'arrivent deux soldats pilleurs, des Sherman's bummers comme on les appelait, ces pillards et déserteurs qui tournaient autour de cette armée unioniste déchaînée, et venaient amener leur grain de sel à ses pillages "officiels", comme si ceux-ci ne suffisaient pas. Leur affrontement est bref et sobre, la scénariste Julia Hart et le réalisateur Daniel Barber mettant l'accent sur l'opposition des points de vue, aussi bien ceux des trois femmes, la propriétaire qui tente d'être solidaire tant bien que mal, sa sœur au bord de la rupture et leur esclave prise dans la situation, que de leurs agresseurs mâles. Avec un Samuel Worthington qui est remarquablement à contre-emploi dans ce rôle de soldat perdu, qui de son propre aveu ne sait plus s'arrêter et court vers la mort. Les quelques interprètes, le film jouant la carte de la rareté, justifiée par le milieu rural et reculé, sont sobres (avec la rare Brit Marling et Hailee Steinfeld avant qu'elle ne se lance dans les clips), à l'image d'un film qui joue sur peu de moyens. Une simplicité qui ne plaira pas à tout le monde, mais ce film vaut d'être découvert à mes yeux.

13/20
aureliagreen
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Pampa sauvage, western de Hugo FREGONESE (Pampa salvaje/Savage Pampas, Espagne-Argentine-États-Unis, 1965), sur un scénario de Hugo FREGONESE et John MELSON, d'après un roman d'Ulises PETIT DE MURAT, avec Robert TAYLOR, Mario LOZANO, Felicia ROC, Ángel DEL POZO, Susana MARA, Ron RANDELL, Enrique Ávila, Laura GRANADOS, Milo QUESADA, Charles FAWCETT...

Vers la fin des années 1890, dans la pampa argentine, un capitaine de l'armée (R. Taylor) tente de maintenir la cohésion de sa garnison, dans un environnement dangereux dominé par des autochtones désireux de révolte et des bandits de grand chemin. Il choisit de faire appel à un groupe de prostitués afin de fournir des compagnes à ses soldats, et de les détourner ainsi des manigances du retors bandit Padrón (R. Randell) qui tentait de les éloigner de leurs tâches en leur offrant des femmes de son obédience. Mais Padrón réagit en s'alliant avec les amérindiens, qui prennent alors le sentier de la guerre...

Pampa sauvage est clairement un western sis dans les plaines argentines, avec ses cavaliers dans une garnison reculée, ses Indiens, ses desperados, ses colons isolés, ses paysages solitaires et désolés. Son ambiance le rapproche d'un western-spaghetti/crépusculaire (on était en 1965), et Fregonese apporte là vraiment une touche d'originalité au genre. Visuellement superbe, aux péripéties qui mêlent par la grâce de la mise en scène, en un mélange aussi fragile que subtil, gravité et légèreté de ton, audacieux par ses thèmes en même temps que classique mais d'une façon innovante et équilibrée, un film qui surprend agréablement, et que tout amateur du genre se doit de découvrir.
16/20
Modifié en dernier par aureliagreen le ven. 9 déc. 2022 18:35, modifié 1 fois.
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La porte du Paradis, western écrit et réalisé par Michael CIMINO (Heaven's Gate, USA, 1980), avec Kris KRISTOFFERSON, Christopher WALKEN, John HURT, Sam WATERSTON, Brad DOURIF, Isabelle HUPPERT, Joseph COTTEN, Jeff BRIDGES, Ronnie HAWKINS...

Une dramatisation des affrontements connus sous le nom de "guerre du comté de Johnson", en 1890 dans le Wyoming, lorsque des immigrés originaires d'Europe de l'Est furent massacrés à l'instigation de notables de la région, proches des intérêts des éleveurs du bétail, à une époque où ceux-ci se voyaient progressivement entravés par les agriculteurs qui s'installaient de manière sédentaire sur les terres que ces gros éleveurs exploitaient auparavant. Cette vision montre un shérif (K. Kristofferson) s'opposer à la politique violente des notables.

Deux ans après Voyage au bout de l'enfer, Cimino livrait une nouvelle œuvre sur un sujet très polémique. Trop polémique, ce qui allait résulter en un gros flop en salles à l'époque de s a sortie, lui conférant une réputation de long-métrage “maudit”. Malheureusement, on ne peut guère s'en étonner. Faire un film sur l'ostracisme et la violence d'État dont ont été victimes les immigrés d'Europe de l'Est à la fin du XIXème siècle ne peut pas vraiment être un sujet populaire aux USA. Pas plus qu'un film sur le massacre du 17 octobre 1961 ne pourrait l'être en France.

Ajoutons à cela une certaine ambiguïté morale, des méchants pas tous très bien tranchés, on ne peut en fait même pas parler de méchants - sinon pour les riches et les employés du gouvernement local qui programment le massacre des immigrés, avec l'assentiment du Président en personne. Pas vraiment le type de méchants que les public états-unien aime voir. Un héros lui aussi ambigu, qui aime une prostituée mais lui refuse le mariage parce qu'il est peut-être déjà marié. Plus le ménage à trois, impliquant deux hommes de camps opposés. La critique de l'exploitation des pauvres par les riches, la perpétuation délibérée des inégalités. La peinture du capitalisme triomphant galopant, dépourvu de tout état d'âme, à l'époque de la grande expansion économique des États-Unis. Le rappel de ce que des Blancs ont parfois aussi pu être victimes d'exaction de masse aux USA, ce qui est un peu trop dérangeant – d'autant que cela rappelle que les Européens de l'Est, comme ceux du Sud, ont souvent été l'objet de préjugés racistes autant que de xénophobie de la part des WASPS aux USA.
Il est sûr aussi que le format choisi n'aidait pas. La version longue de 3 heures 40 présente ainsi quelques... longueurs, des scènes un peu lancinantes. Mais pour qui veut s'armer de patience, elles ne suffisent pas à gâcher l'excellente description des rapports humains dans l'Ouest des USA vers 1890, les reconstitutions soignées, la représentation magnifique de caravanes pathétiques d'immigrés au sein de paysages sublimes. Un peu comme dans La ligne rouge, la nature écrase les humains égarés en son sein, faisant paraître leurs querelles bien futiles. Les personnages sont forts, souvent touchants, l'interprétation est soignée. Tant de la part de Kristofferson, que de Walken et Huppert. Les scènes de bataille de la fin sont de plus très originales. Il est regrettable que le film ait été ainsi descendu à l'époque, et n'ait pu trouver son public. Car il mérite vraiment d'être découvert. Une œuvre remarquablement intelligente, audacieuse et dérangeante.
15,5/20
aureliagreen
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Ned Kelly, western de Gregor JORDAN (Australie/Royaume-Uni/États-Unis/France, 2003), sur un scénario de John Michael McDONAGH, d'après le livre de Robert DREWE, avec Heath LEDGER, Orlando BLOOM, Geoffrey RUSH, Naomi WATTS, Joel EDGERTON, Laurence KINLAN, Philip BARANTINI, Kerry CORDON, Chris McQUADE, Emily BROWNING...

Australie, arrière-pays de l'État de Victoria, vers la fin des années 1870. Le jeune Ned Kelly (H. Ledger) souffre avec l'ensemble de sa famille d'être issu d'un criminel connu. La police le prend lui et ses proches comme boucs émissaires. Et après son arrestation injuste pour vol de cheval, puis celle toute aussi inique de sa mère, lui, ses frères et quelques compagnons décident de se rebeller et partent dans une grande cavalcade faite d'une série d'attaques de banques et autres établissements prospères, gagnant le soutien de la population en redistribuant le produit de leurs larcins aux nécessiteux, narguant les forces de police lancées à leur poursuite...

Un recréation assez juste de la vie de Ned Kelly (Heath Ledger), le bandit rebelle qui incarna aux yeux des petits immigrés blancs d'Australie la résistance à l'arbitraire des riches et des autorités. Jordan livre un film militant et violent, soutenu par les bonnes performances de Ledger, Bloom et Rush. J'ignore si le véritable Ned Kelly était vraiment aussi sympathique que la version que nous en donne ce film, mais le scénario et la réalisation sont assez enlevées pour faire passer à la fois un très bon moment d'aventure et un commentaire historique marqué, avec certains dialogues pittoresques (comme lorsque Ned Kelly s'adresse à la population en lui disant que lui et ses compagnons sont les seules personnes qu'ils peuvent légalement tuer), sans jamais verser dans l'excès, même s'il peut paraître parfois un peu lénifiant.
14/20
aureliagreen
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Les 8 salopards, western de Quentin TARENTINO (The Hateful Eight, USA, 2015), avec Samuel L. JACKSON, Kurt RUSSELL, Jennifer JASON LEIGH, Walton GOGGINS, Demián BICHIR, Tim ROTH, Michael MADSEN, Bruce DERN, James PARKS, Dana GOURRIER, Zoë BELL...

Au Wyoming, dans les années 1870, en plein hiver, le chasseur de primes John Ruth (K. Russell) et sa prisonnière Daisy Domergue (J. Jason Leigh), en route pour la ville de Red Rock, croisent un autre chasseur de primes, le major Marquis Warren (S. Jackson), et Chris Mannix (W. Goggins), qui affirme être le nouveau shérif de Red Rock. Le quatuor ne tarde pas à se disputer, autour notamment de leur rôle dans la Guerre de Sécession, mais le blizzard redoublant, il doit s'arrêter pour la nuit dans une auberge isolée. Ils y rencontrent une série d'hôtes dont le comportement leur paraît suspicieux...

Si on le considère parfois comme un Tarantino mineur, ce n'est pas mon avis. Il s'inscrit bien dans la continuité de ses œuvres, reprenant certains des thèmes socio-historiques de Django unchained, mais les place cette fois dans le cadre de l'après-guerre de Sécession. Ce qui leur donne une saveur différente, dans un contexte où l'esclavage a été aboli et où les sudistes doivent vivre avec l'amertume de la défaite. Comme souvent, Tarantino est à son aise dans le maniement de thématiques culturelles brûlantes, les dialogues font souvent mouche.

On retrouve l'exercice du huis-clos déjà utilisé dans Reservoir Dogs. À cette différence près qu'on a droit à une assez longue introduction, et entrecoupé de quelques retours en arrière. C'est cependant bien la longue confrontation dans le relais perdu dans le blizzard qui occupe l'essentiel du film, sur fond de suspense d'abord, puis de tension grandissante entre personnages hauts en couleur. Tarantino réussit bien cet exercice risqué vue la durée extrême du long-métrage. Au point que pour être honnête, je n'ai guère vu passer le temps pour un film aussi long. Il y a juste eu quelques moments où je l'ai un peu senti, mais c'était vraiment remarquablement peu souvent pour une telle durée.

Quant à la violence, elle est extrême, ce n'est pas un film de Tarantino pour rien, mais là elle va encore plus loin que d'habitude, délirante même parfois, la fin sombrant même dans le gore, heureusement le côté un peu satirique la fait passer. Du côté de ces personnages hauts en couleur, là encore très tarantiniens, ils passent en revue toute une série de gueules classiques du western, en même temps qu'ils mettent à l'opposé en exergue des noirs souvent délaissés par Hollywood, avec leur arrière-plan de lutte contre l'esclavage et les tensions qu'ils génèrent avec certains personnages revanchards. Et il y en a peu pour soulever la sympathie, ce qui aide à accepter leur sort tragique, car c'est un film où tout le monde meurt. Le major Warren campé par Samuel Jackson étant à mes yeux le pire, l'archétype du chasseur de prime brutal qui abat ses proies par facilité ; seul Daisy Domergue pouvant lui disputer le titre. Les bandits sont finalement plus sympathiques (avec une amusante prestation de Tim Roth jouant les Christoph Waltz, pouvant renvoyer à English Bob de Impitoyable, et un Demián Bechir joyeusement cliché), et même le shériff sudiste et évidemment négrophobe Chris Mannix, campé par un Walton Goggins toujours aussi bon dans ces rôles de sudistes racistes, mais avec assez de qualités pour qu'on ne le voue pas aux gémonies.

Un film donc réussi, que sa longueur n'empêche pas d'être bien maîtrisé tant dans sa violence que dans son intrigue en vase clos très bien menée. Une chose cependant, concernant sa sortie française : on a contesté sa classification interdit aux moins de 12 ans, mais il faut tenir compte du contexte d'un film de Tarentino, où la violence est souvent très satirique et grotesque de par son caractère excessif.
15/20
aureliagreen
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Terre maudite, western fantastique d'Emma TAMMI (The Wind, USA, 2018), sur un scénario de Teresa SUTHERLAND, avec Caitlin GERARD, Julia GOLDANI, Ashley ZUKERMAN, Dylan McTEE, Miles ANDERSON, Martin C. PATTERSON...

Vers la fin du XIXème siècle, dans les grandes plaines de l'Ouest des USA, une femme mène une vie difficile au sein d'une ferme isolée. Laissée seule une grande partie du temps, seulement ravitaillée par certains voisins, elle commence à se sentir menacée par des forces invisibles. Mais y-a-t'il vraiment une menace surnaturelle, où commence-t'elle simplement à perdre pied mentalement en raison de sa solitude ? La question va se révéler cruciale, lorsqu'un couple nouvellement marié s'installera dans une ferme voisine...

Un film d'horreur psychologique autour d'une lente plongée dans la folie efficace, à la grande tension psychologique mais assez ordinaire dans ses thèmes. Comme d'autres films du même genre (pour prendre un exemple récent, The lighthouse), il joue sur le doute au sujet de la réalité des phénomènes perçus par la principale protagoniste, laissant entendre qu'ils pourraient n'être dus qu'à son état de santé mentale, oscillant ainsi entre un fantastique qui ne serait que d'apparence et une véritable histoire de surnaturel. Et toujours à l'image de certains autres membres de ce sous-genre, il donne l'impression de se laisser aller à jouer à l'extrême avec les nerfs du spectateur sur ce point, même s'il semble finir par prendre parti, même brièvement, en faveur de la réalité des menaces. Mais tout en laissant toujours floue la frontière entre ce qui dans cette hypothèse serait alors réel et ce qui serait causé par l'état de panique et de décrépitude induite de l'assaillie. Pas trop mal joué, bien mis en scène, tout en restant très classique, ce film par son décor de siège d'une petite exploitation rurale n'est pas non plus sans rappeler le récent The witch, en moins mémorable cependant.
13/20
aureliagreen
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Badland, western écrit et réalisé par Justin LEE (USA, 2019), avec Kevin MAKELY, Trace ADKINS, Mira SORVINO, Bruce DERN, Matthew James McCARTHY, Wes STUDI, Reggie WATKINS, Jeff FAHEY, Tony TODD...

Dans les années suivant la Guerre de Sécession, le détective Mathias Brecher (K. Makely), un redoutable as de la gâchette, a été chargé par le sénateur Benjamin Burke (T. Todd) de traquer des criminels de guerre confédérés condamnés à mort qui se sont établis dans divers recoins reculés du Far West, où ils ont souvent établi pignon sur rue. Sa tâche se déroule sans trop d'accros, jusqu'à ce qu'elle le mène à la rencontre de Reginald Cooke (B Dern) et de sa fille Sarah (S. Cooke)...

Le nouveau western se mêle souvent de problématiques progressistes, antisexistes et antiracistes, et c'est donc sans grande surprise qu'on le voit ici explorer ce thème des anciens Confédérés qui après leurs méfaits durant la guerre ont fui leurs responsabilités, souvent pour continuer à commettre des vilenies. Autant dire d'ailleurs que ce côté sudiste mis à part, le rôle de tyranneau local que reprennent nombre d'entre eux n'a rien d'original dans le western (au hasard, Silverado, Open range, The salvation...), l'accent étant mis en plus sur leur tendance à exploiter cruellement les femmes, discours anti-misogyne de rigueur pour tout western moderne. Seulement, le tribunal auquel il est souvent fait référence ne saurait d'un point de vue historique être qu'un tribunal privé, car dans la réalité seuls deux sudistes ont été jugés pour crimes de guerre, condamnés à mort et exécutés, à savoir Henry Wirz, commandant de la tristement célèbre prison d'Andersonville, et le guérillero des montagnes du Tennessee Champ Ferguson. Le président Andrew Johnson ayant supprimé tous les tribunaux militaires compétents en 1866. Ce qui va en effet dans le sens d'une justice privée mise en place par d'anciens esclaves afin de pailler les défaillances de l'État. Il n'y a donc pas vraiment d'invraisemblance de ce point de vue. Mais le film se prend très au sérieux dans son message, se montrant un peu bavard, le ton se veut un peu solennel, et les acteurs cabotinent, les personnages un peu hauts en couleurs de Huxley Wainwright (J. Fahey) et du général Dandridge (T. Adkins) favorisant cette tendance. On prend cependant plaisir à revoir Mira Sorvino et le rare Bruce Dern, tandis que Kevin Makely nous offre quelques beaux numéros de pistolero à la Clint Eastwood.

Un film plutôt original et assez plaisant à voir, mais sans plus, en raison de cette propension à un peu pontifier.
12/20
aureliagreen
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Django Unchained, western écrit et réalisé par Quentin TARENTINO (USA, 2012), avec Jamis FOXX, Leonardo DI CAPRIO, Christoph WALTZ, Kerry WASHINGTON, Samuel JACKSON, Walton GOGGINS, Denis CHRISTOPHER...

Peu avant la guerre de Sécession, Django (J. Foxx), un esclave affranchi, cherche à faire s'évader sa femme, aux mains d'un violent propriétaire d'esclaves (Di Caprio). Il va recevoir pour cela l'aide inattendue d'un chasseur de primes original (C. Waltz).

Tarentino s'attaque cette fois au western-spaghetti, un genre qui convient parfaitement à un réalisateur qui adore jouer sur les codes des œuvres populaires les plus violentes, même si le personnage de Django n'a rien à voir avec son homonyme des films italiens des années 60 et 70. En faire un pastiche est pour lui évoluer comme un poisson dans l'eau. Y venir par le thème du sort des minorités aux USA et du racisme qu'elles subissaient va aussi de soi pour un cinéaste qui aime les milieux marginaux.

Ainsi la violence de la fin est cartoonesque, mais la différence avec un Gangster Squad (pour prendre un exemple quasi-contemporain) par exemple, est que cela n'est pas déplacé dans le cadre d'un pastiche assumé de western-spaghetti. Pour autant, ce long-métrage ne se réduit pas au côté satirique, il fonctionne également très bien en tant que western à part entière. Et à ce titre parfois aussi d'une violence très brute qui n'a plus rien de décalée, mais est aussi brute que celle de certains de ses modèles, qui souvent ne donnaient pas dans la retenue.
Il a aussi pour lui une indéniable originalité de lieu : peu de westerns se sont intéressés au cadre du Sud juste avant la guerre de Sécession, puis durant celle-ci. Il explore ainsi un monde barbare, propice aux personnages excessifs et aux situations improbables. Les combats à mort entre esclaves noirs n'ont ainsi sans doute jamais existé, mais ils ne déparent pas dans le contexte d'un hommage à la grande violence du genre. Le personnage joué par Christopher Waltz peut paraître très enlevé, mais là encore se justifie dans une telle œuvre. Son côté exubérant lié au fait qu'il est ancien médecin allie deux clichés du western, le chasseur de primes et le charlatan, beau-parleur par excellence ; deux "métiers" souvent méprisés, voire haïs. Le Dr King Schultz est blanc, mais allemand avec un accent étrange, et de ce fait assez marginal dans un monde encore très anglais. Leonardo DiCaprio est quasi-méconnaissable dans ce qui est sans doute son premier vrai rôle de méchant (on ne pouvait pas vraiment compter comme tels ceux de Blood Diamond et Shutter Island), auquel il prend sans doute grand plaisir. Le plus métamorphosé est cependant Samuel Jackson, à contre-emploi dans le rôle d'un Oncle Tom absolu, un autre personnage quasi-surréaliste bien que basé sur un rôle classique des récits de plantation. Jamie Foxx semble lui aussi avoir pris son pied dans le rôle titre, ancien esclave entraîné dans une quête autour d'une histoire d'amour improbable, comme il se doit.
Un beau mélange de pastiche et de faux réalisme, exercice difficile s'il en est. Ce qui m'amène à conclure qu'on a là une des œuvres les plus abouties de Tarentino.
16/20
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robinne
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weird

@aureliagreen Tarantino ;)
aureliagreen
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Cowboys & envahisseurs, western et film fantastique de Jon FAVREAU (Cowboys & Aliens, 2011, USA-Inde) , sur un scénario de Robertyo ORCI, Alex KURTZMAN, Damon LINDELOF, Mark FERGUS, Hawk OTSBY et Steve OEDEKERK d'après la BD de Scott Mitchell ROSENBERG, avec Daniel CRAIG, Abigail SPENCER, Olivia WILDE, Walton GOGGINS, Sam ROCKWELL, Paul DANO, Keith CARRADINE, Harrison FORD, Clancy BROWN...

En 1873, au Nouveau-Mexique, un inconnu, amnésique (CRAIG), erre dans les étendues semi-désertiques et atteint la ville de Absolution, sous la coupe du tyran local Woodraw DOLARHYDE (FORD), où il est accueilli fraîchement. Provoqué par Percy DOLARHYDE (DANO), le fils du magnat, il le bât aisément, et se voit arrêté par le shériff TAGGART (CARRADINE). Ce dernier découvre alors que le mystérieux amnésique est le hors-la-loi Jake LONERGAN. Il se prépare à le livrer avec son assaillant à un marshall fédéral, lorsque Woodraw Dolarhyde arrive avec ses hommes afin de délivrer son fils. Mais à ce moment-là surviennent des événements étranges, qui inquiètent puis déstabilisent les habitants de la bourgade ; ceux-ci ignorent que viennent d'arriver des vaisseaux extra-terrestres, qui enlèvent l'un après l'autre les habitants...

Sur ce thème risqué, ce film ne s'en sort pas trop mal, assurant le spectacle, sans atteindre des sommets. Grâce d'abord à une belle performance d'ensemble des acteurs. À côté des valeurs modernes comme Sam Rockwell, Olivia Wilde, Walton Goggins et Daniel Craig, très à l'aise en desperado râblé, le casting permet de revoir des gueules qu'on ne voit plus trop sur grand écran, comme Harrison Ford, Keith Carradine et Clancy Brown (méconnaissable en révérend).

Le récit se voit bien comme un vrai western, mâtiné de science-fiction (ou plutôt de fantastique, car par son introduction de l'incompréhensible dans une réalité ordinaire, le récit se rattache bien à la structure du fantastique pur et dur), qui n'hésite pas à en reprendre plein de clichés : l'homme sans nom mystérieux, le grand propriétaire terrien tyrannique, son fils irresponsable et sûr de son impunité, le shérif à la gueule cassée, la belle mystérieuse, le révérend, le patron du saloon, les Apaches, le gang de bandits avec l'inévitable mexicain, sans oublier la ville bien mal nommée... etc... Jon Favreau parvient à planter un décor aussi classique que dépourvu de fioritures, une certaine séduction fonctionnant malgré leur caractère de figures stéréotypées de ce genre, et en fait en partie grâce à lui, grâce à leur interaction bien gérée.

L'irruption de l'incompréhensible, progressive comme dans tout bon film fantastique, va venir perturber par étapes tout ce petit monde si bien ordonné. De l'arrivée de Jake Lonnergan jusqu'à l'apparition en grand plan d'un extra-terrestre, en passant par l'attaque d'un troupeau, du village et la découverte d'un bateau à aube à des milliers de km du grand fleuve le plus proche. Les ET eux-mêmes, de forme plutôt animale (même s'ils sont capables de se redresser sur leurs membres postérieurs) et silhouette simiesque, relèvent d'un type qui avait tendance à se répandre il y a quelques années (ils avaient ainsi une ressemblance avec celui de Super 8, avec seulement deux membres en moins), par la grâce des images de synthèse. Permettant de sortir plus facilement des sempiternels humanoïdes. Leur technologie a aussi un petit aspect rétro, mélange de steampunk et d'organique à la Giger, qui se marrie bien à ce contexte de western, donnant même un petit goût de Mystères de l'Ouest, et renforce leur caractère non-humain et inquiétant.

La partie proprement science-fictionnesque, vers la fin, est elle moins convaincante. Même si la révélation du motif des ET donne l'occasion d'une bonne métaphore sur le colonialisme, mais bien sûr, un peu trop évidente. On peut néanmoins apprécier de voir des colons blancs du Far West se trouver confrontés à un renversement de perspective fort déplaisant pour eux. Mais même si l'attaque du vaisseau ET est trop bateau et blockbusterienne (essayez un peu de grimper comme le font les trois dynamiteurs des parois aussi verticales avec de telles chaussures), elle apporte quelques bons moments. Notamment quand les E.T.s contre-attaquent avec leur force brutale purement animale, ou l'accolade entre Dolarhyde et Black Knife.

Malgré un côté un peu propret et formaté lié aux limitations d'une formule blockbusterienne à gros budget (le film n'est d'ailleurs pas rentré dans ses frais, il a été un des pionniers de cette catégorie des gros budgets déficitaires, une "mode" qui s'est amplifiée par la suite), responsable du nombre "étonnant" de scénaristes, il se dépatouille assez bien d'un mélange des genres sur lequel beaucoup se sont cassés les dents.

13/20
aureliagreen
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Old Henry, western écrit et réalisé par Potsy PONCIROLI (USA, 2021), avec Tim BLAKE NELSON, Scott HAZE, Gavin LEWIS, Trace ADKINBS, Stephen DORFF...

En 1906, en Oklahoma, Henry McCarthy (Tim Blake Nelson), un fermier, mène une vie tranquille de fermier isolé avec son fils (G. Lewis), quand il recueille un homme blessé (S. Haze), portant une sacoche plein d'argent. Ce dernier prétend être un homme de loi, qui fuit une bande de hors-la-loi. Seulement, quand la bande en question se présente à la ferme, ils prétendent représenter eux la loi... McCarthy doit alors faire une série de choix douloureux, et le groupe de cavaliers en question se rend compte à ses dépens qu'il est un redoutable tireur. C'est qu'il cache un secret lourd à porter, issu d'une autre vie où il portait un nom redouté dans tout le Far West...

Un western assez original et agréable, qui joue sur les références et un jeu de piste où tous les personnages principaux se révèlent avoir une face cachée. Un peu dans la lignée de Blackthorn, la dernière chevauchée de Butch Cassidy, il surfe sur les légendes plus ou moins fondées qui ont couru sur la survivance de telle grande figure de l'Ouest, et parsème l'intrigue d'indices (jusqu'à la forme du chapeau de McCarthy et les coupures de presse sur la guerre du Comté de Lincoln), que le connaisseur pourra reconnaître afin de deviner l'identité du mystérieux fermier tueur d'élite, le dénommé Billy the Kid. Certains auront ainsi noté que Henry McCarthy était en fait son nom de naissance, changé plus tard en Henry Antrim quand sa mère se maria, avant qu'il prenne le nom de William Bonney sous lequel il est le plus connu. Ce long-métrage offre à l'amateur, outre son pesant de suspense, sa dose de combats sanglants, comme il se doit dans un western crépusculaire (au propre comme au figuré, car il aborde aussi le thème de l'Ouest déclinant, mais encore très sauvage).
14/20
aureliagreen
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Compañeros, western de Sergio CORBUCCI (Vamos a matar, compañeros, Italie/Espagne/Allemagne de l'Ouest, 1970), sur un scénario de Dino MAIURI, Massimo DE RITA, Günter EBERT, avec Franbco NERO, Tomas MILIAN, Fernando REY, Iris BERBEN, José BÓDALO, Eduardo FAJARDO, Katrin SCHUBERT, Gino PERNICE, Álvaro DE LUNA, Jesús FERNÁNDEZ, Claudio SCHARCHILLI, Lorenzo ROBLEDO, Jack PALANCE...

Dans les années 1910, en pleine révolution mexicaine, un homme illetré, El Vasco (T. Milian), est promu par le despotique et corrompu général Mongo (F. Bódalo), qui ne s'intéresse à la révolution que pour s'enrichir, à la tête de ses hommes lors d'une attaque sur le viallge de San Bernardino. Le trafiquant d'armes Yodlaf Peterson (F. Nero) arrive alors pour traiter avec Mongo, mais le seul argent disponible pour acheter ses armes est bloqué dans un coffre inviolable, dont la combinaison est connue du seul Professeur Xantos, un révolutionnaire honnête, tout à l'opposé de Mongo ; et qui se trouve être emprisonné dans un fort militaire de l'autre côté de la frontière, car considéré comme dangereux pour les intérêts étatsuniens. Peterson propose alors d'aller le libérer, et Mongo, méfiant, lui adjoint El Vasco. Commence alors un périple mouvementé, où ils croisent militaires mexicains, anciens collaborateurs mécontents de Petersen, et partisans de Xantos...
Avec deux grands noms du western-spaghetti comme Corbucci et Nero, on sait de suite à quoi s'attendre. Et on n'est pas déçu, on a droit à un bon western-spaghetti, parmi les sommets du genre, prenant comme El mercenario avec les mêmes Nero et Corbucci la révolution mexicaine comme cadre. Il est vrai que cette dernière, avec son lot de violences et de trahisons en tous genres, fournit un cadre idéal pour des personnages hauts en couleurs comme le sont El Vasco, Petersen, Mongo, le mercenaire John Svedese (Jack Palance) et la révolutionnaire Lola (Iris Berben). Le contraste entre le désespéré Vasco et le cynique Peterson, volontiers adepte de l'auto-dérision (ce qui le distingue du rôle de mercenaire vénal que Nero jouait dans El mercenario) apporte une touche plus légère à un récit dramatique, d'une façon qui annonce un peu les Trinita qui allaient advenir sous peu. L'entrain des acteurs et le sens de la réalisation de Corbucci, l'homme pour qui le western-spaghetti semblait avoir été créé, s'allient pour livrer un très bon divertissement et faire passer le caractère prévisible du scénario (un seul regret : qu'ils n'aient pas fait un carton sur la garnison de Fort Yuma!).
14/20
Modifié en dernier par aureliagreen le ven. 2 févr. 2024 21:31, modifié 1 fois.
aureliagreen
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Ned Kelly, western historique (biographique) de Tony RICHARDSON (Australie/Royaume-Uni, 1970), sur un scénario de Ian JONES, Alexander BUSO et Tony RICHARDSON, avec Mick JAGGER, Clarissa KAYE-MASON, Mark McMANUS, Ken GOODLET, Frank THRING, Bruce BARRY, Tony BAZELL, Allen BICKFORD, Robert BRUNING, Alexander CANN, David COPPING, Diane CRAIG, Gerry DUGAN, Geoff GILMOUR...

Vers 1880, en Australie, un fils pauvre d'immigrés irlandais récents, ayant du mal à faire vivre sa famille est soumis à la brutalité policière en même temps que sa famille, ce qui le pousse à devenir hors-la-loi et à s'en prendre aux classes bourgeoises privilégiées, s'attirant la sympathie des couches populaires.

Cette première adaptation de la vie d'un célèbre hors-la-loi australien, vu comme un robin des bois par le peuple des immigrés pauvres, se veut un miroir des antagonismes sociaux qui parcouraient alors les colonies britanniques en Australie.

Le scénario, attaché à dépeindre comment Ned Kelly est devenu le célèbre hors-la-loi qui défiait les autorités et recevait un important soutien de la population, réussit son objectif grâce à une peinture mêlant volonté affirmée de décrire enjeux sociaux d'alors (notamment l'opposition entre immigrés pauvres et forces de l'ordre) et une certaine modestie, aidé par une réalisation qui parvient à être assez prenante, mélange de peinture naturaliste du milieu humain et des protagonistes et d'approche aventureuse. Des qualités que l'on retrouve dans les scènes d'action, sans fioritures mais efficaces. La fameuse scène d'affrontement final impliquant des armures est surprenante, toute historique qu'elle soit (plus fidèle d'ailleurs que la version récente avec Heath Ledger), tant par sa pugnacité que par son déroulement. Mick Jagger est assez étonnant, son charisme parvenant à faire passer son manque d'expérience en actorat et à oublier son manque de ressemblance physique avec son modèle historique. On regrettera cependant que le développement se concentre principalement sur Ned Kelly lui-même, et que ses compagnons principaux, frères et amis, ne soient ainsi pas plus développés, alors qu'ils étaient quasiment aussi importants que lui dans son gang, et que l'accompagnement musical ne soit pas toujours à la hauteur.
Si le résultat est louable, alliant esthétique réussie grâce à une excellente photographie et donc assez bonne peinture des événements d'alors, ces quelques défauts l'empêchent cependant d'atteindre le rang de grand film.
13,5/20
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