
Après l'immense Roma, un de mes réalisateurs fétiches revient ni plus ni loins qu'avec un nouveau chef-d'œuvre (vu l'ensemble des 7 épisodes!)..
Disclaimer conte l'histoire de Catherive Ravenscroft (Cate Blanchett), journaliste émérite dont la vie professionnelle et personnelle va basculer du jour au lendemain lorsqu'une personne anonyme (Kevin Kline) lui envoie un roman contant avec une surprenante précision un évènement survenu 20 ans plus tôt.
Un engrenage vindicatif et vengeur va alors se mettre en place, contaminant l'unité familiale de Catherine pour révéler les secrets d'une mort funeste n'ayant jamais été résolue.
7h d'Alfonso Cuarón est déjà une bénéfiction en soit, mais un véritable cadeau cinématographique lorsqu'on tient un puzzle narratif aussi bien écrit.
L'ampleur de Disclaimer se caractérise par une dimension étonnamment intime, filmant un délitement familial par 2 regards opposés (la coupable et la victime) tandis que le récit se mue en odyssée vengeresque à la portée émotionnelle déchirante (incroyable performance secondaire de Lesley Manville après Phantom Thread).
Mais là où Disclaimer est brillante (renouvelant son récit à chaque épisode et dévoilant toutes ses cartes jusqu'à la toute fin) c'est dans une narration méta en trompe-l'oeil, combinant de manière intuitive et symbiotique imaginaire et faits avérés (le choix d'Indira Varma pour conter le passé du personnage de Blanchett est lourd de sens).
Un discours sur la puissance du fictionnel en somme, utilisé en tant que révélateur de sens et catalyseur d'une quête de vérité : la quintessence même des histoires et du cinéma donc !
Et outre un suspense impeccablement distillé, Disclaimer bénéficie de tout un soin plastique relativement dingue pour une production télévisuelle : mise en scène virtuose caractéristique de Cuarón à base de plans-séquences menés de main de maître, photographie crépusculaire absolument remarquable de Emmanuel Lubezki (Gravity, Birdman, The Revenant) et Bruno Delbonnel (Amélie Poulain, Inside Llewyn Davis, Macbeth)..
Le tout saupoudré d'une superbe OST de Finneas épousant le côté esthésique de la réalisation, à la fois géniale dans sa tension dramatique mais aussi brillante lorsque dans un épisode 3 représentant une leçon d'érotisme, Cuarón renoue avec les fondations de don cinéma (Y Tu Mama Tambien).
Bref, une chronique existentialiste à hauteur d'homme (Kevin Kline livre la performance de sa carrière en antagoniste incroyablement bien écrit) et surtout de femme (Cate Blanchett prouve encore une fois qu'elle est la plus grande actrice en activité), questionnant de manière encore plus pertinente la notion de point de vue que le récent Anatomie d'une chute.
Brillant (et aisément ma production TV favorite depuis 2-3 ans)
5/5





















