Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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cyborg a écrit : ven. 21 févr. 2025 15:35

Après un premier film superbe porté par un geste cinématographique fort, All We Imagine As Light se révèle être une déception.
Son premier n’était pas si superbe que ça (je l’avais plutôt aimé) mais celui-ci est littéralement une catastrophe (je suis parti du cinéma au bout de 20 minutes) donc, à mon avis, il fallait s’y attendre un peu.
Tu verras, son prochain va être encore plus horrible car elle croit qu’elle avait fait une merveille (Grand prix du jury quoi :lol: )
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg
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A mon avis ta manie de juger et partir des films après 5 minutes t'as encore joué un tour car la deuxième partie du film est différente. Je doute que tu cela t'aurais fait soudainement aimer le film, mais bon... elle met en perspective le début.
Je dois aussi dire qu'essayer de voir depuis plusieurs années des films du monde entier (et de diverses époques) m'a beaucoup aidé à élargir ce que je trouve comme "intéressant" ou "bon" par rapport à l'histoire du cinéma occidental qu'on prend généralement comme parangon.

Son premier était très beau parce qu'il mettait en évidence les liens indéfectibles entre art, amour et politique, d'une façon sensible et intelligente. Après avoir vu pas mal de film du pays je peux dire que ce sont trois des brins récurrents de nombre de films, mais là c'était présenté d'une façon assez formidable. C'est aussi le cas de son 2ème (si on fait abstraction de l'art - parfois certains pôles sont plus en avant que d'autres), mais d'une façon plus illustrative, disons.
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sokol
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cyborg a écrit : sam. 22 févr. 2025 17:36 A mon avis ta manie de juger et partir des films après 5 minutes t'as encore joué un tour car la deuxième partie du film est différente. Je doute que tu cela t'aurais fait soudainement aimer le film, mais bon... elle met en perspective le début.
Je sais, on me l’a dit ici (puis j’ai lu : la deuxième partie se déroule dans la campagne). Mais attendre la moitié d’un film pour que la deuxième soit meilleure…

Comment veux-tu ne pas juger après 5 minutes or, je me souviens très bien des 5 premières minutes : elle filme la mer d’une façon atroce car illustrative : la caméra filme vite, juste pour nous dire que Mumbai est au bord de la mer. Vous ne le saviez pas ? Vous le savez maintenant, c’est coché.
Pourtant je suis resté une bonne demi heure je crois mais ça ne faisait que confirmer les premiers plans… .

Tiens, hier encore je suis sorti aussi au bout d’une heure du cinéma (en plus, il s’agit d’un film ‘du monde entier’ : je ne voulais que l’aimer puisque il y a rien d’excitant actuellement) :

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Le miroir aux alouettes - film tchécoslovaque de 1965, Oscar du meilleur film étranger la même année.

Ou comme dirait Daney : ce n’est pas du cinéma, c’est du cinoche
(je l’évoque car comme il est sorti en copie neuve, on ne sait jamais : ça peut servir comme opinion pour ceux qui hésiterait à aller le voire)
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groil_groil
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Une jeune femme de campagne débarque en ville pour travailler chez un pâtissier, recommandée par sa tante récemment décédée. Elle s'y intègre parfaitement, le patron tombant platoniquement amoureux d'elle, mais sans qu'elle sache vraiment pourquoi, elle va peu à peu sombrer dans le mensonge, s'inventant d'abord un amoureux, puis un mari, puis une grossesse, puis un enfant, jusqu'au jour où, si profondément emprisonnée dans cette fausse vie qu'elle s'est inventée on ne sait pourquoi, sans doute pour avoir l'air intéressante aux yeux des autres, elle ne pourra plus faire machine arrière. Encore un chef-d'oeuvre absolu pour le cinéaste mexicain, qui s'impose en quelques jours seulement comme l'un de mes cinéastes favoris. Oeuvre de dingue, ce film est aussi profond moralement, et dérangeant, que fabuleux dans sa mise en scène. Merveille totale.

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Ascension et déclin d'un grand sportif, champion de pelote basque adulé, mais homme exécrable, d'une grande violence, bouffé par le machisme et l'autosuffisance. Encore une fois, preuve s'il en était besoin, que Gavaldon est un cinéaste de génie, dressant ici un portrait sans pitié mais d'une ampleur phénoménale, capable de rivaliser avec les plus grands cinéastes américains (beaucoup pensé à Michael Curtiz ici).

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Pour résumer le nouveau film de Gilles Lellouche, à quelques jours des César où il se prépare à tout rafler, je dirais en quelques mots que c'est du bon gros cinéma de droite. Un cinéma qui se satisfait vraiment de cela, disant en substance qu'on ne peut rien obtenir si ce n'est par la violence et la force, et qui dit in fine que les pauvres et les ploucs ne sont heureux que lorsqu'ils restent pauvres et ploucs, se trouvant bien heureux de finalement se faire exploiter dans un entrepôt de livraisons à la Amazon, tout en faisant bien signifier qu'ils ne sont pas dupes. La suffisance avec laquelle Lellouche traite ses personnages est vraiment odieuse. Cela dit, le film est plutôt étonnamment bien fichu, les deux heures quarante passant rapidement, et c'est d'autant plus étonnant qu'il ne s'y déroule pas grand chose et que Lellouche n'a pas grand chose à raconter. Mais il met les moyens, une preuve supplémentaire de la suprématie de la droite décomplexée dans sa façon de penser le cinéma : si on a de l'argent, on peut forcément épater la galerie. Et ces moyens font le spectacle, il est souvent plutôt habile et ambitieux dans ce qu'il met en place, et c'est la force du film. Il faut passer sur cette reconstitution d'une époque complètement fantasmée et à côté de la plaque (le lycée et ses alentours sortant tout droit d'un film américain et n'ayant strictement rien de français), sur une jeune actrice complètement fausse (les autres sont plutôt OK), sur un sentiment d'épate permanent et une utilisation des codes et musiques d'une pseudo génération (qu'on appellera par défaut celle des années 80) aussi grossière que superficielle, mais faite pour ratisser large à force de clichés surappuyés, et évoquant d'autres usurpateurs tel l'homonyme Lelouch et ses fresques interminablement lourdingues, ou encore le Beineix de 37°2 dans sa volonté de créer un pseudo film générationnel. Et le fan de 17 Seconds que je suis ne peut que souffrir en entendant par deux fois la chanson A Forest, utilisé avec autant de maladresse que de contresens.
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Tyra
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Attention, gros spoiler dans ma critique.
Ce n'est pas la croute prétentieuse que je craignais. Même si le premier plan me fit très peur : un plan séquence "performance" à la László Nemes qui fait craindre l'épate auteurisante tape à l'œil. En fait, par la suite, le film est relativement sage et appliqué, parfois trop d'ailleurs (l'emphase vient surtout de la musique, et de la mise forme du générique et des chapitres) , dans la reconstitution assez classique d'une monté en puissance par le capitalisme américain. Capitalisme dont le personnage n'est pas tant victime que ça d'ailleurs (pas plus que de l'antisémitisme, si on ne tombe pas dans le piège de voir ce qu'on veut voir, comme une bonne partie de la critique), et sentant cela, le réalisateur, charge au max le personnage de l'entrepreneur, assez bien esquissé au début (management par l'alternance de colère et de complicité condescendante), il vire dans la deuxième partie du film vers une caricature de grand méchant, jusqu'à atteindre le point de non retour qui constitue pour moi la faute morale du film : le viol de l'architecte par le commanditaire. Ou comment faire s'écrouler son film par une métaphore inutile et grotesque, à laquelle on ajoute par la suite une confrontation gênante entre la femme de l'architecte et le violeur lors d'un repas de famille. S'en fut donc fini de l'indulgence que je pouvais avoir envers un film déjà pas très subtil jusque là.

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Bon, c'est assez fidèle à ce que j'imaginais : film d'un gros bourrin gentiment neuneu dont l'univers mental est resté bloqué, culturellement au cinéma de mafia américaine, et affectivement à l'âge de l'adolescence. Ce qui donne un film assez crétin, mais étonnamment pas désagréable à voir, car drôle à ses dépens (le film regorge "d'idées de mise en scène" qui se révèlent souvent calamiteuses), et assez saisissant par son univers décontextualisé, qui n'est ni l'Amérique, ni la France ni même les Hauts-de-France, mais un pot pourris d'influences cinématographiques et musicales assemblées n'importe comment. Tout ça pourrait avoir un coté sympathique sans la complaisance de Lellouche pour son personnage masculin débile et ultra-violent dont on saisit mal comment l'héroïne peut s'éprendre.

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Je ne comprends pas la critique de Sokol sur la dernière scène. Il est assez évident pour moi que le réalisateur ne tente pas de nous faire croire à une fin heureuse pour Souleymane. Il vient de perdre toute chance d'obtenir sa demande d'asile et le spectateur le sait. A part ça, beau film, qui évite pas mal de clichés de ce genre de film "dans l'urgence" : pas de caméra portée à l'épaule pour faussement dynamiser l'action, pas de sur-dramatisation des enjeux, pas de scènes édificatrices moralisante...
Et notons aussi un Paris, notamment nocturne, assez superbement filmé, belle prouesse pour un film filmé sur le vif.
Si je veux chercher la petite bête, je pourrais dire qu'il est facile d'emporter l'adhésion avec un personnage aussi généreux et gentil que Souleymane (la scène où il aide la personne âgée chez elle, aie aie aie). De ce coté là, le film ne prend pas le risque de suivre un personnage moralement douteux ou peu sympathique, de crainte de perdre l'empathie du spectateur, et l'adhésion à la cause.
Tous les acteurs son bons, assez rare pour être souligné.
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groil_groil
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Tyra a écrit : lun. 24 févr. 2025 11:26 Image
Attention, gros spoiler dans ma critique.
Ce n'est pas la croute prétentieuse que je craignais. Même si le premier plan me fit très peur : un plan séquence "performance" à la László Nemes qui fait craindre l'épate auteurisante tape à l'œil. En fait, par la suite, le film est relativement sage et appliqué, parfois trop d'ailleurs (l'emphase vient surtout de la musique, et de la mise forme du générique et des chapitres) , dans la reconstitution assez classique d'une monté en puissance par le capitalisme américain. Capitalisme dont le personnage n'est pas tant victime que ça d'ailleurs (pas plus que de l'antisémitisme, si on ne tombe pas dans le piège de voir ce qu'on veut voir, comme une bonne partie de la critique), et sentant cela, le réalisateur, charge au max le personnage de l'entrepreneur, assez bien esquissé au début (management par l'alternance de colère et de complicité condescendante), il vire dans la deuxième partie du film vers une caricature de grand méchant, jusqu'à atteindre le point de non retour qui constitue pour moi la faute morale du film : le viol de l'architecte par le commanditaire. Ou comment faire s'écrouler son film par une métaphore inutile et grotesque, à laquelle on ajoute par la suite une confrontation gênante entre la femme de l'architecte et le violeur lors d'un repas de famille. S'en fut donc fini de l'indulgence que je pouvais avoir envers un film déjà pas très subtil jusque là.

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Bon, c'est assez fidèle à ce que j'imaginais : film d'un gros bourrin gentiment neuneu dont l'univers mental est resté bloqué, culturellement au cinéma de mafia américaine, et affectivement à l'âge de l'adolescence. Ce qui donne un film assez crétin, mais étonnamment pas désagréable à voir, car drôle à ses dépens (le film regorge "d'idées de mise en scène" qui se révèlent souvent calamiteuses), et assez saisissant par son univers décontextualisé, qui n'est ni l'Amérique, ni la France ni même les Hauts-de-France, mais un pot pourris d'influences cinématographiques et musicales assemblées n'importe comment. Tout ça pourrait avoir un coté sympathique sans la complaisance de Lellouche pour son personnage masculin débile et ultra-violent dont on saisit mal comment l'héroïne peut s'éprendre.

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Je ne comprends pas la critique de Sokol sur la dernière scène. Il est assez évident pour moi que le réalisateur ne tente pas de nous faire croire à une fin heureuse pour Souleymane. Il vient de perdre toute chance d'obtenir sa demande d'asile et le spectateur le sait. A part ça, beau film, qui évite pas mal de clichés de ce genre de film "dans l'urgence" : pas de caméra portée à l'épaule pour faussement dynamiser l'action, pas de sur-dramatisation des enjeux, pas de scènes édificatrices moralisante...
Et notons aussi un Paris, notamment nocturne, assez superbement filmé, belle prouesse pour un film filmé sur le vif.
Si je veux chercher la petite bête, je pourrais dire qu'il est facile d'emporter l'adhésion avec un personnage aussi généreux et gentil que Souleymane (la scène où il aide la personne âgée chez elle, aie aie aie). De ce coté là, le film ne prend pas le risque de suivre un personnage moralement douteux ou peu sympathique, de crainte de perdre l'empathie du spectateur, et l'adhésion à la cause.
Tous les acteurs son bons, assez rare pour être souligné.
Merci pour ce que tu dis sur Souleymane, que j'ai revu hier soir et que je partage entièrement. Et si le perso est gentil, c'est parce que le mec l'est dans la vie. Rarement fiction et documentaire ont aussi bien été imbriqués. Et puis le vrai, l'acteur, a réussi a obtenir des papiers grâce au film, et rien que pour ça, le film mérite d'être loué ! J'espère vraiment qu'il va tout rafler aux César vendredi.
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Tyra
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groil_groil a écrit : lun. 24 févr. 2025 11:37
Merci pour ce que tu dis sur Souleymane, que j'ai revu hier soir et que je partage entièrement. Et si le perso est gentil, c'est parce que le mec l'est dans la vie. Rarement fiction et documentaire ont aussi bien été imbriqués. Et puis le vrai, l'acteur, a réussi a obtenir des papiers grâce au film, et rien que pour ça, le film mérite d'être loué ! J'espère vraiment qu'il va tout rafler aux César vendredi.
Je ne savais pas que le film partait d'une base documentaire et s'inspirait de la vie de l'acteur, mais ça semble logique.
Il mériterait un prix d'interprétation dans sa catégorie.

Je ne connais pas du tout ce cinéaste Boris Lojkine qui a fait deux films de fiction avant celui-là. Ils semblent avoir été tous les deux bien accueillis. Quelqu'un les a vus ?
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Tyra
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J'ai oublié de parler de :
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L'inverse d'un Brutalist (et donc d'un film brutaliste), un film qui ne part pas d'une grande ambition politique, mais d'un désir simple de voir des gens s'assoir, poser leur guitare, et chanter leur état d'esprit, état d'esprit qui est aussi l'Amérique contestataire de cette époque. C'est le temps accordé à la musique live, aussi diverse soit-elle (concert en salle, concert de bars, festival, enregistrement radio, enregistrement studio, émission télé, soirée privée) qui donne sa beauté tranquille à ce film modeste, qui a peu de choses à dire, mais beaucoup à montrer.
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Tyra a écrit : lun. 24 févr. 2025 13:31
groil_groil a écrit : lun. 24 févr. 2025 11:37
Merci pour ce que tu dis sur Souleymane, que j'ai revu hier soir et que je partage entièrement. Et si le perso est gentil, c'est parce que le mec l'est dans la vie. Rarement fiction et documentaire ont aussi bien été imbriqués. Et puis le vrai, l'acteur, a réussi a obtenir des papiers grâce au film, et rien que pour ça, le film mérite d'être loué ! J'espère vraiment qu'il va tout rafler aux César vendredi.
Je ne savais pas que le film partait d'une base documentaire et s'inspirait de la vie de l'acteur, mais ça semble logique.
Il mériterait un prix d'interprétation dans sa catégorie.

Je ne connais pas du tout ce cinéaste Boris Lojkine qui a fait deux films de fiction avant celui-là. Ils semblent avoir été tous les deux bien accueillis. Quelqu'un les a vus ?
pas vu non, mais très envie, et les deux semblent aussi avoir un lien très fort avec l'Afrique.
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Tyra a écrit : lun. 24 févr. 2025 11:26
Je ne comprends pas la critique de Sokol sur la dernière scène. Il est assez évident pour moi que le réalisateur ne tente pas de nous faire croire à une fin heureuse pour Souleymane. Il vient de perdre toute chance d'obtenir sa demande d'asile et le spectateur le sait. A part ça, beau film, qui évite pas mal de clichés de ce genre de film "dans l'urgence" : pas de caméra portée à l'épaule pour faussement dynamiser l'action, pas de sur-dramatisation des enjeux, pas de scènes édificatrices moralisante...
Et notons aussi un Paris, notamment nocturne, assez superbement filmé, belle prouesse pour un film filmé sur le vif.
Si je veux chercher la petite bête, je pourrais dire qu'il est facile d'emporter l'adhésion avec un personnage aussi généreux et gentil que Souleymane (la scène où il aide la personne âgée chez elle, aie aie aie). De ce coté là, le film ne prend pas le risque de suivre un personnage moralement douteux ou peu sympathique, de crainte de perdre l'empathie du spectateur, et l'adhésion à la cause.
Tous les acteurs son bons, assez rare pour être souligné.
Je suis navré mais à propos de ce film, j'ai donné... . S'adresser à @B-Lyndon (sérieux !) car il saura peut être mieux t'expliquer pourquoi ce film non seulement n'est pas bon mais il est abject :

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Voilà.
Modifié en dernier par sokol le lun. 24 févr. 2025 16:07, modifié 1 fois.
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Tyra a écrit : lun. 24 févr. 2025 13:31
Je ne savais pas que le film s'inspirait de la vie de l'acteur, mais ça semble logique.
Pas du tout. Abou Sangaré était un sans papier oui, mais il ne faisait pas du tout livreur et ce n'était pas du tout sa vie (celle du film).
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sokol a écrit : lun. 24 févr. 2025 16:04
Tyra a écrit : lun. 24 févr. 2025 13:31
Je ne savais pas que le film s'inspirait de la vie de l'acteur, mais ça semble logique.
Pas du tout. Abou Sangaré était un sans papier oui, mais il ne faisait pas du tout livreur et ce n'était pas du tout sa vie (celle du film).
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groil_groil a écrit : mar. 25 févr. 2025 00:38 Sans papier et mécanicien comme le personnage
oui, je l'ai dit moi-même que l'acteur était un sans papier mais le film n'est pas un docu-fiction tel que "Les filles d'Olfa" ou "Qui à part nous", ou encore "En avant, jeunesse !", "Close-up" etc. : Abou Sangaré a été embauché pour jouer le rôle de Souleymane (et pas pour jouer son propre rôle (Ventura, Ali Sabzian...)
Modifié en dernier par sokol le mar. 25 févr. 2025 11:10, modifié 1 fois.
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sokol a écrit : mar. 25 févr. 2025 09:39
groil_groil a écrit : mar. 25 févr. 2025 00:38 Sans papier et mécanicien comme le personnage
oui, je l'ai dit moi-même que l'acteur était un sans papier mais le film n'est pas un docu-fiction tel que "Les filles d'Olfa" ou "Qui à part nous", ou encore "En avant, jeunesse !", "Close-up" etc. Abou Sangaré a été embauché pour jouer le rôle de Souleymane (et pas pour jouer son propre rôle (Ventura, Ali Sabzian...)
Non le film est une vraie fiction bien sûr, mais avec un fond documentaire très fort (je ne te recite pas Godard hein, pas à toi ;) ), notamment parce que l'acteur comme le personnage sont tous deux mécaniciens et sans papier.
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quelle émotion, quelle joie a été de revoir ce film que je n'avais vu qu'une fois et c'était il y a plus de vingt ans, La Fosse aux serpents (The Snake Pit) d'Anatole Litvak, sorti en 1948 avec une Olivia de Havilland exceptionnelle, pour moi son plus grand rôle même si je dois reconnaître que je ne connais pas toute sa filmographie, elle y joue une jeune femme qui est internée car elle sombre dans la folie et l'amnésie, elle sera suivie par un psychiâtre le docteur Kirk (exceptionnel lui aussi Leo Genn) qui va l'emmener vers la guérison à travers des stades allant des électrochocs à la rédemption en passant par la camisole, la fosse aux serpents au milieu des aliénés incurables. un film magnifique dans lequel Olivia de Havilland montre tout son talent. seul petit souci une séquence pas doublée (peut-être était-elle sous-titrée lors de sa diffusion sur TCM)
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:love2:
Modifié en dernier par Kit le mer. 26 févr. 2025 19:42, modifié 1 fois.
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A une époque très ancienne du forum, j'aurai mis une photo de Francois Bayrou pour illustrer que sur ce film, je me place au milieu (ni fan, ni hater)
Mais cet ordure de Bayrou ne représente plus du tout le centre (l'a-t-il seulement été ? autre débat) ET en plus de cela, j'ai quand même plus aimé que pas aimé. Simplement, j'ai tellement lu et entendu parlé de ce film que j'ai une sensation d'absence de surprise, que je reconnais comme injuste.
La critique récente de Tyria sur cette même page me semble très juste, à vrai dire.
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groil_groil
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Revu avant les César car ma femme ne l'avait pas vu. C'est définitivement un grand film, j'espère qu'il raflera tout vendredi et damera le pion aux deux mastodontes que sont Monte Cristo et l'Amour Ouf. Ce qui est sidérant dans ce film, qui fonctionne toujours aussi bien la seconde fois, ce qui prouve que tout ce qui se joue est une question de mise en scène, et pas de suspense / chantage au spectateur, c'est la permanente tension qui accompagne chacun des plans, même ceux où apparemment il ne se joue pas grand chose, ce qui nous met durant la totalité du film en osmose parfaite avec son personnage, L'autre chose que j'aime tant, c'est l'adéquation entre le personnage et l'acteur, deux sans papiers, deux ex mécaniciens, l'un se bat pour obtenir son titre de séjour, ne l'aura sans doute pas, mais l'acteur l'a obtenu grâce au film ! La réalité est pour une fois meilleure que la fiction, et rien que pour cela le film mérite d'être loué.

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Il y a au milieu du film une scène discrète qui l'air de rien m'apparait comme une scène clé. Laszlo Toth est face à son second, le génial Isaach de Bankolé, l'un des rares acteurs français à faire une vraie carrière aux USA d'ailleurs, qui est avec son fils, alors jeune ado. Bankolé parle de la douleur d'avoir perdu son épouse, et il dit à son fils qu'heureusement c'était il y a si longtemps, il était si petit, qu'il ne s'en souvient pas, et qu'il n'a pas souffert. Le gamin prend alors la parole, et c'est la seule fois qu'il parle de tout le film, et il dit : si, je m'en souviens très bien, mais je ne te l'ai jamais dit, pour t'épargner. Et j'ai vraiment l'impression que c'est Corbet, le réalisateur, qui nous parle et que ce qu'il fait durant les presque 4 heures de ce film magnifique, c'est de nous épargner de tout ce qu'aurait pu être ce film si il s'était laissé aller à la grandiloquence et au démonstratif. Le film s'ouvre sur un retour des camps, mais il nous épargne la Shoah, il nous épargne les longs travellings de souffrance à la Kapo, et ne capitalise pas sur cette tragédie pour générer du pathos. Il nous épargne le biopic convenu en créant un personnage de fiction pure, ne sortant que de son imagination et l'intégrant pourtant parfaitement dans l'Histoire. Depuis combien de temps n'avions nous plus vu un film de cette ampleur et de cette ambition partant d'un scénario 100% original, qui ne soit ni un biopic ni une adaptation de roman ? Cela fait des années je pense. Et surtout, Corbet nous épargne la grandiloquence des films du genre proposant quelque chose de relativement sobre, allant à l'épure à chaque fois qu'il le peut. Pas de grande reconstitution assommante, pas de plans tourbillonnants qui sont là pour cacher le vide, préférant œuvrer par la mise en scène à la création d'un monde interne beaucoup plus riche. Il en va de même pour son personnage, grand architecte qui consacre une grande partie de sa vie à la construction d'un seul et unique bâtiment. Là encore, Corbet nous épargne la trajectoire ascendante puis descendante d'une longue carrière écrite d'avance avec tous les poncifs du genre pour consacrer la quasi totalité de son film sur la construction d'un seul et unique bâtiment, mais quel bâtiment !, avec tout ce que cela met en jeu derrière. Et quand Corbet veut faire du grandiose, il le fait par la mise en scène, par le choix de ses lieux, notamment lors de la sublime scène dans la carrière de marbre bleu à Carrera, l'un des moments les plus beaux et les plus fous du film, où il se fait quasi Pasolinien (beaucoup pensé à Oedipe Roi notamment). Donc c'est un film d'une grande intégrité, ce qui n'enlève rien à son ampleur phénoménale, mais qui est tout sauf toc. Il y a une autre phrase aussi importante dans le film, c'est quand le fils, odieux, de son mécène lui dit : nous vous tolérons. Je ne pense pas comme j'ai pu le lire que cette phrase soit liée à l'antisémitisme du personnage mais je la vois plutôt comme la critique du système de construction de l'état américain. Ce type parle à Toth comme s'il était un étranger, nous vous tolérons, c'est un immigré qui vient de débarquer, mais il oublie qu'il en était un lui aussi, ou son père, ou son grand-père, et que les USA se sont construites en n'étant qu'une succession de couches d'immigrations, et qu'à part les Indiens, tous les Américains sont des immigrés et que chacun est l'immigré de la génération d'avant. Corbet montre ça avec beaucoup de finesse et se rapproche du Cimino de La Porte du Paradis lorsqu'il évoque les tensions et règlements de compte entre différentes communautés. Dans ce film immense, il devait bien y avoir un caillou dans la chaussure, et bien évidemment il s'agit de la scène du viol (je n'en dis pas plus pour les gens n'ayant encore pas vu le film), et oui cette scène est évidemment problématique, oui on s'en serait bien passé, oui elle fait basculer le film dans quelque chose de clinquant et démonstratif, presque un côté petit malin dans le sens où il crée quelque chose d'irrémédiable et qu'il le sait, mais voilà cette scène est là (comme sa scène miroir quelques instants plus tard où la femme se rend chez le mécène pour régler ses comptes, l'une découlant de l'autre), et il faut bien faire avec, on ne peut pas faire comme si on ne l'avait pas vu. J'essaie de comprendre pourquoi Corbet a voulu montrer ça comme ça, pourquoi il ne s'est pas rendu compte que cette scène ne fonctionnait pas avec son film, et je pense qu'il a sciemment voulu créer une rupture, quelque chose de net, de tranché, faisant basculer le film sur un point de non retour. Oui c'est du pur symbolisme, mais on avait déjà tout compris avant. Il ne fait qu'appuyer à un endroit où on avait déjà mal. Mais je me dis que s'il a choisi de le faire (alors qu'on sait tous très bien qu'il aurait l'intelligence de s'en passer), c'est qu'il avait ses raisons. Cette scène me gène, certes, mais ne m'empêche pas d'admirer la beauté de l'ensemble, qui m'a subjugué.

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Magnifique giallo tardif de Lamberto Bava (dont je me rends compte que j'aime tous les films que j'ai vus de lui) avec un scénario génial et original qui tient debout jusqu'à la fin, et servi par une mise en scène géniale et ne cédant jamais à la facilité, tout en citant De Palma à de nombreuses reprises.

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Grosse envie de revoir ce film dans lequel je ne trouve jamais ce que je pensais trouver en le lançant mais qui finit vite par me prendre et me donner envie de le revoir régulièrement. Sautet décrit une France qui n'existe plus, mais dont j'ai de vagues souvenirs d'enfance, et que j'ai plaisir à voir renaitre l'espace d'un instant.

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Vu pour le rattrapage César de vendredi. Toutes les caractéristiques du biopic ampoulé à la Française sont là. C'est lourd, démonstratif et beaucoup trop long (l'ascension du chanteur est interminable). Rahim n'est pas génial, il est dans l'imitation jamais dans l'incarnation. Bouillon est une fois de plus fabuleux en revanche, quel grand acteur. Malgré ça, le film se voit en entier, car il déroule une petite musique qui n'est pas désagréable, la mise en scène bien que tout sauf intéressante est assez fluide. L'autre gros défaut c'est un manque évident de moyens. Les personnages voyagent pas mal, NY, Montréal, etc. et on voit bien que personne n'y est allé. Le film n'est qu'une succession de fonds verts avec des décors panneaux réincrustrés et ça fait pitié. Et dès qu'une scène se déroule dans une rue, même s'il y a quelques efforts de figurants, on fait tout pour couper les perspectives afin de cadrer le moins possible de décors... Bon et sinon quel connard ce Aznavour quand même. Du début à la fin, rien à sauver chez ce sale type.

Et puis j'ai vu plein de films de Marc Hurtado, pas le temps de rentrer dans le détail mais les voici :

Blanche (1996)
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Ciel Terre Ciel (2009)
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Le Saut (2013)
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Saturne (2013)
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Unis (2018)
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Monde (2018)
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The Infinite Mercy Film (2009)
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Saturn Drive Duplex (2011)
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Saturn Drive Duplex Redux (2014)
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Saturn Drive (2016)
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"5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l'époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l'histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité." Oui, j'ai recopié le résumé Allociné, faut pas déconner, j'ai déjà perdu assez de temps avec cette merde. C'est nul à un point que vous n'imaginez pas. Le parti pris du metteur en scène est de ne jamais quitter cette équipe de TV dans son studio, mais vraiment jamais. Le contrechamp n'existe pas, on ne voit donc jamais rien de cette prise d'otage ni du monde extérieur. Cela n'existe pas, et le film se contente de surjouer un drame qui ne nous touchera jamais puisqu'il est annihilé par cette absence flagrante de mise en scène. Nous sommes donc face un petit théâtre cabotin agaçant et sans climax. Car oui, le cinéaste confond cinéma et théâtre, on imagine sans mal son texte retranscrit sur une salle de théâtre sans le moindre changement et cela fonctionnerait pareil. Au secours. Je l'avais connu plus inspiré sur Hell, son premier film, autrement plus convaincant. Au-delà de ça, l'approche est assez condescendante et irrespectueuse, comme lors de cette scène où l'équipe TV apprend que les terroristes se servent de leurs images, qu'ils regardent, pour arriver à leur fin. L'équipe est donc en partie responsable de la réussite de l'attentat, et l'un des gars serre de le bras d'un autre, avec une petite du genre "oh zut alors..." Non mais sérieux ???
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CESAR 2025
Les pronostics :

CÉSAR DE LA MEILLEURE ACTRICE
HAFSIA HERZI dans BORGO

CÉSAR DU MEILLEUR ACTEUR
KARIM LEKLOU dans LE ROMAN DE Jim

CÉSAR DE LA MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
CATHERINE FROT dans MISÉRICORDE

CÉSAR DU MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
BASTIEN BOUILLON dans LE COMTE DE MONTE-CRISTO

CÉSAR DE LA MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE
MALOU KHEBIZI dans DIAMANT BRUT

CÉSAR DE LA MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE
ABOU SANGARE dans L’HISTOIRE DE SOULEYMANE

CÉSAR DU MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL
ALAIN GUIRAUDIE pour MISÉRICORDE

CÉSAR DE LA MEILLEURE ADAPTATION
MATTHIEU DELAPORTE, ALEXANDRE DE LA PATELLIÈRE pour LE COMTE DE MONTE-CRISTO

CÉSAR DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE
CLÉMENT DUCOL, CAMILLE pour EMILIA PÉREZ

CÉSAR DU MEILLEUR SON
CÉDRIC DELOCHE, GWENNOLÉ LE BORGNE, JON GOC, MARC DOISNE pour L’ AMOUR OUF

CÉSAR DE LA MEILLEURE PHOTO
PAUL GUILHAUME pour EMILIA PÉREZ

CÉSAR DU MEILLEUR MONTAGE
SIMON JACQUET pour L’ AMOUR OUF

CÉSAR DES MEILLEURS COSTUMES
THIERRY DELETTRE pour LE COMTE DE MONTE-CRISTO

CÉSAR DES MEILLEURS DÉCORS
STÉPHANE TAILLASSON pour LE COMTE DE MONTE-CRISTO

CÉSAR DES MEILLEURS EFFETS VISUELS
OLIVIER CAUWET pour LE COMTE DE MONTE-CRISTO

CÉSAR DE LA MEILLEURE RÉALISATION
JACQUES AUDIARD pour EMILIA PÉREZ

CÉSAR DU MEILLEUR FILM D’ANIMATION
FLOW, LE CHAT QUI N’AVAIT PLUS PEUR DE L’EAU de GINTS ZILBALODIS

CÉSAR DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE
LA BELLE DE GAZA de YOLANDE ZAUBERMAN

CÉSAR DU MEILLEUR PREMIER FILM
UN P’TIT TRUC EN PLUS d’ARTUS

CÉSAR DU MEILLEUR FILM ÉTRANGER
LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE de MOHAMMAD RASOULOF

CÉSAR DU MEILLEUR FILM
L’HISTOIRE DE SOULEYMANE de BORIS LOJKINE
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Un jeune ado réapparait blessé après avoir mystérieusement disparu. Sa mère essaie en vain de savoir ce qu'il s'est passé. Comme toujours avec le cinéma d'Angela Schanelec, on n'est jamais bien certain de ce qu'on voit, de comprendre le scénario, même dans ses grandes trames tant sa particularité consiste en la confrontations de scènes conçues comme des blocs qui d'apparence ne fonctionnent pas forcément ensemble, sans parler de leur évident côté abscons. Mais il faut faire l'effort de rentrer dans son jeu, de jouer avec ses balles, et la récompense arrive dans une proposition de cinéma d'une grande intelligence et de la plus grande intégrité possible. J'ajout que Schanelec est sans doute l'une des cinéastes actuelles à le mieux cadrer ses plans, proposant des cadrages toujours surprenant et relevant souvent de l'art contemporain. Ce film-là, son dernier long en date, si je ne me trompe pas, est aussi l'un de ses plus réussis.

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L'histoire est folle pour ce petit court-métrage d'animation qui s'est vu cette semaine Césarisé et nommé carrément aux Oscars ! J'en parle parce que le metteur en scène et l'une des deux productrices avaient souhaité que ce soit notre groupe Minizza qui en fasse la musique. Ils avaient découvert notre travail en voyant Le Voyage au Groenland de Sébastien Betbeder, et nous avions été très sensibles à leur approche. Nous avions malheureusement dû refuser à cause de contraintes de délais, mais j'étais curieux de voir le film finalisé (et surtout je ne m'attendais pas à un tel succès). Le résultat final est très proche de la version storyboardé que j'avais vue à l'époque, et un joli film pour enfants qui narre le premier éveil du sentiment amoureux. En revanche, j'ai été surpris de constater le peu de place laissé à la musique dans le résultat final. On en entend très peu. Je ne sais pas si ça aurait été le cas avec notre possible bande-son ou pas, mais en tout cas ça diminue quelque peu les regrets.

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De Mangold, l'un des meilleurs cinéastes d'Hollywood aujourd'hui (oui je défends même son Indiana Jones, génial), j'aimais déjà beaucoup son précédent biopic musical, Walk The Line, consacré à Johnny Cash, notamment parce qu'il racontait par la musique et par les chansons. Pas de storytelling à la con comme on le voit partout, mais une entrée en profondeur dans le coeur des choses, à savoir la musique. C'est de nouveau le cas ici sur ce biopic consacré à une icône vivante et en activité (ce qui est rare) mais dont la légende est déjà suffisamment écrite pour pouvoir s'y atteler, et je dirai même que le curseur est poussé encore plus loin. Il n'y a plus que la musique, plus que les chansons, on en entend plus d'une vingtaine en entier dans le film, toutes magnifiquement interprétées par les acteurs eux-mêmes, comme c'était déjà le cas dans Walk The Line, et j'ai presque envie de dire qu'on se fiche du reste. Rien du biopic conventionnel qu'on voit d'habitude, pas de passé, pas de traumatisme d'enfance, pas de psychologie de bazar, pas d'ascension, déclin, rédemption, au diable toutes ces conventions, Mangold connait tellement bien son sujet, maitrise si bien ce qu'est la musique, qu'il raconte par elle, à travers elle, pour elle. Il est bien évidemment aidé pour cela par des acteurs exceptionnels, à commencer par le bluffant Chalamet qui signe ici son meilleur rôle. C'est dingue, au bout de 3mn, j'ai oublié totalement que c'était Chalamet, c'était Dylan, point. Et sans jamais essayer de le singer, il habite le rôle, tout simplement. Ayant vu Rahim en Aznavour deux jours plus tôt, je peux vous dire que c'est tout l'inverse et que la concurrence est rude. Bref, Un Parfait Inconnu est un chef-d'oeuvre enthousiasmant, et absolument passionnant, qui passe à une vitesse folle ! Je n'ai jamais vu un film passer aussi vite. Le générique tombe après l'un des moments les plus célèbres de la vie de Dylan, soit le passage à l'électrique au festival folk de Newport, qui a fait couler tant d'encre et de salive, et son interprétation magistrale de Like A Rolling Stone, et franchement, quand j'ai vu que le film était fini, j'étais persuadé qu'on en était qu'à la moitié et que j'avais encore une bonne heure de plaisir devant moi. Mais cette petite frustration n'a fait que me donner encore plus envie de le revoir...
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yhi
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Shanelec a fait Music depuis.
Pas vu j'étais a la maison mais... Mais ça me laisse de marbre globalement.
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yhi a écrit : lun. 3 mars 2025 15:48 Shanelec a fait Music depuis.
Pas vu j'étais a la maison mais... Mais ça me laisse de marbre globalement.
ah oui, passé relativement inaperçu non ?
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yhi
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J'aurais plutôt dit l'inverse :D parce que J'étais a la maison a subi le COVID et je crois une sortie tardive ensuite seulement en salle a un moment où tout le monde s'en fichait un peu.
Alors que Music est sorti juste après avoir été auréolé de son ours d'argent à Berlin (mais bon, on reste sur du cinéma très confidentiel dans tous les cas).
C'est d'un rigorisme qui rappelle Straub et Huillet je trouve, avec lequel j'ai beaucoup de mal.
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yhi a écrit : lun. 3 mars 2025 16:42 J'aurais plutôt dit l'inverse :D parce que J'étais a la maison a subi le COVID et je crois une sortie tardive ensuite seulement en salle a un moment où tout le monde s'en fichait un peu.
Alors que Music est sorti juste après avoir été auréolé de son ours d'argent à Berlin (mais bon, on reste sur du cinéma très confidentiel dans tous les cas).
C'est d'un rigorisme qui rappelle Straub et Huillet je trouve, avec lequel j'ai beaucoup de mal.
ah bon pardon, c'est simplement moi qui suis passé à côté alors :D
alors que le précédent m'avait marqué par son titre inspiré d'Ozu.
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sokol
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groil_groil a écrit : lun. 3 mars 2025 14:20 la récompense arrive dans une proposition de cinéma d'une grande intelligence et de la plus grande intégrité possible. J’ajoute que Schanelec est sans doute l'une des cinéastes actuelles à le mieux cadrer ses plans, proposant des cadrages toujours surprenant et relevant souvent de l'art contemporain.
:hello:
Quand je lis ça, je suis un peu jaloux car je n'ai plus vu de film d'elle depuis Nachmittag (2007) or j'adore cette cinéaste. Je n'ai vu ni "Orly" (2010), ni "Le chemin rêvé" (2016) mais je crois qu'un de ces deux n'était pas terrible, si je ne me trompe pas (on en avait parlé ici je crois).
groil_groil a écrit : lun. 3 mars 2025 14:20 Bref, Un Parfait Inconnu est un chef-d’œuvre enthousiasmant, et absolument passionnant, qui passe à une vitesse folle ! Je n'ai jamais vu un film passer aussi vite.
Là par contre je voulais comprendre car, perso, tous les grands films (ou les chefs d’œuvres comme tu dis) m'ont toujours un peu heurté durant le premier visionnage, y compris par exemple les nouveaux films de Hong Sang-soo (un cinéaste que je connais bien pourtant !), comme si je-ne-comprend-pas-tout dès le premier visionnage (d'où, très probablement ma fidélité envers le classement je le reverrais bien un jour / une fois ça suffît :D ). Par contre oui, quand j'avais vu "Shine a Light" de Scorsese (il avait filmé un concert de Rolling Stones), oui, je n'avais pas vu l'heure passée et c'est un documentaire que je peux revoir volontiers (sa mise en scène est remarquable), mais je peux le revoir comme un concert.
Sachant que "Un parfait inconnu" est une fiction, est-ce que celle qu'on appelle communément mise en scène est si remarquable que ça ? Ou ça reste plutôt comme "un concert bien filmé" ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil a écrit : lun. 3 mars 2025 17:20
alors que le précédent m'avait marqué par son titre inspiré d'Ozu.
lequel ?
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit : mar. 4 mars 2025 10:45
groil_groil a écrit : lun. 3 mars 2025 17:20
alors que le précédent m'avait marqué par son titre inspiré d'Ozu.
lequel ?
Et bien justement J'étais à la maison, mais... :envers:
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sokol a écrit : mar. 4 mars 2025 10:43
groil_groil a écrit : lun. 3 mars 2025 14:20 la récompense arrive dans une proposition de cinéma d'une grande intelligence et de la plus grande intégrité possible. J’ajoute que Schanelec est sans doute l'une des cinéastes actuelles à le mieux cadrer ses plans, proposant des cadrages toujours surprenant et relevant souvent de l'art contemporain.
:hello:
Quand je lis ça, je suis un peu jaloux car je n'ai plus vu de film d'elle depuis Nachmittag (2007) or j'adore cette cinéaste. Je n'ai vu ni "Orly" (2010), ni "Le chemin rêvé" (2016) mais je crois qu'un de ces deux n'était pas terrible, si je ne me trompe pas (on en avait parlé ici je crois).
groil_groil a écrit : lun. 3 mars 2025 14:20 Bref, Un Parfait Inconnu est un chef-d’œuvre enthousiasmant, et absolument passionnant, qui passe à une vitesse folle ! Je n'ai jamais vu un film passer aussi vite.
Là par contre je voulais comprendre car, perso, tous les grands films (ou les chefs d’œuvres comme tu dis) m'ont toujours un peu heurté durant le premier visionnage, y compris par exemple les nouveaux films de Hong Sang-soo (un cinéaste que je connais bien pourtant !), comme si je-ne-comprend-pas-tout dès le premier visionnage (d'où, très probablement ma fidélité envers le classement je le reverrais bien un jour / une fois ça suffît :D ). Par contre oui, quand j'avais vu "Shine a Light" de Scorsese (il avait filmé un concert de Rolling Stones), oui, je n'avais pas vu l'heure passée et c'est un documentaire que je peux revoir volontiers (sa mise en scène est remarquable), mais je peux le revoir comme un concert.
Sachant que "Un parfait inconnu" est une fiction, est-ce que celle qu'on appelle communément mise en scène est si remarquable que ça ? Ou ça reste plutôt comme "un concert bien filmé" ?
Je ne sais pas du tout si tu aimeras Un Parfait Inconnu mais c'est tout sauf un concert filmé, c'est un vrai grand film de mise en scène, et qui plus est qui évite tous les pièges du biopic conventionnel. Puisque tu parles d'être heurté par les chefs-d'oeuvre, oui je comprends l'idée, on n'en est pas là, et ce film est loin d'être à la hauteur de ce qu'on appelle communément chef-d'oeuvre, ce n'est ni La Maman et la Putain ni même Apocalypse Now, mais j'aurais du nuancer en disant un chef-d'oeuvre du genre. En tout cas la fluidité que je mets en avant peut aussi être vu comme quelque chose qui m'a heurté, disons que le film est passé si vite que j'ai eu l'impression de n'en voir que la moitié. Et ça m'a donné envie de le revoir pour tenter d'en saisir les mécanismes qui ont provoqué ça chez moi.
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Soderbergh nous refait Paranormal Activity avec 20 ans de retard... mouaifff... à quoi bon ? En même temps le gars est assez virtuose, ce qui fait qu'il arrive à boucler un film sans sortir de sa maison, avec toujours le même procédé technique, assez contraignant puisque ce grand angle permanent, en plus d'être moche visuellement, de donner l'impression de filmer avec son téléphone portable, empêche toute proximité avec les acteurs, et casse l'effet de connivence. L'autre grand souci c'est que les conversations de ces personnages sont globalement inintéressantes, et l'on attend vaguement que quelque chose se passe dans le champ pour réveiller un soupçon d'intérêt. Je dois quand même dire que la fin est très réussie et qu'elle réhausse quelque peu le niveau global du film, donnant un éclairage nouveau à tout l'ensemble et sortant Présence du genre film de fantôme home movie dans lequel on pensait l'enfermer trop vite pour ouvrir sur une perspective plus ambitieuse. Dommage cependant que cela arrive si tard.
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Merci
groil_groil a écrit : mar. 4 mars 2025 11:03 En tout cas la fluidité que je mets en avant peut aussi être vu comme quelque chose qui m'a heurté, disons que le film est passé si vite que j'ai eu l'impression de n'en voir que la moitié. Et ça m'a donné envie de le revoir pour tenter d'en saisir les mécanismes qui ont provoqué ça chez moi.
cela me fait penser à une critique de Emmanuel Burdeau à propos de "La Môme"
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Go, Go, Second Time Virgin
de Keji Wakamatsu a été tourné en 4 jours. Question : est-ce que quelqu'un connait un tournage encore plus court que celui-ci ? Merci
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Narval
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sokol a écrit : mar. 4 mars 2025 16:03 Go, Go, Second Time Virgin[/b] de Keji Wakamatsu a été tourné en 4 jours. Question : est-ce que quelqu'un connait un tournage encore plus court que celui-ci ? Merci
Cela dépend de ce qu'on entend par tournage (si cela inclue les répétitions et tout le travail de préparation sans caméra en amont) et si tu inclues des films en plans séquences.
Par exemple, Victoria (2015) a été tourné en moins d'une nuit (4h revient souvent) et c'est la 3ème prise qui a marché et qui a été conservé.
L'arche russe a été tourné sur une seule journée, après 2 jours de répétitions et 3 prises loupées (ils avaient un accord avec le musée de l'Hermitage pour finir en 3 jours et ils ont tenu).

Sinon dans les exemples qui sont pas en plan séquences connus il y a : La petit boutiques des horreurs de Corman (3 jours).

Mais cela ne m'étonnerait pas que beaucoup de tournages de films moins connus et notamment 100% indépendants, tournés avec très peu de moyens soient encore plus courts (notamment des Wakamatsu mais pas que). Par exemple, je me demande combien de temps a pris Lav Diaz pour tourner son An investigation at night that won't forget, qui fait 1h10 mais semble avoir été tourné sur une seule nuit. Dans la même idée, je suis sûr que Hong Sang soo a déjà dû tourner des films en moins de temps mais je n'ai pas l'impression que beaucoup d'infos sont dispos en ligne à ce sujet.
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cyborg
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Leila et les loups - Hainy Srour - 1984

L'ambition sur laquelle repose le magnifique "Leila et les loups" résonne très fortement avec un film paraissant la même année de l'autre côté du globe, Twenty Years Later d'Eduardo Coutinho : le cinéma comme outil de réparation des imaginaires et des archives manquantes.
Tout débute ici par la visite d'une exposition de photographies sur les luttes palestiniennes au long du XXème siècle par une jeune libanaise vivant à Londres. N'y voyant que des hommes, elle interpelle l'auteur sur l'absence évidente de femmes sur ses images. La réponse sera cinglante : de femmes il n'en a jamais vu car la résistance est une affaire d'hommes.
Tout l'enjeu du film sera de réparer ce biais genré en venant recréer une série de scénettes (dans lesquels se retrouvent dans différents rôles les deux personnages initiaux) narrant des situations de luttes dans lesquels des femmes palestiniennes sont impliquées, allant de la simple intendance à la guérilla armée. Srour opte pour une narration ample et déconstruite voyageant entre les styles et les époques qui lui permet de surcroit de doubler son film d'une autre revendication : la lutte des femmes pour leurs émancipations et leurs droits. Le film devient de la sorte un exemple concret d'intersectionnalité plus de 10 ans avant que le terme ne commence à circuler.
Le militantisme radical de l'autrice ne s'arrête aucunement aux mots et vient s'incarner avec brios dans des idées visuelles fortes, telle ce groupe de femmes voilées sur la plage apparaissant régulièrement au long du film et qui finissent par enlever leurs Niqabs tandis qu'une scène montée en alternance présente un groupe de femmes enlevant les baillons visuels que leurs ont mis leurs geôliers.
Srour fut la première femme arabe à présenter l'un de ses films dans un festival international (Cannes), L'Heure de la libération est arrivée, qu'il me tarde de découvrir. Ce deuxième long-métrage, et malheureusement dernier, est un objet puissant, rare et trop méconnu, joyaux du cinéma militant.

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Film maniériste en diable, Sexcrimes est une relecture des films noirs remis au gout du jour de l'esthétique et vulgarité crasse des 90s américaine. Il est assez amusant à voir que bon nombre de scènes ressemblent à des "hors-champ porno" (comprendre : juste avant ou après la baise) tout en étant fasciné jusqu'à plus soif par Hitchcock, reprenant bon nombre de ses motifs (le motel, le tribunal), de ses concepts-clés (la blonde-la brune, l'observateur-voyeuriste), parfois même ses images-clés (le couteau de psycho transformé en bouteille de champagne) et jusqu'à certains de ses arrangements musicaux.
Mais n'a pas qui veut le génie de De Palma et le film n'aboutit à aucun vertige conceptuel ni véritable plaisir cinématographique. Ce n'est d'ailleurs que par une montagne scénaristique - 5 plot twists à la suite !- que finira par s'en sortir le réalisateur, dont on ne finit par ne plus être très sur qu'il soit bien conscient de l'auto-parodie qu'il délivre.
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sokol a écrit : mar. 4 mars 2025 12:45 Merci
groil_groil a écrit : mar. 4 mars 2025 11:03 En tout cas la fluidité que je mets en avant peut aussi être vu comme quelque chose qui m'a heurté, disons que le film est passé si vite que j'ai eu l'impression de n'en voir que la moitié. Et ça m'a donné envie de le revoir pour tenter d'en saisir les mécanismes qui ont provoqué ça chez moi.
cela me fait penser à une critique de Emmanuel Burdeau à propos de "La Môme"
je trouve ton commentaire insultant :) bonne journée.
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Pour situer, je sais à peine qui est Bridget Jones, et j'avais vaguement tenté de regarder le premier film de 2001, avec consternation. Mais la curiosité et l'idée du personnage ayant vieilli a fait que... Bon, n'y allons pas par 4 chemins, c'est complètement nul, une sorte de naveton qui enchaine les clichés, sans aucun intérêt, et surtout ultra prévisible. Je sauve quelques beaux moments sur la question du deuil, et la présence fantomatique de Colin Firth, deux-trois répliques qui à force de médiocrité finissent par faire sourire, et en parlant de sourire, celui de Renée Zellweger qui vieillit très bien.
Modifié en dernier par groil_groil le mer. 5 mars 2025 11:47, modifié 1 fois.
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Narval a écrit : mar. 4 mars 2025 17:31

Cela dépend de ce qu'on entend par tournage (si cela inclue les répétitions et tout le travail de préparation sans caméra en amont) et si tu inclues des films en plans séquences.
Par exemple, Victoria (2015) a été tourné en moins d'une nuit (4h revient souvent) et c'est la 3ème prise qui a marché et qui a été conservé.
L'arche russe a été tourné sur une seule journée, après 2 jours de répétitions et 3 prises loupées (ils avaient un accord avec le musée de l'Hermitage pour finir en 3 jours et ils ont tenu).

Sinon dans les exemples qui sont pas en plan séquences connus il y a : La petit boutiques des horreurs de Corman (3 jours).

Mais cela ne m'étonnerait pas que beaucoup de tournages de films moins connus et notamment 100% indépendants, tournés avec très peu de moyens soient encore plus courts (notamment des Wakamatsu mais pas que). Par exemple, je me demande combien de temps a pris Lav Diaz pour tourner son An investigation at night that won't forget, qui fait 1h10 mais semble avoir été tourné sur une seule nuit. Dans la même idée, je suis sûr que Hong Sang soo a déjà dû tourner des films en moins de temps mais je n'ai pas l'impression que beaucoup d'infos sont dispos en ligne à ce sujet.
Merci :jap:

Je ne parlais pas forcement des fameux films tournés en un seul plan séquence (oui, j'ai pensé à l'Arche russe que je n'aimas pas trop d’ailleurs). Par contre oui, HSS bat des records concernant la durée du tournage puisqu'il avait tourné Oki's movie en 13 jours et les derniers, je crois en une semaine chacun. Mais comme je trouvais extraordinaire que Wakamatsu a tourné son film en seulement 4 jours (en plus, je l'adore mais je suis hyper fan de ses films en général), je me suis posé la question si d'autres films battent ces records

merci encore !
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sokol
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groil_groil a écrit : mer. 5 mars 2025 09:36
sokol a écrit : mar. 4 mars 2025 12:45 Merci
groil_groil a écrit : mar. 4 mars 2025 11:03 En tout cas la fluidité que je mets en avant peut aussi être vu comme quelque chose qui m'a heurté, disons que le film est passé si vite que j'ai eu l'impression de n'en voir que la moitié. Et ça m'a donné envie de le revoir pour tenter d'en saisir les mécanismes qui ont provoqué ça chez moi.
cela me fait penser à une critique de Emmanuel Burdeau à propos de "La Môme"
je trouve ton commentaire insultant :) bonne journée.
Mais noooon, c'est un malentendu, c'est tout le contraire : tout comme ta réaction par rapport au film en question, Burdeau, à l'époque, se posait la même question vis à vis de "La mome". C'est à dire : il voulait revoir le film pour saisir les mécanismes qui avait provoqué ça chez lui, tout en expliquant que très probablement, cela doit etre propre aux films qui traitent de la musique (d'un.e chanteur.se... ).
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groil_groil
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Je ne pitch pas le film, car ce serait enlever de la surprise à ceux qui vont le découvrir (je l'ai vu sans rien savoir) mais disons que ça pourrait être un croisement entre The Nice House on the Lake pour le décor et la série Real Humans pour le reste. C'est d'ailleurs peut-être la limite du film, car si tu as vu Real Humans, ça te permet d'anticiper pas mal de choses. Le film est bien, marrant, malicieux, et assez surprenant au départ, mais il devient vite victime de son propre postulat. Celui-ci le force à aller dans une forme de surenchère, mais bizarrement il a plutôt tendance à générer une forme de lassitude sur la longueur. Je regrette par exemple qu'il refuse d'aller dans le gore assumé à la manière des films de Coralie Fargeat par exemple. C'est néanmoins un divertissement tout à fait plaisant.

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La déesse agenouillée narre la vie d'un homme dévoré par la passion, l'entrainant lui et sa maitresse dans une spirale de noirceur. Encore un grand mélodrame baroque du mexicain Gavaldon qui n'en finit pas de m'émerveiller.

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Ma Vie Lente - Mein Langsames Leben - Angela Schanelec - 2001

Très beau film de la Bresson allemande Angela Schanelec, qui croise les destins de plusieurs personnages sans qu'aucun n'endosse jamais le premier rôle. Un de ses films les plus réussis, toujours magnifiquement cadré.

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James Whale réalise ici un autoremake de son film Le Baiser devant le Miroir. C'est un bon film, mais moins réussi que l'original toutefois. Je connais peu de cas de cinéastes qui s'autoremakent dans l'histoire du cinéma. Comme ça je pense à Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, ainsi que George Sluizer avec L'Homme qui voulait savoir puis La Disparue, mais c'est tout. Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur.
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groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 17:45
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James Whale réalise ici un autoremake de son film Le Baiser devant le Miroir. C'est un bon film, mais moins réussi que l'original toutefois. Je connais peu de cas de cinéastes qui s'autoremakent dans l'histoire du cinéma. Comme ça je pense à Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, ainsi que George Sluizer avec L'Homme qui voulait savoir puis La Disparue, mais c'est tout. Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur.
https://www.topito.com/top-realisateurs ... pres-films
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groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 17:45
Je connais peu de cas de cinéastes qui s'autoremakent dans l'histoire du cinéma. Comme ça je pense à Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, ainsi que George Sluizer avec L'Homme qui voulait savoir puis La Disparue, mais c'est tout. Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur.
Hideo Nakata a réalisé Le cercle 2, qui est la suite du film Le cercle (qu’il n’a pas réalisé). Sachant que ces deux films sont des remakes des deux films Ring, qu’il a tous deux réalisés.

Le prochain film français de Kiyoshi Kurosawa, La voie du serpent, est un auto-remake de son film, Le chemin du serpent.

Et je ne l’ai pas vue, mais il me semble que Hideaki Anno a fait une sorte d’auto-remake en films de sa série animée Evangelion (cas un peu particulier de ce que j’ai compris).

Bref, je crois que les Japonais sont plutôt coutumiers du fait, ça ne m’étonnerait pas qu’il y ait d’autres exemples. :crazy:
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Kahled a écrit : sam. 8 mars 2025 18:02
groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 17:45
Je connais peu de cas de cinéastes qui s'autoremakent dans l'histoire du cinéma. Comme ça je pense à Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, ainsi que George Sluizer avec L'Homme qui voulait savoir puis La Disparue, mais c'est tout. Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur.
Hideo Nakata a réalisé Le cercle 2, qui est la suite du film Le cercle (qu’il n’a pas réalisé). Sachant que ces deux films sont des remakes des deux films Ring, qu’il a tous deux réalisés.

Le prochain film français de Kiyoshi Kurosawa, La voie du serpent, est un auto-remake de son film, Le chemin du serpent.

Et je ne l’ai pas vue, mais il me semble que Hideaki Anno a fait une sorte d’auto-remake en films de sa série animée Evangelion (cas un peu particulier de ce que j’ai compris).

Bref, je crois que les Japonais sont plutôt coutumiers du fait, ça ne m’étonnerait pas qu’il y ait d’autres exemples. :crazy:
merci :)
en fait y en a plein je viens d'y repenser.
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groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 18:03
Kahled a écrit : sam. 8 mars 2025 18:02
groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 17:45
Je connais peu de cas de cinéastes qui s'autoremakent dans l'histoire du cinéma. Comme ça je pense à Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, ainsi que George Sluizer avec L'Homme qui voulait savoir puis La Disparue, mais c'est tout. Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur.
Hideo Nakata a réalisé Le cercle 2, qui est la suite du film Le cercle (qu’il n’a pas réalisé). Sachant que ces deux films sont des remakes des deux films Ring, qu’il a tous deux réalisés.

Le prochain film français de Kiyoshi Kurosawa, La voie du serpent, est un auto-remake de son film, Le chemin du serpent.

Et je ne l’ai pas vue, mais il me semble que Hideaki Anno a fait une sorte d’auto-remake en films de sa série animée Evangelion (cas un peu particulier de ce que j’ai compris).

Bref, je crois que les Japonais sont plutôt coutumiers du fait, ça ne m’étonnerait pas qu’il y ait d’autres exemples. :crazy:
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groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 18:03
Kahled a écrit : sam. 8 mars 2025 18:02
groil_groil a écrit : sam. 8 mars 2025 17:45
Je connais peu de cas de cinéastes qui s'autoremakent dans l'histoire du cinéma. Comme ça je pense à Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, ainsi que George Sluizer avec L'Homme qui voulait savoir puis La Disparue, mais c'est tout. Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur.
Hideo Nakata a réalisé Le cercle 2, qui est la suite du film Le cercle (qu’il n’a pas réalisé). Sachant que ces deux films sont des remakes des deux films Ring, qu’il a tous deux réalisés.

Le prochain film français de Kiyoshi Kurosawa, La voie du serpent, est un auto-remake de son film, Le chemin du serpent.

Et je ne l’ai pas vue, mais il me semble que Hideaki Anno a fait une sorte d’auto-remake en films de sa série animée Evangelion (cas un peu particulier de ce que j’ai compris).

Bref, je crois que les Japonais sont plutôt coutumiers du fait, ça ne m’étonnerait pas qu’il y ait d’autres exemples. :crazy:
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c'est l'exemple que je connaissais mais il ne m'est pas revenu
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The killer de John Woo récemment :D
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Tamponn Destartinn
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Difficile de parler du film sans parler de deux scènes liées qui interviennent vers la fin, donc SPOILERS.

Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander au nom de quoi ce film mérite son format atypique. 3H45 avec carrément une vraie intermission de 15min à mi-parcours, le tout filmé en VistaVision. Qu'est-ce qui fait que cela n'a pas été une mini-série de luxe HBO en quatre épisodes ? Il me parait évident que Brady Corbet s'identifie à son personnage, Lazslo Toth, qui se bat pour garder les dimensions originales et grandiloquentes de son bâtiment car seul lui sait qu'il s'agit du coeur même de son projet. Donc, dans le film, les personnages du contre-maitre et de l'architecte médiocre extérieur servent de réponse à ma question : c'est être faquin et ne pas percevoir le beau que de l'envisager. Ok. Partons là-dessus. Mais dans ce cas, j'ai rarement vu un aveu de faiblesse aussi énorme que ce qui nous est proposé en guise d'épilogue. Car nous y est révélé, de manière très littérale, que le génie de Laszlo Toth était en vérité d'avoir caché un vrai hommage et témoignage sur la Shoah via cette forme qu'on l'a laissé faire par excentricité, du moment qu'il payait et surtout répondait à la commande initiale (celui d'un bâtiment catholique). Et c'est là où la comparaison entre Corbet et son personnage s'arrête. Parce que pour le coup, on ne peut pas vraiment désigner le réalisateur comme un artiste subtil qui cache son sous-texte ! Tout y est très dit, voire lourdingue. Alors, je ne veux pas être injuste non plus : ça ne m'empêche pas d'aimer certaines choses. Rien que le début, très fort dans son symbolisme, m'a plu : des juifs rescapés de la Shoah entassés dans un bateau, étiquetés avec un numéro... ils sont heureux d'être là, et pourtant les signes que ce n'est pas la fin de leur calvaire sont partout. C'est très dit mais c'est bien dit. Tout ce qui concerne l'antisémitisme post-Shoah est très bien, d'ailleurs. Qui plus est, on ne sait jamais très bien si ce qui gène ces salau.ds est plus le côté juif ou le côté étranger, et c'est un bon point de départ. Enfin, jusqu'à une certaine scène...
Donc, parlons-en : le capitaliste viole l'artiste maudit en position de faiblesse, le tout avec un monologue pour le coup ouvertement antisémite. De ce que je comprends, même les défenseurs du film détestent cette scène. C'est vraiment comme si, dans un roman classique qui se veut niveau Goncourt ou que sais-je, soudainement un paragraphe est surligné au stabilo ! Et le bouquin est neuf, sortant de librairie, donc ça vient de l'auteur. De fait, alors que j'hésitais jusqu'alors, je ne peux pas ne pas voir ce verre d'eau qu'est ce film autrement qu'à moitié vide. En plus, ce n'est pas comme si la scène était isolée. Elle amène la première fin du film, qui est l'avant-dernier clou du cercueil (le dernier étant l'épilogue dont j'ai parlé avant) : la femme de Laszlo vient ouvertement confronter le violeur de son mari. Déjà, c'est dommage, parce que le personnage de cette femme est le plus intéressant de tous, donc ça m'embête de finir sur ça avec elle. Mais ce qui est fou surtout, c'est que c'est pour nous amener à... rien ? J'étais tellement en recherche d'un sens caché et plus malin qu'on ne le croit, que lorsque la scène se met à suivre le point de vue du fils du capitaliste, qui monte les escaliers en appelant son père, j'ai cru qu'on allait finir par le voir s'effondrer en pleurs. C'est à dire que la conclusion serait une révélation, comme quoi ce personnage secondaire qui était le plus détestable de tous (un conn.ard comme son père, mais en plus bourrin et sans culture) s'avèrerait être aussi une victime de son père, silencieux car l'inceste est tabou. Sans que ça ne change quoique ce soit car il restera du côté du capitaliste pour écraser les autres à son tour. Bon ben pas du tout, on le suit juste pour que, narrativement, on justifie une ultime scène au sein du bâtiment inachevé de Laszlo. Mais c'est débile : pourquoi il serait parti là bas ? Pour se suicider ? On ne le saura jamais, on ne verra pas de corps, pour la simple et bonne raison que Corbet lui-même sait que ça n'a pas de sens, donc il évite de conclure là dessus. Mais à ce stade là, j'ai envie dire : t'embêtes pas à trouver une excuse pour filmer ce lieu une dernière fois : vas-y sans personne, sans figurants ou silhouettes à filmer. Ça aurait été mieux pour tout le monde.
Bref. A la question : "une seule scène très raté peut-elle gâcher un film ?", j'ai toujours été du côté du "non". Et je ne change pas d'avis avec ce film-là, car cette idée de viol que beaucoup admettent comme étant une mauvaise idée, pour moi, est révélatrice d'un échec plus global.
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On ne parle pas assez de Delmer Daves, grand réalisateur hollywoodien, qui a surtout brillé pour ses westerns, je pense. Celui-ci, par exemple, est une réussite, notamment par sa mise en scène. Ce constat passe en partie par l'analyse du personnage de Widmark : le film débute alors qu'on le découvre assassin, pourchassé par un shérif, prisonnier, accablé de tous les maux, et pourtant, alors qu'il n'a rien pour l'éclairer, on sait que c'est lui le héros, que c'est ce personnage qui est le "bon" et que tous les autres se trompent. Alors certes, on identifie Widmark en se disant que Daves ne lui a pas confié de rôle négatif (et pourquoi pas après tout ?) mais ce n'est pas que ça, la mise en scène l'éclaire littéralement et alors qu'il est plus bas que terre, trainé dans la poussière derrière un cheval ou attaché à la roue d'une carriole, il est malgré tout le sujet, filmé comme celui qui est capable de tout faire basculer et d'incliner le film en sa faveur. Bien évidemment il y parviendra.

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C'est "le" grand film de l'an dernier que j'avais raté, et je suis heureux de l'avoir rattrapé dans de bonnes conditions, tant celui est même au-dessus de mes attentes. Déjà, je ne m'attendais pas (je ne savais rien de l'oeuvre) à ce qu'il s'agisse d'un film aussi politique que ça. C'est simple ce n'est qu'un film politique. Et féministe. C'est la même chose. Et quel courage. Quand tu penses que Rasoulof passe la moitié de son temps en prison à cause de films que toi tu regardes tranquillement dans ton canapé, ça pousse à réfléchir sur ce que c'est qu'être un artiste engagé. Et sans parler de ses trois actrices qui ont été obligées de fuir leur pays (et passer les montagnes et la frontière à pied) pour éviter la prison, trouvant refuge à Berlin. Car le film, s'inspirant magnifiquement de la révolution Femme Vie Liberté, mouvement de libération iranien de 2022 tué dans l'oeuf par la gouvernement avec une indicible violence (plus de 500 morts de mémoire), est le film le plus engagé, le plus violent, imparable et virulent que j'ai pu voir depuis des années. Mais des bonnes intentions et un bon discours politiques ne suffisent pourtant pas à faire un bon film, ça se saurait. Et c'est là où Rasoulof est parfaitement génial, c'est qu'il inscrit ce coeur politique au sein d'une intrigue familiale fictionnelle, dans laquelle ne niche un père, qu'on croit au départ aimant, mais qui, fraichement nommé juge d'instruction et obligé de lécher les bottes du système, se révèle vite un bourreau et un tortionnaire, y compris avec les membres de sa famille. Sans parler du rôle de la mère, personnage et actrice admirables, qui essaie tant bien que mal de faire le tampon entre l'autorité patriarcale et gouvernementale, et le désir d'émancipation de ses filles. Cette minuscule cellule familiale est une métaphore parfaite du pays, de ce que vit et souffre l'Iran depuis des décennies et dont on échoue de plus en plus à imaginer des solutions. Plus que ça même, le film est aussi une critique du patriarcat nocif et du mal que les hommes, les pères, les maris, peuvent faire aux femmes, et de l'incapacité de la société, parfois des femmes mêmes, à remettre ce pouvoir mal acquis mal exercé en question. Et le film parvient à être aussi brillant dans la sphère politique que dans la sphère intime, ce qui est un exploit suffisamment rare pour être noté, et qui en fait d'emblée un chef-d'oeuvre comme un classique instantané.
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groil_groil a écrit : lun. 10 mars 2025 14:35 Image

On ne parle pas assez de Delmer Daves, grand réalisateur hollywoodien, qui a surtout brillé pour ses westerns, je pense. Celui-ci, par exemple, est une réussite, notamment par sa mise en scène. Ce constat passe en partie par l'analyse du personnage de Widmark : le film débute alors qu'on le découvre assassin, pourchassé par un shérif, prisonnier, accablé de tous les maux, et pourtant, alors qu'il n'a rien pour l'éclairer, on sait que c'est lui le héros, que c'est ce personnage qui est le "bon" et que tous les autres se trompent. Alors certes, on identifie Widmark en se disant que Daves ne lui a pas confié de rôle négatif (et pourquoi pas après tout ?) mais ce n'est pas que ça, la mise en scène l'éclaire littéralement et alors qu'il est plus bas que terre, trainé dans la poussière derrière un cheval ou attaché à la roue d'une carriole, il est malgré tout le sujet, filmé comme celui qui est capable de tout faire basculer et d'incliner le film en sa faveur. Bien évidemment il y parviendra.
moi aussi j'aime ce western (et quelques autres de Delmer Daves)
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cyborg
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Le début de carrière de Pasolini est partagé entre son style néo-réaliste, observateur de la misère romaine, et l'adaptation de mythes originels, réinterprétant les sources de nos imaginaires occidentaux. "Canterburry", semble au croisement de ces deux intérêts : une compilation de contes moyenâgeux partagés par un groupe de pèlerins dans une auberge. N'ayant pas vu les autres volets de la Trilogie de la Vie je ne sais pas si l'auteur s'y fait apparaitre de la même façon, mais le rôle de narrateur-archiviste qu'il s'y donne est bien sur loin d'être anodin, lui qui s'est toujours voulu artiste politique et proche du peuple et de sa vie.

Les nombreuses scénettes ne sont pas toujours très égales (je me demande encore ce que le long hommage à Chaplin vient faire là ?) et mettent toutes en scènes des rapports entre corps (sexualité, nourriture...) et divers degrés de pouvoir (politique, religieux, marchands, populace), soit l''occasion d'un défilé de corps dans tous ses formes, états et fluides. Nous ne sommes que quelques années avant la "biopolitique" de Foucault, et un imaginaire intellectuel commun semble à l’œuvre ici.

Le plus surprenant du film reste l'important travail plastique et le soin apportés aux reconstitutions. Alors que "Œdipe" et autres dénotaient par la simplicité de leurs décors et accessoires, Canterbury lorgne de façon évidente vers la peinture de Brueghel et plus encore de Bosch lors de l'incroyable reconstitution de l'enfer à sa toute fin. Alors que Pasolini est plus généralement raccroché à la littérature il est intéressant de voir apparaitre ici son intérêt pour une autre forme de création.
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cyborg
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Léopard d'or de 2021, Vengeance is mine all others pay cash est un film d'action indonésien avec des vrais scènes de bagarres à l'intérieur. Le twist du film est de rendre centrale une question habituellement éludée : mais d’où vient donc toute cette violence qui anime les personnages, le héros mais aussi sa compagne, dont il tombera amoureux après qu'elle lui ai foutu une raclée bien musclée ? Du sexe, bien sur ! Ou plutôt de l'impuissance et de traumas d'enfances qu'il faudra prendre le temps d'examiner... Vengeance is mine se révèle porté par une énergie toute freudienne et composé par une enquête des personnages sur eux-même et leur vie. La libération vers un futur d'amour ne se fera pas sans un soin du passé... Humour et fantastique viennent enfin parfaire un film déconstruisant les codes des films de genre et de la masculinité toxique gangrénant notre société. Le résultat est aussi surprenant que réjouissant.


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Revenge (The Reed Flute) - Ermek Shinarbaev - 1989

Pour qui désire explorer les champs infinis du cinéma extra-occidental, les restaurations de la World Cinema Foundation sont un guide précieux. Месть (ou La Flute de Roseau en français) ne fait pas exception à la règle, exhumant une pépite de la très intriguante (et, quasi-inconnue), nouvelle vague kazakh.

D'une tortue que l'on suppose se diriger vers la mer pour donner un sens à sa vie, à deux pêcheuses observant l'océan en évoquant l'amour, la mort, le soleil et le vol des oiseaux. Entre les deux, un film et tous les possibles de la vie, de ses hésitations, de ses contraintes, de ses choix, de ses souffrances : la "flute de roseau" du titre n'est rien d'autre que l'existence, et l'air imprévisible qu'elle nous joue.

En 7 chapitres-contes et un prologue, nous passons d'une reconstitution médiévale à une scierie soviétique, suivant une vengeance filiale devenue raison d'être, par la rencontre de personnages énigmatiques et l'évocation d'une page méconnue de l'histoire (le déplacement des populations coréennes en URSS à l'orée de la WW2). La création de Shinarbaev (et de son scénariste Anatoli Kim) surprend par son évidente simplicité et par sa fluidité. Voyageant à travers les époques et les relations, les êtres et les lieux, le film devient peu à peu une fable poétique et métaphysique sur l'existence toute entière et notre place sur terre. Alors que le style pourrait à priori paraitre grossier c'est une impression d’immense finesse et fragilité qui apparait peu à peu, parsemé d'images envoutantes comme peu d'auteurs savent en concevoir.
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yhi
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Si tu as aimé le film d'Edwin, je te recommande chaudement ses deux premiers longs métrages qui m'avaient beaucoup plu. Il me reste notamment une scène de badminton en tête qui fait partie de ses images de cinéma qui restent sans que tu ne saches trop pourquoi celles-là.
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