Film SF, Fantastique, film d'Horreur et Giallo

Partagez en toute liberté sur ce forum les derniers potins en date concernant vos stars préférées ou détestées.
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Alice au Pays des Merveilles, film fantastique de Tim BURTON (Alice in Wonderland, USA, 2010), sur un scénario de Linda WOOLVERTON d'après l'œuvre de Lewis CAROLL, avec Mia WASIKOWSKA, Johny DEPP, Helena BONHAM CARTER, Ann HATTAWAY, Crispin GLOVER, Marton CSOKAS, Tom PIGOT-SMITH, Lindsay DUNCAN, Geraldine JAMES...

Des années après avoir été entraîné dans le Pays des Merveilles et s'en être échappée, Alice se retrouve à nouveau entraînée dans ce monde parallèle et y retrouve ses étranges et souvent inquiétants habitants...

Un film que j'étais allé voir à sa sortie avec de bons espoirs, j'en avais été un peu douché.
Au départ, le film roule comme un bon Burton, l'idée de faire une suite (et non un des remakes “live” dont Disney nous a abreuvés depuis) était bonne, avec une Alice adulte et mûre, ce qui apportait un nouvel éclairage. On y retrouve les thèmes anti-conformistes burtoniens, avec une personnalité réprimée dans une société étouffante, qui trouve sa libération dans un ailleurs décalé. Les monstres symbolisent ce refoulé, dans ce monde ils sont la norme. Burton nage comme un poisson dans l'eau dans ce type de retournement. Johnny Depp livre à mes yeux un bon numéro en Chapelier Fou. Burton réussit presque à nous faire apprécier la Reine Rouge, qui de méchante apparente au début, se révèle un monstre pathétique. La description du Pays des Merveilles est bien parfois un peu exubérante, mais le plaisir visuel domine, bie qu'on puisse regretter le trop grand recours aux images de synthèse (même si on peut considérer qu'elles sont l'équivalent des intégrations de personnages dessinés de films comme Mary Poppins).
Et puis patatras. Le film sombre dans le pseudo-Narnia, et surtout dans un manichéisme et un simplisme de mauvais aloi, avec châtiment chrétien bondieusard. En opposition autant avec le reste du film qu'avec Lewis Caroll et ce qu'on connaît habituellement du cinéaste. Le retour d'Alice retrouve l'impertinence burtonienne typique. Mais à ce moment, le plaisir n'est plus. Ce qui avait alors relancé la polémique sur la perte d'originalité de Burton, qui se serait "vendu". Polémique très agaçante, c'est vrai, mais il était difficile d'y couper, la suite n'ayant guère calmé les choses.
La planète des Singes était sans doute son film le moins personnel, où on reconnaissait peu sa patte. Mais je trouvais déjà l'antérieur Sleepy Hollow comme un peu creux, quoique très agréable. Ensuite, si Big Fish était une œuvre de commande, un peu conformiste bien que dotée de sa fameuse touche, dans Charlie et la Chocolaterie et Les Noces Funèbres on retrouvait le Burton iconoclaste que l'on connaissait. Alors, certes Alice au Pays des Merveilles a confirmé que Burton était devenu plus porté aux compromis qu'avant. Mais sans qu'il y ait eu d'exhaustive sur les dix années précédentes, ni depuis d'ailleurs (mais ce serait entrer là dans un autre sujet, trop long). Ce long-métrage a aussi à mes yeux montré que Burton avait pris l'habitude de trop se reposer sur un environnement artistique personnel trop stable, avec notamment trop d'acteurs habitués, dont évidemment Johnny Depp et Helena Bonham Carter, au point de tourner en rond. Suggérant qu'il avait besoin de sortir de cette zone de confort, même si sont talent de réalisateur était toujours là et bien là.
12/20
Modifié en dernier par aureliagreen le ven. 3 janv. 2025 15:39, modifié 2 fois.
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Un amour d'hiver, film fantastique écrit et réalisé par Akiva GOLDSMAN (Winter's Tale, USA, 2014), d'après le roman de Mark HELPRIN, avec Colin FARELL, Jessica BROWN FINDLAY, Russel CROWE, Jennifer CONNELLY, Kevin CORRIGAN, Alan DOYLE, Micheal CRANE, Brian HUTCHISON...

Vers le début du XXème siècle, à New York, Peter Lake, un cambrioleur (C. Farell), tombe amoureux d'une riche héritière, Beverley Penn (J. Brown Findlay), qui meurt dans es bras. Pouvant se réincarner, il tente de la sauver, grâce à l'aide notamment d'un animal fabuleux, mais se heurte au ténébreux Pearly Soames (R. Crowe)...

Un film de Noël typique, mais malheureusement assez décevant, ce qui est dommage car il était prometteur, étant adapté d'un roman de fantaisie connu et semble-t'il assez profond, et doté d'une belle brochette d'acteurs. La faute à une réalisation qui ne parvient jamais à capter l'âme du récit, le scénario cherchant lui à se reposer sur un sentiment de magie et de féérie omniprésent mais qui ne parvient jamais à émerger. Étant un film pour les fêtes de fin d'année, il était inévitable qu'il cherche à se baser sur une telle ambiance, mais en fait de féérie, tout cela reste bien léger et superficiel. Ainsi Beverley Penn est-elle sensé être atteinte de la tuberculose en dernière phase, mais on le ressent pas du tout. Il y a aussi des maladresses au niveau de l'histoire, on a voulu placer la partie moderne en 2014, année de la sortie bien sûr, pratique paresseuse trop fréquente, et ce qui fait que Willa aurait environ 106 ans ! Du côté des interprètes à l'exception de Russell Crowe, qui surjoue un peu d'une façon bien à lui, aucun ne laisse de prestation vraiment marquante, même pas une Jennifer Connelly devenue trop habituée des rôles de mère sans envergure particulière. Mais dans l'ensemble, la faute de cette tiédeur générale repose sans doute sur un manque d'entrain impulsé par le réalisateur. Probablement la raison en est-elle simple : Akiva Goldsman, dont c'était le premier travail à la réalisation, est un aussi mauvais directeur que producteur ou scénariste. Ce film pourra cependant plaire aux enfants.

9/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Jurassic World, film de science-fiction de Colin TREVORROW (USA, 2015), sur un scénario de Rick JAFFA, Ambda SILVER et Colin TREVORROW, avec Chris PRATT, Bryce Dallas HOWARD, Ty SIMPKINS, Judy GREER, Irrfan KHAN, Vincent D'ONOFRIO, Nick ROBINSON, Jake JOHNSON, Omar SY, B. D. WONG, Lauren LAPKUS, Brian TEE, Katie McGRATH...

Des années après le désastre qui avait frappé le Jurassic Park expérimental, celui-ci ouvre enfin, mais sous le nom de Jurassic World, et remporte immédiatement un immense succès. Claire Dearing (B. D. Howard), une des responsables de l'attraction, invite deux de ses neveux à venir le visiter. Tout semble pour le mieux, en dépit des multiples dangers d'un parc peuplé d'animaux antédiluviens redoutables. Mais un dinosaure hybride spécialement créé par génie génétique va jouer le rôle de grain de sable dans la belle mécanique...

Quatorze ans après la dernière livrée de la première trilogie, en fait de résurrection de la franchise (oui, franchise plutôt que saga, car l'ambition est vraiment nettement commerciale), on a droit à une bouillie assez indigeste...
Les personnages sont très clichés, la dirigeante est une parfaite technocrate workaholic qui n'a pas trouvé le temps de voir ses neveux en sept ans, les enfants sont certes moins tête-à-claques que dans le premier film, mais ils le compensent en étant banals et peu intéressants, Hoskins est une caricature ambulante, le nouveau propriétaire du parc est un Hammond indianisé baba cool qui ne veut pas faire de mal à ses dinos etc... Et l'histoire est caractérisée par l'enchaînement des invraisemblances de situation (Claire qui court en talons hauts dans la jungle, l'évasion de l'hybride, où les employés du parc apparaissent franchement comme des débiles mentaux, Masrani qui mène la charge en hélicoptère contre l'hybride, les raptors qui surgissent dans la salle de contrôle juste quand Hoskins en a pris les commandes..., la série de coups du sort qui mène à la pénétration de la volière, au bord du comique etc...). Incroyablement les soldats du parc ne sont toujours pas équipés d'armes lourdes, uniquement du non-létal ! Ah oui, il y a bien une mitrailleuse 12.7, mais qui est maniée par un ancien militaire qui raterait une vache dans un couloir (inutile de se demander comment le gouvernement costa-ricain a-t'il bien pu autoriser une telle situation, après le fiasco du premier).

Et il vient s'y marier cette saveur de pop-corn de tous les instants... Le film n'arrive pas à se démarquer de l'ambiance du parc d'attraction qui fournit le cadre de son scénario. On se demande bien sûr s'il n'y a pas une volonté de mise en abîme à but critique, qui serait exprimée par le changement parallèle du nom du parc et du titre du film pour des buts commerciaux à la fois dans le récit et dans la vie réelle. Seulement le film vit beaucoup trop en harmonie, pour ne pas dire en symbiose avec son ambiance de fête foraine pour qu'aucune vraie distanciation à l'encontre de la société du spectacle puisse être ressentie par cet angle. Ce qui l'est, en fait, c'est cette sensation de nivellement, jusqu'à plonger dans le vulgaire.

Quant aux dinosaures, que dire ? Dans l'ensemble, ils font aussi faux que l'hybride, et définitivement réduits à l'image de monstres de foire génétiquement modifiés, et sélectionnés pour ressembler à la vision classique qu'en avait le public, ce qui il est vrai résout par le vide tous les problèmes d'authenticité paléontologique (comme le Dr Wu l'établit enfin au détour d'un dialogue ; il faut reconnaître là un des rares mérites du film, d'avoir levé toute incertitude à ce sujet). Mais tout leur intérêt se retrouve ainsi réduit à celui d'attraction de fête foraine, et pire de jouets pour enfants. Les quelques mises en garde de Owen et Barry sur leur nature d'êtres biologiques ne parviennent pas à corriger le tir. Comme dans le 3, le scénario nous offre comme premier dinosaure vivant complet un oiseau, mais la référence tombe à l'eau. Et les quelques dinosaures animés image par image aperçus sur un écran de télévision (semble-t'il Le monde des animaux, animés par Ray Harryhausen) peu après, peut-être dans le but d'illustrer combien nos conceptions évoluent et sont le produit de nos incertitudes du moment (ou plus simplement parce qu'ils représentent ces dinosaures bien rétros auxquels les gens du parc veulent voir les leurs ressembler), desservent plutôt le propos des scénaristes, car au fond, ils apparaissent plus authentiques, moins formatés que ceux que l'on voit plus tard (même si malheureusement, le public ne le percevra pas forcément ainsi). À ce titre, mention spéciale à ce dimorphodon que Zdeněk Burian aurait considéré comme dépassé, un vrai dragon volant d'antan...

Et les références au premier film... Ah ça c'est sûr qu'on y a droit de tous les côtés, on nous en gave à tout coin de pellicule jusqu'à plus soif, pour ne pas dire jusqu'au dégoût, même jusqu'à tenir lieu par moments de substance au film. Le réveil de la force n'hésite pas à verser dans le ridicule en la matière à force de semer des références un peu forcées de tous les côtés, mais là Jurassic World réussit le tour de force de le laisser dans les starting-blocks ! Contrairement à ce que dit le dicton, abondance de biens peut nuire, les références c'est bien, mais quand il y en a trop elles aboutissent à vider le film de son sens.
Cela se poursuit jusque dans le final où on nous sert la situation en miroir de la fin du 1 avec l'indomimus qui remplace le tyrannosaure contre les raptors cette fois du « bon » côté ; et pour conclure un combat de dinosaures à la sauce Michael Bay, avec un ultra-fanserviciesque duo entre le tyrannosaure miraculeusement conservé du 1 et le raptor restant contre l'hybride, et coup de grâce le mosasaure très serviable qui sort de l'eau juste pour donner un coup de main au duo et avaler l'hybride . On nous aura même fait le coup du tyrannosaure qui passe à travers le squelette du spinosaure, histoire de nous donner cette infiniment dispensable revanche sur le combat du 3 que les fans immatures appelaient de leurs vœux.

Disons le franchement, la franchise a été marquée dès ses débuts par la volonté de donner dans le spectaculaire, ce qui dans le cinéma moderne veut trop souvent dire en mettre plein la vue. Ce quatrième volet verse définitivement dans cette tendance à la surenchère michaelbayesque. Il a certes quelques qualités, une réalisation qui est assez bonne, du moins dans les moments d'action ou sinon de tension ; ce qui avait même paru à certains suffisant pour envisager de choisir Trevorrow pour l'épisode IX de Star Wars, ce qui il est vrai avait fait long feu (d'autant qu'il paraissait moins à l'aise dans les scènes d'interactions ordinaires – encore que la vacuité de leur contenu, liée au scénario, ne permettait pas toujours d'établir quelle part lui revient dans leur faiblesse). Et quelques acteurs s'en sortent bien, Bryce Dallas Howard en cadre supérieure à côté de ses pompes (mais pourquoi s'est-elle égarée là-dedans ?) et Chris Pratt en chasseur-dresseur en dépit des clichés qui lui sont attachés, qui nous donne peut-être la meilleure scène avec le sauvetage de l'employé tombé dans l'enclos aux raptors. Quelques autres donnent cependant dans le cabotinage, à l'image de D'Onofrio d'habitude si mesuré, ou Jake Johnson. Mais ces rares qualités ne peuvent pas sauver l'ensemble ; malheureusement, son succès ayant été colossal, la « saga » a pu continuer pour deux épisodes supplémentaires (qui ont eu d'ailleurs du mal à corriger le tir) dans le sillon qu'il a alors tracé.
7/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Unfriended, film fantastique de Levan GABRIADZE (USA-Russie, 2014), sur un scénario de Nelson GREAVES, avec Hetaher SOSSAMAN, Matthew BOHRER, Courtney HALVERSON, Shelley HENNIG, Moses STORM, Will PELTZ, Renee OLSTEAD, Jacob WYSOCKI, Mickey MOUSE, Cal BARNES...

Un groupe de blogueurs ultra-branchés, qui a perdu récemment une de ses membres, se retrouve harcelé par un mystérieux intervenant, qui démontre de plus en plus d'agressivité, en lien avec le décès susmentionné, osant utiliser le compte de leur ami décédé, et pire, semble même s'attaquer physiquement à ces amis blogueurs, après avoir dévoilé certains de leurs méfaits.

Gabriadze livre un exercice de style sur le sujet des hantises sur internet, jouant des possibilités immenses que même le cadre apparemment exigu et renfermé d'un groupe de discussion peut offrir. Tout le film est filmé comme un huis-clos, autour des six membres de ce groupe, toujours vus par le biais des écrans, l'intrigue avançant par saut d'une page ou d'une vidéo à une autre. C'est en quelque sorte un film de la génération internet par excellence, abordant les vastes espaces des relations en ligne sous plusieurs angles. Il commence comme une histoire de harcèlement numérique, avant d'obliquer donc vers une affaire d'intervention d'outre-tombe, en jouant sur l'ambiguïté de la menace, ambiguïté parfaitement adaptée au cadre virtuel du récit, et de revenir vers la fin vers une affaire d'humiliation vidéo scabreuse. Tous les membres du groupe de tchate sont des intervenants très au fait des techniques de communication, se mouvant dans la Toile comme des poissons dans l'eau, maîtrisant pleinement chargements d'applications et recherches de données. Des membres typiques de cette génération, donc. Mais au fur et à mesure que l'intrigue avance, ils s'en révèlent typiques aussi par leur fatuité, leur suffisance, leur égoïsme et leur narcissisme, leur absence de limite et de moralité... Tandis que l'entité est toute aussi à l'aise pour se glisser dans ce cadre à la fois générateur de liberté d'action et d'une grande opacité, pouvant ainsi étendre ses tentacules tout en cachant sa vraie nature, les victimes pensant naturellement avoir affaire à un harceleur doué mais tout-à-fait ordinaire.

Si la réalisation est sans grand génie, scénariste et réalisateur parviennent à faire monter l'angoisse en jouant sur ces incertitudes, qui facilitent le travail de suggestion ; l'horreur brute étant ainsi principalement suggérée, les quelques scènes commençant à tourner vers le gore étant interrompues avant qu'on en voie trop. Mais le vrai but est bien de mettre à nu les pratiques égocentriques des youtubers et tchatteurs. Ce film, bien qu'empli d'acteurs et actrices du milieu des films fantastiques, ne plaira pas à l'amateur de gore, et sans doute guère plus au navigateur en ligne moyen, qui n'appréciera pas de se reconnaître ou d'être assimilé(e) à ces pratiques, mais sinon, on peut trouver son compte à ce jeu aussi subtil que brutal de démolition en règle.

13/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Men, film d'horreur écrit et réalisé par Alex GARLAND (Royaume-Uni/USA, 2022), avec Jessie BUCKLEY, Rory KINNEAR, Paapa ESSIEDU, Gayle RANKIN, Sarah TWOMEY...

Harper (J Buckley), une jeune femme devenue récemment veuve suite au décès de son époux James (P. Essiedu) par suicide, tourmentée et inconsolable, essaie d'échapper aux souvenirs douloureux de sa vie précédente en se ressourçant à la campagne, et trouve refuge dans un superbe manoir ancien. Mais elle fait une curieuse rencontre avec un homme apparemment dérangé, qui semble la poursuivre. L'appel à la police se finissant de façon déconcertante lorsqu'elle relâche l'étrange individu avec une justification surréaliste, ses angoisses reprennent le dessus...

Avec Men Alex Garland livre un film d'horreur inhabituel par son point de vue en cette époque. Sa construction n'est en rien inédite, il tient de long-métrages comme The lighthouse et Terre maudite, et surtout Mother, le film le plus proche par sa représentation des choses, qui jouent sur l'incertitude quant à la réalité des événements vécus par le personnage principal Harper (Jessie Buckley est remarquable), de façon croissante car au départ il est certain qu'elle est réellement confrontée à des incidents bizarres, lorsqu'elle rencontre le clochard nu et inquiétant dans les bois ; mais ensuite, après une montée d'angoisse vraiment prégnante lorsqu'elle se retrouve seule et vulnérable dans sa maison de campagne où elle espérait retrouver le calme (très bonne réalisation de Garland, utilisant certains procédés déjà vus mais souvent oubliés ces dernières années), elle subit un vrai déchaînement d'apparitions et agressions (ou d'hallucinations...), qui nous amène à douter de la vraie nature de ce qui se passe vraiment. Une violence narrative et graphique qui rappelle en effet nettement Mother, et qui tranche avec les chapitres précédents du film, jouant eux sur une angoisse diffuse.

D'autant que le récit tourne autour de la tentative de la victime de surmonter un traumatisme violent, celui de la perte de son mari suite à son suicide, suicide dont elle a des raisons de se sentir en partie responsable. Et qui résulte en une grande fragilité psychologique. Du point de vue d'une interprétation au premier degré des événements du film, on ne peut guère trancher si elle est victime d'une crise de panique, déclenchée par son état émotionnel, rendu encore plus aigu par la rencontre incongrue (mais pouvant se cantonner au domaine de l'insolite et ne rien avoir de paranormal) avec ce vagabond un peu dérangé (qui ne peut en effet que faire ressortir les problèmes qu'elle doit ressentir dans toute relation avec les hommes depuis ce drame), ou si cet état fragile a attiré des forces surnaturelles profitant de sa vulnérabilité. Cependant, la spécificité de ce long-métrage n'est pas là : elle est qu'en cette période post-MeToo, il met en scène une femme qui sort d'une relation difficile avec son mari décédé, de qui elle a subi une fois seulement de la violence physique, et seulement après l'avoir poussé à bout, lui ayant infligé une situation relevant d'une forme de harcèlement psychologique. Son désarroi d'alors venant apparemment seulement de ce qu'elle n'arrivait pas à faire face aux problèmes psychologiques de son époux. Toute l'épreuve, vraiment effrayante, qu'elle subit dans cette maison retirée, au versant symbolique apparent, s'apparentant à un processus de guérison de ce sentiment de culpabilité d'avoir entraîné la mort de ce dernier par ses défaillances morales.

Ce film, donc, est réellement terrifiant. Après, en raison tant de sa construction (reposant sur le symbolisme) que de son thème et de son approche, en contrepied du mouvement MeToo, qui lui donnent un caractère très tranché voire provocateur, beaucoup le verront comme à prendre ou à laisser, et ce même si l'approche symbolique marquée (trop, pour certains) pourrait avoir été choisie pour éviter de choquer trop frontalement.
15/20
Modifié en dernier par aureliagreen le mer. 12 mars 2025 20:32, modifié 1 fois.
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Samhain, film fantastique de et avec Kate DOLAN (You are not my mother, Irlande, 2021), avec Hazel DOUPE, Carolyn BRACKEN, Ingrid CRAIGIE, Jordanne JONES, Paul REID, Katie WHITE, Florence ADEBAMBO, Aoife SPRATT, Martin O'SULLIVAN, Clara GREENE...

Dans un rapide flashback, très cryptique, on voit Rita Delaney (I. Craigie) emmener sa petite-fille Charlotte ("Char" – H. Doupe) dans les bois, tandis que la mère de cette dernière, Angela (C. Bracken), proteste. Des années plus tard, on retrouve Char adolescente, vivant avec sa mère et sa grand-mère dans une maison pauvre du nord de Dublin. La maisonnée est dysfonctionnelle, Angela est dépressive, et si Char suit une école catholique et se montre une élève douée, elle a des problèmes avec ses camarades qui la traitent comme une inférieure. Un jour, la voiture d'Angela est retrouvée vide, son occupante disparue ; elle réapparaît quelques jours plus tard, curieusement changée, ne se montrant plus dépressive. Inquiète par certains nouveaux comportements de sa mère, Char décide d'enquêter sur ce qui lui est arrivé durant sza disparition,et fait appel à une de ses collègues de classe hostiles, Suzanne. Elle découvre des éléments étranges dans le passé de sa famille...

Samhain est un de ces films fantastiques irlandais dans la lignée de The hole in the ground et The hallow, qui reprennent de vieux thèmes de la mythologie féérique (au premier plan desquels encore et toujours le changelin), placés dans un contexte moderne réaliste et terre-à-terre, tout en les inscrivant habilement dans les contexte des célébrations annuelles de Halloween, à l'origine Samhain, et de la découverte par les protagonistes de ses anciennes racines dans le cadre d'activités para-scolaires. Les acteurs, tous locaux sont très sobres et sans fioriture, à l'image du récit, sis dans un cadre morne et banal, propice à l'agrémenter de diverses paraboles sociales. Parmi ces diverses métaphores, on pourra en discerner d'assez manifestes sur la possession comme symbole de la dépression, ou comme parallèle avec la déviance de certaines adolescentes, qui sont au final encore plus effrayantes que le simulacre qui pourchasse la principale protagoniste. Commençant comme un drame familial, brassant intelligemment ses thèmes sociaux mais au ton qui pourra paraître quelque peu rébarbatif à l'amateur de film fantastique, puis évoluant vers le film d'angoisse, ce long-métrage finit comme un vrai film d'horreur (Carolyn Bracken se révélant très forte pour gérer les métamorphoses de son personnage), mais se permet de terminer d'une façon un peu inattendue sur une note d'optimisme, relevant le ton très gris du film jusque là.
13/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Cocaine Bear, film d'horreur et comédie dramatique d'Elizabeth BANKS (USA/Irlande/Royaume-Uni, 2023), sur un scénario de Jimmy WARDEN, avec Kerri RUSSELL, Alden EHRENREICH, O'Shea JACKSON Jr, Ray LIOTTA, Isiah WHITLOCK Jr, Brooklynn PRINCE, Christian CONVERY...

Une cargaison de drogue transportée par avions est perdue par son pilote, et un ours noir en avale une grande partie. Ce qui va causer de graves problèmes tant au voisinage qu'aux trafiquants qui vont essayer de la récupérer.

À la différence du contemporain Beshentsvo, que j'avais vu quasiment au même moment, ce film d'ours fou, vaguement inspiré d'un fait divers de 1985, joue ouvertement la carte de la comédie dramatique. Le comportement du carnassier plantigrade alterne ainsi entre horreur brute, très premier degré, et comique de situation, et ses performances sont complètement irréalistes, tenant franchement du dessin animé de Tex Avery. Les relations entre les autres plantigrades (autrement appelés les humains) relèvent aussi d'un mélange de gravité et de légèreté, jouant sur le contraste entre une situation mettant en scène des criminels et policiers qui doivent résoudre un problème délicat et une mère de famille à la recherche d'enfants disparus, et leur caractère de bras cassés en général à côté de la plaque. Générant là encore comiques de situation à foison. La satire d'horreur est un genre très difficile, et Elizabeth Banks se sort plutôt bien de l'exercice, en surfant sur les invraisemblances amenées là à dessein. On appréciera Keri Russell pour sa prestation à contre-emploi, Alden Ehrenreich dans la lignée de celle de Avé, César !, et une pensée pour Ray Liotta dans un de ses derniers rôles, en trafiquant cave.

14/20
Modifié en dernier par aureliagreen le mer. 12 mars 2025 20:31, modifié 1 fois.
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Honeydew, film d'horreur de Devereux MILBURN (USA, 2020), sur un scénario de Dan KENNEDY et Devereux MILBURN, avec Barbara KINGSLEY, Stephen D'AMBROSE, Sawyer SPIELBERG, Malin BARR, William AYEDELOTT, Lenah DUNHAM...

Dans une campagne reculée, en plein cœur des USA, un couple cherche son chemin, et trouve refuge pour la nuit auprès d'un vieux fermier et de son fils attardé, mais sont peu après victimes d'hallucinations étranges...

On commence à avoir l'habitude de voir des films d'horreur qui doivent se terminer mal (et je m'attendais à ce que ce soient les psychos de service qui gagnent), néanmoins ce "piège à miel" est un sacré choc à la vision. L'histoire n'est certes pas si surprenante, empruntant à La colline a des yeux et à tant d'autres de ses démarquages. Et le traitement, commençant sur un accompagnement musical haché, et un ton franchement décalé (donnant l'impression qu'on va avoir droit à une satire, les choses se "normalisant" peu à peu, au fur et à mesure que l'intrigue proprement horrifique se met en place) peut désorienter, voire irriter. Mais une fois bien en place, cette histoire d'horreur "esclavagiste" en huis-clos devient vraiment très éprouvante, tout en préservant un aspect décalé, proche d'un film britannique. Notamment par des piques bien placées, tant contre l'intégrisme que contre le boboïsme. On peut par exemple s'étonner de l'imprévoyance des deux randonneurs, qui auraient du s'étonner de ce que la dénommée Karen ignore l'existence de Eulis, dans ce milieu campagnard où tout le monde est sensé connaître ses voisins ; mais sans doute dans l'esprit des scénaristes, sont-ils tout simplement deux bobos citadins qui ignorent tout de la vie en milieu rural.

13/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Smile , film d'horreur écrit et réalisé par Parker FINN (USA, 2022), avec Sosie BACON, Jessie T. USHER, Kyle GALLNER, Robin WEIGERT, Caitlin STASEY, Kal PENN, Rob MORGAN, Gillian ZINSER...

La doctoresse Rose Cotter (S. Beacon) est une psychiatre qui tente de son mieux de venir en aide à des patients vulnérables , après avoir elle-même passé des années à se remettre de profonds traumatismes issus de son enfance. Elle se retrouve face à un cas troublant, celui de Laura Weaver (C. Stasey), une patiente qui se prétend poursuivie par une entité paranormale qui essaie de prendre le contrôle d'elle, voire la pousserait à se suicider pour prendre ensuite possession d'une autre personne. Cas qu'elle essaie, le plus naturellement du monde, de traiter comme relevant de graves hallucinations et troubles mentaux. Mais elle se met à son tour à avoir des sensations étranges, et des visions d'une entité au sourire provocant et inquiétant, comme Weaver. Elle se demande alors si cette affaire n'a pas fait ressortir les troubles dont elle souffrait elle-même...

Si l'intrigue reprend des thèmes déjà connus, notamment la malédiction itinérante, l'entité psychophage sournoise, la figure du "grinning man" style Joker, et les protagonistes piégés derrière l'apparence de la maladie mentale cachant une menace démoniaque bien réelle, ce film d'horreur parvient à être vraiment effrayant, notamment par la performance angoissante de l'actrice Sosie Bacon. Cette figure de psychiatre traumatisée depuis son enfance est une victime toute désignée d'un cercle vicieux, où les personnes susceptibles de lui venir en aide ne peuvent que la soupçonner d'être le type même de la psy aussi folle que ses patients ; doublement vicieux parce que non seulement elle manque de confiance en elle et demeure fragile, mais aussi parce que l'entité profite de la situation et se nourrit de ses peurs non résolues. La fin apparaît ainsi franchement inévitable, la seule personne lui étant venue en aide ne pouvant s'empêcher de tomber dans le piège et de perpétuer la boucle infernale permettant à l'entité psychique malfaisante de se "reproduire" en sautant de victime en victime. Parker Finn a su concocter une construction bien huilée au niveau de la réalisation et du récit pour rendre l'inéluctabilité de cette mécanique infernale toute aussi bien réglée, dont le caractère vicieux a séduit un assez grand public, suffisamment pour lui conférer en peu de temps le rang d'une œuvre culte, ayant déjà accouché d'une suite.

15/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

A semente do mal, film fantastique écrit et réalisé par Gabriel ABRANTES (Portugal, 2023), avec Carlotto COTTA, Brigette LUNDY-PAIGE, Anabela MOREIRA, Alba BAPTISTA, Rita BLANCO, Beatriz MAIA...

Edward (C. Coota) vit aux USA, mais apprend qu'il a un frère qui l'attend avec sa mère Amélia (A. Moreira) dans une maison rurale isolée au Portugal. Il décide avec sa petite amie Riley (B. Lundy-Paige) de s'y rendre afin de faire leur connaissance. Mais ils se retrouvent confrontés à une série de comportements étranges de leur part, et un terrifiant secret commence à émerger...

A semente do mal (sans titre français, oublions le Amelia's Children dont il est souvent affublé) est un exemple assez particulier par sa recherche d'ambiance d'incursion portugaise dans le domaine du fantastique et de l'horreur. Le film est parfois un peu trop lent et un peu trop stylisé et intellectualisant dans son approche, avec des sauts temporels sans référence chronologique qui déroutent le spectateur, une pratique trop courante des films fantastiques récents ; cela pour un scénario qui peut de plus paraître de prime abord comme trop classique. Mais c'est un reproche un peu surfait, car ce n'est que de prime abord, car si ce récit de sorcière qui recherche la vie éternelle aux dépens de proies potentielles peut en effet sembler déjà vu, il en détourne certaines conventions et innove vraiment, en n'hésitant pas à déranger en plus. Ainsi, alors que tout le monde s'attendra gros comme une maison à voir une redite de La porte des secrets avec Amelia volant le corps de la jeune Riley pour rester éternellement jeune, on se retrouve pris à contrepied lorsqu'il est révélé qu'elle parvient à ce but en rajeunissant physiquement après avoir copulé avec un de ses fils, un procédé certainement original autant que dérangeant. Ce concept d'inceste, une fois qu'il est révélé, imprègne alors tout le reste du récit, pour ajouter un côté malsain à l'ambiance d'angoisse perlée qui commençait à baigner à ce moment le long-métrage.
Joint à l'aspect répugnant d'Amelia âgée, abîmée par la chirurgie esthétique, une autre surprenante originalité pour un film d'horreur, qui donne certainement une dimension particulière à la scène d'accouplement en en doublant le sentiment d'horreur par un de dégout viscéral, ce film parvient alors à acquérir une certaine épaisseur, après s'être trop longtemps complu dans son côté esthétisant.
11/20 pour cette partie finale, qui rachète en partie les débuts trop lents.
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Baghead, film fantastique d'Alberto CORREDOR (USA/Royaume-Uni/Allemagne/France, 2023), sur un scénario de Christina PAMIES, Bryce McGUIRE, Lorcan REILLY, avec Freya ALLAN, Jeremy IRVINE, Ruby BARKER, Peter MULLAN, Anne MÜLLER, Svenja JUNG...

Une jeune femme, Iris Lark (F. Allan), hérite d'un pub délabré. Elle fait une découverte surprenante dans son sous-sol : une femme (?) recouverte d'un sac sur la tête, qui se révèle dotée de capacités médiumniques, relayant les paroles d'êtres chers disparus qui semblent s'incarner en elle. Elle découvre avec des instructions laissées par son parent, qui spécifient que la séance ne doit pas dépasser deux minutes, au risque sinon de donner pouvoir à l'entité de nuire au requérant. Rapidement, la nouvelle propriétaire et son ami Neil (J. Irvine) succombent à la tentation de recourir à ses pouvoirs, celle de violer la règle des deux minutes se révélant alors difficile à surmonter.

Voilà un film d'horreur (versant angoissant) au thème assez original, avec le danger qui vient d'une entité pas exactement antagoniste, car tous les protagonistes cherchent à entrer en contact avec elle, au risque bien sûr de se bruler les ailes ; cette présence inquiétante est profondément ambigüe dans les sentiments qu'elle suscite auprès des protagonistes, pleine de peur et de danger autant que d'attrait par ses pouvoirs de mettre en contact avec les proches disparus tout en prenant leur apparence le temps de la communication. Une entité métamorphe qui sort donc vraiment des sentiers battus en proposant une transcommunication qui va bien au-delà des séances médiumniques habituelles, et avec un grand danger associé en raison de cette interdiction de dépasser deux minutes de séance, le risque de la voir pouvoir nuire au requérant se révélant bien réel. Si la règle est simple à respecter, on se doute bien sûr que les contacteurs seront bien incapables de le faire. Le scénario joue donc sur le thème du deuil et surtout des dangers associés à l'impossibilité de l'accepter. Et percent rapidement des indices inquiétants sur les intentions réelles de certains des protagonistes.

La tension autour de leur incapacité à contrôler leurs désirs, de leur immaturité profonde, est un puissant vecteur d'angoisse. Qui se redouble avec celle que génère l'intrigue qui court parallèlement sur les tentatives de découvrir l'origine et l'identité réelle de l'entité métamorphe et transcommunicatrice. Les interactions entre les angoisses des personnages, leur recherche déraisonnable d'une impossible satisfaction et leurs manipulations, sur lesquelles joue la mise en scène de Corredor, l'originalité du danger et le jeu impliqué de Freya Allan et de Jeremy Irvine donnent à cette fable un caractère inquiétant assez bien maîtrisé.
14/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Méandre, film fantastique écrit et réalisé par Mathieu TURI (France, 2021), avec Gaia WEISS, Peter FRANZÉN, Romane LIBERT, Frédéric FRANCHITTI, Corneliu DRAGOMIRESCU, Eva NIEWDANSKI...

Lisa (G. Weiss), qui a perdu sa fille Nina (R. Libert) il y a exactement un an, se promène avec mélancolie et fait du stop lorsque passe une voiture, qui répond à son appel et s'arrête. Le chauffeur (P. Franzén) se présente comme Adam, Lisa engage la conversation et remarque un tatouage à son bras. Elle entend à la radio de bord qu'un OVNI a été aperçu dans le coin, et que deux femmes ont été tuées par un homme qui porte au bras un tatouage... qui ressemble exactement à celui d'Adam. S'ensuit un bref affrontement entre le tueur et la passagère paniquée, interrompu par une violente lumière, les deux perdant connaissance. Lisa se réveille dans une salle renfermée, froide et emplie de tubes, sans avoir la moindre idée d'où elle est. Ses ennuis ne font que commencer, et s'ensuit une série d'épreuves terribles...

Il s'agit d'un des premiers films que j'ai vu lorsque le cinéma se remettait très péniblement des restrictions liées au confinement. Cela faisait du bien de recommencer sur un film d'horreur choc, qui après avoir paru aller dans la direction du récit de tueur en série, embraye sur un autre registre du film d'horreur, jouant sur fond d'enlèvement extra-terrestre le registre de Cube et de Saw, la complaisance de ce dernier en moins, et aussi un peu du Labyrinthe. Usant d'un casting minimal (même s'il y a plus de deux acteurs, contrairement à ce qu'ont écrit certaines critiques), Turi n'hésite pas à donner dans le gore et le viscéral pur, on saisit vite que les E.T.s ne sont qu'un prétexte, un deus ex machina apportant une justification à la série d'épreuves angoissantes que subit une anti-héroïne persécutée. La prestation de Gaia Weiss est très physique comme à son habitude, elle perce bien l'écran grâce à son grand charisme et permet au spectateur de s'immerger dans l'angoisse ressentie par Lisa. Rien d'original donc, mais la fin s'éloigne un peu de ces modèles en se rappelant à l'aspect SF, se rapprochant de l'esthétique exotique de Predators, apportant une touche tant de fraîcheur que d'incertitude. Cependant, aucune explication n'est donnée au comportement apparemment paradoxal des geôliers de l'espace (apparemment des Gris, pour le peu qu'on en entrevoit), le spectateur est complètement laissé sur sa faim. Ainsi que sur une fin entièrement ouverte, donc, qui aurait pu déboucher sur une suite, il n'en a rien été, heureusement à mes yeux, le mystère est très bien ainsi.

14/20
aureliagreen
Messages : 817
Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Alice de l'autre côté du miroir, film fantastique de James BOBIN (Alice Through the Looking Glass, USA, 2016), sur un scénario de Linda WOOLVERTON d'après l'œuvre de Lewis CARROLL, avec Mia WASIKOWSKA, Johnny DEPP, Helena BONHAM CARTER, Anne HATTAWAY, Sacha BARON COHEN, Rhys IFANS, Matt DUNCAN, Matt LUCAS, Leo BILL, Geraldine JAMES...

Des années après son voyage au monde magique des Merveilles, Alice s'y retrouve une nouvelle fois projetée, et se rend compte que le Chapelier Fou est dans une situation critique. Elle doit alors voyager dans le temps pour sauver ce dernier ainsi que l'ensemble du Pays des Merveilles

Cette suite est loin d'être aussi mauvaise qu'on l'a souvent dit au moment de sa sortie. Certes, l'histoire est clairement pour un public plus enfantin, elle est moins ambitieuse, mais justement elle trouve sa cible, après les errements de l'épisode de Burton qui partait un peu dans tous les sens (et surtout dans l'héroïque-fantaisie un peu ringarde), et trahissait complètement l'esprit de Lewis Carroll. On n'est certes toujours pas vraiment plongé dans ce dernier, mais un peu plus proche, notamment avec l'emphase mise sur le personnage du Temps. Qui donne lieu à quelques blagues faciles, mais la prestation de Sacha Baron Cohen est excellente de surréalisme. Si on retrouve le casting 5 étoiles du premier film, la plupart de leurs personnages sont survolés, ils sont là juste parce qu'il faut bien évoquer la complexe ménagerie de Caroll, mais finalement cette suite répare quelques unes des bêtises du premier, notamment avec la Reine Rouge qui elle cesse d'être une caricature unidimensionnelle de méchante. Cela se veut ainsi plus creusé du point de vue de la psychologie et du caractère de certains protagonistes. La direction artistique est toujours aussi magnifique ( il est vrai que ce n'était pas par là que pêchait le premier épisode), oscillant entre fantaisie chatoyante et horreur tourmentée.

On regrettera juste une trop grande débauche de moyens, encore une fois, qui fait considérer un bon succès public comme un échec en raison de la difficulté de rentrer dans ses frais. Mais il a trouvé une niche auprès du jeune public lors des diffusions télé.
11/20
Répondre