Un Noah Baumbach en petite forme, la faute à un projet "méta-mais-pas-trop" brossant George Clooney dans le sens du poil, pour en faire un portrait réflexif d'un acteur faisant globalement le bilan de sa vie. Et oui, le film emprunte des sentiers battus, mais de par le talent du cast (dont Adam Sandler, Billy Crudup et Laura Dern qui sont excellents), Jay Kelly est ponctué de scénettes bien écrites en terme de dialogues. La photo de Linus Sandgren est de toute beauté, et l'émotion arrive par instants à montrer le bout de son nez, comme ce final superbe d'authenticité. Pas trop mal donc
3/5
If I had Legs I'd kick you aborde la charge mentale d'une mère célibataire alors que le quotidien l'entraîne dans une spirale d'anxiété sans fin. Un sujet qui n'a rien de nruf, mais ce premier film signé Mary Bronstein réussit son coup en abordant le sujet par un angle original, où visions fantastiques et démons intérieur se cotoient avec viscéralité, le tout ancré par la performance de Rose Byrne (dr loin la meilleure de sa carrière). Un vrai portrait de femme introspectif qui parvient à être dans l'incarnation constante plutôt que dans l'illustratif.
3.5/5

Lav Diaz aborde avec ce Magellan l'ultime voyage du célèbre explorateur portugais, s'engageant dans une odyssée vers les Philippines au contact des tribus indigènes locales. Réalisateur philippin, Lav Diaz a ainsi un regard absolument pas occidento-centré sur l'explorateur campé par Gael Garcia Bernal. En effet, le projet s'avère finalement plus désenchanté en terme d'intentions, avant tout centré sur les dérives colonialistes liées à l'expansion de la couronne portugaise, l'évangélisation forcée, et la vague de morts violentes engendrées. Le film affiche une durée de 2h45 pas vraiment justifiée, mettant bien 1h à démarrer un récit engoncé dans une pose statique (la photo est heureusement vraiment réussie), avant que le scénario abandonne le verve pour mieux mettre en avant la beauté morbide de ces images. On pense parfois à Aguirre dans cet ultime acte tropical sans limites, qui s'avère être la vraie profession de foi d'un projet cherchant à énoncer la vérité (bien que le tout ne soit pas historiquement véridique) derrière le mythe.
3/5
Après le très bon Good Time et l'incroyable Uncut Gems, Josh Safdie poursuit lui aussi sa trahectoire de cinéaste sans son frère, et prouve que c'est lui le génie du duo. Marty Supreme prend comme canevas des prémices de faux-biopic centré sur Marty Mauser, jeune génie du ping pong qui va tenter de devenir le champion du monde de ce sport émergent dans les 50's. Librement inspiré par un athlète réel, Josh Safdie livre avant tout un pur concentré de cinéma qui ne nous lâche pas en 2h30, présentant en ce Marty un individu détestable, mégalomaniaque et égocentrique pour qui tous les moyens sont bons pour gravir l'Everest de l'American Dream.
En résulte un parfait companion piece à Uncit Gems, où le chaos devient matière première à dompter non pas par addiction, mais par le simple rêve/désir d'une vie meilleure.
Josh Safdie fait donc de ce faux-film sportif (il y a tout de même d'incroyables séquences de ping-pong) une véritable odyssée new-yorkaise ultra-kinétique, tandis que le personnage est vu comme un Icare volant toujours trop proche des rayons solaires.
On pense parfois aux classiques du nouvel Hollywood, voire même aux fondations même du cinéma via des codes digérés de film noir (une liaison avec l'excellente Gwyneth Paltrow, mariée au principal investisseur de Marty interprêtécpar Kevin O'Leary).
Mais Marty Supreme a sa propre voix et son propre style, combinant humour, drame et pure tension (le final du film est un modèle du genre) saupoudrée de la BO 80's de Daniel Lopatin et une sublile photo de Darius Khondji.
Et outre une reconstitution d'époque sans faille (c'est le film le plus cher d'A24), un cast constitué d'acteurs en herbe ou même d'amateurs (Tyler the Creator, Odessa A'zion), c'est bien Timothée Chalamet que l'on retient via une des meilleures performances d'acteur vue cette dernière décennie (tien que ça). De par son charisme, son look de taupe (via des verres correcteurs rendant ses yeux plus petits), son implication totale dans la physicalité du personnage, son arc narratif jusque dans le dernier plan du film, et sa capacité à rendre captivant cet anti-héros manipulateur (jusqu'à un certain point fibement amené), Chalamet et Josh Safdie font de ce Marty Supreme un petit classique instantané. Bref une belle claque !
5/5