Ha oui, Baisers Volés, découvert il y a un an, m'a paru vieillot, pas tant par la mise en scène (que je trouve néanmoins sans génie, mais Truffaut est loin d'être un de mes choucou...) que par la façon d'envisager la vie, le travail, les relations, la cellule familiale. Ne voyant pas de génie non plus dans les autres aspects du film, le visionnage fut un peu pénible...
Dis donc entre ça et Angelopoulos on est pas trop raccord ces temps ci
La période corona est bien rude mais elle aura eu le bénéfice de me faire voir un nombre de film conséquent, ce qui n'est pas pour me déplaire !
Notamment la trilogie de Cocteau... à l'envers
Dernier film d'un homme libre sachant qu'il n'a plus rien à prouver à personne mais qui , tout en continuant à se faire plaisir, questionne encore et toujours son médium et l'art en général. Geste particulièrement fort pour un dernier film qui se sert de la puissance créatrice pour se jouer de la mort.
Relecture contemporaine d'Orphée, prenant ses libertés avec le mythe originel en rendant le récit parfois inutilement alambiqué. Cette réserve mise à part le film est assez épatant par ses trouvailles générales.
Il m'a surtout fait revenir à l'esprit une conversation eue ici avec Sokol et d'autres sur le lien de parenté entre Céline et Julie vont en Bateau et Lynch... Orphée m'a aussi évoqué le Rivette par certains points (la voiture, les répétitions, l'intérieur mystérieux d'une maison...) et, donc, Lynch par certains effets (montage à l'envers, les phrases...). Et, soudain, un plan en plongé présente le plancher de la chambre d'Orphée... composés de flèche noires et blanches, figure lynchienne par excellence si il en est ! Je ne sais pas si Lynch cite Cocteau ou si cela est même interessant à relever mais j'aime bien découvrir des filiations inentendues au grè de détails...
Superbe film surréaliste rempli de réjouissantes trouvailles visuelles. A la différence des deux autres films surréalistes les plus connus (Chien Andalou + l'Age d'Or) celui-ci embrasse la narration pour en construire une structure hébergeant d'autres scènettes qui s’entremêlent. Encore une fois, influence majeure indéniable sur des créateurs contemporains de Lynch à Carax (je songe aux portes du début de Holy Motors) et d'autres.
Même avis qu'il y a quelques années, en pire. J'ai toujours de l'affection pour la voix de Derrida et la scène ou il joue son propre rôle en nous parlant de fantôme, mais le reste du film prend sa pose bien trop au sérieux pour ne pas ressembler à un mauvais film de fin d'étude qui n'a pas digéré ses références. Visionnage fatiguant.
Puis, joie de découvrir, un peu par hasard, un auteur, un vrai, avec ses tics et ses marottes, ses grandeurs et ses faiblesses. Cela fait encore plus plaisir quand c'est par surprise. Il s'agit de Shinji Sōmai. Vu 3 films, j'espère voir mes 3 autres en stock très bientôt.
Love Hotel - Shinji Sōmai - 1985
Découverte de Somai avec ce qui est, semble t'-il, un film à part dans sa filmographie, une surprenante romance torturé vaguement érotique (d'un mouvement "bis" dénommé "roman-porno" que j'ai découvert à cette occasion).
Un homme plein de dettes retrouve son bureau saccagé par des yakuza en train de violer sa femme. Décidé d'en finir, il se rend dans un hôtel de passe pour tuer une prostitué avant de se donner la mort. Mais il n'en fera rien. 2 ans plus tard, les protagonistes se recroisent à nouveau...
Derrière ce pitch acadabrantesque se cache un film assez fascinant ou tout semble se répéter, se dédoubler dans la légère variation, ou les répétitions semblent à la fois porter et soulager les traumas. C'est extrêmement étrange mais porté par une mise en magnifique aux partis pris fort mais assumés. La narration par exemple, semble porter une grande attention à ses personnages tout en semblant très vaporeuse et douce, sans déterminisme appliqué. La forte impression faite par le film m'a donné très vite envie d'en voir plus...
Typhoon Club - 1985
A cause d'un typhon un groupe d'adolescent se retrouve coincé une nuit dans leur école. Une nuit ou se déchaineront les tensions, les relations et les passions, dans un élan semblant somme toute libérateur et expiateur. Les 3 jours précédents, une série d'évènements plus ou moins confus laissaient planer un sombre mal indicible. Le lendemain, sur une campagne ravagée, le ciel bleu laisse voir un grand soleil et la vie reprend son cours...
Typhoon Club est à la fois aussi simple et aussi complexe que son résumé, Somai semblant ne pas avoir son pareil pour tracer des enjeux, ébaucher des perspectives sans avoir la nécessité de les suivre ou de les conclure pour les faire exister. Si la situation est symbolique du passage à l'age adulte, le film élargi ses enjeux en questionnant les rapports à l'autre, à l'autorité, aux sentiments, au futur. On se bat, on échange, on arrache ses vêtements, on danse, beaucoup. Plus encore, c'est un véritable rapport nature-culture -en ce lieu d'enseignement- qui se joue, et qui culmine dans un scène de danse incroyable dans lequel les arbres secoué par le vent en arrière plan semblent se joindre aux mouvements des corps des adolescents. Sidérant.
Je ne sais pas si le titre a été choisi pour surfer sur la vague "Breakfast Club", paru la même année, mais on établira facilement des parallèles entre les deux films. Et si j'ai toujours trouvé le Hugues gentiment bêta (sans comprendre l'aura qui l'entoure hors d'un phénomène générationnel régressif), je sais ou vont mes faveurs...
Sailor suit and machine gun - 1981
Suite au décès de son père, une jeune adolescente se retrouve à la tête d'un gang de yakuza... Les problèmes commencent quand une bande rivale cherche à récupérer des paquets d'héroïne cachés chez elle...
Pitch improbable fournissant la base d'un film parodiant les films de gangster japonais, dans ce qui est (de ce que j'ai vu jusqu'alors du moins) le film le plus léger, "pop" et ouvertement comique, voir grand-guignol de Somai (trop, peut-être). Une fois encore c'est le rapport à la jeunesse qui rend le film intéressant, l'héroïne ne se transformant pas en dure à cuire mais gardant son esprit tant revêche que naïf et plaçant la question du "pourquoi" et du "bien" comme enjeu central du film. La scène centrale, d'où le film tire son nom et son affiche, est ainsi assez géniale : alors qu'elle se retrouve chez la bande rivale pour récupérer la fameuse héroïne et qu'elle tient tout le monde en joue, elle décide de faire feu sur la drogue pour la réduire à néant dans un bref moment de grâce. La mise en scène est, encore une fois, à la hauteur des enjeux et Somai confirme pour moi son vrai statut de metteur en scène. Même si c'est le film que j'aime le moins des trois que j'ai vu pour l'instant, je n'en attendais pas tant de la part d'un film destiné aux adolescents d'alors.
Fire from the mountain - Deborah Shaffer
Documentaire d'une heure suivant la révolution du Nicaragua et la figure du leader et poète Omar Cabezas. Les images sont entièrement tirés d'archives nationales tournées par les résistants, ce qui donne une grande force à l'ensemble du document. Le film quant à lui à l'honnêteté de ne pas s'arrêter à la victoire des révolutionnaires mais évoque dans sa deuxième partie les difficultés d'être confronté à la réalité et à la construction concrète d'une nouvelle société en proie à la crise et aux tensions impérialistes internationales.
Aspargus - Susan Pitt - 1975
Incroyable film d'animation psychédélique mêlant sexualité, onirisme, animisme et acte de création. C'est assez génial mais il faut le voir pour le croire.