Le Centre de Visionnage : Films et débats

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asketoner
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groil_groil a écrit :
mar. 13 oct. 2020 11:43
je suis un énorme fan des films à sketches
C'est drôle parce qu'en bande dessinée, c'est une forme narrative assez fréquente j'ai l'impression, et respectée (tu dois savoir ça mieux que moi, peut-être que je me trompe ou que c'est de moins en moins le cas).
Tandis qu'au cinéma, c'est un peu comme en littérature : on supporte moins l'épisodique, la forme courte, hachurée.
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Tyra
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Moi c'est l'Ange exterminateur qui j'ai découvert récemment. Je le trouve admirable dans sa forme, comme "objet" cohérent, mais en réalité Buñuel ne me touche pas du tout, au fond. Je regarde ses films avec intérêt, mais ils sont trop ouvertement politiques pour me passionner, trop contrains par le discours, par la signification.
Et puis casser du bourgeois, c'est vraiment une préoccupation de bourgeois par excellence.
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asketoner
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Je vais le voir bientôt, l'ange exterminateur.
Je comprends totalement ta réticence, j'ai pu l'avoir au sujet de certains de ses films, mais en réalité je crois que les films de Bunuel excèdent largement leur projet. Il ne s'agit pas seulement de détruire la bourgeoisie, mais aussi de détruire tout ce qu'il peut y avoir de bourgeois dans la pensée, et d'observer ce que ça provoque, ce qui vient alors que cette structure est tombée.
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Tyra
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asketoner a écrit :
mar. 13 oct. 2020 15:45
mais aussi de détruire tout ce qu'il peut y avoir de bourgeois dans la pensée, et d'observer ce que ça provoque, ce qui vient alors que cette structure est tombée.
Dans L'Ange exterminateur, c'est effectivement bien le programme, jusqu'à la caricature. Mais je n'arrive pas à voir au delà du programme. Et puis il y a une distance, une manière de regarder de haut ses personnages (qui ne sont qu'archétypaux d'ailleurs) qui me dérange. Je suis beaucoup plus sensible par exemple à un film comme La Dolce Vita, qui vomit la bourgeoisie, mais qui me dit aussi "nous sommes tous un peu bourgeois".
:)
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Mr-Orange
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yhi a écrit :
lun. 12 oct. 2020 23:52
Mr-Orange a écrit :
lun. 12 oct. 2020 13:45
Clueless — Amy Heckerling — 1995
C'est top Clueless. Je le préfère même à Fast Times. Le film invente presque son propre langage autant visuel que dialogué. Difficile de savoir pour ne pas avoir vécu ni le lieu ni l'époque, mais je pense que le film est quand même très déconnecté de la réalité dans laquelle il prétend s'inscrire (mais de manière positive car il crée son propre monde finalement)


Rien à voir, mais en allant voir un film chez un pote via Netflix, j'ai remarqué que le film était dans le top des visionnages du moment sur la plate-forme apparemment. Étrange mais réjouissant :crazy:
Oui c'est complètement ça, il invente complètement son univers, il me semble d'ailleurs que, dans son propre langage, le film fait vraiment date et office de précurseur aux Etats-Unis, c'est un devenu un pur objet de culture populaire. Je ne voulais pas dire qu'il cherche à représenter une culture socio-géographique, mais il assume complètement l'imaginaire qu'il y a autour (contrairement à d'autres films qui sont au premier degré, complètement empêtrés dans une vision centrée autour du fric, sans prendre conscience de ce fric, comme un film que j'ai vu dernièrement, Le Dernier stagiaire, qui est complètement et profondément bourgeois).
Modifié en dernier par Mr-Orange le mar. 13 oct. 2020 20:23, modifié 1 fois.
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Ilan
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Skipper Mike a écrit :
mar. 13 oct. 2020 00:20
Happy Birthdead et sa suite récemment. Et il me semble qu'il y en a eu un ou deux autres du même genre ces dernières années.
Je n'étais sans doute pas très clair: en fait ma question était de savoir s'il y avait eu des films ces dernières années dont on pouvait dire, à l'instar d'Un jour sans fin, qu'ils avaient créé un genre à part entière...
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groil_groil
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Un de mes Truffaut préférés, et aussi la première fois que je le voyais en salle, qui plus est suivi d'un débat que j'animais et qui s'est formidablement bien déroulé. C'était super de revoir ce film dans lequel j'ai ce coup-ci surtout aimé voir Delphine Seyrig (peut-être le film où je la trouve la plus belle) et son époux, Michael Lonsdale, génial aussi. Les deux acteurs Durassiens chez Truffaut, quelques années avant, c'est assez merveilleux. Sinon j'ai réalisé aussi que ce film avait plus de 50 ans, et ça commence à se sentir, même si cela n'empêche pas d'aimer le film. Disons que quand je l'ai découvert, ce film qui était déjà pour moi un film patrimonial, n'avait pas 20 ans d'âge (et il me semblait déjà venir d'un lointain passé) et aujourd'hui il en a plus de 50 ans... La modernité de la mise en scène truffaldienne n'étonne plus, mais elle ne semble pas vieillotte non plus, elle est devenu classique. "Est moderne ce qui est amené à devenir classique" disait Cocteau.

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J'ai vu ce long doc de 4h00 que Scorsese consacre à Bob Dylan en trainant un peu les pieds à vrai dire, mais j'ai trouvé ça vraiment excellent. La manière dont Scorsese a de retracer toutes les premières années de Dylan, de montrer le contexte musical, politique, social de l'époque est saisissant et te propulse vraiment dans la période. Les entretiens sont super, les images d'archives excellentes, et les extraits de concerts sont toujours ultra pertinents et narratifs, chacun racontant quelque chose de la vie de Dylan, et n'étant pas seulement la monstration d'un bout de concert. Bref, ça m'a rendu dingue de Dylan et m'a donné l'envie de creuser une carrière que je ne connais pas si bien que ça.
Un bémol même si Scorsese n'y est pour rien : la version sous-titrée en Français ne sous-titre pas les textes de chansons, alors que c'est vraiment primordial de les comprendre chez Dylan. Si on n'est pas parfaitement bilingue, on perd une partie du sens de l'ensemble et c'est dommage.

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Sao Paulo, une jeune femme seule et enceinte engage une baby-sitter avant la naissance de son enfant, en faisant sa bonne à tout faire. Les deux femmes en viennent à s'aimer, et la future mère est sujette à des crises de somnambulisme dans lesquelles elle fait montre d'un appétit carnivore, allant jusqu'à dévorer des chats dans les rues de la ville. Son bébé qui bouge plus que de raison finit par sortir en déchirant le ventre de sa mère, la tuant du même coup. C'est un enfant loup-garou, que sa mère a eu couchant avec une rencontre d'une nuit avec un homme-loup (la scène de flashback tout en dessin est particulièrement magnifique). Plusieurs années passent. La baby-sitter élève seul cet enfant qui a maintenant 7 ou 8 ans. Elle en a fait un végétarien afin qu'il ne soit plus sujet à la transformation, mais un jour une voisine lui fait manger de la viande... C'est une belle claque que ce film brésilien, formidablement mis en scène et éclairé, il y a un énorme travail de chef-op et une relecture numérique de l'ensemble qui lui donne un ton graphique inédit et générateur d'ambiances extraordinaires. Un film de genre et un film d'auteur en même temps, vraiment original et maitrisé, je crois que j'ai adoré. Alors on peut trouver la créature en motion capture un peu too much, mais ça ne choque personne quand ce genre de technique est utilisée dans la Planète des Singes, au contraire, tout le monde crie au génie, et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire la même chose dans un film d'auteur indépendant brésilien. C'est justement toute la richesse de ce film que de proposer un film de mutation, ça colle parfaitement au sujet d'ailleurs, mutation entre les formes, entre les différents types de cinéma, entre les genre, c'est vraiment, totalement, le cinéma du XXIème siècle.
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sokol
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B-Lyndon a écrit :
sam. 10 oct. 2020 21:59
On ne voit plus des films qui montrent une rue, une église, une pierre, en faisant surgir à la fois la mémoire qu'elles cachent et la beauté de ce qu'elles sont matériellement.
Actuellement, c'est Hong Sang-soo qui fait ça. Ce n'est pas forcement ce qu'il faisait à ses début mais maintenant, il a apprit à faire ça :

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"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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groil_groil a écrit :
jeu. 15 oct. 2020 10:38
C'est une belle claque que ce film brésilien, formidablement mis en scène et éclairé, il y a un énorme travail de chef-op et une relecture numérique de l'ensemble qui lui donne un ton graphique inédit et générateur d'ambiances extraordinaires. Un film de genre et un film d'auteur en même temps, vraiment original et maitrisé, je crois que j'ai adoré.
C'est un des 3-4 films de ces 10 dernières années que je reverrais avec le plus grand plaisir !!!
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groil_groil
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ah je ne me souvenais plus si tu avais aimé, génial donc !
(ça ne m'étonne pas :) )
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Ilan
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IT MUST BE HEAVEN - Elia Suleiman (2019)

Elia Suleiman habite à Nazareth, il voyage à Paris pour un rendez-vous avec un producteur afin de vendre une idée de film, et se rend ensuite à New York notamment pour participer à une leçon dans une école de cinéma.
Il voyage en espérant peut-être quelque chose, pour peut-être fuir quelque chose, ou peut-être transformer quelque chose en lui... mais les voyages ne le modifient pas, ne le changent pas, car où qu'il aille, il amène dans ses bagages avec lui ce qu'il est, son univers intérieur fait de poésie et de mélancolie, qui lui fait voir le monde comme une oeuvre onirique et un peu irréelle, qui l'inscrit toujours profondément à l'intérieur du paysage, comme un observateur curieux ou un peintre fantasmagorique... mais le met aussi à part de ce paysage, l'en isole.
Quel endroit est fait pour lui ? Où peut-il se sentir "chez lui" ?
(Bienvenue au club de ceux qui sont dans ces questionnements, cher Elia, même si nos situations n'ont évidemment rien à voir).

Le film est beau et désarçonnant, (parfois peut-être trop) abstrait, hypnotique, poétique, stimulant.
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B-Lyndon
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Il faudra y revenir lorsqu'il sortira en salles, pour bien prendre la mesure d'une telle déflagration, d'une telle générosité de cinéma - générosité à l'endroit du spectateur, de l'esthète qui sommeille en chacun de nous, générosité envers une communauté, envers une femme, tout d'abord. Vitalina Varela, que Pedro Costa filme comme Michael Curtiz et Nicholas Ray filment Joan Crawford, c'est à dire en filmant sa fragilité comme une force surhumaine (et sa force comme une force surhumaine aussi). C'est un film qui raconte l'histoire d'une femme qui habite une maison qui ne veut pas d'elle. Et c'est tout. Les précédents films de Pedro Costa étaient pleins à craquer, celui ci est d'une simplicité désarmante. C'est un film qui creuse en surplace : une femme, des murs, des hommes autour. Un mort mal enterré, à qui il faut donner une sépulture. Jamais Pedro Costa n'avait filmé une telle solitude, jamais il n'a été aussi difficile pour ces êtres de tendre une main vers l'autre. Et jamais ces mains, ces gestes, n'ont été aussi rivées vers la mort. Pedro Costa n'a pas peur de la noirceur, des ombres ; mais il n'a pas peur de la vérité, donc de l'espoir. Quitte à creuser, aussi, dans le passé, : il y a deux flashbacks, deux plans, donc, de Vitalina Varela jeune, construisant sa maison du Cap-Vert avec son mari. Deux plans simples, courts, d'une femme qui regarde vers l'ailleurs. Et qu'importe que cet ailleurs tue, puisque ce que ces deux plans donnent à voir, c'est le jour, le soleil, qui n'existeront pas dans cet ailleurs. L'ailleurs désiré est plus noir que la vie qu'on a fui : c'est si simple et le film ne dit rien de plus. Jacques Rivette le disait très bien dans Le Veilleur : "On laissera les choses compliqués aux médiocres. Nous, nous ferons des choses simples". Il faut quelques murs et des corps debout. Et ces montagnes qui tout d'un coup se dressent, ce corps juvénile loin de l'obscurité, déjà en lutte, déjà dressé, droit sur la terre, comme s'il avait toujours été là. Je crois que jamais de ma vie je n'oublierai ces deux plans, jamais. Et ce sera tout, pour le moment.

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« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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groil_groil
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C'est clairement le troisième volet d'une trilogie composée également d'Aguirre et de Fitzcarraldo, et même si c'est de loin le moins bon volet des trois, par manque d'incarnation peut-être, et par le fait qu'Herzog fait l'ellipse sur le voyage Amérique du Sud / Dahomey, alors que dans les deux autres le voyage est le centre du récit, mais c'est quand même un film extrêmement intéressant, voire passionnant à bien des égards.
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asketoner
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B-Lyndon a écrit :
ven. 16 oct. 2020 03:24
:hot: :hot:
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Les Rendez-vous du diable, Haroun Tazieff, 1959

Voir est une aventure. Aller voir : c'est ce qui met Tazieff en mouvement : voir de plus en plus près, malgré le danger, le centre de la Terre (ou bien ce qui du centre de la Terre resurgit par endroits qu'on nomme volcans). On sent le danger, la joie aussi. Les images sont un peu folles, notamment lorsque les protagonistes du film se retrouvent pris sous une pluie de pierres incandescentes et tentent de les éviter. Ou bien lorsque Tazieff se trouve à quelques mètres à peine d'un pan entier du volcan qui s'effondre. Mais c'est surtout l'enfance qui est convoquée, quand les aventuriers descendent dans un trou par une échelle mobile, construisent un igloo, traversent un torrent.
Il ne serait pas étonnant que Coppola ait vu ce film, et surtout son final, où Tazieff enchaîne les éruptions volcaniques nocturnes sur la Walkyrie de Wagner tandis que la voix-off parle d'apocalypse.
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groil_groil a écrit :
ven. 16 oct. 2020 09:27
voire passionnant à bien des égards.
C'est marrant, j'ai super peur de le revoir, je crois que c'était mon tout premier Herzog il y a plus de vingt ans et ç'avait été une torture. Impossible de m'y remettre, même pendant la période où je les ai quasi tous vus.
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Babs
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groil_groil a écrit :
lun. 12 oct. 2020 22:24
Babs a écrit :
lun. 12 oct. 2020 19:38
Coucou les loulous !!! :hello: :D
chériiiiiiie :love2: :love: :D :love2:
ça va Chouchou ???? :hello: :love2:
faut que je prenne mes marques, je suis un peu perdue...

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Les Rats - Robert Siodmak - 1955

De retour en Allemagne après une brillante parenthèse Hollywoodienne, Robert Siodmak signe cet étrange film qui tient à la fois du film noir, du drame social et du film politique. C'est parfois assez malaisant et un peu trop théâtral et Maria Schell n'est pas toujours très subtile dans son jeu. Le métier et l'efficacité "américaine" de Siodmak font malgré tout des "Rats" un film tout à fait honorable.
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Babs
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étonné

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sinon, j'ai été voir ça !!! (j'avoue on m'a poussée, j'ai pas eu le choix)
Je n'avais jamais auparavant vu le moindre film de ces "personnes"...et je n'irai plus jamais en voir un autre !!! Affligeant, je ne trouve pas d'autres mots :cry: comment on peux donner de l'argent pour réaliser de telles choses ? ça me dépasse :sarcastic:
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test
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groil_groil
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Un film charmant, un brin misogyne quand même, qui vaut surtout pour son couple de stars magnétiques. Où Sophia Loren prouve une fois de plus qu'elle est la plus belle et la plus incandescente des femmes.

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Aussi dense et tellurique qu'un concert du groupe. Sans doute le plus beau doc musical jamais fait. Intense et bouleversant. Chef-d'oeuvre.
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yhi
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Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary - Rémi Chayé

Rémi Chayé les aime ces jeunes exploratrices rebelles ! Après avoir envoyé une jeune fille chercher son grand père au pôle nord dans Tout en haut du monde, il s'attaque maintenant aux grands espaces du continent américain et à l'enfance de celle qu'on connaitra ensuite sous le pseudonyme de Calamity Jane.

Encore une fois, les couleurs sont magnifiques. Entièrement constitué d'à-plats de couleurs pastels, le graphisme évite toute notion de réalisme pour mieux faire resplendir ses plans comme des tableaux. Ce sont les ciels calmes d'un jaune ocre ou d'un vert clair émaillés de nuages rouges ou bleus qui viennent faire éclater de manière tonitruante les territoires du nouveau monde, à la nature encore intacte avant l'arrivée des Hommes.

La caractéristique principale du style de Rémi Chayé est cette absence de contour. Comme une bande dessinée à laquelle on aurait retiré l'encrage, le dessin n'est délimité que par les substitutions de couleurs. Et justement, c'est bien d'effacement des frontières dont il est question dans Calamity. Franchissement d'espaces inconnus par des pionniers en destination de l'Oregon, arrêtés ni par les montagnes ni par les rivières et dont la ligne d'horizon plate ou montagneuse semble être leur seule limite, toujours à perte de vue.

Mais la frontière dont il est réellement question, c'est celle du genre. Si Martha Jane a du mal à comprendre la carte que lui a confié le soldat, elle a aussi du mal à déchiffrer sa position en tant que femme en devenir dans un environnement dirigé par les hommes. Dans un monde ou les femmes fortes s’appellent Madame Moustache et où une fille en vient à se travestir en fille (si !) pour ne pas être reconnue comment est-il possible de s'émanciper ? Il ne suffira pas de se déguiser en portant un pantalon ou en se coupant les cheveux, mais il faudra plutôt s'affirmer et faire ses preuves. C'est ce que propose Calamity dans sa seconde partie riche en rencontres et en expériences où tour à tour exploratrice, chercheuse d'or ou soldat, la jeune Martha Jane pourra enfin commencer à vivre l'aventure de sa propre vie.

En cela, même s'il est bien question de voyage et de découverte, Calamity est moins l'histoire de l'exploration du nouveau monde par les Hommes que de l'exploration du monde des hommes par une femme.
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poucenlair

groil_groil a écrit :
jeu. 15 oct. 2020 10:38
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Ha oui, Baisers Volés, découvert il y a un an, m'a paru vieillot, pas tant par la mise en scène (que je trouve néanmoins sans génie, mais Truffaut est loin d'être un de mes choucou...) que par la façon d'envisager la vie, le travail, les relations, la cellule familiale. Ne voyant pas de génie non plus dans les autres aspects du film, le visionnage fut un peu pénible...

Dis donc entre ça et Angelopoulos on est pas trop raccord ces temps ci :D ;)


La période corona est bien rude mais elle aura eu le bénéfice de me faire voir un nombre de film conséquent, ce qui n'est pas pour me déplaire ! :love2:

Notamment la trilogie de Cocteau... à l'envers :crazy:

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Dernier film d'un homme libre sachant qu'il n'a plus rien à prouver à personne mais qui , tout en continuant à se faire plaisir, questionne encore et toujours son médium et l'art en général. Geste particulièrement fort pour un dernier film qui se sert de la puissance créatrice pour se jouer de la mort.

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Relecture contemporaine d'Orphée, prenant ses libertés avec le mythe originel en rendant le récit parfois inutilement alambiqué. Cette réserve mise à part le film est assez épatant par ses trouvailles générales.
Il m'a surtout fait revenir à l'esprit une conversation eue ici avec Sokol et d'autres sur le lien de parenté entre Céline et Julie vont en Bateau et Lynch... Orphée m'a aussi évoqué le Rivette par certains points (la voiture, les répétitions, l'intérieur mystérieux d'une maison...) et, donc, Lynch par certains effets (montage à l'envers, les phrases...). Et, soudain, un plan en plongé présente le plancher de la chambre d'Orphée... composés de flèche noires et blanches, figure lynchienne par excellence si il en est ! Je ne sais pas si Lynch cite Cocteau ou si cela est même interessant à relever mais j'aime bien découvrir des filiations inentendues au grè de détails...

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Superbe film surréaliste rempli de réjouissantes trouvailles visuelles. A la différence des deux autres films surréalistes les plus connus (Chien Andalou + l'Age d'Or) celui-ci embrasse la narration pour en construire une structure hébergeant d'autres scènettes qui s’entremêlent. Encore une fois, influence majeure indéniable sur des créateurs contemporains de Lynch à Carax (je songe aux portes du début de Holy Motors) et d'autres.



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Même avis qu'il y a quelques années, en pire. J'ai toujours de l'affection pour la voix de Derrida et la scène ou il joue son propre rôle en nous parlant de fantôme, mais le reste du film prend sa pose bien trop au sérieux pour ne pas ressembler à un mauvais film de fin d'étude qui n'a pas digéré ses références. Visionnage fatiguant.



Puis, joie de découvrir, un peu par hasard, un auteur, un vrai, avec ses tics et ses marottes, ses grandeurs et ses faiblesses. Cela fait encore plus plaisir quand c'est par surprise. Il s'agit de Shinji Sōmai. Vu 3 films, j'espère voir mes 3 autres en stock très bientôt.

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Love Hotel - Shinji Sōmai - 1985

Découverte de Somai avec ce qui est, semble t'-il, un film à part dans sa filmographie, une surprenante romance torturé vaguement érotique (d'un mouvement "bis" dénommé "roman-porno" que j'ai découvert à cette occasion).
Un homme plein de dettes retrouve son bureau saccagé par des yakuza en train de violer sa femme. Décidé d'en finir, il se rend dans un hôtel de passe pour tuer une prostitué avant de se donner la mort. Mais il n'en fera rien. 2 ans plus tard, les protagonistes se recroisent à nouveau...
Derrière ce pitch acadabrantesque se cache un film assez fascinant ou tout semble se répéter, se dédoubler dans la légère variation, ou les répétitions semblent à la fois porter et soulager les traumas. C'est extrêmement étrange mais porté par une mise en magnifique aux partis pris fort mais assumés. La narration par exemple, semble porter une grande attention à ses personnages tout en semblant très vaporeuse et douce, sans déterminisme appliqué. La forte impression faite par le film m'a donné très vite envie d'en voir plus...

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Typhoon Club - 1985

A cause d'un typhon un groupe d'adolescent se retrouve coincé une nuit dans leur école. Une nuit ou se déchaineront les tensions, les relations et les passions, dans un élan semblant somme toute libérateur et expiateur. Les 3 jours précédents, une série d'évènements plus ou moins confus laissaient planer un sombre mal indicible. Le lendemain, sur une campagne ravagée, le ciel bleu laisse voir un grand soleil et la vie reprend son cours...
Typhoon Club est à la fois aussi simple et aussi complexe que son résumé, Somai semblant ne pas avoir son pareil pour tracer des enjeux, ébaucher des perspectives sans avoir la nécessité de les suivre ou de les conclure pour les faire exister. Si la situation est symbolique du passage à l'age adulte, le film élargi ses enjeux en questionnant les rapports à l'autre, à l'autorité, aux sentiments, au futur. On se bat, on échange, on arrache ses vêtements, on danse, beaucoup. Plus encore, c'est un véritable rapport nature-culture -en ce lieu d'enseignement- qui se joue, et qui culmine dans un scène de danse incroyable dans lequel les arbres secoué par le vent en arrière plan semblent se joindre aux mouvements des corps des adolescents. Sidérant.
Je ne sais pas si le titre a été choisi pour surfer sur la vague "Breakfast Club", paru la même année, mais on établira facilement des parallèles entre les deux films. Et si j'ai toujours trouvé le Hugues gentiment bêta (sans comprendre l'aura qui l'entoure hors d'un phénomène générationnel régressif), je sais ou vont mes faveurs...


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Sailor suit and machine gun - 1981

Suite au décès de son père, une jeune adolescente se retrouve à la tête d'un gang de yakuza... Les problèmes commencent quand une bande rivale cherche à récupérer des paquets d'héroïne cachés chez elle...
Pitch improbable fournissant la base d'un film parodiant les films de gangster japonais, dans ce qui est (de ce que j'ai vu jusqu'alors du moins) le film le plus léger, "pop" et ouvertement comique, voir grand-guignol de Somai (trop, peut-être). Une fois encore c'est le rapport à la jeunesse qui rend le film intéressant, l'héroïne ne se transformant pas en dure à cuire mais gardant son esprit tant revêche que naïf et plaçant la question du "pourquoi" et du "bien" comme enjeu central du film. La scène centrale, d'où le film tire son nom et son affiche, est ainsi assez géniale : alors qu'elle se retrouve chez la bande rivale pour récupérer la fameuse héroïne et qu'elle tient tout le monde en joue, elle décide de faire feu sur la drogue pour la réduire à néant dans un bref moment de grâce. La mise en scène est, encore une fois, à la hauteur des enjeux et Somai confirme pour moi son vrai statut de metteur en scène. Même si c'est le film que j'aime le moins des trois que j'ai vu pour l'instant, je n'en attendais pas tant de la part d'un film destiné aux adolescents d'alors.


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Fire from the mountain - Deborah Shaffer

Documentaire d'une heure suivant la révolution du Nicaragua et la figure du leader et poète Omar Cabezas. Les images sont entièrement tirés d'archives nationales tournées par les résistants, ce qui donne une grande force à l'ensemble du document. Le film quant à lui à l'honnêteté de ne pas s'arrêter à la victoire des révolutionnaires mais évoque dans sa deuxième partie les difficultés d'être confronté à la réalité et à la construction concrète d'une nouvelle société en proie à la crise et aux tensions impérialistes internationales.


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Aspargus - Susan Pitt - 1975

Incroyable film d'animation psychédélique mêlant sexualité, onirisme, animisme et acte de création. C'est assez génial mais il faut le voir pour le croire.
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asketoner
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@cyb : c'est drôle, j'ai très envie de revoir les films de Cocteau ces derniers temps, je suis sûr que je peux les recevoir autrement (ils étaient beaucoup trop "patrimoniaux" quand j'étais adolescent, on roulait des yeux quand on prononçait le nom de Cocteau, mais à présent qu'il est à peu près oublié, ça doit valoir la peine...)
&
par contre, Shinji Somai, j'ai vu seulement Déménagement, mais je crois bien que je n'aurai jamais le courage d'en voir un autre, j'ai trouvé ça trop mièvre
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cyborg
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asketoner a écrit :
dim. 18 oct. 2020 19:27


Ha oui Cocteau ça vaut largement le coup !

Pour Somai, mièvre est bien le dernier mot que j'aurais songé à utiliser...!
J'ai celui dont tu parles, il date de 10 ans plus tard et semble être son moment de reconnaissance à l'international...peut-être pas le meilleur moment ? Je verrais bien !
En tout cas je serai vraiment curieux de ce que tu penserais de Typhoon Club qui n'est vraiment pas rien... Si tu veux je te l'envoie ;)
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cyborg
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bon ça reste encore un peu mystérieux ce système de réponse.... qui semble obliger à reposter le message en entier ?! :crazy: Bref je répondais bien à Asky mais c'est moi qui ai écrit ça :D
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asketoner
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cyborg a écrit :
dim. 18 oct. 2020 20:36
qui semble obliger à reposter le message en entier ?!
Ca colle d'office l'entièreté du message auquel tu réponds entre guillemets, mais tu peux supprimer des morceaux pour faire apparaître ce qui t'importe.
Merci pour Typhoon mais vraiment Déménagement m'a séché...


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Assaut, John Carpenter, 1976

C'est comme un film de Jean-Pierre Melville, minimal et rythmique, un enchaînement de gestes animés par la conscience politique d'un cinéaste plutôt malin. Un vrai plaisir en tout cas.
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groil_groil
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Le polar judiciaire du dimanche soir, avec Robert Downey Jr. en jeune premier, et James Woods chevelure frisée + catogan. Le film frôle voire fonce dans le caricatural a bien des égards, scénario, dialogues, jeu, mais j'ai bien aimé quand même, car l'ambiance générale est accueillante et généreuse, disons que c'est tout à fait ce que je venais y chercher. La réédition bluray qui vient de sortir est de qualité.

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Un film de Maurice Tourneur fait sur mesure pour Maurice Chevalier, présent dans tous les plans et lui permettant d'exercer tous ses talents. Je crois que c'est la première fois que je trouve Chevalier vraiment bon, il est filmé par un cinéaste qui sait l'utiliser. Le film est réussi, même si sa morale est assez discutable dans le fond, et que celle-ci me semble très américaine, surtout pour un film d'avant-guerre, puisqu'elle est met en scène un pauvre homme, Chevalier donc, quasi clochard mais prêt à tout pour réussir dans le show-bizz, arguant qu'avec le sourire on arrive à tout. Il finit en effet directeur de l'Opéra de Paris, mais en ayant écrasé sciemment plusieurs personnes sur son passage. Mais avec le sourire.
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sokol
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asketoner a écrit :
dim. 11 oct. 2020 10:44


La cinéaste a eu une merveilleuse idée en introduisant, au sein de cette famille hyper-dysfonctionnelle, un corps totalement autre, celui de Melanie, qui n'est pas seulement normal, mais aussi sexuel (au même titre que Terence Stamp dans Théorème).
Ce que Kore-Eda n'avait pas compris (en laissant les pauvres entre eux et en concluant le film par une morale plus que douteuse.
Ou pire, ce que "Parasites" avait fait dans l'autre sens (les pauvres chez les riches : le riches comme dernier horizon pour l'humanité : le fils qui rêve d'acheter la maison à son père).
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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et j'ai toujours la flemme de recréer le top 2020 :(
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allez un peu de courage !
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sokol a écrit :
lun. 19 oct. 2020 11:51
Ce que Kore-Eda n'avait pas compris (en laissant les pauvres entre eux et en concluant le film par une morale plus que douteuse.
Ou pire, ce que "Parasites" avait fait dans l'autre sens (les pauvres chez les riches : le riches comme dernier horizon pour l'humanité : le fils qui rêve d'acheter la maison à son père).

totalement ! :jap:
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asketoner
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sokol a écrit :
lun. 19 oct. 2020 12:13
et j'ai toujours la flemme de recréer le top 2020 :(
mais du coup tu as vu Kajillionaire ?


et il n'y avait pas un truc où tout avait été sauvegardé ?
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 19 oct. 2020 13:34


mais du coup tu as vu Kajillionaire ?


et il n'y avait pas un truc où tout avait été sauvegardé ?
oui, je l'au vu hier. C'est pour cela que j'en parle (j'ai bien aimé !)

Oui, il parait qu'il y a bien 'un truc' où tout avait été sauvegardé mais il est où fameux truc ?
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asketoner a écrit :
lun. 19 oct. 2020 13:34
et il n'y avait pas un truc où tout avait été sauvegardé ?
J'avais essayé de tirer quelques bouts, mais sans grand succès, j'avais récupéré que certaines pages de manière un peu aléatoire. Peu satisfait de mon coup, j'a tout balancé je crois.
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Babs
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groil_groil a écrit :
lun. 19 oct. 2020 11:45


Un film de Maurice Tourneur fait sur mesure pour Maurice Chevalier, présent dans tous les plans et lui permettant d'exercer tous ses talents. Je crois que c'est la première fois que je trouve Chevalier vraiment bon, il est filmé par un cinéaste qui sait l'utiliser. Le film est réussi, même si sa morale est assez discutable dans le fond, et que celle-ci me semble très américaine, surtout pour un film d'avant-guerre, puisqu'elle est met en scène un pauvre homme, Chevalier donc, quasi clochard mais prêt à tout pour réussir dans le show-bizz, arguant qu'avec le sourire on arrive à tout. Il finit en effet directeur de l'Opéra de Paris, mais en ayant écrasé sciemment plusieurs personnes sur son passage. Mais avec le sourire.
Est-ce que tu as vu Chevalier dans les films de Lubitsch ? Je l'y trouvait très très bien, dans un esprit gouailleur, avec cet œil qui frise et la réplique piquante. ça a fait sa gloire à Hollywood au début des années 30 et institutionnalisé le profil de french lover pour des décennies. Il devait justement être trop bon pour que les Américains voient ainsi les Français ad vitam aeternam :D
Plus tard, Maurice Chevalier était, à mon avis, aussi parfait dans "Le Silence est d'or" de Clair et dans "Ariane" de Wilder.

vu
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L'alcool pour soigner la crise de la quarantaine; je suis pas certaine que ça soit la bonne solution :D Vinterberg, comme souvent, ausculte le fonctionnement de la société danoise et la place fragilisée de l'individu. Je trouve le film moyennement convainquant, un peu flou dans son propos et assez bavard. Heureusement le charismatique Mads Mikkelsen est là, et nous emporte dans un final dansé flamboyant.
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Kit
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yhi a écrit :
sam. 17 oct. 2020 16:41
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Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary - Rémi Chayé

Rémi Chayé les aime ces jeunes exploratrices rebelles ! Après avoir envoyé une jeune fille chercher son grand père au pôle nord dans Tout en haut du monde, il s'attaque maintenant aux grands espaces du continent américain et à l'enfance de celle qu'on connaitra ensuite sous le pseudonyme de Calamity Jane.

Encore une fois, les couleurs sont magnifiques. Entièrement constitué d'à-plats de couleurs pastels, le graphisme évite toute notion de réalisme pour mieux faire resplendir ses plans comme des tableaux. Ce sont les ciels calmes d'un jaune ocre ou d'un vert clair émaillés de nuages rouges ou bleus qui viennent faire éclater de manière tonitruante les territoires du nouveau monde, à la nature encore intacte avant l'arrivée des Hommes.

La caractéristique principale du style de Rémi Chayé est cette absence de contour. Comme une bande dessinée à laquelle on aurait retiré l'encrage, le dessin n'est délimité que par les substitutions de couleurs. Et justement, c'est bien d'effacement des frontières dont il est question dans Calamity. Franchissement d'espaces inconnus par des pionniers en destination de l'Oregon, arrêtés ni par les montagnes ni par les rivières et dont la ligne d'horizon plate ou montagneuse semble être leur seule limite, toujours à perte de vue.

Mais la frontière dont il est réellement question, c'est celle du genre. Si Martha Jane a du mal à comprendre la carte que lui a confié le soldat, elle a aussi du mal à déchiffrer sa position en tant que femme en devenir dans un environnement dirigé par les hommes. Dans un monde ou les femmes fortes s’appellent Madame Moustache et où une fille en vient à se travestir en fille (si !) pour ne pas être reconnue comment est-il possible de s'émanciper ? Il ne suffira pas de se déguiser en portant un pantalon ou en se coupant les cheveux, mais il faudra plutôt s'affirmer et faire ses preuves. C'est ce que propose Calamity dans sa seconde partie riche en rencontres et en expériences où tour à tour exploratrice, chercheuse d'or ou soldat, la jeune Martha Jane pourra enfin commencer à vivre l'aventure de sa propre vie.

En cela, même s'il est bien question de voyage et de découverte, Calamity est moins l'histoire de l'exploration du nouveau monde par les Hommes que de l'exploration du monde des hommes par une femme.
:hello: si tu aimes les portraits de femmes fortes au far west je te conseille le western Convoi de femmes (Westward the Women 1951 de William A. Wellman avec Robert Taylor)
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yhi
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Kit a écrit :
mar. 20 oct. 2020 00:43
je te conseille le western Convoi de femmes
Oui, je l'ai vu, j'aime beaucoup
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asketoner
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L'Ange exterminateur, Luis Bunuel, 1963

3 remarques :

1. Que fait la bourgeoisie, sinon tracer des frontières entre le monde extérieur et elle (se séparer du reste des hommes) ?

2. Bunuel a quand même été assez dingue pour décider de filmer un mur invisible.

3. Dogville (chacun sa case) vient directement de L'Ange exterminateur.
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groil_groil
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coucou !
pas vu les Lubitsch avec Chevalier, mais il est tel que tu le décris dans ce Tourneur.
Dans les films que tu cites je n'ai vu que le Wilder.

Et la BA du Vinterberg m'a donné envie de vomir. Je déteste ce cinéaste et il a l'air de vouloir me confirmer dans cette opinion :D
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groil_groil
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Une femme kiné n'ayant pas exercé depuis 15 ans, et mariée à un médecin, s'éprend d'un ouvrier catalan, ancien taulard, qui fait des travaux chez elle. L'issue de cet amour adultère sera tragique. Le film est simple, court, va droit au but, mais il est extrêmement réussi car Corsini filme l'attirance physique comme quelque chose de bestial, contre laquelle les protagonistes ne peuvent rien, c'est littéralement plus fort qu'eux, et ce sentiment est extrêmement bien rendu. Et sinon, Corsini filme magnifiquement, sans l'aborder frontalement, ce qui est encore plus intelligent, la lutte des classes, et d'un même élan la domination sociale de l'homme sur la femme. En quittant son mari, cette femme perd tout par amour, son mari lui coupe les ponts, elle est sans ressources et c'est ce qui causera sa perte. Elle est de fait assujetti à son mari, qui la manipule comme un objet, je dirais même doublement, car elle est souffre d'être femme et d'être rabaissée au niveau de son amant, un ouvrier sans papiers. Elle perd sa condition sociale parce qu'elle aime.

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Revu ce Bigelow que j'aime bien (étonnant ça fait 4 Bigelow que je vois ou revois depuis le mois d'août, sans l'avoir anticipé). Le film a de nombreux défauts de scénario, c'en est parfois gênant, on ne comprend par exemple absolument pas pourquoi la police chargée de surveiller Curtis ne s'intéresse pas à son tout nouveau boyfriend qui est évidemment le coupable, personne ne trouve ça louche alors qu'il était sur la scène de crime initiale, bref... J'aime toujours le film, pour son ambiance, pour Jamie Lee qui est une fois de plus extraordinaire, pour sa musique de nappes de synthés 80's super angoissante, mais il faut vraiment ne pas faire attention aux incohérences scénaristiques pour en profiter.
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Salut les culs !
Content de vous retrouver tous ici :love2: :hello:
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teklow13 a écrit :
mar. 20 oct. 2020 17:33
Salut les culs !
Content de vous retrouver tous ici :love2: :hello:
Ah te voilà enfin toi :D
on a failli attendre !
allez, zou, t'as du top en attente !
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Heureusement j'ai vu que dalle ces derniers temps.
Mais du coup ce nouveau forum me donne envie de reecrire un peu.
Immense merci Next tu es un génie ❤️❤️❤️
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teklow13 a écrit :
mar. 20 oct. 2020 17:43
Heureusement j'ai vu que dalle ces derniers temps.
Mais du coup ce nouveau forum me donne envie de reecrire un peu.
Immense merci Next tu es un génie ❤️❤️❤️
<3 <3 fabuleux si tu réécris
et oui ce qu'a fait NEXT est exceptionnel.
je trouve ce forum 10 fois mieux que le précédent.
dès que tous les topics seront créés et que les membres auront tous pris leurs habitudes, ça va redevenir comme à la grande époque.
C'est con mais sur mon portable, je me servais des topics années et réalisateurs absolument tous les jours.
Et savoir qu'on va pouvoir encore le faire.
NEXT, merci !
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un bémol, je ne suis pas 100% satisfait de mon nouvel avatar Raoul :D
j'ai voulu innover tout en restant dans la tradition, je pense qu'il vaut mieux que je change totalement.
je me laisse un peu de temps pour y réfléchir :D
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Babs
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Tu n'as qu'à choisir un autre réalisateur borgne ! Fritz par exemple :D
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teklow13 a écrit :
mar. 20 oct. 2020 17:43
Heureusement j'ai vu que dalle ces derniers temps.
Mais du coup ce nouveau forum me donne envie de reecrire un peu.
Immense merci Next tu es un génie ❤️❤️❤️
Bienvenue ! :D

Et merci à vous deux. Content aussi de mon côté de voir tout ce petit monde poster quotidiennement, et ce sur quasi toutes les sections ! :love2:
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Le film sort en 62, donc Blake Edwards choisit de le tourner en noir et blanc, et quelle bonne idée, tant ce film est sa lecture propre du film noir. Pourtant le genre connait son heure de gloire dans les années 40, et connaitra un revival, baptisé néo-noir, dans les 90's, mais Experiment in Terror est entre les deux. Il rend hommage au film noir en le pervertissant, exactement comme Hitchcock avait perverti le cinéma de suspense avec Psychose en 1960. Il est d'ailleurs dingue de voir combien l'image de ces deux films est proche, un noir et blanc profond, super contrasté, avec un grain et un jeu sur les gros plans, sur les textures de peau, sur la façon de capter la ville, des choses qui m'ont fait penser, à tort, que les deux films avaient le même chef-op. Mais, ce qu'il y a de plus intéressant encore, c'est de voir combien ce film, qui est un film américain, anticipe le Giallo, genre purement italien, dont l'apogée est les années 70, mais dont les premières manifestations arriveront chez Mario Bava avec "La Fille qui en savait trop" (on peut dire que c'est le premier giallo), mais qui date de 1963, c'est à dire que le Blake Edwards est antérieur ! C'est dingue... Si il y a ici des spécialistes capables de me dire si Bava avait connaissance de ce film ça m'intéresserait beaucoup. Bref, ce film est un pur giallo, jusque dans ses moindres détails, et anticipant des scènes qui allaient devenir des figures emblématiques du genre (notamment la scène dans la salle remplie de mannequins, qu'on ira même jusqu'à retrouver dans Peur sur la Ville de Lautner qui est lui une relecture populaire du genre Giallo). Et bien évidemment, j'ai eu un gros choc en découvrant le panneau Twin Peaks en ouverture du film, ville où se déroule en partie l'intrigue, et plus encore en apprenant que l'assassin se nomme Red LYNCH. Là aussi je serais curieux de trouver des infos concernant Lynch et ce film de Blake Edwards qu'il a forcément vu, au même titre que Kiss me Deadly ou Sunset Boulevard, qui sont des jalons importants visibles dans toute son oeuvre. Et comment écrire sur ce film sans mentionner l'extraordinaire BOF d'Henry Mancini, une de ses plus belles, que je connaissais par coeur avant de voir le film puisque j'ai le disque depuis des années. L'utilisation qu'en fait Edwards est magistrale. Un dernier mot sur ce génie de Blake Edwards. Ce mec a beau avoir raté quelques films (encore heureux, c'est un être humain), sa filmographie est aussi longue qu'hallucinante, et surtout, je connais peu de cinéastes aussi à l'aise sur différents genre, de la comédie potache au film noir, un peu comme si c'était un nouveau Billy Wilder.

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Autant vous le dire tout de suite, je n'aime pas Denis Villeneuve. Jusqu'à présent seul son Blade Runner avait trouvé grâce à mes yeux, sachant que je n'aime pas l'original. J'aimais son ambiance, son étrangeté, sa lenteur, la façon qu'il avait de déjouer les attentes d'un tel blockbuster annoncé. Mais ma curiosité cinéphile fait que je continue de découvrir des films de cinéastes dont je n'aime a priori pas le travail. Et j'ai vraiment bien fait car je me suis pris avec Prisoners une calotte hallucinante. Ce film est un chef-d'oeuvre de film à suspense, un film qui te fait arracher les accoudoirs du fauteuil pour citer un ami qui se reconnaitra. Alors attention, il va y avoir de GROS SPOILERS dans la suite de ce mot. Prisoners est un film où deux gamines de 6 ans se font enlever par ce qu'on pense être un serial killer et l'essentiel de ces 2h30 qui passent en quelques minutes va être de les tenter de les retrouver. Deux mecs : Hugh Jackman, le père de l'une d'elles, qui emploie la manière forte. Et Jake Gyllenhall, le flic chargé de l'enquête, qui respecte la procédure. Déjà, ce qu'il y a de formidable, c'est que Villeneuve ne dresse pas le portrait de héros. Ce sont en fait des types peu aimables. Le père est chasseur, catho à l'ancienne, alcoolo, bourru et qui n'hésite pas à torturer un type pendant des jours le croyant coupable. Le flic est borné, rate son enquête la plus part du temps et commet plusieurs erreurs impardonnables. Et Villeneuve les montre tels qu'ils sont, ne cherchent jamais à en faire des héros. Ensuite, concernant les films de rapt d'enfants, c'est un genre touchy et qui peut vite virer dans le scabreux ou le larmoyant, et disons que d'un point de vue moral, accepter de générer du suspense sur un sujet aussi grave n'est possible, n'est envisageable, qu'à une et une seule condition : c'est que les enfants s'en sortent indemnes à la fin. Un cinéaste qui te fait un suspense sur un film entier sur un rapt d'enfant pour in fine t'annoncer sa mort, est un connard. Point. Et bref, Villeneuve ne l'est pas, bien au contraire, et c'est un vrai soulagement, disons que cette issue rend acceptable la tension que le spectateur a pu endurer durant le film. Bon, et sinon, l'essentiel, c'est super bien écrit, magnifiquement mis en scène, avec lenteur, prenant son temps, ne faisant jamais dans le putassier, dans l'étape, dans le lacrymal, c'est un film digne, et dont l'issue est digne également. Bref, j'ai adoré, vu le film hier soir, et acheté le bluray dans la foulée pour le revoir très vite, c'est dire si Prisoners m'a fasciné.
Modifié en dernier par groil_groil le jeu. 22 oct. 2020 12:50, modifié 1 fois.
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j'ai aussi aimé Allô, brigade spéciale que j'ai vu il y a quelques mois sur Arte avec 4 acteurs que j'apprécie beaucoup, mais je ne comprends pourquoi tu dis que c'est un film italien, sa fiche wikipedia indique qu'il est américain
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groil_groil
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Salut, tu m'as lu trop vite ou je m'exprime mal.
C'est bien évidemment un film américain. Et j'insiste sur le fait qu'il a la gueule d'un Giallo (qui est un genre italien) et qu'il arrive avant même que le premier Giallo identifié (La Femme qui en savait trop) ne soit tourné.
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