Vu à la premiere (avec Chalamet, Zendaya, Ferguson et un Villeneuve tout excité qui disait que c'est la 1e fois que le film est montré à un grand public et il a participé lui-même aux réglages pour une qualité de visionnage optimal)
Je vais avant tout parler en tant que connaisseur de l'oeuvre : avec cette nouvelle adaptation de Dune (du moins la 1e moitié), Villeneuve livre non seulement son meilleur film, mais également le blockbuster de SF le plus impressionnant depuis Avatar. Voilà qui est posé.
Maintenant je ne vais pas revenir en détail sur ce qu'offre le scénar, mais en terme de tonalité, le réal a parfaitement compris les diverses composantes de l'oeuvre (monomythe, guerre de clans, la relation parent-enfant, l'influence de la religion, la dimension écologique...), le tout avec un respect et un aspect des plus solennels absolument admirables.
C'est simple, malgré son côté "Star Wars rencontre Game of Thrones et Avatar", le visionnage de Dune est comme nul autre, et ce dès sa formidable introduction (le reveal du titre fait presque penser à 2001), où la beauté des images (Greig Fraser livre son meilleur taff), l'acuité de la mise en scène, la perfection du montage de Joe Walker (habitué de Steve McQueen) et la merveilleuse BO de Hans Zimmer (le bougre s'est dépassé pour nous livrer un sacré morceau pour les esgourdes) arrivent immédiatement à nous transporter dans le monde imaginé par Herbert.
Le gigantisme des décors (excellente production design de Patrice Vermette, à qui on doit les vaisseaux d'Arrival) pour créer un film-univers ne supplante jamais l'attention accordé aux personnages. Tout le monde est parfait : Timothée Chalamet en futur élu appelé par un destin qui le dépasse, Rebecca Ferguson en figure maternelle tiraillée entre sa famille et son devoir religieux, Oscar Isaac qui incarne l'autorité tranquille, Jason Momoa et son flegme animal, Josh Brolin en général taciturne, Charlotte Rampling en révérante impassible (elle te vole la vedette en 1 seule séquence)...
Partie 1 oblige, certains sont plus en retrait, non sans donner l'impression d'être parfaitement à leur place (Zendaya,Javier Bardem...) mais c'est plus dommageable pour les Harkonnen, finalement très peu mis en avant.
Là où c'était une belle occasion de développer les antagonistes en filigrane, il faudra attendre la partie 2 pour un biscuit plus conséquent.
Qu'à cela ne tienne, là est LE petit grief que l'on pourra trouver à Dune Part One : en 2h35 (rythmée à la perfection), le film arrive à vraiment introduire et développer son univers, ses personnages principaux, amener du retournement de situations et des péripéties avant la seconde moitié de l'aventure.
Il est juste dommage de ne pas avoir disons 20 minutes de plus pour mettre en avant certains personnages secondaires qui sont des pivots de la partie 1, en particulier le Dr Yueh (et Duncan Idaho/Momoa dans une moindre mesure)
David Dastmalachian en Peter de Vries est relégué au 3e plan, tandis que Glossu Rabban attend sagement le 2nd film.
Heureusement, Stellan Skarsgard est parfait en Baron Vladimir (un travail prosthétique impressionnant), inspirant à la fois la peur et le dégout, et ce en une poignée de séquences.
Autre point notable : le Dr Liet Kynes se voit certes changé de sexe, mais est plus développé !
Passé ce léger point, on se dit que la Partie 2 gommera ses menus défauts (ou non si l'aventure s'arrête là), dans un film où l'attention au détail est présente à chaque plan.
Cela se traduit évidemment par la direction artistique comme précédemment dit (de Caladan à Arrakeen, même si 2-3 couloirs vides), mais aussi par le score de Hans Zimmer. Le bougre a bien bossé, proposant des sonorités futuristico-tribales et orientales du plus bel effet. Sons gutturaux semblant venir d'un autre monde, percussions tonitruantes ou basses atmosphériques, il s'agit de son meilleur travail depuis 2014, convoquant Interstellar, The Dark Knight, Gladiator et Lawrence d'Arabie (rien que ça) !
Bref, un film dense, qui m'aura également surpris dans sa narration et l'utilisation des visions ésotériques de Paul...
Difficile de ne pas y voir un pari largement réussi, qui sera à remettre en perspective avec la Partie 2 (se devant donc d'aller plus loin dans le développement des Harkonnen et des Fremen, tout en introduisant Feyd, l'Empereur et la suite du parcours de Paul)
Autrement, on tient là un grand moment de cinéma, et n'ayons pas peur des mots, une pierre blanche majeure dans le paysage cinématographique du blockbuster et du cinéma de SF.
4.5 ou 5/5 (grosso merdo jsuis sur du 9 ou 9.5/10)
PS : ptit regret, Villeneuve n'a pas inclus les navigateur