C'est la première fois que tu vois "Vive l'amour" ?? (je ne crois pas)
à mon opinion, le maitre absolu du filmage des corps. A ce point, qu'on ne se pose même plus la question de leur sexe, c'est dire !
C'est la première fois que tu vois "Vive l'amour" ?? (je ne crois pas)
à mon opinion, le maitre absolu du filmage des corps. A ce point, qu'on ne se pose même plus la question de leur sexe, c'est dire !
Honte à moi : comment j'ai 'négligé' le nouveau film du couple du splendide "Je veux voir" ???
autant je trouve que tu fais un procès d'intention au film (au scénario et à la mise en scène qui portent, de toute façon, le même auteur). Donc je ne comprends pas ton papier (or, celui de Narval, oui)
En te lisant je me disais : "on dirait que tu critiques un pays, pas un film". Et ta dernière phrase est de ce point de vue là comme un aveu.
Oui, j'aurais aussi bien pu résumer par : c'est quand même une grosse soupe.sokol a écrit : ↑mar. 25 janv. 2022 11:46@asketoner
C'est assez marrant avec le cinéma : tout en aimant beaucoup le film (et tout en n'étant pas du tout un fan du cinéaste), autant j'étais d'accord de a à z avec @Narval (qui résume assez bien son papier avec ça :autant je trouve que tu fais un procès d'intention au film (au scénario et à la mise en scène qui portent, de toute façon, le même auteur). Donc je ne comprends pas ton papier (or, celui de Narval, oui)
Jean-Marc Lalanne disait un peu la même chose dans le Masque, et j'avoue que j'ai du mal à comprendre. Si quelques mains au cul deviennent du sadisme digne de Haneke ou Lánthimos, on ne va plus leur faire vivre grand chose aux personnages, notamment féminins. C'est un élément qui revient de plus en plus dans la critique française, cette peur de la souffrance ou de la mise à l'épreuve, vue comme humiliation systématique. A ce compte là on peut bazarder tout Hitchcock, et considérer Marnie comme un horrible film misogyne qui se repait de la souffrance d'une femme.(malgré tout, la meuf finit en maillot de bain dans le magasin de son prétendant, à vendre des saletés ; puis se fait renifler par un gars qui veut lui apprendre à conduire un camion ; taper les fesses par son précédent patron ; bousculer par des dizaines de gamins ; planter dans un faux rencard par un homo qui cherche une couverture ; menacer par une sorte de faux espion arrogant jusqu'à ce que son collègue vienne lui régler son compte... et j'en passe : j'ai du mal à ne pas voir un certain sadisme misogyne à l'oeuvre)
Tyra a écrit : ↑mar. 25 janv. 2022 13:11
De plus, à ce compte là, Gary a lui aussi son lot de péripéties déplaisante, voir "humiliantes", par exemple lorsqu'il se fait embarquer violement par les flics.
Et première chose qui contredit la "normativité" supposée du film : le physique des deux acteurs totalement atypique dans le cinéma américain.
Ah, et j'avais oublié le coup de la moto.Tyra a écrit : ↑mar. 25 janv. 2022 13:11Jean-Marc Lalanne disait un peu la même chose dans le Masque, et j'avoue que j'ai du mal à comprendre. Si quelques mains au cul deviennent du sadisme digne de Haneke ou Lánthimos, on ne va plus leur faire vivre grand chose aux personnages, notamment féminins. C'est un élément qui revient de plus en plus dans la critique française, cette peur de la souffrance ou de la mise à l'épreuve, vue comme humiliation systématique. A ce compte là on peut bazarder tout Hitchcock, et considérer Marnie comme un horrible film misogyne qui se repait de la souffrance d'une femme.(malgré tout, la meuf finit en maillot de bain dans le magasin de son prétendant, à vendre des saletés ; puis se fait renifler par un gars qui veut lui apprendre à conduire un camion ; taper les fesses par son précédent patron ; bousculer par des dizaines de gamins ; planter dans un faux rencard par un homo qui cherche une couverture ; menacer par une sorte de faux espion arrogant jusqu'à ce que son collègue vienne lui régler son compte... et j'en passe : j'ai du mal à ne pas voir un certain sadisme misogyne à l'oeuvre)
De plus, à ce compte là, Gary a lui aussi son lot de péripéties déplaisante, voir "humiliantes", par exemple lorsqu'il se fait embarquer violement par les flics.
Et première chose qui contredit la "normativité" supposée du film : le physique des deux acteurs totalement atypique dans le cinéma américain.
J'avoue tout
Je vois davantage les tentatives de busines de Gary comme un pur élan vital, une force de conviction et une absence de retenue qui le font "entreprendre" tout ce qu'il veut, au culot, pour monter sa boite comme pour aborder une fille. Il n'y a pas il me semble discours sur le capitalisme, contrairement à There Will be blood, qui d'ailleurs en devenait lourdingue. C'est peut être mieux comme ça.
Pour le rôdeur on comprend à demi-mot de quoi il en retourne après non ? C’est implicite mais on devine qu’il s’agit
J'en conclus que tu préfères Nomadland à Licorice Pizza ?
Eh bien je crois que ouiJ'en conclus que tu préfères Nomadland à Licorice Pizza ?
Tu vois, ce que je trouve fou, c'est que quand on parle d'un cinéaste d'un autre pays on n'est pas tout le temps obligé de rappeler d'où il vient pour expliquer ce qu'il a fait. Pour moi il y a un vrai problème dans le cinéma américain contemporain parce que c'est un cinéma qui a arrêté d'être universel, qui est devenu globalement folklorique.Mais on peut pas demander à tous les cinéastes américains de détester le capitalisme non plus, à un moment.
J'aurais bien aimé voir ça, mais je ne vois aucune résistance. Peut-être que la résistance n'est pas au programme du rêve. Du coup je ne rêve pas du tout avec les personnages.ou comment on continue à rêver en faisant avec l'avènement du capitalisme sauvage
Je trouve que les conséquences de ce baiser retardé tombent toutes plus ou moins du côté de la jalousie.en ne s'embrassant pas tout de suite, Gary et Alana se forcent à traverser ce monde un peu fou, ne cessent de passer entre les mailles, d'en accepter les règles pour mieux creuser leur rapport et s'en détourner pour se construire à eux deux un monde un peu meilleur (plus juste, plus harmonieux, plus bizarre)
Oui, ça, ça va. Mais bon, je ne suis pas tombé de mon fauteuil non plus.Et puis pardon mais la scène où ils se disputent pour savoir qui est le plus cool des deux, ça a du te faire bondir, moi j'adore, parce que pour une fois PTA ne vient pas nous les briser avec un discours surplombant à la con : c'est "logique" que ces deux gamins jouent au plus cool, et il confère à l'usage de ce mot une véritable intensité dramaturgique.
Oui, c'est aussi le sentiment que j'ai eu tout du long, mais je crois que c'est l'essence de son cinéma. Il a toujours filmé ce pays comme un vase close rempli de solitaires et de désaxés qui luttent pour se faire une place. Ce qui me gêne avec ce film-là en particulier, c'est le ton du film qui est un peu manqué : comme il essaie d'incorporer de la nostalgie/coolitude dans toute cette folie (un peu comme dans Inherent Vice - que bizarrement j'avais trouvé bien plus fou, amer, désespéré et érotique) je trouve que ça ne fonctionne plus vraiment.
Oui c'est parasité par trop de personnages/prétextes scénaristiques extérieurs. Rares sont les scènes où ils peuvent exister à deux (ex le téléphone ou le matelas, mais tout ça se fait en silence paradoxalement).
Alors là, pas mieux...asketoner a écrit : ↑mar. 25 janv. 2022 11:29Si bien que j'ai eu l'impression (mais c'est exactement pareil chez Robert Altman, dont l'ivresse progressive produit un paradoxal effet d'inertie) que le film était une compilation de scènes collées les unes aux autres sans que rien du temps et de son passage ne vienne s'immiscer, modifier les corps, les voix, les paysages.
C'est marrant mais ton texte me rappelle que globalement je n'aime pas le cinéma des U.S.A pour ce qu'il nous montre du pays, mais peut-être que c'est le pays lui-même, au fond, je n'aime pas (pas trop envie de juger sans y avoir été, mais je crois que je n'ai pas envie d'y mettre les pieds).
excuse d'intervenir mais je suis allé voir ta liste PTA et :
Tu es quand même très fan de son cinéma, n'est ce pas ?
Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 10:10Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
C'est vrai,sokol a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 10:57Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 10:10Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 11:23C'est vrai,sokol a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 10:57Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 10:10Film bizarre, comme la carrière des Larrieu qui oscille en permanence entre réussites et échecs sans jamais vraiment comprendre ce qui fait qu'un film est réussi ou ne l'est pas.
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.
super intéressant ce que tu écris là, merciTamponn Destartinn a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 12:12groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 11:23C'est vrai,sokol a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 10:57
Moi j'ai un souvenir de plus en plus bon du film. Et je suis bien d'accord avec toi car, peut être, c'est ça qui m’intéresse au cinéma : ne pas vraiment comprendre pourquoi on peut parler de réussite ou pas au ciné (car, très probablement, un film réussi, ça ne veut rien dire)
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.
Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)
Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
C'est dit dans leur interview pour les Cahiers (ou le papier dédié au film), faut que je regarde ce soir
J'avais lu à sa sortie que Philippe Katerine était mal à l'aise en lisant le scénario car le personnage était trop proche de lui, trop ressemblant, ce qu'il cherche à tout prix à éviter au cinéma.groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 14:47super intéressant ce que tu écris là, merciTamponn Destartinn a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 12:12groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 11:23
C'est vrai,
pour te copier j'ai vraiment failli arrêter au bout de 30mn mais j'ai continué et j'ai bien fait puisque à la fois le film est de mieux en mieux et en plus il faut du temps pour que ce film s'installe.
Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)
Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
Mr-Orange a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 16:03J'avais lu à sa sortie que Philippe Katerine était mal à l'aise en lisant le scénario car le personnage était trop proche de lui, trop ressemblant, ce qu'il cherche à tout prix à éviter au cinéma.groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 14:47super intéressant ce que tu écris là, merciTamponn Destartinn a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 12:12
Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)
Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
EDIT : C'est bien ça : ""Au début, on lui avait proposé de tout faire: de jouer, de composer la musique, puis il a disparu", se souvient Jean-Marie Larrieu. "Il était très occupé, en orbite avec son album. Quand il y a eu le scénario, il s'est senti mal. Il fait du cinéma pour être en vacances de lui-même, nous a-t-il dit, et là le rôle était trop proche de lui."
https://www.bfmtv.com/people/cinema/tra ... 50037.html
Comment peut-on tenir plus que 20-30 minutes ? Plusieurs commentaires disent que la première partie est vraiment mauvaise (perso je suis parti du cinéma au bout de 20-25 minutes)
Moi j'aime bien Almaric dedans. Je crois que j'aurais eu un vrai problème avec Katerine.Tamponn Destartinn a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 17:13
Et ce n'est pas une pique contre Amalric qui lui au moins n'oublie pas les copains, c'est juste que ça marche forcément moins.
Je l'adore et je le connais depuis 25 ans, c'était le colloc d'un bon collègue au moment où il débutait la musique.
merci à vous deuxMr-Orange a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 16:03J'avais lu à sa sortie que Philippe Katerine était mal à l'aise en lisant le scénario car le personnage était trop proche de lui, trop ressemblant, ce qu'il cherche à tout prix à éviter au cinéma.groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 14:47super intéressant ce que tu écris là, merciTamponn Destartinn a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 12:12
Je partage bcp de sentiments avec toi sur le film.
Un truc auquel je pense sans arrêt, c'est le fait qu'il a été écrit pour Philippe Katerine, et qu'Amalric, bon copain, l'a remplacé au dernier moment.
Quand j'ai appris ça, tout a fait sens. Ca aurait été mieux. Le rôle était pour lui (ne serais-ce parce qu'il sait chanter, déjà, et puis bon... "poubelle" quoi)
Sinon j'ai vu le PT Anderson hier soir.
je suis team "j'ai aimé" mais je trouve le débat super intéressant. J'essaie de m'y insérer des que j'ai un peu de temps
tu sais pourquoi Katerine a finalement refusé ?
et hâte de te lire sur LP.
EDIT : C'est bien ça : ""Au début, on lui avait proposé de tout faire: de jouer, de composer la musique, puis il a disparu", se souvient Jean-Marie Larrieu. "Il était très occupé, en orbite avec son album. Quand il y a eu le scénario, il s'est senti mal. Il fait du cinéma pour être en vacances de lui-même, nous a-t-il dit, et là le rôle était trop proche de lui."
https://www.bfmtv.com/people/cinema/tra ... 50037.html
asketoner a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 16:49
Onoda, Arthur Harari
J'avais trouvé Diamant noir remarquable pour sa façon d'habiter des scènes parfois convenues, de leur donner des intensités et des perspectives, sinon nouvelles, du moins vivantes. Onoda est du même acabit : je ne sais pas exactement à quel fantasme de cinéma cela correspond (je craignais que Harari s'inscrive dans la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking), mais c'est plus complexe que ça), et si c'est par moments un peu lourd, il y a des fulgurances indéniables.
L'histoire d'Onoda est celle d'un interdit : interdit de mourir, interdit de se rendre, interdit d'abandonner la partie même quand elle est finie. Le film nous montre des hommes menant une guerre qui n'a plus lieu, contre des ennemis absents. Chacun a sa fonction dans ce délire partagé : même celui qui y croit le moins renforce la conviction des autres.
La Bande des Quatre, Jacques Rivette
C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.
Oui pour moi ça ne démarre vraiment qu'avec la petite troupe esseulée. Avant cela, je n'arrivais même pas à suivre le film. J'avoue que je préparais même mon sac pour sortir de la salle.
J'ai du mal à voir ce que Zama fout dans cette liste, mais bon.groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 17:34asketoner a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 16:49
Onoda, Arthur Harari
J'avais trouvé Diamant noir remarquable pour sa façon d'habiter des scènes parfois convenues, de leur donner des intensités et des perspectives, sinon nouvelles, du moins vivantes. Onoda est du même acabit : je ne sais pas exactement à quel fantasme de cinéma cela correspond (je craignais que Harari s'inscrive dans la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking), mais c'est plus complexe que ça), et si c'est par moments un peu lourd, il y a des fulgurances indéniables.
L'histoire d'Onoda est celle d'un interdit : interdit de mourir, interdit de se rendre, interdit d'abandonner la partie même quand elle est finie. Le film nous montre des hommes menant une guerre qui n'a plus lieu, contre des ennemis absents. Chacun a sa fonction dans ce délire partagé : même celui qui y croit le moins renforce la conviction des autres.
La Bande des Quatre, Jacques Rivette
C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.
merci pour ça : la lignée Jauja/Zama/FirstCow (ce nouvel académisme du cinéma d'auteur en plein air qui sent un peu trop fort le coworking
c'est ce que je pense, à la virgule.
Révoltant
Tu dois te tromper, voilà ce que j'avais écrit sur Zama à sa sortie :
Je ne l'ai pas lu le livre duquel Zama est l'adaptation, or j'ai eu le sentiment qu'il y avait, entre le film et moi, une zone infranchissable. Sans doute cette référence manquante. La première heure était même assez éprouvante, je ne comprenais pas l'enchaînement des séquences, de quelle vie on me parlait, de quelle époque ni de quelle histoire. Le dernier tiers est heureusement plus linéaire et plus sensible.
J'ai été, comme toujours avec Lucrecia Martel, ébloui par le sens du cadre de cette cinéaste, et par sa façon de mêler, à cette théorie permanente de l'enchevêtrement des corps, des sons tranchants, choisis, entêtants et abstraits.
Mais tout de même, quand la fin du film revient sur la légende qui ponctue le générique, au sujet de ce poisson allergique à l'eau luttant pour rester dans ce milieu qui ne cesse de le rejeter, je me suis dit que ça ne racontait pas grand chose, que c'était beaucoup d'effort pour peu de grâce, qu'il me manquait un véritable déploiement du sens.
Un de ses meilleurs - sinon le meilleur Etant très théâtre j'avoue que Rivette est un des rares cinéastes qui a aussi bien filmé les répétitions.asketoner a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 16:49La Bande des Quatre, Jacques Rivette
C'est grisant de voir à quel point Rivette, cinéaste le moins populaire de la Nouvelle Vague, et jugé comme le plus hermétique, trouve aujourd'hui, dans cette époque qu'il ne connaît pas, un écho sans commune mesure. Tout est contenu dans la formule de Bulle Ogier, qu'elle transmet à ses élèves travaillant un texte de Marivaux dans un beau théâtre arrondi : "le doute et la destruction, c'est à partir de cela que vous allez créer, rêver". On peut difficilement faire plus actuel.
Le film est un plaisir de chaque instant. Il est comme la version collective de Secret Défense, organisé autour d'un mystère et d'une tentative de déstabilisation d'un groupe de filles bien décidées à habiter pleinement leurs existences. Les comédiennes sont exceptionnelles : Nathalie Richard est merveilleuse, à part (son rôle l'exige), mais toute la bande, sans s'aligner sur des sociotypes bien distincts (mais sans nier non plus les différences de classe, de sexualité et d'origine), invente des rapports au monde singuliers et très riches, qu'une seule vision ne permet ni d'épuiser ni de caractériser. La Bande des Quatre est un très beau film d'amour, d'amitié et d'apprentissage, plein de dangers, d'attentes et d'indécision. J'ai l'impression que c'est une clef parfaite pour entrer dans le cinéma de Rivette.
Tu es quand même très fan de son cinéma, n'est ce pas ?
Oui j'aime vraiment ce cinéaste, du coup assez déçu par ce dernier cru, mais rien de grave, le film n'est pas détestable. Comme je disais plus haut il faut être exigeant avec les artistes qui nous sont proches. Là je ne suis pas convaincu, et pas sûr que j'ai envie de le revoir un jour
Je parlais à Sokol mais je me suis emmêlé sur les citationsasketoner a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 23:46Tu dois te tromper, voilà ce que j'avais écrit sur Zama à sa sortie :
Je ne l'ai pas lu le livre duquel Zama est l'adaptation, or j'ai eu le sentiment qu'il y avait, entre le film et moi, une zone infranchissable. Sans doute cette référence manquante. La première heure était même assez éprouvante, je ne comprenais pas l'enchaînement des séquences, de quelle vie on me parlait, de quelle époque ni de quelle histoire. Le dernier tiers est heureusement plus linéaire et plus sensible.
J'ai été, comme toujours avec Lucrecia Martel, ébloui par le sens du cadre de cette cinéaste, et par sa façon de mêler, à cette théorie permanente de l'enchevêtrement des corps, des sons tranchants, choisis, entêtants et abstraits.
Mais tout de même, quand la fin du film revient sur la légende qui ponctue le générique, au sujet de ce poisson allergique à l'eau luttant pour rester dans ce milieu qui ne cesse de le rejeter, je me suis dit que ça ne racontait pas grand chose, que c'était beaucoup d'effort pour peu de grâce, qu'il me manquait un véritable déploiement du sens.
groil_groil a écrit : ↑mer. 26 janv. 2022 17:31
Je l'adore et je le connais depuis 25 ans, c'était le colloc d'un bon collègue au moment où il débutait la musique.
C'est un garçon adorable, d'une grande gentillesse.
Je le suis musicalement depuis ses tout débuts en groupe, et j'ai été très heureux de voir sa carrière solo décoller ainsi.
pour moi son meilleur album est Hypernuit (un chef-d'oeuvre) suivi de près par le magnifique Parcs.
Je veux bien croire que "Zama" (film extrêmement courageux !) n'est pas le plus grand film de l’histoire de cinéma, mais "Jauja" est un très mauvais film (le comble du formalisme, au même titre que "La mort de Louis XV").