C'était mon attente numéro 1
Vrai beau morceau entre thriller Hitchcockien à la Vertigo voire Basic Instinct, sans être aussi vénéneux, retors ou surprenant que ses inspirations (concrètement le récit se veut assez simple, et c'est clairement mon principal reproche).
C'est d'ailleurs le film le plus léger de toute la filmo de Park Chan-wook (avec Je suis un cyborg), qui marie l'humour et les ruptures de ton. Néanmoins, la mise en scène est toujours aussi inventive et maitrisée (quelques sacrées séquences crépusculaires, ou autres utilisations de grue lors d'une poursuite sur un toit) et le duo Tang Wei-Park Hae-il est incandescent comme il faut.
L'utilisation de la musique est également parfaite (Park a toujours été le meilleur de tous les cinéastes coréens à ce niveau), jusqu'à un final excellent (mais qui comme le reste du film, aurait mérité d'aller plus loin en terme d'émotion ou de caractère charnel)
Bref, quand même très bon mais pas l'immense claque que j'attendais (pour chipoter) !
4/5
Nos Frangins de Rachid Bouchareb
pas trop trop mal sans casser des briques non plus
Bouchareb reprend grosso modo le cas Oussekine, pour avant tout s'intéresser aux victimes collatérales : la famille
Lyna Khoudri et Reda Kateb portent le film avec talent, avec une bonne reconstitution d'époque, et une bonne célébration de Malik alors qu'on navigue avec cette famille endeuillée, alors que le ministère de l'intérieur souhaite faire étouffer l'affaire.
Le film se suit sans déplaisir, avec cependant une mise en scène très fonctionnelle, et peu de réelles nouveautés sur l'affaire.
Le climax à coups d'images d'archives fonctionne bien, mais la série Oussekine sur Disney+ va quand même bien plus loin
bref petit 3/5 !
Tourment sur les îles (Pacifiction) de Albert Serra
pour ma part une bonne grosse daube des familles : 2h45 absolument interminables, sans mise en scène (à part peut-être une séquence maritime en milieu de film et 1 ou 2 autres moments), où l'on suit un Benoit Magimel en haut -commissaire de l'Etat français, censé se familiariser avec les locaux tahitiens, eux-mêmes craintifs d'une possible menace nucléaire.
Un point de départ accrocheur, qui n'intéressera visiblement pas le réalisateur Albert Serra, préférant empiler les séquences de dialogues improvisés, les "acteurs" qui ne jouent pas (Benoit Magimel a même confirmé qu'il n'y avait pas eu besoin d'apprendre de texte, et le film parle pour lui) et l'absence totale de rythme.
ça parle de la pluie, du beau temps, de tout et de rien, de la manière la plus atone possible. Il y a quand même l'impression d'être devant une Polynésie en forme de paradis perdu, où vivent simplement des âmes damnées et sans vie, mais aucun traitement de la sorte, à part peut-être une petite séquence de nigthclub simili-Refn sous tranxène.
Heureusement, la photographie est plutot jolie, mais on reste sur du non-film
0,5 ou 1/5
Vraiment très bon !
Bedos commence à devenir une valeur sûre du cinema français pour moi (si on omet un OSS 117 mineur).
Ici on est à contre courant de Mr & Mme Adelman et La Belle Epoque, tout en continuant l'exploration des couples dysfonctionnels.
Soit l'histoire de 2 arnaqueurs allant s'acoquiner avec de riches bourgeois agés, dans un scenario savamment orchestré, à la real classieuse et aux dialogues bien savoureux.
Le film nous montre la Cote d'Azur (et plus precisément Nice) comme un paradis pourri et ensoleillé amenant le vice, l'adultère, la tromperie et l'ennui.
Les riches végètent, prônent le paraitre et leur jeunesse perdue, tout en étant pris dans des relations toxiques.
Et Bedos jongle admirablement avec toutes ces composantes, dans un vrai film d'arnaque tout en traitant ses personnages, tous en nuances de gris.
Le cast est super, mais c'est clairement Marine Vacth qui tient le haut fu panier avec rien de moins que LA perf de sa carriere (Adjani et Niney sont egalement tres bons)
Si le début use de pas mal de voix off pour presenter son contexte et ses persos, le tout est directement efficient tout en jouant de manière limpide entre diverses temporalités.
Bref encore une très bonne pioche de Bedos
4/5
Sans filtre (Triangle of Sadness) de Ruben Ostlund
Après sa Palme d'Or The Square, Ostlund revient avec Triangle of Sadness, une comédie satirique qui ne réinvente rien en terme de fond mais livre un film hyper efficace, avec de sacrées saillies d'humour jaune. C'est simple, ça tire à boulets rouges sur l'artificialité du paraître, du monde de la mode, sur l'hypocrisie des riches et des puissants, le capitalisme, le communisme...
Une croisière qui va mal se passer suite à de violentes turbulences, et sans spoiler, le film opère un virage plutôt intéressant en renversant la hierarchie du pouvoir, tout en étant profondément misanthrope sur ces en**** d'humains civilisés que nous sommes.
Le cast est top (Harris Dickinson qui surprend en changeant totalement de registre, Woody Harrelson dans le passage le plus hilarant du métrage...) et on tient un des morceaux de comédie burlesque les plus communicatifs de l'année (amis de vomi, vous allez être servis)
Bref, une satire ultra efficace, pas finaude pour un sou, mais qui marche grâce à une très bonne écriture de dialogue, une direction d'acteurs au top et un setting inspiré !
7,5/10
Novembre de Cédric Jimenez
Grosse déception, pourtant assez fan de Jimenez
D'une durée de 1h40, le film enchaine les opérations de police (perquisitions, interrogatoire, et climax interventionnel) de manière totalement programmatique.
Alors certes par pudeur on montre rien des evenements du Bataclan, mais le film manque de corps et d'aspect evocateur sur le trauma engendré (on parle quand même de l'acte terroriste le plus marquant de notre contrée ces 10-20 dernieres années), et donc d'impact émotionnel.
Alors oui c'est carré, sec (mise en scene camera à l'épaule maitrisée), sans reel temps mort (mais pas de grosses fulgurances non plus) et quelques moments de tension bien orchestrés.
Le cast est tres bon (Dujardin en tete, duivi de Demoustier, Renier et Khoudri) mais paradoxalement aucun espace n'est créé pour faire exister les personnages.
Bref ni bon ni mauvais, c'est au mieux sympa sans plus et un objet filmique carré.
Mais on est à 1000 lieues de Otages à Entenebbe, Munich ou l'inspiration évidente Zero Dark Thirty
2,5 ou 3/5
Ali Abbasi (Border) signe là son meilleur film !
Inspiré d'une histoire vraie, ce qui s'apparente initialement à un jeu du chat et de la souris (une journaliste traque un tueur de prostituées à Mashad) un peu classique se mue la 2e heure en un beau plaidoyer contre des institutions socio-culturelles archaïques de l'Iran (faisant passer les idéaux religieux avant la justice) .
Un portrait plutot glaçant au final, avec de très bons acteurs, et une mise en scène bien efficace (on est dans la rue avec les personnages). Cela aurait mérité un aspect coup de poing supplémentaire, mais c'est du réussi !
7 ou 7.5/10
Pas mal
Après le très bon Le Caire confidentiel, Tarik Saleh livre un film pertinent sur les luttes de pouvoir entre les élites politiques et religieuses en Egypte, alors que le jeune Adam se voit amené à infiltrer un réseau d'étudiants extrémistes dans la grande université du Caire.
C'est carré visuellement, malgré un récit suivant le caractère extrêmement balisé des codes du film d'infiltration policière. De plus, le réal ne montre pas clairement ce que sont censés représenter ces radicalistes en terme de menace ou de pression (il y aura pas un seul élément qui ne soit pas vraiment grand public), de quoi diminuer la protée et le poids de Boy From Heaven.
Ensuite, malgré un très bon build-up, la conclusion est quand même relativement facile.
Bref, ce qui est le point fort par contre est la qualité des acteurs (Fares Fares son acteur fétiche en impose encore une fois, et le jeune Tawfeek Barhon parvient à bien retranscrire les contradictions du perso, initialement assez innocent avant de gagner en maturité)
Cela aurait mérité d'aller plus loin, mais rien que l'authenticité dégagée (voir ces décors qu'on ne voit pour ainsi dire jamais au cinéma, comme les fameuses séances de lecture du Coran) offre un certain cachet au film, jamais déplaisant
6 ou 6,5/10
Très bon ! Après Girl, le tout jeune Lukas Dhont signe un film très émouvant et sensible avec Close, l'histoire de Leo, un ado de 13 ans qui vit une amitié fusionnelle allant s'éteindre.
Ainsi le film traite de la perte avec authenticité et surtout une certaine viscéralité émotionnelle bien communicative (beaucoup de larmes versées à Cannes). On doit cela à une justesse assez impressionnante dans l'interprétation des acteurs, en particulier Eden Dambrine et Gustav de Waele : tant dans les regards ou les silences, les 2 excellent alors que c'est leur premier rôle.
Ensuite, la mise en scène minimaliste au prime abord est en réalité constamment centrée sur les visages, amenant le caractère intime et brut de manière efficace, tout en proposant parfois des travelings sur routes ou champs (tout en centrant la focale sur les acteurs) techniquement impeccables
Une 1e heure excellente, seulement entachée par une 2e partie restant un tantinet en surface dans son exploration du deuil (il y avait moyen d'aller plus en parcours de personnage), heureusement ratrappé par des séquences d'émotion jamais dans le pathos et qui frappent juste
Bref c'est du 4/5