Le Cercle des profileurs disparus

Inutile de vénérer Godard pour venir discuter sur ce forum. Le Général vous permet en effet d'aborder tous les sujets outre le cinéma.
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Pale
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NaughtyDog a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:06
En VOST et VF :



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robinne
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weird

Pale a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:08
robinne a écrit :
mar. 18 oct. 2022 17:58
Et si on a vu la pièce Le père, on peut se passer de voir le film The Father ? :saint:
Ben ce serait se priver de la mise en scène magistrale de Florian Zeller et la prestation de Anthony Hopkins :D
Il était sur ma liste des films à voir, quand il passait en salles. Et je l'ai loupé :sweat:
Je vais essayer de le voir prochainement ;)
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Pale
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robinne a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:15
Il était sur ma liste des films à voir, quand il passait en salles. Et je l'ai loupé :sweat:
Je vais essayer de le voir prochainement ;)
Tu m'en diras des nouvelles :hot:
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Pale
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Je suis assez content de voir ce film débarquer sur Disney+ la semaine prochaine :

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Miamsolo
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Pale a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:20
Je suis assez content de voir ce film débarquer sur Disney+ la semaine prochaine :

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"Par un des producteurs de Ça et un des producteurs exécutifs de Le Cercle et The Grudge"

Typiquement le genre de tagline qui me fait fuir :saint:

:hello: :hello: :hello:
+ de 4400 jours sur AlloCiné
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Pale
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Miamsolo a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:40
Typiquement le genre de tagline qui me fait fuir :saint:

:hello: :hello: :hello:
:hello:

Malgré tout ça a l'air bien, le film jouit d'un beau petit succès public et critique aux States.
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shenbov
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Miamsolo a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:40

"Par un des producteurs de Ça et un des producteurs exécutifs de Le Cercle et The Grudge"

Typiquement le genre de tagline qui me fait fuir :saint:

:hello: :hello: :hello:
:hello: :hello: :hello:

Tellement, c'est assez ridicule. En plus la plupart des gens ne savent même pas ce qu'est qu'un producteur exécutif :D
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robinne
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Miamsolo a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:40
Pale a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:20
Je suis assez content de voir ce film débarquer sur Disney+ la semaine prochaine :

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"Par un des producteurs de Ça et un des producteurs exécutifs de Le Cercle et The Grudge"

Typiquement le genre de tagline qui me fait fuir :saint:

:hello: :hello: :hello:
C’est exactement ça :lol:
« Un des… », ça donne vachement envie :lol:
A croire que c’est ironique…
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robinne
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Pale a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:45
Miamsolo a écrit :
mar. 18 oct. 2022 18:40
Typiquement le genre de tagline qui me fait fuir :saint:

:hello: :hello: :hello:
:hello:

Malgré tout ça a l'air bien, le film jouit d'un beau petit succès public et critique aux States.
Il est sorti en salles là-bas ?
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robinne a écrit :
mar. 18 oct. 2022 19:23
Il est sorti en salles là-bas ?
Oui tout à fait, il a même été numéro 1 du BO à sa sortie.
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shenbov
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Je n'ai pas encore vu le film. Il m'arrive parfois d'écouter une bande-originale car j'aime bien l'artiste qui la compose. Parfois cela peut mener à la découverte du film concerné. Je n'aurai probablement pas regardé Les Olympiades de Audiard si Rone n'avait pas composé la musique par exemple. En l'occurence ici c'est Nick Cave et son compère Warren Ellis qui sont à l'oeuvre, je ne pouvais donc pas passer à côté car j'adore ce qu'ils font.

Et bien maintenant on peut dire que j'ai encore plus envie de le regarder :ouch:

On dirait du Badalamenti en plus éthérée encore. Les nappes de synthétiseur renforcent un côté doux et sympathique, le monde intérieur de Marylin Monroe j'imagine, mais est compensé de temps à autres par une mélodie bien sinistre qui débarque sans crier garde et m'a foutu les chocottes. On sent que le film a l'air difficile dans ce qu'il montre.

Bref, pour moi il s'agit du meilleur album de 2022 tout registres confondus pour le moment :)
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robinne
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weird

shenbov a écrit :
mer. 19 oct. 2022 13:21
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Je n'ai pas encore vu le film. Il m'arrive parfois d'écouter une bande-originale car j'aime bien l'artiste qui la compose. Parfois cela peut mener à la découverte du film concerné. Je n'aurai probablement pas regardé Les Olympiades de Audiard si Rone n'avait pas composé la musique par exemple. En l'occurence ici c'est Nick Cave et son compère Warren Ellis qui sont à l'oeuvre, je ne pouvais donc pas passer à côté car j'adore ce qu'ils font.

Et bien maintenant on peut dire que j'ai encore plus envie de le regarder :ouch:

On dirait du Badalamenti en plus éthérée encore. Les nappes de synthétiseur renforcent un côté doux et sympathique, le monde intérieur de Marylin Monroe j'imagine, mais est compensé de temps à autres par une mélodie bien sinistre qui débarque sans crier garde et m'a foutu les chocottes. On sent que le film a l'air difficile dans ce qu'il montre.

Bref, pour moi il s'agit du meilleur album de 2022 tout registres confondus pour le moment :)
Ca donne envie :love2:
Ca se rapproche de Ghosteen du coup ?
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shenbov
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robinne a écrit :
mer. 19 oct. 2022 13:57
Ca donne envie :love2:
Ca se rapproche de Ghosteen du coup ?
Oui tout à fait, c'est dans la continuité de cet album, et encore, l'expérimentation sonore est poussée ici plus loin. Je le trouve même meilleur que Ghosteen.

D'ailleurs un des morceaux de Ghosteen est présent dans la BO de Blonde :bounce:
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EL n'a pas trop aimé Black Adam (2 étoiles) :

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En pleine déroute artistique et économique, suite à la fusion avec Discovery, Warner court à la poursuite du box-office, en quête d'oxygène. Pour remplir cette mission, Warner et DC ont trouvé un émissaire : Black Adam, porté par la star Dwayne Johnson et réalisé par Jaume Collet-Serra. Le film réussit-il donc à révolutionner l'univers super-héroïque de DC et à bouleverser la hiérarchie des pouvoirs ?

BLACK ADAM COWBOY


Depuis 2016 et la réception cataclysmique du tumoral Suicide Squad, le dilemme de DC était criant, et fut commenté abondamment. Le concurrent direct de Marvel se retrouvait écartelé entre des productions estampillées “matures”, parfois pompières à l’extrême, ainsi qu’en témoigna cruellement la Snyder Croûte de Justice League, et une série de productions plus légères. Une orientation plébiscitée par le grand public et maîtrisée industriellement par Marvel, identifiée par des majors aux abois comme le Saint-Graal du divertissement.

Passée l’exposition de Black Adam, une évidence s’impose : malgré les sourcils impeccablement froncés de Dwayne Johnson et une campagne marketing affirmant que nous allions nous frotter à un grand méchant, c’est bien à une comédie familiale lardée de gags, porteuse de valeurs familiales attendues et du programme moral de son temps que nous avons affaire. Et pour une fois, DC semble avoir digéré les attendus de ce programme, pour en livrer sa conjugaison la plus aboutie à ce jour.

Le film suit donc un tempo infernal, réduisant dialogues et séquences d’exposition à leur part congrue, quitte à confier à son héros la charge d’interrompre ces phases pour doper le rythme du récit. Le résultat est une forme de divertissement à marche forcée, mais dont la réussite, le sentiment de fluidité, est rarement pris en défaut. Pas de temps mort ni de sous-intrigues inutiles, le scénario assumant son état gazeux pour mieux laisser libre court à l’action.

CAMERDO

C’est là qu’on reconnaîtra non pas la patte, mais le métier du réalisateur Jaume Collet-Serra, faiseur sans style et copiste sans idée, capable de dégorger de n’importe quel projet un semblant de direction. Il marie ici, avec la grâce d’un lamantin sous Xanax, le programme de rire paresseux à la Marvel, un pillage esthétique en règle de la concurrence super-héroïque, et une simplification (si tant est que ce soit possible) de la grammaire de Zack Snyder. Soit une alternance de plans moyens sur des comédiens dialoguant ensemble, mais filmés séparément, et des scènes d’action qui envisagent leur découpage comme un entrelacs de poses “iconiques”, de ralentis et de bastonnades numériques.

Au moins ce système demeure-t-il particulièrement lisible, ce qui n’est pas toujours le cas de la concurrence. De même, techniquement, si on note ici ou là quelques grossièretés techniques susceptibles d’énucléer un aveugle, force est de constater que la majorité des effets visuels tiennent remarquablement mieux la route que dans d’autres productions récentes. Doublures numériques, incrustation et divers effets de particule sont presque systématiquement maîtrisés. Un respect du spectateur qui fait un peu plaisir à voir, à l’heure où Disney a littéralement intégré la médiocrité de ses effets spéciaux à la promotion du MCU.

On se souvient, non sans frissons nauséeux de Taika Waititi et Tessa Thompson, contraints de moquer leur propre travail en pleine promotion de Thor 4, sans la moindre considération pour les professionnels incriminés ou les spectateurs ayant déjà saigné leur portefeuille. Au moins Black Adam ne méprise-t-il pas son médium et ses fans avec la même satisfaction recuite que son principal compétiteur. Jusque lors de son combat final, alors que surgit le Belzébuth de la Grande Motte, on constate que la vomissure esthétique nous raie le cristallin du fait d'une conception frelatée, quand son exécution demeure rigoureuse.

JUSTICE FUCKERY OF AMERICA

On l’aura compris, les amateurs de divertissements photocopié, mécanique, dénué de toute cohérence, humanité ou dramaturgie trouveront leur compte avec ce nouveau venu au sein de l’écurie DC. Ils pourraient même l’apprécier d’autant plus que Jaume Collet-Serra orchestre, dirige, un cheptel de personnages dont une grande partie est conçue comme un commando de clones tous droits issus de Marvel. Doctor Fate joue les Doctor Strange vieillis en fût de chêne, et il n’est pas une scène d’action ou décor qui ne soit pas dupliquée d’une licence déjà appréciée du public, à l’image de la JSA, qui squatte manifestement les équipements de Charles Xavier.

De cet opportunisme décomplexé, on trouve les symptômes dans l’écriture. Et c’est ce domaine qui contient peut-être la véritable force de Black Adam : sa radioactivité nanarde. Les blockbusters super-héroïques ont pourtant accueilli leur lot de productions écrites en dépit du bon sens, mais le présent long-métrage atteint un niveau de métastase inédit, et possiblement hilarant. Il faut voir Pierce Brosnan, passer l'essentiel du film assis, observant d'un air désolé ses camarades de jeu échanger quelques coups, pour saisir les vertiges de néant qui émanent de l’entreprise.

“Un mauvais plan vaut mieux que pas de plan du tout”, répète-t-il à l’envi en faisant les gros yeux à ses copains, Super Pigeon, Glairette Tempête et le Con Gros Géant. Et Black Adam de passer son temps à s’auto-analyser involontairement, jusqu’à l’absurde. Observer Dwayne Johnson, aussi expressif qu’un certain Roi Scorpion, ressasser combien il est cruel et impitoyable, quand son arc narratif consiste exclusivement à combattre les méchants, sauver les gentils et protéger un adolescent moins sympathique qu’une crise d’acné purulente a quelque chose de fascinant.

Personnages qui disparaissent au cours d’une séquence, gestion de l’espace assurée par un aveugle parkinsonien, absolument rien ne va jamais sitôt qu’un protagoniste tente d’accomplir autre chose que la simple poursuite d’une sieste comateuse. Et l’humour n’est pas mieux loti, la faute à un héros scindé entre une badasserie artificielle et quantité de vannes qu’il ne peut jamais assumer. En effet, l’intrigue ayant choisi de se reposer sur un “twist” plus épais qu’un scrotum de rhinocéros, le malheureux Black Adam devra patienter 90 minutes pour être caractérisé. Autant dire que Johnson propose ici un remarquable spot de défense de la constipation, plus qu’il n’interprète un personnage.

Schizophrène en diable, son personnage alterne ainsi entre massacres au premier degré, au cours desquels il carbonise des figurants, et citations d'Astérix, où ses ennemis traversent les airs comme des bouffons. Un grand-écart tonal qui achève de vaporiser l'esprit d'un spectateur qui n'a plus dès lors l'énergie de se demander pourquoi la première heure du récit rappelle tant celle des Visiteurs, avec ses quiproquos énormes, revisitée par un Obélix en gueule de bois.

KILL AND DUMBER

Mais ce qui achèvera les amateurs de contresens vertigineux, ce sont les ambitions politiques de l’ensemble, aussi louables sur le papier qu’irresponsablement idiotes dans leur mise en pratique. Certains applaudiront un peu vite au plaidoyer d’une mère pour l’indépendance de sa nation, le respect de sa culture et la non-intervention de héros en forme d’allégorie des politiques étrangères...

Sauf que ce discours, très scolaire dans sa mise en image, dévisse progressivement vers un autre, bien différent. En gros, les héros ont fait leur temps, avec leurs protocoles et leur désir de ne pas exécuter sommairement les humains (une faiblesse, que le film transforme systématiquement en gag malaisant), et il est désormais nécessaire pour se libérer de faire appel à des leaders qui assument sans problème de tuer. Une attitude qui sera in fine validée par ceux-là mêmes qui étaient venus initialement stopper le héros du film. Sans compter les autochtones présentés comme tous extatiques à l'idée d'être dominé par un tueur sanguinaire.

Tout cela serait à peu près respirable si Black Adam déroulait volontairement son discours, mais le plus sidérant demeure le fait qu’à aucun moment l’ensemble ne prend conscience de la portée de ce qui se déroule sous nos yeux. Il en devient par conséquent progressivement hilarant de voir comme l’intrigue est gonflée d’orgueil, convaincue de se faire le porte-étendard d’une forme de progressisme. Mais comment prendre à la rigolade une histoire qui oublie jusqu’à son climax que l’un de ses personnages était depuis le début capable de lire l’avenir ?

Aux meneurs d’hommes ivres de massacre la gestion du Moyen-Orient, aux spectateurs lobotomisés les tourbillons inarrêtables d’explosions divertissantes. Et pour les cinéphiles, une mise en garde après quelques scènes : un hommage en forme de partouze nécrophile à une séquence légendaire de Sergio Leone, posée comme un bubon dans la soupe, comme pour réaffirmer que le film osera tout, et que c’est sans doute à l’aune de cela qu’il aimerait qu’on le reconnaisse.

Curieux attelage que ce blockbuster en surrégime permanent, aux effets maîtrisés, mais à la direction artistique incertaine, qui pourra divertir les spectateurs en quête de copie efficace de la recette familiale Marvel. À moins qu'il ne séduise plus durablement encore les amateurs de nanars radioactifs, qui ne manqueront pas d'être hypnotisés par l'absurdité de l'entreprise.


https://www.ecranlarge.com/films/critiq ... b1Ui5rqJ_U
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Pale
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EL n'a pas trop aimé L'École du Bien et du Mal (2 étoiles) :

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Après la comédie romantique Last Christmas et le S.O.S. Fantômes de 2016, Paul Feig revient derrière la caméra pour nous jeter sous les yeux et sans vergogne sa nouvelle réalisation aux allures de film fantastique adolescent du début des années 2000. Nouvelle acquisition du catalogue Netflix, L'École du Bien et du Mal est l'adaptation du roman du même nom et qui s'inspirait de la saga Harry Potter. La littérature jeunesse ainsi que le cinéma a depuis deux décennies tenté d'en reproduire le phénomène, toujours en vain. Alors qu'en est-il de cette nouvelle tentative, cette fois sur Netflix, de donner vie à un nouveau monde magique ?

DISNEY CHANNEL SUR NETFLIX


En vous lançant dans l’aventure de L’École du Bien et du Mal, sachez que les dix premières minutes seront décisives. Tel un examen d’entrée pour savoir si vous êtes apte ou non à survivre aux 2h30 qui vous attendent, la séquence d’introduction aura l’honnêteté de compiler tout ce à quoi vous pouvez vous attendre pour la suite. Il faut reconnaître ça au film : il jouera franc jeu dès le départ. Le récit s’installe en introduisant deux de ses personnages clés, tous deux interprétés par l’acteur le moins doué du film – et ce n’est pas un mince exploit – Kit Young.

Un duel magique s’en suit et, s’il ne manque pas de bonne volonté, nous dévoile aussitôt à quoi nous avons affaire. On peut déjà décharger le film d’une responsabilité en moins ; celui-ci n’a clairement pas l’ambition d’être un long-métrage de cinéma et il est tout à fait à sa place sur le petit écran. La pauvreté assez choquante des effets spéciaux, la laideur embarrassante du maquillage ou même de la direction artistique en général nous évoquent instantanément de vagues réminiscences de téléfilms d'enfance.

Comme si l’on était soudain transporté en 2006, un dimanche après-midi pluvieux sur Disney Channel (un souvenir qui parlera à quelques-uns), on est saisi d’une étrange nostalgie. Un sentiment qui ne nous quitte pas durant l’ensemble du film par ailleurs et qui sera peut-être l’une des rares raisons pour lesquelles on ne décrochera pas de l’écran. On se retrouve ainsi médusé par cette étrange régurgitation Des amours de sœurcières (l’âge d’or de Disney, on ne me fera pas dire le contraire) et recuisinée à la sauce La Chronique des Bridgerton.

Une fois que l’on a accepté cet état de fait, on ose alors croire que Paul Feig (et toute l’équipe du film) aura ensuite décidé d’assumer totalement l’impossibilité que quiconque puisse prendre au sérieux ce qu’il voit à l’écran. Le scénario tente pourtant de donner un corps dramatique et un premier degré au long-métrage. Se disputent alors différents tons du récit qui ne cohabitent pas entre eux et sabotent tous les partis pris du divertissement. Les enjeux sont tous tués par une inconsistance générale diégétique et par la désinvolture du casting (dans sa majorité) tandis que les tentatives de discours parodiques ou métanarratifs sur les contes de fées sont aussi contredites en permanence. Au final, on ne tire rien de rien.

GRIFF'ON DORT

Par manque d’identité et d’un univers original, le film se raccroche donc désespérément à ses classiques. Ainsi, L'Ecole du Bien et du Mal se prend non seulement pour un Harry Potter des temps modernes, mais se permet d’en plagier éhontément des fragments pour tenter d’en recréer artificiellement le charme. Mais comme le monstre de Frankenstein ne ressemblait pas à ce que son créateur avait en tête, le film n’a l’air de rien d’autre qu’un clone soporifique et très moche de mille autres pastiches de la saga de sorcellerie.

Si les jeunes Sophie et Agatha sont des héroïnes plutôt attachantes, elles évoluent très difficilement dans ce Poudlard du pauvre où rien n’a de sens et rien ne va. Quelques interactions entre les étudiants fonctionnent à moitié – souvent gâché par des romances vaines – mais le bât blesse surtout du côté du corps professoral. Là où la galerie des enseignants d’Harry Potter était bourrée de personnages fascinants, notre présente école est entièrement occupée par des duplicata sans âme et sans hargne de Dolores Ombrage, incarnés par des actrices émérites, mais qui ont laissé leur talent à l'entrée du plateau de tournage.

Alors on enchaîne les différentes séquences toutes tristement familières : les cours du garde-chasse (un genre d’Hagrid végétal), la scène du bal, les plantes carnivores inspirés des lutins de Cornouailles ou encore les dangers d’une Forêt interdite. Tout évoque l’œuvre de JK Rowling encore et encore et même la cinématographie des adaptations au cinéma. Dans une scène en particulier, le personnage de Charlize Theron confronte Sophie alors qu’elle est tentée par les ténèbres. Le tout est à l’identique à une séquence du sixième Harry Potter où le professeur Rogue s’adresse à Drago Malefoy dans un couloir éclairé de façon similaire. Étrange coïncidence.

Les péripéties s’enchaînent donc sans aucun squelette et ne peuvent se reposer sur la magie de son monde puisque celui n’est aidé ni par son esthétique ni par son absence d’originalité. Ce ne sont pas non plus les liens opportunistes imaginés entre les étudiants et leurs légendaires parents (on parle du roi Arthur ou du Capitaine Crochet) qui sauvent de la banalité la mythologie du film. Le seul intérêt de cette infinie succession de micro-évènements se réduit vite à suivre les intrigues adolescentes de nos héroïnes, évoquant leur complicité et leur amitié, qui sont encore les éléments les plus touchants du long-métrage.

HAPPILY EVER AFTER

Les jeunes Sophia Anne Caruso et Sofia Wylie sont sans doute les actrices les plus convaincantes du film et c'est déjà ça de gagné. Vu leur alchimie et leur touchante sincérité pour leurs personnages, on en voudrait presque au long-métrage de les séparer si vite et de ne pas entièrement construire son récit autour de leur relation plutôt que de se disperser constamment ailleurs. Là où Kerry Washington et Charlize Theron sont dans un constant surjeu insupportable, que Laurence Fishburne et Michelle Yeoh ne sont là que pour toucher leur chèque et que Kit Young n’existe que pour notre malheur, les deux jeunes femmes s’en tirent souvent honnêtement.

Elles ne sont néanmoins pas à la hauteur quand le film choisit d’en faire des tonnes et de tordre leurs personnalités de façon incohérentes afin de créer des enjeux dramatiques de dernières minutes. Mais lorsqu'elles doivent faire paraître des sentiments plus intimes – de la tendresse, de l’amitié, de l’empathie ou du chagrin –, elles arrivent toutes deux à toucher leur cible, permettant à L’École du Bien et du Mal de décrocher son principal bon point.

Au final, L’École du Bien et du Mal n’est pas horrible lorsqu’il décide de parler de sororité, d’amour platonique ou d’amitié. Dommage que cela ne dure que trop peu de temps et qu’on en assassine tout l’attrait pour faire décoller cette fichue histoire vers sa dimension épique ratée. Trop condensé, trop long, le film nous donne cette désagréable impression qu’il aurait dû être une série – et que cette série n’aurait pas été bonne.

Le but était sans doute de construire le socle d’une grosse saga d’emblée et avec l’espoir d’en produire des suites (comme le laisse entendre la scène finale du film). Toutefois, après 2h30, on n’a absolument plus jamais envie d’en revoir davantage. On se contentera de la sympathique conclusion du film pour nous consoler du temps perdu, nous remémorant avec mélancolie le temps plus joyeusement sacrifié à Des amours de soeurcières, en 2006.

L'Ecole du Bien et du Mal est disponible sur Netflix depuis le 19 octobre 2022

Clone malade et sans passion d'Harry Potter, L'École du Bien et du Mal standardise un peu plus une vision médiocre et futile de la fantasy tout en ne valant guère mieux qu'un téléfilm. Même si son tendre duo principal apporte un mince intérêt au film, il est malheureusement trop étouffé par la vanité de l'ensemble et une longueur aberrante.


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shenbov a écrit :
mer. 19 oct. 2022 14:06
robinne a écrit :
mer. 19 oct. 2022 13:57
Ca donne envie :love2:
Ca se rapproche de Ghosteen du coup ?
Oui tout à fait, c'est dans la continuité de cet album, et encore, l'expérimentation sonore est poussée ici plus loin. Je le trouve même meilleur que Ghosteen.

D'ailleurs un des morceaux de Ghosteen est présent dans la BO de Blonde :bounce:
Je voulais déjà voir le film, mais là, tu as achevé de me convaincre :D
Même si associer de nouvelles images à un morceau de Ghosteen risque d'être dommageable... soit au morceau, soit aux nouvelles images :D
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J'aime bien Ghosteen mais je ne pense pas que ça ira jusqu'à dénaturer le morceau d'origine. Tout dépend de la qualité de la scène où il est utilisé.
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J'attendais pas mal ce retour de David O.Russell : très imparfait ce Amsterdam, notamment a cause du déroulé un peu trop
laborieux de l'intrigue et d'un final bcp trop surligné et explicatif(on a l'impression qu'il y a 3-4 films en 1)
Par contre il y a de vraies qualités comme assez souvent avec O Russell, notamment une direction d'acteurs exemplaire !

La photo de Lubezki est tres belle et renforce le coté étonnamment candide de cette histoire de 3 amis ayant connu la guerre, se retrouvant a enqueter sur une mort suspecte qui les conduira a un complot menant a la WW2

Un contexte accrocheur tout comme le 1er tiers du film, avant que le tout ne soit beaucoup trop dilué et manque de réel liant narratif. Le film enchaine ainsi de grosses circonvolutions a base de scénettes entre 2 persos qui ne font pas necessairement avancer l'intrigue.....Intrigue finalement tres simple qui semble un peu étirée pour rien quand on connait toute la résolution globale (même si ce dernier tiers est plus satisfaisant).

Bale est top, dans un role un peu excentrique de docteurraté et blessé de guerre qui poursuit l'amour de sa femme et l'approbation de sa belle-famille
John David est un bon contrepoids au duo, meme si jtrouve que la romance avec Robbie autait gagné a + d'alchimie si Michael B Jordan etait resté dans le role (il avait du se barrer a cause du covid et conflit d'emploi du temps)

Robbie est magnifique en brune et son perso est cool et apporte un peu de fraicheur, meme si c'est aisément celle des 3 qui est un peu plus en retrait

Le reste du cast en impose (meme Taylor Swift est bien utilisée etonnament), notamment Anya Taylor Joy qui a tout d'une grande dame dans un rôle un peu détestable
Rami Malek qui fait du Rami Malek lol, Zoe Saldana amène de la douceur, andis que le duo Mike Myers-Michael Shannon fonctionne bien (mais est assez peu présent).

La BO de Pemberton est entrainante aussi ça m'a un peu fait penser a du Carter Burwell

Sans spoiler, le scénario aborde un contexte socio-historique tres intéressant (à défaut d'être traité avec une grosse subtilité), en mettant en avant la chair a canon, les veterans mutilés et oubliés (d'ailleurs les 3 heros sont un afro-americain, un blessé de guerre et une femme avec des troubles nerveux), tout en dépeignant une Amérique alors au tournant de sa puissance.

Bref, Amsterdam est fouilli et méritait un bon coup de polish au niveau de son script, ça reste une pioche appréciable si on met de côté ses défauts (car des qualités il y en a !)

5.5/10 ou 6/10
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Les Piliers de la création capturés par le télescope James-Webb :

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robinne
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weird

Pale a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 12:33
Les Piliers de la création capturés par le télescope James-Webb :

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C'est un nouveau film ? :D
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robinne a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 14:45
C'est un nouveau film ? :D
Ça va surement inspiré quelques réalisateurs :D
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shenbov
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Christophe Gans annonce son reboot de Silent Hill, 16 ans après sa première adaptation du jeu

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Pale a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 16:29
robinne a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 14:45
C'est un nouveau film ? :D
Ça va surement inspiré quelques réalisateurs :D
Malheureusement ça risque à nouveau d’inspirer Malick. :D
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Kahled a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 18:10
Malheureusement ça risque à nouveau d’inspirer Malick. :D
Please non :cry: :D
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Pale a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 19:37
Kahled a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 18:10
Malheureusement ça risque à nouveau d’inspirer Malick. :D
Please non :cry: :D
Tant que c'est pas une série de wallpapers HD comme Voyage of Time, ça me conviendrait :D
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weird

shenbov a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 19:53
Pale a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 19:37
Kahled a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 18:10
Malheureusement ça risque à nouveau d’inspirer Malick. :D
Please non :cry: :D
Tant que c'est pas une série de wallpapers HD comme Voyage of Time, ça me conviendrait :D
Ce n’était pas Cate Blanchett qui en faisait la voix off ?
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robinne a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 20:00
shenbov a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 19:53
Pale a écrit :
jeu. 20 oct. 2022 19:37


Please non :cry: :D
Tant que c'est pas une série de wallpapers HD comme Voyage of Time, ça me conviendrait :D
Ce n’était pas Cate Blanchett qui en faisait la voix off ?
SI mais dans mon souvenir on l'entend peu, c'est plus un argument marketing :saint:
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A ce propos, Cate Blanchett prête également sa voix dans L'École du Bien et du Mal.

Flemme d'en parler maintenant mais j'ai pas détesté :D
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Mauvais
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Halloween Kills etait pas terrible, mais t'avais au moins un rythme tenu, et de la mise a mort ultra gore

Ici on tente d'apporter une reflexion sur le mal insidieux "qui sommeille en chacun de nous", mais c'est à la fois mal narré et ultra telephoné, en plus d'etre ultra putassier narrativement : 6 min de Michael Myers qui n'est plus que l'ombre de lui-même, et on passe l'integralité du metrage installer un new mechant pour ne rien faire de fou avec lui.

Halloween 3 (sans Myers) etait mieux a ce sujet.

Bref a part le gore de Kills et des elements bien tenus dans l'opus de 2018, cette trilogie est totalement oubliable.

On va se retaper le masterpiece de 78, ou le chouette remake de Rob Zombie à la place

1.5/5
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EL a adoré The Fabelmans (4,5 étoiles) :

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Après son spectaculaire Ready Player One et son sublime remake de West Side Story, le légendaire Steven Spielberg prolonge son retour aux sources cinématographiques avec l'autobiographique The Fabelmans. L'histoire est celle des premiers émois filmiques de Sammy Fabelman, un jeune garçon qui rêve de devenir réalisateur. Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano et Seth Rogen se réunissent devant la caméra de l'immense cinéaste derrière Jurassic Park et Les Dents de la mer, pour un nouveau bijou bouleversant.

STILL THE PLAYER ONE


Steven Spielberg fait partie de ces quelques grands cinéastes, avec Michael Mann et David Lynch, à ne pas avoir perdu avec le temps un brin de la vivacité et de la fougue de sa mise en scène. Si les spectaculaires et virtuoses Ready Player One, Pentagon Papers et West Side Story en ont été d'éclatants témoins, The Fabelmans ne fait pas exception à la règle. Filmage aérien, transitions musicales fluides, montage rythmé et ellipses astucieuses viennent cadencer un récit et une réalisation d'une limpidité toujours aussi impressionnante de la part du cinéaste.

Comme quasiment tout film de Steven Spielberg, The Fabelmans accueille son spectateur avec une évidence et une virtuosité discrète folle, faisant de son récit un divertissement vif et stimulant. Un spectacle traversé de dialogues amusants et de situations comiques réjouissantes qui rappellent le talent humoristique du cinéaste. En témoigne une galerie de personnages hauts en couleur très drôles comme le grand oncle passionné et la petite copine très (très) croyante.

Des protagonistes qui ne servent d'ailleurs pas que de ressort comique puisque derrière leur extravagance se cachent systématiquement une tendresse et une jolie sensibilité. Même les personnages de Chad et Logan s'avèrent plus sensibles et nuancés que ce que leur simple archétype de brute beau-gosse pourrait le laisser entendre. The Fabelmans est donc un divertissement drôle, tendre et constamment stimulant, par ailleurs incarné par un casting particulièrement vivant.

Malgré ses 75 ans et ses bientôt 40 longs-métrages, Steven Spielberg conserve toujours l'exigence de mettre en avant de jeunes comédiens qui ne se sont pas encore, ou qui commencent à peine, à s'imposer à Hollywood. C'est notamment le cas de Sam Rechner qui donne une jolie densité à son rôle archétypal de Logan, Chloe East qui est à la fois drôle et touchante en Monica Sherwood, et bien sûr Gabriel LaBelle qui brille en Sam adolescent et jeune adulte.

Tout ce joli monde insuffle une belle énergie à The Fabelmans, qui est aussi augmenté par l'en train des codes du teen movie, à grands coups de découverte de l'amour, de joyeuses bandes de potes et des méchants caïds du lycée. Le scénario signé Steven Spielberg et Tony Kushner s'empare de la structure, en apparence classique, du film d'adolescent, mais en l'exécutant avec une habilité et une sincérité qui rend difficile de résister au plaisir d'écriture et de mise en scène qu'est The Fabelmans.

ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD

Un travail d'orfèvre qui n'est cependant jamais gratuit, Steven Spielberg parvenant une nouvelle fois à associer avec virtuosité une mise en scène organique à un geste théorique beau et touchant. En effet, à travers d'élégants jeux d'ombres, de superbes jets de lumières et de malicieuses surimpressions, The Fabelmans vient rendre un joli hommage plastique au cinéma.

L'utilisation de tout ce champ lexical de l'image projetée rend cette déclaration d'amour d'autant plus touchante et délicate, en plus d'être techniquement virtuose et parfaitement stimulante visuellement. Une tendresse bien incarnée par une poignée d'images sensibles et poétiques, comme celle d'un enfant émerveillé/terrifié face à son premier écran de cinéma, ou celle de la lumière d'un projecteur qui déborde des mains d'un personnage jusqu'à l'entrebâillement d'une porte fermée.

Durant toute une première partie du récit, Steven Spielberg met sa créativité au service de la découverte du cinéma par son protagoniste. Un geste empli de tendresse et de délicatesse qui est particulièrement incarné lorsque le cinéaste met en scène son personnage en train de manipuler de la pellicule sur ses bandes de montage ou en train de s'exalter à filmer tout et n'importe quoi.

La débrouillardise et la créativité de Sam fait d'ailleurs écho à celle de Spielberg lui-même, lui qui a fait partie des quelques réalisateurs à avoir (ré)inventer diverses techniques filmiques pour mieux servir ses histoires et sa mise en scène. En filmant avec énergie et passion les balbutiements d'un jeune cinéphile qui fabrique ses premières oeuvres en trouant de la pellicule ou en recouvrant ses acteurs de papier toilette, Steven Spielberg retourne aux sources de son propre art et rend un hommage bouleversant à l'artisanat cinématographique.

Le cinéaste qui nous a terrifiés avec simplement une voiture, un comédien et un camion dans Duel, et qui a rendu le monde entier squalophobique sans presque jamais montrer le requin des Dents de la mer, rappelle alors qu'il ne suffit que d'une caméra et d'un peu d'ingéniosité pour vraiment créer. La sincérité et la passion de Steven Spielberg contaminent alors The Fabelmans d'une délicatesse et d'une sensibilité vraiment touchante.

THE DARK SIDE OF THE MOON

Cependant, le film ne tombe jamais dans une forme de mièvrerie ou d'admiration hyperbolique. La joie et l'exaltation de la découverte du cinéma par Sam vont même être confrontées à la violence du monde, entre la xénophobie des lycéens californiens, la fragilité du couple parental et la difficulté d'imposer le septième art comme une véritable passion. The Fabelmans déploie alors une très jolie forme d'amertume qui contraste avec la candeur et l'incandescence de sa première partie.

Cette mélancolie touche tout particulièrement les parents de la famille Fabelman, brillamment interprétés par Michelle Williams et Paul Dano, qui livrent tous deux une partition d'une très belle fragilité et ambiguïté. Tout au long du film, Sam va être initié à la noirceur du monde, la plupart du temps à travers le médium cinématographique en lui-même. C'est notamment le cas lorsqu'il découvre l'intime secret de sa mère en montant un film de vacances en famille.

Après avoir admis que le cinéma peut recréer une image vécue ou imaginée, Sam comprend que la caméra peut également révéler la vérité au sein même du réel. Une découverte qui se révèle terrifiante pour le protagoniste qui prend aussitôt conscience de l'importance des images qu'il fabrique. De la réjouissance des balbutiements, The Fabelmans passe alors à une très belle inquiétude centrée sur la dangerosité des images qu'on capte/peut capter.

En témoigne le dernier mouvement du film où Sam filme le personnage de Logan, le beau gosse du lycée qui le harcèle depuis son arrivée en Californie, comme un impressionnant héros herculéen. Sam dissimule, volontairement ou non, la noirceur et la xénophobie du personnage derrière le vernis de la performance sportive et du culte du corps.

À travers tout cet arc final du film, Steven Spielberg complète ainsi l'initiation de son protagoniste en rappelant que si l'on peut reproduire le réel avec une caméra et trouver la vérité dans l'image, le cinéma peut aussi manipuler et altérer le monde qui nous entoure afin de créer sa propre vérité. The Fabelmans se retrouve alors comme hanté par la responsabilité des images qu'on filme et par la façon de les filmer. On y découvre un Steven Spielberg comme terrifié par ce qu'il est possible de faire avec une image, doublant le film d'une très belle lucidité et d'une certaine âpreté.

Malgré tout, l'arc du film de lycée se conclut sur une véritable altération du réel, rappelant que les images fabriquées du grand écran peuvent tout de même avoir un impact positif sur le vrai monde. Si une grande et belle inquiétude parcourt le dernier film réalisé par Steven Spielberg, c'est aussi un profond et bel espoir en l'image et au septième art qui en ressort.

Derrière l'émerveillement de ce retour aux sources et la générosité de ce virtuose divertissement, Steven Spielberg livre un film profondément inquiet et bouleversant sur la force créatrice, mais aussi destructrice du cinéma.


https://www.ecranlarge.com/films/critiq ... xQUtqrMLx0
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EL a aimé The Stranger (3,5 étoiles) :

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Peu commenté lors de sa présentation à Cannes 2022 à Un Certain Regard, The Stranger n'en demeure pas moins une des propositions les plus singulières. Soit une enquête enracinée dans les ténèbres de la nuit australienne, où on n'est plus tout à fait sûr de savoir qui est le chat, ou la souris. Mené par Sean Harris et Joel Edgerton et réalisé par Thomas M. Wright, The Stranger n'aura toutefois pas les honneurs de la salle, puisque Netflix a racheté ses droits de diffusion à l'international dont la France.

LES BÊTES DU SUD SAUVAGE


Une montagne ténébreuse se découpe sur un ciel de nuages laiteux, son sommet obscurci par une brume spectrale. Un son étrange sature progressivement l’espace, jusqu’à ce que s’y superpose une voix, de celles qu’on imagine accompagner une antique K7 de méditation assistée. Un fondu au flou et nous voilà au milieu d’un bus de nuit, propulsé au coeur de ce qui ressemble fort à une rencontre fortuite entre deux types esseulés, dont les projets sont aussi vaporeux que menaçants. La tension sourde du moindre photogramme, et nous savons déjà qu'à chaque instant, la réalité, comme notre perception, menace de basculer tout à fait.

Ce trouble, qui traverse The Stranger de sa photographie, son découpage jusqu’à son montage faussement alanguit, concourt à rapidement brouiller les pistes que propose le récit pour en subvertir le genre. Car sur le papier, le nouveau film mis en scène par le comédien Thomas M. Wright est un thriller d’infiltration, un récit dont la typologie est bien connue, avec ses montées de tension, son discours forcément attendu sur la dilution de la personnalité ou ses nombreuses allégories sur la nature de la figure du comédien. Et contre toute attente, peut-être justement parce que son auteur est d’abord un acteur, le film trace un sillon bien différent.

Pour l’essentiel, il repousse toutes les figures imposées ou anticipées par son spectateur, en particulier les révélations sur le degré de conscience des enjeux par tel ou tel protagoniste, aux marges de l’intrigue. Quantité d’informations bouleversent fréquemment notre ressenti ou nos attentes, mais elles sont à peine susurrées, jamais au centre du dispositif, pas plus qu’elles ne visent à engendrer chez nous de décharges d’adrénalines plus ou moins vaines. Et pour cause, dès l’ouverture, nous suivons d’abord le point de vue non pas de l’infiltré, mais de sa cible.

L'INCROYABLE VOYAGE

Cette cible se fait appeler Henry, et c’est Sean Harris qui l’interprète. Comédien fréquemment choisi pour prêter ses traits à tout ce que l’humanité a de méchants, assassins et pervers, il est capable de flirter avec l’auto-parodie quand il n’est pas dirigé avec précision ou que son personnage est mal caractérisé. L’éclat nébuleux qu’il confère ici au mystérieux Henry est donc particulièrement impressionnant. Soupçonné de l’enlèvement et du meurtre d’au moins un jeune garçon, celui-ci est un vieux routard du crime, qui est presque toujours parvenu à demeurer aux bordures du système judiciaire.

Mais est-ce pour autant lui, l’étranger qui donne son titre au film ? Pour partie oui, considérant à quel point Harris parvient à donner vie à un homme opaque, dont nous ne saisirons jamais vraiment la nature, les motivations. Sa vérité, pour inquiétante qu’elle paraisse, ne cesse de se dérober. Mais si le film nous égare aussi puissamment, c’est en grande partie grâce à Joel Edgerton, ainsi que la prise en charge de ses sentiments contradictoires par la mise en scène, mais aussi le mixage sonore.

CINEGENIC DUO

Car lui aussi évolue en terra incognita. Pas tant parce que l’infiltré se questionnerait sur son engagement ou la nature de sa relation avec sa cible, mais bien parce que lui aussi s’éloigne de l’humanité un peu plus chaque jour. Et ce n’est évidemment pas un hasard si, rompant avec les codes établis par plusieurs décennies d’Ozploitation, le filmage se place plutôt dans la continuité d’un Michaud ou d’un Kurzel, lesquels ont “refroidi” la représentation de la région.

De nature sauvage et calcinée par le soleil, le bush devient ici un vaste No Man’s Land anthracite, une espèce d’interzone indéfinie, à la fois enivrante et déréalisée. C’est cette dernière dimension qui permet à The Stranger de passer du polar inquiétant à la proposition de cinéma entêtante. Une progression toujours accompagnée, voire amplifiée par le son, qui se plaît à nous éprouver les tympans, mêlant la partition éreintante de grillons, tordus jusqu'à évoquer des pâles d'hélicoptères. Un geste loin d'être gratuit, qui interconnecte plusieurs séquences entre elles et fait quasiment verser l'ensemble dans un surréalisme tout Lynchien.

On est progressivement envoûté par cet espace qui ressemble de plus en plus à un labyrinthe mental et alors même que l’investigation dirigée par le personnage d’Edgerton devient soudain plus concrète, l’empilement de degrés de mensonges et les vertiges passés transforment les derniers soubresauts de l’enquête en un lancinant naufrage. Et c’est quand Mark s’effondre en larmes que se rompt en nous quelque chose d’indicible, la conscience de la densité de la mise en scène de Wright, qui deux heures durant, est parvenue à nous plonger dans un au-delà inhumain et désespéré.

The Stranger est disponible sur Netflix depuis le 19 octobre 2022 en France

Inclassable et ténébreux, The Stranger fascine et inquiète, révulse et hypnotise. Refusant de jouer la partition classique qu'appelait le genre du thriller d'infiltration, il explore les âmes torturées de ses personnages et du territoire qu'ils arpentent sans nous en donner toutes les clefs, mais sans que jamais nous ne puissions détourner les yeux de l'écran.


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Le box-office français de la semaine :

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https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cin ... T_hZ5aeOWQ
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weird

Pale a écrit :
ven. 21 oct. 2022 19:49
Merci pour l'info.
C'est qui, ce Mathieu Jaborska ? Un mec lambda qui traîne sur Twitter ? :lol:
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Pale
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robinne a écrit :
ven. 21 oct. 2022 19:51
Pale a écrit :
ven. 21 oct. 2022 19:49
Merci pour l'info.
C'est qui, ce Mathieu Jaborska ? Un mec lambda qui traîne sur Twitter ? :lol:
Non un gars de chez Ecran Large :D
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Skipper Mike
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Kahled a écrit :
dim. 16 oct. 2022 16:18
Ça prend de haut ses personnages style The Lobster (je ne sais pas pourquoi c’est le premier film qui m’ait venu à l’esprit à titre de comparaison), ce que j’ai tendance à détester de plus en plus au cinéma, c’est faussement cynique malgré une ou deux piques bien vues (ça promeut la superficialité moderne tout en faisant mine de la dénoncer) et la structure est bancale au possible.
J’ai quand même du mal à rapprocher Östlund de Lanthimos, ils ont un rapport très différent à leurs personnages. Chez Lanthimos ce sont des robots, ils n’existent absolument pas en dehors des films et n’ont aucune réaction humaine, tandis que chez Östlund au contraire ils regroupent des tas de défauts humains, alors certes la barque est chargée mais je trouve que ça les rend justement très attachants. Ils sont un peu ridicules, mais comme n’importe qui peut l’être, et en fin de compte je ressens pas mal d’empathie envers eux. D’ailleurs Fleuros disait craindre que le réalisateur les prenne de haut il y a quelques semaines et je ne l’avais pas forcément contredit car je n’avais pas vu le film depuis un moment et je me souvenais surtout du couple anglais. En effet celui-ci est salement humilié, mais maintenant que je l’ai revu je me rends compte que ce couple est sans doute le seul dans ce cas-là, tandis que tous les autres personnages sont plus ou moins sauvés, ou ont en tout cas quelque chose qui fait que ce ne sont pas de purs salauds. L'humour joue beaucoup là-dessus justement, alors que la froideur d'un Lanthimos rendrait cela insupportable.

Toujours est-il que je ressentais un certain surplomb qui me mettait mal à l’aise dans Snow Therapy alors que peu de monde le lui reprochait, et maintenant que j’adhère pleinement au cinéma d’Östlund c’est la critique qu’on lui fait le plus :D

Quant à la scène centrale du dîner, elle me fait toujours très très rire et reste à mes yeux un modèle d'accumulation comique :D Par contre j'avais oublié l'irruption de la musique métal à la fin, qui effectivement casse le rythme et n'est clairement pas le truc le plus subtil.
Kahled a écrit :
dim. 16 oct. 2022 16:18
Un truc ultra poseur et que j’ai trouvé minable : la mouche qui tourne autour des deux mannequins sur le yacht, qui va suivre le mec jusqu’à l’intérieur et qu’on va retrouver sur l’île. Genre « ils sont beaux à l’extérieur mais ils puent à l’intérieur »… NASE !!!
Je n'ai absolument pas vu ce truc :ouch: Mais je trouve l'idée très drôle :D

En tout cas pour ce qui est du discours, je trouve que le film est loin de ne rien raconter. Ne serait-ce que cette scène : https://www.youtube.com/watch?v=hOUBXcTz66w (il n'y a que le début ici). J'ai rarement vu une scène rendre aussi facilement tangible, sans même l'énoncer explicitement, le fonctionnement des inégalités de classe et de la servitude induite par le capitalisme. La jeune actrice est extraordinaire : le sourire enjoué et le regard plein de détresse, je trouve ça assez fou.
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