Sinners est excellent pendant 1h15, via une fabrication/melancolie/reconstitution/presentation de personnages surprenante de maîtrise dans ce Mississipi sous Jim Crow.
Ryan Coogler met tout : post-western, film de gangsters, chronique historique à la Steve McQueen/Spike Lee et tout le cast est excellent (la double perf de Michael B Jordan, Wunmi, Delroy Lindo, Hailee, le nouveau Miles Caton...) avant de basculer dans la pure série B vampirique.
Sur ce point c'est efficace, graphique mais finalement peu surprenant via les references citées (Rodriguez et Carpenter en tête), jusqu'à un climax un peu trop vite expédié à mon goût.
Pourtant, derrière ce mariage des genres se cache une voix distincte dans le paysage blockbusteresque contemporain, traitant avant tout des traumas d'une Amérique bâtie sur des vents migratoires contrariés, et où l'assimilation semble l'unique issue pour panser ses plaies. Coogler retrouve encore son comparse Ludwig Goransson (un 3e Oscar ?) pour une dimension musicale enivrante, céritable déclaration d'amour pour le blues et la musique folklorique dans son ensemble.
Je retiens d'ailleurs 2-3 séquences dingues de pure transe musicale (dopée par le format Imax et du plan séquence), et toute la bascule vers le survival horrifique conjuguant séquences charnelles et spiritualité questionnée.
Du beau film de genre en somme (j'aurai adoré voir Jordan Peele là dessus, nul foute qu'il aurait poussé le concept plus loin)
7.5/10