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Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : mer. 24 juil. 2024 11:30
par groil_groil
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Un homme tue sa femme par chagrin amoureux en découvrant qu'elle a un amant. Son avocat, qui est également son meilleur ami, plaide merveilleusement bien le crime passionnel, au moment même où il apprend que sa femme le trompe également. Fera-t-il preuve de la même indulgence lorsque cela le concerne directement. Encore un formidable film de James Whale, cinéaste que j'adore mais qui est essentiellement connu pour ses 3 films d'horreur, oui qui sont 3 chef-d'œuvre absolus, on est bien d'accord, mais qui ne sont que les 3 arbres qui cachent une filmographie aussi dense que variée. Ici, il réalise un merveilleux film sur la question du couple, tout en anticipant les grands films à procès à venir dans le cinéma américain, et notamment Preminger auquel ce film fait pas mal penser.

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Des Autres Terres Souples - Marc Hurtado (1979)

Après ma rétrospective Pierre Clémenti, je continue d'explorer aussi le cinéma expérimental, et me suis programmé une grande rétrospective Marc Hurtado pour la rentrée, et je ne résistais pas à l'envie de voir son premier film avant de partir en vacances. Marc Hurtado est fondateur avec son frère Eric du duo de musique expérimentale Etant Donnés, l'un des plus beaux qui soient, et depuis la fin des 70's ils n'ont cessé de mêler l'image et le son, en expérimentant en permanence et en offrant des oeuvres, sonores comme visuelles, les deux souvent mêlées d'ailleurs, d'une force et d'une poésie rare. Des Autres Terres Souples est le premier film que Marc Hurtado réalise entre 1976 et 1979, c'est à dire entre 14 et 17 ans, c'est dire la précocité de son talent. C'est un film magnifique, sans sujet véritable, si ce n'est de questionner le quotidien de l'artiste (on y reconnait Grenoble, leur ville d'origine, on y voit sa chambre, des cahiers sur lesquels il écrit, il se filme aussi lui-même, et pas mal d'extérieurs bien sûr). Mais l'image est vraiment considérée comme une matière, qu'il malaxe, triture, remodèle afin de donner corps à une oeuvre quasi concrète, autant dans sa part visuelle que musicale, dans le sens où elle est construite par de la matière préexistante (des images, des sons). C'est une belle entrée en matière, et pour Hurtado en temps que cinéaste, et pour moi qui commence à découvrir son oeuvre filmique alors que je connais très bien l'oeuvre musicale (je connais plusieurs de ces films tout de même pour les avoir vus projetés sur scène durant leurs performances scéniques totalement hallucinantes - parmi ce que j'ai vu de plus fou dans ma vie, mais je vais ici les découvrir comme des oeuvres filmiques à part entière).

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : ven. 26 juil. 2024 07:41
par groil_groil
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Pour rappel, je découvre cette série de films avec mes enfants, après que mon grand ait lu les romans. La gamine tient bien le choc malgré les détraqueurs, loups-garous et autres trucs bien flippants à 7 ans. J'avais un peu peur d'abandonner Chris Colombus, dont l'âme enfantine avait parfaitement servi les deux premiers volets, mais Alfonso Cuaron, qui n'est pas un cinéaste que j'aime beaucoup il faut dire, réussit parfaitement son pari et signe un film très réussi et équilibré, et je dois dire meilleur que les deux Colombus. C'est aussi pas loin d'être le meilleur film du cinéaste, à mes yeux. C'est rythmé, intelligent, divertissant, le film pourtant long de 2h20 passe incroyablement vite et il a fait les bonnes coupures dans le roman (les livres sont des gros pensums de plusieurs centaines de pages à chaque fois) pour que rien ne semble manquer à son intrigue. Le moment le plus réussi à mes yeux est celui concernant la remontée dans le temps, où il se la joue Zemeckis, et parvient à expliquer très clairement le principe du paradoxe temporel à des enfants tout en étant passionnant (la séquence est vraiment très réussie). Bref, c'était un réel plaisir inattendu, partagé en famille. Dommage qu'il n'en ait fait qu'un. Le suivant est signé Mike Newell, autre cinéaste aguerri, gageons qu'il fasse aussi bien.

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Posté : sam. 27 juil. 2024 15:23
par Narval
eXistenZ - David Cronenberg (1999)
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Quoi de mieux qu'une version restaurée toute belle et une petite salle de cinéma pour apprécier une œuvre un peu oubliée à sa juste valeur ? eXistenZ, film un peu mal-aimé voire même délaissé dans sa filmo que j'avais vu il y a longtemps est pourtant tout sauf un film mineur. Si le contexte de la sortie du film (1999) se sent dans le traitement et les thématiques qui entourent le jeux-vidéo (sexualisaition, violence graphique, frontière entre réalité et fiction qui s'effritent, rêve d'un monde massivement multijoueur), le temps a largement donné raison à ce film qui n'a rien à envier à d'autres Cronenberg niveau atmosphère (toujours une super partition de Shore et une photo bien soignée) ni en body-horror. C'est un film prétexte à réaliser un véritable défilé de poissons-prothèses qui rappellent les fermes à vers marins du Festin nu que j'appréciais particulièrement. Mais c'est aussi et surtout un très bon film méta sur le jeu vidéo et ses codes (les mots-clefs pour avancer la quête principale, les pnj caricaturaux, le scénar aux multiples retournements de situation...), le tout transformé par les obsessions du cinéaste qui raccorde ses joueurs aux poissons mutés via des cordons ombilicaux. Tout l'intérêt du film découle justement de la nature et de la position du fameux câble, situé dans le dos des joueurs, et qu'il faut évidemment lubrifier pour arriver à quitter le monde réel (mais de quelle réalité parle-t-on ?). Parmi les meilleures scènes, il faut voir (le jeune) Jude Law se faire clandestinement ouvrir un port arrière avec l'énorme calibre de Gaz (Dafoe, machiavélique) dans un vieux garage piteux, c'est à la fois tellement bien vu et hilarant. Toute la métaphore autour de la sexualité est de toute manière vraiment bien disséminée, de même que tous ces petits indices (le chien, les changements de caractères étranges, les coiffures) qui viennent aboutir à une scène finale aussi troublante que bien amenée - même si on peut regretter un dialogue final un peu abrupt et artificiel.
Comment ce film qui amène si bien ce concept de niveaux de réalité en poupées russes a a pu être à ce point oublié du panthéon du cinéma ? Peut-être est-ce aussi qu'au même moment, le mastodonte Matrix - sorti la même année - avait déjà complètement happé l'attention sur un sujet proche tout en état beaucoup plus grand public ?

PS : je crois que c'est un de mes génériques préfs de Cronenberg avec Dead Ringers.

Les tziganes montent au ciel - Emil Loteanu (1976)
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Loteanu (réalisateur d'origine moldave) signe avec Mosfilm un film en langue russe tourné dans les carpates avec une tripotée d'acteurs et d'actrices aux multiples casquettes (danseurs, chanteurs) pour un résultat détonnant, hyper énergique, visuellement impeccable et emprunt d'un véritable souffle dramatique propre aux grands récits russes (le scénario étant basé sur des récits de Gorki). Avec ses couleurs dorées de l'automne et ses baies rouges vif au premier plan, ses arbres au coucher du soleil et ses robes aux multiples jupons entrecroisés, le goût du grand spectacle se fait clairement ressentir. Parfois plus proche d'un western (les chevaux étant au cœur de la narration du film tout comme de la vie des tziganes), parfois d'un pur film musical avec synchro labiale et chorégraphies, parfois même teinté par le côté frontal et poétique d'un Paradjanov, le film file à toute allure, les séquences s'enchaînant rapidement avec parfois une réelle sécheresse dans le montage qui peut désarçonner. Course dans les rues de la ville sur un chariot rempli de femmes ayant pris le pouvoir, absurdité d'une pendaison où le bourreau ne pourrait retenir ses éternuements, tragique du destin prophétisé qui refait surface avec la lame d'un couteau... Le film change de ton sans forcément nous y préparer, certaines scènes auraient mérité d'avantage de mise en place et/ou respiration, mais l'ensemble est portée par un tel amour et un tel respect pour le peuple filmé que l'on ne peut pas en vouloir au film d'être aussi pressé de nous en mettre plein les mirettes.

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Posté : lun. 29 juil. 2024 09:07
par groil_groil
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Ancien membre de l'IRA, Jeff Bridges s'est reconverti en démineur aux USA, à Boston précisément. Il coule des jours paisibles en famille, lorsque le méchant Tommy Lee Jones, lui aussi de l'IRA mais toujours super méchant, s'échappe de prison et vient poser des bombes partout autour de Jeff, ayant visiblement un compte à régler... Le film est assez décevant et ne tient pas ses promesses de divertissement d'action à l'américaine. ça se laisse voir, mais le cinéaste, anglo/australien, n'a visiblement pas bien assimilé les codes du cinéma américain pour parvenir à ses fins. D'autant que le scénario ne vaut pas beaucoup plus et se contente d'enfoncer les poncifs, ressemblant plutôt à un canevas de scénario, sorte de squelette dont on attend, en vain, qu'il prenne vie.

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Posté : jeu. 1 août 2024 10:00
par groil_groil
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Revu avec plaisir cette réussite mineure, mi-polar, mi-romance, dans un ton assez mélancolique

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La Guerre des Espions - mini-série documentaire de James Gray et David Devenney

La série suit le profil de trois espions des années 80 et par le prisme tente de raconter les dernières grandes heures de la Guerre Froide. C'est franchement scolaire et télévisuel et l'apport de James Gray à une entreprise pareille totalement inexistant et invisible.

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Toujours avec les enfants, et j'ai pris encore beaucoup de plaisir avec ce 4ème opus, réalisé cette fois par l'aguerri Mike Newell. Le roman, même si des choix sont faits, est plutôt bien respecté, et l'intrigue est prenante, ludique, et entrainante. Je m'attendais au pire avec cette série, et bien qu'il n'y ait pas vraiment d'intérêt pour un spectateur adulte, c'est vraiment cool de suivre ça avec ses gosses.

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Posté : jeu. 1 août 2024 13:53
par yhi
C'est possible que tu déchantes sur les HP suivants :blase:

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 1 août 2024 13:59
par Whiskiss
yhi a écrit : jeu. 1 août 2024 13:53 C'est possible que tu déchantes sur les HP suivants :blase:
Oui dans mes souvenirs aussi le 5 et le 6 sont les pires :D

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : ven. 2 août 2024 10:06
par groil_groil
Whiskiss a écrit : jeu. 1 août 2024 13:59
yhi a écrit : jeu. 1 août 2024 13:53 C'est possible que tu déchantes sur les HP suivants :blase:
Oui dans mes souvenirs aussi le 5 et le 6 sont les pires :D
OK :D bon je me prépare à tout, n'attendant absolument rien de ces films ;)

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Posté : ven. 2 août 2024 10:38
par groil_groil
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Film découvert très jeune, sans doute chez Claude-Jean Philippe, et très important pour moi, comme l'un des jalons de ma cinéphilie, il était pour moi l'un des grands films de l'époque. Mais voilà, récemment j'ai lu le roman de Moravia dont il est adapté, et même si le film est encore bourré de qualités, c'est dingue de voir comment Bertolucci rate son adaptation, et triste de constater le chef-d'oeuvre qu'il aurait pu/du faire, à quelques réglages près. Bien évidemment le film a toujours de nombreuses qualités, notamment la photographie glacée de Storaro et son sens du cadrage qui n'a rarement été poussé, radical, mais le film, outre le fait qu'il témoigne d'une froideur de mise en scène typique de l'époque, ne parvient pas à donner suffisamment de corps à ses personnages, à cause d'une distanciation forcée et superficielle. Et tous les soucis du film proviennent en fait d'une même source, le non-respect de l'adaptation du roman, et surtout l'oubli de l'élément déclencheur. Je spoile. Souvenez-vous, le personnage principal encore jeune adolescent tue un jeune chauffeur qui tente de coucher avec lui. L'erreur de Bertolucci, c'est de ne jamais raccrocher cet événement fondateur au choix du fascisme fait par le personnage ensuite. Alors que c'est précisément l'élément déclencheur. La première partie du roman, assez longue, se concentre sur l'enfance de Marcello, et traite cette période en détails. Bertolucci la saute, ne l'évoque même pas, sauf pour parler du meurtre. Lorsque ce dernier arrive, on connait déjà très bien l'enfant, on y est attaché, et s'il se retrouve seul avec ce chauffeur, jeune mais adulte (joué dans le film par Pierre Clémenti), ce n'est pas de manière totalement forcée. Il ne veut pas de ce rapport sexuel, certes, mais il a la tentation de l'homosexualité, son corps appelle ce rapport. Et s'il prend ce revolver et tue Lino, c'est avant tout l'homosexualité qu'il y a en lui qu'il tue. Et dans sa prime enfance, encore une fois évincée par le cinéaste, on sent la violence naitre en lui, on le voit éprouver du plaisir à tuer des insectes, puis un chat, et surtout il est tenté de tuer un ses copains de classe. Un peu comme chez Mishima, ce livre a d'ailleurs des points communs avec Le Marin rejeté par la mer, on sent la naissance de la cruauté chez un individu. Bertolucci passe complètement à côté de ça, alors que toute l'oeuvre se joue ici. Pire encore, Marcello décide, après ce meurtre, de se forcer à être hétérosexuel, car il veut à tout prix être dans la norme. Il fait le choix du conformisme. Et c'est pour cette raison aussi qu'il devient fasciste. Car le fascisme est le conformisme de l'époque. Que Bertolucci passe à côté de cela, cela me terrasse, ça signifie qu'il n'a rien compris au livre, ou alors, qu'il s'est tout simplement planté dans sa façon de l'adapter. Je passe rapidement sur toutes les autres erreurs grossières, les relations avec les Quadri, le meurtre final des Quadri, pas conformes et totalement ratés, l'effet enquête/espionnage de sa mission qui n'est jamais rendu convenablement, et surtout la fin du livre qui n'est pas respectée du tout. Dans le livre, Marcello, sa femme et son enfant, se font tue tous les trois, assez froidement et presque par hasard, punis des choix du mari, mais aussi par hasard, ou presque, presque tués par conformisme. C'est une fin vraiment terrible et réussie, ultra oppressante par son absurdité. Mais non Bertolucci termine sur un gros plan de Marcello en vie et pas inquiété pour un sou, évinçant sa famille, et par là même tous les grands enjeux de l'oeuvre. Je continue à aimer ce film, bien sûr, mais bon dieu, quelle désillusion. Je ne comprendrais jamais pourquoi un artiste tient à tout prix et a priori à vouloir se détacher par principe d'une oeuvre qu'il adapte, comme pour marquer, imposer son style, et à passer ainsi à côté de l'essentiel. S'en rend-il seulement compte ?

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : ven. 2 août 2024 18:40
par Tyra
groil_groil a écrit : ven. 2 août 2024 10:06
Whiskiss a écrit : jeu. 1 août 2024 13:59
yhi a écrit : jeu. 1 août 2024 13:53 C'est possible que tu déchantes sur les HP suivants :blase:
Oui dans mes souvenirs aussi le 5 et le 6 sont les pires :D
OK :D bon je me prépare à tout, n'attendant absolument rien de ces films ;)
Oui, autant les quatre premiers sont tout à fait recommandables, en particulier le Cuaron, très beau avec sa touche gothique et son spleen adolescent, autant la suite, dirigée par David Yates, perd tout charme, on rentre dans un processus industriel fait à la chaine, avec disparition des décors et multiplication des images de synthèse, avec mise en scène et direction d'acteur aux fraises.

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Posté : ven. 2 août 2024 23:24
par Kahled
La suite est pas terrible du tout (oui, le 5 et le 6 sont des purges atroces) mais je sauve quand même le 7.1 (entre errance et mélancolie). :saint:

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Posté : sam. 3 août 2024 09:15
par groil_groil
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Dans un lycée d'Angers, la professeur de Latin a trouvé une astuce pour avoir la paix avec ses 5 seuls élèves. Elle ne leur fait pas cours, elle met 19 à chacun, et en échange ils lui foutent la paix durant les heures de classe. Même si avec 5 élèves seulement, le maintient de la classe pour l'année suivante est remis en question. Mais les bons résultats des élèves font que c'est leur classe qui est sélectionnée pour représenter la France lors d'un grand championnat de langue latine se déroulant à Naples et opposant des élèves du monde entier. Une bonne place pourrait sauver la classe auprès du rectorat. Les voilà partis en minibus direction Naples en se demandant bien comment ils vont faire pour participer à ce championnat avec un niveau proche du zéro. Le film qui propose un casting très chouette (Bourgoin, Lvovsky et Lacaille sont des acteurs que j'aime bien) est le premier d'Emilie Noblet, qui s'est fait un nom dans la comédie avec la série Parlement, inégale mais amusante. Le pitch de Bis Repetita, bien que classique, laisse attendre une chouette comédie, dans un genre très codifié mais plutôt heureux, celui du groupe de baltringues qui s'élève par la force du collectif. L'une des plus belles réussites du genre est le superbe School of Rock de Richard Linklater, auquel il fait beaucoup penser. Malheureusement ce premier essai est un ratage total, à la fois à cause d'un scénario torché et d'une mise en scène inexistante. C'est d'autant plus dommage que la cinéaste a la chance de pouvoir tourner à Naples, qu'elle a dans le champ le Vésuve ou même Pompéi (une scène est tournée sur le site même) et qu'elle n'en fait strictement rien, se contentant d'une image de téléfilm qui n'a aucun sens. Quant au scénario, il n'a pas du passer la V2 et se contente d'enfiler les poncifs sur toutes les situations attendues, qui se déroulent les unes après les autres sans surprises et sans relief. C'est à un niveau ou, par exemple, chaque fois que l'héroïne progresse ou arrive à ses fins, c'est en couchant avec l'un des personnages. Mais le plus rageant concerne le fond du film. Dans l'idée, c'est plutôt cool qu'un film mette le Latin en avant, cette langue morte qui n'intéresse plus personne et qui pourtant est la base de tout. C'est classe, ça a de la gueule. Eh bien la cinéaste n'en fait rien, mais pire elle se moque et se désintéresse totalement de son sujet. Et la chose qui m'agace le plus est la suivante : quand tu fais un film de ce genre : film de baltringues qui s'élèvent par le courage collectif comme je le disais plus haut, généralement, à chaque fois même, les personnages s'en trouvent grandis à la fin, ils ont appris quelque chose, à maitriser une discipline, à donner un concert en public, etc., bref, ils en sortent heureux, épanouis, et le spectateur avec. Ici, les gamins gagnent le concours, mais en trichant... A chacune des épreuves. Donc le message envoyé par le film c'est ça ! Le Latin on s'en branle, l'élévation collective, on s'en branle, l'éducation on s'en branle. Au final et grâce à cette médaille, la classe de Latin du lycée est maintenue, mais si c'est pour en faire ça, à quoi bon ?

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Posté : dim. 4 août 2024 09:00
par groil_groil
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Quelque part entre L'Enfant Sauvage et Frankenstein, c'est littéralement une "femme-enfant" qui apprend à exister et découvrir le monde, par le biais de son corps, de son sexe et de ses pulsations sexuelles, qu'elle écoute et auxquelles elle répond sans détour, s'affirmant alors comme femme avec force et conviction, dans un monde jusque là régi par les hommes, pouvoir acquit de fait qu'elle conteste de par sa nature de "monstre", d'enfant pris dans un corps de femme, pour in fine revenir cultiver son jardin à la manière d'un Candide ayant, au passage, choppé le pouvoir aux hommes, tous plus ridicules les uns que les autres. J'avais peur de trouver ce film insupportable, très peur de son esthétique également, sur les images que j'avais pu voir en amont, mais c'est bel et bien un super film, qui choisit la fable gothique, la démesure et l'humour outrancier pour parler de sujets on ne peut plus contemporains. L'esthétique colle au contraire à merveille à l'ensemble, même si elle finit par ne plus surprendre au moment où l'intrigue prend le dessus. C'est adapté d'un roman, que je ne connaissais pas, et ça se sent, la construction de l'ensemble est totalement romanesque et Lanthimos n'a pas dû beaucoup y toucher, et c'est cela qui permet, autorise cette outrance permanente virant au pamphlet critique. En tout cas, c'est un film vraiment ambitieux, qui repose énormément sur les épaules de sa comédienne, Emma Stone qui fait littéralement don de soi au film.

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Posté : lun. 5 août 2024 09:55
par sokol
groil_groil a écrit : ven. 2 août 2024 10:38 Mais voilà, récemment j'ai lu le roman de Moravia dont il est adapté, et même si le film est encore bourré de qualités, c'est dingue de voir comment Bertolucci rate son adaptation, et triste de constater le chef-d’œuvre qu'il aurait pu/du faire, à quelques réglages près.
Justement, énième constat : on ne peut faire un chef d’œuvre cinématographique à partir d'un chef d’œuvre littéraire. À ce demander si c'est justement la littérature qu'a le moins à voir avec le cinéma : Bruno Dumont n'a pas fait par hasard disparaitre des librairies son roman "L'humanité", la preuve : https://www.librairielabuissonniere.com ... ent-massot )

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Posté : lun. 5 août 2024 11:59
par sokol
Les 3 premières films de Sean Beker (ou : "Tu te casses ou j’appelle les flics ?")

A l'occasion de la sortie de sa palme d'Or, mon cinéma fait actuellement un cycle Baker. Je n'avais jamais vu un seul de ses films (on n'en a pas beaucoup parlé ici, non ?) donc, ce week-end, tous les soir, à la même heure, carrément par ordre chronologique (un hasard !!) j'ai vu sur grand écran ses 3 premiers films diffusés en France, meme si, je constate qu'il avait fait 5 autres entre 2000 et 2012).

C'est un cinéaste (un vrai !!) qui, si je résume en une seule phrase, réussit exactement là où Jeff Nichols, après son très beau "Shotgun Stories" avait, à mes yeux, échoué par la suite (Take shelter, Mud, Midnight Special, The Bikeriders... ). C'est à dire : filmer l'Amérique "comme il faut" !

TANGERINE :

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C'est son sixième film. C'est lui que j'ai aimé le moins des 3, même s'il m'a bien plu. Ce qui est drôle c'est qu'il est inondé de musique or, le suivant n'en contient pas une seule note. Donc, c'est n'est pas un cinéaste dogmatique (ce n'est pas LVT de Dogma 95 quoi :D), loin s'en faut. LA est filmé comme rarement (voici une photo car ça a un rapport avec le troisième film) :

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Deuxième film : THE FLORIDA PROJECT

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Là, j'ai adoré ! Cette fois-ci, c'est la Floride qui est "comme il faut" filmée.
A mon opinion, c'est un des films les plus courageux qui n'ait jamais été fait : une gamine qui est autant mal élevée et hystérique que sa mère (restée autant gamine que sa fille), je n'avais jamais vu au ciné ! Et pourtant, avec surtout sa fin magistrale (un clin d’œil à "Où est la maison de mon ami" ??), Baker a réussi de m'arracher une larme. Ce qui est génial c'est que, contrairement à ce qu'on peut attendre (une fin idyllique ou une fuite irréelle), le cinéaste reste sur une fuite réelle en proposant un truc aussi rapide que la fin du film de Kiarostami. Et c'est splendide !

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Troisième film : RED ROCKET

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Cette fois-ci c'est le Texas et, une fois de plus, il est "comme il faut" filmé.
Et une photo :

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Comme on peut voir, on passe de "Donut time" (Tangerine) à "Donut hole" car effectivement, le Texas est un trou. C'est encore et toujours un très bon film et comme dans les deux autres, on entend (encore et toujours) : ""Tu te casses ou j’appelle les flics ?"


Au final, les films de Baker montre que, comme dirait [mention]asketoner[/mention], "tant qu'il y a les gens, ça ira encore", même si "les gens" passent leur temps à dire entre eux : "casse-toi sinon j’appelle les flics" et c'est très bien ainsi

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Posté : mar. 6 août 2024 08:24
par groil_groil
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Un acteur célèbre en plein burn out part sans son épouse faire une thalasso en Bretagne, son pays natal. Il est recontacté par un de ses amours de jeunesse, mariée, mère et heureuse. Ils se revoient régulièrement puis couchent ensemble et vivent une parenthèse amoureuse. Stéphane Brizé est un cinéaste capable parfois de réussir un film (En Guerre et Quelques heures de printemps sont magnifiques, Une Vie, son adaptation de Maupassant, tout à fait digne d'intérêt), ce qui me donne suffisamment envie de voir ses films. Celui-ci est en revanche un naufrage total et sans doute le pire de sa filmographie. Brizé raconte son histoire en choisissant l'angle du minimalisme, mais n'est pas capable de faire durer un plan ou de faire exister une scène, son cinéma louchant alors vers des tâcherons genre Guillaume Nicloux, ne proposant rien d'autre qu'un cadrage débile, générant une attente jamais comblée, un espèce de non-lieu cinématographique où jamais rien ne se produit. Canet, qui est pourtant parfois capable d'être bon acteur, est insupportable d'autosuffisance, mais heureusement Alba Rohrwacher s'en sort mieux. Quand bien même, une actrice ne fait pas un film. Brizé choisit une photographie au-delà du pastel, presque cramée au blanc, qui ne crée rien sinon vouloir encore une fois prendre une pose non fondée, le rythme est d'une lenteur abominable, et pourtant on ne sent jamais l'écoulement du temps, c'est un comble, le tout est accompagné en permanence d'une soupe musicale signée du benêt Vincent Delerm, qui parvient à être aussi vide et creux que le film qu'il illustre. Dans le film, on comprend que l'acteur célèbre est marié à la journaliste Marie Drucker - on les voit en photo tous les deux dans un Paris Match, et on reconnait sa voix au téléphone quand il appelle son épouse. Et au générique de fin, de découvrir que le film est coécrit par Stéphane Brizé et Marie Drucker, sorte de wtf final qui ne vient malheureusement rien changer au constat global.

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Posté : mer. 7 août 2024 07:30
par groil_groil
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C'est vrai que ce 5ème film a peut-être moins de charme que les précédents, mais je continue à trouver ça pas mal, disons remplissant parfaitement le cahier des charges et continuant de divertir intelligemment. C'est drôle car c'est le roman le plus épais de la série, plus de 1000 pages, et c'est étonnamment celui où il se passe le moins de trucs, disons que l'intrigue est assez mince, même si on ne s'y ennuie jamais. Je pense simplement que c'est le livre, et du coup le film, de transition, celui dans lequel Harry bascule de l'enfance à l'âge adulte, et que c'est sans doute pour cela qu'il a ce statut si particulier. Visuellement c'est la même chose. La série quitte progressivement l'enfance, celle inaugurée par les deux opus initiaux de Chris Columbus pour basculer vers quelque chose qui correspond plus aux normes, aux standards des goûts des jeunes gens d'alors, c'est à dire optant pour un tout numérique dans les effets spéciaux et de nombreux décors. Ce n'est pas forcément satisfaisant visuellement mais c'est un fait.

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Posté : jeu. 8 août 2024 08:24
par groil_groil
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J'aime beaucoup ce Pakula, son avant-dernier film, et même s'il s'agit d'une adaptation de Grisham, c'est un film qui lui tenait à cœur, puisqu'il en est le scénariste, le réalisateur et le producteur. J'ai revu le film alors que je venais juste d'achever le roman (le jour même), une façon de faire assez chouette pour juger de la qualité d'une adaptation, même si je pensais y prendre plus de plaisir. Pakula est assez fidèle dans l'ensemble, à quelques menus détails que je vous passe dans la construction narrative, mais le gros changement vient du personnage masculin principal, Gray Grantham, journaliste interprété par Denzel Washington. Dans le roman le personnage est blanc. Je ne dirais pas que le roman est raciste mais tous les personnages sont blancs, et quand il y a un figurant noir, on le précise bien en disant au mieux "le noir". Bref. Pakula a donc décidé de changer la couleur de peau du personnage mais surtout il a modifié les rapports entre les deux protagonistes. En effet, il a gommé, et tant mieux, toute l'attirance sexuelle de Grantham pour Darby Shaw, qui est omniprésente dans le roman, le personnage n'arrêtant pas par exemple, de mater ses jambes et de les commenter. C'est hyper gênant et surtout mal venu quand on connait la situation qui les unit. D'ailleurs, ils finissent pas sortir ensemble à la fin du livre qui, à ce niveau, fait preuve de pas mal de concupiscence (par ailleurs c'est plutôt un bon bouquin). Alors que la différence d'âge entre les deux acteurs est moins marquée que celle des deux personnages du livre, Pakula a substitué cette attirance sexuelle un peu gênante par un rapport père / fille évident, et beaucoup plus sain, beaucoup plus à propos vu le sujet également (Darby Shaw ayant littéralement besoin de protection).

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : ven. 9 août 2024 08:12
par groil_groil
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Peu ou prou les mêmes commentaires que pour l'opus précédent, Harry Potter le film suit Harry Potter le personnage, c'est à dire qu'il abandonne l'enfance pour l'âge adulte au même moment que la mise en scène abandonne les oripeaux enfantins générés par Colombus pour un cinéma populaire "de son temps", basé sur les canons de l'époque (la scène inaugurale par exemple pourrait sortir tout droit d'un Mission Impossible). Mais ça reste regardable et disons, digne d'intérêt et à ce titre, la série est d'une constance assez appréciable (d'ailleurs mes enfants ne voient pas de différence notable de style d'un film à l'autre, signe d'un passage de témoin réussi).

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : sam. 10 août 2024 09:32
par groil_groil
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A la mort de sa mère, une femme récupère l'enfant déficient mental qu'elle lui avait confié. Elle cherche un lieu où confier cette petite fille et entend parler d'une femme romaine, Maria Montessori, qui développe un nouveau système d'éducation, et qui accueille les enfants qui sont, au mieux, considérés comme débiles. Elle découvre une femme intègre et combattive qui part du principe que la meilleure façon d'éduquer ces enfants "difficiles" est de leur transmettre de l'attention et de l'amour. Fille du philosophe et linguiste Tzvetan Todorov, la jeune cinéaste signe un premier film réussi et assez intelligent, et préfère se consacrer sur un court moment de la vie de Montessori, le moment de bascule, comme toujours dans ce type de biopic qui choisit de ne pas embrasser la vie entière de son sujet. C'est d'ailleurs une façon de faire assez courante en France (ici c'est un film français même si tourné essentiellement en Italien), notamment pour des questions de coût de production. C'est un choix intelligent car cela permet de se concentrer sur ses personnages et de développer une forme d'intimité, mais c'est aussi l'écueil du film, car concrètement peu d'événements sont évoqués et le film sert surtout de prétexte à ouvrir Wikipédia pour lire la bio de la concerner. On aurait en effet aimer que la cinéaste évoque la passion de Mussolini pour la méthode d'enseignement de Montessori, le fait qu'il lui propose de prendre la direction de la formation des enseignants du régime fasciste italien, mais qu'in fine elle refuse et fuit l'Italie pour l'Espagne (en 1934), décidemment mauvaise pioche. On aurait aussi pu souhaiter que le film évoque les remises en cause de ce système d'éducation, qui sont certes plutôt récentes, mais ce n'est visiblement pas son propos. Malgré ces réserves, et une trop grande sagesse de mise en scène, et une Leila Bekhti pas toujours à l'aise dans un rôle et des robes sans doute un peu trop stricts pour elle, c'est un premier film tout à fait honorable.

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : mar. 13 août 2024 11:01
par groil_groil
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Comme dans mon souvenir, l'histoire est chouette, mais le film est vraiment très moyen, sa mise en scène est souvent balourde, et surtout, c'est la menace qui est mal représentée. Disons que tout ce qui fait que Harrison Ford doive se cacher chez les Amish, toute l'intrigue policière en somme, est vraiment torchée. Après il y a le charme de l'époque et des deux acteurs, ça peut suffire, parfois.

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Revu aussi ce Granier-Deferre que j'aime beaucoup, l'un des deux films réunissant Delon et Signoret (l'autre étant l'excellent Les Granges Brûlées / NB. putain il faut se lever tôt pour les reconnaitre sur cette affiche ratée). Je connais par cœur ce film tant je l'ai vu depuis l'enfance et il marche toujours aussi bien. Le personnage de Delon, très sacrificiel, est parfait, et Signoret est géniale en femme qui souffre - de jalousie et d'amour inassouvie, de tristesse et de solitude - et qui refuse de le montrer.

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Posté : jeu. 15 août 2024 08:22
par groil_groil
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avec les enfants, comme chaque année.

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Beaucoup de plaisir à revoir ce grand film d'horreur qui, le temps passant, s'installe comme un classique, assez proche d'Hellraiser (sans pourtant l'égaler mais tout de même). D'ailleurs c'est adapté d'un texte de Clive Barker, qui est également producteur. Barker réal d'Hellraiser, et dont je suis en train de lire le roman Le Jeu de la Damnation, a vraiment un univers à part, si particulier, avec toujours une frontière très nette entre la réalité et ce que je ne sais pas nommer autrement que "les enfers", et ceux des enfers, ici le Candyman, qui y est pour une bonne raison, et qui est malgré tout un personnage auquel on s'attache, c'est cette complexité qui rend le personnage intéressant, viennent toujours pénétrer l'univers réel pour y chercher quelqu'un est l'emmener dans les tréfonds. Ici c'est cette jeune femme, jouée admirablement bien par Virginia Madsen, qui va s'y perdre. Un mot aussi sur la très belle mise en scène de Bernard Rose, toujours dans la retenue, ce qui rend l'horreur encore plus frappante, ses magnifiques plans aériens sur la ville de Chicago qui n'a jamais été filmée aussi malade, aussi dévastée, la lancinante et obsédante musique de Philip Glass l'accompagnant à merveille, et la qualité de l'image, de son grain, vraiment bien retranscrit dans l'édition bluray du film. Je vais pouvoir enchainer avec sa suite, que je n'ai encore jamais vue.

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Posté : jeu. 15 août 2024 16:51
par Tamponn Destartinn
groil_groil a écrit : sam. 3 août 2024 09:15 Image

Dans un lycée d'Angers, la professeur de Latin a trouvé une astuce pour avoir la paix avec ses 5 seuls élèves. Elle ne leur fait pas cours, elle met 19 à chacun, et en échange ils lui foutent la paix durant les heures de classe. Même si avec 5 élèves seulement, le maintient de la classe pour l'année suivante est remis en question. Mais les bons résultats des élèves font que c'est leur classe qui est sélectionnée pour représenter la France lors d'un grand championnat de langue latine se déroulant à Naples et opposant des élèves du monde entier. Une bonne place pourrait sauver la classe auprès du rectorat. Les voilà partis en minibus direction Naples en se demandant bien comment ils vont faire pour participer à ce championnat avec un niveau proche du zéro. Le film qui propose un casting très chouette (Bourgoin, Lvovsky et Lacaille sont des acteurs que j'aime bien) est le premier d'Emilie Noblet, qui s'est fait un nom dans la comédie avec la série Parlement, inégale mais amusante. Le pitch de Bis Repetita, bien que classique, laisse attendre une chouette comédie, dans un genre très codifié mais plutôt heureux, celui du groupe de baltringues qui s'élève par la force du collectif. L'une des plus belles réussites du genre est le superbe School of Rock de Richard Linklater, auquel il fait beaucoup penser. Malheureusement ce premier essai est un ratage total, à la fois à cause d'un scénario torché et d'une mise en scène inexistante. C'est d'autant plus dommage que la cinéaste a la chance de pouvoir tourner à Naples, qu'elle a dans le champ le Vésuve ou même Pompéi (une scène est tournée sur le site même) et qu'elle n'en fait strictement rien, se contentant d'une image de téléfilm qui n'a aucun sens. Quant au scénario, il n'a pas du passer la V2 et se contente d'enfiler les poncifs sur toutes les situations attendues, qui se déroulent les unes après les autres sans surprises et sans relief. C'est à un niveau ou, par exemple, chaque fois que l'héroïne progresse ou arrive à ses fins, c'est en couchant avec l'un des personnages. Mais le plus rageant concerne le fond du film. Dans l'idée, c'est plutôt cool qu'un film mette le Latin en avant, cette langue morte qui n'intéresse plus personne et qui pourtant est la base de tout. C'est classe, ça a de la gueule. Eh bien la cinéaste n'en fait rien, mais pire elle se moque et se désintéresse totalement de son sujet. Et la chose qui m'agace le plus est la suivante : quand tu fais un film de ce genre : film de baltringues qui s'élèvent par le courage collectif comme je le disais plus haut, généralement, à chaque fois même, les personnages s'en trouvent grandis à la fin, ils ont appris quelque chose, à maitriser une discipline, à donner un concert en public, etc., bref, ils en sortent heureux, épanouis, et le spectateur avec. Ici, les gamins gagnent le concours, mais en trichant... A chacune des épreuves. Donc le message envoyé par le film c'est ça ! Le Latin on s'en branle, l'élévation collective, on s'en branle, l'éducation on s'en branle. Au final et grâce à cette médaille, la classe de Latin du lycée est maintenue, mais si c'est pour en faire ça, à quoi bon ?

Pour connaitre un peu les deux autrices, je peux juste assurer qu'il y a eu bien plus qu'une V2 :D
A titre personnel, j'ai apprécié le détournement du code principal pour ce type de film, cette idée qu'il est strictement impossible de rattraper en aussi peu de temps leur niveau en latin et que seule la triche peut les tirer de là. J'ai trouvé ça bien géré, plutôt marrant et à vrai dire logique. PAR CONTRE, ça ne peut donc pas être le coeur du film, juste un prétexte pour passer le relais au vrai sujet, à savoir la comédie romantique entre Bourgouin et Lacaille... et c'est là que le bât blesse à mes yeux, parce que c'est la partie la plus faible. Le couple ne fonctionne pas trop, malgré les deux comédiens sympathiques individuellement (surtout Lacaille, Bourgoin je la trouve un peu en pilote automatique)

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 15 août 2024 17:20
par Tamponn Destartinn
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Il y a pleins de trucs très bien là dedans, je comprends la hype de certains, mais j'ai un gros problème avec Costner sur ce coup-là...

Donc l'intro nous montre trois colons, faisant des plans au sol sur un terrain "vide", avant de se faire massacrer par des amérindiens. Puis s'en suit, quelques années plus tard, un petit village à peine installé se faisant attaquer une nuit. Après un long passage en apnée totale, formidablement filmée, nous découvrons en conclusion que ce village était pile au même endroit que celui de l'intro, via un lieutenant de la Cavalerie qui explique aux survivants pourquoi les amérindiens les ont attaqués (l'endroit est leur terrain de chasse), puis demande à abandonner l'idée d'y construire quelque chose. Mais trop tard : ce lieu est appelé "Horizon", les gens ont payé pour cette terre et refusent d'accepter s'être fait avoir. On comprend alors que les colons vont insister, et on sait d'avance que progressivement ils vont gagner...
Bref, on est à une heure de film, soit le premier tiers, et tout cela est jusqu'à présent super. D'autant plus que le concept du film devient clair comme de l'eau de roche : son entièreté va se passer sur ce seul et même endroit, ce terrain "vide" où les hommes blancs veulent installer une ville, au détriment des amérindiens et...
Ah ? Tiens, on est soudainement ailleurs. Dans la neige, avec Kevin Costner (c'est vrai qu'il est sensé jouer dans son film, lui...). Ok, quel le rapport avec... -- Ah ? On est encore ailleurs. Des voyageurs en caravanes. Bon, mais du coup, ces gens sont les prochains colons de Horizon ? On ne saura pas. Pas dans ce film, en tout cas. A la place, on a eu une romance bêta avec le lieutenant de la Cavalerie et une des survivantes. Après trois heures très longues (malgré d'autres bonnes scènes, hein, je le répète, notamment la partie Costner), on a le droit à une bande annonce des prochains films, et a tchao bonsoir.
Du coup, je suis bien emmerdé. J'ai eu le temps de fantasmer un concept de film, et le fait est qu'il fasse littéralement l'inverse, c'est à dire ouvrir pleins de nouvelles intrigues dans pleins de lieux différents, pour n'en conclure aucune après trois heures, je suis sorti pétri de frustrations. Je vais ajouter une seule chose : le film est un bide en salle, mais un carton sur plateforme. Alors bien sûr, le fait que les amerloques l'aient rendu dispo en VOD aussi vite, ça n'aide pas. Mais c'est quand même très fort symboliquement : Costner a écrit une série qui s'ignore ! Et je pense aussi que je l'aurai plus apprécié sous ce format...

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Posté : jeu. 15 août 2024 17:21
par Tamponn Destartinn
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C'est le contraire absolu de Horizon : c'est carré mais c'est réalisé sans génie.

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 15 août 2024 22:28
par Kit
mort à 94 ans de l'actrice américaine Gena Rowlands
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gena_Rowlands
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Posté : ven. 16 août 2024 15:48
par groil_groil
Tamponn Destartinn a écrit : jeu. 15 août 2024 16:51
groil_groil a écrit : sam. 3 août 2024 09:15 Image

Dans un lycée d'Angers, la professeur de Latin a trouvé une astuce pour avoir la paix avec ses 5 seuls élèves. Elle ne leur fait pas cours, elle met 19 à chacun, et en échange ils lui foutent la paix durant les heures de classe. Même si avec 5 élèves seulement, le maintient de la classe pour l'année suivante est remis en question. Mais les bons résultats des élèves font que c'est leur classe qui est sélectionnée pour représenter la France lors d'un grand championnat de langue latine se déroulant à Naples et opposant des élèves du monde entier. Une bonne place pourrait sauver la classe auprès du rectorat. Les voilà partis en minibus direction Naples en se demandant bien comment ils vont faire pour participer à ce championnat avec un niveau proche du zéro. Le film qui propose un casting très chouette (Bourgoin, Lvovsky et Lacaille sont des acteurs que j'aime bien) est le premier d'Emilie Noblet, qui s'est fait un nom dans la comédie avec la série Parlement, inégale mais amusante. Le pitch de Bis Repetita, bien que classique, laisse attendre une chouette comédie, dans un genre très codifié mais plutôt heureux, celui du groupe de baltringues qui s'élève par la force du collectif. L'une des plus belles réussites du genre est le superbe School of Rock de Richard Linklater, auquel il fait beaucoup penser. Malheureusement ce premier essai est un ratage total, à la fois à cause d'un scénario torché et d'une mise en scène inexistante. C'est d'autant plus dommage que la cinéaste a la chance de pouvoir tourner à Naples, qu'elle a dans le champ le Vésuve ou même Pompéi (une scène est tournée sur le site même) et qu'elle n'en fait strictement rien, se contentant d'une image de téléfilm qui n'a aucun sens. Quant au scénario, il n'a pas du passer la V2 et se contente d'enfiler les poncifs sur toutes les situations attendues, qui se déroulent les unes après les autres sans surprises et sans relief. C'est à un niveau ou, par exemple, chaque fois que l'héroïne progresse ou arrive à ses fins, c'est en couchant avec l'un des personnages. Mais le plus rageant concerne le fond du film. Dans l'idée, c'est plutôt cool qu'un film mette le Latin en avant, cette langue morte qui n'intéresse plus personne et qui pourtant est la base de tout. C'est classe, ça a de la gueule. Eh bien la cinéaste n'en fait rien, mais pire elle se moque et se désintéresse totalement de son sujet. Et la chose qui m'agace le plus est la suivante : quand tu fais un film de ce genre : film de baltringues qui s'élèvent par le courage collectif comme je le disais plus haut, généralement, à chaque fois même, les personnages s'en trouvent grandis à la fin, ils ont appris quelque chose, à maitriser une discipline, à donner un concert en public, etc., bref, ils en sortent heureux, épanouis, et le spectateur avec. Ici, les gamins gagnent le concours, mais en trichant... A chacune des épreuves. Donc le message envoyé par le film c'est ça ! Le Latin on s'en branle, l'élévation collective, on s'en branle, l'éducation on s'en branle. Au final et grâce à cette médaille, la classe de Latin du lycée est maintenue, mais si c'est pour en faire ça, à quoi bon ?

Pour connaitre un peu les deux autrices, je peux juste assurer qu'il y a eu bien plus qu'une V2 :D
A titre personnel, j'ai apprécié le détournement du code principal pour ce type de film, cette idée qu'il est strictement impossible de rattraper en aussi peu de temps leur niveau en latin et que seule la triche peut les tirer de là. J'ai trouvé ça bien géré, plutôt marrant et à vrai dire logique. PAR CONTRE, ça ne peut donc pas être le coeur du film, juste un prétexte pour passer le relais au vrai sujet, à savoir la comédie romantique entre Bourgouin et Lacaille... et c'est là que le bât blesse à mes yeux, parce que c'est la partie la plus faible. Le couple ne fonctionne pas trop, malgré les deux comédiens sympathiques individuellement (surtout Lacaille, Bourgoin je la trouve un peu en pilote automatique)
:jap: :jap:

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Posté : ven. 16 août 2024 17:34
par Tamponn Destartinn
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Très solide, fun, efficace et inventif. Le film ne fait jamais vraiment peur, mais l'ambiance poisseuse est là. Le film est étonnant dans sa hierarchisation des menaces (l'alien lui-même tel qu'on le connait n'est pas ce qu'il y a de plus flippant, si ce n'est son sang acide), mais ça fonctionne. L'intro au sein d'une colonie est très chouette, sonne pour le coup comme du jamais vu et introduit parfaitement les personnages, une bande de jeunes tous très bien écrit. C'est à dire qu'on les apprécie rapidement, même si le besoin de leur créer à tous un background et des enjeux personnels finit par devenir un peu lourd (imaginez le premier Alien, si les persos au début passaient leur temps à discuter durant leur découverte du vaisseau alien, au lieu de laisser la place au silence ou à la musique... ben voila). Mais une fois le jeu de massacre commencé, ça redevient très bien, chacun étant tué avec une belle inventivité !

La saga Alien a longtemps été comme la saga Mission Impossible : aucun film ne se ressemblait, car chacun était réalisé par un nouvel auteur au style ultra reconnaissable, souvent pour le meilleur, même les fois où je n'aime pas le dit auteur. Et bien ce Romulus est un peu le Rogue Nation de Mission Impossible : un menu best-of avec ses propres bonnes idées et un savoir-faire indéniable, mais au détriment de cette tradition de la personnalité du réalisateur imposante. Après, je ne le connais pas, ce Fede Alvarez. Mais le fait qu'il se soit fait un nom avec le remake d'Evil Dead, que bcp disent réussi, confirme pour l'instant mon intuition qu'il est avant tout un excellent faiseur. Je parie d'ailleurs qu'il va cette fois réaliser une suite directe, comme pour le real des dernier M:I. (oui, je fais abstraction des préquelles cheloues de Scott, c'est une mini triche)

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 29 août 2024 11:27
par Tyra
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Le film m'est plutôt sympathique par son ambition et son peu de concessions au cinéma plus commercial. Mais c'est aussi le problème du film, qui s'enfonce petit à petit dans un propos et une structure absconse, abandonnant son point de départ qu'est la nouvelle de Henry James pour développer une vision du future où les Hommes se débarrassent de leurs émotions pour ne plus souffrir. Malheureusement le propos sur les affects comme seule raison de vivre est assez bateau, et surtout Bonello reste un cinéaste tellement froid, rigide, peu sensuel, que le film peine à dépasser sa note d'intention.
Dans sa structure, le film m'a beaucoup fait penser à 2046 de Wong Kar Wai, à son détriment malheureusement.

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 29 août 2024 13:26
par sokol
Tyra a écrit : jeu. 29 août 2024 11:27 Le film m'est plutôt sympathique par son ambition et son peu de concessions au cinéma plus commercial. Mais c'est aussi le problème du film, qui s'enfonce petit à petit dans un propos et une structure absconse, abandonnant son point de départ qu'est la nouvelle de Henry James pour développer une vision du future où les Hommes se débarrassent de leurs émotions pour ne plus souffrir. Malheureusement le propos sur les affects comme seule raison de vivre est assez bateau, et surtout Bonello reste un cinéaste tellement froid, rigide, peu sensuel, que le film peine à dépasser sa note d'intention.
:jap:

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 29 août 2024 15:19
par Tyra
sokol a écrit : jeu. 29 août 2024 13:26
:jap:
Sans la fin sur 2046 car tu n'aimes pas ce film... :D

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : jeu. 29 août 2024 15:47
par sokol
Tyra a écrit : jeu. 29 août 2024 15:19 Sans la fin sur 2046 car tu n'aimes pas ce film... :D
:lol:

Du tout même ! A mes yeux, "2046" est "Oncle Boonmee" de A. Weerasethakul (et vice versa). Ils ont en commun un truc qui ne laisse pas tromper : il a fallu six ans (pour le hongkongais) et 3 ans (je crois) pour le thaï pour mener à bien leurs films. C'est tout sauf un bon signe ça...

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : sam. 31 août 2024 10:42
par groil_groil
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ça veut se la jouer film d'auteur atmosphérique et minimaliste, tendance asiatique justement, et c'est juste nul, vide et creux. Consternant.

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Revu pour la énième fois ce The Party à la française pour le faire découvrir aux enfants. Ils n'ont aimé que modérément, et c'est vrai que le film, contrairement aux De Funès, survit assez mal au passage du temps, et propose un humour souvent assez daté (bien que nous les vieux ne nous en rendions pas forcément compte à cause du sentiment nostalgique).

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Revu aussi pour montrer aux enfants (le grand l'avait déjà vu), et oui c'est un grand film, pour tout ce qu'on sait, mais le sentiment de malaise que diffuse la scène du gamin qui tombe du 9ème étage de son immeuble est vraiment problématique et gâche un peu tout ce qu'il y a autour. Disons que je ne prête pas de mauvaises intentions à Truffaut (je comprends ce qu'il cherche à dénoncer) mais sa maladresse sur la mise en scène de cette séquence est telle qu'elle n'est pas loin de la rendre problématique.

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Il y a tous les défauts propres à ce genre de cinéma fait en France, syndrome Les Rivières Pourpres, mais si on sait ce qu'on regarde et pourquoi on a envie de regarder ça, le film est plutôt prenant et bien fichu, Ledoyen impeccable en actrice de genre. Le dénouement final est sans doute un peu tiré par les cheveux (un peu beaucoup) mais il ne fiche pas le film en l'air pour autant, c'est déjà ça.

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Ce n'est certes pas au niveau du 1er volet, mais cette suite tient bien la route. ça me fait penser à la suite d'Hellraiser, c'est au même niveau de qualité par rapport au 1er (enfin, le 1er Hellraiser est infiniment supérieur au 1er Candyman mais on se comprend). Dans les deux cas, Barker continue d'être impliqué dans le second (il est ici l'un de producteurs et le scénario est adapté d'une histoire à lui), et c'est sans doute pour ça que c'est encore valable.

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Difficile d'aller voir un film quelques mois après avoir lu et adoré le roman dont il est l'adaptation, et pourtant le film des Larrieu (l'un de leurs plus beaux) est totalement réussi, digne, émouvant, pour ne pas dire bouleversant. Je n'y retrouve évidemment pas toute la finesse du livre de Bailly mais pas loin quand même. Surtout, l'émotion délivrée est vraiment fine, les cinéastes parviennent à nous faire pleurer sans faire de chantage à l'émotion, en utilisant aucun procédé de mise en scène putassier, et c'est suffisamment rare pour être signalé. Il faut arrêter à un moment de comparer un film avec le livre qu'il adapte, même si c'est dur, et en faisant cet effort, je constate avoir vraiment adoré le film.

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Contrat rempli, pari réussi, c'est un vrai bon Alien dans la tradition et les codes créés par le premier opus. A tel point d'ailleurs qu'on dirait presque un reboot du premier film (c'est d'ailleurs la première fois que j'ai ce sentiment avec cette saga). il y a en permanence un habile jeu de référence, avec le 1er mais aussi avec les épisodes 2 et 3, sans que ce soit pour autant un film citationnel ou trop référencé, il a malgré tout son autonomie. Seul bémol, celui de (c'est une mode hollywoodienne) confier les rôles principaux à des ados, ou très jeunes adultes, lisses, propres et sans aspérité (le récent Twisters c'était la même chose). C'est sans doute pensé pour plaire au jeune public qui pourrait s'identifier plus facilement, mais généralement ça crée des personnages sans intérêt, sans passé, sans rien.

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Film d'aventures d'époque plutôt réussi, qui a comme atout majeur d'être quasi intégralement tourné en décors naturels au Pérou, dans les Andes et notamment au Machu Picchu, faut avouer que ça en jette. C'est évidemment à l'ancienne, mais c'est ça qui fait son charme. A noter que c'est le film qui a inspiré à Lucas / Spielberg le personnage de Indiana Jones, Charlton Heston étant son sosie parfait avant l'heure, habillé exactement pareil, aventurier, et archéologue pilleur à la petite semaine exactement comme le personnage joué 30 ans plus tard par Harrison Ford.

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Super film policier sombre d'Harold Becker (bon cinéaste sous côté), au ton assez dur, inspiré d'un fait divers, et qui rappelle parfois les Flics ne dorment pas la nuit de Fleischer (les deux sont adaptés de romans du même auteur).

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Enième revisionnage (mais ça faisait tout de même longtemps) de ce chef-d'oeuvre absolu qui n'en finit pas de se bonifier avec le temps. Film absolument parfait en tous points, 10/10, je pourrais en écrire des tartines, mais je vais m'arrêter là, tout a été dit. Plus le temps passe, plus la patine le transforme en classique absolu et intemporel.

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Un plutôt bon Vecchiali, en huis clos, d'après un texte de Jacques Nolot, qui joue l'un des protagonistes, mais un film vraiment problématique dans son rapport aux femmes. Le personnage joué par Brigitte Rouan se fait atrocement violer, et personne n'est condamné, ni en vrai ni par le cinéaste je veux dire. Le lendemain, les affreux mecs se retrouvent dans le bar, sur le lieu du crime, et le seul truc qu'on a à nous dire, que les personnages et le cinéaste ont à nous dire c'est : Quelle soirée... ah, quelle soirée... Oui il y a de l'amertume et de la tristesse dans le dernier plan avec la barmaid qui sort et qui hors-champ croise sans doute le regard de Rouan qui attend le bus, mais les personnages masculins, les violeurs, s'en sortent comme si de rien n'était. Impossible de laisser passer cela.

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Un couple en train de se séparer, et un homme toujours amoureux, mais absolument insupportable, qui tente lors d'un dernier weekend, de sauver son couple en emmenant sa famille sur les traces de l'histoire de leur couple, ce qui s'avère un échec total. Le film hésite en permanence entre comédie grossière à la Apatow et film plus sérieux sur la désagrégation d'un couple, mais le souci c'est qu'il n'arrive jamais à trouver le point d'équilibre et qu'il échoue sur les deux tableaux. Quelques sourires parfois, qui sauvent l'ensemble du naufrage total, mais un sentiment de génance beaucoup trop fréquent, notamment dû aux nombreuses incohérences et inepties scénaristiques. (quant à la mise en scène, rien à dire, il n'y en a pas.)

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Moins nul que le précédent volet, que j'avais littéralement détesté, celui-ci se regarde agréablement, du moins pendant un moment, grâce à sa mise en scène assez prenante (la première partie est très réussie). Mais le film est beaucoup trop long, le contenu beaucoup trop vide (il n'y a rien d'autre que de la course poursuite jusqu'à épuisement), et la surenchère beaucoup trop omniprésente, que l'intérêt du spectateur s'évanouit peu à peu. ça reste le meilleur après les deux premiers, mais ça ne veut pas dire grand chose.

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Le Soleil, la Mer, le Coeur et les Etoiles - Marc Hurtado - 1982

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L'Autre Rive - Marc Hurtado - 1984

Plongée dans le cinéma expérimental de Marc Hurtado (du duo de musique expérimentale Etant Donnés créé avec son frère Eric). Son cinéma et sa musique étant toujours intrinsèquement liés, les bandes sons devenant les albums du groupe, et les images des films illustrant les pochettes et les concerts du duo. Un cinéma expérimental, extrêmement physique, organique, mêlant des gros plans du cinéaste, visage, corps, toujours nu, sexe, en érection, éjaculant... à des images de nature, de détails, souvent en surimpressions. C'est déjà beau visuellement, mais alors associé à la musique qui n'accompagne jamais l'image, dieu merci, mais en offre une lecture nouvelle, c'est carrément envoutant.

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Après l'ambitieux, baroque et réussi Poor Things, qui semblait amorcer un virage dans sa filmographie, Lanthimos revient malheureusement en arrière en proposant ce film en trois parties, très long, trop long, qui semble être un mix de Lobster et du Cerf Sacré. Original oui, mais souvent de manière vaine, provocateur oui, mais souvent de manière gratuite et puérile. En même temps c'est bien fait, très pro, et suffisamment intriguant pour avoir envie de regarder jusqu'au bout, mais plus le film avance, plus il semble se perdre et ne plus savoir ce qu'il a envie de raconter. Belle régression pour le cinéaste, quand même.

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : lun. 2 sept. 2024 11:24
par groil_groil
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Shyamalan continue d'avoir ses fans, alors qu'il n'a à mes yeux jamais réalisé le moindre bon film... Mais il continue à tourner, et tant mieux en tout cas, car c'est un garçon que j'aime bien malgré tout, j'aime son amour du genre, et sa relative modestie depuis quelques années (après des débuts avec des films qui avaient un melon pas possible). Celui-ci est plutôt à ranger du côté de ses films pas trop ratés, mais il faut pour cela faire abstraction de l'absurdité de l'ensemble (il doit y avoir une absurdité ou une incohérence majeure par plan). L'idée est marrante, bien que complètement con, et en revanche j'adore la façon dont il parvient à mettre en scène ce concert pendant la première heure du film (c'est ce qu'il y a de plus réussi), il sait vraiment donner l'illusion que ce concert existe et que le temps s'écoule dans ses plans, cette partie m'ayant d'ailleurs énormément rappelé le génial Snake Eyes de Brian de Palma (dont il semble s'être pas mal inspiré même s'il ne cherche jamais à reproduire l'illusion de temps réel via le plan séquence). J'aime beaucoup aussi qu'il ait confié le rôle de cette chanteuse pop à sa propre fille. Elle y est super, et son père la filme avec au moins autant d'admiration que la regarde sa jeune fan.

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Thriller de serial killer horrifique et à la frontière du fantastique qui n'est pas sans intérêt mais qui se la joue beaucoup trop poseur et arty pour convaincre, menant jusqu'à un final assez grandiloquent mais qui ne semble in fine n'impressionner que son metteur en scène.

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Revu cette merveille en bluray : l'un des tout meilleurs Duvivier, l'un des tout meilleurs Gabin, l'un des meilleurs films d'angoisse à la française, et un film qui filme son époque, son quartier (Les Halles) avec tant de vérité et de génie...

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : lun. 2 sept. 2024 12:06
par sokol
groil_groil a écrit : lun. 2 sept. 2024 11:24 (il doit y avoir une absurdité ou une incohérence majeure par plan)
:hello:

Un exemple ?

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : lun. 2 sept. 2024 12:50
par Kahled
sokol a écrit : lun. 2 sept. 2024 12:06
groil_groil a écrit : lun. 2 sept. 2024 11:24 (il doit y avoir une absurdité ou une incohérence majeure par plan)
:hello:

Un exemple ?
Le plan de la limousine où il disparaît de la bagnole et se change sans qu’on sache trop comment ? :D

Et même en termes de scénario c’est un peu n’importe quoi : le tueur qui se balade comme il veut dans l’espace du concert, qui usurpe toutes les identités possibles et imaginables sans jamais se faire chopper alors que le lieu est censé être sécurisé et surveillé au poil de cul, l’équipe de sécurité qui sait qu’un tueur est dans les parages et qui fout en l’air tout le système en acceptant qu’un parfait inconnu aille dans la loge de la chanteuse avec sa fille, etc.

C’est quand même un festival d’invraisemblances ce film ! :lol:

Mais je l’ai aimé pour cette raison moi. :D
Shyamalan envoie valser toute cohérence pour construire un film avant tout ludique et parfaitement généreux. Si bien qu’a l’écran, ça fonctionne quand même, ça fait illusion (et c’est tout ce qui m’importe à vrai dire). On dirait un de ces films policiers / thrillers des années 1990 dans l’écriture, moi ça m’a bien plu. Et en plus, j’aime bien plutôt bien la bande-son. :cool:

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : lun. 2 sept. 2024 13:39
par sokol
Kahled a écrit : lun. 2 sept. 2024 12:50
Le plan de la limousine où il disparaît de la bagnole et se change sans qu’on sache trop comment ? :D

Et même en termes de scénario c’est un peu n’importe quoi : le tueur qui se balade comme il veut dans l’espace du concert, qui usurpe toutes les identités possibles et imaginables sans jamais se faire chopper alors que le lieu est censé être sécurisé et surveillé au poil de cul, l’équipe de sécurité qui sait qu’un tueur est dans les parages et qui fout en l’air tout le système en acceptant qu’un parfait inconnu aille dans la loge de la chanteuse avec sa fille, etc.

C’est quand même un festival d’invraisemblances ce film ! :lol:

Mais je l’ai aimé pour cette raison moi. :D
Shyamalan envoie valser toute cohérence pour construire un film avant tout ludique et parfaitement généreux. Si bien qu’a l’écran, ça fonctionne quand même, ça fait illusion (et c’est tout ce qui m’importe à vrai dire). On dirait un de ces films policiers / thrillers des années 1990 dans l’écriture, moi ça m’a bien plu. Et en plus, j’aime bien plutôt bien la bande-son. :cool:
Je ne pensais pas que [mention]groil_groil[/mention] parlait d’incohérence scénaristique. Je comprends mieux.
Et je partage ton commentaire du début à la fin (y compris la bande-son) : j'ai pas pensé à la vraisemblance une sel seconde durant le visionnage : Shyamalan sait tellement faire un plan, une scène etc etc que c'est hyper agréable de voir du cinéma et "c'est tout"

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : mar. 3 sept. 2024 11:19
par cyborg
:hello: les amigos !

Halala quel été, je n'ai quasi rien vu, et rien eu le temps d'écrire non plus.

Lors de mon dernier post avant de partir en vadrouille j'avais même oublié de dire que j'avais vu

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Parpaillon se révèle être l'un des meilleurs Moullet. Plus qu'un film sportif c'est un film topographique. Il y a toujours un sens, non de l'espace, mais plutôt du lieu et de l'esprit du lieu chez Moullet. Quand on se penche sur sa filmographie on se rend compte qu'il dresse souvent des portraits d'endroits ou de villes, tout au long de sa carrière (peut-être davantage dans ses courts). Ici toute la force repose dans la façon qu'à Moullet d'utiliser la montagne : ce n'est pas qu'un contexte mais un support total à sa mise en scène. On sent qu'il connait parfaitement le parcours, les recoins, les tournants, les pentes et toute sa dramaturgie s'en empare. Le film n'est "que" une succession de gags, du plus petit au plus énaurme, filés tout au long de l’ascension. Quelques-uns sont sonores ou parlants mais la majorité sont burlesques, s'incarnant dans ce relief et ces corps en plein effort. C'est à la fois tout simple et d'une précision extrême dont peu d'auteur me semblent capables.


Et puis le retour fin août fut l'occasion d'une grande révision de pré-rentrée héhé

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Dans ma mémoire j'identifiais ce film comme le début du néoréalisme mais la lecture de quelques textes m'a depuis prouvé le contraire. Et pour cause, si tout le début filme magnifiquement Rome et le rude quotidien de ses habitants durant la guerre, toute la deuxième partie s'en échappe pour devenir un huis-clos. J'avais totalement oublié que cette confrontation-torture entre le responsable nazi et le résistant prenait autant de place. Et surtout à quel point elle prenait une tournure quasi-théâtrale et religieuse, transformant Giorgio en martyr christique.

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Je n'avais malheureusement pas Paisa, deuxième film de cette supposée trilogie, et nous avons donc enchainé sur l'autre film le plus connu de cette période de Rosselini. Le portrait de Berlin détruit vue à travers les yeux d'un enfant est totalement saisissant. Dans un style absolument différent on ne peut s’empêcher de songer à "Berlin, symphonie d'une grande ville", tourné à peine 20 plus tôt, souvenir renforçant encore plus mon trouble de spectateur. Si "Rome Ville Ouverte" est sombre, "Allemagne Année Zéro" est d'une noirceur absolue. La foi est toujours en sous-texte mais tout ici semble impossible, toutes les relations entre les personnages semblent viciés. Il y a tout à reconstruire et avant tout les rapports humains. L'absence d'empathie est le fil rouge de l’œuvre et c'est elle qui provoque le drame final.

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Je le tenais pour mon Tarkovski préféré et je n'avais jamais osé le revoir. Je l'avais découvert en salle à Paris, à l'été 2007 (ou 8) quand j'étais venu faire un stage à la capitale. Un des cinémas du 6ème faisait une rétro intégrale Tarkovski et j'avais essayé d'aller en voir un chaque soir. Les copies étaient d'ailleurs en fort mauvais état, et une remarque au caissier m'avait valu une entrée gratuite en fin de semaine haha. Bref, la visionnage du Miroir m'avait mis à terre (j'avais même refusé à ma petite amie d'alors que nous nous appelions ensuite car il fallait que je digère tout ça, ce qui nous avait valu une mini crise hahaha. Bref !!) J'avais été subjugué par cette façon de manier les époques, les temps, les souvenirs et les rêves. Si la surprise n'est plus la même, je reste bluffé par le niveau d'aisance, d'évidence même, et la fluidité que Tarkovski arrive à construire ici. J'avais par contre totalement oublié les images d'archives et ces passages avec les émigrés espagnols. C'est peut-être là ou le film est le plus sidérant, lier le passé de la vie de l'auteur/sa famille/son enfance, son présent (son rapport à son fils etc) mais aussi son futur qui, peut-être se dessine déjà, lui qui sera en exil toute la fin de sa vie. Stalker parle peut-être aussi de cela, retrouver une "zone", comme un "chez-soi"... Enfin il est particulièrement troublant que "le miroir" soit pile au milieu de sa filmographie, 3 avant-3 après, tant il s'agit d'un film qui réfléchit dans les deux sens.


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Ici mon souvenir le plus confus de la filmo de Rozier, notamment car je l'avais vu dans de mauvaises conditions : je n'avais pas compris qu'il était si long et j'avais vu la fin en étant pressé par le temps. Ce revisionnage me confirme qu'il s'agit de l'un de ses "moins bons", mais par pour autant l'un de ses moins ambitieux ou intéressant. J'en veux pour preuve que malgré la banalité de l'intrigue et des situations, le temps passe très vite et le film semble presque se clore soudainement. Un peu comme le font les vacances d'une certaine façon... Et c'est là que se joue peut-être la grande idée de Rozier, de faire un véritable "film de vacances", quasi en super-8 (j'exagère) et proche des films de familles qui commençaient à se démocratiser peu à peu. Cela me semble particulièrement novateur pour l'époque et en France pour 69 (peut-être un peu moins de l'autre côté de l'Atlantique), cet effet de réel passant par le choix technique de mise en scène. Enfin, cela lui donne une patine "documentaire" que peuvent prendre ce type de création, une fois le temps passé, ce qui n'est pas désagréable.

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Quand l'outil cinéma est tout au service d'une propagande, l'efficacité visuelle est redoutable. Mes souvenirs datent pour ce type de visionnage, mais je crois que je préfère tout de même d'autres films de la même époque (peut-être simplement car ils sont hors de l'armée).

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Posté : mar. 3 sept. 2024 14:55
par groil_groil
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Revu avec beaucoup de plaisir ce film qui fait le pont entre John Landis et Jacques Rozier, qui raconte une Amérique des 80's qui a disparu et qu'on se plaisait à rêver qu'elle était ainsi, un film qui évoque aussi bien Série Noire pour Nuit Blanche que Recherche Susan désespérément, signé du grand Jonathan Demme, avec deux acteurs sublimes, en état de grâce, et une bande son extraordinaire qui témoigne de l'érudition de l'ensemble : chanson de générique signée David Byrne, bande originale signée John Cale & Laurie Anderson, le groupe qui joue au bal des anciens du lycée est The Feelies (rebaptisé The Weelies pour l'occasion) et même quand une voiture passe et traverse l'écran en deux secondes, on entend que l'autoradio joue Temptation de New Order.

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Posté : mar. 3 sept. 2024 18:21
par len'
Kahled a écrit : lun. 2 sept. 2024 12:50
Le plan de la limousine où il disparaît de la bagnole et se change sans qu’on sache trop comment ? :D

Et même en termes de scénario c’est un peu n’importe quoi : le tueur qui se balade comme il veut dans l’espace du concert, qui usurpe toutes les identités possibles et imaginables sans jamais se faire chopper alors que le lieu est censé être sécurisé et surveillé au poil de cul, l’équipe de sécurité qui sait qu’un tueur est dans les parages et qui fout en l’air tout le système en acceptant qu’un parfait inconnu aille dans la loge de la chanteuse avec sa fille, etc.

C’est quand même un festival d’invraisemblances ce film ! :lol:

Mais je l’ai aimé pour cette raison moi. :D
Shyamalan envoie valser toute cohérence pour construire un film avant tout ludique et parfaitement généreux. Si bien qu’a l’écran, ça fonctionne quand même, ça fait illusion (et c’est tout ce qui m’importe à vrai dire). On dirait un de ces films policiers / thrillers des années 1990 dans l’écriture, moi ça m’a bien plu. Et en plus, j’aime bien plutôt bien la bande-son. :cool:
Oui, j'ai aimé aussi pour ça. Comme avec Michael Bay, c'est toujours rafraîchissant de voir un gros film réalisé par quelqu'un plus occupé à faire joujou avec sa caméra qu'à se triturer le cerveau pour trouver une histoire crédible, respectueuse de tous les codes en vigueur et qui ne commet aucune faute de goût. C'est ce que fait par exemple le dernier alien, il est bien fait, il n'y a rien qui déborde et il est respectueux des anciens films, autant dire qu'il n'y a rien à en dire.

Ce que j'aime aussi avec Shyamalan, c'est que c'est resté un gosse avec des idées géniales que seuls les gosses peuvent avoir. Cette salle de concert qui cumule à la fois enfermement, foule, célébrités et anonymes (la fille de Shyamalan, anonyme devenant nouvelle star / josh hartnett, ancienne star devenant anonyme), paranoïa, violence, absurdité... sur le papier ça fait trop mais à la réalisation ça fait écho sans forcément qu'on ait la sensation qu'il le fasse exprès. C'est l'impulsion du moment comme un gamin qui saute haut dans les airs sans penser sur quoi il va retomber.

En deuxième partie, c'est plus gênant, il n'arrive pas tout à fait de se détacher de la salle de concert, du monde des apparences, et basculer ses personnages dans l'intime et la banalité. Pour ça, il faudrait être vieux en même temps que gosse.

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Posté : mer. 4 sept. 2024 09:52
par groil_groil
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Découverte du cinéma de Rocha (il était temps) et avant de voir son hit "Antonio das Mortes" (personnage qui apparait également dans ce film-ci), et celle-ci est conforme à mes attentes. Chef de fil du cinéma Novo, Rocha propose un cinéma à mi-chemin entre traditions (on dirait presque parfois du cinéma primitif) et avant-gardisme (très libre sur la forme, narration étonnante et toujours à contre-temps), tout en jouant le jeu du genre, ici le western mais traité de façon abstraite, comme si Leone avait avalé Manoel de Oliveira et Miklos Jancszo. C'est un cinéma exigeant, où le fil du récit n'est pas forcément ce qui prime (et qui n'est pas non plus ce qu'il y a de plus évident à suivre), et aussi un cinéma qui joue beaucoup sur la question de référent culturel (il évoque en permanence l'histoire de son pays - à ce propos l'analyse de cette chère et érudite Gabriela Monelle dans les bonus est parfaitement éclairante). Découvrir un film d'un cinéaste si important est toujours l'entrée dans un monde dont on ne perçoit pas encore les contours, mais cela donne forcément envie d'aller s'y perdre en espérant avec les temps en apprivoiser les frontières.

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Posté : mer. 4 sept. 2024 10:12
par yhi
Les films de Rocha que j'ai pu voir (et pourtant celui ci j'ai pu le decouvrir en salle) m'ont toujours dépassé. Je crois que c'est encore trop moderne pour moi bien que ça a 60 ans.

Quitte à avoir des morceaux de cinéma "primitif" je le préfère mélangé a du métaphorique ou de l'onirisme d'un Jodorowsky (par certains aspects je trouve ce western de Rocha peut être même plus proche d'El topo que de Leone) que le politique frontal mais étrangement abscon de Rocha.

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Posté : mer. 4 sept. 2024 10:24
par cyborg
Et encore, ces deux là de Rocha sont ses plus "classiques", même si je pense que son intérêt visuel le domine déjà, tout comme sa narration qui n'est qu'au deuxième plan.

Par contre dans ses autres, du moins dans les deux autres que j'ai vu, on vire vraiment vers du cinéma expérimental qui part en tout sens, basé sur l'énergie, avec des questions plus encore ouvertement politique. Le Lion à Sept Tête (avec Jean-Pierre Léaud en Afrique !) est complètement dingue, tout comme Terre en Transe. On se rapproche presque de choses qui font songer à l'opéra. C'est vraiment une autre approche du cinéma. Cela m'avait décontenancé, mais en bien.

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Posté : mer. 4 sept. 2024 11:36
par sokol
len' a écrit : mar. 3 sept. 2024 18:21
Oui, j'ai aimé aussi pour ça. Comme avec Michael Bay, c'est toujours rafraîchissant de voir un gros film réalisé par quelqu'un plus occupé à faire joujou avec sa caméra qu'à se triturer le cerveau pour trouver une histoire crédible, respectueuse de tous les codes en vigueur et qui ne commet aucune faute de goût. C'est ce que fait par exemple le dernier alien, il est bien fait, il n'y a rien qui déborde et il est respectueux des anciens films, autant dire qu'il n'y a rien à en dire.

Ce que j'aime aussi avec Shyamalan, c'est que c'est resté un gosse avec des idées géniales que seuls les gosses peuvent avoir. Cette salle de concert qui cumule à la fois enfermement, foule, célébrités et anonymes (la fille de Shyamalan, anonyme devenant nouvelle star / josh hartnett, ancienne star devenant anonyme), paranoïa, violence, absurdité... sur le papier ça fait trop mais à la réalisation ça fait écho sans forcément qu'on ait la sensation qu'il le fasse exprès. C'est l'impulsion du moment comme un gamin qui saute haut dans les airs sans penser sur quoi il va retomber.

En deuxième partie, c'est plus gênant, il n'arrive pas tout à fait de se détacher de la salle de concert, du monde des apparences, et basculer ses personnages dans l'intime et la banalité. Pour ça, il faudrait être vieux en même temps que gosse.
:jap: :jap:

Même si je n'ai pas une envie folle de le revoir, je serais curieux le faire uniquement pour constater comment ça fonctionne en revisionnage. C'est un des rares films 2024 qui vieilli hyper bien pour moi

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Posté : mer. 4 sept. 2024 11:51
par yhi
cyborg a écrit : mer. 4 sept. 2024 10:24 Et encore, ces deux là de Rocha sont ses plus "classiques"
Ce sont les 4 que j'ai vus aussi. Dans les western je crois que j'aime la sorte de rage qui s'en dégage (les personnages sont assez allumés). Mais oui Terre en transe et Le lion a sept tête ça m'avait largué de fou par contre.

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Posté : mer. 4 sept. 2024 12:18
par sokol
cyborg a écrit : mar. 3 sept. 2024 11:19 Parpaillon se révèle être l'un des meilleurs Moullet. Plus qu'un film sportif c'est un film topographique. Il y a toujours un sens, non de l'espace, mais plutôt du lieu et de l'esprit du lieu chez Moullet. Quand on se penche sur sa filmographie on se rend compte qu'il dresse souvent des portraits d'endroits ou de villes, tout au long de sa carrière (peut-être davantage dans ses courts). Ici toute la force repose dans la façon qu'à Moullet d'utiliser la montagne : ce n'est pas qu'un contexte mais un support total à sa mise en scène. On sent qu'il connait parfaitement le parcours, les recoins, les tournants, les pentes et toute sa dramaturgie s'en empare. Le film n'est "que" une succession de gags, du plus petit au plus énaurme, filés tout au long de l’ascension. Quelques-uns sont sonores ou parlants mais la majorité sont burlesques, s'incarnant dans ce relief et ces corps en plein effort. C'est à la fois tout simple et d'une précision extrême dont peu d'auteur me semblent capables.
Je l'adore celui-ci. La fin est carrément Tarkovskien (on arrive à un endroit, un cul de sac si je ne me trompe pas, qui fait penser à la Zone de "Stalker").


sinon, à propos de "Allemagne anée zéro" :
cyborg a écrit : mar. 3 sept. 2024 11:19 ...mais tout ici semble impossible, toutes les relations entre les personnages semblent viciés. Il y a tout à reconstruire et avant tout les rapports humains. L'absence d'empathie est le fil rouge de l’œuvre et c'est elle qui provoque le drame final.
C'est la toute première fois que je lis un argument qui me conforte dans mon désamour pour ce film. Comment faire un film s'il n'y a pas d'amour, d'empathie ?? Perso, je ne crois pas qu'on peut y arriver. Et, je ne parle pas niveau scénario, mais niveau mise en scène. Il n'y a rien pour s'y accrocher, contrairement à "Rome ville ouverte". A mon opinion, il aurait du faire un mélo (par exemple hein ?). Or c’est un truc froid sans aucun intérêt.

cyborg a écrit : mar. 3 sept. 2024 11:19C'est peut-être là ou le film est le plus sidérant, lier le passé de la vie de l'auteur/sa famille/son enfance, son présent (son rapport à son fils etc) mais aussi son futur qui, peut-être se dessine déjà, lui qui sera en exil toute la fin de sa vie. Stalker parle peut-être aussi de cela, retrouver une "zone", comme un "chez-soi"... Enfin il est particulièrement troublant que "le miroir" soit pile au milieu de sa filmographie, 3 avant-3 après, tant il s'agit d'un film qui réfléchit dans les deux sens.
J'y avais jamais pensé ! Très intéressant ce que tu dis

cyborg a écrit : mar. 3 sept. 2024 11:19
Mon ciné fait depuis aujourd'hui une rétrospective Rozier donc (même si j'ai peu de film en DVD à la maison, j'ai le coffret du cinéaste) je vais revoir pour la première fois sur grand écran ses bijoux

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : mer. 4 sept. 2024 12:28
par sokol
[mention]cyborg[/mention]
sinon, question technique : "La prisonnière de Bordeaux" (on en parle pas mal sur top des films 2024) est-il sorti à Bruxelles ? Juste curieux. merci

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : mer. 4 sept. 2024 13:40
par yhi
sokol a écrit : mer. 4 sept. 2024 12:18 Mon ciné fait depuis aujourd'hui une rétrospective Rozier donc (même si j'ai peu de film en DVD à la maison, j'ai le coffret du cinéaste) je vais revoir pour la première fois sur grand écran ses bijoux
Je suis allé découvrir Maine Ocean hier, c'était incroyable :love:

Le Centre de Visionnage : Films et débats

Posté : mer. 4 sept. 2024 13:44
par sokol
yhi a écrit : mer. 4 sept. 2024 13:40 Je suis allé découvrir Maine Ocean hier, c'était incroyable :love:
Un des films les plus humains (vu ce qu'on a fait de lui au XX siècle, je déteste le mot humaniste) de l'histoire de cinéma

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Posté : jeu. 5 sept. 2024 22:08
par cyborg
[mention]sokol[/mention] voir du Tarko chez Moullet, il fallait le faire, tu l'as fait, chapeau bas :D :D


Pour le Mazuy, ayant quitté Bruxelles plus d'un mois et n'ayant pas du tout le temps d'aller en salle je n'ai pas suivi ce qui se diffusait mais je viens de vérifier et en effet le film est sorti hier, dans deux salles, ce qui n'est pas mal ici !