
L'homme tiraillé entre deux femmes, et l'artiste-maudit (le même), sculpteur qui perd la vue. Un peu cliché, ce petit Guitry, qu'on a connu plus inspiré.

Un coupe décide de se séparer, mais tous les deux sont d'accord, et décident d'organiser une fête pour célébrer ça, afin que cette séparation se fasse dans la joie et soit le moyen de remercier tous les amis que le couple fréquente. Bien évidemment, ils sont les seuls à trouver ça normal et tout le monde est surpris de cette célébration. Je considère Jonas Trueba comme l'un des meilleurs cinéastes actuels, vous finissez par le savoir, mais ça fait deux fois qu'il me déçoit. Ici la presse est souvent dithyrambique, à grands coups de références bergmaniennes, mais il ne faut quand même pas exagérer, et savoir raison garder. Le film est agréable, bien filmé, bien joué (Itsaso Arana est comme d'habitude absolument extraordinaire et magnétique), mais son souci c'est qu'il passe son temps à faire du sur place. Les protagonistes passent leur temps à annoncer à tout le monde la situation (on se sépare, mais c'est cool, et on fait une fête), mais chaque séquence semble être la répétition de la précédente avec un nouveau surpris. C'est un peu léger. La fête finale a bien lieu, mais malheureusement durant le générique de fin. Elle semble très chouette (elle est bien filmée en superposant au moins 3 images différentes à chaque fois), mais comme elle se déroule sur le générique, on dit clairement au spectateur qu'il n'y est pas convié. Dommage, surtout après nous l'avoir teasée pendant près de deux heures.

Film d'aventures à l'ancienne, qui mélange studio, décors réels et effets spéciaux, qui a tout de même pris un sacré coup de vieux. L'ensemble est assez cliché, souvent ringard et misogyne, Charlton Heston n'ayant pas à beaucoup se forcer, même si le charme finit par opérer sur certaines séquences, notamment pour tout ce qui est extérieur.

Je ne suis pas loin d'avoir trouvé ça nul. OK il y a une idée, deux visiteuses de prisons, d'univers radicalement différents, qui deviennent amies, la riche hébergeant la pauvre, parce qu'elle s'ennuie, et qu'elle a les moyens, et l'autre qui finit par la trahir, parce que tu comprends son milieu social la rattrape tu vois. C'est déjà un affreux cliché, tellement affligeant que je ne pensais plus voir ça dans le cinéma français, en tout cas d'une cinéaste de renom comme Mazuy (bon son film précédent était déjà une catastrophe). Le souci c'est que le reste ne va pas non plus. Le scénario est assez mal écrit, les situations sont téléphonées, rien ne semble naturel à tel point que les deux actrices sont mauvaises et semblent réciter, hésitant souvent, butant sur les répliques. Bon Huppert a arrêté de jouer il y a une dizaine d'années, depuis qu'elle a été érigée en star internationale en gros, mais Herzi qui est une actrice géniale n'est vraiment pas à son niveau habituel. La mise en scène, ça ne va pas non plus, tout est plan plan, pépère, sans inventivité, Mazuy se contentant d'illustrer un scénario (qui d'ailleurs ne semble pas lui plaire). Content de la voir continuer à faire des films (ce qui n'est pas le cas d'une Hélène Angel par exemple), mais il faudrait avec un peu plus d'ambition quand même.
D'ailleurs Sokol, je suis très étonné de ton enthousiasme, rarement j'ai autant senti un scénario filmé comme ici (j'ai même pensé à me barrer c'est dire, en hommage à toi


Le Bonheur de ma Soeur - Das Glück meiner Schwester - Angela Schanelec - 1995
Un homme aime deux femmes, qui se trouvent être demi-soeurs, et va devoir finir par faire un choix, toutes deux étant au courant de la situation. Premier long-métrage d'une des chefs de file de la Nouvelle Vague Allemande (malheureusement quasiment tous les cinéastes de ce courant ultra stimulant (le dernier vraiment marquant du cinéma moderne à mes yeux) ont quasiment tous disparus, ou en tout cas n'ont pas eu la carrière internationale qu'ils auraient du avoir), et qui comporte déjà toutes les caractéristiques de l'oeuvre en devenir. Une écriture sèche, aride, tranchée et parfois à la limite de l'abstraction, inspirée par Akerman notamment. Le film est comme tout le reste de la filmo, pas facile, pas toujours accueillant, mais d'une grande intégrité, et d'une grande intelligence.

Belle Couleur Jaune - Schöne gelbe Farbe - Angela Schanelec - 1991
Tout premier court de la cinéaste, film de 5 minutes seulement, entre abstraction, art abstrait, mais contenant des bribes de fiction arrivant essentiellement par le texte-off.

Second court de la cinéaste, où le narratif arrive peu à peu, même si de manière encore embryonnaire, et qui a comme qualité principale de se dérouler quasi entièrement chez un disquaire. On sent pas mal l'influence de Chantal Akerman, notamment période Saute ma ville, ou Je, tu, il, elle.