Après-guerre, en Italie, des concours de danse-marathon (façon On achève bien les Chevaux) sont organisés, et sont en fait le prétexte à entrainer les jeunes femmes dans des réseaux de prostitution outre-Atlantique. C'est un beau film mais Comencini n'est pas encore au top de sa forme, le film se perd un peu dans un néo-réalisme qui semble ne pas vraiment intéresser le cinéaste. A noter les débuts de Sofia Loren (sous un autre nom et dans une brève apparition).
J'ai aussi revu plein de films sur lesquels je vais passer vite.
Revu avec les enfants qui le découvraient. Un des meilleurs Columbus, un film proche de Tootsie mais Tootsie est le film du couple, Doubtfire est celui de la famille. Film où le sacrifice de soi est tel qu'il faut devenir un autre pour exister et retrouver une place au sein de la structure familiale.
Je me souvenais d'un bon film (je l'ai déjà vu plusieurs fois, mais pas depuis longtemps), mais j'avais oublié que c'était aussi génial. Ca commence comme un Friedkin, mais Schlesinger construit vite un film à l'ambition phénoménale (la première scène fait très French Connection puis le film rappelle vite la première heure de Sorcerer dans sa construction). Il y a plein de choses fabuleuses dans ce film, mais ce qui m'a le plus bluffé c'est sa construction. Schlesinger enchaine les séquences disparates, et si on comprend ce qui se joue dans chacune des scènes, il est pendant plus d'une heure impossible de comprendre le rapport entre les différentes scènes. Mais pourtant jamais le spectateur ne décroche, Schlesinger parie sur l'intelligence de son public, et il a raison : au bout d'une heure environ, il y a une scène pilier (que je ne spoile pas au cas où), une scène qui fait tout basculer, et d'un coup, tous les éléments disparates s'assemblent et l'ensemble se met à faire sens. C'est assez prodigieux d'assister à ça et de réaliser quel talent il faut pour se permettre cela, car le risque est immense, surtout vu les enjeux d'une grosse production hollywood. Bref, film brillant et inusable.
Claque la première fois, claque la seconde. Film immense, au moins aussi réussi que The Swimmer, l'autre chef-d'oeuvre de Frank Perry, biographie de la folie de Joan Crawford, et de sa violence sur ses enfants (d'après le livre-témoignage de sa fille). Impossible de revoir l'actrice sans penser à ce film glaçant depuis, et impossible de revoir un ceintre non plus... Le grand génie de Perry ici c'est de réussir un film qui a toute la puissance graphique des grands films des années 40. L'ambition est énorme et le film s'est malheureusement fait descendre à sa sortie (il a rafflé quasiment tous les Razzie Awards l'année de sa sortie, quelle honte), je pense que les gens ont refusé le film car il leur faisait trop peur. Sous ses airs de luxe hollywoodien, c'est un effet un terrifiant film d'horreur.
Seconde fois en un mois et toujours aussi bien. C'est vraiment un très grand Eastwood.
Le dernier Wilder est étonnamment un de ses films les plus modernes. Je ne reviens pas dessus dans le détail, mais c'est un film qui renoue avec ses grands chefs-d'oeuvre du film noir (Assurance sur la Mort, Sunset Blvd), tout en ressemblant aussi aux grands films de la génération d'après (De Palma en tête). Je ne sais pas si c'est volontaire de la part de Wilder, mais peu importe, ce film est à la fois un grand regard sur l'âge d'or du passé, et un film visionnaire, ce qui est d'autant plus étonnant vue la fin de carrière assez désastreuse du cinéaste hormis ce film.
Rien ne remplacera le jour où je l'ai découvert en salle à sa sortie fin 1985 alors que je venais d'avoir 14 ans. J'avais pris une grosse claque, que je n'ai jamais retrouvé par la suite. Le film a autant de défauts que de qualités, et en fonction de l'humeur, je vais être plus ou moins sensible aux uns ou aux autres. Ce coup-ci je l'ai plutôt apprécié, et j'ai joué le jeu, notamment grâce aux superbes ambiances de Chinatown, magnifiquement retransmises) et le bonheur de revoir Mickey Rourke qui était alors mon idole.
Le dernier film de Miguel Gomes, Prix de la Mise en Scène au dernier Cannes, et l'un des cinéastes les plus stimulants d'aujourd'hui, est magnifique, mais il y a quelque chose qui me dérange profondément. Le film raconte la fuite en avant d'un jeune Portugais, au début du 20e siècle, à travers de nombreux pays d'Asie, fuyant sa promise qui le rejoint et qu'il a finalement peur d'épouser, traversant l'exotisme luxuriant de nombreux pays. On raconte (je n'ai pas tellement envie d'aller lire là-dessus car in fine seul le film compte) que Gomes a tourné ce film en partie durant le Covid, et qu'il aurait tourné certaines scènes en Asie à distance, dirigeant ses équipes depuis chez lui. Ca ne me gène pas en soi, on tourne son film comme on le désire, ou comme on le peut. Ce qui me pose souci en revanche, c'est au niveau du résultat : lui n'est peut-être pas allé en Asie, mais ses personnages non plus. Toutes les scènes avec personnages, donc celles qui font avancer l'action, celles où c'est dialogué, sont tournées en studio. Et les scènes en Asie, avec des décors absolument sublimes, une promesse d'évasion qui est tenue, sont réduites à des scènes documentaires, sans personnages et sans enjeu dramatique. Gomes a l'intelligence de créer un vrai décalage en tournant des scènes contemporaines, et de jouer perpétuellement sur le décalage et l'anachronisme, et la plupart de ces scènes sont sublimes graphiquement, mais il y a au final un truc qui sonne creux. Comme s'il avait assemblé deux films en un, mais que jamais ces deux parties ne communiquent. Bon, j'ai tout de même beaucoup aimé le film, mais ce souci est majeur.
I like your hair.