A l'époque où j'ai forgé ma cinéphilie, Adrian Lyne était le cinéaste le plus moqué, conspué, insulté de tous, en compagnie de son frère de douleur Alan Parker. Il leur était reproché une esthétique publicitaire et opportuniste, surfant sur l'air du temps et ne présentant aucune approche artistique de profondeur. Il était donc intéressant de se replonger dans cette oeuvre rééclairée par un très beau dernier film sorti (enfin, sur plateforme) après 20 ans de silence : Deep Water. Et j'en ai profité pour vraiment redécouvrir et comprendre pour la première fois, un cinéaste beaucoup plus intéressant que ce qu'on laisse entendre. La courte filmo de Lyne, seulement 9 films en 40 ans, est dominée, presque ecrasée, par un chef-d'oeuvre d'une noirceur totale, L'Echelle de Jacob. Un film fantastique et cauchemardesque, qui évoque plus Angel Heart ou Cronenberg que Flashdance. Mais le reste n'est pas dénué d'intérêt non plus. Son premier film, Foxes (auquel Laurent Cantet rendra hommage en prenant le même titre pour son film de "filles") est un excellent teen movie au féminin bien plus profond qu'il n'y parait. Ses films les plus connus ont souvent des défauts mais laissent à chaque fois transparaitre de grandes qualités, de direction d'acteur, de cadreur, et un amour permanent de filmer la ville, notamment New York qui semble la pièce fondatrice de son approche esthétique. Car il y a quelque chose de profondément européen chez Lyne, pas étonnant qu'il ait remaké deux films français, certes des livres en premier lieu, La Femme Infidèle de Chabrol et Eaux Profondes de Deville. Si on rajoute sa relecture polémique de Lolita de Nabokov, puis de Kubrick, on se rend compte que le tiers de sa filmo est composé de remakes de films adaptant des livres. Proposition Indécente est un film un peu grotesque, même si pas inintéressant, Flashdance et 9 Semaines et demi ont mal vieilli, mais dans tous ses films, je suis sais par la façon dont il parvient à créer des couples de cinéma immédiatement iconiques, presque mythiques. C'est une de ses grandes forces. Dans ses films les plus réussis, c'est tout aussi flagrant, et les personnages des très beaux Liaison Fatale ou Infidèle (ma plus belle découverte de cette rétro), sont tout aussi marquants que les intrigues des films. Voilà, je ne cherche à faire changer d'avis personne sur ce que vous pouvez penser de ce cinéaste si souvent décrié, mais je suis très heureux de m'y être replongé et d'avoir découvert une oeuvre certes symptomatique de son époque, mais une époque analysée bien plus en profondeur que ce que je ne pensais. Avec toujours cette énigme de "L'Echelle de Jacob" qui plane au-dessus de cette oeuvre, la complexifiant, et la noircissant pour toujours.
Mr-Orange a écrit : ↑lun. 23 sept. 2024 23:36
1. Foxes — 1980
2. Flashdance — 1983 3. L'Échelle de Jacob — 1991
4. Proposition indécente — 1993
Oh je suis triste de voir que tu n'as pas aimé.
je ne saurais trop te conseiller de revoir le film dans quelques années, c'est bizarrement ce qu'on appelle un film à twist, mais c'est un faux film à twist, il en déjoue toutes les attentes et il est étonnamment meilleur quand on connait le truc. Et perso plus je le vois plus je le trouve gigantesque.
Mr-Orange a écrit : ↑lun. 23 sept. 2024 23:36
1. Foxes — 1980
2. Flashdance — 1983 3. L'Échelle de Jacob — 1991
4. Proposition indécente — 1993
Oh je suis triste de voir que tu n'as pas aimé.
je ne saurais trop te conseiller de revoir le film dans quelques années, c'est bizarrement ce qu'on appelle un film à twist, mais c'est un faux film à twist, il en déjoue toutes les attentes et il est étonnamment meilleur quand on connait le truc. Et perso plus je le vois plus je le trouve gigantesque.
J'ai été spoilé il y a longtemps donc je connaissais déjà le truc. Mais je le reverrai dans quelques années effectivement, je ne suis pas sûr d'avoir été dans le bon mood lors du visionnage. Toute la partie "enquête " dans la deuxième moitié du film ne m'a pas passionné des masses.