Tu t'es sérieusement dit cela en regardant le film ?

Bien évidemment
Si si je suis d'accord, les remarques de Zefurin m'ont convaincu sur ce point. En raison de sa mise en scène très réaliste, on peut avoir tendance à oublier que ce film est un conte, une métaphore et pas du tout une retranscription de la réalité. Dans ce sens, on est bien censé comprendre que ce sont des cendres du four crématoire qui sont utilisées dans ces parterres, même s'il est peu probable (sauf anecdote sinistre que j'ignorerais) que ç'eut été le cas dans le jardin des Höss (mais bel et bien dans les champs et parcs publics allemandsaureliagreen a écrit : ↑mer. 28 févr. 2024 21:40 Ça m'avait échappé en voyant le film, mais maintenant que j'ai ce rapprochement en tête, je pense que cela doit être compris métaphoriquement, et que cette intention est délibérée (il n'est pas clair dans ta remarque si tu le vois ainsi).
A un moment, il suit son maitre avec quelques regards jetés, son jeu est un peu trop stéréotypé !
Pourquoi pas. Récupération facilitée, achat d'engrais en moins, ça aurait fait une petite économie !
Je te trouve un poil sévère.
Oui, réaliste. Et parfaitement historique. Une différence avec cette situation de ton enfance, c'est que toi tu subissais, tandis que Hoess était le responsable de ce qui se passait. Et sa femme pouvait aussi être considérée comme impliquée, car parfaitement au courant et aidant son mari au quotidien. Mais tous les deux menant une vie apparemment normale, à côté de cette violence cachée dont ils étaient responsables.Redzing a écrit : ↑lun. 5 févr. 2024 00:26 Pour ma part, étrangement il m'a un peu évoqué mon enfance... J'ai grandi dans une maison de cadre proprette, à deux pas d'une usine pétrochimique. Loin de moi l'idée de mettre la pétrochimie et la Shoah sur le même plan, mais j'ai retrouvé des choses similaires. L'insouciance des enfants à ce qui se passe, les "cadeaux" de l'entreprise, les mauvaises odeurs certains jours, le bruit de fond qui finit par devenir inaudible, les balades au milieu de retenues d'eau souillées par les effluents, la vue sur les cheminées (j'avais vu sur une torchère depuis ma chambre).![]()
Donc j'ai trouvé ce portrait cru particulièrement réaliste.
Si on peut voir cela comme un exemple d'humour très noir, je pense qu'il y a là une autre illustration de cette banalité du mal. Car cette réflexion de Höss montre qu'il était totalement englouti par sa tâche, qu'il y était tellement dévoué que c'était devenu une chose parfaitement naturelle pour lui. Gazer des gens lui était tellement habituel qu'il ne pouvait plus s'empêcher d'y penser, dans chaque situation dans laquelle il se trouvait.Redzing a écrit : ↑lun. 5 févr. 2024 00:26 J'avoue aussi qu'à un moment, j'ai rigolé... seul dans la salle.Je ne sais pas si c'était volontaire, mais il y a une réplique qui pour moi est de l'humour noir ou absurde. Peut-être que le reste du public était trop sonné ? Ou alors c'est l'allemand, je parle un peu la langue, donc j'étais moins fixé sur les sous-titres ?
Bienvenu au club des traumatisés !Next a écrit : ↑sam. 2 mars 2024 20:09 Enfin vu le film hier, en ayant soigneusement évité depuis toutes ces semaines la moindre image. Je savais tout au plus que cela évoquait le quotidien de la famille d'un officier nazi sans réellement connaître le contexte précis. Et quel choc bordel. Ce son qui me hante depuis 24h (et malgré le fait que j'ai vu 3 autres films depuis)...
Il faut savoir que j'aime énormément Under The Skin qui, 10 ans après sa sortie, a certaines images et séquences qui m'accompagnent encore et toujours. Sans que je ne l'aie jamais revu en entier d'ailleurs. Et aussi que, bien que je n'aie pas vu Sexy Beast son premier long, j'aime et suis son travail depuis ses clips pour Radiohead de la fin des années 90 (la grande époque des clips avec lui, Gondry, Cunningham, Jonze,...)
Une journée après l'avoir vu, il m'est encore un peu compliqué d'en parler. Tout n'est pas encore digéré, mais j'ai vraiment la sensation d'avoir vu un chef d'œuvre comme je n'en ai pas vu depuis longtemps.
Son travail sur la façon avec laquelle l'humain se donne les capacités de banaliser le plus atroce a raisonné d'autant plus en moi que je ne pouvais m'empêcher tout du long de faire un parallèle avec la situation actuelle à Gaza (quand même bien même les histoires et raisons sont différentes). Les fenêtres de la maison de cette famille n'étaient en sorte pour moi rien d'autre que les écrans de ma télé, mes PC, mon téléphone... Nous passons le plus clair de notre temps à voir, entendre, savoir... Tout en profitant de nos petites vies plus ou moins tranquilles. Evidemment, nous ne sommes pour la plupart pas des connards de la pire espèce comme ceux à l'écran qui représentent un extrême, mais cela reste comme ça que j'ai ressenti le film au premier abord.
Le Mal est profond (jusque dans la terre ici) et je m'en sentais un peu coupable en un sens en regardant La Zone d'Intérêt. Encore plus quand la mise en scène me rappelait que je commençais à m'habituer à ce fond sonore continuellement horrible.
Si le travail sur le son est probablement la plus grande réussite de La Zone d'Intérêt, son choix de filmer l'ensemble de façon parfois quasi documentaire, faisant oublier la présence de la caméra posée dans un coin de pièce, est aussi parfaitement judicieux. C'est certes très "froid" dans l'absolu, et pourtant cela me procure plus d'émotions et un effet coup de poing que n'importe quoi d'autre.
J'y reviendrai sûrement plus à froid et après vous avoir lu. Là c'est compliqué.![]()
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Je pense que la Zone d'Intérêt a pour objectif de faire ressentir ça...« La lecture du livre de Höss provoque chaque fois en moi un fort malaise. [...] Dès que je lis ou recopie de telles phrases, je sens monter en moi quelque chose comme une nausée. Aucun des autres livres dont je parle ici ne me donne cette impression aussi fortement. À quoi est-elle due ? Sans doute à la conjonction de plusieurs facteurs : l'énormité du crime ; l'absence de véritables regrets de la part de l'auteur ; et tout ce par quoi il m'incite à m'identifier à lui et à partager sa manière de voir. […] En lisant, j'accepte de partager avec lui ce rôle de voyeur de la mort, et je m'en sens sali. »
Je regardais aussi des éléments sur cet atroce bonhomme. Et du coup là où je me disais qu'en réalité la baraque devait quand même être un peu plus éloignée du camp, je suis tombé sur un article du Dailymail de l'an passé avec plein de photos du lieu et je me rends compte à quel point en fait c'était quasi totalement ça. Que la baraque était à côté du crématorium, sur un coin du camp.Zefurin a écrit : ↑sam. 2 mars 2024 22:58 Je me suis un peu renseigné sur Rudolf Höss (le personnage principal) qui a vraiment existé. Il se trouve que pendant le procès de Nuremberg, il a été interrogé par des psychiatres et ces derniers ont été dérouté car ils ont découvert un homme dans toute sa banalité, soucieux de faire le travail qu'on lui disait de faire.
J'ai lu le livre de l'un de ces psychiatres il y a 2 ans. Ou plus exactement, une retranscription des entretiens qu'il avait eu en huis-clos avec toutes les grandes figures nazies accusées à Nuremberg (Donitz, Göring, Rudolf Hess, Jodl, Keitel, Speer...).Zefurin a écrit : ↑sam. 2 mars 2024 22:58 Je me suis un peu renseigné sur Rudolf Höss (le personnage principal) qui a vraiment existé. Il se trouve que pendant le procès de Nuremberg, il a été interrogé par des psychiatres et ces derniers ont été dérouté car ils ont découvert un homme dans toute sa banalité, soucieux de faire le travail qu'on lui disait de faire.
J'imagine tellement le dialogue :
Je n'ai pas le souvenir de ce type d'anecdotes. La conversation était plus "macroscopique". C'était au début des procès, à ce moment Hoss était considéré comme témoin, pas encore accusé, l'idée était de brosser quelque chose d'assez général.Zefurin a écrit : ↑dim. 3 mars 2024 00:38 Si t'as lu un de ces bouquins, tu pourras peut-être confirmer : j'ai cru lire quelque part que la perception de Höss était tellement étrange que parfois, lorsqu'un juif qui était dans la file indienne en route pour le crématorium tentait de s'échapper et qu'un garde l'interceptait violemment, Höss était capable d'aller réprimander le garde pour son comportement puis d'aller voir le blessé, de l'envoyer à l'infirmerie pour soigner ses blessures, puis de le remmettre dans la file d'attente.
Est ce que ce genre d'anecdote est avérée dans les bouquins ?
Je ne crois pas qu'il a abordé les soviétiques, mais dans le type de conversation, oui c'était à peu près de ce niveau... Du genre à challenger les estimations de juifs exterminés, simplement dans un souci d'exactitude, pas pour sauver sa peau. Et à parler des problèmes logistiques.Zefurin a écrit : ↑dim. 3 mars 2024 00:38 J'imagine tellement le dialogue :
"On n'avait un rendement vraiment efficace. On a fait de bons recrutement et aucune pénurie de matière première qui arrivait en temps et en heure.
Par contre, on ignorait que la concurrence faisait déjà mieux : quand les soviétiques sont arrivés, on a découvert que leurs goulag étaient mieux pensés. On aurait gagné à suivre des séminaires de formation chez eux."
Techniquement je pense que c'est Daaaaaali! passé après La Zone d'Intérêt et Dune 2 qui a pâti de tout ça.
Dans un monde parfait, son film n'aurait pas eu besoin d'être réalisé.NaughtyDog a écrit : ↑lun. 11 mars 2024 13:37 Dans un monde parfait Glazer aurait aussi chopé meilleur film
Dans un monde parfait, y aurait pas eu d'holocauste.
Yep.NaughtyDog a écrit : ↑lun. 11 mars 2024 13:37 Dans un monde parfait Glazer aurait aussi chopé meilleur film
L'intention du film étant justement de montrer la banalité du mal, je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement...
Arf, dommage que le film ne t'ait pas plus touché. Justement, j'ai trouvé le côté banal/osef des personnages encore plus... dérangeant, ce qui fait qu'on identifie presque leur quotidien... au notre.Gekko a écrit : ↑lun. 6 janv. 2025 22:13 Vu et déçu.
Je m'attendais à autre chose que d'assister au quotidien plan plan d'une famille de nazis qui habite à proximité d'un camp de concentration.
Les 2/3 du film c'est ça, ok j'ai saisi le contraste mais ils pouvaient pas raconter des choses ou montrer des situations plus intéressantes ou impactantes ? Les personnages n'en parlons pas, tellement ils sont "osef".
Visuellement ça tue, mais le scénario n'est pas ouf, je trouve.
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Au-delà du côté "banal" qui ne va pas marcher chez tout le monde, les conditions de visionnage vont aussi beaucoup jouer dans l'appréciation future du film je pense.Zefurin a écrit : ↑mar. 7 janv. 2025 10:48Arf, dommage que le film ne t'ait pas plus touché. Justement, j'ai trouvé le côté banal/osef des personnages encore plus... dérangeant, ce qui fait qu'on identifie presque leur quotidien... au notre.Gekko a écrit : ↑lun. 6 janv. 2025 22:13 Vu et déçu.
Je m'attendais à autre chose que d'assister au quotidien plan plan d'une famille de nazis qui habite à proximité d'un camp de concentration.
Les 2/3 du film c'est ça, ok j'ai saisi le contraste mais ils pouvaient pas raconter des choses ou montrer des situations plus intéressantes ou impactantes ? Les personnages n'en parlons pas, tellement ils sont "osef".
Visuellement ça tue, mais le scénario n'est pas ouf, je trouve.
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Quand je repense à ce film, il m'évoque un côté un peu "David Lynch" dans sa façon de toucher un neurone sensible qui faisait partie de mon subconscient. Sans oublier la musique...
Mais effectivement, j'ai des gens dans mon entourage qui n'ont pas été réceptif à ce film.
OUI complètement ! Au cinéma, c'était trés... huit clos...Next a écrit : ↑mar. 7 janv. 2025 10:57
J'avais la sensation en salle d'être en quelque sorte pris en otage dans ce massacre hors champ à l'époque. Une espèce de lobotomisation sonore aussi inquiétante que fascinante (avec ce design sonore très dur à supporter en premier lieu mais auquel notre cerveau finit presque par s'habituer dans la dernière demi-heure) que seul la séance en salle peut vraiment procurer.
Plutôt indulgent avec les divertissements.
Ok, mais c'était pas possible de faire la même chose avec des "péripéties" et des dialogues moins chiants ?
Non, surtout pas, je pense que ça aurait beaucoup affadi la perception de cette banalité du mal. Il n'y a rien qui puisse dépasser en la matière la morne et triviale réalité de cette discussion entre Hoess et les deux technocrates qui viennent lui présenter des moyens d'améliorer le rendement de ses chambres à gaz, lorsqu'ils évoquent les avantages et inconvénients des différents parcours en train possibles pour venir à Auschwitz, par exemple. Mais peut-être que ce n'est simplement pas ton genre de film.
C'est radical, mais oui c'est justement tout le concept, et tout ce qui fait la puissance du métrage à mon sens. Il n'a justement pas besoin d'être "passionnant" au sens narratif du terme.Gekko a écrit : ↑mar. 7 janv. 2025 22:23 C'est pas le bon exemple, ce que j'ai trouvé chiant c'était les moments familiaux, des poncifs et banalités (à plusieurs reprises je me suis demandé quand est-ce qu'on allait passer le stade de l'introduction/mise en place). Sous prétexte que ce sont des nazis et que ça fait contraste avec ce qui se passe à côté, on droit trouver ça "passionnant" et/ou glaçant à suivre ?
Pour ma part ces moments on fortement raisonné en moi. Au-delà de la forme (montage sonore, ambiance de salle, contre-champ...), je pense qu'il y avait 3 raisons :Gekko a écrit : ↑mar. 7 janv. 2025 22:23 C'est pas le bon exemple, ce que j'ai trouvé chiant c'était les moments familiaux, des poncifs et banalités (à plusieurs reprises je me suis demandé quand est-ce qu'on allait passer le stade de l'introduction/mise en place). Sous prétexte que ce sont des nazis et que ça fait contraste avec ce qui se passe à côté, on droit trouver ça "passionnant" et/ou glaçant à suivre ?
En fait le véritable truc glaçant dans ces scènes... ce sont finalement les similitudes que l'on peut ressentir avec nos propres vies. @Redzing parle effectivement de son vécu personnel... mais je crois qu'on a tous un moment une sorte de ressenti où on choisi d'ignorer quelque chose qui est dramatique et qui arrive pourtant à côté de nous.Gekko a écrit : ↑mar. 7 janv. 2025 22:23 C'est pas le bon exemple, ce que j'ai trouvé chiant c'était les moments familiaux, des poncifs et banalités (à plusieurs reprises je me suis demandé quand est-ce qu'on allait passer le stade de l'introduction/mise en place). Sous prétexte que ce sont des nazis et que ça fait contraste avec ce qui se passe à côté, on droit trouver ça "passionnant" et/ou glaçant à suivre ?
Mille fois mérité. On devrait lui redonner tous les ans.NaughtyDog a écrit : ↑ven. 28 févr. 2025 21:43 Le film de la décennie chope le César du meilleur film étranger (logique)
Si ça ne tenait qu'à moi, j'imposerai la diffusion de ce film dans une salle de cinéma de façon régulière. Mon oncle et ma cousine l'ont vu tardivement sur petit écran... et l'effet est moindreNext a écrit : ↑ven. 28 févr. 2025 21:53Mille fois mérité. On devrait lui redonner tous les ans.NaughtyDog a écrit : ↑ven. 28 févr. 2025 21:43 Le film de la décennie chope le César du meilleur film étranger (logique)![]()
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Et le discours (prononcé indirectement ici vu qu'il n'était pas là) de Jonathan Glazer fait mouche encore une fois. Merci à lui.
J'ai le blu ray (pour les bonus) mais les 3 fois où je l'ai vu c'était au cinémaZefurin a écrit : ↑ven. 28 févr. 2025 22:04Si ça ne tenait qu'à moi, j'imposerai la diffusion de ce film dans une salle de cinéma de façon régulière. Mon oncle et ma cousine l'ont vu tardivement sur petit écran... et l'effet est moindreNext a écrit : ↑ven. 28 févr. 2025 21:53Mille fois mérité. On devrait lui redonner tous les ans.NaughtyDog a écrit : ↑ven. 28 févr. 2025 21:43 Le film de la décennie chope le César du meilleur film étranger (logique)![]()
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Et le discours (prononcé indirectement ici vu qu'il n'était pas là) de Jonathan Glazer fait mouche encore une fois. Merci à lui.![]()
Il sera diffusé dans une salle à L'Isle-Adam en Mars.
http://www.cinemaleconti.com/film/270759/