A l'époque où j'ambitionnais de réaliser des courts et écrivait en conséquence, j'ai toujours eu naturellement tendance à baser mes idées de récit et imaginé des plans à partir de musiques que j'écoutais. Même si je n'ai finalement absolument rien produit ailleurs que dans ma tête, je me retrouve assez naturellement dans le travail de Edgar Wright depuis Scott Pilgrim et Baby Driver.
Last Night In Soho ne déroge pas à la règle, tant nombre de ses scènes sont construites autour de la sélection fort sympathique de morceaux des sixties choisie (et notamment le "Happy House" de Siouxsie and The Banshees que j'écoute plus que régulièrement depuis 20 ans

) imprègne le film. Des choix de plans jusqu'à la gestion des lumières qui s'adapte à la rythmique, c'est un festival du genre.
Le visionnage fut un vrai régal à ce niveau pour moi tant cela fourmille de détails et de complexités où je me demandais à quel point ils se sont fait chier ou s'ils ont souvent triché grâce aux CGI (notamment la première grosse scène de danse).
Et quand il touche, comme tout le monde en ce moment, aux références horrifiques et au giallo, il s'en sort également plutôt bien, même si le but premier n'est ici pas tant de faire peur (sauf pour une ou deux tentatives de jump scares).
Anya-Taylor Joy et Thomasin McKenzie sont toutes deux superbes dans leurs registres respectifs et illuminent le film tout du long.
Même si les deux ont déjà à leur actif de sacrées performances avant ce film, cela crève les yeux dans chaque scène qu'elles ont une partie de l'avenir d'Hollywood dans leurs mains.
Après tout n'est pas parfait non plus, et surtout dans le scénario du film qui n'évite pas quelques incohérences et facilités qui empêchent l'ensemble de tenir complètement debout et de garder ses secrets jusqu'au bout. C'est un peu dommage parce qu'avec plus de soin sur les détails du récit et moins de classicisme dans ses rebondissements, on touchait du doigt quelque chose de potentiellement très grand.
D'autant plus dommage que malgré ça, le propos (encore une fois très post #MeToo puisque c'est devenu le sujet préféré de Hollywood) est intéressant et se mêle de façon intéressante au côté "c'était mieux avant" qui dans les faits tient souvent plus de l'illusion qu'autre chose.
Reste un sacré film de mise en scène et un vrai petit plaisir de Cinéma pour moi !
