Le Centre de Visionnage : Films et débats

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Kit
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Localisation : où est né William Wyler

mort à 85 ans de l'actrice française spécialisée dans le doublage Évelyn Séléna entre autres la voix française de la princesse Leia (Carrie Fisher) dans la trilogie originale de George Lucas, ella a prêté sa voix à Glenn Close, Helen Mirren, Jane Seymour, Jane Fonda, Meryl Streep, Judi Dench, Joanna Cassidy, Laura Antonelli, Candice Bergen, Ann-Margret, Jaclyn Smith, Jacqueline Bisset, etc..., à la télé, voix française de Linda Gray (Sue-Ellen dans la série Dallas), Jane Seymour (Docteur Quinn, femme médecin), etc...
au cinéma elle a tourné 2 fois avec Fernandel dans La Cuisine au beurre et Heureux qui comme Ulysse
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vel ... 9l%C3%A9na
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:jap: RIP
Vosg'patt de cœur
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sokol
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“Douze mille”, le numéro un de mon TOP 2020 sur ARTE REPLAY
:love: :scary: :love:

Peut être un peu inégal mais inratable (peu distribué à sa sortie durant le Covid)

https://www.arte.tv/fr/videos/124431-00 ... 4431-000-A

ps: Le film contient sans doute l’une des scènes de sexe les plus abouties de l’histoire du cinéma. Pour une raison très simple : la cinéaste y joue elle-même, puisqu’elle s’est filmée. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle de Chantal Akerman dans “Je, tu, il, elle”
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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yhi
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sokol a écrit : sam. 7 juin 2025 11:15 “Douze mille”, le numéro un de mon TOP 2020 sur ARTE REPLAY
Je l'ai vu jeudi car il repassait aussi en salle par chez moi. Il y a des choses intéressantes notamment les vues de la sphère sociale comme régie par du transactionnel autour de deux éléments : sexe et argent. Mais au final, j'ai trouvé ça un peu barbant voire même un peu vulgaire au bout du compte, tout étant ramené à la question monétaire (qui est d'ailleurs le titre même du film, le 12000 représentant une somme à accumuler autour duquel tient l'enjeu).
Puis je me suis rappelé à mi-course pourquoi j'avais fait l'impasse lors de la sortie salle, c'est parce que la réalisatrice avait fait un documentaire sur une casse (élément qu'on retrouve ici) et que j'avais détesté. Ca laisse curieux du chemin que la réalisatrice va prendre si elle se lance dans une seconde fiction quand même. Elle a fait un court mot introductif au film qui était assez pertinent (voire plus convaincant que le film lui-même)
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sokol
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yhi a écrit : sam. 7 juin 2025 12:32 Elle a fait un court mot introductif au film qui était assez pertinent (voire plus convaincant que le film lui-même)
Elle était présente avant la projection du film tu veux dire ?
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yhi
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sokol a écrit : sam. 7 juin 2025 14:16 Elle était présente avant la projection du film tu veux dire ?
Oui, elle était présente avec Jean-Claude Gallota qui a fait les chorégraphies et ils sont intervenus rapidement.
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Tamponn Destartinn
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C'est tellement nul, j'en suis sorti presque en état de choc. Comment peut-on foirer à ce point là le dernier chapitre d'une saga jusqu'alors célébrée par sa supériorité aux autres ? Ça se prend au sérieux, c'est boursouflé de partout, ça fait des trucs de scénario interdit - genre vouloir relier son méchant à tous les épisodes de façon ridicule... et, comble du scandale, ça coupe l'action déjà bof pour nous montrer les multiples réactions de personnages insignifiants, que ce soit les membres de l'équipe qui avant avaient un vrai rôle, ou bien genre la présidente des USA dont on se serait bien passé du point de vue ! Y a une scène un peu marquante qui ne fait pas ça, tout en n'étant que du Abyss de wish. Le reste... Même Hayley Atwell, l'excellente révélation du précédent (déjà connue pour du Marvel apparemment, mais moi je connaissais pas) ne sauve aucun meuble.
Notons donc que le méchant principal, la fameuse IA déjà mal gérée dans le précédent (mais pas autant qu'ici) a gagné. Parce que je pense sérieusement que ça a été écrit majoritairement avec ChatGPT.


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Le meilleur film d'Anderson 2nde période, mais ça reste en dessous de toute la 1ère période selon moi...
La direction artistique est à tomber, il a vraiment réussi à faire de la Bande Dessinée/Cinéma cette fois, le ton un peu cruel lui va bien, les acteurs s'amusent et Michael Cera fait particulièrement plaisir à voir... mais j'avoue ne pas trop comprendre au service de quoi tout cela est. On peut s'en foutre ? Peut-être, mais quand même, dans ce cas montre moi autre chose que des vieux qui jouent au basket pendant 10 min, parce que désolé de m'en foutre là aussi.
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sokol
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Jeunes gens, allez voir en salles les films du regretté Shinji Sōmai, et mesurez à quel point, en 30 ans, le cinéma a régressé :

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sokol
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J'ai revu hier sur ARTE REPLAY "Les misérables" de Ladj Ly :
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Et à la fin, une question m’est venue : ce film a-t-il quelque chose en commun avec les œuvres des frères Dardenne, pourtant si différentes au premier abord ?
C’est précisément ce revisionnage qui m’a aidé à réaliser la chose suivante :
À l’époque, j’avais bien, voir beaucoup aimé "Les Misérables", tout en sentant confusément que, au fond de moi, des réserves subsistaient : effectivement, c’est un film qu’on peut soit aimer, soit accueillir sans réel avis lors du premier visionnage. Mais au second, impossible de rester neutre : il oblige à prendre position. Et je crois que c’est aussi le cas des films des frères Dardenne — aussi différents soient-ils de celui de Ladj Ly : au premier visionnage, leurs films peuvent soit être aimés, soit laissés sans véritable avis (je pense qu’il est difficile de les rejeter d’emblée).

Si je devais résumer en une phrase la raison de ce rapport presque étrange, ce serait la suivante : ce ne sont pas des films « dérangeants », c’est-à-dire politiques, mais des films qui, en apparence (mais seulement en apparence !), ne prennent pas parti. Exactement comme celui de Ladj, qui a passé son temps à dire après la sortie du film qu’il n’arrivait pas à prendre parti — or c’est faux : en filmant quasiment uniquement des policiers en difficulté, il avait déjà pris parti.

C’est-à-dire :
« Les Misérables », comme « La Haine » (et, mine de rien, comme les films des frères Dardenne !), ne représentent pas vraiment un corps social : il n’y a ni école, ni lieu de travail, rien — juste des « cas ». Par conséquent, c’est un cinéma implicite, mais non explicite. Ce sont des films républicains — pour reprendre le terme souvent utilisé par les politiques, qui semblent s’y accrocher — mais pas des films politiques. Qu’ils mettent en scène les pauvres ou des policiers en difficulté ne change rien : on peut très bien filmer des bourgeois et réaliser un grand film politique.

Tout cela me fait comprendre que le cinéma social ne peut exister en tant que tel, alors que le cinéma politique, lui, oui. Et qui dit politique, dit poétique. C’est sans doute pour cette raison que Kaurismäki — à l’opposé des frères Dardenne au cinéma — a choisi la voie qu’il a suivie.

Venez me contredire ! Vive la dispute cinématographique, disait Godard :D :love2:
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sokol a écrit : mar. 10 juin 2025 15:13 J'ai revu hier sur ARTE REPLAY "Les misérables" de Ladj Ly :
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Et à la fin, une question m’est venue : ce film a-t-il quelque chose en commun avec les œuvres des frères Dardenne, pourtant si différentes au premier abord ?
C’est précisément ce revisionnage qui m’a aidé à réaliser la chose suivante :
À l’époque, j’avais bien, voir beaucoup aimé "Les Misérables", tout en sentant confusément que, au fond de moi, des réserves subsistaient : effectivement, c’est un film qu’on peut soit aimer, soit accueillir sans réel avis lors du premier visionnage. Mais au second, impossible de rester neutre : il oblige à prendre position. Et je crois que c’est aussi le cas des films des frères Dardenne — aussi différents soient-ils de celui de Ladj Ly : au premier visionnage, leurs films peuvent soit être aimés, soit laissés sans véritable avis (je pense qu’il est difficile de les rejeter d’emblée).

Si je devais résumer en une phrase la raison de ce rapport presque étrange, ce serait la suivante : ce ne sont pas des films « dérangeants », c’est-à-dire politiques, mais des films qui, en apparence (mais seulement en apparence !), ne prennent pas parti. Exactement comme celui de Ladj, qui a passé son temps à dire après la sortie du film qu’il n’arrivait pas à prendre parti — or c’est faux : en filmant quasiment uniquement des policiers en difficulté, il avait déjà pris parti.

C’est-à-dire :
« Les Misérables », comme « La Haine » (et, mine de rien, comme les films des frères Dardenne !), ne représentent pas vraiment un corps social : il n’y a ni école, ni lieu de travail, rien — juste des « cas ». Par conséquent, c’est un cinéma implicite, mais non explicite. Ce sont des films républicains — pour reprendre le terme souvent utilisé par les politiques, qui semblent s’y accrocher — mais pas des films politiques. Qu’ils mettent en scène les pauvres ou des policiers en difficulté ne change rien : on peut très bien filmer des bourgeois et réaliser un grand film politique.

Tout cela me fait mieux comprendre que le cinéma social ne peut pas exister ; le cinéma politique, oui. Et qui dit politique dit poétique, et c’est sans doute pour cela que Kaurismäki (tout l’inverse des frères Dardenne au cinéma) a fait ce qu’il a fait.

Venez me contredire ! Vive la dispute cinématographique, disait Godard :D :love2:
Bégaudeau dit exactement la même chose dans son (désormais fini) podcast.
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sokol
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ah ! Plus de podcast ???

sinon, le revisionnage du film de Ladj Ly m'a vraiment aidé pour bien mieux comprendre le rapport que j'ai déjà depuis un bon moment avec les films des frères Dardenne (c'est un peu pathétique mais je comprend mieux pourquoi un film des frères belges, il m'était arrivé de lui mettre 7.0 ou 8.0, tout en le mettant dans la catégorie : j'aimerais bien les revoir un jour : c'est à dire, tout en haut de ma liste !).
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sokol a écrit : mar. 10 juin 2025 16:18 ah ! Plus de podcast ???
Non, ils ont dit qu’ils arrêtaient dans le podcast consacré au Serra. Je me rappelle plus trop des raisons (l’une d’elles étant que l’acolyte de Bégaudeau n’arrivait plus à s’y retrouver en termes de temps et de moyens je crois).

Sinon, tout pareil en fait. J’avais vu le film à l’époque et j’avais beaucoup aimé parce qu’il se trouve que j’avais découvert la série Sur Écoute quelques mois avant. Et le film m’y a fait penser. Sur plein d’aspects. Mais en fait, le film n’a pas la rigueur politique de cette série, c’est évident. Et, pour le coup, c’est peut-être dû aussi à son format (Sur écoute n’aurait pas pu exister autrement qu’en série).
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sokol
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Kahled a écrit : mar. 10 juin 2025 17:06
Sinon, tout pareil en fait. J’avais vu le film à l’époque et j’avais beaucoup aimé parce qu’il se trouve que j’avais découvert la série "Sur Écoute" quelques mois avant. Et le film m’y a fait penser. Sur plein d’aspects. Mais en fait, le film n’a pas la rigueur politique de cette série, c’est évident. Et, pour le coup, c’est peut-être dû aussi à son format (Sur écoute n’aurait pas pu exister autrement qu’en série).
Je ne connaissais même pas l’existence de cette série, mais je constate qu’elle adopte ouvertement le point de vue de la police. C’est précisément ce que Ladj Ly aurait dû faire. "Le Petit Lieutenant" de Xavier Beauvois en est un très bel exemple : ce film offrait une représentation claire d’un corps social bien défini, celui de la police au travail. Point barre.

À la place, Ladj Ly a réalisé un film centré sur des « cas », et c’est justement ce qui me permet de le rapprocher du cinéma des frères Dardenne — un cinéma, lui aussi, fondé autour de « cas ». Cela démontre que, peu importe la forme (si les frères belges proposent un cinéma rigoureux, sans musique, "Bressonien" etc etc, Ladj Ly adopte une approche plus "hollywoodienne", tout comme un certain Jacques Audiard avec son "Dheepan" !). Il n’en reste pas moins que le fond est le même.

Et si je pousse mon raisonnement jusqu’au bout, cela démontre que ni les frères Dardenne, ni Ladj Ly ne proposent une forme véritablement cinématographique (comme c'est le cas de films tel que "Dernier maquis" de RAZ, " "Les bruits de Recife" de KMF, "De bruit et de fureur" de JCB pour citer les plus brillants) dans la mesure où le fond demeure, en définitive, creux.
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sokol a écrit : mer. 11 juin 2025 09:54
Kahled a écrit : mar. 10 juin 2025 17:06
Sinon, tout pareil en fait. J’avais vu le film à l’époque et j’avais beaucoup aimé parce qu’il se trouve que j’avais découvert la série "Sur Écoute" quelques mois avant. Et le film m’y a fait penser. Sur plein d’aspects. Mais en fait, le film n’a pas la rigueur politique de cette série, c’est évident. Et, pour le coup, c’est peut-être dû aussi à son format (Sur écoute n’aurait pas pu exister autrement qu’en série).
Je ne connaissais même pas l’existence de cette série, mais je constate qu’elle adopte ouvertement le point de vue de la police. C’est précisément ce que Ladj Ly aurait dû faire. "Le Petit Lieutenant" de Xavier Beauvois en est un très bel exemple : ce film offrait une représentation claire d’un corps social bien défini, celui de la police au travail. Point barre.

À la place, Ladj Ly a réalisé un film centré sur des « cas », et c’est justement ce qui me permet de le rapprocher du cinéma des frères Dardenne — un cinéma, lui aussi, fondé autour de « cas ». Cela démontre que, peu importe la forme (si les frères belges proposent un cinéma rigoureux, sans musique, "Bressonien" etc etc, Ladj Ly adopte une approche plus "hollywoodienne", tout comme un certain Jacques Audiard avec son "Dheepan" !). Il n’en reste pas moins que le fond est le même.

Et si je pousse mon raisonnement jusqu’au bout, cela démontre que ni les frères Dardenne, ni Ladj Ly ne proposent une forme véritablement cinématographique (comme c'est le cas de films tel que "Dernier maquis" de RAZ, " "Les bruits de Recife" de KMF, "De bruit et de fureur" de JCB etc) dans la mesure où le fond demeure, en définitive, creux.
Sur Écoute adopte le point de vue de la police ET le point de vue des dealers ET le point des hommes politiques ET le point de vue des enseignants ET le point de vue des journalistes. ;)

Chaque saison (il y en a 5) étant consacrée à un corps de métier mais sans oublier le reste.

Et elle filme leur travail avec une précision méticuleuse justement. Même les dealers sont considérés comme des travailleurs dans cette série (et, en l’état, si on considère qu’on vit dans une société capitaliste, à fortiori au Etats-Unis, c’est effectivement des travailleurs au sens capitaliste du terme : ils investissent un marché pour accumuler du profit pour d’autres).

C’est précisément pour ça que je parlais de son format. Celui-ci permet une cartographie précise de TOUTS les strates du corps social. Je sais que t’aime pas les séries, mais si je ne devais t’en recommander qu’une ça serait celle-ci.

Sur Écoute c’est du Godard (je dis ça en ne trollant qu’à moitié). :D
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Tamponn Destartinn
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Là où tu n'as pas tort, c'est que Sur Ecoute (The Wire) est une série qui plait beaucoup à ceux qui n'aiment pas les séries habituellement.
En même temps que Twin Peaks ou L'hôpital et ses fantômes, mais cette fois sans la raison d'un réalisateur de cinéma à la manoeuvre. (donc sans l'idée que c'est un "long film" déguisé)
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sokol
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Kahled a écrit : mer. 11 juin 2025 10:44
Chaque saison (il y en a 5) étant consacrée à un corps de métier mais sans oublier le reste.

C’est précisément pour ça que je parlais de son format. Celui-ci permet une cartographie précise de TOUS les strates du corps social. Je sais que t’aime pas les séries, mais si je ne devais t’en recommander qu’une ça serait celle-ci.

Sur Écoute c’est du Godard (je dis ça en ne trollant qu’à moitié). :D
Cela me fait penser à Esterno Notte, le dernier film de Marco Bellocchio, sorti en France sous forme de série — alors qu’en Italie, il est sorti comme un film de fiction de 5h30 ! Cela prouve bien que certaines séries sont si proches d’un long métrage (c’est sans doute le cas de Sur écoute) qu’il ne faut pas les négliger.

Allez, je prends une bonne résolution : je vais trouver cette série et la regarder. Un grand merci à toi !
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Tamponn Destartinn a écrit : mer. 11 juin 2025 12:27 Là où tu n'as pas tort, c'est que Sur Ecoute (The Wire) est une série qui plait beaucoup à ceux qui n'aiment pas les séries habituellement.
Une raison de plus pour que je le regarde :)
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Jean-Marie Straub
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cyborg
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À travers le miroir - Bergman - 1961

Si l'incommunicabilité est le grand thème de la modernité cinématographique, il est intéressant de voir les variations qu'en font ses plus grands maitres. Alors qu'Antonioni fait tendre ses personnages vers des figures géométriques solitaires, Bergman propose ici des images très incarnées, pour ne pas dire sensuelles. Il y a un nombre incalculable de close-up extrêmes sur des visages, et sur des visages proches l'un de l'autre. Tout le film est porté par une force plastique sidérante, ce qui n'est pas une catégorie ou j'aurais rangé naturellement ce réalisateur. La gestion de l'espace entre mais surtout autour de ces corps est également excellente, que l'on passe de la scène de théâtre (le petit spectacle improvisé) à l'infini du monde (le soleil qui se lève entre les deux personnages lors de la scène finale), en passant par des représentations assez magnifique d'espace-folie (le grenier, puis le bateau échoué plein d'infiltration). Le tout est bien sur très écrit mais quand on en arrive à ce niveau, c'est parfait. Voilà longtemps que je n'avais pas vu un Bergman, vu trop jeune bien sur, mais j'ai l'impression d'avoir vu ici l'un de ses meilleurs.

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Sermon to the bird - Hilal Baydarov - 2023

Englué entre une non-narration, un style poseur et des élans mystico-poétique peu convaincant, ce cinquième film de l'azerbadjanais Hilal Baydarov est un calvaire. Ne parlons même pas de la copie exacte des plans de Tarkovski, tandis qu'une ribambelle de références défile à peine plus discrètement (Paradjanov, Straub...). Le résultat est pénible et prétentieux.
Le plus amusant fut la conversation post-film avec le réalisateur et... Reygadas (ils sont potes avec le film faisait partie d'une programmation imaginée par Reygadas). Le type est assez marrant dans son histoire perso, ses anecdotes et son rapport au cinéma. Ce qu'il raconte est vraiment détaché de ce qui se voit à l'écran (il se revendique comme "pure de toute référence", de faire du cinéma purement intuitif, d'avoir néanmoins vu tous les films possibles en 3 ans à raison de 3 films par jour...), mais il est suffisament drôle et cocasse pour faire passer la pillule. Pas assez cependant pour rehausser le niveau de son film. Je n'ai même pas envie d'en voir d'autres de lui.

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Film sur le cinéma, The Celluloid Closet aborde la représentation de l'homosexualité (enfin surtout gay, les lesbiennes c'est une autre affaire, comme d'hab...) à travers l'histoire d'Hollywood. Le résultat est très intéressant mais le style assez simple (extraits + talking heads d'interview) et aucun vertige ne survient comme à su le faire LA Plays Itself, par exemple. Le tout est de plus un peu daté désormais, le film ayant plus de 30 ans, il pourrait être bon de lui donner une suite !
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cyborg
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Richland - 2023 - Irene Lusztig

D'une ville champignon au champignon atomique, portrait d'une ville méconnue porteuse d'une destinée mondiale : Richland (dans l'Etat de Washington) a abrité l'usine ayant fabriqué les bombes atomiques lâché sur le japon durant la 2ème guerre mondiale. Le projet est ambitieux : comment se construit l'histoire et l'identité d'un lieu dans toute sa complexité, politique et historique entre idéologie et traumatisme.
La mise en forme n'a pas toute la finesse d'un Peter Nestler (le sujet aurait tout à fait pu lui convenir, je pense) mais Lusztig signe tout de même une œuvre passionnante, construisant méticuleusement son approche en laissant un temps de parole au plus grand nombre, des populations natives aux fils d'ouvriers, des descendants des survivants de la bombe aux lycéens dont l'établissement à eu la bonne idée de faire du B29 son emblème. Ce type d'enquête (et son approche) est tout à fait essentielle pour nous autres héritiers d'une modernité dont il nous faut désormais corriger les immenses travers.

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A hora da estrala - Suzana Amaral - 1985

Des trois livres que j'ai lu de la géniale Clarice Lispector, L'heure de l'étoile n'est pas le meilleur. Je ne sais même pas si il ne serait pas mieux de ne rien en savoir en abordant le film de Suzana Amaral (bien que mes souvenirs ne soit pas des plus vifs). En l'état on ne retrouve guère le style de l'autrice et le film fait de Macabéa une ingénue dont les aventures semblent plus grotesque et pathétique qu'autre chose. Le tout est assez peu convaincant malheureusement.
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groil_groil
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Revu avec un plaisir intact cet immense chef-d'oeuvre absolu dont le titre de meilleur film du monde, récemment élu via Sight & Sound par l'ensemble des critiques du monde entier, succédant ainsi à Vertigo et Citizen Kane, n'est absolument pas galvaudé. Etonnant d'ailleurs de voir un film si radical être élu meilleur film du monde, c'est le reflet de son époque, qui permet de mettre ainsi en avant un film aussi complexe, aussi riche, aussi dense. Je ne rentre pas dans le film, tout le monde le connait par coeur, chacun à son explication de cette fin spectaculaire, même si celle d'Akerman elle-même est assez étonnante et que je ne partage pas forcément son point de vue, même si je le comprends, j'aime d'ailleurs beaucoup l'idée qu'on ne nous impose pas un schéma de pensée, Akerman nous laisse libre d'interpréter comme on veut, de penser ce qu'on veut de cette fin. Je voulais revenir sur un truc dont on ne parle jamais dans Jeanne D., ce sont les scènes en extérieur. On croit se souvenir à tort que le film ne se déroule que quasi exclusivement dans son petit appartement du 23 quai du Commerce, mais en fait il y a plein d'extérieurs, ils sont magnifiquement filmés et enrichissent le film, et l'univers interne de Jeanne D. d'une façon incroyable.

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Un bon Douglas Sirk que je n'avais pas encore vu, mais un peu trop prévisible sur son scénario et un peu trop sage sur sa mise en scène. Un type comme Lang en aurait fait quelque chose de plus fort.

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J'avais peur du nanar mais en fait j'ai trouvé ça excellent. Bon ça reste un bon vieux bis bien crade, c'est quand même Sergio Martino hein, on préfère ne pas savoir comment sont traités les animaux dans le film, par exemple (bon ce n'est pas Deodato non plus hein), mais le fait que ce soient des stars qui jouent les rôles principaux plutôt que d'obscurs acteurs italiens, et le fait aussi que tout soit tourné intégralement dans la jungle, tirent le film vers le haut et lui donne une aura vraiment intéressante. Belle surprise, donc.

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Première fois que je le vois et c'est un super bon film, un excellent thriller néo-noir comme on en a beaucoup fait dans les 90's sauf que celui-ci a 10 ans d'avance (1983, sortie France 1984), presqu'aussi bon que l'autre grand film d'Hackford, Officier et Gentleman. Le film est surtout connu en France pour la chanson du générique de fin signée Phil Collins (qu'on n'entend pas dans le corpus du film), qui fut un hit incroyable (tête des ventes et tout). Je me souviens qu'enfant, j'étais à Mammouth avec ma mère, et elle avait refusé de m'acheter ce single (alors qu'elle était plutôt généreuse là-dessus) à cause de la pochette qu'elle jugeait beaucoup trop vulgaire. J'étais dégouté mais en fait, ma maman m'a sauvé la vie ce jour-là. Sans elle, j'écouterais peut-être Phil Collins aujourd'hui.

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Chef-d'œuvre absolu que je revois tous les ans et qui est meilleur à chaque fois, signe des grands chefs-d'œuvre. Et de très très loin la meilleure adaptation du roman de Patricia Highsmith (j'irai même parfois jusqu'à dire qu'il est encore mieux que le roman, alors que c'est une merveille).

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C'est l'un des grands chefs-d'oeuvre de l'histoire du cinéma que je n'avais encore pas vu. C'est fait. Quelle claque énorme ! Chef-d'oeuvre absolu, film trip hallucinant, d'une modernité incroyable du niveau des grands Cocteau ou Buñuel, et qui anticipe même la saison 3 de Twin Peaks avec près de 100 ans d'avance. Fait partie de ces films immenses qui contiennent en eux tous les films du monde. Je n'ai pas fini de le voir et le revoir celui-là.

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Revu aussi cet autre chef-d'oeuvre de Chantal Akerman, que j'aime presque autant que Jeanne Dielman, film sans doute très autobiographique mais qui en même temps est l'une des plus grandes fictions de la cinéaste. C'est un film peut-être sous influence du Wenders de l'époque (l'Allemagne, des plans qui évoque parfois l'Ami Américain) mais qui va plus loin et qui surtout, plastiquement, l'un de plus beaux films de la cinéaste. Et un immense film sur la solitude.

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Je n'en attendais rien, mais ce nouveau Destination Finale, le 6ème de la série après près de 15 ans d'absence, mais c'est une excellente surprise, réjouissante, dynamique, bien jouée, sans stars (ça fait du bien), et super bien mis en scène. Le seul souci du film, mais c'est le cas de tous les opus de la série, c'est que ça s'épuise vite par effet de répétition, tout le film étant construit sur l'effet papillon, et la fin est beaucoup moins excitante que la très réussie première demi-heure, mais quoiqu'il en soit, l'ensemble est réussi, gore, drôle, et dynamique.

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Soderbergh a forcément vu ce film avant de faire son Erin Brokovich. Travolta joue un avocat à la tête d'une petite boite qui découvre un scandale de contamination d'eau potable par une grosse entreprise qui occasionne des dizaines de morts d'enfants du coin. Il investit tout et se ruine, sur des années, pour gagner un procès ingagnable. La fin du film est plus noire que celui de Soderbergh, laissant tout de même un espoir final, et l'ensemble a plutôt bien supporté le poids des ans.
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sokol
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groil_groil a écrit : jeu. 19 juin 2025 16:28
même si celle d'Akerman elle-même est assez étonnante et que je ne partage pas forcément son point de vue,
elle avait dit quoi ? Merci :)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol
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groil_groil a écrit : jeu. 19 juin 2025 16:28 et qui anticipe même la saison 3 de Twin Peaks avec près de 100 ans d'avance.
et comment !!

:jap:
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sokol a écrit : jeu. 19 juin 2025 16:45
groil_groil a écrit : jeu. 19 juin 2025 16:28
même si celle d'Akerman elle-même est assez étonnante et que je ne partage pas forcément son point de vue,
elle avait dit quoi ? Merci :)
Salut Sokol.
Elle dit qu'au deuxième client, elle prend du plaisir, elle a un orgasme. Et que c'est ça qui la dérègle, dans la dernière partie du film, elle renverse du lait, les gestes mécaniques ne sont plus les mêmes la mécaniques s'enraille. Elle dit aussi qu'elle tue le mec n°3 parce qu'elle a pris du plaisir avec le précédent et que ça a cassé sa routine, que ça ne peut plus être comme avant
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groil_groil a écrit : jeu. 19 juin 2025 17:21

Salut Sokol.
Elle dit qu'au deuxième client, elle prend du plaisir, elle a un orgasme. Et que c'est ça qui la dérègle, dans la dernière partie du film, elle renverse du lait, les gestes mécaniques ne sont plus les mêmes la mécaniques s'enraille. Elle dit aussi qu'elle tue le mec n°3 parce qu'elle a pris du plaisir avec le précédent et que ça a cassé sa routine, que ça ne peut plus être comme avant
:jap:
Ça y est, ça me revient : j’avais lu tout ça, merci
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Mouaif... ça se regarde, mais c'est clairement un film qui a été survendu, qu'on a déjà vu mille fois et qui n'a pas de grande personnalité (alors qu'il fait mine d'en avoir), une sorte de cliché de premier film d'auteur à la française, qui fait mine de filmer les gens de la campagne mais qui n'intéresse que les gens de la ville. Bref, rien de nouveau sous le soleil... Quant au César du Meilleur Espoir Féminin, c'est assez incompréhensible qu'il soit allé à la gamine de ce film tant elle ne joue rien du tout, et que son rôle n'est vraiment pas intéressant.
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Tyra
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On pourrait dire, pour résumer, que jusque là j'avais tendance à marcher pour un film sur deux de Wes Anderson. Ici c'est plus compliqué : je marche jusqu'à la moitié du film, avant de m'en détacher (à peu près à partir de l'épisode Scarlett Johansson) . Le film m'a plutôt plu dans un premier temps par sa singularité : il me semble qu'ici WA se détache de ses films précédents, abandonnant quelque chose de sa mise en place ultra chorégraphiée aux travelings millimétrés, cet aspect irréel et désincarné, pour quelque chose de plus brute, abrasif. Mais faute, à mon avis, d'un scénario trop faible, pas assez travaillé, il tourne en rond à refaire les mêmes scènes de dialogues explicatifs pas toujours intéressants, peinant à rendre passionnant les variations entre chaque épisode du récit.
J'ai l'impression que le style WA, ainsi que ses récits, fonctionnent mieux lorsqu'il est question d'un microcosme, clos sur lui même (Le désert d'AC, l'hôtel Grand Budapest, Une maison de famille, Une école, etc) et que ça fonctionne moins dans l'éclatement des lieux, comme ici ou The French Dispach. Comme si l'artificialité extrême de ce cinéma ne fonctionnait qu'en vase clos, et butait sur l'éparpillement des lieux et des situations. Peut être pour cela qu'il n'est pas un cinéaste de l'action, mais du surplace, de l'enlisement. Et de la mélancolie évidemment, ici moins présente.
Et puis, cette fin, avec ce milliardaire qui abandonne toute sa fortune pour vivre avec sa fille... Je la trouve trop facile, démagogique.
A confirmer, tout de même par une seconde vision dans quelques années. Le film étant tellement touffu, riche en détails et informations, je suis peut être passé à coté de plein de choses.
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groil_groil a écrit : ven. 20 juin 2025 12:09
Mouaif... ça se regarde, mais c'est clairement un film qui a été survendu, qu'on a déjà vu mille fois et qui n'a pas de grande personnalité (alors qu'il fait mine d'en avoir), une sorte de cliché de premier film d'auteur à la française, qui fait mine de filmer les gens de la campagne mais qui n'intéresse que les gens de la ville. Bref, rien de nouveau sous le soleil... Quant au César du Meilleur Espoir Féminin, c'est assez incompréhensible qu'il soit allé à la gamine de ce film tant elle ne joue rien du tout, et que son rôle n'est vraiment pas intéressant.
Oui, terrible surcotage.
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L'histoire du Projet Manhattan qui conduisit à l'élaboration de la bombe atomique. Le film s'arrête après l'essai grandeur nature de Los Alamos, quelques jours avant Hiroshima. C'est un peu vieillot et bavard (Roland Joffé quoi), mais ça se regarde quand même très bien, notamment grâce aux très bons comédiens et à quelques scènes qui sortent du lot. Disons que c'est le Oppenheimer de son époque, même au niveau qualité, mais dans tous les cas c'est mille fois moins bien que la bande dessinée La Bombe.

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J'avance tranquillement dans mon intégrale Akerman en revoyant tous les films des années 70 (ma période préférée). Je, tu, il, elle est encore mieux que dans mon souvenir. C'est magnifique de radicalité et de liberté mêlées, mais surtout d'audace. Cette scène d'amour finale de quasi 20 minutes non interrompues, Kechiche peut vraiment aller se rhabiller.

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Chantal Akerman a quitté Bruxelles très tôt pour s'installer à New York (elle reviendra vite en Belgique). Elle y réalise notamment Hotel Monterey dans le petit hôtel où ses maigres moyens lui permettent de vivre. Son second film new yorkais est ce second chef-d'oeuvre, News From Home, l'un des trucs les plus beaux au monde qu'on peut espérer voir quand on aime le cinéma. Le film est composé de plans extérieurs de la ville de New York, ou de plans dans le métro. La plupart du temps ce sont des plans fixes, mais il peut parfois s'agir de panoramiques ou de rares travellings faits en voiture. Je crois qu'aucun cinéaste américain n'a réussi à filmer New York comme le fait Chantal Akerman ici. C'est aussi beau que quand Duras filme Paris. ça touche au sublime, dans la composition des plans, le rythme, la respiration, c'est bouleversant. Plus bouleversant encore, la bande son du film, outre l'enregistrement des sons de la ville, est composé des lectures, par Chantal elle-même, des lettres que lui envoyait très régulièrement sa mère, depuis Bruxelles. On ne lit jamais les lettres en retour de Chantal, mais uniquement celles de sa maman, et l'on devine en creux ce que lui répond sa fille. Et sa fille lui répond par les images qu'elle nous donne à voir. L'un des plus grands films de la cinéaste avec Jeanne D. et Anna.

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Canicule oblige, énième revisionnage de cet inusable, l'un des plus grands films au monde, haut la main. On ne revient pas dessus, hein, pas la peine, mais c'est juste la PERFECTION ABSOLUE !
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groil_groil a écrit : lun. 23 juin 2025 10:05 Cette scène d'amour finale de quasi 20 minutes non interrompues, Kechiche peut vraiment aller se rhabiller.
La seule à avoir fait aussi bien, c’est Nadège Trébal dans "12 mille". Tout simplement parce qu’elle joue elle-même le rôle. Tout comme Akerman.


groil_groil a écrit : lun. 23 juin 2025 10:05 Image
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groil_groil a écrit : lun. 23 juin 2025 10:05Et sa fille lui répond par les images qu'elle nous donne à voir.
:jap:

et le dernier plan : :love: :love: :love:
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groil_groil a écrit : lun. 23 juin 2025 10:05 C'est aussi beau que quand Duras filme Paris
Dans quel film ??
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@sokol dans les Mains Négatives
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Tamponn Destartinn
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En 2023, à Clermont Ferrand, j'avais eu l'occasion de découvrir le court métrage "Les grandes vacances" sur Blandine, personnage un peu gauche et paumé, qui se retrouve seule dans un camping d'été. C'était très chouette, comme un A l'abordage au féminin, principalement tenu par cette actrice dégageant une vibe peu orthodoxe.
Les rendez-vous de l'été est une sorte de suite, avec le même personnage. Un peu comme Un monde sans femmes faisait suite au court métrage Le Naufragé (encore une fois, je cite Guillaume Brac, grand frère de cette nouvelle vague du cinéma de la bricole). La différence est que la réalisatrice évite le double programme et arrive à livrer un nouveau film entier de 1h15, tourné l'été des JO 2024 à Paris. Blandine y est venue pour voir les épreuves de natation, et en profite pour retrouver sa demi-soeur incarnée par India Hair, qu'elle n'a pas vu depuis 10 ans. L'idée est simple mais efficace, Blandine à Paris ça fait forcément des étincelles, elle est trop posée pour supporter une ville aussi intense, surtout en période Olympique. Je trouve le côté documentaire un peu léger, on sent qu'il n'a pas été possible d'autant s'amuser qu'elles ne l'auraient voulu, surement à cause de la sécurité. Si on pense au premier film de Justine Triet sur l'élection d'Hollande en comparaison, c'est moins bien. Mais le film a d'autres choses à offrir. Blandine intéragit comme personne d'autres avec les inconnus, et ça donne tantôt une scène de comédie forte avec un flic, tantôt un moment touchant avec un enfant, tantôt une scène de drague/pas drague mine de rien assez mélancolique.

2025 est pour le moment une année cinéma bizarre, où mes principaux coups de coeur sont des tout petits films au budget microscopique et sujets légers mais sincères, et j'aime bien ça. Au point d'espérer éviter trop de chefs d'oeuvre imposants à l'automne pour que ces "petits" films ne disparaissent pas tous de mon top 10 de fin d'année !

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Mike Flanagan a deux carrières : créateur de mini séries d'horreur (jusqu'à présent sur Netflix, dont il vient de se barrer) et réalisateur au cinéma d'adaptations de Stephen King ou de suite de franchise osef. Le fait est que ses oeuvres personnelles sont finalement bien plus ses séries netflix que ses films de long métrage. Et autant je conseille toujours aux gens fans de genre de mater The Haunting of Hill House ou Midnight Mass, deux énormes claques me concernant, autant dans ses films il y a toujours un truc qui cloche (j'ai pas tout vu, cela dit). Ce "Life of Chuck" ne déroge pas à la règle, même s'il est surement son meilleur.

Le film est divisé en trois actes. Le premier acte s'appelle "acte 3", qui est une façon d'annoncer le twist à venir. Mais cette structure de petit malin est le problème principal : le dit twist me parait assez malhonnête, et gâche un peu cette première partie qui n'a infine rien à voir avec le reste du film, au point où j'ai presque envie de le voir comme un court métrage à part avec une fin abstraite. Notons aussi que cette partie du film est très bavarde, trop surement, Flanagan aime les long monologues, et souvent j'aime les siens, mais là il s'en sert trop pour expliquer des trucs, c'est chiant. Malgré tout, cette 1ere partie est une vision de la fin du monde assez rare au cinéma et donc paradoxalement elle est autant le problème que l'idée la plus originale du film. La suite parle de la vie tragique d'un personnage, Chuck, orphelin à 6 ans, élevé par ses grands parents qui mourront eux aussi avant sa majorité, puis qui mourra à son tour avant ses 40 ans d'une tumeur au cerveau. Le film prend un parti pris simple : montrer que malgré ces faits terribles, Chuck a vécu des moments de joie forts, et sa vie a valu le coup d'être vécue quoiqu'il en soit. C'est mignon et plutôt bien traité. A ça du niais, mais Flanagan sait flirter avec cette corde sans la casser. Bref, ça reste sympa, mais loin d'être au niveau de ses meilleures séries.
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Revisionnage de ce film qui est vraiment très séduisant, et beaucoup étonnant que ce qu'on serait en droit d'attendre. Le scénario est certes mais minimal, mais au rythme déconcertant, très lent, avec des accents lynchiens (cette boite de nuit ressemble tellement à celle de Blue Velvet), rythme qui est celui d'un film indépendant. Car, obnubilé par la présence de Madonna, alors plus grosse star du monde avec Michael Jackson, on avait tous pris ce film et ses deux millions d'entrées France pour une gros film commercial US, alors que pas du tout. C'est un pur film indé, entre Todd Solondz et Hal Hartley disons, avec Ed Lachman en chef op, et dans des seconds rôles pas moins que Richard Hell, Arto Lindsay ou John Lurie, non mais vous imaginez ? et Rosanna Arquette est sublime, elle rappelle pas mal la Scarlett Johansson du début d'ailleurs, c'est assez troublant. Madonna est Madonna, pas super actrice mais une vraie présence, magnétique.
Aparté pour ce nouvel éditeur honteux qui vient de sortir le film en bluray mais le vend à 75 euros (!!!) espérant attirer les gogos fans de Madonna. Non mais quelle honte (il vient d'ailleurs de baisser son prix de vente après quelques mois de commercialisation pour le mettre à 50 euros, reLOL, et super sympa pour les fans qui l'ont acheté 75 d'ailleurs). Pour justifier ce prix, l'éditeur prétexte qu'il est une petite structure, et puis qu'il y a des badges dans le coffret. Au secours. Il fera sans doute une édition cheap dans deux ans, mais franchement j'attendrai de l'acheter d'occase pour ne pas lui filer un centime, et j'espère qu'il crèvera bientôt, étouffé par tous ses stocks d'invendus.

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Revisionnage du Mélo de Tarantino, et sans doute d'un de ses plus beaux films. Oui, c'est beaucoup trop long, le film pourrait faire une heure de moins sans souci, mais c'est longueur, cette langueur, donne au film un rythme étrange, qui au final lui va très bien et en fait sa particularité. La plus belle partie du film étant bien évidemment l'histoire d'amour entre Pam Grier et Robert Forster, tous deux géniaux, ce que Tarantino a fait de plus sensible. D'ailleurs, on le dit tout le temps, mais j'en rajoute une couche : l'une des grandes qualités du cinéaste est son génie du casting et sa faculté à sortir de l'ombre des acteurs complètement disparus, de Travolta à Kurt Russell sa carrière en regorge, et c'est particulièrement vrai ici avec ses deux héros sublimes (reléguant les stars d'alors, De Niro, Jackson) au statut de seconds rôles. C'est ici que sa cinéphilie est la plus aimable, je pense.

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Un agent de joueurs de foot endetté et ayant une grosse dette, se débat comme il peut durant la période du mercato pour vendre un joueur star et réaliser le plus gros transfert de l'histoire. Le film a été lancé avec énormément de moyens et une énorme campagne marketing, et fut un naufrage commerciale avec seulement 200,000 entrées, alors que pourtant ce n'est pas si mal. ça ressemble plus à une série TV transformée en long métrage (le cinéaste, fils de, est le réal de la très réussie série Tapie), mais c'est assez bien construit, rythmé, comme un engrenage qui se ressert petit à petit... Rien de bien neuf, mais c'est bien fait. Reste Debbouze qui est un acteur très limité, mais il est à l'origine du projet qui ne pouvait donc pas être fait sans lui, et ça va, il fait ce qu'il peut et s'en sort honorablement on va dire.
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Kit
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Localisation : où est né William Wyler

mort à 93 ans entre autres du compositeur argentin de musiques de films Lalo Schifrin
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Années 1960

1964 : Les Félins de René Clément
1964 : Gone With The Wave - (B.O. du documentaire de Phil Wilson)
1964 : Sur la piste du rhino blanc (Rhino !) d'Ivan Tors
1965 : Le Kid de Cincinnati (Cincinnati Kid) de Norman Jewison (Ray Charles chante sur la musique de Schifrin)
1965 : La Créature des ténèbres (Dark Intruder) de Jack Laird
1965 : Le Liquidateur (The Liquidator) de Jack Cardiff
1965 : Les Yeux bandés (Blindfold) de Philip Dunne
1965 : Les Tueurs de San Francisco (Once a thief) de Ralph Nelson
1966 : Tiens bon la rampe, Jerry (Way... Way out) de Gordon Douglas
1966 : Bien joué Matt Helm (Murderer's row) d'Henry Levin
1966 : OSS contre Gestapo (en) (I Deal in Danger) de Walter Grauman
1967 : Luke la main froide (Cool Hand Luke) de Stuart Rosenberg
1967 : Minuit sur le grand canal (The Venetian Affair) de Frank Rosenfeld
1967 : Who's Minding the Mint? d'Howard Morris
1967 : La Folle Mission du Dr. Schaeffer (The President's analyst) de Theodore J. Flicker
1968 : Bullitt de Peter Yates
1968 : Les Frères siciliens (Brotherhood) de Martin Ritt
1968 : Le Renard (The Fox) alias « D.H. Lawrence's The Fox » de Mark Rydell
1968 : Un shérif à New York (Coogan's bluff) de Don Siegel
1968 : Duel dans le Pacifique (Hell in the Pacific) de John Boorman
1968 : Les Gamines explosives (Where angels go, trouble follows) de James Neilson
1968 : The Rise and Fall of the Third Reich de Jack Kaufman
1968 : Les Corrupteurs (Sol Madrid) de Brian G. Hutton
1969 : Che ! de Richard Fleischer
1969 : Les Griffes de la peur (Eye of the Cat) de David Lowell Rich

Années 1970

1970 : De l'or pour les braves (Kelly's Heroes) de Brian G. Hutton
1970 : Si tu crois fillette (Pretty maids all in a row) de Roger Vadim
1970 : I Love My Wife de Mel Stuart
1970 : WUSA de Stuart Rosenberg
1970 : Pussycat, Pussycat, I love you de Rodney Amateau
1970 : Imago de Ned Bosnick
1971 : THX 1138 de George Lucas
1971 : Les Proies (The Beguiled) de Don Siegel
1971 : L'Inspecteur Harry (Dirty Harry) de Don Siegel
1971 : Mrs Pollyfax - spy de Leslie Martinson
1971 : Des insectes et des hommes (Hellstrom chronicles) de Walon Green
1971 : The Christian Licorice Store (en) de James Frawley
1972 : Carnage (Prime cut) de Michael Ritchie
1972 : La Colère de Dieu (Wrath of God) de Ralph Nelson
1972 : Joe Kidd de John Sturges
1972 : Welcome Home, Johnny Bristol de George McCowan
1972 : Rage de George C. Scott
1973 : Opération Dragon (Enter the Dragon) de Robert Clouse
1973 : Magnum Force de Ted Post
1973 : L'Odyssée sous la mer (The Neptune factor) de Daniel Petrie
1973 : Tuez Charley Varrick ! (Charley Varrick) de Don Siegel
1971 : Bang Bang d'Andrea Tonacci
1973 : Harry, gentleman pickpocket (Harry in your pocket) de Bruce Geller
1973 : Hit ! de Sidney J. Furry
1974 : On l'appelait Milady (The Four Musketeers) de Richard Lester
1974 : L'Aventurière de Hong Kong (Golden needles) de Robert Clouse
1974 : Enquête dans l'impossible (Man on a swing) de Frank Perry
1975 : The Master Gunfighter de Frank Laughlin
1976 : Intervention Delta (Sky Riders) de Douglas Hickox
1976 : Monsieur Saint-Ives (St Ives) de J. Lee Thompson
1976 : Le Voyage des damnés (Voyage of the Damned) de Stuart Rosenberg
1976 : Dollars en cavale (en) (Special Delivery) de Paul Wendkos
1976 : L'aigle s'est envolé (The Eagle has landed) de John Sturges
1977 : Day of the Animals de William Girdler
1977 : Le Toboggan de la mort (Rollercoaster) de James Goldstone
1977 : Un espion de trop (Telefon) de Don Siegel
1978 : Les Visiteurs d'un autre monde (Return to the witch montain) de John Hough
1978 : Nunzio de Paul Williams
1978 : Le Faiseur d'épouvantes (The Manitou) de William Girdler
1978 : Le Chat qui vient de l'espace (The Cat from outer space) de Norman Tokar
1979 : Bons baisers d'Athènes (Escape to Athena) de George P. Cosmatos
1979 : Boulevard Nights (en) de Michael Pressman
1979 : Amityville, la maison du diable (The Amityville horror) de Stuart Rosenberg
1979 : Avec les compliments de Charlie (Love and bullets) de Stuart Rosenberg
1979 : Airport 80 Concorde (The Concorde : Airport '79) de David Lowell Rich

Années 1980

1980 : Le Plus Secret des agents secrets (The Nude Bomb) de Clive Donner
1980 : Serial de Bill Persky
1980 : Brubaker de Stuart Rosenberg
1980 : Le Chinois (The Big Brawl) de Robert Clouse
1980 : Le Concours (The competition) de Joel Oliansky
1980 : Le Jour de la fin du monde (When Time Ran Out) de James Goldstone
1980 : L'Enfer des armes (Dangerous Encounters of the First Kind) de Tsui Hark (réutilisation de passages d'Amityville, la maison du diable)
1981 : La Peau (La Pelle) de Liliana Cavani
1981 : Loophole de John Quested
1981 : Los Viernes de la eternidad d'Hector Olivera
1981 : Victor la gaffe (Buddy Buddy) de Billy Wilder
1981 : L'Homme des cavernes (Caveman) de Carl Gottlieb
1982 : A Stranger is watching de Sean S. Cunningham
1982 : Mortelle seduction (The Seduction) de David Schmoeller
1982 : Class 1984 (Class of 1984) de Mark L. Lester
1982 : Amityville 2, le possédé (Amityville II : The Possession) de Damiano Damiani
1982 : Fast-Walking de James B. Harris
1983 : Le Retour de l'inspecteur Harry (Sudden Impact) de Clint Eastwood
1983 : L'Arnaque 2 (The Sting II) de Jeremy Kagan
1983 : Doctor Detroit de Michael Pressman
1983 : Osterman Week-end (The Osterman weekend) de Sam Peckinpah
1984 : Tank de Marvin J. Chomsky
1985 : Un été pourri (The Mean season) de Phillip Borsos
1985 : Représailles (en) (The New Kids) de Sean S. Cunningham
1985 : Bad Medicine d'Harvey Miller
1985 : Sans issue (Black Moon rising) d'Harley Cokeliss
1986 : The Ladies Club (en) de Janet Greek (en)
1987 : Le Quatrième Protocole (The Fourth protocol) de John Mackenzie
1988 : Berlín Blues de Ricardo Franco
1988 : L'inspecteur Harry est la dernière cible (The Dead pool) de Buddy Van Horn
1989 : Retour de la rivière Kwaï (Return from the river Kwai) d'Andrew V. McLaglen

Années 1990

1991 : F/X2, effets très spéciaux (F/X2 : The Deadly Art of Illusion) de Richard Franklin
1993 : Les Allumés de Beverly Hills (The Beverly Hillbillies) de Penelope Spheeris
1995 : Manhattan merengue de Joseph B. Vasquez
1996 : Scorpion Spring de Brian Cox
1997 : Argent comptant (Money Talk) de Brett Ratner
1998 : Rush Hour de Brett Ratner[101]
1998 : Something to believe in de John Hough
1998 : Tango de Carlos Saura

Années 2000

2000 : Longshot de Lionel C. Martin
2001 : Rush Hour 2 de Brett Ratner
2001 : Kate et Léopold (Kate & Leopold) de James Mangold
2003 : Bronx à Bel Air (Bringing down the house) d'Adam Shankman
2003 : Coup d'éclat (After the sunset) de Brett Ratner
2004 : Le Pont du roi Saint-Louis (The Bridge of San Luis Rey) de Mary McGuckian
2006 : Abominable de Ryan Schifrin
2007 : Rush Hour 3 de Brett Ratner

(Listes complètes[83],[104])
Télévision

Schifrin a écrit près de quatre-vingt-dix compositions pour la télévision (séries et téléfilms)[16]. La liste suivante est non exhaustive.

1964 : Des agents très spéciaux (The Man from U.N.C.L.E.)
1964 : La Grande Vallée (The Big Valley)
1966 : Mission impossible (Mission : Impossible)
1966 : T.H.E. Cat
1966-1968 : quelques épisodes de L'Odyssée sous-marine de l'équipe Cousteau[105],[106]
1967 : Mannix
1970 : The Aquarians (en)
1974 : La Planète des singes (Planet of the apes)
1975 : Starsky et Hutch
1985 : A.D. : Anno Domini
1986 : Kung Fu : The movie
1986 : Les Reines de la nuit (Beverly Hills Madam), de Harvey Hart
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Ce soir m’est arrivé un truc incroyable — du jamais vu en 25 ans de fréquentation du cinéma où je vais quasiment tout le temps.

Ce soir il y avait la diffusion du dernier film de Lapid, dans le cadre de “La Quinzaine des cinéastes en salle” en présence de son réalisateur. C’est rare pour moi d’assister les premières mais j’avais vraiment envie de découvrir “Oui”.
Je vais donc pour voir le dernier film de Lapid, tout va bien. Il dit 2 mots avant le film et il y avait une discussion à la fin. Tout va bien jusque là.

Le film commence (scène de la boîte de nuit), mais là… le son est littéralement insupportable : beaucoup trop fort, carrément agressif.

Je me bouche un peu les oreilles, en espérant que c’est juste la scène d’ouverture… mais non : à chaque bruit, ça hurle.

Au bout de 20–22 minutes, je finis par sortir. Je tombe sur un des gars qui y travaille et qui m’explique que c’est le choix du cinéaste, et qu’on ne peut rien y faire. D’ailleurs, il était visiblement assez remonté contre Lapid, qui, paraît-il, s’est déjà plaint que le son chez eux était trop bas et qu’ils font un travail de merde (si j’ai bien compris car il était vraiment très en colère). Sympa Lapid.

Un autre projectionniste arrive à son tour et me dit la même chose : c’est Lapid qui a voulu ce mixage-là !
Ils étaient tous les deux d’accord pour dire que j’avais raison — le niveau sonore est vraiment extrême — mais malgré tout, ils n’avaient aucune marge de manœuvre.

Bon, j’ai décidé de ne pas retourner à la salle et dans l’absolu ce n’est pas bien grave : je ne vais presque jamais aux avant-premières donc je verrai le film à sa sortie, et basta.

Mais quand même…
Si j’habitais encore à 5 minutes du cinéma (comme ça a été le cas pendant 20 ans), je serais sûrement retourné juste pour le début de la discussion après le film. J’aurais pris le micro pour dire, bien calmement :
« Vous faites partie de mes 4 ou 5 cinéastes préférés aujourd’hui. Mais là, je suis sorti au bout de 20 minutes de votre film à cause du son. Et je vous en veux beaucoup. Bonsoir »

D’ailleurs, au moment où je suis parti (et où ça hurlait), j’ai vu plusieurs spectateurs grimacer — je pense qu’ils avaient mal aux oreilles aussi.

Conclusion : est-ce que Lapid va bien dans sa tête ?? Ou c’est juste un connard ?
@B-Lyndon : c’est bien toi qui m’en avais parlé un peu dans ces termes, non ?
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quel connard ce Lapid :D

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Katia (Marina Foïs toujours très bien) dirige l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe, au moment où le volcan de l'île La Grande Soufrière émet des premiers signes de réveil. Doit-elle faire évacuer toute la population au risque de les alerter pour rien, ou attendre tout en augmentant drastiquement le risque de mortalité ? Film d'auteur français moyen, comme il en sort des centaines par an, qui n'ONT pas suffisamment de personnalité pour marquer durablement mais qui ne fait pas détourner les yeux pour autant. Mais celui-ci est plutôt réussi dans le genre, assez habité et rythmé, se déroulant dans des paysages incroyables.

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Meilleur film du duo Cattet / Forzani depuis leur premier, Amer, Reflets dans un Diamant Mort est un bijou de cinéphilie, jouant en permanence sur les films italiens des années 60, de Diabolik au Giallo, avec une érudition et un plaisir permanent. Bien sûr, on décroche très vite du récit pur qui n'intéresse pas beaucoup le couple, pour se concentrer sur l'expérimentation visuelle permanente, et c'est totalement jubilatoire, comme un Tarantino sous acide revu par FJ Ossang. Idée génial d'être allé chercher Fabio Testi qui redonne vie à tout le cinéma qu'il a incarné dans sa carrière, une bande son extraordinaire réutilisant des thèmes merveilleux de Morricone, Nicolas ou Nora Orlandi. Film sans aucune concession mais réalisé avec un plaisir fou et ultra communicatif.

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Réalisé pour la télévision au tout début des années 80 dans une série de films consacrées aux grands-mères (sic), Dis-moi de Chantal Akerman est un film documentaire dans lequel la cinéaste se met en scène, se rendant chez plusieurs grands-mères rescapées de la Shoah qui racontent leurs souvenirs. Entre les témoignages, on entend la voix de la mère de Chantal, celle de News from Home dont nous sommes privés de la voix justement, et les deux films s'enchainent presque dans sa filmo, comme si elle voulait lui rendre sa voix volée par elle en s'exilant à New York, et cette voix raconte des souvenirs de la grand-mère, elle aussi morte en camp de concentration. Film bouleversant, quelque part entre Lanzmann et Eustache.

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Chassés-croisés souvent amoureux dans un hôtel qui se termineront en bal général. Ce film peut se voir comme un préparatif à la fois de Toute une Nuit et de Golden Eighties et est quelque peu secondaire dans l'oeuvre d'Akerman.
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Enième visionnage de cet immense film qui peut désarçonner le premier coup mais qui fait partie de ces oeuvres qui se bonifient à chaque revisionnage. C'est aussi brillant qu'incroyablement beau. Après on ne peut pas s'empêcher de faire un rapprochement sordide entre le destin de l'héroïne du film (je ne spoile pas au cas où) et cette affreuse histoire de viol sur mineure dont est coupable Polanski, qui s'est déroulé quelques années après le film, dans la même ville (sur Mulholland Drive précisément), et dans la villa de Nicholson, acteur principal du film...

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Documentaire d'Akerman sur Pina Bausch au travail, en l'ouverture duquel la cinéaste dit que le film ne proposera malheureusement qu'une vision très réduite du travail de la chorégraphe et qu'il est impossible de témoigner fidèlement d'un travail si dense en si peu de temps. Pour avoir vu plusieurs fois des spectacles de Bausch, et l'avoir même vue danser, je confirme qu'un film quel qu'il soit (nb. je n'ai pas vu le Wenders), mais Akerman s'en sort formidablement bien et arrive à retranscrire très fidèlement, l'essence du travail de Pina Bausch et le magnétisme qui en dégage.

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Deux jeunes adolescentes fuguent, quittent Bruxelles et débarquent à Paris, cherchant à se loger et à se nourrir. Lors de longues déambulations nocturnes, l'une d'entre elles perdra sa virginité et conclura par un "Comme ça, c'est fait." Réalisé pour le film collectif Paris vu par... 20 ans après, le film d'Akerman rend tellement hommage au premier du nom, qu'on pourrait croire que le film date des 60's, ressemblant notamment beaucoup aux premiers courts d'Eustache.

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Chantal Akerman se rend à Los Angeles dans l'espoir de trouver les fonds nécessaires pour monter sa comédie musicale Golden Eighties. Pensant loger chez un oncle dont elle ne trouvera pas la maison, elle atterrit par hasard dans celle d'un producteur où elle rencontre Aurore Clément avec qui elle fait la lecture de son scénario, dans un anglais absolument affreux. Sans doute inspiré de faits réels, au moins à l'origine, ce film est traité sur le ton de la comédie loufoque et absurde dans un style qui ne déplairait pas à Luc Moullet.

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Un couple et ses trois enfants en vacances idylliques en Thaïlande est victime du terrible et tristement célèbre tsunami. Ils s'en sortent miraculeusement tous les 5 (certains pas forcément en super état) mais vont mettre tout le film à se retrouver dans une région dévastée. J'ai longtemps reculé à l'idée de voir ce film, pas peur du chantage à l'émotion et du 100% lacrymal. Là dessus, le film s'en sort bien car il ne s'agit jamais de ça. Les 5 personnages survivent et donc aucune atrocité à la actor studio devant un enfant mort, dieu merci... Le film est d'ailleurs très honnête là-dessus, car il nous dit relativement rapidement que les 5 s'en sortent, mais que la difficulté va être de se retrouver. Et le spectateur a toujours un coup d'avance, sait que tout le monde est vivant avant que les personnages ne le sachent, ce qui est sain, et encore une fois digne. Après, comme toujours avec Hollywood, le film souffre du problème de l'entonnoir (je n'ai pas de meilleure image) et à tendance à dire que si les 5 s'en sortent ça veut dire que tout le monde s'en sort et les milliers de victimes qu'il y a autour d'eux ne sont que du décor. ça reste regardable malgré tout.

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ça faisait des années que je n'avais pas revu ce grand Scorsese, film globalement méconnu et sous-estimé, parce que, comme pour The King of Comedy, il change de registre pour une fable humoristique et grinçante. Certes, After Hours ressemble beaucoup plus à du John Landis qu'à du Scorsese, mais ça reste un petit bijou qui allie errance nocturne, humour et fable noire et grinçante.

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Revoir en pleine nuit de canicule un film se déroulant entièrement lors d'une nuit de canicule est un plaisir assez savoureux (on se sent moins seul :D ). Après, je dois bien avouer que c'est un classique d'Akerman qui m'a toujours laissé un peu de côté. Il me manque un personnage qui prendrait le leadership, ou au contraire un côté contemplatif complètement assumé pour emporter mon adhésion totale. Certaines scènes surjouées me sortent un peu du truc, également. C'est beau et grand tout de même, mais cet entre-deux ne me convainc qu'à moitié.
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Enzo, Laurent Cantet & Robin Campillo.

C'est l'histoire d'une obstination ou d'une résignation, sans qu’on ne sache jamais vraiment ce qui relève de l’un ou de l’autre, et de la place qu’on peut donner à sa vie dans le monde d’aujourd’hui. Le corps de jeune buffle du héros porte cette question tout du long du film : comment on change, comment on se muscle, comment on désire, comment l'amour marque la peau, ce que le travail qu’on choisit fait à nos mains, à notre dos. Il y a des scènes très belles, comme ce moment où Enzo se baigne au loin avec ses amis, et que ses parents et leurs amis bourgeois parlent d’eux, de leur choix de vie et de leur inquiétude, perchés sur la colline. C’est une vraie scène de cinéma qui invente une distance à double tranchant : c’est émouvant ces parents qui regardent leurs enfants s’éloigner littéralement d'eux, mais la distance et la hauteur donne l’impression qu’ils observent des insectes, et la violence sociale reprend toute sa place. C'est hélas la seule scène de cette force et de cette cruauté. Je pourrais dire que le film, comme tous les Cantet, est un peu trop gentil avec tout le monde. Serait-il moins fin et émouvant si le personnage du père était plus arrogant et dominateur dans ses réflexes de classe ? C’est une question que je me pose. J’aime moins que le film insiste sur la tonalité sentimentale de la relation père/fils avec ses conflits récurrents, j’aurais préféré qu’il appuie davantage sur l’étrangeté sociale qui s’installe, les regards, le silence qui s’insinue dans la maison. J'ai pensé à la narration suspendue des Bruits de Recife, a-sentimentale et jamais didactique. La famille, chez Kleber Mendonça Filho, est une structure sociale comme une autre. Dans Enzo, c'est un socle indestructible qui permet au scénario de multiplier l'éclatement des conflits. Sa préservation est la chose qui compte pour tout le monde, devant et derrière la caméra.

De fait, l'amour des parents pour leur fils n'est que trop rarement questionné. Il faut qu'il y ait de l'amour, exprimé maladroitement, et donc du conflit qui éclate. La scène de la baignade est réussie précisément parce que le conflit surgit à distance, qu'on observe alors cet amour parental s'exprimer sans frein, abstrayant totalement l'objet de cet amour, le fils plongé dans l'eau et dans le lointain du cadre. Les multiples engueulades avec le père, l’arme factice, le dos cassé, la bagarre avec Vlad, et ces scènes où les personnages se blessent verbalement, demandant énormément aux visages des acteurs au lieu de faire confiance aux silences des corps, et mettent le film sur des rails beaucoup plus balisés que ce qu'il promet. A tout conflit sa détente, à toute expression de colère sa réparation, son apaisement, les câlins du père, la douceur de la mère. Enzo ne suspend jamais son récit à l'observation patiente de la structure (familiale, bourgeoise, familiale donc bourgeoise). Et le film s'en retrouve piégé : Enzo, qui avait pourtant dit avec force ne pas vouloir de cette vie là, partira à New-York, dans un exil organisé par ses parents. Il ne s'agit pas de dire que cette issue n'est pas réaliste (elle l'est) mais qu'elle manque de courage et trahit son personnage. Et ma thèse est que le film s'est enfermé là-dedans en faisant primer la mécanique implacable et verrouillée de son scénario, au lieu de regarder plus patiemment son personnage vivre et, donc, échapper aux carcans.

Le tout début du film est pourtant vraiment courageux : le patron d'Enzo, puissant et dominateur au boulot, se rapetisse physiquement quand il arrive dans la grande maison, devient doux comme un agneau. Alors le regard sur le personnage se complexifie, on rencontre sa peur, sa faille, et à travers lui la faille des autres. Le conflit est là, dans l’image et les corps, et n’a pas besoin d’éclater à travers une série de répliques démonstratives. Car à cette calme et précise contemplation des violences sociales succède une scène catastrophique de repas (motif phare du cinéma français reposant tout sur ses acteurs), avec le père qui sermonne son fils, le fils qui explique pourquoi la maçonnerie, la mère jouant l'arbitre ; surlignant ce qu'on avait compris. C'est beau que Enzo ne soit pas très sûr de sa vocation, et ça pose une belle question : dans la vie, est ce qu’on doit y aller à fond, est ce que le désir ne suffit pas, de se laisser traverser, porter par les choses, de flotter au grés du vent ? Est ce qu'il est possible de vivre comme ça dans le monde d’aujourd’hui, hanté par la précarité, la guerre et la destruction ? Prendre cette question vertigineuse par un biais strictement social et non psychologique est une proposition très juste. Un pauvre ne flotte pas comme un riche. Un riche ne doute pas comme un pauvre, de lui, des autres, du regard de l'être aimé.

Magnifique ce père qui finit par dire à son fils Tu nous méprises, inversant les rôles habituels. Mais il le dirait à la volée, dans l'encadrement d'une porte, comme par exemple le Es tu vraiment un mensch ? de Toni Erdmann, film de crise à bas bruit, ce serait encore plus fort et mystérieux. Enzo balance constamment entre deux cinéma, celui d'une abstraction hantée (les bruits des bombes russes au téléphone, les falaises de la Ciotat, la piscine bleue turquoise, le corps bovin et désirant de l’ado, son bleu sur l’épaule…) et une soumission à l’ordre narratif (donc, la multiplication des scènes de conflit). Il aurait fallu être plus radical narrativement, assumer jusqu’au au bout le minuscule de ces ambitions toutes petites, de ces frôlements, laisser la mise en scène raconter. Le rien qui habite le personnage, ce vide, il aurait fallu l’accompagner formellement. Et cette hésitation se sent énormément dans la mise en scène de Campillo, ses plans toujours trop encadrés, sous cloche, un peu trop chics, jamais aussi concrets qu’ils ne le voudraient. Le film ne fait pleinement confiance à sa mise en scène que quelques moments, le reste du temps les coups de force scénaristes font loi, et ça se sent à l’image : les champs contrechamps sont peu habités, mal rythmés, ça circule pas, les acteurs en roue libre transforment le beau mystère du film en soupe sentimentaliste. Et quand il cherche à suspendre, ça peut être catastrophique (les horribles scènes de danse, aussi horribles que celles qu'il avais commis, déjà, dans 120 battements par minute). La suspension n'est pas qu'une affaire de petites bulles, de récréations formelles. On ne suspend pas à loisir. C'est une quête de chaque instant. Un vrai choix à faire, comme Enzo et sa vie.
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@B-Lyndon :jap: :jap: :jap:
je n'ai pas vu le film mais c'est "comme si"
B-Lyndon a écrit : mer. 2 juil. 2025 17:06 Il ne s'agit pas de dire que cette issue n'est pas réaliste (elle l'est) mais qu'elle manque de courage et trahit son personnage. Et ma thèse est que le film s'est enfermé là-dedans en faisant primer la mécanique implacable et verrouillée de son scénario, au lieu de regarder plus patiemment son personnage vivre et, donc, échapper aux carcans.
Si seulement tu appliquais ce regard aux films des frères Dardenne — surtout les trois ou quatre derniers. C’est exactement la même mécanique à l’œuvre, mais portée par une certaine maestria au bout de 10 films. Ce soir, d’ailleurs, je vais photographier un article des Cahiers sur leur dernier film. Je ne l’avais jamais lu, car il ne figurait pas dans la rubrique "Films du mois", mais dans les pages consacrées aux œuvres présentées à Cannes cette année — je suis tombé dessus par pur hasard, il y a quelques jours.
C’est toujours la même chose, au fond : tout est affaire de scénario. Même dans "L’Histoire de Souleymane" : scénario, mon beau souci…


B-Lyndon a écrit : mer. 2 juil. 2025 17:06Le film ne fait pleinement confiance à sa mise en scène que quelques moments, le reste du temps les coups de force scénaristes font loi, et ça se sent à l’image : les champs contrechamps sont peu habités, mal rythmés, ça circule pas, les acteurs en roue libre transforment le beau mystère du film en soupe sentimentaliste.
Sachant que le metteur en scène était coscénariste avec feu Cantet (qui devait réaliser le film), ça doit être vraiment le cas flagrant de l'absence de ce que Luc Moullet appelait l'écriture cinématographique (la manière même dont un cinéaste agence les éléments purement cinématographiques : le cadre, le montage, la durée, le mouvement de caméra, le son, les ellipses, la mise en scène, la structure du récit, ...).Campillo a dû se contenter du fait d’être coscénariste. Or comme disait Moullet, le vrai langage du cinéma passe par la mise en scène, non par le récit.
Modifié en dernier par sokol le jeu. 3 juil. 2025 14:22, modifié 1 fois.
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sokol a écrit : jeu. 3 juil. 2025 13:06 @B-Lyndon :jap: :jap: :jap:
je n'ai pas vu le film mais c'est "comme si"
B-Lyndon a écrit : mer. 2 juil. 2025 17:06 Il ne s'agit pas de dire que cette issue n'est pas réaliste (elle l'est) mais qu'elle manque de courage et trahit son personnage. Et ma thèse est que le film s'est enfermé là-dedans en faisant primer la mécanique implacable et verrouillée de son scénario, au lieu de regarder plus patiemment son personnage vivre et, donc, échapper aux carcans.
Si seulement tu appliquais ce regard aux films des frères Dardenne — surtout les trois ou quatre derniers. C’est exactement la même mécanique à l’œuvre, mais portée par une certaine maestria au bout de 10 films. Ce soir, d’ailleurs, je vais photographier un article des Cahiers sur leur dernier film. Je ne l’avais jamais lu, car il ne figurait pas dans la rubrique "Films du mois", mais dans les pages consacrées aux œuvres présentées à Cannes cette année — je suis tombé dessus par pur hasard, il y a quelques jours.
C’est toujours la même chose, au fond : tout est affaire de scénario. Même dans "L’Histoire de Souleymane" : scénario, mon beau souci…


B-Lyndon a écrit : mer. 2 juil. 2025 17:06Le film ne fait pleinement confiance à sa mise en scène que quelques moments, le reste du temps les coups de force scénaristes font loi, et ça se sent à l’image : les champs contrechamps sont peu habités, mal rythmés, ça circule pas, les acteurs en roue libre transforment le beau mystère du film en soupe sentimentaliste.
Sachant que le metteur en scène était quo-scénariste avec feu Cantet (qui devait réaliser le film), ça doit être vraiment le cas flagrant de l'absence de ce que Luc Moullet appelait l'écriture cinématographique (la manière même dont un cinéaste agence les éléments purement cinématographiques : le cadre, le montage, la durée, le mouvement de caméra, le son, les ellipses, la mise en scène, la structure du récit, ...). Ou comme disait Moullet, le vrai langage du cinéma passe par la mise en scène, non par le récit.

Tu vas me lâcher un jour avec les Dardenne ? :D
Plus sérieusement, la deuxième partie de ton message répond à la première : il y a une écriture cinématographique très forte dans le cinéma des Dardenne, pas dans Enzo. Et j'applique la même logique : je ne dis pas qu'Enzo devait faire un choix forcément différent (je m'applique à dire que la fin est réaliste, et on peut être réaliste au cinéma) mais que la faiblesse de la mise en scène ne propose pas un regard sur lui qui échappe aux carcans scénaristiques. Le cinéma des Dardenne par son attention aux corps, aux vibrations des personnages, permet ce regard. Je pense que tu es un spectateur fatigué du cinéma des Dardenne. Ils te lassent, parce qu'ils enfoncent le clou. Je veux bien reconnaitre que leur cinéma est plus démonstratif et plus social qu'avant, mais pas moins fort en terme formel qu'à l'époque du Fils par exemple. Les plans "voient" toujours autant. Ils sont à la hauteur de leur personnage, absolument, tout le temps. Enzo dans son rapport à son personnage éponyme est beaucoup plus brouillon. Un coup je te fais des gros plans sentimentaux, un coup je te fais un plan large contemplatif...Le film fait pas assez de choix formels, et alors le scénario gagne la bataille. Chez les Dardenne tout est plus équilibré : mise en scène et scénario avancent ensemble avec leur logique propre, côte à côte, en parallèle. Et la mise en scène vient insister sur ce que le scénario ne dit pas. C'était encore plus exemplaire dans Tori et Lokita, que tu déteste et qui pour moi est un chef-d'oeuvre : le scénario condamne les personnages à vivre séparés, la mise en scène les relie en permanence. La marche mortifière du monde est prise en charge par le scénario, l'espoir d'une autre vie par la mise en scène. Par ailleurs le scénario des Dardenne est parfait : toujours surprenant, aéré, haletant. Enzo à côté est d'une mollesse...Il n'y a pas cette scène de repas dégueulasse chez les Dardenne.

J'ai découvert récemment Mirage de la vie : il ne te viendrait pas à l'esprit de te plaindre que Annie, à sa mort, n'aie pas échappé à sa condition, non ? Alors, qu'est-ce qui change ? Précisément la mise en scène. L'écriture cinématographique ne change pas le monde mais permet de regarder les visages, les corps, différemment, avec complexité et lumière. C'est le cas dans le cinéma de Sirk et des Dardenne. Il y a une esthétique tenue, une maestria, oui, et c'est pas un gros mot dans ma bouche. Et surtout il y a des choix, le film est un vrai bloc, ce que Enzo ne parvient pas à faire.
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B-Lyndon a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:16 Et j'applique la même logique : je ne dis pas qu'Enzo devait faire un choix forcément différent (je m'applique à dire que la fin est réaliste, et on peut être réaliste au cinéma) mais que la faiblesse de la mise en scène ne propose pas un regard sur lui qui échappe aux carcans scénaristiques.
Moi non plus, je ne dis pas que l’issue des films des Dardenne n’est pas réaliste, mais si on fait du cinéma pour en arriver là, ce n’est pas la peine. (Il me tarde de rentrer pour t’envoyer le papier des Cahiers — car je trouve inutile de répéter la même chose.)
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B-Lyndon a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:16 J'ai découvert récemment Mirage de la vie : il ne te viendrait pas à l'esprit de te plaindre que Annie, à sa mort, n'aie pas échappé à sa condition, non ?
Pas une seule seconde !! Oui, elle meure épuisée d'avoir sans cesse tout sacrifié à ceux qu'elle aimait mais, comme elle dit, "Pas de deuil mais de la joie comme si j'allais vers la gloire" : elle expose sa toute puissance dans son enterrement !
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sokol a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:27
B-Lyndon a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:16 Et j'applique la même logique : je ne dis pas qu'Enzo devait faire un choix forcément différent (je m'applique à dire que la fin est réaliste, et on peut être réaliste au cinéma) mais que la faiblesse de la mise en scène ne propose pas un regard sur lui qui échappe aux carcans scénaristiques.
Moi non plus, je ne dis pas que l’issue des films des Dardenne n’est pas réaliste, mais si on fait du cinéma pour en arriver là, ce n’est pas la peine. (Il me tarde de rentrer pour t’envoyer le papier des Cahiers — car je trouve inutile de répéter la même chose.)
Je suis absolument pas d'accord avec ça. Viscéralement pas. En arriver là, c'est à dire ? Il faudrait quoi, imposer le happy-end ?
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sokol a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:45
B-Lyndon a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:16 J'ai découvert récemment Mirage de la vie : il ne te viendrait pas à l'esprit de te plaindre que Annie, à sa mort, n'aie pas échappé à sa condition, non ?
Pas une seule seconde !! Oui, elle meure épuisée d'avoir sans cesse tout sacrifié à ceux qu'elle aimait mais, comme elle dit, "Pas de deuil mais de la joie comme si j'allais vers la gloire" : elle expose sa toute puissance dans son enterrement !
Oui ! Et en quoi est-ce différent des personnages des Dardenne qui luttent, se battent, restent vivants jusqu'au bout, chantent, courent, s'aiment...?
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B-Lyndon a écrit : jeu. 3 juil. 2025 15:01
Mais tu ne trouves pas qu’il y a une sacrée différence entre l’enterrement d’Annie (que tu as très justement évoqué) et celui de Lokita ??? (lors de ce dernier, on entend d’ailleurs : “Eh bien, si Lokita avait eu des papiers, elle ne serait pas morte" Je voulais sortir de la salle à ce moment-là précisément, mais c’était la fin du film :D)
Modifié en dernier par sokol le jeu. 3 juil. 2025 15:58, modifié 1 fois.
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B-Lyndon a écrit : jeu. 3 juil. 2025 14:58 Je suis absolument pas d'accord avec ça. Viscéralement pas. En arriver là, c'est à dire ? Il faudrait quoi, imposer le happy-end ?
Pas du tout : certainement pas un happy end ! (tu vois que tu parles scénario ?? :sol: ).
Mais comme je te le disais plus haut, je vais poster l’article des Cahiers et tu verras leurs arguments.
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En fait, je trouve vraiment dommageable l’évolution du cinéma des frères Dardenne depuis leurs premiers films. Ce n’est pas seulement que je sois blasé de leur cinéma. Un exemple : l’apparition de Klotz dans les challanges il y a quelques jours m’a rappelé à quel point son cinéma diffère de celui des frères belges.

Quand Klotz filme ses personnages dans son magnifique "Paria", sa caméra fait corps avec eux. Chez les frères Dardenne (mais également, par exemple, dans "An Elephant Sitting Still" du regretté Hu Bo ou dans" L’Histoire de Souleymane"), la caméra les traque. Et je ne parle même pas de l’approche cinématographique globale ou du montage : Klotz, à juste titre, utilise de la musique dans son film — quelques notes de piano, comme une forme d’échappatoire vers un "ailleurs". Chez les Dardenne (et leurs disciples), pas de musique, parce qu’il n’y a pas de "ailleurs".

C’est pour cela que je trouve terrible que le cinéma des Dardenne soit devenu une école : leurs préceptes, on les retrouve désormais aux quatre coins du globe.
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La tête sous l’eau
Par Marco Usal


Jeunes mères est un symptôme embarrassant de l’affaiblissement du cinéma des frères Dardenne, de moins en moins à la hauteur du prestige qui leur vaut d’être systématiquement en compétition à Cannes. Tori et Lokita nous avait déplu parce qu’il allait jusqu’au bout de leur part sadique (personnages écrasés puis sacrifiés par le récit) doublée d’un pénible chantage à l’émotion, mais on pouvait encore y reconnaître une tension qui leur est propre : resserrer le récit sur un enjeu très matériel, dans de longues scènes où la durée est éprouvée physiquement par les personnages. Jeunes mères est plus attachant par son sujet, mais il est en grande partie dénué de cette énergie. La cause principale en est probablement sa dimension « chorale » — on y suit les chemins croisés de cinq jeunes mères cohabitant dans une maison maternelle, entre petits amis plus ou moins compréhensifs et grands-mères plus ou moins indignes. Ajoutons à cela des interprétations très inégales, chez des cinéastes qui s’appuient généralement sur la présence des acteurs. Résultat : trop privé de chair et de nerf, ce cinéma exhibe surtout son scénario et ses intentions. Les Dardenne n’ont jamais été d’une grande subtilité scénaristique, mais chez eux le récit était surtout un cadre, une armature où importait l’incarnation de rapports humains débordant le contexte sociologique. Jeunes mères est au contraire un « film dossier », où les personnages existent moins en tant qu’individus et corps singuliers que cas représentatifs. Ici, les seuls qui existent et émeuvent pleinement sont les bébés entr’aperçus au coin de quelques plans, et à côté desquels le reste sonne d’autant plus forcé. Par ailleurs, les récits, rapports et conflits sont si simplistes que l’on n’a pas le sentiment de découvrir grand-chose des complexes mécanismes sociaux et psychologiques qui mènent des mères à laisser leurs enfants à des familles d’accueil, puis leurs filles à reproduire plus tard le même geste, sans que le film n’assume pour autant son potentiel mélodramatique.

Demeure aussi ce jeu artificiel avec les nerfs des spectateurs, propre aux réalisateurs de Rosetta. Il consiste ici à faire que l’on ressente un danger permanent : même quand un personnage traverse une rue ou circule en scooter, on est amené à imaginer le pire – comme le peintre de Quai des brumes, qui dans un nageur voit le noyé. C’est que, comme d’habitude, juchés sur la certitude de leur générosité, les Dardenne enfoncent de temps en temps la tête de leurs personnages sous l’eau pour alimenter leur démonstration ; par exemple, dans une ellipse, une adolescente retombe dans la drogue sans que ce soit amené ou justifié par autre chose qu’une nécessité scénaristique. Déjà dans Deux jours, une nuit, ils donnaient raison à Zinnemann contre Hawks, en suivant une femme qui cherchait de l’aide en vain en se confrontant à la lâcheté des autres – comme dans Le train sifflera trois fois, film contre lequel avait été réalisé Rio Bravo, parce que, pour Hawks, seule l’entraide et la fraternité valaient un film. Le Hawks des Dardenne, ce pourrait être Aki Kaurismäki qui, lucide sur la noirceur du monde, tient cependant à ce que ses personnages ne soient jamais à terre, gardent leur répondant, persistent dans leur dignité. Au contraire, les adolescentes de Jeunes mères sont d’abord définies par les pressions, dangers, mépris qui les assaillent. Le conditionnement social et psychanalytique, si lourdement exposé, loin d’être dépassé ou contredit, est redoublé par l’oppression du scénario et de la mise en scène. Une seule séquence échappe à cette fatalité : la dernière. On ne la dévoile pas, mais sachez qu’y apparaît un personnage jusqu’alors absent du récit, qui ouvre la question de la transmission (maternelle et sociale) sur tout autre chose : une forme d’espoir qui ne s’exprime pas seulement par des faits ou des mots, mais par la grâce de la musique. On aurait bien aimé que le film commence là.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
ranmidou
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Franchement, Oppenheimer de Nolan, c’est un sacré film. Il te plonge direct dans l’ambiance super tendue du projet Manhattan, avec ce gars, Robert Oppenheimer, qui est à la fois un génie et quelqu’un qui galère grave avec ce qu’il a créé. Cillian Murphy est impressionnant, on sent vraiment le poids sur ses épaules.

Le film n’est pas du tout un blockbuster facile : c’est dense, parfois un peu compliqué avec toutes les discussions scientifiques et les sauts dans le temps. Mais ça vaut le coup, parce que ça fait réfléchir sur la responsabilité qu’on a quand on invente des trucs qui peuvent changer le monde – pour le pire comme pour le meilleur.

Perso, je l'ai vu grâce à https://jeconomiserai.fr/

Par contre, si tu cherches un truc léger, ça risque de te fatiguer un peu, c’est pas un film à regarder pour se détendre. Mais si tu aimes les histoires avec du fond, qui te font réfléchir, c’est clairement à voir.
Modifié en dernier par ranmidou le mar. 8 juil. 2025 23:05, modifié 1 fois.
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groil_groil
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Chantal Akerman revient chez elle après avoir prêté son appart à un ami. A peine le temps de s'installer que débarque un type, un vague ami d'ami, qui demande à être logé chez elle. Elle accepte à contrecœur et va s'organiser de manière à ne jamais le croiser. Une comédie minimaliste qui fricote avec le burlesque et le comique de situation, créant un ensemble un peu bancal mais très réussi.

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Quelques conseils, en quelques minutes, et souvent absurdes pour devenir cinéaste.

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Eloge de la paresse, avec quelques conseils et astuces.

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Une jeune femme, surnommée Magaloche, est devenue une star d'internet en réalisant des vidéos dans lesquelles elle se met de plus en plus en danger physiquement, allant jusqu'à mutiler son corps de manière dangereuse et irrémédiable, inspirée par les vidéos de Johnny Knocksville découvertes à la télévision lorsqu'elle était enfant. Après une vidéo qui a mal tourné et qui visiblement aurait de graves conséquences, elle se réfugie secrètement dans un immense chalet à la montagne, accompagnée de son assistant / homme à tout faire, qu'elle traite comme la dernière des merdes. Mais elle est contactée par une journaliste, au courant de l''Accident de Piano, qui l'oblige par un odieux chantage à accepter la première interview de son histoire, scoop sensationnel, en la menaçant de révéler le drame si elle refuse. Magaloche n'a d'autre choix que d'accepter. Je dis souvent que Dupieux est un cinéaste dont les films, qui s'enchainent à une vitesse réjouissante, dont l'oeuvre d'ensemble compte plus que chacun des films séparément, chacun pouvant être vu comme "une brique", l'ensemble formant "une maison", mais il faut bien dire que L'Accident de Piano sort du lot grâce à son identité et sa force propre, s'imposant d'emblée comme le meilleur film du cinéaste depuis son premier, Steak, avec au moins autant de force et de personnalité. Ce qui a changé entre temps, c'est la noirceur et la tristesse de l'oeuvre, qui bouffe tout, dévore tout, et même si l'on rit encore, on rit tellement noir que les larmes ne sont jamais loin. Et ce ne sont pas des larmes de chagrin non, mais des larmes d'une tristesse insondable, résultat de l'observation, d'un constat d'un monde qui s'écroule et de notre incapacité à le sauver. On pourrait dire que les personnages de L'Accident de Piano sont horribles, mais ce serait se tromper. Oui, ils peuvent avoir un côté odieux, mais Dupieux nous montre bien que ce sont surtout des victimes, tous autant qu'ils sont. Victimes de ce que le monde a fait d'eux, de ce que la société qui avance et broie les individus. Ce que semble dire Dupieux ici, c'est que le monde est foutu, c'est trop tard, on a tous ensemble construit un monstre qui bouffe les individus et la seule solution qui reste c'est de s'entre-tuer, jusqu'à l'extinction finale. On ne pourra pas revenir en arrière, c'est trop tard, nous avons voulu cela, mais désormais cela nous échappe. Une fois qu'un piano suspendu en l'air est lâché, il va forcément tomber. Film sublime donc, noir, amer et irrésistiblement drôle en même temps.

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Absolument nul à chier, rien à sauver.
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groil_groil
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David est architecte, reconverti en conducteur de travaux d'une immense tour de bureaux. Le promoteur lui fout une pression de dingue pour finir cette tour dans un temps plus que record, impossible même, afin de la livrer dans les temps à des investisseurs koweitiens, qui n'attendent qu'une chose : un retard inespéré qui leur permettrait de faire appliquer des pénalités de paiement. David est fraichement divorcé, et tellement mis sous pression par son job qu'il a du mal à assurer ses jours de garde partagée. Un soir, il rencontre par hasard une femme, DRH d'une grosse multinationale, qui fait des allers retours réguliers entre Paris et Bruxelles. Ils se revoient, sont attirés l'un par l'autre, couchent ensemble. Tout pourrait se passer merveilleusement dans cette nouvelle histoire, mais quelque chose de louche pèse dans le comportement de cette femme, et dans leur relation. Un soir, David est accosté par des hommes en noir, dans une grosse et belle voiture dans laquelle on l'invite à monter. On lui propose 300.000 euros pour retarder le chantier et le livrer en retard. David refuse, c'est un homme d'honneur et d'engagement, mais cette proposition, outre son intérêt financier, est intrigante. D'où demande-t-elle ? Dans quel but ? Victoria a-t-elle quelque chose à voir là-dedans ou est-ce simplement la parano du spectateur qui nous pousse à le penser ? Très belle surprise que ce film sorti de manière beaucoup trop discrète fin mars, adaptation d'un roman d'Eric Reinhardt (qui joue un petit rôle dans le film) que je n'avais pas lu. Le film est super bien mise en scène, très bien écrit et joué (duo d'acteurs génial), ce qui fait qu'on y croit immédiatement, et qu'on rentre doucement mais sûrement dans cette spirale de paranoïa sans qu'on sache vraiment si on s'invente des trucs, ou si tout cela est bien réel, à la manière de quelques grands films français des années 70, je pense notamment à Une Etrange Affaire de Pierre Granier-Deferre où un homme (Piccoli) rentre la vie d'un autre (Lanvin) et commence à l'empiéter, à être de plus en plus présent jusqu'à empêcher l'autre de vivre et influer sur son comportement. Belle découverte, et cinéaste, que je ne connaissais pas, à suivre.
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Tamponn Destartinn
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Jurassic World : Renaissance - Gareth Edwards

C'est niveau Jurassic Park 3, ce qui est plutôt un compliment parce qu'on revient de loin avec la trilogie pourrie des Jurassic World (je sais qu'ils continuent à s'appeler ainsi, mais on est malgré tout dans une sorte de nouveau reboot)
Il y a la même volonté de faire un film simple, efficace, qui suit la ligne la plus droite pour filmer des personnages fuir des dinos, point. Il y a la surprise aussi de voir une famille piégée sur l'île prendre beaucoup de place, donnant un cachet à la fois enfantin à l'oeuvre (on sait qu'il ne va rien leur arriver) et malgré tout divertissant (ils ont les meilleures scènes !). Ca a aussi les défauts de Jurassic Park 3, forcément : malgré un gros casting, les personnages sont randoms et clichés. Zéro effort pour ceux qui sont là uniquement pour se faire becter, mais ce n'est pas bcp mieux pour les principaux qui cherchent notre empathie avec des backstory nulles racontées via des dialogues creux et musique lourdingue (heureusement, on en a peu). Et il y a la sensation de scènes réussies qui s'enchainent mais formant un tout un peu sans âme, en tout cas sans le je-ne-sais-quoi qu'on ressent évidemment devant les deux Spielberg.
Mais je n'ai pas boudé mon plaisir pour autant, car vraiment, on a de très bonnes scènes de poursuite. C'est même là où je dirai que ce film est meilleur que Jurassic Park 3 : on a un meilleur réalisateur à bord. D'ailleurs, c'est fou parce que tous les films de ce mec (en tout cas ceux que j'ai vu) sont pareils. Il filme très bien de mauvais scénarios, et donc si ce n'est pas grave, c'est tout de même dommage quand c'est à ce point là. Si je comprends bien, Gareth Edwards aime tourner dans l'urgence, dans des décors naturels, en mode Herzog mais pour des blockbusters d'Hollywood. Ca peut prêter à rire, les limites de la formule sont évidentes, mais quand même ça se voit ! Le film a un cachet que n'ont aucun des autres Jurassic post-Spielberg. Ajouter à cela des dinos imprévisibles, qui apparaissent à l'écran de manière toujours spectaculaire, dans un rapport d'échelle bien pensé car toujours à hauteur d'hommes... Ca donne forcément des scènes très chouette, que je vais retenir.
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