Un ancien tueur à la solde d'une agence raccroche pour vivre une vie paisible (et un peu monotone il faut le dire). Jusqu'au jour où cet équilibre sera perturbé suite à une funeste altercation avec des membres de la mafia russe. Des circonstances qui obligeront notre héros à remettre les mains dans le cambouis pour distribuer des grosses tatanes.
The Equalizer ?John Wick ? non, c'est Nobody, le nouveau film d'action d'Ilya Naishuller (le sympathique Hardcore Henry ou bien le clip False Alarm de The Weeknd).
Et cela tombe également bien : le film est écrit par le scénariste de la saga John Wick. Autant dire qu'on est littéralement en terrain (un peu trop) connu, mais avec des petites subtilités qui valent le visionnage. En tout premier lieu le casting : Bob Odenkirk (qu'on ne présente plus depuis Breaking Bad et Better Call Saul) dans un rôle à contre-emploi total.
On découvre donc Hutch Mansell dans son quotidien de métro-boulot-dodo, et paraissant presque détaché de tout ce qui l'entoure. Sa vie de famille, son emploi dans une usine automobile, ses trajets en bus, ses tâches ménagères...rien ne dépasse, et notre héros semble effectivement un mec ordinaire, un "nobody".
Puis les choses vont dégénérer, et le passé ainsi que la véritable nature de Hutch vont ressortir, pour notre plus grand plaisir. Le piège serait de tomber dans un clone de John Wick, Jason Bourne ou Equalizer par exemple. Pourtant le réalisateur laisse même tomber son style hyperkinétique pour proposer des scènes d'action très efficaces, où chaque coup est ressenti. Bob Odenkirk s'implique réellement dans les chorégraphies : c'est bourrin, parfois même graphique, mais surtout réaliste. Hutch est un gars vieillissant qui se prend aussi quelques grosses beignes dans la margoulette, titube, saigne, se reprend, et revient à la charge. Une manière de rendre le personnage humain, attachant, mais aussi d'injecter une dose d'humour décalé bien efficace.
En effet, Nobody n'hésite pas à aller vers un ton cynique voire sardonique des plus délectables, là encore véhiculé par la performance d'Odenkirk. Trop vieux pour ces conneries mais d'un autre côté toujours enthousiaste à l'idée de bourriner du sale russkof, le plaisir est immédiatement communicatif envers le spectateur.
A ce titre, les scènes d'action n'ont rien de profondément inédit, mais sont tournées avec style, efficacité, clarté et arrivent à se renouveler tout au long des 1h25 de film. Un rythme de croisière jusqu'à un final à la Home Alone plutôt jouissif (impliquant Christopher Lloyd dans un rôle sur mesure, et RZA pour une petite performance de badassitude).
Rayon point faible, oui le scénario est programmatique au possible, même si jamais désincarné. De l'autre, les antagonistes (en particulier le big bad Yulian Kuznetsov) peinent à exister et à représenter une réelle menace.
Heureusement, il s'en prennent plein la tronche, et c'est tout ce qu'on demande
pas de quoi révolutionner le genre, mais un chouette film d'action donc
3.5/5